PHR
22/11/2006
Sincèrement, vous devriez aller faire un tour du côté du Livre de Jean-Philippe Immarigeon que vous recommande un intervenant sur votre “forum”.
En voici la critique de Lire :
Les funérailles de l’oncle Sam
par Philippe Delaroche
Lire, novembre 2006
Et si les Européens avaient lu Tocqueville à l’envers?
A la question de savoir si les Etats-Unis se renforcent ou s’ils déclinent, Bernard-Henri Lévy, l’auteur d’American Vertigo, n’a pas répondu. Pour le juriste Jean-Philippe Immarigeon, il n’y a pas à barguigner: l’empire américain reflue. Pire: retranché et sécuritaire en diable, il creuse lui-même son tombeau. Au terme d’une étourdissante démonstration, l’auteur d’American parano n’a plus qu’à jeter la poignée de terre. Et avertit. Depuis que l’oncle Sam s’est jeté dans une guerre d’Irak chaque jour moins justifiable sous l’angle du droit, des faits et de la raison, les Européens seraient bien inspirés de se préparer à sa chute.
La tragédie du 11 septembre 2001, sous couvert de se faire justice et d’assurer la démocratie et la sécurité, a donné l’occasion à l’Amérique d’engager une aventure militaire. En vérité, l’Amérique n’a fait que céder au principe de plaisir et à la pulsion d’autodestruction constitutifs de sa culture, une culture sur laquelle se méprennent totalement les Européens. L’Amérique, terre d’avenir? Forgée par de vieux Européens hostiles au libre arbitre et infiniment plus archaïques qu’il y paraît, l’Amérique est et demeure le passé, objecte Immarigeon. Affranchie de ses démons et projetée dans le futur, c’est l’Europe qui est l’avenir - dommage que cette thèse, trop exact contre-pied du pseudo-modèle américain, soit peu étayée.
En France, le malentendu remonterait autant à Tocqueville, sujet à de récurrentes méprises (il assimile tout trait américain au trait démocratique), qu’aux plus pressés commentateurs. Avec rigueur et humour, Immarigeon met en lumière textes et sous-entendus, allant jusqu’à emprunter ses illustrations au cinéma ou aux séries télé. Aux intellectuels français qui, outre qu’ils imaginent le démocrate moins américain que le républicain, montrent leur fascination pour la guerre, Immarigeon livre ce diagnostic de D.H. Lawrence: «Les plus grands démocrates, comme Abraham Lincoln, ont toujours eu dans la voix quelque chose du sacrificateur: l’autodestruction.» Sacrifier à la lecture d’American parano vivifie.
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