jc
02/04/2020
BB: "Concevoir un avion de chasse est autrement plus simple que mimer la complexité de la vie, fût-elle réduite à une particule dont on ne sait pas dire s’il s’agit vraiment d’un être vivant."
Je pense que le scientisme actuel tente de mimer le vivant comme il tente de mimer l'intelligence.
Or la moindre des choses, lorsqu'on veut tenter d'être scientifique -et non scientiste-, c'est de délimiter son objet d'étude. Donc d'abord définir le vivant, et d'abord définir l'intelligence. Ce qui n'a visiblement pas été fait dans aucun des deux cas par le scientisme-Système qui n'imite pas, qui ne mime pas, mais qui ne fait que singer le vivant et l'intelligent. Et on arrive à des situations ubuesques où des brevets sont pris pour breveter l'intelligent et le vivant (Monsanto-Bayer, etc.), avec grasses royalties à la clef, bien entendu.
En ce qui concerne l'intelligence, Thom a proposé une définition qui montre la difficulté du problème de la définition du vivant: "L'intelligence est la capacité de s'identifier à autre chose, à autrui.", car, justement, nous sommes des êtres vivants. Il précise ci-après sa position, en montrant le fossé entre le scientisme actuel et la science telle qu'il la conçoit¹ (et moi aussi, maintenant):
"Le dédain pour la théorie qui se manifeste dans les milieux d'expérimentateurs a sa source dans l'attitude analytique-réductionniste ; or
pour découvrir la bonne stratégie, il faut s'identifier à l'un des facteurs permanents du système. Il faut en quelque sorte entrer « dans sa peau ». Il s'agit là presque d'une identification amoureuse. Or comment pourrait-on aimer ce qu'on a, préalablement, cassé de manière irréversible ?
Toute la science moderne est ainsi fondée sur le postulat de l'imbécillité des choses."
Thom laisse entendre à plusieurs reprises qu'une définition de la vie est envisageable, comme par exemple ici:
"(...) l'animé sait exploiter les régularités naturelles pour stabiliser des connexions qui dans le monde inanimé seraient accidentelles, non génériques. Il y a donc là (en principe) une possibilité formelle de caractériser l'état de vie, problème qui jusqu'à présent a défié la pensée
biologique. (ES, p. 222)."
Je me demande si la capacité qu'a eu Alain Aspect de piéger des particules élémentaires n'est pas signe d'une intelligence "à la Thom", analogue à celle d'un trappeur qui sait comment piéger son gibier. Pour moi -et sans doute pour Thom, bien que je n'ai vu nulle part l'écrire-, le pli, la plus simple des catastrophes élémentaires thomiennes, simule correctement un être vivant rudimentaire, qui ne peut se défendre qu'en se cachant², mais qui n'est pas mort, inerte, puisqu'il peut se cacher. (Quant à sa reproductibilité, caractéristique du vivant, elle est spontanée, car les singularités structurellement stables les plus simples comme le pli sont aussi les premières à émerger du chaos et à s'auto-organiser.)
BB: "Le véritable complot de l’engeance parasite qui dirige le monde c’est son aptitude à transformer ses appétits prédateurs illimités en suicide pour l’humanité."
Que fait-on dans les laboratoires P4, celui de Wuhan en particulier, développé récemment avec l'aide française³?
"Notre" contre-civilisation triomphante et progressiste a beaucoup daubé sur les sociétés dites par elle primitives. Aussi je termine par une citation du livre "Cher amour" (p.40) de Bernard Giraudeau, qui me semble illustrer assez parfaitement ce qu'est l'intelligence "à la Thom":
"Il y a peu, une équipe de recherche plus hardie a voulu en savoir plus sur la pharmacopée amazonienne. Ils ont demandé aux shamans comment ils pouvaient reconnaître la bonne plante sans l'expérimenter sur les hommes et faire quelques dégâts. Les shamans ont répondu: on n'a pas besoin de tuer les animaux pour savoir si une herbe ou une racine est efficace. Alors comment faites-vous? Nous nous asseyons devant la plante choisie, en silence, le temps nécessaire, et elle nous parle. Les chercheurs sont repartis marris."
¹: En particulier sa conception des mathématiques (et de la raison de ses dérives scientistes). Pour Thom "c'est l'intelligible du réel qui sans cesse recrée l'intelligible mathématique." ,citation plus complète ci-après:
"De même que le sens d'un concept pourrait se définir par la totalité de ses mécanismes de régulation (images analogiques des mécanismes de régulation de l'être référé), de même le sens d'un être mathématique pourrait se définir par sa place dans l'échelle des êtres mathématiques, la totalité des dégradations sémantiques qu'il peut encore subir avant de s'éteindre dans l'insignifiance. C'est la malédiction foncière des
mathématiques (comme peut-être de toute science) qu'elle ne peut se construire qu'en tuant ses objets. Seul un retour périodique aux sources,
une confrontation avec les applications expérimentales, ou avec les problèmes fondamentaux de l'être (la génération implicite qui sépare le
sujet de l'objet) la sauve de l'inéluctable suicide. C'est en cherchant à conférer un sens aux choses que la mathématique découvre son propre
sens ; c'est l'intelligible du réel qui sans cesse recrée l'intelligible mathématique."
²: Thom associe à la catastrophe pli un être qui ne peut qu'apparaître ou disparaître (tout en étant…).
³: https://www.francetvinfo.fr/sante/decouverte-scientifique/chine-nouvelle-etape-pour-le-premier-laboratoire-p4_2070431.html
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