Geo
16/04/2022
Jean-Claude Cousin
17/04/2022
Bonjour. Cet billet me paraît particulièrement bien vu, il "sent le vrai", comme les reportages de Christelle Néant. On en retire une impression bizarre : comme si le rôle du "méchant" était passé des phalanges trotskistes* aux bataillons de la CIA (je ne dirai pas américains, les simples "citoyens" n'y sont pour rien).
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* est-ce tellement une coïncidence, si les plus virulents neocons sont en lien encore aujourd'hui avec les trotskistes anglo-saxons ? Les mêmes causes produisant les mêmes effets, ce sont les mêmes qui ont suscité l'apparente scission des Insurgents, puis la fausse Révolution (bourgeoise) française, qui ont écrabouillé une Makhnovtchina affaiblie par ses succès, un POUM qui n'était pas dans leur ligne idéologique, et qui combattent avec un acharnement suspect ceux qui veulent vivre et penser de façon indépendante, comme une Russie multicolore et unie.
jc
19/04/2022
J'aime décidément beaucoup ce que dit Michel Maffesoli , en particulier dans son exposé "La nostalgie du sacré" devant le cercle Aristote (1): le titre et quelques mots "pavillon" comme désenchantement et réenchantement du monde, ordo ab chao et ordo amoris, sacré, etc. me font aussitôt rapprocher sa pensée de celle de PhG, bien que le premier ait choisi d'avancer masqué en restant dans la sphère sociologique (2).
Je retiens ici ce qu'il dit:
(à 10'45) : "La deuxième banalité est que, quand il y a ces changements, il faut trouver les mots pour dire ce qui est en gestation";
(à 11'45) : "Il est nécessaire, moi je ne dis pas de trouver les concepts, mais de trouver les mots: ma formule c'est de trouver les mots les moins faux possibles, des paroles fondatrices en quelque sorte";
(à 12'05) : "On ne peut plus se contenter des incantations habituelles (...) on ne parle jamais autant d'amour que dans un couple en train de se séparer, voilà une incantation (rires des auditeurs). Tout ce qu'on entend à tire larigot sur les valeurs républicaines, la démocratie (...), l'individualisme (...), le rationalisme de Lumières (...), le contrat social et la laïcité: voilà des incantations.";
(à 12'50) : "Il faut trouver des mots pertinents, c'est-à-dire dans le fond qui soient véritablement en pertinence avec ce qui est vécu et non pas ce qu'on voudrait qu'ils soient.";
(à 14') : "Je crois qu'on est dans un moment où il faut voir la distinction entre la société officielle et la société officieuse";
(à 18') : "On voit bien comment, de Descartes à Sartre en passant par Malebranche ,il y a cette constante qui est une dénégation de l'imaginaire";
(à 20'45) : "Alors que l'imaginaire nous rappelle que, dit en des termes très simples, l'économie, le politique, le social, sont directement tributaires d'un imaginaire collectif" (3);
(à 23'45) : "Je n'avais pas fait attention que l'enthousiasme (...) c'est èn théos, Dieu en nous. Cette idée d'enthousiasme, tout simplement, en son sens étymologique, renvoie bien, encore une fois, à ce retour en nous de la divinité.".
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1: https://www.youtube.com/watch?v=C8hW7cULkX4
2: MM: « C’est vrai, j’avance masqué. Je trouve dérangeant d’étaler sa vie et ses choix personnels. Arriver à se purger de ses convictions, c’est faire un grand travail sur soi. Être rempli par le monde, c’est fondamental, sinon on risque de projeter son idéal et d’avoir des jugements de valeur. Contrairement à de nombreux collègues, je ne fais que du constat, sans révéler mon opinion. Il y en a que ça agace… »." (https://fannybijaoui.wordpress.com/2012/06/16/renifleur-social/)
3: Pour Thom, politique et mythologie sont des techniques de l'imaginaire, alors que les mathématiques sont la première technologie de l'imaginaire ("Classification des sciences et des techniques", AL).
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Cet assez long préliminaire étant posé, j'en viens à mon commentaire de cet article-ci ("Orwell en Ukrisis").
PhG: "• Ce qui est structuré est du côté russe, où l’enjeu et l’esprit parviennent à complètement dissiper les différences ethniques et religieuses, (...) Il s’agit pour moi de considérer la dynamique structurante qui est, dans ce cas, complètement antiSystème.". (...) Ce qui est déstructuré est en face, où la bataille est présentée en termes moraux et idéologiques sans la moindre recherche d’identité (...) Il y a les volontaires internationaux, pleins d’idées généreuses, (...).".
Pour moi l'enthousiasme est du côté russe, alors que c'est l'incantation qui règne dans le camp d'en face.
Ce qui est structuré du côté russe c'est qu'il y a un pouvoir temporel, avec V. Poutine à sa tête, dont l'objectif (et le devoir) est existentialiste car il s'agit de faire que la Russie ne cesse pas d'exister. Et ce pouvoir temporel appelle logiquement à la rescousse les autorités spirituelles essentialistes, de façon à conforter le mieux possible la cohésion du pays. Alors qu'en face, c'est le règne du manque de cohésion lié au manque de principes (le roi y est nu), les principes étant remplacés par de simples valeurs -certes parfois généreuses-, mais valeurs "sans idée structurante commune".
(J'associe ce vocable d'incantation à celui de persiflage, dû à Voltaire, et repris par PhG : "Il n’y a pas de mot qui semble mieux être approprié pour définir le XVIIIème siècle et nous le faire sentir tel qu’il est en réalité, c’est-à-dire, peut-être, et entre autres choses, comme une mystification. (Précisons aussitôt ce que nul ne doit ignorer, que “mystification” est l’un des sens du mot “persiflage”.)" (2) (3).)
J'ai découvert tout récemment le discours du 25/09/2001 de V. Poutine devant le Bundestag allemand (Schröder chancelier), discours (1) que je peux qualifier d'enthousiaste (au sens étymologique précité):
« La Russie est un État européen, et géographiquement, et mentalement. Qu’est-ce que l’Europe ? C’est la culture de la Rome Antique, c’est la culture de la Grèce Antique, c’est la culture de Byzance, c’est-à-dire du christianisme oriental. La Russie est pleinement et entièrement incorporée dans toutes ces trois composantes et ne pense pas son développement sans l’Europe. […] Je crois que l’Europe ne peut à long terme affermir sa réputation de puissant et indépendant centre de la politique mondiale seulement si elle unifie ses moyens avec les hommes, le territoire et les ressources naturelles russes ainsi qu’avec le potentiel économique, culturel, et de Défense de la Russie. ».
Si Poutine était alors sincère -et je ne vois pas pourquoi il ne l'aurait pas été-, alors quel gâchis pendant les seize années de chancellerie Merkel (c'est-à-dire de chancellerie US?) !
Remarque finale à propos du poutinien "c'est la culture de Byzance, c'est-à-dire du christianisme oriental":
j'ai découvert (tout récemment…) qu'il y a un vieux contentieux temporel (en plus du contentieux spirituel) entre le christianisme occidental et le christianisme oriental: https://fr.wikipedia.org/wiki/Massacre_des_Latins_de_Constantinople ; https://fr.wikipedia.org/wiki/Si%C3%A8ge_de_Constantinople_%281204%29 ; https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_orthodoxe
1: Le discours dure 20', ai-je lu. Je n'ai trouvé sur la toile qu'une vidéo de 8'50, sans y retrouver la citation ci-dessus.
2: https://www.dedefensa.org/article/glossairedde-notre-psychologie
3: "La mystification est la ressource des petits esprits. Depuis quelque temps, je ne réponds plus aux masques… — (Honoré de Balzac, Modeste Mignon, 1844)" ( https://fr.wiktionary.org/wiki/mystification ) . (E. Macron mystificateur ?)
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