Dedef
10/05/2009
La fin de la depeche est vraiment arrangeant. Apres ” Commenting on the diplomatic ...”“”
http://www.russiatoday.ru/Top_News/2009-05-06/Moscow_responds_in_kind_to_NATO_expulsions.html
Moscow responds in kind to NATO expulsions
permalinke-mail story to a friendprint version06 May, 2009, 17:23
Russias Foreign Ministry is to strip of accreditation and expel two Canadian diplomats working in NATOs information bureau in Moscow in retaliation for NATOs expulsion of Russian diplomats from Brussels.
Russias Foreign Minister informed Canadian Ambassador Ralf Lisishin of the action, according to the ministry.
One of the expelled diplomats is the head of the bureau, Isabel Francois, and the other one is her subordinate Mark Opgenroth. Both have been accredited in the Canadian embassy in Moscow.
The expulsion is an imitation of a similar move by NATO last week. The organization stripped accreditation of two Russian diplomats working in Brussels, and later Belgium expelled them from the country, following another scandal surrounding the imprisonment of an Estonian official for passing alliance secrets to Moscow.
The spy scandal itself took place a couple of months ago when a high-ranking Estonian official who worked for the Estonian defense ministry was branded as a Russian spy who had been acquiring secret documents directly from NATO for the past five years. This was said to have been occurring ever since Estonia joined NATO in April 2004.
Russia called the expulsion of its diplomats from Brussels a harsh and serious provocation, and says the expulsion of Canadian diplomats is a proportionate reaction to NATOs move.
Commenting on the diplomatic tit-for-tat, the source in the ministry said Russia regretted it.
Its even more vexing that Isabel Francois has to leave. She is friendly towards Russia, and did a lot for the development of our relations, cites the insider Interfax news agency.
The Russian envoy to NATO, Dmitry Rogozin, believes the sides should stop now.
Russia proportionately responded to the expulsion of Russian diplomats. I believe we should call it quits, Rogozin told RIA Novisti agency.
He added the responsibility for the regrettable move rests with those who initiated an attempt to undermine agreements on rebuilding the relations between Russia and NATO.
Now everything seems to depend on western side because actually it was not Russia who expelled diplomats, it was NATO that expelled Russian diplomats. So NATO is sending contradictory signals, says political analyst Dmitry Babich from the RIA Novosti news agency.
Exocet
10/05/2009
Ces foutus naufrageurs de seconde zone des ex pays de l’est mal dégrossis par l’interprétation positive (Sic!) du Manifest Destiny dans le cadre de la “Long War” agissant à l’instar de talibans plus spécialiste de la logistique idéologique que du résultat effectif obtenu sont bien dans le droit fil de la confrontation de la guerre froide de l’“intérieur” de l’europe, comme une progression négative de l’histoire.A l’heure ou les Russes et l’administration Obama songent sérieusement à désamorcer le binome terrorisme &ogives nucléaires, ces foutus ex pays de l’est vont finir par apparaitrent ce qu’ils sont véritablement à l’intérieur de la nursery d’Europe , des nihilistes religieux nourris aux biberons (aux leviers aussi..) des insurgés du degré zéro de la révolution politique.Bon vous allez dire que tout ceci est du résiduel comme la houle provoque le roulis rythmique.. !!Ils en sont certainement au niveau de la flotte à faire des bras d’honneur.
Dedef
11/05/2009
Pour ceux qui lisent l’allemand.
Süddeutsche Zeitung on April 4
http://www.sueddeutsche.de/politik/9/463615/text/
http://www.sueddeutsche.de/politik/9/463615/text/3/
ou l’anglais:
History Of Staged Terrorism Exposed In German Mainstream Media
Bologna Central Station bombing in 1980
The conservative german Süddeutsche Zeitung on April 4 published an remarkable article within a series on the occasion of the 60th anniversary of NATO. Excerpts and summary here:
Underground Troops In Nato Countries - Guerilla For The State by Jonathan Stock
geo
22/08/2009
pour présenter Hajnalka-Vincze.com à ceux qui l’ignorent encorre.
L Europe face à un monde multipolaire en déséquilibre
Intervention au Séminaire international organisé sous l égide du Comité pour l Etat Fédéral Européen, Strasbourg, 7 mars 2009
Langue originale de la publication: Français
La place de lEurope est loin dêtre assurée sur léchiquier géopolitique, actuellement en pleine reconfiguration. Pourtant, cela fait déjà un bon moment que les évolutions en cours sont amorcées et que les grandes lignes de ces mutations se dessinent de manière plutôt limpide. Ce que lon désignait, au lendemain de la disparition de lUnion soviétique, comme « le moment unipolaire » touche inexorablement à sa fin, nen déplaisent à ceux qui voulaient, et pour certains voudraient encore, y placer tous leurs espoirs. Les Etats-Unis, toujours soucieux de maintenir leur leadership dans les affaires de la planète, ont été longtemps agacés dentendre parler de « monde multipolaire ». Ils y voyaient lexpression codée dun complot anti-américain. Auquel agacement les responsables européens, en particulier français, navait de cesse de rétorquer quil sagissait non point dun projet, mais dun constat tout simple.
Etat des lieux hier comme aujourdhui
Or ce constat nest pas aussi nécessairement réjouissant que lon pourrait croire de prime abord. Car si un ordre mondial articulé autour dun seul pôle prédominant comporte incontestablement la tentation forte de labus de pouvoir, la multipolarité nest pas pour autant, elle non plus, la panacée : elle nest ni une garantie ni une valeur en soi. A vrai dire, rien ne nous assure quun système multipolaire soit forcément basé sur des rapports équilibrés et coopératifs. De surcroît, et ceci concerne directement les citoyens de notre vieux continent, rien ne nous dit non plus que lEurope figurera parmi les futurs pôles de puissance. Bien au contraire. Si les tendances actuelles se poursuivent et se confirment, elle risque de devenir, comme Hubert Védrine lavait judicieusement observé, « lidiot du village global ».[1] Daprès lancien ministre français des Affaires étrangères, lEurope se condamnerait en sattachant à sa conception très ingénue (et très solitaire) selon laquelle nous serions déjà dans une grande famille, celle de « la communauté internationale ». Ajoutons-y tout de suite une autre tare. A savoir laisance stupéfiante avec laquelle lécrasante majorité des gouvernements européens se sont habitués à vivre dans la dépendance dune puissance tierce. De ce point de vue, lidentité de celle-ci est tout à fait secondaire. Pour lheure, il sagit de lAmérique, mais une fois les fondements matériels (perte/abandon dautonomie dans les secteurs stratégiques) et psychologiques (réflexes dalignement et dautocensure des élites) dune situation de subordination sont établis, le piège de labdication de la souveraineté se referme - et la sujétion se perpétue qui que soit la puissance tutélaire.
A leur grand désarroi, les Européens ne peuvent même pas trouver réconfort dans lidée que le danger serait nouveau, les mutations récentes, et leurs propres faiblesses dues à des difficultés dadaptation dans un monde qui change à une vitesse vertigineuse. Car les questions de fond auxquelles ils doivent répondre durgence sont posées depuis de longues décennies. Pour témoin, un rapport rédigé il y a plus de trente ans par le Premier ministre belge Leo Tindemans, qui avait dressé le diagnostic avec une impressionnante exactitude.[2] Les thèmes quil évoque et les interrogations quil soulève ont pu changer de forme ou dintensité, mais certainement pas de nature.
Les propos prémonitoires du Rapport Tindemans
Cest en décembre 1975 que le Premier ministre Tindemans adresse son rapport à ses homologues européens, mais la plupart des observations quil contient gardent, de nos jours encore, toute leur fraîcheur. Son analyse reste pertinente lorsquil parle des défis à léchelle globale : « Linégalité dans la distribution des richesses menace la stabilité du système économique mondial, lépuisement des ressources pèse sur lavenir de la société industrielle, linternationalisation de la vie économique accroît la dépendance de notre système de production ». De même, le document na pas vieilli dune ride quand il met en exergue les risques que comporte le recul des Etats : « Depuis trente ans, le poids relatif et linfluence de nos États dans le monde nont cessé de se dégrader. Parallèlement, lemprise des gouvernements nationaux sur les leviers qui permettent dinfluencer lavenir de nos sociétés sest constamment réduite. Sur le plan interne comme sur le plan externe, la marge de manuvre des États a diminué. Le danger est grand de cette double spirale dimpuissance, qui conduit de la faiblesse à la dépendance, source elle-même de nouveaux abandons ».
Les propos de Tindemans restent aussi dactualité lorsquil sagit des attentes des citoyens, et des impératifs stratégiques que lEurope ne doit surtout pas perdre de vue si elle veut être en mesure dy répondre : « Nos peuples attendent de lUnion européenne quelle exprime, là où il le faut et où on lattend, la voix de lEurope. Que notre action commune défende efficacement nos intérêts légitimes, quelle assure les bases dune véritable sécurité dans un monde plus équitable ». Pour ce faire, « LEurope doit fuir à la fois lisolement, le repli sur soi qui la mettrait en marge de lhistoire, mais aussi la sujétion, létroite dépendance, qui lempêcherait dexprimer sa voix. Elle doit retrouver une certaine maîtrise de son destin ». Sur ce point, le Premier ministre belge se révèle être complètement au diapason avec le sentiment profond, et remarquablement constant, des citoyens. Ce nest pas un hasard si, dans les Eurobaromètres successifs, la PESC (politique étrangère et de sécurité commune) et la Défense européenne continuent de bénéficier du soutien massif (plus de 70%) de lopinion publique avec une majorité écrasante (plus de 80%) lorsquil sagit de préciser que cette politique européenne « doit être indépendante des Etats-Unis ».
En effet, lune des principales vertus du Rapport Tindemans est que, concernant nos relations avec lAmérique, il nhésite pas de mettre le doigt sur les vérités qui dérangent. Même de nos jours, il est rare de trouver des responsables européens prêts à admettre des évidences tel le fait que si lEurope sest construite, cest aussi, sinon surtout, pour pouvoir peser face aux Etats-Unis. Ou à évoquer lhypothèse, ô combien sacrilège, que nos intérêts respectifs peuvent ne pas toujours être identiques au sein de cette grande famille transatlantique qui, par ailleurs, nest pas non plus forcément monolithique. « Les relations avec les États-Unis, qui sont à la fois alliés, nos partenaires et parfois nos concurrents, posent à lUnion européenne des questions dune grande ampleur. La nécessité pour lEurope de parler dune seule voix dans ses rapports avec les États-Unis est une des motivations profondes de la construction européenne ». Lobjectif est d« établir avec les États-Unis des rapports fondés sur le principe de légalité, exempts de toute idée de sujétion, qui reflètent à la fois ce quil y a de commun dans nos valeurs fondamentales, nos intérêts et nos responsabilités, et ce quil y a de différent dans le destin de nos deux régions du monde ».
Le facteur américain au cur du problème
Or sur ce point crucial, qui constitue le nud des questions de fond concernant la construction européenne, les visions des Etats membres restent incompatibles les unes avec les autres. Ou, pour reprendre les termes euphémistiques du rapport Tindemans, les capitales européennes sont loin, très loin, « darriver à une appréciation rigoureusement identique des rapports entre les États-Unis et lEurope ». Rien détonnant à cela. Les Etats-Unis ont toujours été le grand sujet tabou des discussions en matière de PESC, et ceci malgré le fait que les prises de position des uns et des autres se définissent essentiellement par rapport à ce non-dit quest la position, bien connue et/ou discrètement communiquée davance, des autorités washingtoniennes. Et malgré aussi le fait que la première question que se posent les responsables des pays tiers au sujet de la politique étrangère et de défense de lUE, est de savoir si elle se construit comme un complément ou comme un contrepoids à la politique américaine. Question laissée indéfiniment en suspens.
Déjà en 1973, lors de la rédaction de la « Déclaration sur lidentité européenne », une différence subtile, mais parlante, entre les versions anglaise et française rend compte des visions diamétralement opposées. Pour les Français, les relations avec lAmérique ne doivent pas influencer, daucune manière, laffirmation dune politique européenne quils veulent voir indépendante (« Les liens étroits qui existent entre les Etats-Unis et lEurope des Neuf naffectent pas la détermination des Neuf de saffirmer comme une entité distincte et originale »), alors même que les Britanniques préfèrent souligner quils nient jusquà lidée même dune éventuelle contradiction entre les deux (The close ties between the United States and Europe of the Nine do not conflict with the determination of the Nine to establish themselves as a distinct and original entity. ).[3]
Cette opposition fondamentale est à lorigine des tribulations futures de la PESC/PESD (politique européenne de sécurité et de défense), et explique bon nombre dorganigrammes surréalistes, de formules fantasques et dépisodes ubuesques. Comme lavait observé Nicole Gnesotto, ancienne directrice de lInstitut des Etudes de sécurité de lUE : « Alors que les Européens peuvent assez facilement tomber daccord sur une vision plus ou moins commune du monde, ils sont divisés sur le rôle de lUnion pour gérer les crises du monde. Puisque ce rôle est largement fonction du type de relations que chacun des Etats membres souhaite construire avec les Etats-Unis, de manière bilatérale ou dans les cadres de lOTAN, les Européens nont jamais pu se mettre daccord sur la finalité de leur coopération politique et militaire. Les débats récurrents sur les vertus ou vices de la multipolarité ou de lunipolarité, ainsi que les discussions sur le degré possible de lautonomie européenne en matière de défense, sont les illustrations les plus caricaturales de cette division latente parmi les Européens concernant le rôle de lUnion et ses relations avec la superpuissance américaine ».[4]
Au risque de se répéter, il convient dinsister sur le fait que les relations de dépendance ou dautonomie que nous définissons par rapport à lAmérique aujourdhui, verrouillent nos positions vis-à-vis nimporte quelle puissance à lavenir. La sujétion implique des conséquences durables, tant sur le plan matériel que psychologique. La résignation à la dépendance technologique et industrielle signifie que nous acceptons un décrochage définitif, avec nos secteurs stratégiques soit réduits à une fonction de sous-traitance, soit complètement détruits. Psychologiquement, le fait de sen remettre à quelquun dautre pour sa propre défense forge progressivement une culture de déresponsabilisation et nous ôte toute dignité. Cest dans cette perspective que dans son livre Jean-François Deniau, négociateur français du Traité de Rome et premier Commissaire européen chargé de relations extérieures, a mis en avant lexigence dune Europe indépendante (« il ny en a pas dautre »), et attiré lattention sur les questions de défense : « parce que tôt ou tard, elles conditionnent toutes les autres et parce quil ny a pas de sentiment didentité sans lexercice de responsabilités, la plus importante des responsabilités étant celle qui consiste à rester capable de choisir son destin, autrement dit de se défendre ».[5]
Mythes, illusions et naïvetés
A linstar de Jean Monnet, Deniau disait avoir confiance en « la force des idées simples ». Or, les relations transatlantiques se sont avérées être, à cet égard, lexception qui confirme la règle. Si le mélange de lieux communs, de grands élans rhétoriques, de petits calculs mesquins et daveuglement émotico-idéologique qui constitue, du côté européen, le fondement de nos rapports avec lAmérique, continue de résister au temps en dépit de la logique la plus élémentaire, cest parce que nos élites nont eu de cesse de propager des conceptions profondément naïves (ou coupablement trompeuses) sur les questions de puissance et dautonomie.
Questions de puissance
La réticence des Européens à réfléchir en termes de puissance se traduit, entre autres, par leurs tentatives de minimiser la prégnance des réalités géopolitiques et par leur croyance béate en lutopie dune « Europe puissance civile ».
Le mythe de la « postmodernité »
Par tradition, les Européens apparaissent particulièrement sensibilisés à lhéritage de lhistoire et tout ce qui va avec : cultures, identités, méfiance vis-à-vis dinterprétations unidimensionnelles ou simplistes. Or limportance que lon attache à ces facteurs nous différencie de nos cousins doutre-Atlantique. Comme lavait noté Javier Solana, Haut représentant de lUE pour la politique étrangère et de sécurité commune : « Quand les Américains disent cest lhistoire (it is history’), ils entendent souvent par là que ceci na plus dimportance. Quand les Européens disent cest lhistoire, cest en général pour indiquer le contraire ».[6] Nempêche que, depuis le début des années 1990, les élites européennes ont été de plus en plus séduites par les thèses américaines sur « la fin de lHistoire », et obnubilées par les incantations, souvent déguisées en discours droitsdelhommiste, sur le merveilleux et irrésistible projet qu’est lexportation du modèle occidental.
Lidéologie postmoderniste ne se contente pas de nous placer, en quelque sorte, « au-delà » de lhistoire, elle entend nous mettre aussi « en dehors » de la géographie. A nouveau, deux visions saffrontent, ce qui se reflète, en loccurence, dans les versions anglaises et françaises du texte de la Stratégie européenne de sécurité. Lequel document sert pourtant, aux responsables européens dans leurs relations avec des dirigeants étrangers, comme une carte de visite. Or, une fois de plus, les minuscules nuances dans les traductions rendent compte de divergences profondes. Si pour les Français « Même à lère de la mondialisation, la géographie garde toute son importance. », pour les Anglais il suffit de noter que Even in an era of globalisation, geography is still important. (« Même à lère de la mondialisation, la géographie est importante encore ». [7] On y retrouve le face-à-face habituel entre le réalisme géopolitique et une conception qui, au nom du post-modernisme, souhaiterait pouvoir faire fi des réalités. Cependant, les faits sont parlants. Notre Europe constitue le petit bout occidental du vaste continent eurasiatique (au point que les géographes, eux, nomme lEurope de pseudo-continent), tandis quelle reste séparée de lAmérique, au grand regret des atlantistes de tous bords, par 6000 kilomètres docéan Atlantique. « LAmérique ne fait pas partie de l Europe… Je crois lavoir découvert sur la carte », avait remarqué le Général de Gaulle à lépoque, non sans une pointe dironie.
Le mythe de « LEurope, puissance civile »
Le Président français Nicolas Sarkozy, avec son habituelle propension à marteler des évidences, tombe parfois sur des tabous quil brise, du coup, avec une désinvolture nonchalante. Cest ainsi quil observe, dans les colonnes du New York Times, que «LEurope ne peut pas être une puissance économique sans assurer sa propre sécurité ».[8] Par cette remarque, pourtant aussi simple que logique, le chef de lEtat achève dun trait un demi-siècle de mascarade transatlantique. Avec, comme dommage collatéral, larsenal complet de la propagande pacifiste. En effet, labdication des responsabilités en matière militaire a des répercussions directes dans tous les domaines, et met en péril la survie même de lensemble dun modèle sociétal. Indépendamment de ce que cette abdication se fasse par croyance béate en la paix universelle ou par esprit de servilité vis-à-vis dune puissance étrangère. Comme lavait relevé, avec une franchise tout à fait inhabituelle dans les milieux bruxellois, Robert Cooper (éminence grise de Javier Solana et directeur général des Affaires externes et politico-militaires du secrétariat général du Conseil) : « cest extrêmement insatisfaisant que 450 millions dEuropéens dépendent tellement de 250 millions dAméricains pour leur défense. Il ny a pas de défense gratuite. A un point ou un autre, les Européens vont devoir payer pour ces arrangements. Rien ne garantit que les intérêts américains et européens vont toujours se coïncider ».[9] Tôt ou tard, on reçoit toujours la facture
Nos amis doutre-Atlantique ne sen cachent pas dailleurs. Un document officiel publié par le Département de la Défense sous ladministration Clinton eut le mérite de tirer les choses au clair : « Nos alliés doivent être sensibilisés au lien qui existe entre le soutien américain à leur sécurité et leurs actions dans les domaines tels que la politique commerciale, le transfert des technologies et la participation aux opérations de sécurité multinationales ».[10] Et ce ne sont pas que des paroles en lair. Déjà en 1962, en plein milieu de la guerre froide, le vice-président des Etats-Unis en visite à Berlin, lendroit le plus sensible de lEurope, avait brandi la menace de retirer les troupes américaines dAllemagne si le Marché commun freinait les exportations de poulets américains vers le vieux continent
Outre de nous mettre à la merci des pressions, voire chantages, dun tiers, le refus de la puissance nous prive aussi de toute crédibilité, donc de toute influence réelle sur la scène internationale. Les épisodes tel celui de laéroport de Sarajevo, reconstruit grâce au financement européen, mais inauguré par le Secrétaire dEtat américain ne sont que la partie émergée de liceberg. Comme lavait noté Robert Cooper : « labsence de force militaire crédible signifie que lorsquil sagit des questions comme le Kosovo, lIrak ou lAfghanistan, les décisions clés sont prises à Washington ». Et ce malgré un engagement financier robuste et la présence massive de soldats européens sur les théâtres dopération. Dans une vraie situation de crise, poursuit Cooper, « les Européens se retrouveraient extrêmement dépendants de la bienveillance de lAmérique ». Or du point de vue de la puissance ou limpuissance de lEurope, la présence ou labsence de « force militaire crédible » nest pas une question de chiffres, mais une question dautonomie. Laméricaine Kori Schake, professeur à lAcadémie militaire West Point, experte au Conseil de sécurité nationale pendant le premier mandat du Président Bush et conseillère en sécurité nationale du candidat républicain John McCain lors de la campagne électorale de 2008 avait brillamment mis le doigt sur ce truisme : « Sans disposer de forces militaires véritablement autonomes, les besoins de lEurope sont subordonnés aux priorités des Etats-Unis. LUE reste lotage des préoccupations et du veto potentiel des Etats-Unis ».[11] Voilà qui a le mérite dêtre clairement dit.
Questions dindépendance
A lévidence, tout le monde ne voit pas dun mauvais il la subordination des intérêts européens aux desiderata de lAmérique. Ceux qui, de part et dautre de lAtlantique, y trouvent leur compte ou sy résignent ont le plus souvent recours aux trois arguments fallacieux qui suivent.
Le mythe du soutien américain au renforcement de lEurope
Il est toujours de bon ton de rappeler le soutien indéfectible que Washington naurait cessé dapporter à la construction de lEurope. En laissant ici de côté la question des mobiles de cet appui américain (beaucoup moins altruistes que lon naimerait admettre), on se limitera à soulever la question de sa cible. En dautres termes, il convient surtout de préciser quelle sorte dEurope les Etats-Unis encouragent-ils de se construire. Certes, il ne fait aucun doute que lAmérique reste toujours un partisan inconditionnel, et fut même un des instigateurs, du Marché commun du moins tant que celui-ci rejette sagement lidée même de devenir une véritable Communauté économique. Celle-ci se distinguant du premier par la mise en place de politiques tarifaires, commerciales, agricoles ou industrielles, toutes susceptibles, par définition, de protéger les intérêts des citoyens européens. A linstar de celles que mènent de leur côté, et à juste titre, les autorités américaines. Dans la même veine, si les Etats-Unis ont fini par accepter, après des années de véhémentes protestations et de mises en garde, le lancement de la PESC/PESD, cest parce quils pensent pouvoir la confiner à des rôles qui leur soient utiles : paravent de légitimation politique (à leurs actions diplomatico-militaires), réservoir de supplétifs (déploiement, sous commandement ou contrôle US, de soldats européens), et marché captif (au bénéfice des industries darmement américaines). Toujours est-il que Washington continue dy voir un risque potentiel démancipation de ses alliés, et veille donc surtout à torpiller toute initiative susceptible, de près ou de loin, de mettre en cause sa position hégémonique.
Car derrière les remontrances convenues et les ricanements obligatoires au sujet de la prétendue « incapacité européenne » (illustrée par de poétiques images de « pygmées » et de « tigres en papier »), les préoccupations américaines sont dune toute autre nature. Zbigniew Brzezinski, chef de file des milieux démocrates en matière de diplomatie et de sécurité, eut lobligeance de nous les expliquer dans un de ses livres : « Avec le potentiel économique de lUE qui équivaut déjà celui de lAmérique et avec les deux entités déjà se heurtant dans les domaines financier et commercial, une Europe militairement émergente pourrait devenir une formidable concurrente pour lAmérique. Elle constituerait inévitablement un défi à lhégémonie US. ( ) Une Europe politiquement forte, capable de rivaliser en matière économique, et qui ne serait plus militairement dépendante des Etats-Unis remettrait inévitablement en cause la suprématie américaine ( ) et confinerait la sphère de la prédominance des USA grosso modo à la région du Pacifique ».[12] Ce nest donc pas une surprise si Brzezinski encourage, et il nest pas le seul, « la complémentarité, mais pas lautonomie » de lEurope vis-à-vis les Etats-Unis.
Le mythe de la complémentarité
Léloge de cette « complémentarité » est, depuis quinze ans, un exercice obligatoire dans les milieux transatlantiques. Il nen comporte pas moins deux erreurs de base. Dune part, dans lacception partagée par lAmérique et la plupart des gouvernements européens, la complémentarité sopère en sens unique : elle signifie, bien entendu, celle de lEurope par rapport à lAmérique. Aussi, il nest pas difficile de voir quentre la volonté de maintien dun contrôle absolu dans les affaires de sécurité européenne (quincarne lOTAN, cadre institutionnel de la tutelle US) et le désir dune marge de manuvre autonome (quexprime, malgré toutes les tergiversations internes, la mise en route de la Défense européenne), la tension est structurelle. Par conséquent, les deux non seulement ne sont pas complémentaires, mais risquent même dêtre antinomiques. Comme lavait observé Michael Cox, professeur des Relations internationales à The London School of Economics, auditionné par la Commission de la Chambre des Communes britannique : la contradiction peut être gérée « tant que la PESD ne sera pas réellement sérieuse ». Toutefois, « si la PESD devenait vraiment sérieuse, il pourrait y avoir une incompatibilité », et « il serait possible d’envisager une situation où la main gauche pourrait commencer à se battre avec la main droite ».[13]
De surcroît, lexemple de la Grande-Bretagne est là pour témoigner des conséquences, désastreuses pour la souveraineté, dune politique menée sous la bannière de la complémentarité. Pour lancien patron des exportations militaires de la Grande-Bretagne, Tony Edwards, son pays « maintient sa capacité de projection au prix dune dépendance excessive par rapport aux Etats-Unis pour la technologie, les équipements, le soutien et le renseignement ».[14] Lanalyse de lex-président de la Commission de Renseignement de Sa Majesté, M. Rodric Braithwaite, nest pas plus rassurante. Pour lui, « Les décideurs politiques américains trouvent les Britanniques utiles en tant que valets darmes à l’ONU et à l’OTAN, et comme des alliés militaires plutôt compétents quand de faire la guerre. De temps en temps, ils essaient d’utiliser les Britanniques comme un potentiel cheval de Troie, si la construction européenne semble sur la voie dêtre trop bien réussie ». Braithwaite précise également quà force de chercher la « complémentarité » avec lAmérique, désormais « dans une guerre réelle, les forces britanniques ne vont opérer que faisant partie intégrante des forces américaines, sous commandement américain et servant des intérêts américains ». Le verdict est sans appel : « Contrairement aux Français qui ont préféré un chemin plus solitaire, mais indépendant, la coopération avec les Américains a privé les Britanniques d’une grande partie de leur indépendance ».[15] Reste à voir si, en échange, ils ont réussi, ou du moins auraient une chance de réussir, à obtenir ne serait-ce quun minium dinfluence. Sans surprise, la réponse est non et un non retentissant.
Le mythe dune influence possible sur Washington
Pour une illustration récente, il suffit de regarder la prestation du Premier ministre Blair dans laffaire irakienne et sa « récompense » en termes dinfluence. Côté politique, lambassadeur britannique a lui-même avoué par la suite que Londres navait pas été tenu au courant (encore moins associé à lélaboration) des plans de laprès-guerre. Côté militaire, quelques révélations de la presse ont mis en exergue quune fois placées sous commandement américain, les forces britanniques ne disposent plus de leurs propres moyens (incident emblématique dès le début de lopération Iraqi Freedom : les troupes britanniques engagées au sol auraient eu besoin de lappui de leurs propres avions mais leurs appels sont restés sans effet. Le commandement américain a préféré envoyer les appareils britanniques à lappui des forces US en plus des avions US). Côté diplomatique, Londres na pas vraiment eu plus de succès. En témoignent les efforts de plus en plus désespérés déployés par Tony Blair pour pouvoir afficher ne serait-ce quun semblant de contrepartie en échange de son soutien inconditionnel. Washington ne leur a pas donné de suite ni sur le dossier israélo-palestinien, ni sur celui du changement climatique. Comme le disait lancien chancelier allemand Helmut Schmidt, la relation anglo-américaine « est tellement spéciale que seuls les Britanniques sont au courant quelle existe ».
Et même les fidèles Britanniques commencent à avoir des doutes Daprès un rapport du prestigieux Chatham House, publié en décembre 2006 et signé par le directeur sortant, le cas de Tony Blair est surtout symptomatique dune erreur dappréciation plus générale, celle de la surévaluation des possibilités dinfluence. En effet, « l’échec fondamental (de la politique extérieure de Blair) a été son incapacité à influencer l’administration Bush de quelque façon significative, malgré le sacrifice militaire, politique et financier qu’avait consenti le Royaume-Uni ». Or, poursuit le rapport, « étant donné la complexité byzantine de la politique washingtonienne, il a toujours été peu réaliste de croire que des puissances extérieures aussi loyales quelles soient puissent avoir beaucoup dinfluence sur le processus américain de prise de décision ».[16] Mais pourquoi, au juste, devraient-elles avoir de linfluence sur la décision des autorités américaines qui ont pour mandat de défendre les intérêts de leurs propres citoyens ? En réalité, la question nest pas celle de linfluence, mais celle dune coopération éventuelle. Or qui dit coopération dit réciprocité. Le problème pour lEurope, cest quà partir dune situation de dépendance il est impossible de participer à une coopération équilibrée. Lune des parties est toujours en mesure de quitter, ou de menacer de quitter, la coopération sans que son potentiel stratégique sen trouve diminué, tandis que lautre (ayant démantelé les bases de son autonomie) sy trouve verrouillée. Bref, il faut être deux pour pouvoir coopérer sur un pied dégalité. Le chemin qui pourrait y mener un jour est donc le même que celui qui doit conduire à lautonomie.
Questions dEurope : le mythe de l « européanisation » comme solution miracle
Force est de constater que ce chemin ne se dégage pas automatiquement dune intégration européenne toujours plus poussée. Celle-ci pourrait même conduire, à défaut dune prise de conscience urgente et générale des enjeux, exactement à linverse. Pour y voir plus clair, il faut dabord dissiper un amalgame trompeur. En notant que le terme « européen » a deux aspects bien distincts. Le premier désigne, dans une acception bureaucratico-institutionnelle, le niveau européen par opposition au, et comme étant au-dessus du, niveau national. Le second nous définit par rapport au reste du monde et se réfère, dans une acception politico-stratégique cette fois-ci, à des intérêts et des priorités spécifiques à notre continent. Or les deux ne se confondent point. La supranationalisation ne nous mène pas mécaniquement à la prise en compte et à la poursuite des intérêts européens au sens géopolitique. Hélas, dans létat actuel des choses, elle risque davoir leffet contraire. Etant donné que la plupart des Etats membres sont réticents, voire hostiles à lidée dune Europe indépendante, tout « progrès » dans lintégration, sous forme, par exemple, de passage au vote à la majorité dans les domaines stratégiquement sensibles, signifierait la mise en minorité immédiate de toute ambition de puissance et dautonomie.
Les deux sortes de tensions intra-européennes à lorigine de la plupart des blocages font partie, de ce point de vue, dune seule et même problématique. Que ce soit laffrontement entre logique nationale et logique fédérale, ou entre vision autonomiste (en faveur dune Europe indépendante) et vision atlantiste (préconisant une Europe soi-disant complémentaire des Etats-Unis), cest autour de la question de souveraineté que sarticule le fond des débats. Or, si lon part du principe que lon construit lEurope pour défendre, et non pas pour détruire, la souveraineté de ses peuples, les deux sortes de tensions sont indissociablement liées. En effet, un pays avec un haut degré dindépendance et une conscience aiguë des enjeux de puissance (la France, pour ne pas la nommer) nacceptera, et dans lintérêt de lEurope toute entière ne doit surtout pas accepter, le jeu supranational quà la condition que les mêmes exigences stratégiques de puissance et dautonomie soient assumées et défendues, avec la même intransigeance et au même degré, par les autorités bruxelloises. Tant que la majorité des Etats membres sy opposera, toute poussée intégrationniste ne pourra que nous verrouiller, toujours davantage, dans une position de dépendance définitive. Dun autre côté, Tindemans avait déjà averti qu« un édifice inachevé ne peut pas défier le temps: il doit être complété, sinon il sécroule ». Pour trancher ce nud gordien, il faudra surtout en finir, une fois pour toutes, avec les mythes ; autrement dit rompre avec les illusions/idéologies pacifistes et atlantistes.
Comme lavait formulé Jean Monnet dans ses Mémoires : « Les échecs que jai rencontrés étaient moins souvent le fait de gens bornés par nature que desprits délibérément fermés à lévidence, que la loyauté envers leur système de référence rendait aveugles ».
[1] Audition de Hubert Védrine devant la Commission sur le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, 4 octobre 2007.
[2] Rapport sur lUnion européenne, dit « Rapport Tindemans », Bruxelles, 29 décembre 1975.
[3] Declaration on The European Identity, 14 December 1973, Copenhagen. Déclaration sur lidentité européenne, 14 décembre 1973, Copenhague.
[4] Nicole Gnesotto, EU, US: visions of the world, visions of the other, in Shift or Rift Assessing US-EU relations after Iraq, (ed. Gustav Lindstrom), Institut des études de sécurité de lUE, Paris 2003.
[5] Jean-François Deniau, La découverte de lEurope, Paris, Seuil, 1994.
[6] Discours de Javier Solana à lInstitut des études de sécurité de lUE, 6 octobre 2006, Paris.
[7] A Secure Europe In a Better World The European Security Strategy, 12 December 2003. Une Europe sûre dans un monde meilleur Stratégie européenne de sécurité, 12 décembre 2003.
[8] Entretien du Président Nicolas Sarkozy avec le quotidien « The New York Times », 24 septembre 2007.
[9] Robert Cooper, The Breaking of Nations, Atlantic Books, London, 2004.
[10] Report on the Bottom-up Review, Les Aspin, Secretary of Defense, October 1993.
[11] Kori Schake, The United States, ESDP and Constructive Duplication, in J. Howorth and J.T.S. Keeler (eds.), Defending Europe: The EU, NATO and the Quest for European Autonomy, Palgrave MacMillan, 2003, pp.107-132.
[12] Zbigniew Brzezinski, The Choice : domination or leadership, Perseus Books, New York, 2004.
[13] House of Commons Defence Committee, The future of NATO and European defence, 20 mars 2008.
[14] Contribution au Livre vert de la Commission, apportée par M. Tony Edwards et citée dans « Le marché européen des équipements de défense : larticle 296 du Traité instituant la Communauté européenne et le Livre vert de la Commission européenne », rapport rédigé par Franco Danieli, à lAssemblée générale de lUnion de lEurope occidentale, 6 décembre 2005.
[15] Rodric Braithwaite, End of the affair, Prospect Magazine n° 86, mai 2003.
[16] Victor Bulmer-Thomas, Blairs Foreign Policy and its Possible Successor(s), Chatham House, December 2006.
(Hajnalka Vincze, L Europe face à un monde multipolaire en déséquilibre, Intervention au Séminaire international organisé sous l égide du Comité pour l Etat Fédéral Européen, Strasbourg, 7 mars 2009, 32 000 caractères)
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