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Quelles seraient les prochaines étapes de la crise financière ?

Article lié : Les “trois singes de la sagesse” devenue folle

Francis Lambert

  16/09/2009

“la crise monétaire et financière actuelle n’en est qu’à ses débuts et sera d’une exceptionnelle gravité. (...)

Avant tout, il est essentiel de comprendre à quel point, dans notre monde financier totalement globalisé, une banque centrale à elle seule ne peut plus rien faire pour soutenir sa monnaie où l’économie de son pays. (...)

Tentons d’imaginer un scénario :
a priori on peut s’attendre à voir des critiques de plus en plus nourries à l’encontre de la Fed, « incapable de gérer cette crise ». Les opinions publiques, les grands fonds de pension et les fonds souverains de plus en plus inquiets vont exiger que les autorités financières « fassent quelque chose » pour freiner la chute du dollar et la flambée des matières premières.

On va assister à une dévaluation du dollar et des interventions de plus en plus musclées des banques centrales pour « contrôler » les taux de changes. Inévitablement cela entraînera de fortes variations dans les taux d’intérêts (car il est mécaniquement impossible d’agir à la fois sur les taux de changes et sur les taux d’intérêts).

Le FMI apparaîtra comme le seul à « avoir vu juste depuis le début». Le mécanisme de stabilisation par les DTS sera mis en place. De manière discrète dans un premier temps. Seule la presse spécialisée en parlera.

Le FMI proposera ensuite que les matières premières soient cotées en DTS. Ce n’est que par après que le grand public reconnaissant découvrira ces DTS.

En parallèle l’or jouera son rôle de valeur de refuge et l’instauration de cartes de paiement liées à l’or deviendra de plus en plus populaire.

Bien plus tard le FMI endossera son nouveau rôle de banque centrale mondiale gérant une monnaie mondiale, les DTS rebaptisés bancor. Paiera-t-on alors son pain en bancor ?”

—————
Prémisses et conclusion d’un article long, didactique et intéressant concernant “les pièces du puzzle” et “comment ces pièces pourraient s’emboiter dans une même logique historique”.

Extraits de “Août - Septembre 2008”  par Pascal Roussel, analyste en produits dérivés au sein du Département des Risques Financiers de la Banque Européenne d’Investissement (BEI)

http://www.leseditionsromaines.com/?pg=economy&arch=32

la lettre du leap

Article lié : Les “trois singes de la sagesse” devenue folle

jean pierre SIMON

  15/09/2009

presstitutes

Article lié : Mission accomplie: c’est encore pire qu’il y a un an

nol

  15/09/2009

Et pendant que la presse mainstream joue les cheerleaders d’un système pourri, histoire de ramasser pendant qu’il en est encore temps les derniers euros des derniers annonceurs, l’économie se bloque de plus en plus pour qui la vit au quotidien et en première ligne.
L’année 2010 va être saignante.

BAE Systems licencie.....

Article lié : L’industrie de l’armement britannique en désordre de retraite

CMLFdA

  15/09/2009

BAE to axe 1,100 jobs and close site

Union says ‘bitterly disappointing’ for workers and local communities, especially in Cheshire where site will close down

Defence company BAE Systems is to axe 1,100 jobs and close one of its sites, unions said today.
The Confederation of Shipbuilding and Engineering Unions (CSEU) said the news was “bitterly disappointing” for workers and local communities.
The cuts will affect a number of sites, including Woodford in Cheshire, which will close, said the union.
The CSEU’s general secretary, Hugh Scullion, said: “This is bitterly disappointing news for the staff and for the local communities which rely on these jobs.
“This is particularly true in the case of the proposed closure of Woodford. The CSEU will work constructively with the company to keep redundancies to a minimum and ensure no compulsory redundancies.
“The CSEU believes there is still an opportunity to extend production at the Woodford site.”
BAE later announced that, following a detailed review of its current and future business levels, it had started consultation on the potential closure of Woodford and cuts at another three sites, with the loss of 1,116 jobs.
The firm is planning to close the Woodford site at the end of 2012, on completion of the Nimrod MRA4 production contract, with the loss of 630 jobs.
A further 205 jobs will be lost at Samlesbury in Lancashire, 170 jobs at Warton in Lancashire and 111 jobs at Farnborough in Hampshire.
The company said in a statement: “It has been clear since 2003 that the Woodford site had little future beyond the end of Nimrod MRA4 production, and the workforce has been kept informed since that time.
“Despite strenuous efforts to achieve further Nimrod production work, there has been none forthcoming. It is intended that there will be a phased run-down of the site in line with the production programme.
“At Samlesbury, the potential job losses are in the manufacturing function and are associated with the end of Airbus work currently undertaken by BAE Systems for Spirit AeroSystems.
“At Warton, the potential job losses are in the manufacturing and operations areas as work on the Nimrod, Tornado and Hawk programmes decreases.
“At Farnborough the potential job losses are in the Harrier business. The job losses are as a result of a downturn in Harrier upgrade work over the next few years.”
Kevin Taylor, managing director of BAE’s Military Air Solutions arm, said: “Whilst we regret having to make this announcement, we have to ensure we are the right size and shape to remain competitive and meet our customer’s requirements in the future.
“We will work with our employees and their representatives to explore ways of mitigating these potential job losses and we will do everything necessary to deal with the potential job losses and closure of Woodford in a professional way and support our people throughout this process.”

2013 après moi le déluge

Article lié : Le “vieux couple” et l’enfant terrible

nol

  15/09/2009

@ Exocet
J’ai rien compris à votre poste. Le commentaire géopolitique comme un des beaux-arts ?

2013 le retrait, d’ici là pas mal d’eau aura coulé sous les ponts.
Je persiste à penser, en bon néo-complotiste paranoïaque cynique et anté-moderne, que les allemands, tout comme les français, les alliés, et bien sûr les US, savent très bien ce qu’ils font en Afghanistan et pourquoi ils y sont.

GEAB N°37 : Crise systémique globale : A la poursuite de l'impossible reprise

Article lié : Mission accomplie: c’est encore pire qu’il y a un an

Francis Lambert

  15/09/2009

Nous nous dirigeons donc tout droit vers la phase de dislocation géopolitique prévue pour commencer au quatrième trimestre 2009 (11).

Ce GEAB N°37 analyse les tendances en cours (inflation ou déflation, marchés immobiliers, banques, géopolitique, ...) au sein du chaos actuel créé par l’avalanche de fonds publics non maîtrisés et la persistance d’un système financier incontrôlé, sur fond d’incohérences statistiques croissantes. Paradoxalement, cette dislocation est devenue, selon nos chercheurs, la seule voie praticable pour une reprise économique, mais qui se fera selon une architecture globale et des modalités d’interaction entre les sphères économiques, sociales et financières profondément différentes de celles que nous avons connues au cours des dernières décennies.

Notre équipe estime en la matière que d’ici l’été 2010 apparaitront clairement les premières caractéristiques du « monde d’après la crise ». Nous allons d’ailleurs nous attacher à les identifier dans les mois à venir.

http://www.leap2020.eu/GEAB-N-37-est-disponible!-Crise-systemique-globale-A-la-poursuite-de-l-impossible-reprise_a3791.html

Article lié : Mission accomplie: c’est encore pire qu’il y a un an

Dedef

  15/09/2009

La grande machine à bulles américaine
Matt Taibbi Rolling Stone – juillet 2009 Traduit de l’anglais par J.L.

http://www.alterinfo.net/les-charognes_a36600.html?com#com_965430
————————extraits———————-

Et voici le coup de grâce. Après avoir joué un rôle central dans quatre bulles catastrophiques, après avoir contribué à faire disparaître du NASDAQ 5.000 milliards de dollars de richesse, après avoir refilé des milliers de prêts immobiliers toxiques à des retraités et des municipalités, après avoir contribué à pousser le prix de l’essence jusqu’à 4 $ le gallon et provoqué la faim de 100 millions de personnes dans le monde, après avoir mis la main sur des dizaines de milliards de dollars des contribuables à travers une série de renflouages gérés par son ancien PDG, combien Goldman Sachs rendit au peuple des États-Unis en 2008 ? 
Quatorze millions de dollars.   
C’est ce que la firme a payé en 2008, un taux effectif d’imposition d’exactement un, vous lisez bien, un pourcent. La banque a payé 10 milliards de dollars en primes et bonus la même année et a fait un bénéfice de plus de 2 milliards de dollars – pourtant, elle a payé au Trésor moins d’un tiers de ce qu’elle a casqué à son PDG Lloyd Blankfein, qui a reçu 42,9 millions de dollars l’année dernière.
Comment est-ce possible ? Selon le rapport annuel de Goldman, le faible niveau d’impôts est dû en grande partie à des changements dans la « répartition géographique des profits ». En d’autres mots, la banque a déplacé son argent de manière à ce que ses profits soient situés dans des pays étrangers ayant de faibles taux d’imposition. Parce que notre système d’imposition des grandes sociétés est complètement foutu, des sociétés comme Goldman peuvent expédier leurs revenus dans des paradis fiscaux et reporter indéfiniment les impôts sur ces revenus, même si elles réclament par avance des déductions sur ces mêmes revenus non imposés. C’est pourquoi n’importe quelle grande société avec un expert-comptable qui soit à jeun au moins de temps en temps, peut, en général, trouver une façon de réduire à zéro ses impôts. En fait, un rapport du bureau de Comptabilité du gouvernement[49] a trouvé qu’entre 1998 et 2005, environ deux tiers de toutes les grandes sociétés opérant aux États-Unis n’y ont payé aucun impôt.
 
C’est un scandale qui justifierait une levée de fourches – mais je ne sais comment, quand Goldman publia son imposition d’après le renflouage, c’est à peine si quelqu’un le commenta. Un des peu nombreux qui remarquèrent le scandale fut le représentant Llyod Doggett, un Démocrate du Texas qui siégea au comité des moyens et solutions[50] de la Chambre. « Tandis que la main droite mendie l’argent du renflouage », dit-il, « la gauche le cache dans des paradis fiscaux ».

—————————————-
Et tout l’article est du mème bois.

Quand Karzaï fera le Mur,les moudjahiddines auront des motos

Article lié : Le “vieux couple” et l’enfant terrible

Exocet

  15/09/2009

Vous semblez pédaler dans la choucroute de la subordination typiquement germanique… Merkel n’est pas sotte à ce point , elle qui à vécut de l’autre côté du Mur n’est pas sans savoir que les mouvements pacifistes en Allemagne principalement, ceux émergés du conflit asiatique furent les parfaits idiots utiles de la Pax Américana. Pour que l’opération pysychologique de retrait puisses marcher au prés de l’opinion publique Allemande , il faudrait que Karzaï la marionette qui dit non, non,non en se rasant le matin ..  avant   qu’il ne   puisses avoir   le contrôle effectif   des notions abstraites de ses protecteurs.., et avoir accés aux medias occidentaux déjà rodés aux psyop’s les plus tordus afin de gagner le “coeur et les esprits ” du grand moudjahiddine qui sommeile en chacun de nous ...par exfiltration de la doxa américaniste ,déclencheuse d’émotions parfaitement pluralistes .Mais attention aux usurpations d’identités et autres choucroutes aux volontés confondues…

SUR LES « DEMOCRATES EUROPEENS ».

Article lié : L’Europe plébiscite BHO-Gorbatchev, pas Obama 44ème POTUS

GEO

  15/09/2009

La popularité d’Obama en Europe me paraît surtout un comportement d’américains imaginaires de la part des européens. Se vouloir plus démocrate, au sens partisan, que les américains, ce n’est pas forcément soutenir Gorbama.

Pas plus que rêver sur les gangsters américains n’est pour un jeune français manifester des tendances anti-système.

Ce peut être aussi bien envier aux USA jusqu’à leur violence interne et leur bipartisme.(Voir l’excitation comique à gauche sur le thème des « primaires ».)

Il me semble que l’américanisation des esprits n’a jamais cessé de s’intensifier depuis 2000 à peu près.(c’est un compte rond et c’est avant 2001.)

L’Amérique nous fournit à présent nos structures d’opposition en kit, et le public adore. Il peut être, en Europe, le vrai parti du président. (Quelle fête!)

je ne comprend pas

Article lié : Contractions prémonitoires du système en cours de désintégration

Sputnik Diesel

  14/09/2009

Pardonnez moi, je ne comprends pas bien. Les mechanismes qui font la relation entre l empire et le reste du monde sont d ordres psychologiques ou psychopolitiques? La puissance americaines passerait donc par la perception que ceux -ci ont d eux memes? Quand le moral va, l empire va?  L empire s’ effondrerait-il parce que les neocons, ces clowns, sont resté scotchés sur une vison uniquement geopolitique du monde?

L importance de l intoxication mediatique des peuples du monde n est plus a demontrer,  le peuple nord americain y compris.

L effondrement de l’ empire est donc ineluctable si les nord americains ne croient plus aux mensonges de leur classe dirigeante. mmmh Est ce que ce peuple est pret a rennoncer a un mode de vie qui implique une surconsomation des richesses naturelles de la planete et donc a une domination militaire des peuples du mondes? car finalement ce ne sont pas les fils de cette classe dirigeante qui etrippent et bombardent alegrement au nom de leur liberté et de la civilisation. 

Est ce que les talibans, les irakiens, et avant eux les vietnamiens ont vaincu l armee US parce que celle ci est fatiguee, n as pas le moral ou a montrer ses limites? ou alors parce que toute invasion militaire imperialiste est condamnee a l enlisement. Les peuples apprenent a se defendre.

La Puissance des USA, dépend elle vraiment de la vision que les européens et les peuples du monde peuvent avoir d elle , d Obama, ou est ce que c est l inverse? car si le gouvernement US se recontruit une sante( economique)  en se recentrant par exemple sur sa “chasse gardée ” et en y concentrant toute sa puissance, cet empire pourrait bien inspirer la meme soumission aux europeens a nouveua et redonner la fierte du peuple elu au nord-americains.

J avoue que je ne comprend pas, si quelqu un peut m expliquer, please…

Perception

Article lié : Contractions prémonitoires du système en cours de désintégration

Stephane Eybert

  14/09/2009

La puissance des USA depend de sa credibilite comme super puissance bienveillante, qui a son tour depend de la perception qu’en ont les amis des USA.

Or, il est tres peu probable que les chanceleries du monde ignorent quoi que ce soit du coup d’etat du 11 Septembre 2001 et du desordre resultant au sein de l’appareil americaniste.

Plus que la faillite economique ou l’echec des campagnes militaires, le viol de la marionette American Dream par son marionetiste est peut-etre la vrai deception de ce public si fidele.

L’histoire un jour parlera peut-etre des annees d’illusion devant notre aveuglement pour cet American Dream.

Comment le dire

Article lié : Zbig, l’“ami critique”, très critique…

Francis Lambert

  14/09/2009

Cinquante questions sur le 11/9

Article lié : Journal de bord de defensa.org – 090906, notre (r?)évolution

Francis Lambert

  13/09/2009

Chercher l'erreur.

Article lié : Qui commande ici? McChrystal, Karzaï, les généraux de Merkel?

Ilker de Paris

  13/09/2009

@Ni ANDO

Ce que je voulais dire c’est que ce qui sépare l’erreur de la faute c’est que par principe (déclarations “des droits de l’homme”, lois etc) on (en Occident) attribue à la vie humaine une haute valeur (comme dans les religions monothéistes où les hommes ont une valeur d’être à l’image de Dieu), donc étant du côté de la vie “en principe”, si dans les faits on y attente c’est par “erreur”, “l’erreur est humaine” dit-on.

Le problème est que si faire “deux fois la même erreur devient une faute”, alors répétée n fois… c’est un des points faibles du système, qui d’une part utilise des principes positifs pour mettre en pratique des politiques d’intérêts barbares (on ne me fera pas croire que l’Occident est intervenu en Afghanistan pour les beaux yeux des Afghans ou en Irak pour se débarrasser d’un méchant dictateur qui martyrise son peuple, on a va ce qui est arrivé au peuple irakien après l’occupation), d’autre part ces principes, même (et surtout) s’ils sont avancés de manière hypocrite ou “virtualiste”, brident - quoique dans le cas virtualiste on trouverait les meilleurs raisons du monde alors qu’il s’agirait d’anéantir l’humanité.

Sur la Chronique de Simon Leys

Article lié : La subversion de la laideur

geo

  13/09/2009

Retrouvé son titre:

L’empire du laid

Chronique de Simon Leys parue sous le titre “La chronique des antipodes” dans Le Magazine Littéraire n°440 de mars 2005.

Les Indiens de la côte du Pacifique étaient de hardis navigateurs. Ils taillaient leurs grandes pirogues de guerre dans le tronc d’un de ces cèdres géants dont les forêts couvraient tout le nord-ouest de l’Amérique. La construction commençait par une cérémonie rituelle au pied de l’arbre choisi, pour lui expliquer le besoin urgent qu’on avait de l’abattre, et lui en demander pardon. Chose remarquable, à l’autre côté du Pacifique, les Maoris de Nouvelle-Zélande creusaient des pirogues semblables dans le tronc des kauri ; et là aussi, l’abattage était précédé d’une cérémonie propitiatoire pour obtenir le pardon de l’arbre.

Des mœurs aussi exquisément civilisées devraient nous faire honte. Tel fut mon sentiment l’autre matin ; j’avais été réveillé par les hurlements d’une scie mécanique à l’œuvre dans le jardin de mon voisin, et, de ma fenêtre, je pus apercevoir ce dernier qui - apparemment sans avoir procédé à aucune cérémonie préalable - présidait à l’abattage d’un magnifique arbre qui ombrageait notre coin depuis un demi-siècle. Les grands oiseaux qui nichaient dans ses branches (une variété de corbeaux inconnue dans l’hémisphère Nord, et qui, loin de croasser, a un chant surnaturellement mélodieux), épouvantés par la destruction de leur habitat, tournoyaient en vols frénétiques, lançant de déchirants cris d’alarme. Mon voisin n’est pas un mauvais bougre, et nos relations sont parfaitement courtoises, mais j’aurais quand même bien voulu savoir la raison de son ahurissant vandalisme. Devinant sans doute ma curiosité, il m’annonça joyeusement que ses plates-bandes auraient désormais plus de soleil. Dans son Journal, Claudel rapporte une explication semblable fournie par un voisin de campagne qui venait d’abattre un orme séculaire auquel le poète était attaché : “Cet arbre donnait de l’ombre et il était infesté de rossignols.”

La beauté appelle la catastrophe aussi sûrement que les clochers attirent la foudre. Les services publics qui font passer une autoroute au milieu de Stonehenge, ou un chemin de fer à travers les ruines de Villers-la-Ville, le moine qui met le feu au Kinkakuji, la municipalité qui transforme l’abbatiale de Cluny en une carrière de pierres, l’énergumène qui lance un pot d’acrylique sur le dernier autoportrait de Rembrandt, ou celui qui attaque au marteau la madone de Michel-Ange, obéissent tous, sans le savoir, à une même pulsion.

Un jour, il y a longtemps, un minuscule incident m’en a donné l’intuition. J’étais en train d’écrire dans un café ; comme beaucoup de paresseux, j’aime sentir de l’animation autour de moi quand je suis sensé travailler - ça me donne une illusion d’activité. Aussi la rumeur des conversations ne me dérangeait pas, ni même la radio qui beuglait dans un coin - toute la matinée, elle avait déversé sans interruption des chansonnettes à la mode, les cours de la Bourse, de la “muzak”, des résultats sportifs, une causerie sur la fièvre aphteuse des bovins, encore des chansonnettes, et toute cette panade auditive coulait comme de l’eau tiédasse fuyant d’un robinet mal fermé. Et d’ailleurs, personne n’écoutait. Tout à coup - miracle ! - pour une raison inexplicable, cette vulgaire routine radiophonique fit place sans transition à une musique sublime : les premières mesures du quintette de Mozart prirent possession de notre petit espace avec une sereine autorité, transformant cette salle de café en une antichambre du Paradis. Mais les autres consommateurs, occupés jusqu’alors à bavarder, à jouer aux cartes ou à lire les journaux, n’étaient pas sourds après tout : en entendant ces accents célestes, ils s’entre-regardèrent, interloqués. Leur désarroi ne dura que quelques secondes - au soulagement de tous, l’un d’entre eux se leva résolument, vint tourner le bouton de la radio et changea de station, rétablissant ainsi un flot de bruit plus familier et rassurant, qu’il fut à nouveau loisible à chacun de tranquillement ignorer.

A ce moment, je fus frappé d’une évidence qui ne m’a jamais quitté depuis : les vrais Philistins ne sont pas des gens incapables de reconnaître la beauté - ils ne la reconnaissent que trop bien, ils la détectent instantanément, et avec un flair aussi infaillible que celui de l’esthète le plus subtil, mais c’est pour pouvoir fondre immédiatement dessus de façon à l’étouffer avant qu’elle ait pu prendre pied dans leur universel empire de la laideur. Car l’ignorance, l’obscurantisme, le mauvais goût, ou la stupidité ne résultent pas de simples carences, ce sont autant de forces actives, qui s’affirment furieusement à chaque occasion, et ne tolèrent aucune dérogation à leur tyrannie. Le talent inspiré est toujours une insulte à la médiocrité. Et si cela est vrai dans l’ordre esthétique, ce l’est bien plus encore dans l’ordre moral. Plus que la beauté artistique, la beauté morale semble avoir le don d’exaspérer notre triste espèce. Le besoin de tout rabaisser à notre misérable niveau, de souiller, moquer, et dégrader tout ce qui nous domine de sa splendeur est probablement l’un des traits les plus désolants de la nature humaine.