Exocet
08/04/2009
Je ne sais pas si l’intrusion malheureuse de la “force brute” comme conscience obtuse de la puissance qui se dilue en de multiples strates toutes autant obscures que la force brute ,parviendra in finé à en abolir la chose .. D’ailleurs elles ne seraient pas moins du tout aussi neutres , et aussi étrangéres qu’ à ces mêmes classifications (...) qui parlent d’espoir et de globalisation des valeurs…
Pour en revenir à nos moutons bêlant comme des talibans dans la boîte de pandore médiatique.., ouverte (GWOTT welcome machin chose) par le crusader troubadour de la créative destruction Bush junior , et qui nous raménent quelques siécles en arriére ,histoire de nous épouvanter encore plus des conséquences et des progrés du monde en la matiére.
http://www.williampfaff.com/modules/news/article.psp?storyid=389
Francis Gazel
07/04/2009
Un article de Thierry meyssian intéressant sur le site égalité et réconcilliation
Réfugié au Liban, Thierry Meyssan nous a accordé une longue interview dans laquelle il nous livre son analyse décoiffante de la situation internationale. Une analyse qui rejoint souvent celle d’Egalité et Réconciliation.
Thierry Meyssan, on ne vous voit plus en France, que devenez-vous ?
Je vis actuellement au Liban. Après larrivée de Nicolas Sarkozy au pouvoir, jai été directement menacé par de hauts fonctionnaires français. Des amis au ministère de la Défense, m’ont informé que les États-Unis me considèrent comme un danger pour leur sécurité nationale. Dans le cadre de l’OTAN, ils ont demandé aux services alliés de me neutraliser et certains Français semblaient vouloir faire du zèle. Jai donc pris la décision non seulement de quitter la France, mais la zone OTAN. Après avoir erré de Caracas à Damas en passant par Moscou, je me suis fixé à Beyrouth où je me suis placé au service de la Résistance.
Sur quoi travaillez-vous en ce moment ?
Je travaille actuellement à un livre danalyse sur ladministration Obama, ses origines, sa composition, ses projets etc. Une première édition, limitée à quelques exemplaires, sera adressée à des quelques leaders le mois prochain. Puis une édition grand public sera publiée dans diverses langues à l’automne. Je vis exclusivement de ma plume et je collabore à des journaux ou magazines dans le domaine de la politique internationale, au Proche-Orient et en Russie.
Quelle analyse faite vous de lévolution de la politique américaine ?
Aujourdhui se dégage un relatif consensus sur le constat déchec de la politique Bush, le surdéploiement militaire, les conséquences néfastes de lunilatéralisme sur les relations avec les alliés et la perte de leadership. A partir de 2006, James Baker et Lee Hamilton, qui présidaient une commission créée par le Congrès pour évaluer la stratégie en Irak, ont milité en faveur dun retour à une position plus sage. Ils ont préconisé un retrait dIrak et un prudent rapprochement avec les pays riverains (Syrie, Iran) indispensable pour éviter que le départ des GI’s ne tourne à la débâcle, comme au Vietnam. Ils ont fait tomber la tête de Donald Rumsfeld, et ont imposé un membre de leur commission, Robert Gates, pour lui succéder. Mais s’ils ont gelé la politique de « remodelage du Grand Moyen-Orient », ils ne sont pas parvenus à y faire renoncer George Bush et Dick Cheney; raison pour laquelle il a fallu organiser une rupture avec Barack Obama.
En réalité Obama avait été lancé dans la course au Sénat fédéral et à la présidence dès 2004. Il a fait son entrée en scène lors de la convention démocrate pour l’investiture de John Kerry. Il n’était alors qu’un obscur parlementaire de l’Assemblée de l’Illinois, mais il était déjà encadré et entrainé par Abner Mikva et ses hommes (Jews for Obama) et soutenu par la finance anglo-saxonne (Goldman Sachs, JP Morgan, Excelon ). Les multinationales inquiètes de perdre des parts de marché au fur et à mesure de la montée de l’anti-impérialisme (Business for Diplomatic Action), les partisans de la Commission Baker-Hamilton, les généraux en révolte contre les aventures erratiques des néo-conservateurs, et d’autres encore, se sont progressivement ralliés à lui.
Les Français croient souvent que le président des États-Unis est élu au second degré par de grands électeurs. C’est faux. Il est élu par un collège dont les membres sont désignés par des notables. En 2000, la Cour suprême a rappelé que le vote des citoyens n’était que consultatif et que le gouverneur de Floride pouvait nommer les délégués de son État au collège électoral présidentiel sans même attendre le dépouillement du scrutin général.
_ Dans ce système oligarchique, il y a un parti unique avec deux courants : les républicains et les démocrates. Juridiquement, ils ne forment pas des entités distinctes. Ainsi, ce sont les États qui organisent les primaires, pas les pseudos-partis. Il n’y a donc rien de surprenant à ce que Joe Biden et Barack Obama soient l’un et l’autre de vieux amis de John McCain. Ainsi, McCain préside l’Institut Républicain International, un organe du département d’État chargé de corrompre les partis de droite dans le monde; tandis qu’Obama travaille au sein de l’Institut Démocrate National, présidé par Madeleine Albright et chargé de la corruption des partis de gauche. Ensemble, Obama, McCain et Albright ont participé à la déstabilisation du Kenya, lors d’une opération de la CIA pour imposer un cousin d’Obama comme Premier ministre.
Tout ceci pour dire quObama nest pas sorti de nulle part. C’est un spécialiste de laction secrète et de la subversion. Il a été recruté pour faire un travail bien précis.
Si les objectifs de la coalition hétéroclite qui le soutient sont globalement les mêmes, il nexiste pas de consensus dans le détail entre ses composantes. Ceci explique lincroyable bataille à laquelle ont donné lieu les nominations et l’aspect toujours équivoque des discours d’Obama.
Quatre pôles se livrent bataille :
Le pôle Défense, autour de Brent Scowcroft, des généraux opposés à Rumsfeld et bien sûr de Robert Gates, aujourd’hui le véritable maître à Washington. Ils préconisent la fin de la privatisation des armées, une sortie « honorable » dIrak mais la poursuite de leffort états-unien en Afghanistan pour ne pas donner l’impression d’une débandade, et enfin un accord avec les Iraniens et les Syriens. Pour eux, la Russie et la Chine restent des rivaux qu’il faut isoler et paralyser. Ils abordent la crise financière comme une guerre au cours de laquelle ils vont perdre des programmes d’armement et diminuer le format des armées, mais doivent maintenir une supériorité relative. Peu importe qu’ils perdent en puissance, s’ils restent les plus forts.
Les départements du Trésor et du Commerce, autour de Tim Geithner et Paul Volcker, les protégés des Rockefeller. Ils sont issus de la Pilgrim’s Society et s’appuient sur le Groupe des Trente, le Peterson Institute et la Commission trilatérale. Ils sont soutenus par la reine Elizabeth II et veulent sauver à la fois Wall Street et la City. Pour eux la crise est un coup dur puisque les revenus de l’oligarchie financière sont en chute libre, mais c’est surtout une occasion rêvée de concentrer le capital et de piétiner les résistances à la globalisation. Ils sont obligés temporairement de réduire leur train de vie pour ne pas susciter de révolutions sociales, mais ils peuvent simultanément s’enrichir en rachetant des fleurons industriels pour une bouchée de pain. Sur le long terme, ils ont le projet d’instaurer non pas un impôt mondial sur le droit de respirer, ce serait grossier, mais une taxe globale sur le CO2 et une Bourse des droits d’émission ce qui revient à peu prés au même en paraissant écolo. Contrairement au Pentagone, ils militent pour une alliance avec la Chine, du fait notamment quelle détient 40 % des bons du Trésor US, mais aussi pour empêcher l’émergence d’un bloc économique extrême-asiatique centré sur la Chine et drainant les matières premières africaines.
Le pôle du département dÉtat autour dHillary Clinton, une chrétienne fondamentaliste, membre d’une secte très secrète, la Fellowship Foundation (dite « La » Famille). C’est le refuge des sionistes, l’ultime réserve des néo-conservateurs en voie de disparition. Ils préconisent un soutien inconditionnel à Israël, avec une pointe de réalisme car ils savent que l’environnement a changé. Il ne sera plus possible de bombarder le Liban comme en 2006, car le Hezbollah dispose maintenant d’armes anti-aériennes performantes. Il ne sera plus possible de pénétrer dans Gaza comme en 2008 car le Hamas a acquis des missiles anti-char Kornet. Et si les États-Unis ont du mal à payer les factures de Tel-Aviv, il est peu probable que les Saoudiens pourront y suppléer sur le long terme. Il faut donc gagner du temps, au besoin par quelques concessions, et trouver une utilité stratégique à Israël.
La principale mission de Madame Clinton, c’est d’améliorer l’image des États-unis, non plus en faisant des relations publiques (c’est-à-dire en justifiant la politique de Washington), mais par la publicité (c’est-à-dire en vantant les qualités réelles ou imaginaires du modèle US). Dans ce contexte, les sionistes devraient pousser le projet Korbel-Albright-Rice de transformation de l’ONU en un vaste forum impotent et de création d’une organisation concurrente, la Communauté des démocraties, appuyée sur son bras armé, l’OTAN. Pour l’heure, ils sont occupés à saboter la conférence de Durban II qui, au lieu de célébrer la « seule démocratie du Proche-Orient », dénonce le régime d’apartheid au pouvoir à Tel-Aviv.
Avec le secrétaire d’État adjoint, James Steinberg, ils envisagent la crise financière comme un Blitzkrieg. Il va y avoir beaucoup de casse, mais c’est le moment de détruire des rivaux et de s’emparer par surprise de leviers de commande. Leur problème n’est pas d’accumuler des richesses par des achats et des fusions, mais d’imposer leurs hommes partout dans le monde aux ministères des Finances et à la tête des institutions bancaires.
Enfin le Conseil National de Sécurité sur s’exerce l’influence de Zbignew Brzezinski, qui fut le professeur d’Obama à Columbia. Celui-ci devrait abandonner son rôle traditionnel de coordination pour devenir un véritable centre de commandement. Il est dirigé par le général Jones, qui a été suprême commandeur de l’OTAN et a porté l’Africa Command sur les fonds baptismaux. Pour eux, la crise financière est une crise de la stratégie impériale. C’est l’endettement faramineux souscrit pour financer la guerre en Irak qui a précipité l’effondrement économique des États-Unis. Contrairement à 1929, la guerre ne sera pas la solution, c’est le problème. Il faut donc mener trois desseins simultanés : forcer les capitaux à rentrer aux Etats-Unis en cassant les paradis fiscaux concurrents et en déstabilisant les économies des pays développés (comme cela a été testé en Grèce); maintenir l’illusion de la puissance militaire US en poursuivant l’occupation de l’Afghanistan; et étouffer les alliances naissantes Syrie-Iran-Russie, et surtout Russie-Chine (Organisation de coopération de Shanghai). Le Conseil va privilégier toutes les formes d’action clandestine pour donner au Pentagone le temps nécessaire à sa réorganisation.
Obama essaie satisfaire tout le monde doù la confusion ambiante.
Comment voyez-vous évoluer la situation au Proche-Orient, au regard de cette nouvelle administration ?
Il y a consensus sur un point : Washington doit faire baisser la tension dans cette région, sans pour autant abandonner Israël. Deux options sont sur la table, mais quelle que soit celle qui sera mise en uvre, elle requiert d’être signée par les courants les plus radicaux. C’est pourquoi Washington a encouragé un gouvernement Netanyahu-Lieberman en Israël et laissera le Hamas et le Hezbollah gagner les prochaines élections dans les Territoires palestiniens et au Liban.
Le premier scénario, imaginé par Zbignew Brzezinski prévoit simultanément la reconnaissance d’un État palestinien et la naturalisation des réfugiés palestiniens dans les pays où ils se trouvent. Le tout arrosé d’argent pour indemniser les États absorbant les réfugiés et pour développer Gaza et la Cisjordanie. En outre, le maintien de cette paix serait assuré par une force dinterposition de lOTAN, sous mandat de lONU. Ce plan a le soutien de Nicolas Sarkozy.
La seconde approche est plus rude pour les deux protagonistes. Elle préconise de contraindre les Israéliens à abandonner leurs revendications les plus extravagantes ; tandis qu’elle obligerait les Palestiniens à considérer que la Jordanie est leur patrie naturelle. Ce serait une paix plus économique pour Washington et viable sur le long terme, même si elle serait dure à accepter par les uns et par les autres, et qu’elle impliquerait au passage la fin de la monarchie hachémite. Cette formule est notamment poussée par l’ambassadeur Charles Freeman que le lobby sioniste vient de contraindre à démissionner de la présidence du Conseil National du Renseignement, mais qui dispose de solides appuis dans l’appareil d’État.
Selon vous, quelle formule dimposera ?
Aucune parce que la crise économique sera dune telle ampleur quelle conduira à mon sens à une dislocation des États-Unis et la fin de lÉtat dIsraël.
Washington va devoir revoir une nouvelle fois ses ambitions à la baisse. Elle va probablement se replier sur le maintien du statu quo. Son action se limitera à empêcher de nouveaux acteurs de prendre sa place.
Que préconisez-vous à titre personnel ?
Les cinq millions de juifs, les neuf millions de Palestiniens, et les autres populations de Palestine, doivent se retrouver au sein dun État unique sur le principe « un homme, une voix ». Cest du reste à mon sens la seule solution qui évite à terme lexpulsion des juifs. Il faut se souvenir de lApartheid en Afrique du Sud, dont certains annonçaient que sa remise en cause provoquerait lexpulsion ou lextermination des blancs. On connaît la suite. La mort dArafat nest pas un obstacle car il existe dautres Mandela en Palestine. Le vrai problème est de trouver un De Clerk coté Israélien. Le Hamas soutiendrait sans aucun doute une telle solution, car elle aurait lassentiment du peuple.
Plus on repousse les échéances, plus on rend une solution pacifique difficile. La CIA étudie d’ailleurs le scénario catastrophe avec un soulèvement sanglant qui chasserait 2 millions de juifs vers les États-Unis.
Quid selon vous de la Syrie et lIran ? Pensez-vous la guerre possible ?
Je ne pense pas que les accords secrets conclus entre les militaires US, la Syrie et lIran soient remis en cause : les États-Unis nen ont ni les moyens, ni même la volonté.
En premier lieu, ils savent que la menace nucléaire iranienne est une intox qu’il ont eux-mêmes fabriquée comme ils avaient inventé les armes de destruction massive irakiennes. Au demeurant, l’imam Khomeiny avait condamné la fabrication et l’usage de la bombe atomique comme immorales et on ne voit pas quels groupes seraient capables en Iran de passer outre un tel commandement.
Deuxièmement, la politique de George Bush a poussé Téhéran et Damas dans les bras de Moscou qui prépare d’ailleurs une grande conférence internationale sur la paix au Proche-Orient. C’est désormais une priorité pour Washington de démanteler cette alliance naissante et de tenter de ramener l’Iran et la Syrie dans son orbite. Il est bien sûr probable que ces derniers feront monter les enchères et se garderont de basculer d’un côté ou de l’autre.
Enfin, les États-Unis ont le sentiment de l’urgence. Leur économie s’effondre et ils n’auront peut-être plus longtemps la possibilité de défendre Israël au prix fort. D’autant que Tsahal n’est plus ce qu’elle était. L’armée israélienne n’est plus invincible. Elle a accumulé les échecs au Liban, à Gaza et aussi, ne loublions pas, en Géorgie.
Vous vivez, on la vu, au Liban, quelle est la situation là bas ?
L’Alliance nationale regroupée autour du Courant patriotique libre de Michel Aoun et du Hezbollah d’Hassan Nasrallah va gagner les prochaines élections, cela ne fait pas de doute, si elles peuvent se tenir librement. La famille Hariri ne survivra que tant que les grandes puissances compteront sur elle pour prélever des impôts et faire payer par le peuple la dette extérieure du Liban, alors même que celle-ci provient pour moitié de l’enrichissement illicite des Hariri. Le criminel de guerre Walid Joumblatt vice-président de l’Internationale socialiste, excusez du peu, ou encore les néo-fascistes comme le tueur pathologique Samir Geagea, vont être lâchés par leurs sponsors. Ces exécuteurs de basses uvres ont perdu leur efficacité et ne sont plus présentables.
Le Tribunal spécial pour le Liban chargée dinstruire laffaire Hariri et divers assassinats politiques va soit se faire oublier, soit donner lieu à un coup de théâtre. Il a été conçu comme une machine de guerre pour accuser la Syrie, la placer au ban de la communauté internationale et la désigner comme cible militaire. Je sais que des éléments nouveaux lui sont parvenus dans les dernières semaines. Ils disculpent la Syrie et placent lArabie Séoudite sur la sellette. Cest à cette aune quil faut apprécier la reprise en main de l’Arabie saoudite par le roi Abdallah et le limogeage des ministres qui ont financé la lutte contre le Hezbollah et le Hamas. Pour revenir aux élections législatives libanaises de juin, la question est de savoir si lon soriente vers une victoire de la Résistance à 55 ou à 70 %. Cela dépendra essentiellement de lapparition ou non dune nouvelle force chrétienne de division et de diversion autour du président Sleimane. En définitive, les collaborateurs des États-Unis et d’Israël négocieront peut-être un compromis tant qu’ils sont en position de le faire. On se dirigerait alors vers la désignation d’un milliardaire comme Premier ministre (Saad Hariri ou un autre), mais à la tête d’un gouvernement entièrement contrôlé par la Résistance nationale. Ce serait une formule très orientale : les honneurs et la lumière pour les perdants, tandis que le vrai pouvoir resterait dans l’ombre. L’intérêt de cette solution serait de déligitimer toute intervention militaire contre le Liban.
Vous êtes désormais très connu en Russie, où vous avez rassemblé près de 30 millions de téléspectateurs à loccasion dune émission sur le 11 septembre. Comment appréciez-vous la situation de la Russie ?
Paradoxalement, malgré la victoire militaire et diplomatique en Géorgie, la Russie traverse une passe difficile. Après la guerre du Caucase, les banques anglo-saxonnes ont encouragé les oligarques à punir Moscou en déplaçant leurs capitaux vers l’Ouest. Puis, les Anglo-Saxons ont poussé les dirigeants ukrainiens à trahir leur intérêt national et à couper les gazoducs lors des négociations sur les prix. Le Kremlin, qui croyait être maître du jeu et avoir l’initiative de ces coupures, s’est fait piéger. La perte de deux mois de chiffre daffaire a dévoré les réserves monétaires. Le tout a provoqué une chute affolante du rouble alors que la crise mondiale fait baisser le prix des matières premières et donc les revenus de la Russie.
Medvedev et Poutine ont évalué cette situation de faiblesse avec beaucoup de sang-froid. Ils connaissent les atouts dont ils disposent, notamment la supériorité technologique de leur industrie d’armement sur celle des États-Unis. Ils sont convaincus que les États-Unis ne se relèveront pas de la crise, mais se disloqueront à moyen terme comme le Pacte de Varsovie et l’URSS dans les années 89-91. Ils espèrent donc inverser les rôles. Malgré la période de vaches maigres, ils équipent leurs armées avec les nouveaux matériels, et ils attendent sans broncher l’effondrement de l’Ouest. Publiquement ou en sous-main selon les cas, ils équipent tous les adversaires des États-Unis des dernières armes disponibles, du Proche-Orient que j’ai évoqué tout à l’heure au Venezuela. Économiquement, ils ont fait le choix de construire des voies commerciales vers la Chine, tout autant que vers l’Europe occidentale, dont ils observent avec regret l’asservissement obstiné aux Anglo-Saxons.
Cette situation peut avoir dimportantes conséquences au plan interne, où saffrontent lancienne et la nouvelle génération. Les anciens ont un fort tropisme américain, quand les jeunes affichent un patriotisme décomplexé. Paradoxalement, les élites issues de Saint-Petersbourg sont historiquement favorables à un arrimage européen de la Russie, au contraire des Moscovites dont la vision est plus eurasiatique. Or Poutine et Medvedev, tous deux de Saint-Petersbourg, partagent cette vision eurasiatique. Ils rêvent la Russie en protecteur de l’Islam et l’ont faite entrer, comme observatrice, à l’Organisation de la conférence islamique. Tout en valorisant le Patriarcat orthodoxe, ils ont placé des musulmans à de nombreux postes à haute responsabilité le contraste avec la France est flagrant. Même si le traumatisme du démantèlement de la Yougoslavie et des deux guerres de Tchétchénie reste fort et que la vague de racisme qui s’en est suivie n’est toujours pas maîtrisée, la Russie a fait le choix de la civilisation et pris le chemin de la synthèse entre l’Europe et l’Asie.
Si la Russie parvient à traverser les toutes prochaines années de graves turbulences internationales sans être trop affectée, elle se retrouvera en position d’arbitre dans un monde multipolaire.
Continuons cet intéressant tour du monde géopolitique avec la Chine
Je minterroge sur leur stratégie. Pourquoi ces achats massifs de bons du Trésor US ? Pékin a pris l’initiative d’un rapprochement avec Moscou à travers l’Organisation de coopération de Shanghai. Beaucoup de contentieux ont été soldés. En retour, les Russes ont accepté de vendre de l’énergie à un tarif préférentiel aux Chinois et demandé un contrôle plus strict de l’émigration chinoise en Sibérie. La logique aurait voulu que les deux grands se renforcent multuellement en refusant le dollar comme monnaie d’échange international. Mais Pékin répugne à choisir son camp et ne veut pas froisser Washington. Les Chinois mènent une stratégie douce de renforcement de leurs alliances tous azimuts. Cela me paraît un peu étrange, car cela pourrait leur couter cher. Les USA pourraient les emporter dans leur effondrement prévisible.
Au passage, permettez-moi de dire mon agacement face à la stupide dénonciation des violations des Droits de l’homme en Chine. Ils sont sans aucun doute possible beaucoup mieux respectés par Pékin que par Washingtonce qui n’est pas une excuse pour ne pas s’améliorer, mais relativise ces accusations. Et qu’on arête de dire que le Tibet a été annexé par la Chine en 56, alors qu’il a été repris par les communistes chinois aux Chinois de Tchang Kaï-Chek.
Un mot sur lAmérique du Sud avant de revenir à la France ?
Au-delà de la tendance à lunification, des stratégies se sont affirmées face à l’impérialisme. Mais laffaiblissement, en attendant plus, des États-Unis crée une nouvelle situation et peut inciter certains à rebattre leurs cartes. La protection des économies nationales revient au premier plan des préoccupations. Paradoxalement, les États qui souffrent de sanctions sont mieux armés pour résister à la crise. Cest notamment le cas de Cuba, du Vénézuela, de la Bolivie ou de lÉquateur comme cest le cas de la Syrie et de lIran au Proche-Orient. Gageons que nouvelles institutions nationales vont se développer, parallèlement à la Banque du Sud. Cest la revanche de lHistoire.
La France enfin, ou plus exactement la France de Sarkozy
La France est une vieille nation que l’on ne peut manuvrer en tous sens. Elle a un passé glorieux et s’identifie à un idéal. Souvent elle s’en écarte, mais toujours elle y revient. Elle traverse aujourd’hui une mauvaise période car elle est gouvernée par le « parti de l’étranger ». Ses dirigeants font le mauvais choix, dans la plus mauvaise période. Ils ont décidé de placer les armées sous le commandement de l’OTAN, concrètement sous celui du général Banz Craddock, le criminel qui créa le centre de torture de Guantanamo. Et cette trahison, ils l’ont décidée au moment où les États-Unis s’enfoncent dans la crise. Ils placent la France à la remorque d’un bateau qui sombre au risque de l’entraîner dans son naufrage.
Leur servilité ne les pousse pas uniquement à vassaliser les armées, mais aussi à transformer en profondeur la société française pour la cloner sur le « modèle » américain. Cest vrai dans le domaine économique, avec la remise en cause des services publics, mais également dans les domaines de la justice ou de léducation, de la discrimination positive et jen passe.
Sarkozy nest ni de droite ni de gauche, il imite les yankees.
Comme je l’ai expliqué de manière détaillée dans un dossier du magazine russe Profile, il satisfait trois forces : les Anglo-Saxons, la mafia et la banque Rothschild. Ces gens sont conscients depuis plusieurs années de l’essoufflement des États-Unis et pensent garantir le pouvoir de l’oligarchie financière globale en rééquilibrant l’Empire : il aurait deux piliers, un états-unien et un européen, tandis que le Royaume-Uni en serait la charnière. C’est ce projet que sert Nicolas Sarkozy depuis son élection. C’est lui qui l’a conduit à casser le couple franco-allemand et à se rapprocher des Anglais, puis qui l’a conduit à proposer diverses réorganisations de l’Union européenne, notamment la création d’un gouvernement économique. Ceci aura pour conséquence de nous rendre beaucoup plus vulnérables aux convulsions US.
Pourtant, la France est toujours attendue, et pas seulement dans le monde francophone. Nous sommes ce pays hors norme qui a proclamé la souveraineté populaire. On sous-estime totalement en France le degré de ridicule de Nicolas Sarkozy et de sa clique aux yeux du reste du monde. Sarkozy apparaît comme un agité vantard, un instable bourré de tics, jouant la mouche du coche dans tous les conflits internationaux possibles, et servant à ses frais de poisson-pilote aux changements d’humeur de Washington.
Reconstruire une alternative prendra hélas du temps, mais ce n’est pas une raison pour y renoncer.
Dedef
07/04/2009
Si je compte bien:
“from the 14 aircraft bought in FY09 to 30 in FY10, with corresponding funding increases from $6.8 billion to $11.2 billion. “
11200 millions pour 30 JSF ça fait 379 millions la bête.
Quelques acquéreurs étrangers devraient tousser, dont les norvégiens.
Exocet
07/04/2009
Obama surjoue le profane qui secoue la pulpe de la france hérétique…
Bilbo
07/04/2009
Le Pentagone achètera 4 derniers F-22 et augmente le budget pour les F-35 de 6.8 milliards à 11.2 milliards (ce qui ne veut pas dire qu’il augmente le nombre de commandes).
http://www.french.xinhuanet.com/french/2009-04/07/content_853153.htm
Légèrement hors sujet : les Pays-Bas n’avaient-ils pas opté pour le F-35 en contrepartie de postes importants dans l’OTAN (secrétaire général Jaap de Hoop Scheffer et un haut commandement des troupes du sud de l’Afghanistan) ? Maintenant que son secrétaire général va être remplacé par un Danois, les Néerlandais vont-ils se sentir toujours aussi liés au destin du F-35 ?
philippe deltombe
07/04/2009
Je pense que le point d’impact se définira dans la mesure de la détresse - jugée alors insupportable - de ceux qui ont élu BHO.
Cette détresse signerait l’échec de la voie Wall Street.
Outre l’hypothèse à ne pas écarter d’un nouvel événement de type LehmanBrothers (regarder du côté des devises?) qui pourrait encore modifier et accélérer les crises juxtaposées, il faut, me semble-t-il, s’en remettre à l’évolution de la situation sur le terrain.
Les allocations de chômages - maigres - ont été étendues jusqu’à 59 semaines aux USA.
Une nouvelle extension sera peut-être octroyée.
Quoi qu’il en soit, les pertes d’emploi sont d’une ampleur inquiétante (660.000 en mars, 4 mois d’affilée au dessus de 600.000!). La destruction est donc massive depuis près d’un an à présent.
Le plan Geithner et les modifications comptables (nouveau relâchement de la règle mark-to-market) vont certes donner un peu d’air aux bilans des banques mais l’économie réelle, dont on va bientôt claironner qu’elle ralentit moins vite (mais le contraire serait tout simplement catastrophique), ne semble pourtant pas proche de la rémission, loin de là.
Le BDI (Baltic Dry Index), qui est un indice non soumis à spéculation - d’où son intérêt - et qui mesure le coût du frêt maritime des matières premières et produits non transformés, a rechuté de 30% dans le dernier mois (après un rebond significatif de décembre à février - sous l’effet du plan de relance chinois notamment), ce qui signifie que le trafic mondial est à peu près à l’arrêt.
L’équation de BHO est simple : où Wall Street parvient à redresser la situation dans un délai acceptable et tout finira “à peu près bien” (avec un peu de toilettage social pour les nouveaux exclus du système), ou la misère des gens grandira et enflera au point d’obliger BHO à siffler la fin de partie des partisans de Wall Street.
Votre hypothèse de l’American Gorbatchev prendra alors tout son sens.
Mais faut-il souhaiter d’en arriver là?
Merci de nous donner votre sentiment!
René M
07/04/2009
Et y aura-t-il même un moment de ce genre ?
En tout cas les avertissements et les invites ne manquent pas !
Ainsi voir sur le site de Larouche l’article suivant : http://www.solidariteetprogres.org/article5271.html
Ormis l’égo de bonne dimension de LaRouche , style je suis le plus compétent , le meilleur économiste et je l’ai dit avant tout le monde, ce bonhomme est bien informé, pense et voit juste il faut bien le dire et le reconnaître
Ci dessous
Quelques extraits :
“Je vous dis, en tant quexpert, contre ceux qui ont prétendu le contraire pendant ces dernières années, que cette politique a été imposée au président des Etats-Unis [celle du renflouement des actifs spéculatifs avec largent du contribuable], peut couler les Etats-Unis et sa présidence sans tarder.
Le président ne pourra en aucune manière survivre à cette politique, y compris à très court terme. Cette politique est incompétente, anti-constitutionnelle et de nature à détruire les Etats-Unis.”
“Mais cette erreur que vous avez commis, en suivant des mauvais conseillers, des conseillers incompétents, peut vous coûter la présidence et couler les Etats-Unis avec.”
Tout l’ article d’ailleurs donne dans un ton presque “Maistrien ” ainsi :
“non pas les classes moyennes aisées que le président écoute un peu trop , mais le citoyen ordinaire de ce pays, cest à dire 60 à 70% de la population, se retournera rudement contre le président, sil nabandonne pas cette politique folle.
c’est presque le ” Mais les scélérats qui croient mener l’Histoire .... sont menés par elle….
D’autre brèves du même site pointent aussi sur les “conseillers” et Larry Summers en particulier.
Bref, alors si BHO se rebiffe “vraiment” et en vire une poignée , que feront ces puissants de Wall Street qui se sont imposés jusqu’à maintenant et qu’arrivera t-il alors à BHO ?
Christophe Perrin
06/04/2009
La rapidité avec laquelle la crise financière et économique s’intensifie et prend de l’ampleur, et sa visibilité portée par la présentation médiatique tant des faits que des analyses, quasiment en temps réel, tendent à masquer le caractère premier du bouleversement que nous connaissons. S’il est indéniable que son déclenchement est lié aux déséquilibres économiques et financiers, ceux-ci n’en sont qu’une expression très visible. Les racines de la crise sont plus profondes ; plus que des modes d’activité, la crise relève des fondements de ces modes d’activité : notre perception du réel.
Nous sommes les témoins et les acteurs d’une crise civilisationnelle, une crise qui met avant tout en cause le paradigme hégémonique de notre civilisation : la rationalité comme unique grille de lecture de la réalité et comme unique moyen d’action autorisé quelle que soit la sphère d’activité. La prépondérance de l’économie dans la civilisation capitaliste mondialisée favorise les tendances à limiter le questionnement aux questions économiques. Cette focalisation est compréhensible, tant la mise en cause de nos fondements de civilisation peut sembler effrayante. C’est bien le sol qui se dérobe sous nos pieds. L’accepter c’est faire preuve de courage mais aussi d’humilité ; ces vertu ont malheureusement déserté notre monde post-moderne.
Certes, les dommages qui se donnent à voir, qu’ils soient humains, sociaux ou écologiques, ont pour cause évidente l’activité économique telle qu’elle est pensée et organisée rationnellement, et que l’on désigne communément par le vocable de marché . Certes, en soi, la rationalité ne peut se réduire à la rationalité économique. Mais il est indéniable que l’une comme l’autre partagent le même projet de domination et de soumission du réel à leur axiomatique respective. Or même si elles diffèrent du point de vue des fins ; la première, au nom du bien de tous, prétend émanciper l’Homme et le conduire vers un horizon de progrès et de liberté, la seconde vise à maximiser l’activité de production et de consommation aux fins de réaliser les profits les plus grands et le bonheur du plus grand nombre possible de libres individus ; l’une comme l’autre se prétendent l’unique voie par laquelle l’humanité peut cheminer. Elles partagent ce paradoxe qui associe à la liberté une dimension indéniablement totalitaire.
La rationalité, comme la rationalité économique, permettent l’hétérogénéité à leurs marges, en ce sens elle sont tolérantes. Mais ce qu’elles tolèrent est sans danger, désarmé, rendu exotique par une opération de déconstruction conduite grâce à l’outil rationnel par excellence : l’esprit critique au service de leurs fins respectives.
Dans le domaine de l’économie, la mise en oeuvre du concept de partage par exemple n’est pas interdite, elle est même parfois encouragée, mais seulement dans le but d’adoucir, aux marges, les inégalités les plus tragiques produites par le système de concurrence généralisée régissant le marché. Le partage comme concept exotique peut aussi servir de ressource aux acteurs du marché soucieux de la moralité de leur image : les pires prédateurs transnationaux rivalisent en matière de philanthropie via leur fondation respective. Le concept est donc toléré, mais récusé par les tenants de la pensée économique rationnelle quant à sa pertinence comme paradigme central créateur d’un ordre économique viable dans un monde peuplé d’individus. Ils n’ont d’ailleurs pas tort car si en effet le monde n’est peuplé que d’individus, le partage ne peut faire sens que de manière limitée.
Ce processus de délégitimation n’est pas propre à l’économie, les apôtres du marché n’en sont pas plus les inventeurs que les initiateurs. Les penseurs comme les acteurs du marché mondialisé n’ont pas fait oeuvre de création pour arriver à leurs fins. Les esprits étaient déjà convertis tout comme les outils étaient disponibles. Le processus de délégitimation participe en effet de la rationalité dès son origine. Sans projet d’émancipation de l’Homme passant par la déconstruction de tous les liens qui s’y opposent, énoncés comme illusions aliénantes, le marché transparent, libre de toute entrave et non faussé, c’est-à-dire investi des seuls intérêts individuels, n’aurait pu voir le jour, d’abord comme projet puis comme réalisation humaine et enfin en tant qu’étalon à partir duquel toute chose doit être évaluée. Sans l’invention de l’individu en quête de progrès, sans ce petit être solitaire et avide s’identifiant à la chose pensante, doté de tous les pouvoirs sur la chose étendue, l’économie monde telle que nous la connaissons n’aurait jamais vu le jour.
Mais le fait que l’analyse sur la crise se focalise sur l’économie, portée, comme nous l’énoncions en introduction, par la priorité qui lui est donnée par les médias, ne peut s’expliquer par ce seul fait de communication. La prépondérance de la rationalité économique ne tient pas à quelques caprices de journalistes ou de faiseurs d’opinion. Nous émettons l’hypothèse que cette prépondérance est un fait qui s’explique par la colonisation de la rationalité par la rationalité économique. La seconde s’étant substituée partout à la première, ce qui veut dire que parler de l’une ou de l’autre aujourd’hui, c’est parler de la même chose, de rationalité économique. Nous sommes en quelques sortes pris au piège d’un golem que nous avons nous même façonné. Imaginer les voies susceptibles de nous conduire hors de ce piège nécessite de comprendre Pourquoi et comment cela s’est produit ?
Le premier élément de réponse doit être tiré de l’échec de la rationalité en tant que projet visant à émanciper l’homme tout en le conduisant en Eden grâce au Progrès. La rationalité dans ses dimensions anthropo-psycho-politique et scientifique a échoué. L’émancipation individuelle, lumineuse et positive sous bien des aspects, possède aussi sa part de ténèbres. Elle a été, elle est toujours d’ailleurs, une formidable machine de guerre servant à éradiquer le lien sous toutes ses formes. Elle s’en est même fait un ennemi personnel. Le lien de par sa nature n’est pas quantifiable, on ne peut mesurer sa progression. Crime de lèse majesté, il récuse la pertinence du dispositif du laboratoire. La rationalité devait donc se construire contre lui, et si possible l’abattre partout où elle le rencontrait. Pour caractériser ce pouvoir destructeur de la rationalité, le concept de « colonialité du pouvoir » forgé par Henrique DUSSEL, théoricien de la théologie de la libération, nous semble parfaitement convenir. DUSSEL et MARX avant lui, ont saisi l’importance de 1492 comme événement fondateur permettant le déploiement du projet rationnel par le pillage et l’accumulation primitive du capital, mais aussi par l’extermination radical des cultures indiennes participant à la construction de l’identité de l’individu démiurge européen.
Et pourtant le lien résiste, et joue parfois quelques tours à ceux qui le traquent. La crise épistémologique des sciences, crise du lien par excellence entre les disciplines scientifiques, n’est pas le moindre de ses tours. Qu’importe cette persistance, la machine à déconstruire trouve toujours de nouveaux terrains d’action. Ainsi, la quintessence de l’avant garde déconstructionniste entend nous faire comprendre par sa théorie du queer que la polarité des sexes qui nous lie à l’univers polarisé ne relève en fait que d’une économie culturelle de rôles parmi lesquels il nous est loisible de choisir, et grâce à la technique de modifier notre corps en conséquence.
En déconstruisant les liens de toute nature, la rationalité a produit une humanité faible dans le sens où celle-ci a perdu le sens de sa défense par le lien au collectif et par celui qui la lie à l’écoumène. La perte de ce sens est certes inégalement partagée aujourd’hui, mais il est parfois total, comme chez ces citoyens américains qui vivent dans la même rue, à qui « l’on » saisi les habitations, et qui réagissent en acceptant intellectuellement ce qu’ils subissent par une analyse de la conjoncture économique justifiant le système. Il ne nous semble pas injustifié de penser que la faiblesse corporelle et psychique des individus, nécessitant une technologie médicale de réparation des corps et une ingénierie de remise aux normes psychiques toujours en expansion, puisse en grande partie découler de ce processus de déliaison. L’utopie de l’émancipation débouche sur un être, parfois plein de savoirs abstraits, le plus souvent déboussolé, triste et malade.
Or, le substitut rationnel aux liens, le contrat social construit sur la seule volonté, ne pouvait faire sens dans la durée qu’à la condition que l’émancipation ne cesse de rendre l’Homme plus libre et conscient, plus engagé volontairement dans son actualisation. Sorti du corps des hommes et placé devant eux, donc fragilisé par ce processus d’extériorisation, le contrat nécessitait que les hommes ne cessent de toujours se mieux portés pour le nourrir. Nous voyons ce qu’il en est advenu.
Le projet politique démocratique né sur le socle de la rationalité s’est fracassé sur la faiblesse de l’Homme, mais aussi sur le manque de vigueur du lien qu’il proposait . Par la force des choses, ou plutôt par leur faiblesse, le personnel politique issu essentiellement des classes bourgeoises, plus désemparé qu’adepte du complot, a intégré de manière inconsciente l’échec du projet émancipateur dans sa dimension politique. Ce personnel politique a alors été conduit pour conserver sa légitimité à intensifier ses connexions avec les sphères d’activités économiques, toujours porteuses du projet rationnel sur le plan des réalisations matérielles justifiables par la mesure quantitative, ainsi que de l’idée de progrès.
L’abandon du projet politique émancipateur initial et le transfert de sa part de l’utopie rationnelle vers l’activité économique ne sont pas sans conséquences.
D’abord, il induit une dégradation évidente de la rationalité du fait de la disparition de l’un de ses principaux objectifs, et de fait, de l’un de ses acteurs héroïque, l’Homme en tant qu’horizon des hommes. N’étant plus acteur mais ne pouvant disparaître totalement l’Homme s’est momifié et a été satellisé à distance du monde de l’action ; de la position d’acteur de l’histoire, il est devenu outil publicitaire et juridique, mobilisable à volonté par les autres agents du projet rationnel. Les Droits de l’Homme, déconnectés du substrat vivant, représentent en effet une formidable ressource pour imposer tant les recherches scientifiques équivoques que l’ouverture des marchés ou la multiplication de structures politico-bureaucratiques.
Ensuite et surtout, du fait de l’effacement précédemment énoncé, cet abandon a provoqué un déséquilibre dans les rapports entre les autres groupes d’agents héroïques de la rationalité - les scientifiques, les politiques et les entrepreneurs - au profit de ces derniers. Le transfert de la part humaine de l’utopie rationnelle aux acteurs économiques a modifié les rapports de forces à leur profit et leur a donné toute latitude pour redéfinir le projet rationnel a partir de leurs propres objectifs. Et de fait, afin de survivre et ne pas être évacué de la scène rationnelle, le personnel politique a recomposé son discours en adoptant le discours et les objectifs des modernes entrepreneurs. La question de la légitimité populaire, difficilement contrôlable voir anti-rationnelle dans ses manifestations, se réglant par la professionnalisation de la fonction politique. Là encore, nulle trace de complot. Les protagonistes sont en fait moins acteurs que sujets mastriens subissant une dynamique de moins en moins contrôlée, mise en action dès la genèse du projet rationnel. Il est assez ironique de constater que la gauche gouvernementale française, travaillée par une sorte de remord moral inconscient réalise son « coming out » et déclare sa flamme au marché tardivement, au moment où ce dernier entre en crise terminale. Les derniers convertis sont souvent les plus virulents, leur hébétude aurait quelque chose de tragi-comique si l’heure n’était pas si grave.
Reste un acteur héroïque dont nous avons jusqu’à présent peu parlé pour une raison de clarté de discours. Sur ce point, nous tenons à préciser que le processus historique que nous décrivons n’est pas un processus divisible en phases bien ordonnées. Les forces dynamiques que la rationalité détermine se mêlent et se séparent, s’alignent les unes par rapport aux autres ou s’affrontent, mais toutes réunies poursuivent le même objectif final, la transparence ultime par déconstruction de toute réalité, ou dit autrement la fin de l’écoumène, notre monde habité. Mais revenons à nos derniers héros, les énonciateurs des tables de la Loi.
Le monde des scientifiques n’est pas homogène. Quelques uns sont d’éminents chercheurs, libres, capables d’intuitions fulgurantes, et perpétuant l’esprit d’aventure des origines du projet rationnel, ils se font rares. La plupart des scientifiques sont aujourd’hui de médiocres tâcherons dont les pratiques taylorisées visent à produire de « l’innovation » rapidement commercialisable. C’est actuellement chez les bidouilleurs de gènes que cette médiocrité est la plus frappante. S’ils diffèrent dans leurs pratiques, la quasi majorité d’entre-eux a toujours veillé à dénoncer les interrogations sur le projet rationnel. Toute approche globale du réel non réductible et inassimilable par les techniques de laboratoire, toute validation culturelle de la prééminence du lien, les trouvent sur leur chemin, sujettes d’abord à leurs ricanements puis au passage à la moulinette de la déconstruction.
Les scientifiques ne sont finalement que très peu intervenus directement dans le jeux des acteurs rationnels tant que la promesse d’émancipation offrait aux hommes un horizon. L’échec de cette promesse a conduit quelques uns d’entre-eux a sortir de leur silence aristocratique sur les affaires des hommes et a s’émouvoir. Mais trop peu nombreux à le faire, se tenant à distance des réalités mondaines et peu structurés contrairement aux politiques et aux entrepreneurs, leur parole manqua de puissance. Quoiqu’il en soit,le travail de déconstruction n’attendait pas, et finalement même réduit à l’état de fiction irréalisable, l’instrumentation politique de l’émancipation présentait l’avantage de désamorcer toute intervention populaire et irrationnelle dans la détermination des nouveaux champs de recherches. C’est bien connue, la science est en marche et rien ne doit ralentir son mouvement.
Les modifications de rapports de pouvoir aux détriments des politiques et aux profits des entrepreneurs évoquées précédemment ont indéniablement été perçus comme un potentiel d’opportunités par nombre de scientifiques. La capacité des entrepreneurs à mobiliser des moyens considérables, en mettant en oeuvre des procédures de décision très courtes, et dans un premier temps sans imposer de conditionnalités excessives, contrairement aux politiques, s’est traduite dans le chef des hommes de science en la possibilité de pouvoir mener tous les travaux possibles et imaginables mais aussi celle de connaître enfin l’aisance matérielle. Mais comme pour les politiques, l’acceptation de cette sujétion ne pouvait pour les hommes de science, de manière automatique, ne pas se traduire par une dégradation de la qualité de leur pouvoir. De fait, ils abandonnaient une part de la colonialité de ce dernier aux entrepreneurs, qui ne tardèrent pas au regard de leurs objectifs s’inscrivant dans un temps court, et même de plus en plus court au regard des nécessités imposées par l’accélération des opérations des marchés, à réclamer des retours sur investissement sonnants et trébuchants. Assumant le leadership quant à la mise en oeuvre du pouvoir rationnel, les entrepreneurs se doivent d’énoncer les fins et les modalités de son exercice. Si celles-ci permettent l’expression de ce qu’il y a de pire chez les hommes, et si ce pire, de la cupidité à l’insensibilité en passant par l’exercice multiforme de la violence, s’exprime particulièrement dans les intentions et les actes des entrepreneurs, cela tient en partie à la faiblesse de la qualité humaine de ces entrepreneurs, mais surtout au fait que rien ne vient contraindre l’exercice hégémonique de la colonialité du pouvoir qu’ils assument seuls à présent.
Pour revenir à l’énonciation des fins et des modalités de la rationalité par les entrepreneurs , nous en avons un parfait exemple dans l’actuel projet de réforme de la recherche française qui vise à faire de l’évaluation des retours sur investissements l’alpha et l’oméga de l’activité scientifique . Cela ne posera pas problème aux légions de tâcherons qui servent avec zèle Monsanto, Areva ou Véolia. Les quelques autres qui pensent, doivent saisir rétrospectivement la nature du piège qui les a capturé et qu’ils ont contribué à construire en toute liberté.
Mais ce problème ne leur appartient pas, car de fait, nous sommes aujourd’hui tous piégés, et il est certain que dans quoi l’écoumène est enchâssé, la planète, n’attendra pas longtemps avant de nous signifier le prix des conséquences de nos illusions. LE problème peut être discuté, mais discuter ne suffit pas pour qu’émerge une solution. Avant toute chose, LE problème ne relève pas de la discussion mais de la conversion. S’il nous apparaît évident que la perception et la compréhension du lien sont au coeur de cette conversion, il nous semble également évident que des paradigmes tels que le sang ou le religieux réactualisés ne sont porteurs d’aucune réponse répondant aux défis de ces temps apocalyptiques.
Par la grâce de l’esprit critique nos yeux sont ouverts, sommes-nous en mesure d’ouvrir la voie de sa re-qualification afin de le rendre spirituel, c’est-à-dire de créer un nouveau rapport entre les hommes mais aussi entre les hommes et le monde, afin de nous permettre de retrouver le pouvoir commun que nous avons perdu ?
Ni ANDO
06/04/2009
Bien sûr, l’intelligence est une notion multiforme et il serait réducteur de se limiter au bagage intellectuel pour jauger not’ Président. Mais il fut un temps où même si ce n’était pas une condition suffisante c’était au moins une condition nécessaire. Et puis on ne peut pas être à la fois atlantiste et réellement intelligent :-).
“Notre Majesté souffre du complexe du cancre parvenu. Président médiocre, il fut par le passé élève médiocre, bachelier médiocre et étudiant médiocre. Mais aucune trace de cette médiocrité dans son curriculum vitae. Et pour cause, il l’a customisé, l’animal. Officiellement Notre Souverain Eclairé serait titulaire d’une maîtrise de droit privé, d’un certificat d’aptitude à la profession d’avocat, d’un DEA de sciences politiques obtenu avec mention et aurait fait des études à l’Institut d’Etudes politiques de Paris. Mais alors pourquoi est-il aussi nul ?
Tout simplement parce que la plupart de ses titres universitaires sont faux. Lire l’enquête menée par Alain Garrigou, professeur de sciences politiques à Nanterre
> http://www.fondation-copernic.org/spip.php?article219
En parcourant l’annuaire des anciens élèves de Sciences Po, il a pu constater que Sarkozy de Nagy Bosca n’y figure pas, ce qui signifie qu’il n’a pas mené ses études à leur terme et ne peut donc se parer du titre d’ancien élève réservé aux seuls diplômés.
Et son DEA ? Pourquoi n’en trouve-t-on aucune trace dans les archives de Paris X Nanterre ? Tout simplement parce que si le candidat Sarkozy apparaît bien dans le procès verbal de la première session, il est ajourné pour ne pas s’être présenté à l’épreuve écrite terminale et n’avoir pas rendu son mémoire.
Et son certificat d’aptitude à la profession d’avocat ? Obtenu sur le fil avec la note médiocre de 20 /40 (7/20 à la première épreuve et 13/20 à la seconde).
Mais rappelons aussi, pour compléter le tableau, les notes obtenues au bac par le candidat 18917 en 1973 (Jury 80, lycée Molière) : 7/20 à l’épreuve écrite de français et 12 à l’oral (voilà pourquoi il s’exprime dans un idiome approximatif), 9/20 en philo, 8/20 en maths (il a néanmoins su s’augmenter de 200 % !!!), 10/20 en anglais (“magnifical” s’exclama-t-il un jour en présence de la reine d’Angleterre) et 11/20 en économie (on n’est pas sorti de la crise!!!).
Avec 142 points sur 300, le médiocre candidat fut recalé et fut obligé de se présenter au repêchage. Ne nous étonnons donc pas des propos méprisants qui sortent donc de la bouche de ce petit personnage médiocre et rancunier qui a tant couffert de ne jamais avoir été reconnu à sa juste valeur par ses professeurs”.
Publié par LES PROFS DU COLLEGE DE VONNAS (AIN). Jeudi 26 février 2009
Moktar Ama
06/04/2009
...notamment quand vous citez les médias attribuant la hausse du marché au résultat du G20 (ou à la confiance des élites compte tenu de la belle manifestation d’unité qu’ils voulaient au G20) .
En effet, ne pensez-vous pas que le vote de la nouvelle règlementation comptable US (après un lobbying féroce de wall street), qui soulage immédiatement les bilans des banques du pays (en leur permettant de revenir à la côte-au-modèle maintenant que celle-ci est supérieure presque partout à la côte-au-marché des actifs notamment les pourris) , ne soit le facteur principal (et négligé médiatiquement) de la hausse de marchés jouant ici la survie du systême ?
On a effectivement l’impression que BHO est coincé entre Wall Street et une volonté profonde d’arriver à changer quelque chose (ce qui ressort par l’iconoclasme de certains propos).
Nicolas Stassen
06/04/2009
Sur la Turquie, Obama a une “position américaine classique” (H. Védrine)
RAPHAËLLE DUCHEMIN - 09:08
Barack Obama sest prononcé en faveur de lentrée de la Turquie dans lUnion européen. Hubert Védrine, ministre des Affaires étrangères de 1997 à 2002, décrypte le rôle du président américain dans la “réalité du monde daujourdhui et de demain”.
AUDIO : http://www.france-info.com/spip.php?article275288&theme=81&sous_theme=188
Père Iclès
06/04/2009
Nouvel épisode dans la guerre des gangs qui secoue la planète, l’affaire de l’essai de “missile” nord-coréen. On dirait que les partenaires” qui promis de “refuser le protectionnisme” à Londres ont trouvé un nouveau souffre-douleur : la Corée du Nord.
Avec les nouveaux plans US pour l’Iran, la Corée du Nord devient de facto le nouveau Satan. “Provocation” selon Hillary Clinton, “violation des règles” (quelles règles ?) selon Obama, ce lancer semble survenir à point nommé pour souder à nouveau une “communauté internationale” mise à mal par ses divergences d’opinion à propos de la façon de répondre à la crise financière. Cependant, il y a de quoi se gausser en lisant la façon dont l’évènement est traité, même sur Xinhua.net.
Personne ne rappelle que la Corée est OBLIGEE de tirer sa fusée vers l’est, comme tout le monde d’ailleurs, pour profiter de la rotation de la Terre et que personne jusqu’à présent n’a en Afrique, par exemple accusé la fusée Ariane tirée depuis Kourou de survoler l’Afrique”, ni ses étages de propulsion retombés dans l’Atlantique Sud de constituer une attaque contre les pays limitrophes.
On peut faire les mêmes remarques à propos des fusées US lancées depuis la Floride rigoureusement TOUJOURS vers l’Est.
Il est clair que le Conseil de Sécurité, dont les membres sont mis en cause dans la plupart des évolutions désastreuses qui ont lieu aujourd’hui (du contrôle du trafic de drogues aux guerres incessantes en passant par les vraies-fausses crises bancaires et le terrorisme) est plus que jamais le lieu où les grands essaient de transformer leurs besoins géopolitiques en règles de gouvernance mondiale au mépris des souverainetés nationales.
dalembert
06/04/2009
Munich & communication:
Comparez les photos des participants à la conférence de Munich avec celle du dernier G20.
Elle est pas belle, la vie ?
Crapaud Rouge
06/04/2009
“se grimer en Churchill, ajoutant lirresponsabilité à lerreur par la tromperie acceptée en tant que telle, comme si elle nétait pas tromperie. Dégoût ou nausée, au choix, pour ce système” : c’est la conclusion la plus pessimiste et la plus lucide que j’aie pu lire sur le G20. Comme elle nous ramène au virtualisme, je commence à me demander si ce mode de fonctionnement ne serait pas de type psychotique, et dores et déjà installé à demeure comme une psychose. Quun même principe, celui de la concurrence, permette de justifier toujours plus de « soupline » pour les uns et toujours plus de rigueur pour les autres, (http://www.lesechos.fr/info/finance/afp_00136043-banques-les-europeens-demandent-un-assouplissement-des-normes-comptables.htm), quil pousse tout le monde à sassoire sur la morale et tende à se substituer au « principe de réalité », me semble typique de la psychose, caractérisée par « une désagrégation psychique (ambivalence des pensées, des sentiments, conduite paradoxale), la perte du contact avec la réalité, le repli sur soi » (Petit Robert).
Nicolas Stassen
06/04/2009
Barack Obama à la reconquête de l’allié turc
Laure Marchand, à Istanbul
06/04/2009 | Mise à jour : 06:46 | Commentaires 6 | Ajouter à ma sélection
Des manifestants ont protesté contre la venue de Barack Obama en Turquie et appelé au départ des Américains d’Afghanistan, hier à Istanbul. Crédits photo : AFP
La Turquie, gratifiée d’une visite officielle de deux jours, est bien placée pour servir d’intermédiaire à Washington sur plusieurs dossiers importants.
En menaçant de mettre son veto à la nomination de M. Rasmussen à la tête de l’Otan, le premier ministre turc n’a pas failli à sa réputation d’homme politique au caractère bien trempé. Il a fallu la garantie de Barack Obama d’uvrer au rapprochement entre l’Otan et le monde musulman pour que Recep Tayyip Erdogan se laisse fléchir. Ce coup d’éclat, à la veille de la venue du président américain en Turquie, confirme qu’Ankara, prête à défendre ses intérêts, n’est plus un allié docile mais qu’elle prend également en compte ceux de Washington. Barack Obama lui a d’ailleurs aussitôt rendu la politesse en plaidant à Prague pour son entrée dans l’UE.
Les Turcs ne boudent pas leur plaisir : inclus dans la tournée du président américain, ils sont les seuls à être gratifiés d’une visite officielle. Arrivé dimanche soir en Turquie, Barack Obama y séjournera jusqu’à mardi. Cette attention particulière accordée à son vieil allié dans l’Otan exprime la volonté de la Maison-Blanche de reconquérir la confiance de ce pays à cheval sur deux continents et d’en faire une de ses cartes maîtresses au Proche-Orient.
«La Turquie a une valeur ajoutée évidente pour les Amé¬ricains qui veulent renouer avec le monde islamique», analyse Sinan Ülgen, président du think-tank Edam. La diplomatie turque, qui repose sur le concept «zéro conflit avec nos voisins», a conduit Ankara à se rapprocher de l’Iran et de Damas, à parrainer des négociations de paix indirectes entre Israël et la Syrie, à favoriser la coopération afghano-pakistanaise
Les Turcs sont bien placés pour servir d’intermédiaires dans de nombreux dossiers prioritaires de Barack Obama.
En 2003, le refus de laisser passer les soldats américains sur le territoire turc pour entrer en Irak avait rompu la confiance entre les deux partenaires. L’hostilité anti-Bush avait atteint des records dans l’opinion. Mais aujourd’hui, Ahmet Davutoglu, le chef de la diplomatie turque, appelle à «un nouvel âge d’or» dans les relations. Le premier ministre ne manque pas de ¬rappeler que le deuxième prénom d’Obama est Hussein, celui du petit-fils du Prophète. Au-delà, l’annonce du retrait des troupes d’Irak, la fermeture de ¬Guantanamo ou le message d’ouverture adressé à l’Iran sont reçus avec soulagement en Turquie.
Les Turcs attendent un appui sur deux dossiers cruciaux
Ces réorientations «ouvrent la voie à une coopération dans les domaines où nous avons des intérêts communs», souligne Murat Mercan, président de la commission des affaires étrangères au Parlement. La Turquie, deuxième plus gros contributeur de l’Otan, pourrait renforcer sa présence civile et militaire en Afghanistan. Surtout, Ankara a déclaré être prêt à faciliter le départ des soldats américains d’Irak. La mise à disposition de sa base aérienne d’Incirlik et de ses ports sera au centre des discussions.
En retour, les Turcs attendent un appui sur deux dossiers cruciaux. Que Washington continue à faire pression sur le gouvernement autonome kurde en Irak pour qu’il lutte contre les rebelles du PKK dans le nord du pays. Et la reconnaissance du génocide arménien par la ¬Chambre des représentants ou la Maison-Blanche serait perçue comme un casus belli diploma¬tique.
Mais la Turquie ne veut pas rester cantonnée dans un statut de médiateur : elle entend être associée «à l’élaboration de la politique régionale», selon Murat Mercan. Pour Faruk Logoglu, ancien ambassadeur aux États-Unis, ces ambitions sont «surévaluées». Le président iranien a déjà opposé une fin de non-recevoir à la proposition de médiation turque.
http://www.lefigaro.fr/international/2009/04/06/01003-20090406ARTFIG00257-barack-obama-a-la-reconquete-de-l-allie-turc-.php
Obama entame sa visite en Turquie
AFP
dimanche 05 avril 2009, 22:07
Le président américain Barack Obama est arrivé dimanche à Ankara pour une visite de deux jours en Turquie, « allié déterminant » des Etats-Unis et plus grand pays musulman de lOtan, dont il a appuyé la candidature à lUnion européenne.
Lire aussi : Obama et Sarkozy s’opposent sur l’entrée de la Turquie dans l’UE
epa
Le président Barack Obama, qui effectue en Turquie la dernière étape dune tournée en Europe, est arrivé à 21H10 à laéroport Esenboga. Il a été accueilli par le ministre de lEconomie Mehmet Simsek, et son épouse américaine. Après des entretiens lundi à Ankara avec les dirigeants turcs et un discours au parlement, M. Obama est attendu à Istanbul, où il rencontrera mardi les autorités religieuses, puis un groupe détudiants, et visitera deux mosquées.
« Le président va réaffirmer son sentiment que la Turquie est un allié déterminant, et constitue une partie importante de lEurope. Il a voulu se rendre en Turquie parce quil pense quil faut relancer les relations entre les deux pays, distendues ces dernières années », a déclaré à la presse un responsable américain qui fait partie de la délégation.
Entrée de la Turquie dans lUE
Les relations entre les deux pays sétaient tendues en 2003, après lintervention militaire américaine en Irak. « Le président sentretiendra du progrès des réformes démocratiques en Turquie, et réaffirmera le soutien américain à la demande de la Turquie dentrer dans lUnion européenne », a ajouté le responsable avant larrivée de M. Obama, qui effectue sa première visite dans un pays musulman. A Prague dimanche, M. Obama a clairement soutenu lentrée de la Turquie dans lUE, qui enverrait selon lui « un signal important ». Plusieurs pays européens sont opposés à cette adhésion, dont le président français Nicolas Sarkozy, qui la immédiatement rappelé haut et fort.
Selon le même responsable, M. Obama souhaite discuter des défis régionaux communs tels que « la menace terroriste, la guerre en Afghanistan, les relations avec lIran, et lobjectif partagé dune paix durable entre Israël et ses voisins. » La Turquie occupe une position stratégique entre Europe, Proche-Orient et Caucase. Alliée dIsraël, elle joue les intermédiaires dans des négociations entre lEtat hébreu et la Syrie, et partage des frontières avec lIrak et lIran.
Lors de sa tournée, M. Obama a réclamé de ses alliés lenvoi de troupes supplémentaires en Afghanistan, où la Turquie a 900 hommes. Ankara ne souhaite pas pour linstant aller au delà. La lutte contre les insurgés kurdes de Turquie, qui ont des bases de repli en Irak, ainsi que la question arménienne, pourraient être évoquées lors de cette visite.
Génocide arménien
Ankara souhaite aussi que M. Obama renonce à qualifier de génocide les massacres dArméniens sous lempire ottoman (1915-1917), comme il la fait pendant sa campagne électorale.
Autre dossier : lOtan. Samedi, lors du sommet de lalliance, M. Obama est intervenu pour dénouer une crise à propos de la nomination, finalement annoncée, du Premier ministre danois Anders Fogh Rasmussen comme nouveau secrétaire général de lOtan.
M. Rasmussen est mal vu de son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan—dont le parti est issu de la mouvance islamiste—pour son soutien au journal danois qui avait publié en 2005 des caricatures controversées de Mahomet. M. Erdogan lui reproche aussi le refus de Copenhague dinterdire une chaîne kurde émettant du Danemark et accusée dêtre le porte-voix dun groupe rebelle kurde. Selon la presse turque, Ankara a monnayé son feu vert à la nomination de M. Rasmussen contre de fortes exigences, dont la nomination de personnalités turques à des postes clés de lOtan.
(afp)
http://www.lesoir.be/actualite/monde/obama-entame-une-visite-en-2009-04-05-699601.shtml
Abdullah Gül
‘‘La Turquie a accompli une révolution silencieuse’‘
Par Christian Makarian, Gosset Ulysse, publié le 07/11/2008 15:35 - mis à jour le 07/11/2008 17:51
Il a été Premier ministre, puis ministre des Affaires étrangères, avant d’assumer la charge de président de la République turque au terme d’une élection mouvementée. C’est dire si ce quinquagénaire, proeuropéen tout en étant issu de la mouvance islamiste, connaît les arcanes politiques et diplomatiques. Pour L’Express et France 24, il a accepté de répondre aux questions qui se posent au sujet de la Turquie, y compris les plus embarrassantes.
La Turquie est-elle vraiment à l’abri d’un nouveau complot ou d’un coup d’Etat?
Ces hypothèses ne sont plus plausibles dans la Turquie actuelle. Les dangers dont vous parlez étaient hier imaginables mais ne sont plus vraisemblables aujourd’hui. Certes, quand on regarde notre passé politique, on trouve des hauts et des bas. C’est vrai. Mais aujourd’hui, vous le voyez, nous menons à bien des procès importants, avec des actes d’accusation en bonne et due forme, et la défense peut s’exprimer librement… Si un crime ou si un délit a été commis, quel qu’il soit, des tribunaux indépendants sont parfaitement en mesure de procéder à un jugement. Il existe en Turquie un système de droit qui fonctionne. Cela s’inscrit dans la perspective des négociations visant à l’adhésion à l’Union européenne. Il nous faut remplir les critères politiques de Copenhague : la démocratie, la suprématie du droit (au niveau des normes européennes), et le respect des droits de l’homme (là aussi, au niveau des normes européennes). On ne peut pas démarrer les négociations d’adhésion si ces conditions ne sont pas remplies. Nous avons donc procédé à des réformes vraiment radicales, que certains ont qualifiées de “révolution silencieuse”.
Abdullah Gül
1950 Naissance à Kayseri.
1983 Economiste à l’Islamic Development Bank, à Djeddah.
1991 Professeur d’économie internationale. Elu député du Refah Partisi (Parti du bien-être).
1996 Ministre d’Etat, porte-parole du gouvernement turc.
2001 Membre fondateur de l’AKP (Parti de la justice et du développement).
2002 Premier ministre.
De 2003 à 2007 Ministre des Affaires étrangères.
28 août 2007 Elu président de la République.
La Commission européenne vient de rendre son rapport d’avancement portant sur la modernisation de la Turquie. Ce constat contient des réserves. Est-ce que cela vous inquiète?
Le processus de négociation d’adhésion à l’Union européenne est un processus de transformation de la Turquie. Nous avons effectué des réformes tout à fait radicales, mais nous sommes loin d’avoir fini. Nous avons encore beaucoup à accomplir. Nous ne le faisons pas pour satisfaire l’Union européenne, pour que les Européens nous voient d’un bon oeil. Nous le faisons parce que notre peuple a le droit d’avoir accès à ces réformes. Même si l’Union européenne n’existait pas, nous devrions moderniser la Turquie de nous-mêmes, élargir les libertés de la façon la plus étendue possible pour que le peuple turc puisse en jouir. Le pluralisme, la transparence, l’égalité... ce sont des besoins qui vont dans le sens de l’intérêt de la Turquie et du peuple turc. Nous y travaillons. Peut-être aurait-il fallu agir plus rapidement. C’est ce que je pense. Mais, comme vous le savez, il y a des considérations économiques, des questions de politique intérieure qui ont ralenti les choses, notamment l’année dernière.
Vous êtes issu d’un mouvement politique d’inspiration islamiste. Est-ce que vous êtes très religieux, est-ce que vous effectuez vos prières tous les jours, est-ce que vous allez à la mosquée tous les vendredis?
Il faut séparer la religion de la politique. Dans notre pays, une grande majorité du peuple est musulmane. Cela relève du domaine personnel. J’ai la foi et, dans la mesure de ma force, je ferai ce que ma foi juge nécessaire. Mais ce sont des questions privées, qui ne concernent que moi, ou ma famille. Je ne fais pas de distinction entre mes concitoyens, parmi lesquels certains ne sont pas musulmans. Je n’effectue aucune discrimination. Il n’en est pas question. Ma propre conviction, ma propre foi, ne regarde que moi.
REUTERS/Osman Orsal
Des manifestants brandissent des drapeaux turcs et scandent des slogans contre l’AKP et la levée de l’interdiction du voile à l’université, près de l’Université d’Istanbul.
Pendant des décennies, il y avait un consensus en Turquie autour de la question de la laïcité. Pourquoi le gouvernement a-t-il voulu modifier ce principe pour autoriser, par exemple, le port du voile à l’université, qui était jusque-là interdit?
Il n’y a pas que le gouvernement qui ait souhaité cet amendement constitutionnel, voté par une vaste majorité. Au moins deux des partis de l’opposition l’ont également voté. Un seul groupe de partis d’opposition s’est prononcé contre. Plus de 400 députés sur 550 ont voté pour cet amendement constitutionnel destiné à supprimer cet interdit. Mais la Cour constitutionnelle a considéré que cela était contraire à la laïcité et a annulé l’amendement en question. Nous nous plions à cette décision de la Cour suprême.
Ce besoin de pouvoir porter le voile à l’université est difficile à comprendre d’un point de vue occidental…
Pourquoi?
Parce que, jusque-là, l’université fonctionnait très bien sans cela…
Que voulez-vous dire par “fonctionnait très bien”?
Le fonctionnement des universités, des écoles, des administrations se faisait dans un consensus laïque - qui était l’une des spécificités de la Turquie. Pourquoi vouloir le modifier aujourd’hui?
Il faut poser cette question aux partis politiques qui ont voulu changer cette règle. C’est sans doute qu’il y avait une demande en ce sens. La Turquie est une société ouverte. Tout cela est débattu. Ce qui est important, c’est que tous ces sujets puissent être discutés et que tout le monde participe à la discussion. Après quoi les instances constitutionnelles décident, pour ou contre. Et la règle de droit s’impose à tous au final.
REUTERS/Jean-Paul Pelissier
Orhan Pamuk, en mai 2007.
Le Prix Nobel de littérature Orhan Pamuk considère qu’il y a toujours une véritable menace pesant sur les libertés des journalistes et des écrivains en Turquie, en raison de l’existence de l’article 301 du Code pénal, qui sanctionne durement “l’humiliation de l’identité turque”. Que répondez-vous? Et que dites-vous aux Européens concernant cet article, qui devait être aboli mais qui ne l’a jamais été?
Orhan Pamuk est un écrivain turc qui a obtenu le prix Nobel, et nous en sommes naturellement très fiers. Les intellectuels, les écrivains doivent nourrir la critique. Ils souhaitent pour l’avenir une situation meilleure que celle d’aujourd’hui. Je considère que c’est tout à fait naturel de leur part. Il est vrai qu’il y a eu dans un passé récent une série de procès intentés en vertu de l’article 301. Mais cet article a été modifié. Précisément pendant la période où l’on a dit que le rythme des réformes avait ralenti. Cette disposition a été changée cette année. Désormais, les écrivains ne sont plus jetés en prison pour avoir pris la parole. Vous pouvez dire ce que vous voulez en Turquie.
Vous vous êtes récemment rendu en Arménie, pour assister à un match de football, ce qui a représenté un événement historique. Est-ce que cela signifie que la Turquie est susceptible d’évoluer sur la question arménienne?
Si vous voulez parler des événements qui se sont produits lors de la Première Guerre mondiale, je tiens à rappeler que tout le monde a souffert durant cette période : les Turcs, les Arméniens, et d’autres. Il y a eu des circonstances tragiques de part et d’autre. Toutes ces souffrances nous attristent tous. Mais dire que les Turcs ont, de façon délibérée, mené un massacre contre leurs propres concitoyens n’est pas vrai. Il faut comprendre ces événements à la lumière de la guerre. Tout le monde était en guerre à l’époque. Nos concitoyens arméniens ont été provoqués par un autre pays alors que nos troupes se battaient sur trois fronts. Je n’y reviendrai pas dans le détail, mais nous répondons aux allégations sur cette question de la façon suivante: étudions ces allégations. Ce n’est pas aux hommes politiques de prendre position sur ces questions. Quelle est l’attitude honnête ? C’est de créer une commission d’historiens indépendante. Mettons nos archives sans restriction à la disposition de cette commission! Que cette commission fasse son travail. Et nous devrons tous accepter ses conclusions. La République de Turquie a fait cette proposition. Nous sommes même allés un peu plus loin : si la France s’intéresse de près à ce sujet, que la France participe à cette commission.
REUTERS/Anatolian-Mustafa Oztartan
Le président turc assiste, à côté du président arménien Sarkissian, au match Turquie-Arménie, à Erevan, le 6 septembre dernier. Un événement sans précédent.
Néanmoins, le génocide des Arméniens est désormais reconnu par de nombreux Etats démocratiques, et non des moindres. Barack Obama s’est déclaré favorable à la reconnaissance de ce génocide par les Etats-Unis. La position de la Turquie sera-t-elle encore tenable dans l’avenir?
Je peux parler de la question arménienne. Mais que l’on nous force à reconnaître quelque chose qui n’a pas eu lieu, simplement parce que des hommes politiques l’ont compris dans ce sens, n’est pas une attitude honnête. Ce serait plutôt un problème pour Barack Obama. N’oubliez pas que, pendant un millénaire, les Turcs et les Arméniens ont toujours vécu en paix ensemble. Il n’y a pas eu de conflit entre ces deux peuples. Sauf dans les conditions particulières de la Première Guerre mondiale. Il ne faut pas instiller de la haine pour l’avenir. Aujourd’hui, l’Arménie et la Turquie sont deux pays voisins. Et nous souhaitons développer notre amitié et nos relations avec l’Arménie.
Est-ce que vous avez parlé avec le président arménien du génocide ou est-ce que vous l’avez laissé de côté pendant les entretiens que vous avez eus ensemble?
Je vais vous dire une chose: nous sommes des gens qui vivent côte à côte dans cette région ! Nous sommes obligés de penser à l’avenir des habitants de l’Arménie. Il faut qu’ils vivent dans la prospérité, qu’ils soient heureux. Il faut qu’ils soient en bons termes avec la Turquie. Il faut que la Turquie soit en bons termes avec eux. C’est pour cela que nous devons aider le processus entre la Turquie et l’Arménie. Regarder les choses de loin et essayer de protéger sa propre identité, se focaliser sur cette animosité, rabâcher tout le temps le même sujet, l’utiliser sans cesse comme un instrument politique ne servira à personne. J’ai écrit au président arménien, M. Sarkissian, pour le féliciter quand il a été élu. Et je lui ai dit que j’espérais pouvoir résoudre les problèmes que nous avons en commun et améliorer nos relations pendant que nous sommes tous les deux présidents. Et le président de la République arménienne, avec beaucoup de courage, m’a invité dans son pays. Je le félicite. J’ai été, moi aussi, critiqué par beaucoup de gens en Turquie. Mais, avec courage, également, j’ai accepté cette invitation et je me suis rendu en Arménie. J’ai été très heureux d’y aller. Nous avons a eu des conversations très constructives. Et je souhaite que ces échanges se poursuivent. Il y a beaucoup de sujets, beaucoup de problèmes ; je ne suis pas entré dans les détails de chacun. C’était notre premier échange et je ne voulais pas aborder tous les sujets fâcheux. Le plus important était de créer un bon climat.
Que pensez-vous des intellectuels turcs, comme Orhan Pamuk, qui n’ont pas de difficulté à parler du “génocide” des Arméniens?
Cela montre justement que tous les points de vue peuvent être exprimés aujourd’hui en Turquie. Que tout peut être désormais débattu. Certains croient que des gens sont jetés en prison dès qu’ils émettent des opinions de ce type. Mais ce n’est pas le cas. On débat de tout. On écrit ce que l’on veut. Il y a même des livres qui sont écrits à ce sujet. Même si je ne suis pas d’accord avec certains points de vue, je ne suis pas d’avis de faire taire les gens qui les expriment. Cependant, s’il y a une idée que je ne veux pas accepter, je ne vais pas non plus m’y soumettre simplement parce qu’elle fait l’objet d’une pression internationale. Les actions de la diaspora arménienne empêchent la normalisation des relations turco-arméniennes.
Concernant les rapports entre l’islam et l’Occident, certains s’inquiètent de voir votre pays participer à la Conférence islamique tout en aspirant à entrer dans l’Union européenne.
Je ne vois pas de contradiction entre le fait que la Turquie soit membre de la Conférence islamique et qu’elle négocie son adhésion à l’Union européenne. La Conférence islamique et l’Union européenne ne sont pas des alternatives exclusives l’une de l’autre dans le monde d’aujourd’hui, caractérisé par la mondialisation. La majorité de la population de la Turquie est musulmane. C’est pour cela que la Turquie est membre de la Conférence islamique. La Russie en est également un membre observateur parce qu’elle a une forte population musulmane. Mais la Turquie a également commencé à négocier son adhésion à l’Union européenne et continue d’adopter les acquis communautaires. Le fait d’être musulman n’est pas un obstacle pour devenir membre de l’Union européenne. Je ne le pense pas. Quelles sont nos valeurs communes? La démocratie, le respect des droits de l’homme, l’économie de marché. Nous avons accepté ces principes-là. Par ailleurs, les efforts de la Turquie sont soutenus d’une façon très importante dans le monde musulman. Je pense que la Turquie va apporter une très grande richesse à l’Union européenne en jouant le rôle de pont entre les civilisations.
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