Crapaud Froid
07/03/2009
Dans un autre article lui aussi passionnant à lire, « Tempête sur Hiroshima, ou une histoire du triomphe de la bureaucratie de sécurité nationale », vous remettiez déjà en cause la légitimité de la bureaucratie pentagonesque : « En un sens, on peut établir une filiation entre la bureaucratie soviétique et le modèle de la bureaucratie américaniste de sécurité nationale. La proximité des deux systèmes se trouve dans leur absence de légitimité. La bureaucratie soviétique est née de la prise du pouvoir par un parti qui, par définition, refusa toujours de se présenter comme un État, avec l’idée de transcendance qu’implique ce mot dans sa définition la plus haute. La bureaucratie américaniste de sécurité nationale est née dans un système qui, par essence, dès sa conception, écarte l’idée d’une transcendance qui donnerait l’autorité suprême à un État dans sa définition la plus haute ou à son représentant. »
Lon comprend bien que, faute de transcendance et dautorité suprême, la légitimité de lEtat fédéral est inconsistante, voire inexistante. Mais quy a-t-il, dans la conception du système incriminé, qui refuse explicitement lautorité suprême de lEtat fédéral ? Est-ce inscrit dans la Constitution américaine ? Que le Pentagone avale des budgets gargantuesques, que rien ni personne ne puisse stopper sa boulimie, ni canaliser son autonomie, nimplique pas juridiquement son illégitimité. Je crois discerner un raisonnement circulaire : le Pentagone est a priori illégitime, il exerce sur la Maison Blanche et le Congrès un chantage à la sécurité nationale, donc lEtat perd son autorité suprême, donc sa légitimité, donc il ne peut conférer aucune légitimité au Pentagone, ce qui ferme la boucle.
Mais, dans le même article, vous écriviez aussi : « Dès 1947-48, avec les débuts de la Guerre froide, devant un danger à la fois stratégique et idéologique décrit comme sans précédent, la bureaucratie de sécurité nationale devint l’emblème, le porte-drapeau et la seule référence du patriotisme. Elle se drapa dans la bannière étoilée. La messe était dite. » Et quel effet put-elle avoir, cette messe, sinon celui de sanctifier la légitimité du Pentagone ? Si donc vous avez raison pour aujourdhui, il faut admettre que, depuis la fin des années 40, il A PERDU sa légitimité, ce qui nest pas en être privé congénitalement. Le discours de Rumsfeld à la veille du 9/11, qui révélait en quelque sorte le pot aux roses, étant passé inaperçu, il est probable que cette bureaucratie passe encore pour être légitime aux yeux dun grand nombre dAméricains. En la matière, être et paraître ne font quun.
Ilker de Paris
07/03/2009
Dans un discours le 28 février 2009 Obama s’en est pris aux riches, puissants, lobbyistes dans des termes sans équivoques :
“Je sais que mes objectifs ne vont pas plaire aux groupements d’intérêts privés et aux lobbyistes qui étaient aux affaires jusqu’à maintenant.
Je sais qu’ils sont prêts à me faire la guerre. Je veux leur dire ceci: Je le suis aussi! Le système actuel marche peut-être pour les riches et les puissants qui font la loi depuis trop longtemps à Washington. Mais pas pour moi. Je travaille pour le peuple américain.”
http://www.youtube.com/watch?v=sTbT3LzNmDA
A mon avis ce n’est pas juste de la communication et alors il prend des risques; l’ancien prix Nobel de littérature Doris Lessing affirmait déjà en février 2008 :
“Si Barack Obama est élu Président des Etats-Unis, il ne vivra sans doute pas longtemps. Un homme noir dans la position du Président ? Ils le tueront.”
http://www.lepost.fr/article/2008/03/15/1154288_barack-obama-risque-t-il-d-etre-assassine.html
Bref, même si cela paraît grandement improbable, un complot contre Obama n’est pas tout à fait à écarter, sait-on jamais, on a vu mieux (ou pire : John Fitzgerald Kennedy, Martin Luther King etc).
Crapaud Froid
07/03/2009
Et si la sortie du général, «En Amérique, on ne résout pas les problèmes, on les écrase», était beaucoup plus quune boutade ? Si elle reflétait une profonde vérité, peut-être la seule à retenir ? Je verrais bien son origine dans la fantastique organisation du Jour J, suivi des tapis de bombes sur les villes allemandes, puis du rouleau compresseur de larmée progressant jusquà Berlin, le tout finalement couronné de deux champignons atomiques : écrasement total et absolu, fulgurant, sous le marteau nucléaire. De la mémorable victoire de 1945, lAmérique aurait donc retenu lesprit de la méthode, pas celui de ses tenants et aboutissants qui visaient à préserver un bien précieux, fragile et presque invisible : la liberté démocratique.
Ecraser, dit le dictionnaire, cest broyer, réduire en miettes, anéantir, pulvériser ! Le mot nest pas vraiment anodin. Dun autre côté, quand on voit le Pentagone, toujours prompt à « mettre le paquet », financer à hauteur de 6 $milliards un système de détection des véhicules piégés, (Cf. http://www.dedefensa.org/article-l_horreur_technologique_01_05_2006.html), cest-à-dire le moyen despionner du ciel lactivité des fourmis quon écrabouille, on se dit que l’ironie de l’histoire est toujours au rendez-vous.
Geo
07/03/2009
Bilan 2008 de la politique de sécurité et de défense de lUnion européenne
http://WWW.HAJNALKA-VINKZE.COM
Défense & Stratégie n°25, hiver 2008
Langue originale de la publication: Français
Lannée 2008 fut celle dun triple anniversaire et dune double illusion en matière de défense européenne. Il y a quinze ans, lentrée en vigueur du traité de Maastricht marque le lancement officiel de la PESC (politique étrangère et de sécurité commune), assortie de la perspective dune éventuelle future composante défense. Celle-ci commence à finalement prendre corps cinq ans plus tard, avec la déclaration franco-britannique de Saint-Malo du 4 décembre 1998, suite à la levée du veto anglais sur la mise en route dune politique de défense dans les cadres institutionnels de lUnion. A partir de cet acte fondateur, consacré par les Quinze six mois après, une cohabitation UE-OTAN va progressivement se substituer au dogme et au monopole OTAN dans « larchitecture de sécurité européenne ». Malgré la vitesse fulgurante avec laquelle les différents éléments de cette nouvelle « politique européenne de sécurité et de défense » (PESD) se mettent en place, il faudra encore attendre cinq ans pour voir, en 2003, le lancement des premières opérations dans le cadre de la PESD, suspendues jusque-là à la définition dun modus vivendi rudimentaire et à la conclusion dun accord formel avec lAlliance atlantique.
Des deux illusions qui planaient tout au long de lannée 2008 sur lEurope de la défense, la première concernait la prétendue fin des préventions (pour ne pas dire obstructions) américaines en la matière. Les messages semi-officiels envoyés depuis de longs mois de lautre côté de lAtlantique ont enfin été confirmés par les propos tenus en février, à Paris puis à Londres, par lambassadeur des Etats-Unis auprès de lAlliance atlantique. Le soutien affirmé par Mme Victoria Nuland en faveur dune montée en puissance de la défense européenne fut unanimement applaudi et interprété comme un retournement radical de la position américaine. En réalité, si changement il y a, cest un changement en trompe-lil. Lorsque les grands titres de la presse saluent Mme Nuland qui se prononce pour un renforcement des capacités européennes, ils ont tendance à oublier que Washington a toujours été encourageant, voire pressant à ce sujet. Pourvu que ces capacités restent suffisamment encadrées, les Etats-Unis sont plus que contents de voir leurs alliés bien équipés pour les épauler sur le terrain, a fortiori si cest avec du matériel américain.
La véritable nouveauté fut donc plutôt dentendre les mots « autonomie » et « indépendance » associés à lidée de la défense européenne par un diplomate américain. Mais le contenu de ces formules nayant pas été précisé, cest de la rhétorique à peu de frais. En effet, les déclarations de lambassadeur américain apparaissent comme la réponse aux discours du Président français qui, tout au long du second semestre de 2007, ne cessait de réitérer lexploit de lier en une seule phrase sa profession de foi atlantiste et sa détermination à ignorer les lignes rouges définies par Washington au sujet de la défense européenne. Quil sagisse dun quartier général autonome, dune base industrielle et technologique indépendante ou dun caucus européen dans lOTAN. Le tout avec la désinvolture propre au personnage, de la manière la plus candide au monde, et aussi la plus conviviale.
Ce qui nous amène à la deuxième grande illusion de lannée 2008, à savoir les attentes exacerbées qui précédaient et accompagnaient la présidence française de lUE (juillet-décembre), en particulier sur le dossier « défense ». Par la seule force de son volontarisme (aidé aussi par sa réputation atlantiste supposée le laver de tout soupçon), Nicolas Sarkozy aurait dû effectuer une percée qualitative dans le domaine de la PESD pendant les six mois de sa présidence. Dautant quil en avait explicitement fait la condition préalable au retour de la France aux structures militaires intégrées de lAlliance. Or, en regardant au-delà des discours tonitruants et des effets dannonce, force est de constater que lévolution de la défense européenne a sa propre dynamique et ses propres blocages. Et ceux-ci sont moins affectés par telle ou telle présidence tournante, fût-ce française dans ce cas, que par laffrontement permanent de visions diamétralement opposées, dans lequel, par contre, la France joue un rôle aussi inchangé que primordial.
Opérations et missions
Pendant les cinq dernières années lUnion européenne a lancé 23 opérations de gestion de crise (6 opérations militaires et 17 civils), dont 13 sont actuellement en cours. La tendance générale qui sobserve est caractérisée par la globalisation géographique des missions (les Balkans, lAfrique, le Caucase, le Proche-Orient et lAsie) ; leur élargissement fonctionnel (y incluant par exemple le soutien à la réforme du secteur de sécurité), lenchevêtrement inter-piliers (avec des représentants de la Commission à la cellule civilo-militaire de lEtat-major de lUE) ; un accroissement des interactions civilo-militaires tant sur le terrain que dans les structures institutionnelles ; de même que la non-résolution chronique des difficultés de financement.[1]
Sur ce dernier point, la règle demeure la séparation entre missions civiles (dont les coûts peuvent être pris en charge par le budget communautaire) et les opérations militaires financées par des contributions des Etats, avec moins de 15% du coût total dune opération relevant du mécanisme de gestion du financement des coûts communs, dénommé Athena. La volonté de la présidence française de réviser en profondeur le dispositif pour favoriser le recours au financement en commun, sest heurtée à lopposition de la Grande-Bretagne (de par son refus traditionnel de donner une trop grande autonomie aux instruments de lUE par rapport à ceux de lOTAN) et de lAllemagne (de par son rejet de ce quelle voit comme une double pénalisation, dans la mesure où Berlin met en jeu un grand nombre de moyens militaires et finance 20% des coûts communs répartis en fonction de la richesse des Etats membres (PNB). Dans ces conditions, Paris a dû se contenter dune réforme a minima, avec limitation de lambition de donner plus dautonomie dans la gestion des coûts communs, abandon de lidée dun versement anticipé et un élargissement du champ des coûts communs limité à la consolidation de la pratique déjà suivie.[2]
Concernant les opérations proprement dites, en 2008 aucune mission PESD na été terminée et cinq nouvelles ont été lancées. Parmi elles, lopération militaire EUFOR Tchad/RCA, laquelle après avoir été pendant six mois « une mission sans les moyens » a finalement atteint sa capacité opérationnelle initiale au mois de mars. Pour le commandant de lopération, le général irlandais Pat Nash : « avoir la force a été un problème, lavoir sur le terrain a été le suivant ». En effet, lopération, déployée sur un théâtre éloigné et daccès difficile, représente un défi logistique permanent. Un contexte politique complexe et létendue de la zone à sécuriser sy ajoutant (280 000 km2 pour moins de 4000 soldats), rien de surprenant à ce que dès le départ lattention se focalise sur la sortie de mission, à savoir le transfert à la force des Nations Unies, prévu pour mars 2009.
La mission UE RSS Guinée-Bissao de soutien au processus de réforme du secteur de la sécurité a été lancée en juin 2008. Elle est la première mission PESD de ce type qui englobe à la fois les volets civil et militaire du secteur de la sécurité. La mission dobservation en Géorgie (EUMM Géorgie) fut déployée début octobre, à peine deux semaines après ladoption de lAction commune par le Conseil. Cette vitesse inhabituelle, saluée par la plupart des commentateurs, na pas été sans susciter certaines critiques, daucuns parlant dune « réponse rapide simplement pour la rapidité », avec comme corollaire une planification bâclée.[3] La première opération navale de la PESD a été lancée début décembre, pour lutter contre la piraterie maritime au large de la Somalie. Faisant suite à laction de coordination militaire EU NAVCO mise en place en septembre, lopération Atalanta se distingue également par le fait que la Grande-Bretagne y assure pour la première fois le commandement dune opération militaire autonome de lUE (avec lEtat-major dopérations situé à Northwood). Finalement, après deux ans de préparation, la mission EULEX Kosovo a atteint sa capacité opérationnelle initiale en décembre. Dans ce qui est sa plus large mission civile jusquici, lUE doit superviser une indépendance à légard de laquelle elle na pas de position unique.
Force est de constater que, pour lheure, lUnion européenne nest capable dagir que dans des crises « sur mesure », et que lincertitude demeure entière quant à savoir jusquà quel point une opération PESD serait soutenable en cas de complications politiques et/ou descalade militaire. En même temps, il ne faut pas perdre de vue le fait que lactivité opérationnelle, avec largument de « la vie des soldats engagés dans les missions de la PESD », est un formidable coup de pouce pour ceux qui souhaitent promouvoir une approche européenne autonome, en faisant valoir lexigence defficacité (planification et de conduite des opération, renforcement capacitaire) et limpératif de fiabilité (garantie de la sécurité dapprovisionnement en toute circonstance).
Aspects institutionnels
Lannée 2008 a vu la montée en puissance de la Capacité civile de planification et de conduite (CCPC), créée en août 2007 au sein du Secrétariat général du Conseil. La CCPC est léquivalent civil dun quartier général opérationnel de lUE (non-existant), sa mission est de planifier et de conduire les missions civiles menées dans le cadre de la PESD. Au moment de la déclaration de sa pleine opérationnalité, en novembre 2008, la CCPC compte un effectif de 60 personnes, son directeur ayant été nommé en mai 2008, en la personne de M. Kees Klompenhouwer. Celui-ci exerce par ailleurs une autorité fonctionnelle vis-à-vis des capacités de planification et des compétences techniques de la cellule civilo-militaire de lEtat-major de lUE (EMUE) ainsi que vis-à-vis du dispositif de veille pour ce qui concerne son soutien aux missions civiles.
Ce dispositif de veille, déclarée pleinement opérationnelle en août 2008, fait partie de la direction « Opérations » de lEtat-major de lUE. Fonctionnant 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, il assure le suivi de toutes les missions et opérations PESD. LEtat-major de lUnion européenne a été réorganisé en mars 2008, conformément aux orientations identifiées à la réunion informelle de Wiesbaden en mai 2007. Lobjectif principal étant daccélérer le processus de décision des Etats membres, la restructuration visait en premier lieu lamélioration de la capacité militaire de procéder à une planification précoce au niveau stratégique. Pour ce faire, une nouvelle section danalyse et de planification militaire (MAP : Military Assessment and Planning Branch) a été créée, permettant ainsi la concentration des capacités de planification stratégique dans un soi-disant Core Planning Area qui regroupe la direction « Opérations » et la cellule civilo-militaire de lEMUE. [4]
Toujours est-il que tout ce remue-ménage évite soigneusement la question institutionnelle la plus polémique, à savoir léventuel développement des capacités de planification opérationnelle. La volonté de la France de transformer le centre dopérations de lEMUE en un quartier général permanent se heurte à lhostilité britannique vis-à-vis du renforcement des capacités propres de lUnion européenne en matière de planification et de conduite des opérations. Selon largument sempiternel avancé par Londres, « une telle capacité ferait doublon » avec le Grand quartier général des puissances alliées en Europe, le SHAPE.
Mais largument du refus des duplications risque de se retourner aujourdhui. En effet pour la plupart des opérations militaires de la PESD, on a recours à la formule de nation-cadre, une chaîne de commandement spécifique doit être développée pour chaque opération, ce qui implique des procédures lourdes et des coûts supplémentaires. Toutefois, sur ce point, le légendaire pragmatisme britannique cède le pas à des considérations dune tout autre nature. Car, comme lavait observé le Secrétaire dEtat français aux affaires européennes, lenjeu du dossier « planification opérationnelle » est de savoir si la PESD serait ou non « un appendice de l’OTAN ».[5] Pour lheure, laval britannique au renforcement des capacités de planification stratégique ne peut sobtenir quau prix de labandon du volet « conduite des opérations ». Ainsi le mandat qua reçu le Secrétaire général/Haut Représentant à la fin de la présidence français pour établir une structure unique de planification civilo-militaire ne concerne que le niveau stratégique.[6]
Développement capacitaire
Le volet civil du renforcement des capacités de la PESD sinscrit dans le cadre de l’Objectif civil global 2010, lancé en janvier 2008. Laccent y est mis, entre autres, sur la formation, la sécurité sur le terrain, linterface police-Etat de droit et une meilleure prise en compte des enseignements tirés des opérations. Pour ce qui est des capacités militaires, le ministre français de la Défense a dressé un constat peu flatteur : « Nous devons reconnaître que la plus petite exigence opérationnelle révèle des déficiences qui affectent la manière dont lUE est capable dopérer ».[7] Pour y remédier, une énième initiative a été lancée, cette fois sous le nom de Plan de développement des capacités (PDC). Le Comité Directeur[8] de lAgence européenne de défense (AED) en a approuvé les lignes générales en juillet et a lancé des travaux sur un premier groupe de douze domaines capacitaires, sur les vingt-quatre identifiés dans le PDC.
Parallèlement, en regroupant divers projets, programmes et déclarations dintention, le Conseil sest engagé sur une série dinitiatives concrètes, à mettre en uvre dans des configurations variables. « Pour augmenter les moyens de projection, ont été décidées la mise en place dune flotte européenne de transport aérien et la création dune unité multinationale dA400M, la modernisation des hélicoptères et lentraînement de leurs équipages, une coopération aéronavale européenne et la constitution dune capacité de projection dune base aérienne. Pour renforcer linformation et le renseignement spatial européen : des accords ont été signés sur le lancement du programme MUSIS de satellite dobservation militaire tout temps et la mise à disposition dimagerie satellitaire au profit du centre satellitaire de lUnion européenne. Pour accroître la protection des forces et leur efficacité en opérations, des accords ont été signés sur le lancement à lAgence Européenne de Défense dun nouveau programme de déminage maritime, la conduite du projet de futur drone de surveillance et la préparation de la mise en réseau des systèmes de surveillance maritime existants ».[9]
Le niveau dambition défini dans lObjectif global de Helsinki en décembre 1999 (déploiement de 60 000 hommes en 60 jours pour une opération majeure) a été réaffirmé, en y ajoutant que dans ce cadre, lUnion devrait être « effectivement capable, dans les années qui viennent, de planifier et de conduire simultanément une série dopérations et de missions denvergures différentes : deux opérations importantes de stabilisation et de reconstruction, avec une composante civile adaptée, soutenue par un maximum de 10 000 hommes pour une durée dau moins deux ans; deux opérations de réponse rapide d’une durée limitée utilisant notamment les groupements tactiques de l’UE ; une opération d’évacuation durgence de ressortissants européens (en moins de 10 jours) en tenant compte du rôle premier de chaque Etat membre à légard de ses ressortissants et recourant au concept dEtat pilote consulaire ; une mission de surveillance / interdiction maritime ou aérienne; une opération civilo-militaire d’assistance humanitaire allant jusquà 90 jours ; une douzaine de missions PESD civiles (notamment missions de police, détat de droit, dadministration civile, de protection civile de réforme du secteur de sécurité ou dobservation) de différents formats, y compris en situation de réaction rapide, incluant une mission majeure (éventuellement jusquà 3000 experts), qui pourrait durer plusieurs années ».[10]
Le domaine de larmement
Poursuivant les efforts de définition dun cadre stratégique européen pour le domaine de larmement, deux nouvelles stratégies ont été adoptées en 2008 par le Comité Directeur de lAgence européenne de défense. Lune sur la coopération européenne en matière d’armement (octobre), l’autre sur la recherche et technologie de défense en Europe (novembre). Elles sajoutent ainsi à la stratégie pour le renforcement de la Base industrielle et technologique de défense (BITD) européenne, signée en mai 2007. A la différence de celle-ci, les deux nouvelles stratégies ninsistent pas sur lexigence de non-dépendance par rapport à des sources non-européennes, mais se contentent de mettre en avant les demandes capacitaires et opérationnelles.
Pour ce qui est des mesures plus concrètes, un Code de conduite sur les compensations (offsets) fut adopté en octobre. Avec son entrée en vigueur prévue pour juillet 2009, il fonctionnera sur la base du volontariat et sous le pilotage de lAED. Le Conseil de lUE, pour sa part, arrêta début décembre une position commune qui « actualise et remplace le code de conduite de l’Union européenne en matière d’exportation d’armements adopté par le Conseil le 8 juin 1998 ».[11] Le contrôle des exportations darmement y est devenu contraignant sans le devenir vraiment. Les « règles unifiées » étant définies dans cette décision relevant du deuxième pilier (PESC et PESD, régies par la logique intergouvernementale), le volet « sanctions » est pratiquement non-existant, puisque ni la Commission ni la Cour de justice na compétence en la matière. Pour le moment, en tout cas. Car nous sommes, néanmoins, sur un terrain mouvant, où chacun de ces deux acteurs pourrait tenter de simmiscer indirectement, en prenant appui sur lintrusion progressive de la logique communautaire du premier pilier (marché commun) dans le secteur, jadis hermétiquement fermé, de larmement.
En effet, cest le « paquet défense », proposé par la Commission en décembre 2007, qui a attiré le plus dattention et suscité le plus de débats tout au long de lannée. Il est composé de deux propositions de directive, sur lesquelles un accord en première lecture fut trouvé en décembre. La première vise à créer un cadre spécifique pour les marchés publics de défense et de sécurité, situés dans une zone grise entre la législation communautaire sur les marchés publics de droit commun et lexemption offerte par larticle 296 du traité ; la deuxième se propose de simplifier les conditions de transfert intracommunautaire des produits de défense, via lharmonisation et lallègement des procédures. Les deux saccompagnent dune communication,[12] dans laquelle la Commission, fidèle à sa tradition, mélange les observations pertinentes et les lieux communs, dresse quelques constats justes, mais sans aller jusquà en déduire la conclusion logique.
Lexécutif bruxellois tire la sonnette dalarme : « Sans réorientation des politiques, lindustrie européenne risque de devenir un acteur et un fournisseur de niche pour des maîtres duvre principalement non européens, compromettant ainsi laptitude de loutil industriel à développer en toute autonomie les capacités dont la PESD a besoin. » Il met le doigt sur le déséquilibre transatlantique dans le domaine de larmement : « Pour lheure, lindustrie européenne de la défense est, de facto, empêchée dapprovisionner le marché américain, à moins de passer par des installations implantées aux États-Unis, en raison des réglementations relatives à la protection de la sécurité nationale, des dispositions instaurant la préférence nationale pour les achats dans le domaine de la défense («Buy American») et dautres mesures. Il est donc difficile pour lindustrie européenne de la défense dexploiter les possibilités économiques aux États-Unis alors que, pour leur part, les entreprises américaines ont plus facilement accès aux marchés européens. ». Mais passé le stade du diagnostic, le collège bruxellois renoue avec ses vieux clichés et ses vieilles chimères.
Pour lui, « Si lEurope veut améliorer son accès au marché américain, il lui faut faire en sorte que son industrie des équipements de défense soit en mesure de rivaliser avec les concurrents américains sur les plans de linnovation et de la qualité. » Faux. Lindustrie européenne na rien à envier à son rival américain, sinon lattention constante avec laquelle les pouvoirs publics doutre-Atlantique veillent à la survie et au maintien de lindépendance du secteur. Quant à linnovation et à la qualité du côté européen, la réaction américaine nest pas de leur autoriser laccès au système américain mais de tout faire pour les y absorber. Comme lavait déclaré le président exécutif du groupe EADS à propos de leurs efforts pour remporter le contrat de ravitailleurs du Pentagone : « Nous sommes devenus un bon citoyen américain ».[13] Pour ce qui est de lautre idée fixe, la Commission affirme qu« une approche plus européenne de la coopération à domicile est un premier pas vers une Europe moins dépendante au plan technologique. » Faux. Le premier pas vers une Europe moins dépendante serait la mise en place dun cadre réglementaire ayant pour vocation explicite la réduction de la dépendance. Faute de quoi la poussée vers plus deuropéanisation, via le démantèlement des garde-fous nationaux, ne fera que nous verrouiller ensemble dans une position de dépendance définitive.
Les relations UE-OTAN
Le rapport sur la stratégie de sécurité européenne admet quentre lUnion européenne et lOTAN « les relations formelles n’ont pas progressé ».[14] Une série dauditions au Parlement britannique, clôturées par la remise dun rapport dune centaine de pages, contribue à préciser ce constat laconique.[15] Daprès les députés doutre-Manche, « Dans la pratique, les relations entre l’OTAN et l’UE sont pleines de difficultés. Elles sont mises à mal par la méfiance et la compétition malsaine, et sont caractérisées par un manque de communication et de coopération. »
Parmi les experts auditionnés, le directeur du Center for European Reform, Charles Grant, a fait remarquer qu« à Bruxelles, on a deux bureaucraties, l’OTAN et l’UE, qui se méfient lune de lautre, qui ne saiment pas lune lautre, et qui ne se parlent pas lune à lautre. ». Michael Cox, professeur des relations internationales à London School of Economics a préféré, lui, parler des aspects politico-stratégiques. Pour lui, entre l’OTAN et la PESD, « il y a une incompatibilité potentielle », puisque les origines de la PESD, « bien que complexes, remontent au désir européen de laisser l’Europe faire davantage et de ne pas voir les États-Unis définir chacun des ordres du jour à léchelle globale ». Il a soutenu que l’incompatibilité serait gérée « tant que la PESD n’est pas très sérieuse ». Toutefois, si la PESD devenait vraiment sérieuse, « il pourrait y avoir une incompatibilité », et il serait possible d’envisager une situation dans laquelle « la main gauche pourrait commencer à se battre avec la main droite ».
Pour lheure, derrière les déclarations sur la parfaite complémentarité des deux organisations, les manuvres se poursuivent. Côté européen, on insiste sur le fait que « lOTAN ne peut pas être partout », en y ajoutant, dun air un peu plus malicieux, que des situations peuvent se produire où « les parties du conflit ne veulent pas dune présence OTAN ». Lire : de celle dune Alliance largement perçue comme un simple instrument de lAmérique. Côté américain, on a décidé de regarder de plus près comment fonctionne la PESD, quitte à participer, sous commandement européen (aux termes dun arrangement classique à linstar de ceux déjà conclus avec les Russes par exemple), à certaines opérations civiles de lUE, notamment au Kosovo, ou encore à la mission de soutien à la réforme de la sécurité en Guinée-Bissao.
Sur le terrain, les relations entre les deux organisations sont parfois assez baroques. Aucun arrangement formel na pu être conclu entre lUE et lAlliance pour les théâtres où elles agissent côte à côte, comme au Kosovo et en Afghanistan. Dans ce dernier cas, la dépendance de EUPOL par rapport aux forces dirigées par lOTAN (la mission UE dépend des troupes de la Force internationale d’assistance à la sécurité, FIAS, pour sa protection et ne peut se déplacer que quand les troupes FIAS sont en patrouille) nest pas sans poser des problèmes de crédibilité à la mission européenne.[16] De surcroît, la course entre les deux organisations pour savoir qui va sengager au Darfour en 2005 sest reproduite à loccasion du lancement de lopération NAVCO en Somalie, avec des accusations de duplication des deux côtés.[17]
Sur le plan politique, lintention déclarée par Nicolas Sarkozy de « renforcer le pilier européen de lOTAN » a remis à lordre du jour la question épineuse dun « caucus » européen dans lAlliance. Sans le moindre espoir de succès, évidemment. En effet, les Etats-Unis (toutes tendances politiques confondues) sont toujours farouchement opposés à lidée, et les Européens toujours profondément divisés. Daprès les diplomates à la délégation permanente de la France à lOTAN : « Si on essayait de créer un caucus européen à lintérieur de lOTAN, les Américains réagiraient très brusquement et probablement quitteraient lOTAN. Par conséquent, personne ne songe plus à établir un caucus UE dans lOTAN ». Dautant que « Quand une fois lAllemagne (la Délégation allemande) a tenté dorganiser un petit déjeuner avec les Etats membres de lUE, les nouveaux Etats membres et la Grande-Bretagne étaient très réticents. Ils disaient quils ne pouvaient accepter aucune sorte de caucus UE dans lOTAN. Ils ont même dit que si un caucus UE se créait à lOTAN, ils allaient pousser pour un caucus OTAN à lUnion européenne ».[18]
Pour ce qui est des espoirs attachés au nouveau Président américain, sur le fond des choses ils sont tout aussi vains. Obama, dont le programme stipulait que lAlliance a vocation « daider lAmérique à relever les défis de sécurité dans le monde entier »,[19] va sans nul doute profiter de leuphorie des « retrouvailles » transatlantiques (et du soulagement des dirigeants du vieux continent de voir arriver quelquun plus soucieux de ne pas les humilier trop ouvertement), pour exiger plus, beaucoup plus, de la part des Européens. On va ainsi très vite retrouver lhabituel serpent de mer des relations Europe - Etats-Unis : la controverse autour du « partage du fardeau ». Aggravée, pour loccasion, par la situation extraordinairement dramatique des troupes et des caisses de lAmérique.[20] Par ailleurs, lactuel secrétaire dEtat français aux affaires européennes et son prédécesseur partagent la même analyse lucide. Daprès Bruno Le Maire : « Quant à Barack Obama, il ne faut surtout se faire aucune illusion : il défendra les intérêts des États-Unis dAmérique et rien dautre ».[21] Monsieur J-P. Jouyet, pour sa part, sest dit « très prudent et très vigilant sur l’articulation entre ce qui relève de l’OTAN et de la Politique européenne de sécurité et de défense. Avec les Etats-Unis, les choses ne seront pas forcément plus faciles ».[22]
La Présidence française de lUE
Chaque présidence tournante est, en quelque sorte, un exercice pour trouver une articulation entre ce qui a été programmé et lirruption de limprévu. Dans le cas de la présidence française de juillet-décembre 2008, on sattendait à une performance exceptionnelle sur chacun des deux. Dune part, au moment où Paris a pris le relais, cela faisait déjà presque un an que la perspective de la présidence française, constamment rappelée par les discours volontaristes du Président Sarkozy, avait dominé toutes les discussions en matière de défense européenne. De lautre, la personnalité du chef de lEtat augurait une réactivité et un activisme hors norme face aux événements. Sur ce dernier point, le Président de la République na certainement pas déçu.
Le semestre de la Présidence française a été marqué par un fort engagement sur le terrain de lUnion européenne : lancement en septembre, à la suite du conflit russo-géorgien, de lopération civile de surveillance en Géorgie, lancement en décembre des opérations de la mission civile EULEX au Kosovo et de lopération navale Atalanta de lutte contre la piraterie au large de la Somalie. Par contre, pour ce qui est des objectifs que la France sétait par avance fixés, le bilan est plus mitigé que ne le laisse entendre le ministre de la Défense en déclarant : « mission accomplie ».[23] Il est vrai que sur chacun des dossiers pré-identifiés par la Présidence quelque chose a été faite. Et, plus important encore, dans le sens souhaité par la diplomatie française. Mais lexcellente campagne de communication ne doit pas faire oublier que le résultat final a été, dans chacun des cas, loin des premières annonces.
En effet, les grandes ambitions initiales et la rhétorique enflammée furent doucement tempérées dès le départ de la présidence. On sest brusquement aperçu quen Grande-Bretagne le Premier ministre Gordon Brown était politiquement trop faible pour sengager aux côtés des Français (si jamais cétait son intention) et que la non-ratification du traité de Lisbonne pourrait compliquer le renforcement de la PESD (alors que, en dautres instances, les dirigeants français navaient cessé de rappeler que lévolution de la PESD est fonction non pas de bricolages institutionnels, mais de volonté politique). Qui plus est, le nouveau Livre blanc français et la réforme militaire qui devaient servir de moteur à des avancées européennes, ont complètement raté leur cible. Lannonce de la réduction des forces et du plafonnement du budget militaire, juste avant le début de la présidence française, ne sera pas de nature à faciliter la tâche de la France pour exiger de ses partenaires des efforts supplémentaires.
Quoi quil en soit, la perspective dun « Saint Malo bis » a cédé la place à une sympathique rencontre des ministres français et britanniques à Northwood à loccasion du dixième anniversaire de lacte fondateur de lEurope de la défense. [24] Au lieu dune nouvelle stratégie de sécurité de lUE, on sest contenté dun « complément », dune simple « mise à jour », par ailleurs aussi peu susceptible de révolutionner la réflexion stratégique de notre temps que le document original.[25] Si le budget annuel de lAgence européenne de défense connaîtra une augmentation sensible, l’établissement d’un budget pluriannuel, pourtant jugé essentiel, est repoussé à 2009.[26] Pour le reste, on a vu que la réforme du mécanisme de financement Athena a été limitée ; que les nouvelles restructurations institutionnelles et les nouvelles mesures en matière darmement laissent toujours en suspens les questions stratégiques fondamentales ; et que la noble ambition de « renforcer le pilier européen de lOTAN » na pas plus de chance daboutir aujourdhui quelle nen avait hier.
Lannée 2008 : les apparences dune rupture
La continuité la finalement emporté en 2008 sur les annonces fracassantes et les apparences de rupture. Cest le cas en ce qui concerne lévolution générale de lEurope de la défense qui continue à suivre son propre rythme, mais aussi pour les positions française et anglo-saxonne qui continuent à sopposer sur les mêmes questions de fond. La nouveauté se trouve plutôt au niveau des argumentaires et de la présentation du débat. Du côté français, on réussit à retourner la charge de la preuve. En proclamant sa foi pro-américaine, pro-OTAN et en faisant les gestes correspondant à cette option, Paris fait la démonstration de sa sincérité concernant la compatibilité OTAN-UE, cest donc maintenant aux autres den faire autant. En acceptant, sur chaque dossier concret (quartier général, armement, relations entre la PESD et lAlliance) loption qui consoliderait une défense européenne indépendante. La France met ainsi le camp (euro-) atlantiste face à sa contradiction principale : si les valeurs et les intérêts sont aussi communs, entre les deux rives de lAtlantique, que lon prétend, il ny a aucune raison de faire de lautonomie européenne un épouvantail.
Du côté atlantiste, le nouveau raisonnement veut que les Etats-Unis, aujourdhui affaiblis, confrontés à de nombreuses difficultés sur le terrain militaire, diplomatique et budgétaire soient, enfin, dhumeur plus coopérative car ils auraient, enfin, vraiment besoin de leurs « partenaires » européens. Passons sur le fait quil y a quelque chose de profondément malsain de se réjouir de la faiblesse et des difficultés de son plus grand ami et allié en y voyant la seule chance pour lui extorquer des concessions en vue dune relation plus équilibrée. Limportant ici, cest que même cet espoir farfelu est illusoire. Les Etats-Unis entendent toujours organiser la coopération transatlantique selon leurs propres termes, et plus ils se sentiront affaiblis, plus ils se montreront attachés aux leviers qui leur permettent, depuis un demi-siècle, dy dicter les règles. Or lune des clés se trouve dans le maintien sous tutelle de la sécurité européenne.
En réalité, derrière la convergence factice sur les idées de « partenariat équilibré » et de « dialogue entre alliés égaux », le débat na fait que de se déplacer. Certes, tout le monde se déclare hostile aux questions « idéologiques », terme introduit dans les débats sur la PESD pour stigmatiser toute allusion à des considérations stratégiques fondamentales, en particulier celle concernant la question de la dépendance vs. autonomie. Et tout le monde se présente comme le plus chaud partisan du « pragmatisme », mot magique pour évacuer, justement, toute réflexion de fond sur les questions de souveraineté et de contrôle, qui permettrait didentifier les intérêts auxquels telle ou telle mesure concrète bénéficierait en définitive. Mais ceci ne montre rien dautre quà la place de laffrontement direct des débuts de la PESD, les choix politiques fondamentaux se jouent et se décident maintenant sur les soi-disant « détails », dans les coulisses feutrées des négociations dites techniques. Ce qui nest pas sans comporter un certain degré de risque. La tentation est, en effet, dautant plus forte de céder à la facilité, à la pression du plus fort ou/et du plus grand nombre, de faire des concessions sur la question essentielle de la souveraineté, à condition de pouvoir les habiller dans de belles formules, et de se faire ensuite applaudir en public. La vigilance reste donc, sans doute plus que jamais, de mise.
[1] N. Pirozzi - S. Sandawi, « Five years of ESDP in Action: Operations, Trends, Shortfalls », in European Security Review n°39, juillet 2008, pp 14 -17.
[2] - Nicolas Gros-Verheyde, « Le mécanisme de financement Athena est réformé a minima », Europolitique, 12 janvier 2009.
[3] - Giji Gya, « New Starts or Old Regressions? », in European Security Review n°40, septembre 2008.
[4] Claire Nestier, « Post Wiesbaden: Improving Strategic Planning », in IMPETUS, bulletin de lEtat-major de lUE, n°5 printemps/été 2008, pp8-10.
[5] Audition de M. Jean-Pierre Jouyet, Secrétaire d’État chargé des affaires européennes devant la délégation pour l’Union européenne du Sénat, 24 juin 2008.
[6] Rapport de la Présidence sur la PESD, 9 décembre 2008, p25.
[7] Hervé Morin, « Relaunching European Defence », in EDA Bulletin, n° 9, juillet 2008.
[8] Le Comité Directeur est l’organe de décision de l’Agence, il est composé d’un représentant (ministre de la Défense ou niveau non ministériel) de chaque État membre participant (tous les Etats membres de lUE sauf le Danemark) et d’un représentant de la Commission (sans droit de vote). Le Comité Directeur décide à la majorité qualifiée des deux tiers des voix pondérées, mais un mécanisme de « frein d’urgence » permet à un État membre de suspendre l’adoption d’une décision pour des raisons importantes et déclarées de politique nationale, et de porter la question devant le Conseil, pour décision à l’unanimité.
[9] Une Europe qui agit pour répondre aux défis daujourdhui, Présidence française du Conseil de lUnion européenne - bilan et perspectives, Secrétariat général des Affaires européennes, 5 janvier 2009, p12. Pour plus de détails, voir la Déclaration sur le renforcement des capacités, 11 décembre 2008, pp3-4.
[10] Déclaration sur le renforcement des capacités, 11 décembre 2008, p1.
[11] Position commune du Conseil, définissant des règles communes régissant le contrôle des exportations de technologie et d’équipements militaires, 8 décembre 2008.
[12] « Stratégie pour une industrie européenne plus forte et plus compétitive », Communication de la Commission, 5 décembre 2007.
[13] « Louis Gallois : Nous sommes devenus un bon citoyen américain », Propos recueillis par V. Gd, Le Figaro, 3 mars 2008.
[14] Rapport sur la mise en uvre de la stratégie européenne de sécurité - Assurer la sécurité dans un monde en mutation, 11 décembre 2008, p11.
[15] The future of NATO and European defence, House of Commons Defence Committee, Ninth Report of Session 2007-08, 20 March 2008.
[16] Giji Gya - Olivier Jacquemet, « ESDP and EU mission update », in European Security Review, n°39, juillet 2008, p21.
[17] Valentina Pop, « MEPs say anti-pirate mission is military nonsense », EU Observer, 15 octobre 2008. Nicolas Gros-Verheyde, « Lopération récup de lOTAN contre les pirates en Somalie », http://bruxelles2.over-blog.com, 21 octobre 2008.
[18] Jan Gaspers, « Frances Rapprochement with NATO : Paving the Way for an EU caucus ? » in European Security Review n°40, septembre 2008.
[19] Barack Obama and Joe Biden : A Stronger Partnership with Europe for a Safer America, http://www.barackobama.com.
[20] Pour une analyse plus approfondie, voir de lauteur : « Nouvelle politique européenne de lAmérique dObama : plus ça change
moins ça change ? » in La Lettre Sentinel n°50, novembre 2008.
[21] Audition de M. Bruno Le Maire, secrétaire dEtat chargé des affaires européennes, devant la Commission chargée des affaires européennes de lAssemblée nationale, 17 décembre 2008.
[22] Audition du secrétaire dEtat chargé des affaires européennes, M. Jean-Pierre Jouyet, devant la Commission des affaires étrangères de lAssemblée nationale, 2 décembre 2008.
[23] « LEurope de la défense est relancée. Mission accomplie », Entretien avec Hervé Morin, ministre français de la Défense, Propos recueillis par Nicolas Gros-Verheyde, in Europolitique, 14 novembre 2008
[24] Myriam Claude, « 10 ans après Saint Malo, la PESD inaugure le PC de la mission Atalante au Royaume Uni », http://www.defense.gouv.fr, 4 décembre 2008.
[25] Rapport sur la mise en uvre de la stratégie européenne de sécurité - Assurer la sécurité dans un monde en mutation, 11 décembre 2008.
[26] Le budget de fonctionnement, qui s’établissait à 17 millions d’euros en 2007 et à 20 millions d’euros en 2008, sera porté à 22 millions d’euros. Le budget opérationnel qui était passé de 5 à 6 millions d’euros de 2007 à 2008, s’élèvera à 8 millions d’euros en 2009.
(Hajnalka Vincze, Bilan 2008 de la politique de sécurité et de défense de lUnion européenne, Défense & Stratégie n°25, hiver 2008, 29 500 caractères)
Christian Steiner
06/03/2009
Une citation extraite et deux remarques sur votre texte, qui ma fait carburer (merci).
1. « (...) Il ny ni complot, ni agenda, il ny a pas de coordination, il ny a pas dorchestre avec un chef »...
... ce qui est presque lexact contraire à ce que jai cru comprendre mais vous me corrigerez de la manière dont la révolution conseratrice américaine a procédé, avec son Manifeste Powell comme « blueprint » ou « Road Map », puis lactivation dun réseau ad hoc de think tanks, dintellectuels, de journalistes, de lobbyistes, de pressions etc. pour atteindre le but fixé. Le livre de Susan George (La Pensée enchaînée. Comment les droites laïque et religieuse se sont emparées de l’Amérique, 2007) offre une autre vue du même épisode, décrivant comment la « Wedge tactic », explicitement voulue et construite pour atteindre cette contre-révolution, a été mise en uvre à travers tout un ensemble dinstitutions, de groupements, dassociatons etc., reliés pour loccasion.
Comme quoi, on voit dans ladversaire limage de ce quon est soi-même. (On cherche à discerner chez ladversaire, probablement par angoisse, le même genre de comportement, de tactique quon a eu soi-même).
2. « (...) Il ny ni complot, ni agenda, il ny a pas de coordination, il ny a pas dorchestre avec un chef » (bis) :
Toujours cette même difficulté à envisager un événement comme pouvant être le résultat de quelque chose de spontané, de non dirigé, de non planifié, danarchique, de chaotique. Chacun possède peu ou prou cette tendance implicite, jimagine, à chercher un ordre, une logique, une explication dans les choses qui nous entourent (après tout, organiser la perception du monde avec un minimum de régularité, de récurrences permet de vivre plus facilement). Mais voire systématiquement derrière chaque événement, chaque mouvement, chaque bruissement de feuille, une finalité, une volonté à luvre, une direction, un but, un plan (un complot) semble être la caractéristique dun certain type de pensée, dont laméricanisme est un grand représentant.
Le dernier livre de Jean-Philippe Immarigeon centre son sujet sur cette manière de voire le monde quest laméricanisme, mélange de croyance en la predestination calviniste, en un déterminisme positivo-scientitiste et dans la recherche utilitariste du bonheur (sonnant et trébuchant) primant sur la liberté. Ce qui revient à une espèce de croyance au Savoir absolu, donc à la « méthode totale ou universelle » permettant de résoudre tous les problèmes qui pourrait se présenter, quelque soit le contexte, lépoque, le sujet. Etrange pragmatisme qui ne croit quà ce quil voit tout en croyant à la vérité absolue, confondant lobjet et la représentation de lobjet. Rien de neuf sous le soleil : cest la croyance au managment (à la rationalisation) de toute chose : usines, commerce, finance et économie par le crédit (Aron et Dandieu, « Le cancer américain ») mais aussi hommes, justice, politique, révolution, guerre et stratégie (Immarigeon, « Le monde selon RAND »), gènes (Marie-Monique Robin, « Le monde selon Monsanto »), agriculture, nourriture, évolution, climat, bref, croyance au managment de la Terre entière et de tous les vivants qui y habitent. Tout cela abondamment analysé par la critique européenne des années 30, par vous-mêmes et par dautres critiques contemporains dans une multitude de domaines divers (et malheureusement trop séparé).
Cette vision du monde, ce « Monde selon Monsanto », ce « Monde selon RAND » on pourrait en rajouter à nen plus finir : le « Monde selon Citygroup », le « Monde selon le JSF » etc. etc. , cest la vision américaine du monde, rationalisante, réductrice, mécaniste à lextrême.
Cest aussi cette vision du monde qui est en train de sécrouler devant nous. Cette vision du monde qui est devenue incapable de répondre aux nouvelles nécessité de ce monde quelle a pourtant contribué à changer, une vision du monde dépassée par les événements et les nouvelles réalités, une vision du monde qui bute devant ses propres limites, devenue incapable de donner des réponses pertinentes, crédible, légitime, adéquate.
Et à lheure dInternet et de la globalisation finissante, chacun dentre nous le constate même les spécialistes militaires usuellement pro-US…
Cest ainsi que finissent… jallais dire les civilisations, mais ça paraît pompeux et grandiloquent en loccasion ; mettons la phase hégémonique, impériale, irrésistible des « grandes cultures » : par perte de crédibilité, par abandon de leurs dieux dans lesquels on ne peut soudain plus croire faute defficacité, par inadéquation de la vision du monde devenue soudainement inopérante, ubuesque, ridicule… (Voir à ce sujet le dernier numéro des Cahiers de Science et Vie n°109, févier-mars 2009, qui vaut mieux que ce que sa couverture laisse paraître)
Arrivé à ce point, ne pourrait-on faire le rapprochement avec votre thèse sur la mécanisation du monde, ouverte en 14-18, triomphante depuis lors de manière non questionnée, puis resurgissant aujourdhui sur le devant de la scène des consciences ? Cette vision américaine du monde qui sécroule, nest-ce pas lavatar (lultime avatar) de la modernité, mécanique, réductrice, qui se dissout dans lincrédulité et le dégoût général ?
Pour paraphraser quelquun qui nest plus à citer textuellement (qui ne le fut jamais) : LAmerican dream est mort ! Et cest nous qui lavons tué, insensé que nous sommes ! Voilà que nous allons devoir faire sans, voilà que mous allons devoir traverser des étendues dévastées vers des horizons si lointains…
(Haut les curs !)
Dedef
06/03/2009
Je suis étonné que P. Grasset n’ai pas fait à cette occasion une allusion au decoupage du moyen-orient de notre cher Ralph Peters, qui a fait l’objet d’au moins un article sur dedefensa.
au passage relire: Les cinq stades de l’effondrement Dmitry Orlov 11 novembre 2008 http://www.orbite.info/traductions/dmitry_orlov/les_cinq_stades_de_l_effondrement.html
Laurent Demaret
06/03/2009
Puisqu’il est question de Slim (dont j’avoue avoir ignoré l’existence jusque là) le hasard a voulu qu’en sortant de la lecture du précédent commentaire j’entende son nom cité sur CNBC: il vient d’investir 250 millions de US$ dans le New-York Times d’après une confidence du patron du NT à un journaliste de CNBC live from la “Financial Capital of the World” comme ils s’auto-proclament si fort chaque jour.
Par contre pas un mot sur ses motivations ...
Francis Lambert
06/03/2009
“Je tente d’y démontrer que cette force est bien plus importante qu’elle en a l’air :
- parce que les Européens sont arrivés à projeter au milieu de nulle part une force conséquente, et qu’ils ont découvert que ce n’était pas réservé aux seuls Américains et otaniens.
- parce qu’ils valident expérimentalement le concept de “date finale d’opération” qui remplace dans les faits la notion d’effets majeur (je renvoie au grand débat sur les Centres de gravité que nous avions eu l’été dernier)
- que du coup, ils mettent en place le concept d’opérations relais
- avec une véritable approche civilo-militaire.
Bref, ça aura plus de conséquences que ça n’en a l’air, alors pourtant que cette opération n’a été la priorité de pas grand monde (je reste poli, on va encore me reprocher les mots que j’emploie : comprenne qui pourra)”
Olivier Kempf, http://www.egeablog.net/dotclear/index.php?
Père Iclès
06/03/2009
Est-ce que ça n’annonce pas une dérive philosophico-journalistiques du type de celles qui ont été observées dans le passé (notamment en France) et qui prendrait par exemple la forme d’un amalgame du style : critiquer le JSF, c’est faire le jeu du terrorisme (ou de tout autre épouvantail commode), critiquer le JSF, c’est anti-capitaliste, et c’est, c’est (ici, feindre de s’étrangler de fureur) antisémite….
Crapaud Froid
06/03/2009
Que lemploi massif de hautes technologies soit un échec du modernisme et de laméricanisme pour ses piteux résultats sur le terrain, voilà une conclusion facile à admettre.
Mais quen pense le Pentagone ? Poussé par lopinion qui ne veut pas de morts américains, et par les scientifiques qui lui promettent quaucun problème ne résiste à lanalyse, il ne lui paraît pas ridicule de mettre 6 $milliards sur la table pour détecter à distance davion un véhicule suspect. Pour lui, léchec de la technologie nest pas consommé, pas plus quil ne le fut au terme de la Grande Guerre.
Ainsi persiste ce qui caractérise à mon sens cette « rupture de civilisation » : laveuglement. Dans les cultures traditionnelles, la capacité à voir venir le danger, y compris dans un rêve, était lapanage des sages. Aujourdhui, ce rôle est dévolu aux intellectuels et scientifiques, mais rien nest prévu pour prendre en compte leurs oracles angoissés. Comme dans une névrose, ceux-ci sont refoulés de force et par tous les moyens, ce qui incite à considérer le virage anti-démocratique du 9/11 comme le signe dune élite aux abois. La conclusion selon laquelle : « La croisade en Irak nest pas celle de lOccident contre les musulmans mais celle de notre idée de la technologie maîtresse du monde contre notre angoisse inconsciente que cette idée soit fausse. » implique le refoulement des voix dissidentes qui montent den bas : le « laboratoire in vitro de notre grande crise » se double dun théâtre in vivo destiné aux masses occidentales, pour les maintenir dans lillusion, inspirée du christianisme, quil ny a pas dautre voie possible.
Roman Dominguez
06/03/2009
Bien quon ne puisse pas entrer dans tous les détails, nuances et problèmes qui pose la situation mexicaine, jaimerais bien préciser quelques points sommairement :
1. Par rapport à la question dillégitimité de Calderón : pour une grande partie des mexicains, cest le grand capital (Slim, un des hommes les plus riches du monde, les deux grandes corporations de télévision, Televisa et TV Azteca, parmi dautres) qui, en complicité avec le gouvernement de droite PAN-, lappareil de cooptation du vote (hérité des années du Parti dit officiel PRI-), et même les magistrats de la cour suprême, a opère un véritable coup détat « technique », cest-à-dire ils ont construit en 2006 une élection truquée avec un vainqueur « inattendu ». Cela afin dempêcher que le candidat de gauche, López Obrador arrive au pouvoir.
2. Cela aurait comme fond principal non pas seulement la poursuite du modèle américaniste et l« intégration » économique et militaire de lAmérique du Nord, mais aussi, en cohérence avec ce modèle, laffaiblissement et la postérieure privatisation de lentreprise dÉtat la plus importante du point de vue économique et stratégique : PEMEX (la compagnie pétrolière), les acquéreurs étant, de manière prévisible, des compagnies américaines et même REPSOL (Espagne). López Obrador étant, à son tour contre ladite privatisation et en faveur dun encouragement de PEMEX comme catalyseur dune politique économique nationaliste, quoique modérée (López Obrador nest pas Chavez, comme le voulait la droite, qui a payé de la publicité dans ce sens afin d« effrayer » à certains électeurs).
3. La décision dentreprendre une « guerre contre le crime organisé », nétait pas si naïve, du moins pour une partie de lélite gouvernante (gouvernement + grand capital), car le projet de ce quon appelle « initiative Mérida » contemplait un appareil conjoint de « sécurité » militaire dans les deux États (USA et Mexique). Du point de vue de cette élite, ladite guerre aurait parmi dautres effets, de détourner l« opinion publique » des thèmes comme le contrôle du pétrole et l« illégitimité » de Calderón, un peu à la façon de la « guerre contre la terreur » de Bush Jr, en rassemblant aussi la population en faveur dune cause « juste ». Or, le signe de nos temps, cest quaucune guerre ne saurait en finir, dautant plus une guerre de 4G. Ma hypothèse est la suivante : le dessein inavouable de cette élite (parfois caché même aux yeux des américains), cest justement, en accélérant la militarisation du pays, de provoquer une invasion de larmée étasunienne, afin de sécuriser les points stratégiques, par exemple les puits de pétrole, qui courraient dès lors les risque dêtre attaquées par des terroristes (à ce point-là, la proteste sociale vue déjà comme une partie dudit « terrorisme » dont lautre pôle seraient les cartels de la drogue).
4. Comme corollaire de ma hypothèse, je dirais quil y aurait un dessein plus inavouable encore de la part des certains dirigeants : lannexion de facto, temporelle ou définitive dune partie du Mexique aux USA, ou pour rester en concordance avec DeDefensa, de ce qui resterait des USA. Ce qui montrerait dailleurs le « pro-américanisme primitif » (en contrepartie dun anti-américanisme aussi « primitif ») des certains élites en Amérique Latine, formées en partie aux USA ou en ladoration sans bornes des USA : le délire de sallier aux USA, dans le pire de ses moments de son histoire contemporaine.
5. Une petite remarque : ce nétait pas Zapata le « bandit » cherché par les troupes de Pershing, cétait le « Centaure du Nord », Villa. Et cest connu que les troupes de Villa on été les seuls (à part des anglais, qui disputaient au XIXème siècle le contrôle de ceux qui sont aujourdhui les États du nord-ouest américain) en envahir les USA (la ville de Columbus, dans lArizona) ce qui a provoqué dailleurs l« expédition punitive » de Pershing. De ce fait, Villa serait jusquau nos jours le seul parmi les latins, pour reprendre à nos frais la question de Ferrero et le « Genie latin », (même sil na pas participé personnellement au saccage de Columbus) en oser souiller la « Terre promise ». Il faudra ajouter que cette « Terre » était jusquau milieu du XIXème siècle, toute comme lensemble su sud-ouest américain, « Terre mexicaine ».
6. Il ne faudrait pas oublier non plus que selon des sources différentes, il y aurait autour des 20 millions de gens dorigine mexicaine, avec ou sans papiers, citoyens américains ou pas, aux USA, notamment dans les États frontaliers du Sud. Lorsquune invasion « punitive » se déclenche, qui envahirait qui ?
Jean-Paul Baquiast
05/03/2009
On doit noter le mépris que NS manifeste à l’égard de l’opinion publique française et européenne. Il va au Mexique, dans le bourbier bien décrit par Dedefensa, sans que personne soit informé de ce qu’il va y faire. On ne parle que de faire libérer la française condamnée à la prison. Que va-t-il vendre, que va-t-il acheter? Nous ne sommes pas jugés dignes de le savoir. Je suppose qu’il n’en sait rien lui-même. Ce génie diplomatique improvisera une fois de plus.
thierry .
05/03/2009
Bonjour,
l’article de Mr Panarine est intéressant en effet.
Mais on ne peut s’empêcher d’y voir aussi une jubilatoire “réponse du berger à la bergère”.
Rappelez-vous : il n’y a pas si longtemps, on avait parlé de certains projets, caressés dans les milieux néo-cons américains, de fragmentation de l’ensemble russe en plusieurs tronçons pour en dégager la Sibérie et les zones pétrolières ; s’il n’était pas apparu de pouvoir fort sous la présidence de Mr Poutine, capable de mettre un coup d’arrêt à ces projets, il est possible que l’encerclement et la déstabilisation de la Russie aurait pu continuer.
Certain milieux russes un peu clairvoyants ne l’ont assurément pas oublié, et se font un plaisir de renvoyer la balle à l’expéditeur…
L’actualité africaine et dans les balkans illustre très bien les manières des stratèges américanistes, et nous nous sommes laissé dire que dans le cas du Darfour lui-même…
Cordialement Thierry
thierry .
05/03/2009
Bonjour,
intéressant…
Mais où situez-vous la limite entre “bandits”, “chefs de guerre”, et “seigneurs féodaux” ?
Quand les tribus germaniques ont déboulé en Gaule et sur le monde latin, les Romains les ont alors peut-être qualifié de troupes de bandits ; mais la suite a prouvé que ces “bandits” étaient capable de reprendre en charge, sur des bases différentes, un monde qui s’écroulait de lui-même.
Mais la grande particularité de cette métamorphose europénne du 4e et 5e siècle après JC, dont ne s’avise en général pas la pensée moderne, par définition laîque et portée à sous-estimer “l’effet religion”, c’est qu’il y existait à l’époque une tradition jeune et en plein développement, et que c’est elle qui a réalisé l’unité culturelle de ce monde qui devait se définir par la suite comme chrétien.
En l’absence aujourd’hui d’un tel élément capable de réunir les principautés et les pouvoirs dans une certaine unité culturelle à l’échelle mondiale, ce genre de processus pourrait plutôt déboucher à long terme sur une situation analogue à celle qui existait, par exemple, en Afrique noire ou en amazonie au 16e - 18e siècle : une poussière, éclatée à l’extrême, de tribus et de cultures différentes, non pas jeunes et primitives comme le croient nos ethnologues “modernes” et de parti pris évolutionniste, mais restes figés et sclérosés d’anciens royaumes ou empires disparus : la complexité et la rigidité des tabous et structures coutumières semblerait l’indiquer.
Il paraît aujourd’hui saugrenu de penser que celà soit sérieusement possible chez nous, mais si l’actuelle déstructuration de nos sociétés montait vraiment en puissance sans être enrayée par des facteurs et paradigmes extérieurs et surtout radicalement nouveaux, c’est ce qui pourrait nous pendre au nez à long terme, à l’échelle de plus d’une génération, évidemment.
Mais après tout, les modernes partisans d’un “nouvel ordre mondial” ont peut-être d’ores et déjà dans leurs cartons une nouvelle religion à nous proposer…
Cordialement Thierry
Père Iclès
05/03/2009
On ne peut pas attaquer les US au sol sans passer par le Mexique ou par le Canada (on pourrait imaginer envahir l’Alaska à partir de la Russie mais on n’atteindrait pas de cette manière le coeur des US).
Depuis les années 2000 circule dans les milieux conspirationnistes une interprétation du projet d’un Nouvel Ordre Mondial dans lequel l’ordre mondial serait en voie d’être représenté par un gouvernement mondial fasciste autoproclamé.
Un certain nombre de faits et notamment le déroulement de certaines crises, de la propagande qui les accompagne (et parfois les annonce) et la nature des étranges propositions (voyez celles de Attali) qui sont faites pour les résoudre montrent une fois de plus qu’il n’y a pas de fumée sans feu.
Cet ordre en cours d’édification rencontre un problème sérieux : l’hostilité des citoyens US à l’adhésion à un état mondial… Les citoyens Us ne sont pas les seuls à être hostiles à l’idée mais le pays a les moyens (militaires et plus particulièrement nucléaires) de ce refus.
Les “élites” qui gouvernent ce pays sont sans doute acquises à l’idée d’un état mondial d’autant plus qu’elles s’imaginent à sa tête mais la population, elle, tient à sa liberté, à la spécificité de son système, à son “américanité”. Il suffit de parcourir les forums US pour se rendre compte de l’aversion des citoyens US à toute association avec le reste du monde.
Pour les promoteurs du projet, il est impensable d’attaquer le système US de façon frontale en violant délibérément la société US, et ce qui est présenté depuis deux siècles comme la volonté des pères fondateurs par exemple en imposant l’ordre mondial par l’intermédiaire de troupes de l’ONU car la population US dispose d’armes en grand nombre et que l’armée US basculerait sans doute dans le camp de la population avec armes (dont nucléaires) et bagages. La guerre civile que l’on a patiemment préparée à l’intention de la population US et dont l’objectif est la dislocation du pays, devra rentrer par une des deux portes qui s’offrent : la Canada ou le Mexique.
C’est le Mexique qui a été choisi mais il n’est pas certain que la porte canadienne soit longtemps négligée…
Dans cette théorie, le côté irrationnel de la guerre au terrorisme et de la gabegie en matière de budgét militaire s’expliquent parfaitement : il ne s’agit pas de gagner une guerre mais simplement d’épuiser l’armée US et de la faire détester par la population US ( d’où les tortures hyper-documentées de Abou Ghraib) afin que cette dernière commence à douter du bien fondé de sa Constitution et soit préparée à s’en remettre à une autorité supérieure, en commençant par rêver d’un retour à des “états désunis”...
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