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À propos du verbe sacquer.2

Article lié : Le fardeau du Pentagone

jc

  04/04/2020

Il y a aussi amalgame -> amalgamer, dont l'étymologie est passionnante: https://fr.wiktionary.org/wiki/amalgama#la .

En théorie mathématique des catégories, le royaume de Grothendieck¹, la somme amalgamée est duale de celle de produit fibré.

Je pense que l'on peut "voir" l'Unité primordiale comme la somme amalgamée de toutes ses actualisations possibles, de toutes les chairs qui peuvent sortir du verbe, qui peuvent se différencier à partir de lui.


¹: Mais pas du tout celui de Thom: cf.ES p.33.

À propos du verbe sacquer.3

Article lié : Le fardeau du Pentagone

jc

  04/04/2020

https://fr.wiktionary.org/wiki/saquer

À propos du verbe sacquer.1

Article lié : Le fardeau du Pentagone

jc

  04/04/2020

est-ce le verbe qui se fait substantif ou le substantif qui se fait verbe? Le verbe est du côté de la puissance, de la matière informe, alors que le substantif est du côté de l'acte, de la matière formée, de la forme. Et l'étymologie suggère que le substantif est l'être premier (mais peut-être premier selon l'être seulement, si l'on suit Aristote). Autrement dit cette étymologie suggère que le topos précède ontologiquement le logos, et la citation thomienne peut, je crois, être comprise dans ce cadre:

"(...) à beaucoup d'égards, l'ontologie, c'est l'obstacle."

Je crois effectivement que pour penser il faut avant tout un cadre de pensée, il faut des concepts-points-d'ancrage¹, penser nécessite d'amarrer cette pensée. Le chat et la souris sont des substantifs, des formes. Le verbe "mange²" anime ces formes inanimées: le chat mange la souris. De ce point de vue c'est la forme qui aspire à être animée par la matière, à être ressucitée d'entre les morts.

En résumé il s'agit peut-être de deux façons d'aborder la même chose, du point de vue du logocrate et de celui du topocrate, comme il y a deux façons d'aborder la physique moderne de l'infiniment petit, de façon ondulatoire ou de façon corpusculaire. Et je pense que progresser dans la co-naissance, c'est alterner les deux points de vue, comme un alpiniste qui grimpe une cheminée en opposition sur ses deux parois.

Pour en revenir, pour finir, aux substantifs qui se verbalisent(?), dont Thom écrit dans ES (1988) qu'il n'en connaît pas, il me semble qu'il y en a effectivement assez peu, mais ceux auxquels j'ai pensé depuis hier me semblent être assez fondamentaux, en particulier pour un logocrate nostalgique:

1. un, unir, que thom associe à la catastrophe élémentaire triviale (V(x)=x²)
2. fin, finir (temporel), but, buter, début, débuter,(spatial), que thom associe à la catastrophe "pli";
3. tour, entourer³. (Il y a aussi semer -> semence -> ensemencer)

Daniel Vouga (à propos de Maistre et Baudelaire): "Le progrès donc, le seul progrès possible, consiste à vouloir retrouver l'Unité perdue." ("La Grâce de l'Histoire, tome III.1, p.105, À LIRE ABSOLUMENT pendant cette période de confinement, e-book Amazon 0.99€ -à vérifier-)


¹: Ainsi le géomètre fera-t-il le signe de la croix du matheux (le repère cartésien orthonormé) et se placera par la pensée à l'origine du repère, en prédation virtuelle sur le point de coordonnées génériques x et y, qu'il reliera au repère par un rectangle figurant une mâchoire se refermant sur lui. Cf. AL p.177.

²: J'ai mis "mange" et non "manger", parce que le "e" muet rappelle le fait que le verbe est "en puissance" (alors que infinitif manger suggère que l'action de manger es terminée).

³: Ce verbe ne figure pas dans les seize morphologies archétypes thomiennes (SSM, 2ème ed, p.312)

Captain Crozier

Article lié : Le fardeau du Pentagone

Dominique Larchey-wendling

  03/04/2020

À propos du verbe sacquer

Article lié : Le fardeau du Pentagone

jc

  03/04/2020

Il me semble avoir lu qu'un grand écrivain aurait dit "L'orthographe? C'est l'affaire de l'éditeur!

Je crois que l'étymologie de sacquer c'est sac; originellement sacquer, c'est mettre en sac, c'est limoger. Je relève cette "faute d'orthographe" non pas pour faire remarquer que l'équipe de relecture et d'édition de Dedefensa -évidemment nombreuse- a failli à son devoir d'éditeur, mais pour ce qui suit, qui concerne le logocrate que PhG s'affiche être.

Thom: "Il est toujours possible de "nominaliser" un verbe, par une dérivation ou une forme spécifique (infinitif); au contraire il n'y a pas de moyen canonique de verbaliser un substantif .(...) Aucun contre-exemple ne m'a jamais été apporté (Boycott, Lynch en anglais, Limoges en français ne font pas le poids)." (Es, p.196)

Thom, que je considère comme un topocrate, est donc clairement ici un logocrate: le verbe peut se substantiver, le verbe peut se faire chair, mais Thom s'interroge sur l'universalité de l'inverse dans la suite du paragraphe, intitulé "Les universaux linguistiques": la chair peut-elle redevenir verbe? Biologiquement (l'analogie est possible dès qu'on est d'accord avec ma citation favorite) cela signifie qu'une fois différenciée la cellule ne peut que très difficilement se réindifférencier. Mon épouse, médecin, me dit qu'elle a appris pendant ses lointaines études cette possibilité de la cellule: la chair est capable de se faire verbe comme le sac est capable de se sacquer.

Différence opérationnelle entre affectivité et affectivisme

Article lié : La Chine révélatrice

jc

  03/04/2020

Pour Thom c'est, en biologie, l'affectivité qui déforme la figure de régulation de l'organisme en la compliquant. Pour lui c'est ça qui fait évoluer les sociétés animales:
- évolution imposée par l'extérieur ("darwinienne") si une espèce donnée est en position de proie (qui peut peut-être amener ladite espèce à se suicider bien avant qu'elle ne soit exterminée par son espèce prédatrice, la peur étant mauvaise conseillère);
- évolution imposée par l'intérieur ("lamarckienne") dans le cas où l'espèce est en position prédatrice.
Autrement dit, selon Thom (je crois…), c'est une saine affectivité qui fait évoluer les espèces.

Par analogie (licitée par ma citation thomienne favorite), on peut transposer aux sociétés cette façon de voir les choses. Et là on voit tout de suite que la qualité de l'affectivité joue, là aussi un rôle prépondérant. On peut s'attendre à ce qu'une saine affectivité fasse évoluer sainement la société et qu'une affectivité malsaine -comme l'est l'affectivisme-Système- la fasse évoluer malsainement.

PhG: "... les antiSystème sont là pour l’exciter, le Système, pour le rendre fou de rage, pour lui faire prendre des mesures extrêmes et mauvaises."

Je crois que c'est effectivement par ce moyen que les antiSystème peuvent amener le Système à se suicider. Très spéculativement (encore plus que d'habitude) je vais ci-après expliciter le mdèle thomien du suicide, modèle qu'il associe à la catastrophe élémentaire "queue d'aronde", mais dont, je crois, on peut voir le principe sur le modèle plus simple suivant, associé à la catastrophe "pli", la plus élémentaire de toutes. pour se fixer les idées on pensera aux USA.

À cette catastrophe est associée le potentiel V(x)=x³ qui se déploie en W(x)=x³+ax, a paramètre de contrôle. Les USA se sont créés lorsqu'ils se sont affranchi de la tutelle anglaise. Sur le modèle ça correspond au cas ou le paramètre de contrôle a, initialement négatif (USA "en puissance"), devient positif, le graphe de la fonction potentiel présentant une cuvette dans laquelle se trouvent les USA (USA "en acte"). Ce sont eux qui ont l'initiative, ce sont eux qui contrôlent le paramètre de contrôle. Mais la situation a changé: il est actuellement clair que les USA ne maîtrisent plus la situation géopolitique mondiale. Ce sont d'autres (la Chine, la Russie, etc.) qui se disputent maintenant avec les USA le contrôle du paramètre de contrôle et il est vraisemblable que dans un temps pas très lointain, ces nouveaux leaders mondiaux prendront le contrôle de ce paramètre a et le feront repasser négatif, ce qui détruire les USA.

Ce scénario les USA le sentent et s'agitent. Sur le modèle de la catastrophe "pli" cela se traduit par le fait que les USA, initialement paisiblement installés au fond de la cuvette de potentiel (avec a>0), commencent à s'y agiter, le point représentatif des USA se mettant à osciller de plus en plus fortement dans la cuvette autour du fond-point-d'équilibre. Et il arrive un moment où les USA sortent de leur cuvette du seul côté où ils peuvent sortir qui est le côté des x<0, où la courbe représentative du potentiel W plonge vers l'infini négatif, ce qui les conduit à la mort.

Les anti-Système apparaissent dans ce modèle de manière externe, transcendante, parce que ce sont évidemment eux qui aident (de plus en plus puissamment) les USA à s'agiter. Le modèle de la queue d'aronde permet d'internaliser le rôle des antiSystème (comme deuxième actant), de proposer un modèle immanent.
 

Si monumentum requiris, circumspice...

Article lié : L’Hystériquement-Correct

Schlachthof 5

  03/04/2020

La notion de programme en sociologie (et en politique...)

Article lié : L’Hystériquement-Correct

jc

  03/04/2020

Il y a dans AL un article intitulé "La notion de programme en biologie" pp.141 à 161. Licité par ma citation thomienne favorite, il est très tentant de le lire (ou le relire) en remplaçant "biologie" par "sociologie". Je reproduis ici le fragment¹ du paragraphe "Du bon usage des catastrophes!" qui traduit en langage thomien la métaphore de mon précédent commentaire;

"Resterait à s'expliquer l'inventivité manifeste dont a fait preuve, à diverses reprises, l'évolution biologique. Il faut penser que la plupart des innovations -apparentes- sont dues à des déformations, des plicatures de caractéristiques organisatrices comme dans l'exemple ci-dessus. qu'une telle structure devienne instable [configuration en plateau-col] (pour des raisons internes ou externes), elle aura tendance à explorer tout son environnement fonctionnel (au sens mathématique et biologique à la fois), et dans cet ensemble de virtualités, elle adoptera celle qui semble la plus prometteuse."

¹: Je reproduis ici le fragment "lamarckien acquis->inné" qui le précède immédiatement:

"Comment expliquer ce processus d'apprentissage [des configurations désirables, prégnantes selon la terminologie thomienne]? Un darwinien orthodoxe dira que seuls subsistent les systèmes pour lesquels cette adaptation est suffisamment réalisée… Mais chez les animaux supérieurs, nous savons parfaitement qu'il y a apprentissage par l'affectivité, les choix malheureux conduisent à la douleur, les choix heureux au bien-être. À la sélection par la mort a succédé la sélection par l'affectivité. L'affectivité peut donc être vue comme une rétroaction du flux final ramifié sur la dynamique de commande des pré-programmes. Et je n'ai jamais compris pourquoi ces effets de rétroaction ne pourraient être transmis héréditairement (au niveau des modes de stimulation du génome, sinon sur la composition de l'ADN lui-même), ce que nie la biologie moléculaire classique."

Crozier viré

Article lié : Le SOS infâmant du USS Theodore Roosevelt

Dominique Larchey-wendling

  03/04/2020

https://edition.cnn.com/2020/04/02/politics/uss-roosevelt-commander-relieved/index.html

Apparement le fonctionnement minimum de l'USS TR nécessite 1000 hommes de permanence ....

monde spectacle

Article lié : L’Hystériquement-Correct

Olivier le verseau

  02/04/2020

Le monde du spectacle en phase « hystérique »
Le monde est  spectacle permanent .Il suffit de s’asseoir, regarder et écouter.
Sans passion. Sans affectivité.
Les discours de Trump et ses acolytes.
Le Macron et son panache.
Les journaleux et journaleuses
et tout les restes en mode "turbo"...
Il se produit souvent chez l'auditeur, le lecteur, pourtant averti,comme une sidération, une prostration.
Chaque seconde sur la planète est ponctuée d'une annonce morbide.
Le temps du présent infini est advenu.
Il est vrai que l'apocalypse a ses peintres et que la toile est prête…
Et moi dans mon petit reculé de la France profonde, je me demande à quelle sauce je vais être dégusté ou comment je vais pouvoir m'échapper de la marmite bouillonnante du Système en fusion ?
Dans ces cas là on dit que Dieu reconnaît les siens…au diable donc les autres! (rires en coulisses)
 

Pour tenter de rassurer les logocrates

Article lié : L’Hystériquement-Correct

jc

  02/04/2020

Thom a fait une carte légendée du sens¹ sur le mode de la carte du tendre. On y trouve:

"Cela donne une idée assez précise du rôle du langage comme support de ce que Heidegger appelle le souci. Il dit que l’existence est liée au sentiment d’inquiétude, au besoin que nous avons de réagir au danger qui nous menace. C’est peut-être une présentation trop concrète pour un métaphysicien, mais c’est assez réel. Le logos existe seulement dans cette zone où règne le danger, mais celui-ci peut être conceptualisé, et donc traité en fonction de connaissances antérieures et, du même coup, neutralisé."

PhG: "... jamais une telle tension ne s’est abattue sur le monde (...) qui (...) nous pousse à hurler, à délirer, à explorer des voies insensées et diverses ..."

Pour aider à conceptualiser le danger qui nous menace, on peut essayer de se représenter en image, de s'imaginer la situation actuelle et son évolution comme un col aplati en plateau, encadré comme il se doit par des sommets et des vallées. Les gens et les idées qu'ils véhiculent courent dans tous les sens sur le plateau. Mathématiquement l'idée de plateau renvoie à celle de faible gradient, de marais altimétrique, comme en météo il y a des marais barométriques. Toujours mathématiquement cela signifie qu'on est tout proche d'une singularité (ici de la fonction altitude). Cette singularité peut être un col simple à deux vallées (de ceux qu'on rencontre habituellement) ou plus compliquée comme un col en selle de singe à trois vallées, ou plus compliquée encore. Ce plateau-col donne une image du point de bifurcation de l'histoire de notre civilisation dans lequel nous sommes. Le peuple français doit choisir sa vallée (on va toujours vers les vallées, dont les fonds sont stables, et jamais  vers les sommets, singularités instables.

Puisque "les situations dynamiques régissant l'évolution des phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l'évolution de l'homme et des sociétés", on peut faire l'analogie avec une situation biologique. Que fait un animal dans une situation analogue²? Il suit le chemin qui minimise sa douleur et accroît son plaisir, c'est ça le critère qui guide son choix de vallée, qui est très souvent celle où il a repéré une proie. Le peuple français, qui a un souci (cf. la citation initiale), va très vraisemblablement réagir. Quelle vallée va-t-il choisir? S'il n'a pas d'autre idée, par exemple, une (ou plusieurs) idée(s) de nouvelle organisation sociale, il me semble inéluctable qu'il se cherche une proie, c-à-d un bouc émissaire à la Girard, pour moi tout trouvé. Mais les idées d'organisation sociale -je suppose que ça ne manque pas- ne peuvent, à mon avis, soulever les masses, ça ne se passe pas comme ça. Pour que le déclic se fasse, il faut que le peuple sache où il veut aller (l'équivalent de la proie pour l'animal), c'est-à-dire qu'il lui faut se trouver une cause à défendre, une cause finale. Dès qu'il s'en sera trouvé une, alors je suis convaincu que les choses iront très vite (comme l'animal qui a repéré une proie et qui fond sur elle). Car c'est la fonction qui crée l'organe (c'est-à-dire l'organisation dans le cas des sociétés).

"Le logos existe seulement dans cette zone où règne le danger, mais celui-ci peut être conceptualisé, et donc traité en fonction de connaissances antérieures et, du même coup, neutralisé."

Ai-je rassuré? (J'ai oublié de rappeler que pour Thom les sociétés ont un psychisme comparable au psychisme animal (qui réagit essentiellement à la faim, à la peur et au sexe).

¹: http://strangepaths.com/forum/viewtopic.php?t=41

²: Je rappelle que pour Thom les sociétés ont un psychisme comparable au psychisme animal (qui réagit essentiellement à la faim, à la peur et au sexe.

PFD.12

Article lié : Paroles de Villiers

jc

  02/04/2020

Devise pour la Première Démocratie Française (PDF). Unité-Harmonie-Diversité ou Ordre-Harmonie-Équilibre?

J'ai récemment argumenté pour féminiser Caïn le sédentaire (et remasculiniser Abelle la nomade). Encore plus récemment j'ai argumenté pour mettre le chaos du côté de l'Unité: le chaos comme "somme amalgamée" riche de vie "en puissance" dont sortira le monde; et donc, a contrario, le cosmos du côté de la mort, la flèche du temps allant naturellement de la vie vers la mort, donc du chaos vers le cosmos, de l'Unité vers la Diversité.

Si j'ai pris cette position c'est à cause de la citation thomienne de ES p.216 ("Peut-être Dieu n'existera-t-il pleinement qu'une fois sa création achevée: "Premier selon l'être, dernier selon la génération"."), le commencement de ladite création se situant à l'Être en soi, premier mouvant indifférencié, pour finir par un autre être en soi, cette fois pleinement différencié (et peut-être immortel). Et pour moi le premier mouvant indifférencié ne peut être qu'unité, puisque, justement, il n'est pas différencié.

Je pense que ma position est naturelle, puisque c'est celle que tout un chacun vit de la naissance à la mort: nous naissons à la fécondation de l'oeuf totipotent, et progressons dans la vie de la toute puissance initiale à l'acte final, par rigidification progressive (l'arthrose n'est pas pour les bambins), conformément au point de vue de Guénon.

 Où se trouve l'Ordre-Harmonie-Équilibre au cours du cycle d'un Manvantara? Il me saute maintenant aux yeux que c'est à la charnière entre l'âge d'argent et l'âge de bronze, à la fin de l'été de la vie qui est le moment de la plénitude de l'âge adulte, c'est à l'instant où l'on termine l'âge yin-yang pour entrer dans l'âge yang-yin du commencement de la rigidification chère à Guénon. De ce point de vue cette devise est pour plus tard; car nous allons incessamment rentrer dans l'âge d'or.
 

Mimer ou singer le vivant ?

Article lié : Origine(s) du virus

jc

  02/04/2020

BB: "Concevoir un avion de chasse est autrement plus simple que mimer la complexité de la vie, fût-elle réduite à une particule dont on ne sait pas dire s’il s’agit vraiment d’un être vivant."

Je pense que le scientisme actuel tente de mimer le vivant comme il tente de mimer l'intelligence.

Or la moindre des choses, lorsqu'on veut tenter d'être scientifique -et non scientiste-, c'est de délimiter son objet d'étude. Donc d'abord définir le vivant, et d'abord définir l'intelligence. Ce qui n'a visiblement pas été fait dans aucun des deux cas par le scientisme-Système qui n'imite pas, qui ne mime pas, mais qui ne fait que singer le vivant et l'intelligent. Et on arrive à des situations ubuesques où des brevets sont pris pour breveter l'intelligent et le vivant (Monsanto-Bayer, etc.), avec grasses royalties à la clef, bien entendu.

En ce qui concerne l'intelligence, Thom a proposé une définition qui montre la difficulté du problème de la définition du vivant: "L'intelligence est la capacité de s'identifier à autre chose, à autrui.", car, justement, nous sommes des êtres vivants. Il précise ci-après sa position, en montrant le fossé entre le scientisme actuel et la science telle qu'il la conçoit¹ (et moi aussi, maintenant):

"Le dédain pour la théorie qui se manifeste dans les milieux d'expérimentateurs a sa source dans l'attitude analytique-réductionniste ; or
pour découvrir la bonne stratégie, il faut s'identifier à l'un des facteurs permanents du système. Il faut en quelque sorte entrer « dans sa peau ». Il s'agit là presque d'une identification amoureuse. Or comment pourrait-on aimer ce qu'on a, préalablement, cassé de manière irréversible ?
Toute la science moderne est ainsi fondée sur le postulat de l'imbécillité des choses."

Thom laisse entendre à plusieurs reprises qu'une définition de la vie est envisageable, comme par exemple ici:

"(...) l'animé sait exploiter les régularités naturelles pour stabiliser des connexions qui dans le monde inanimé seraient accidentelles, non génériques. Il y a donc là (en principe) une possibilité formelle de caractériser l'état de vie, problème qui jusqu'à présent a défié la pensée
biologique. (ES, p. 222)."

Je me demande si la capacité qu'a eu Alain Aspect de piéger des particules élémentaires n'est pas signe d'une intelligence "à la Thom", analogue à celle d'un trappeur qui sait comment piéger son gibier. Pour moi -et sans doute pour Thom, bien que je n'ai vu nulle part l'écrire-, le pli, la plus simple des catastrophes élémentaires thomiennes, simule correctement un être vivant rudimentaire, qui ne peut se défendre qu'en se cachant², mais qui n'est  pas mort, inerte, puisqu'il peut se cacher. (Quant à sa reproductibilité, caractéristique du vivant, elle est spontanée, car les singularités structurellement stables les plus simples comme le pli sont aussi les premières à émerger du chaos et à s'auto-organiser.)

BB: "Le véritable complot de l’engeance parasite qui dirige le monde c’est son aptitude à transformer ses appétits prédateurs illimités en suicide pour l’humanité."

Que fait-on dans les laboratoires P4, celui de Wuhan en particulier, développé récemment avec l'aide française³?

"Notre" contre-civilisation triomphante et progressiste a beaucoup daubé sur les sociétés dites par elle primitives. Aussi je termine par une citation du livre "Cher amour" (p.40) de Bernard Giraudeau, qui me semble illustrer assez parfaitement ce qu'est l'intelligence "à la Thom":

"Il y a peu, une équipe de recherche plus hardie a voulu en savoir plus sur la pharmacopée amazonienne. Ils ont demandé aux shamans comment ils pouvaient reconnaître la bonne plante sans l'expérimenter sur les hommes et faire quelques dégâts. Les shamans ont répondu: on n'a pas besoin de tuer les animaux pour savoir si une herbe ou une racine est efficace. Alors comment faites-vous? Nous nous asseyons devant la plante choisie, en silence, le temps nécessaire, et elle nous parle. Les chercheurs sont repartis marris."


¹: En particulier sa conception des mathématiques (et de la raison de ses dérives scientistes). Pour Thom "c'est l'intelligible du réel qui sans cesse recrée l'intelligible mathématique." ,citation plus complète ci-après:

"De même que le sens d'un concept pourrait se définir par la totalité de ses mécanismes de régulation (images analogiques des mécanismes de régulation de l'être référé), de même le sens d'un être mathématique pourrait se définir par sa place dans l'échelle des êtres mathématiques, la totalité des dégradations sémantiques qu'il peut encore subir avant de s'éteindre dans l'insignifiance. C'est la malédiction foncière des
mathématiques (comme peut-être de toute science) qu'elle ne peut se construire qu'en tuant ses objets. Seul un retour périodique aux sources,
une confrontation avec les applications expérimentales, ou avec les problèmes fondamentaux de l'être (la génération implicite qui sépare le
sujet de l'objet) la sauve de l'inéluctable suicide. C'est en cherchant à conférer un sens aux choses que la mathématique découvre son propre
sens ; c'est l'intelligible du réel qui sans cesse recrée l'intelligible mathématique."

²: Thom associe à la catastrophe pli un être qui ne peut qu'apparaître ou disparaître (tout en étant…).

³: https://www.francetvinfo.fr/sante/decouverte-scientifique/chine-nouvelle-etape-pour-le-premier-laboratoire-p4_2070431.html

De DC-la-folle à TR-le-fou ?

Article lié : Le SOS infâmant du USS Theodore Roosevelt

jc

  01/04/2020

Je n'ai pas d'idées bien fixées pour développer cette analogie. Car je ne serais pas étonné qu'il y ait analogie, c'est ma citation thomienne favorite qui me le chuchotte: "Les situations dynamiques régissant l'évolution des phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l'évolution de l'homme et des sociétés."

Angoisse existentielle (paranoïa?) dans les deux cas?

Paranoïa US

Article lié : De 9/11 à Covid-19, God on Our Side

jc

  01/04/2020

PhG: "Non, je ne perçois pas la chose de cette façon (complot spécifique), mais bien comme le réflexe d’une psychologie américaniste conditionnée par la perception, d’une puissance extraordinaire jusqu’au conditionnement de la vertu même, du simulacre a-historique d’une Amérique exceptionnaliste, guettée depuis son origine par ses très nombreux “ennemis” jaloux et envieux, qui veulent sa destruction."

« La paranoïa est l'unique réponse à l'angoisse existentielle » dit Thom. « Cela me retient, cela me retient » répond Lacan.
Et, de tout le repas, c'est tout ce qu'il m'a dit, précise Thom en souriant.

PhG: "Refrain: "Si la destruction devait un jour nous atteindre, nous devrions en être nous-mêmes les premiers et les ultimes artisans. En tant que nation d’hommes libres, nous devons éternellement survivre, ou mourir en nous suicidant."

Thom associe le suicide à la catastrophe "queue d'aronde"².

¹: https://www.maths.ed.ac.uk/~v1ranick/papers/thom/data/citations.pdf   (p.88)
²: Cf. "Topologie et linguistique", MMM (ed. 1974 p.165)