mumen
29/02/2024
Première fois me semble-t-il, cher Monsieur, que je ne peux m’ôter un délicieux sourire du visage en vous lisant ! Il m’est apparu subrepticement à l’attention que je souriais, comme d’habitude quand je me vois soudain être là, dans une transition, une pause de lecture, ici donc entre deux poilades, moi qui vient à l’instant de jurer à un ami d’aller lui chercher du Poilâne mardi, en échange de quoi je le contraindrai, oui par la force implacable d’un intransigeant chantage pain contre lecture, à lire… cet article.
Ce sourire ne me quitte pas encore alors que je vous écris, il doit même se voir, pour vous dire que vous me surprenez encore une fois, cette fois ci faisant preuve à mes doctes yeux d’une crise de caméléonite aigue, qui, au lieu de vous fondre comme de bien entendu dans le décor, s’exacerbe en teintes flashy qui vous vont étonnamment comme un gant, sans pourtant ni ressembler à ni trahir d’un iota votre prépondérant sérieux. Superbe. Un tranche de bonheur à défaut de pain.
Je me raconté tout de suite la bonne blague que vous deviez avoir retrouvé la collection jaunie de Sana, du seul et unique Dard au panthéon de la France, que vous dévoriez dans votre tendre enfance, bien sûr en cachette de vos exigeants référents intellectuels !
Merci pour ce réjouissant impromptu, qui somme toute ne pouvait pas ne pas être eu égard au sujet de l’article : apologie d’un rien dérisoire, n’ayant d’attrait, ou même d’existence palpable, allons jusqu’au bout du fou-rire, que ce dérisoire dont vous vous régalez et nous avec !
Et je n’ai pas terminé : je m’empresserai, aussitôt cliqué sur « envoyer votre commentaire », d’aller regarder la vidéo de nos compères en goguette, se payant dites-vous une bonne quinte et pas de toux, à propos de ce pitoyable petit gars bien de chez nous que j’ai juré de mes grand dieux ne jamais regarder depuis lors qu’il encombre les écrans de la transparente hypocrisie qui ne lui appartient même pas puisqu’il l’a appris à l’Actor Studio, vous savez, la crise par en dessous, celle qui lamine l’intelligence.
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jc
28/02/2024
Jean-Pierre Chevènement vient de réagir à la récente déclaration d'E. Macron à propos de la guerre en Ukraine :
" Les Français n'attendent pas du président de la République française qu'il défende d'abord les intérêts de l'Ukraine ou de quelque autre pays que ce soit ; ils attendent qu'il défende les intérêts de la France. "
Pour qui roule Emmanuel Macron ? Ma réponse n'a pas varié depuis que j'ai eu connaissance de ce qu'en a dit Hadrien de Tricornot : pour lui-même.
https://www.streetpress.com/sujet/1486723160-macron-le-monde
OLIVIER RICHE
27/02/2024
Apprécions le tacle toute en diplomatie de ce Cher Napoléon du 21Ième! Non, Messieurs les Russes (qui ne connaissent pas les finesses de la civilisation), ce ne sont pas des mercenaires français qui combattent en Ukraine mais des forces militaires informelles!
Attendez de voir les miltaires français "formels" coiffés de bicornes postmodernes faisant tout à la fois chars leclercq, drônes et missiles hypersonique et vous prendrez votre retraite en Sibérie.
L'excepionnalisme à la française…
Jean
24/02/2024
Ça vaudrait tout de même sacrément le coup d'écouter l'analyse que fait François Asselineau dans sa vidéo sur la mort de Navalny.
Il tire également la sonnette d'alarme sur ce qui ressemble à un camp occidental qui cherche désespérément la guerre.
Un monsieur dont les analyses méritent d'être suivies.
jc
19/02/2024
À propos de la permanence de certaines structures dans l'esprit humain.
Dans la note finale du .0 j'ai évoqué le rapprochement fait par Thom des idées qu'il développe dans Esquisse d'une Sémiophysique avec celle du Geoffroy Saint Hilaire vieillissant et celle d'Al-Kindi (IXème siècle).
Pour Thom :
" (...) on peut se demander si la réticulation ne serait pas la donnée première, la construction globale de l'espace-temps ne s'effectuant que par un processus de concaténation à partir des espaces engendrés par les processus d'éclatement associés aux points centraux. Je verrais volontiers l'archétype fondamental de la notion d'espace, l’Urbild de la spatialité, dans l'image d'un point centre organisateur, qui s'étoile en une configuration sous-tendant tout un espace associé. " ("Espace, science et magie", 1977).
Il y a pour moi un rapprochement évident avec ce que développe Guénon dans le chapitre IV de "Le symbolisme de la croix" , chapitre intitulé " Des directions de l'espace ", si on accepte de remplacer le 7, symbole de l'infini pour les Anciens, par ∞ . et les 6 directions orthogonales en géométrie euclidienne 3D par l'infinité ( chère aux mécaniciens quantiques ) permise en géométrie hilbertienne.
Thom :
- " En plaquant ainsi sur le monde l'infini mathématique, l'homme ne fait-il pas preuve de la même présomption inconsciente que le magicien primitif qui commandait aux Dieux… ? " ;
- " La physique moderne a sacrifié la stabilité structurelle à la calculabilité ; je veux croire qu'elle n'aura pas à se repentir de ce choix.".
jc
18/02/2024
Les propos qui suivent peuvent sembler être confinés dans le domaine scientifique. Mais Thom prévient :
"Il existe au départ un obstacle à l'existence d'une philosophie de la nature : c'est celui que pose le problème de la « démarcation », à savoir l'établissement de critères permettant de distinguer la connaissance scientifique de celle qui ne l'est pas : un « Naturphilosoph » ne saurait être « démarcationniste ». Ce problème qui a eu pour l'épistémologie positive et néopositive une importance cruciale a aujourd'hui perdu beaucoup de son acuité."
[ Remarque qui prend son poids dans la réponse que fait Poutine à Carlson lorsqu'il oppose l'âme russe au pragmatisme occidental avec ses "golden billion to achieve good success in production, even in science and so on". ]
Dans la seconde partie de "Esquisse d'une Sémiophysique" (1988) Thom oppose démiurgie et herméneutique, opposition qui, pour moi, recoupe l'opposition global/local, opposition que l'on retrouve dans un tableau (p.224) qui propose une classification des grands modes d'explication du réel :
1. Étude globale de l'objet global (le monde) ; discipline : Physique fondamentale ; moyens techniques : Mathématiques (symétries, groupes, extrapolation par prolongement analytique) ; Philosophie sous-jacente : démiurgie.
2. Étude globale de l'objet local ; discipline : Théorie générale des systèmes, théorie des catastrophes ; moyens techniques : boîte noire, modélisations qualitatives ; philosophie sous-jacente : herméneutique ;
3. Étude locale de l'objet local ; discipline : biologie moléculaire ; moyens techniques : analyse microscopique ; philosophie sous-jacente : réductionnisme.
4. Étude locale de l'objet global (Terre, Monde) ; discipline : Physique macroscopique, sciences descriptives (Géologie, Macro-biologie…) ; moyens techniques : observations, taxinomie, modélisations quantitatives par approximations ; philosophie sous-jacente : néant.
[ Quand Thom parle de la science moderne comme d'un torrent d'insignifiance, c'est très certainement aux points 3 et 4 qu'il pense. ]
La recherche scientifique qui compte actuellement dans les deux camps c'est évidemment la physique fondamentale.
L'approche 2, pourtant plus traditionnelle* ne semble pas à l'ordre du jour (ce point est développé dans la première partie de la conclusion de ES) : "Et lux in tenebris lucet et tenebrae eam non comprehenderunt".
Thom (à la fin d'un article sur l'innovation) : "si nous continuons à priser par-dessus tout l'efficacité technologique, les inévitables corrections à l'équilibre entre l'homme et la Terre ne pourront être -au sens strict et usuel du terme- que catastrophiques.".
Faut-il que la catastrophe ait lieu pour que l'humanité -s'il en reste…- change de vision du monde ?
Thom : "(...) on pourrait bien un jour s'apercevoir que ce ne sont pas les molécules qui font la vie, mais au contraire la vie qui façonne les molécules.".
Pour moi il est grand temps que ceux qui le peuvent écoutent ce que leur chuchote leur hémisphère cérébral droit (supposé -par moi- être le siège de nos intuitions…).
* : Caverne de Platon : il s'agit d'imaginer les êtres d.ont on voit les ombres au fond de la caverne (la fin de la conclusion de ES porte sur ce point). À ce propos d'une science traditionnelle qui remonterait jusqu'au fond des âges, Thom cite Geoffroy Saint Hilaire vieillissant (p.117-118) (la matière, homogène dans son principe, se déploie dans l'espace-temps par rayonnement) avec renvoi à la note suivante (p.150) : "Ces derniers travaux de Geoffroy Saint Hilaire sont difficilement accessibles. (...) Dans un traité attribué à Al Kindi, auteur arabe du IXème siècle, intitulé "De radiis" et consacré à une théorisation (aristotélicienne) des arts magiques on trouve des considérations très semblables [ à celles de Geoffroy Saint Hilaire et de Thom ]. Preuve d'une permanence de ces structures ?".
jc
17/02/2024
C'est pour moi une opposition plus fondamentale que celle de capitalisme national contre capitalisme global.
Nous vivons (la fin d') une époque où dominent l'individualisme, le rationalisme et le progressisme (Maffesoli). Il y a pour moi un évident rééquilibrage à faire, et ce rééquilibrage commence par l'abandon du TINA thatchérien.
[ Une fois encore on se heurte au problème de l'harmonisation des contraires, avec en ligne de mire idéale leur coïncidence (l'harmonie suprême selon Héraclite). ]
Pour moi la grande bataille doit d'abord avoir lieu en chacun de nous, avec pour objectif :
- de rétablir entre nos deux hémisphères cérébraux une harmonie que la société moderne occidentale a largement détruite au détriment de l'hémisphère droit et se propose de détruire plus encore (je pense à l'IA, bien sûr) ;
- de rétablir une harmonie sociale homme/femme, harmonie qui a été brisée au profit des hommes il y a beaucoup plus longtemps.
Être sire de soi (comme disent les normands) en tant qu'individu contre être sire de soi en tant qu'espèce, penser à la survie de l'individu contre penser à la survie de l'espèce.
En mathématiques la topologie a d'abord été l'étude des lieux. Elle est maintenant l'étude du rapport entre le logos et le topos, le discret et le continu, le local et le global. J'ai mis longtemps à m'apercevoir que "Apologie du logos" était plutôt une apologie de ces trois rapports, avec un rééquilibrage en faveur du topos et du continu (ce grand absent de la science moderne), Thom restant curieusement localiste, la vision globale des choses étant sans guère de doute pour lui réservée à Dieu* :
"En ce qui me concerne, je préfère croire à un réel – non globalement accessible parce que de structure stratifiée – dont l'herméneutique de la théorie des catastrophes permettrait de dévoiler progressivement les « fibres » et les « strates ». Mais
tout progrès dans la détermination d'une telle ontologie stratifiée en « couches » d'être exigera :
i) L'emploi de mathématiques pures spécifiques – parfois bien difficiles – dans les théories jusqu'ici purement conceptuelles
des sciences de la signification ;
ii) La reprise d'une réflexion philosophique sur la nature de l'être que les divers positivismes et pragmatismes ont depuis bien longtemps occultée. "
* "Peut-être Dieu n'existera-t-il pleinement qu'une fois Sa création achevée ? "
jc
15/02/2024
Je vous réponds rapidement car ce genre de discussion à la marge n'est pas dans les usages de ce forum.
1 : Vous écrivez : "Admettons que l’embryogenèse n’apprenne pas.".
C'est effectivement la position de Thom, que l'on trouve dès le début de "Stabilité Structurelle et Morphogénèse" (1972), position dont il n'a pas, à ma connaissance, dévié de toute sa vie (et pour moi on doit avoir en permanence ce qui suit si on veut essayer de le comprendre) : il y a pour lui un mécanisme formel qui commande toute morphogenèse, et il l'explique de manière élémentaire par l'analogie entre le développement d'un embryon d'une part, et une série de Taylor à coefficients indéterminés d'autre part (p.32 de la deuxième édition de SSM)
Pour Thom l'embryogenèse a lieu par déblocage successif de degrés de liberté dans un ordre immuable (chréodes), et elle a lieu -sauf accident- dès qu'elle rencontre un substrat compétent (et notre Terre est un tel substrat). L'embryogenèse est pour lui une sorte de marche au chaos qu'il illustre par le Boléro de Ravel.
2. Vous écrivez : "Sauf à l’heure de la fin du soleil ; il n’y a de fond de la cuvette: l’Empire romain s’est très progressivement transformé en Chrétienté.".
Thom montre comment les systèmes peuvent éviter provisoirement* le fond de la cuvette (c'est-à-dire la mort) dans ce que j'appelle sa vidéo-testament (tournée vraisemblablement vers 1995) :
https://www.youtube.com/watch?v=fUpT1nal744 (de 32'30 à 34'40)
* : Thom : "(...) il m'est difficile de voir pourquoi un être pleinement différencié ne pourrait être immortel.".
3. Pour moi évolution et métahistoire (votre premier sous-titre) sont quasi-synonymes. Aussi je ne vois aucun inconvénient à remplacer le premier par le second dans l'une de mes citations thomiennes préférées :
"Les situations dynamiques régissant l'évolution des phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l'évolution de l'homme et des sociétés." ,
citation qui ne prend son véritable sens que dans le cadre ci-dessus (il y a pour Thom un mécanisme universel qui commande toute morphogenèse et qui permet de faire des analogies entre évolutions dans des substrats différents).
4. À propos de l'inconnaissance. Pour Thom le déterminisme est une conquête et non une donnée (le cas de Laplace). Cf. https://www.youtube.com/watch?v=JmVijw5cTDo
"Les défaillances du déterminisme sont les défaillances de notre imagination ; et rien ne prouve qu'elles soient définitives". (48'55) (Thom est ici, je crois, plus optimiste que Philippe Grasset quant à l'inconnaissance).
Jean-Claude Cousin
15/02/2024
Tom Clancy avait, en 1991, écrit l'ouvrage « la somme de toutes les peurs », qui depuis a même fait l'objet d'un film.
Dans cet ouvrage, il est clairement indiqué que pour amorcer ce que les militaires US appellent "le football", cette valise de cuir qu'un colonel emmène partout à la suite du POTUS, il faut l'aval de DEUX hommes, dont le second peut annoncer qu'il n'est pas d'accord. On peut faire confiance à Clancy, qui était un homme très rigoureux : en 1991 cette procédure existait effectivement.
.
Désormais serait-elle obsolète, et l'ordre du Président suffirait-il ? Il serait bon de le savoir, hélas Clancy nous a quittés subitement à l'âge non canonique de 66 ans. En disait-il trop ? On ne le saura probablement jamais.
jean-luce Morlie
14/02/2024
@JC
Merci de vos réponses,
je précise ma position, elle concerne la possibilité d’apprentissage.
Metahistoire
L’image du slalom sur piste bosselée correspond à la notions de chréode, cette “symbiose conceptuelle” me semble correspondre à la notion d’une méta histoire qui serait à la manœuvre bien au-delà de la conscience que nous pourrions en avoir. J’intervenais dans le but de mettre en évidence que l’interaction de deux slalomeurs sur la même piste leur offre la possibilité d'apprendre à modifier dès "le champ morphogénétique" dans lequel se coulent la trajectoire de chacun, alors que lorsque deux planètes se croisent, elles déforment la géométrie de l’espace dans leur entourage, mais n’en apprennent rien.
-Principe d’inconnaissance
Dans une perspective laplacienne, lorsque toutes les variables sont judicieusement posées sur le papier, la modélisation de l’avenir ne dépend plus de Dieu mais seulement de règles d'écriture. À l’inverse, sur le modèle du jeu de la vie de Conway, nous vérifions qu’un ensemble de règles restreint engendre des figures imprévisibles. Nous savons que dans certains cas par principe, nous ne pouvons rien dire du futur: le jeu de la vie évolue sans apprendre.
-L’imprévisibilité des trajectoires, de deux skieurs est de nature différente.
Admettons que l’embryogenèse n’apprenne pas.
De même si deux planètes se croisent, elles n'apprennent pas à s’éviter, mais néanmoins, leurs chréodes sont modifiées à jamais. À l’inverse, chaque skieur cherchera à employer sa propre force de façon à éviter le choc, chaque skieur cherche à sortir de sa chréode solitaire et apprend à tenir compte de la chréode des autres.
Revenons revenons l'article et au "mythe de la terre" pour les agriculteurs. Après la Première Guerre mondiale, leur chréode fut d'agrandir la surface de leur exploitation en assimilant les terres des exploitations mortes. Divisés, entre FNSEA et la Confédération paysanne, ils vont en masse à Bruxelles lutter contre la bureaucratie pour réclamer une réglementation sur les prix. Puis, apprenant que Bruxelles maintient l’accord Mercosur, pour les plus affaiblis, sachant qu’ils vont se faire, expropriés par les banques, commence à se retourner contre les banques. Certes, il y a encore du chemin avant qu'ils ne se retournent contre Blackrock et Vanguard, de même ces deux firmes apprendront de leur échec ukrainien. En attendant, elles imaginent encore que devant l'impasse des fonds de pension, leur seul chemin nécessaire de survie est de se dépêcher à détenir les titres de propriété sur tout, et bien sur, les actifs tangibles de ces deux firmes seront, partout, rendu au bien commun.
Sauf à l’heure de la fin du soleil ; il n’y a de fond de la cuvette: l’Empire romain s’est très progressivement transformé en Chrétienté.
Jack V.
12/02/2024
Souvenez-vous du cas de Julian Assange ! Croyez-vous qu'il soit très difficile pour le système de se débarrasser de Tucker Carlson en payant une ou des filles pour le dénoncer en lui inventant une affaire de viol ?
jc
05/02/2024
Extrait du chapitre IV de "Principes des systèmes intelligents" (Paul Jorion, 1990) :
Cela veut dire que sans avoir à définir des règles a priori qui déterminent les parcours légaux à l’intérieur du lexique, on peut imaginer que soient en place de manière constante des « chenaux », des chréodes (*), des passages privilégiés pour se rendre d’un mot à un autre. Par exemple qu’il existe un chenal qui conduise de « pharaon » à « pyramide » mais non de « pharaon » à « rhapsodie », et que si l’on veut vrai- ment se rendre de pharaon à rhapsodie il faille faire un long détour à l’intérieur d’un lexique précontraint quant aux parcours possibles en son sein. Et il est plausible que l’apprentissage, c’est-à-dire la mise en mémoire des mots, s’opère de cette manière-là, par la création de chenaux.
(*) On pense immédiatement aussi au terme de chréode introduit par Waddington (1957 : 32) pour rendre compte de passages obligés tout à fait analogues en embryologie (cf. aussi Thom 1972 : 121-123 ; Thom & Waddington 1967).
Tout est dans la dernière phrase : "Et il est plausible que l’apprentissage, c’est-à-dire la mise en mémoire des mots, s’opère de cette manière-là, par la création de chenaux.". Pour moi la citation de PhG de mon précédent commentaire témoigne que l'apprentissage n'a rien (ou très peu) à voir avec ça, les passages linguistiques obligés étant tout-à-fait analogues à ceux de l'embryologie.
Le développement de l'embryon est-il le résultat d'un apprentissage ? Pour moi, à la suite de Thom, la réponse est fondamentalement : NON. Il suit que l'intelligence artificielle est encore très loin de pouvoir simuler l'intelligence humaine (en fait, je ne vois pas comment elle pourrait y arriver un jour) :
" En écrivant ces pages j'ai acquis une conviction; au cœur même du patrimoine génétique de notre espèce, au fond insaisissable du logos héraclitéen de notre âme, des structures simulatrices de toutes les forces extérieures agissent, ou en attente, sont prêtes à se déployer quand ce deviendra nécessaire. La vieille image de l'Homme microcosme reflet du macrocosme garde toute sa valeur: qui connaît l'homme connaîtra l'univers. Dans cet essai d'une théorie générale des modèles, qu'ai-je fait d'autre, sinon de dégager et d'offrir à la conscience les prémisses d'une méthode que la vie semble avoir pratiqué dès son origine? " ( René Thom, Épilogue de "Stabilité Structurelle et Morphogenèse", 1972 )
jc
05/02/2024
Les dynamiques qui régissent les catastrophes élémentaires sont des dynamiques de plus grande pente en direction de fonds de cuvette. Quand cette cuvette est en cornet à frites, on descend tout droit le long d'une génératrice piste noire pour se fracasser au fond. Quand c'est une cuvette aux pentes plus douces, on descend en suivant ce que les matheux appellent une géodésique. Quand la cuvette est bosselée les géodésiques slaloment. S'il y a du frottement -et il y en a toujours un peu- on finit par s'arrêter au fond. Dans tous les cas c'est la mort -plus ou moins douce- du système.
À l'opposé il y a les dynamiques hamiltoniennes, que l'on peut voir comme des dynamiques de moins grande pente (pistes blanches) : on retarde la mort au maximum mais on s'ennuie ferme.
La vie des sociétés, est un mixte entre pistes noires et pistes blanches, entre progressisme et conservatisme. Pour l'instant c'est tout schuss, progrès exponentiels de l'informatique et de la robotique obligent.
C'est ce principe qu'utilise Paul Jorion (1) dans son "Principes des systèmes intelligents" : on s'arrête de parler quand on est au fond de la cuvette, quand on n'a plus rien à dire. Ce principe vaut pour tout le monde, avec plus ou moins de talent.
PhG, lui, a le don de provoquer des avalanches de mots, de les faire slalomer ... et de se réjouir tout s'arrête au fond de la cuvette :
« Il suffit d’un mot, d’une phrase, d’une citation à placer en tête, la chose inspiratrice qui ouvre la voie et là-dessus se déroule le texte, à son rythme, entièrement structuré, avec sa signification déjà en forme et en place. Je n’ai rien vu venir et j’ignore où je vais, mais j’ai toujours écrit d’une main ferme et sans hésiter… et toujours, à l’arrivée, il y avait un sens, une forte signification, le texte était devenu être en soi… C’était un instant de bonheur fou. » (https://www.dedefensa.org/article/le-desenchantement-de-dieu)
1 : Commencer par se passionner pour l'anthropologie pour finir par se passionner pour l'intelligence artificielle, voilà une chose que j'ai du mal à comprendre.
jc
04/02/2024
J'ai remarqué la recrudescence toute récente d'une rhétorique guerrière en France, qui coïncide avec les "informations" selon lesquelles la Suède, la Norvège, la Finlande, les pays baltes, la Grande-Bretagne, l'Allemangne sont en train de rétablir la conscription.
Article de La Croix du 15/01/2024.
Titre : "Le « réarmement civique », feuille de route martiale de Gabriel Attal".
Résumé : "Le remaniement achevé, le président de la République Emmanuel Macron doit prendre la parole mardi 16 janvier au soir pour préciser notamment son projet de « réarmement civique » dont il a chargé son nouveau premier ministre. Il devra « rétablir l’autorité » notamment à l’école ou en développant le service national universel. "
Le développement du service national universel par le "gouvernement commando" Attal . Quoi d'autre sinon le rétablissement de la conscription ?
https://www.la-croix.com/france/le-rearmement-civique-feuille-de-route-martiale-de-gabriel-attal-20240114
jc
02/02/2024
PhG-Bis : " (...) la Vérité se construit sur les mythes que l’on bâtit avec des faits intuitifs. "
J'interprète ça ainsi : "Le Logos se construit à partir des Idées que l'on se fait du Topos". Et j'ajoute : "Le Topos se construit, lui, à partir des Idées que l'on se fait du Logos.".
Héraclite : "L'harmonie suprême est la coïncidence des opposés."
Une des idées centrales de Thom est que le langage a une origine topologique : cf. ses articles "Topologie et linguistique" et "Topologie et signification" que l'on trouve dans "Modèles Mathématiques de la Morphogenèse".
En mathématiques la topologie a d'abord été l'étude qualitative des lieux (étude qui est venue après leur étude quantitative, géométrie puis topométrie générale) : suffixe "logie" = "étude de". Elle est devenue actuellement l'étude du rapport entre Logos et Topos : la logotopologie.
Pour moi "Apologie du Logos" est en fait une apologie du rapport entre Logos et Topos.
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