Francis Lambert
17/11/2008
Extraits de GEAB N°29 : Phase IV de la Crise Systémique Globale :
La réunion du G20 à Washington ... condamnés à l’inefficacité ... sans traiter la cause principale de la crise systémique globale actuelle, à savoir l’effondrement du système de Bretton Woods fondé sur le Dollar US ...
Rupture du système monétaire mondial à l’été 2009.
... Les dirigeants actuels, issus du monde qui s’effondre sous nos yeux (Barak Obama inclus (3)),
ne peuvent pas imaginer les solutions nécessaires,
... , il va être nécessaire d’attendre un renouvellement d’au moins 20% des principaux dirigeants de la planète pour commencer à voir des solutions viables (6) émerger.
... la dette des Etats-Unis « implosera » à l’été 2009 sous forme de cessation de paiement du pays ou de dévaluation massive du Dollar. Cet effondrement aura été précédé de plusieurs autres épisodes similaires affectant des pays moins centraux (voir GEAB N°28), dont le Royaume-Uni déjà surendetté ... les Etats-Unis verront dans l’année à venir les pays les plus intégrés à leur économie et à leur finance, et leurs alliés fortement dépendants financièrement (... Pakistan, Ukraine, Turquie, Egypte, Israël, Colombie), imploser les uns après les autres.
... Elle (NB: la zone Euro en particulier) a donc le poids diplomatique, le poids financier, le poids économique, le poids commercial et le poids monétaire pour forcer Washington à faire face aux réalités (11). L’ensemble de l’UE suivra car tous les pays européens hors zone Euro sont aujourd’hui à la merci d’une grave crise de leur devise ou de leur économie, voire des deux à la fois (12). Sans l’Euroland, leurs perspectives à court et moyen terme sont très sombres. D’ailleurs, l’Euro est la seule devise que veulent rejoindre un nombre croissant d’Etats initialement réticents (Islande, Danemark, ...) ou peu pressés (Pologne, Tchéquie, Hongrie, ...) (13).
... les « ils » sont désormais paniqués et « ils » ne comprennent plus rien à une situation à laquelle « ils » ne se sont jamais préparés.
Notes
(5) ... Les dirigeants actuels ne parviennent pas à imaginer que ces centaines de milliards de Dollars US accumulés dans leurs réserves ne valent en fait peut-être plus que 50% ou 30% de leur valeur faciale…
(7) Ainsi c’est déjà le Royaume-Uni, du fait de sa récession forte, qui fait baisser la faible croissance moyenne de l’UE en 2009.
La Grande-Bretagne va être l’ « homme malade » de l’UE pour les années à venir.
(12) Ainsi la Lettonie vient de nationaliser dans l’urgence la seconde banque du Pays ;
la Hongrie est sous perfusion de la BCE et du FMI ;
la croissance s’effondre en Pologne ;
le Danemark et la Suède s’apprêtent à entrer dans la zone Euro dans les deux années à venir ;
le Royaume-Uni est en perdition ; ...
Père Iclès
16/11/2008
Sarko s’est montré très sensible aux propositions russes d’une façon qui a laissé penser qu’il s’opposait aux US.
En réalité, il se pourrait que ce ne soit pas le cas. L’exécutif US est aux prises avec un complexe militaro-industriel dont les intérêts sont servis par des officiers de très haut rang et par un certain nombre de personnalités comme Cheney et les autres néoconservateurs.
Dans les conditions économiques que connaissent les US aujourd’hui, il est évident que les priorités ne sont plus d’ordre militaire mais l’exécutif US (surtout quand il s’agira de celui dirigé par Obama, qui ne l’oublions pas est le poulain de Brzezinsky, lequel faisait lui-même partie de l’Iraq Study Group) aura du mal à reprendre les rênes (au moins budgétaires) du complexe militaro-industriel.
Je pense (et c’est là une hypothèse personnelle) que Sarkozy et les autres alliés des US ont été invités à exercer une pression amicale sur les US en faveur d’un apaisement en Europe afin que le gouvernement des US puisse présenter l’abandon d’un certain nombre de projets agressifs vis à vis de la Russie comme une nécessité imposée par les alliés européens des US.
Même pour un Brzezinsky, dont on connait les intentions vis à vis de la Russie, la manière dont on a “braqué” ce pays de façon prématurée doit relever du travail de cochon en matière de diplomatie et il ne serait guère étonnant que son groupe ait sollicité l’aide de certains alliés européens pour renverser la vapeur.
Le CMI, autiste, réplique en activant les relais qui lui restent en Pologne et en République Tchèque.
Père Iclès
16/11/2008
La question mérite d’être posée sans préalable. En particulier, il est inutile de supposer que Sarko est devenu brusquement anti-US . La chose est peu probable.
Au contraire il doit servir des intérêts atlantistes mais pas forcément ceux du Complexe Militaro-Industriel US.
Il serait intéressant d’examiner de plus près toutes ses déclarations en matière de choix de défense pour cerner le personnage (et deviner l’intention de ses conseillers).
Pour ma part, je crois que les options de l’élite de la nébuleuse atlantiste sur les deux rives de l’Atlantique sont déjà arrêtés mais qu’elles sont en train d’être imposées peu à peu aux composantes du CMI… A travers des déclarations d’alliés et d’ex-adversaires…
Père Iclès
16/11/2008
On retrouve une fois de plus confirmée l’hypothèse, soutenue par Dedefensa.org, d’un éclatement de l’exécutif US en une multitude de pôles de pouvoir, concurrents, pour ne pas dire antagonistes car leurs intérêts matériels se menacent mutuellement dans un contexte de crise systémique qui dérive vers la crise budgétaire.
Obama va donc devoir relever un gros défi en démontrant sa capacité à réunir tout cela sous sa seule houlette pour définir avec son équipe quelles sont les projets prioritaires.
Il aura tout de même un atout que n’avaient pas les précédents présidents qui ont tenté de mater le complexe militaro-industriel : cette fois, du fait de la crise et de leurs besoins et intérêts contradictoires, les composants du CMI se présentent en ordre dispersé, chacun pour soi, et non en représentants d’une entité unique.
Il y a moyen de jouer l’un contre l’autre et on peut d’ailleurs se demander si les antagonismes entre les différentes armes qui se sont exacerbés au cours de l’année passée n’étaient pas secrètement favorisés par exemple par Gates en prélude au jeu que devra jouer Obama pour parvenir à faire rentrer le diable CMI dans sa boîte…
Autrement, il serait amusant de voir les US continuer de promouvoir au rang d’intérêts primordiaux des projets profitant essentiellement au complexe militaro-industriel alors qu’ils négligeraient de s’occuper de problèmes plus vitaux…
L’URSS avait fait cette erreur en omettant de se pencher sur l’état de son parc nucléaire civil. Elle a eu Tchernobyl et elle en est morte.
Dedef
16/11/2008
France 24, chaine officielle s’il en est, ne fait pas dans le détail non plus. On ne peut dire plus clairement que les EU jouent contre la sécurité de l’Europe
Et les russes veilleront bien à ce que tout le monde le sache, et le rappeleront à l’occasion.
Le prochain semestre pourrait bien être assez sportif pour l’UE.
Personne n’a vu de texte criant à la trahison dans la presse britannique ou US ou allemande ?
France 24 Vendredi 14 novembre 2008 Par AFP
http://www.france24.com/fr/20081114-sarkozy-mediateur-moscou-washington-menaces-bouclier-antimissile-union-europeenne
Extraits:
“On peut continuer entre la Russie et l’Europe à se menacer de boucliers, de missiles, de marine et caetera, ça n’amènera rien à la Russie, ça n’amènera rien à la Géorgie, et ça n’amènera rien à l’Europe”, a-t-il déclaré.”
“A ce sommet, “on pourrait poser les bases de ce qui pourrait être un accord entre nous, et d’ici là, qu’on ne parle pas de déploiement de bouclier, de missiles qui n’amène rien à la sécurité et qui complique les choses”, a plaidé M. Sarkozy. “
” M. Sarkozy a rappelé qu’il avait joué un rôle central dans la médiation de ce conflit. Et que les Etats-Unis avaient au contraire attisé les tensions.”
” M. Sarkozy a certes demandé aux Russes de “faire des progrès” dans le retrait de leurs troupes de Géorgie - notamment en retirant leurs soldats du district contesté d’Akhalgori et du village de Perevi, situé entre l’Ossétie du Sud et le reste de la Géorgie.
Mais il a néanmoins estimé qu’ils avaient rempli “l’essentiel” de leurs engagements. “
Exocet
14/11/2008
Dans l’interwiev donnée au Figaro ,Medvedev emploi une curieuse expression mais assez remarquable qui indique un point de vue radicale( comme si la gestion de l’insécurité globale générée par la crise ne relevait plus que d’un systéme différentiel et viral .. sinon au risque de la montée aux extrémes,et de la terreur nucléaire,BMDE inclus ou la peur machinée par le CMI oscille entre le degré absolu et le degré zéro de la sécurité..!) de la lecture de la crise par les Russes et radicalement à l’opposé d’une théorie différentialiste, utopiste et raciste… -Nous sommes prêts à négocier sur une ‘option ZÉRO’.Nous sommes prêt à réfléchir à un systéme de sécurité globale avec les USA,l’UE et la fédération de Russie-
Les francais , les anglais et peut être les allemands.. vont peut être enfin finir par comprendre leurs douleurs et que les “révisionismes” des nations d’europe se pliant aux mantras de l’américanisme déstructurant..allaient finir par les faire rejoindre aux prix de convulsions terribles les fonds de cuve de la crise systémique et dont ils payeront le prix énorme sur leurs propres territoires.. ,au prix d’une traduction de faussaire comme étant le masque rétroactif de :“ceci n’a pas existé”...!!
Quand au marché ,Medvedev se dit favorable à un nouveau Bretton Wood version glasnost et à l’économie de marché fondée sur la propriété privée et hostile à l’étatisation à outrance.. (en clair : à la soviétisation du marché par la capitalisation de l’état aux banques….!) Un débat qui ne fait plus la Une chez les décongelés du centre gauche( canal historique)...certainement que les gazs carboniques ont dut faire leurs effets sur les memos du tyran!!!
nathalie nissen
13/11/2008
Gorbachev calls on Obama to carry out ‘perestroika’ in the U.S.
21:56 | 07/ 11/ 2008
MOSCOW, November 7 (RIA Novosti) - Former Soviet leader Mikhail Gorbachev has said that the Obama administration in the United States needs far-reaching ‘perestroika’ reforms to overcome the financial crisis and restore balance in the world.
The term perestroika, meaning restructuring, was used by Gorbachev in the late 1980s to describe a series of reforms that abolished state planning in the Soviet Union.
In an interview with Italy’s La Stampa published on Friday, Gorbachev said President-elect Barack Obama needs to fundamentally change the misguided course followed by President George W. Bush over the past eight years.
Gorbachev said that after transforming his country in the late 1980s, he had told the Americans that it was their turn to act, but that Washington, celebrating its Cold War victory, was not interested in “a new model of a society, where politics, economics and morals went hand in hand.”
He said the Republicans have failed to realize that the Soviet Union no longer exists, that Europe has changed, and that new powers like China, Brazil and Mexico have emerged as important players on the world stage.
He told the paper that the world is waiting for Obama to act, and that the White House needs to restore trust in cooperation with the United States among the Russians.
“This is a man of our times, he is capable of restarting dialogue, all the more since the circumstances will allow him to get out of a dead-end situation. Barack Obama has not had a very long career, but it is hard to find faults, and he has led an election campaign winning over the Democratic Party and Hillary Clinton herself. We can judge from this that this person is capable of engaging in dialogue and understanding current realities.”
Former Russian oligarch Mikhail Khodorkovsky, founder of now defunct Yukos oil giant, who is in prison on fraud and tax evasion charges, also used the word perestroika in discussing the future course of the Obama administration.
In an article published in the business daily Vedomosti on Friday, Khodorkovsky said Obama’s election win was not merely another change of power in a separate country, but was important for all states.
He said that, “being a liberal himself, he thinks that the world will take a left turn,” and that “a global perestroika would be a logical response to the global crisis.”
“The paradigm of global development is about to change. The era inaugurated by Ronald Reagan and Margaret Thatcher 30 years ago is over.”
He said decisions in neoliberal economies had been made mainly by supranational institutions and transnational corporations.
Khodorkovsky predicted: “Globalization will slow to a crawl, but will not stop. The ‘golden billion’ of the world’s richest people will have to abandon hopes of increasing their wealth, but high consumer standards which developed at the end of the 20th century will be unaffected by the change. The striving for political freedom and open competition of personalities and ideas will not disappear.”
Ni ANDO
12/11/2008
C’est une approche très anthropomorphique de l’histoire qui est présentée ici, où l’on peut facilement assimiler l « idéal de puissance » à lego humain (Moi et mes besoins matériels infinis comme valeur centrale) et l « idéal de perfection » à la spiritualité humaine. Cest une grille de lecture marquée par une sagesse millénaire (bouddhisme et christianisme ont abondamment traité ces thèmes qui opposent le matérialise qui attache et aliène et spiritualité qui libère en se détachant des choses, la pauvreté rapproche de Dieu et de la vraie nature de lhomme tandis que lopulence len éloigne). Mais cest une grille de lecture qui ne peut être efficace que si lon admet lidée quune civilisation nest que lagrégation des motivations des individus qui la composent et la font vivre. Ce nest sans doute pas si évident. Ne serait-ce que parce que ces individus sont eux-mêmes manipulés par une longue histoire qui les dépasse et dont ils ne sont pas, en général, conscients : leurs motivations ne peuvent donc pas toujours être claires, y compris pour eux-mêmes. Ils sont aussi manipulés par les conséquences de leurs actes. Certes, lagrégation des actes dun grand nombre dAllemands méthodiques, organisés, matérialistes, aboutit à la création dune société particulièrement bien organisée, efficace, donc une société où un « idéal de puissance » apparaît facilement. Mais sans que cet idéal nait été consciemment formulé ou forcément voulu par ces mêmes Allemands. On regrette donc que Guglielmo Ferrero ne sintéresse pas à la genèse de ces « idéaux » et nexplicite pas la cause de leur apparition. En tout cas, appliqué aux révolutions du XIXieme siècle, ainsi quà la révolution française et à la révolution bolchévique doctobre on constate effectivement que ces révolutions ont toujours, immanquablement, conduit à un renforcement de lEtat, et donc à une victoire de l « idéal de puissance ». La révolution bolchévique marque ainsi une véritable avancée de cet idéal (encore accentuée par le stalinisme qui allait suivre le léninisme), voire une rupture complète avec la Russie traditionnelle, très spiritualiste. En définitive, l « idéal de puissance » est toujours une voie sans issue car, totalement centré sur lui-même, il recèle toujours en lui le germe de sa propre destruction.
Taurus Scorpio
12/11/2008
Francis Lambert
12/11/2008
Sarkozy avant son élection en mai 2007, Crédit hypothécaire :
“Les ménages français sont aujourd’hui les moins endettés d’Europe. Or, une économie qui ne s’endette pas suffisamment, c’est une économie qui ne croit pas en l’avenir, qui doute de ses atouts, qui a peur du lendemain. C’est pour cette raison que je souhaite développer le crédit hypothécaire pour les ménages et que l’État intervienne pour garantir l’accès au crédit des personnes malades. Je propose que ceux qui ont des rémunérations modestes puissent garantir leur emprunt par la valeur de leur logement. Il faut réformer le crédit hypothécaire. Si le recours à l’hypothèque était plus facile, les banques se focaliseraient moins sur la capacité personnelle de remboursement de l’emprunteur et plus sur la valeur du bien hypothéqué. Ceci profiterait alors directement à tous ceux dont les revenus fluctuent, comme les intérimaires et de nombreux indépendants. ” extrait de La Vie Immobilière, octobre 2006.
Depuis lors nous avons connu le désastre des “subprimes” aux USA. Désastre qui a “illuminé” la crise générale du crédit ... c’est à dire le hold-up américain sur l’épargne mondiale. Dans cette crise de la dette les Nations complices n’ont pas trouvé d’autre “solution” que de la décupler : les dettes Nationales explosent. Evidemment tout était prévisible et annoncé depuis longtemps, évidemment les Nations n’ont rien prévenu et aggravent maintenant toujours la situation.
Ainsi la Nation française réalise aujourd’hui la promesse de Sarkozy : les “subprimes” à la française, au moment où les logements surévalués sont en pleine correction ... la Nation incite les “ménages à revenus modestes” à acheter trop cher ce qu’ils vont devoir rembourser au double (en 30 ans avec les charges d’intérêt) en pleine baisse de valeur (au Japon ils en sont à 20 ans de baisse de l’immobilier).
Le but n’est évidemment pas social mais : un “soutien très fort aux banques” et sauver ce qu’on peut du stock de spéculation immobiliaire.
Les Nations ou ... le voyage au bout de l’immonde.
“... en particulier aux ménages à revenus modestes” :
“A partir du 1er novembre 2008, la garantie de l’Etat est ouverte aux prêts réalisés par les banques à 60% des accédants à la propriété, contre 20% auparavant. Par la mise en œuvre de cette mesure annoncée le 1er octobre dernier par le Président de la République en réponse à l’effet de la crise financière sur la situation du marché de l’immobilier le Gouvernement apporte un soutien très fort aux banques.
Christine BOUTIN, ministre du logement et de la ville, demande à ce que les banques répercutent sans tarder ces mesures dans les offres de prêts aux particuliers qu’elles proposent.”
http://www.mon-immeuble.com/actualites/act08/article318.07.11.08.htm
Bertrand Dugaidéclin
12/11/2008
Un grand merci à Dedefensa pour la diffusion de ce texte magnifique et fondamental.
On peut lire une version en anglais du livre de Ferrero dont est extrait le texte de cet article
Europe’s fateful hour :
http://www.archive.org/stream/europesfatefulho00ferr/europesfatefulho00ferr_djvu.txt
Merci aussi a NI Ando pour son analyse historique fort instructive des thèses de Fromkin.
Francis Lambert
11/11/2008
de G.Ferrero (eBooks en anglais)
NB : “Select format” RTF permet d’éditer le texte
1. Characters and Events of Roman History
From Cæsar To Nero - The Lowell Lectures of 1908
55 137 mots
http://manybooks.net/titles/ferrerog13201320813208-8.html
2. The Women of the Caesars
1911, 46 325 mots
http://manybooks.net/titles/ferrerog16321632416324-8.html
Pleins d’autres auteurs, en français aussi comme
Guillaume Apollinaire
- Alcools, 1913
- L’hérésiarque et Cie, 1910
- L’oeuvre des conteurs allemands: mémoires d’une chanteuse allemande, 1913
http://manybooks.net/titles/anon2645626456-8.html
Ni ANDO
11/11/2008
Cette volonté expansionniste a au moins quatre raisons. Dabord, la grande jeunesse de lunité allemande, unité accomplie par la guerre, par Bismarck, en 1870 et sur le dos de la France. On peut concevoir quune nation aussi récente se sente mal assurée de son avenir dans une Europe dont les nations sont en grand partie unifiées depuis des siècles. Lexpansionnisme est alors une affirmation de puissance visant à donner une justification et un contenu à lunité (celle-ci permet une politique expansionniste à laquelle navaient pas accès de petits Etats allemands fragmentés). Ensuite, lAllemagne est très tard venue dans la création de grands empires coloniaux. Les places sont déjà été prises depuis le congrès de Berlin de 1905. Il ne reste à lAllemagne (à part quelques zones en Afrique sub-saharienne) que peu de choses à conquérir. Privée dempire, lAllemagne ne peut alors agir quen Europe (on retrouve en 1941 cette obsession de lexpansion manquée dans la volonté de « coloniser » lespace russe avec lopération Barbarossa de juin 1941 (colonisation qui suppose dailleurs explicitement la nécessité danéantir une partie importante de la population soviétique). La troisième raison est évoquée par lEtasunien David Fromkin, historien (université de Boston) dans son ouvrage « Le dernier été de lEurope Qui a provoqué la Première guerre mondiale ? ». Ecrit en 2004, et à la lumière de la mise à jour de nouvelles archives, Fromkin établit la responsabilité particulière de lAllemagne dans le déclenchement du conflit. Loin dêtre le résultat malheureux dun concours de circonstances (le jeu des alliances) la guerre a été voulue et recherchée par Berlin en 1914. Fromkin rappelle la véritable terreur que lexpansion économique accélérée de lempire russe suscitait parmi les élites allemandes, qui voyaient jour après jour un géant industriel et économique se développer à leurs frontières. A leurs yeux, à défaut dune guerre, rien ne pouvait stopper laffirmation dune puissance russe appelée à rattraper lAllemagne. Cette guerre était vue comme « préventive »
Mais il est une quatrième explication qui, effectivement, pourrait se rattacher à une interprétation « structurelle » du phénomène expansionniste allemand. Cest la structure anthropologique de la société allemande où la famille souche, et les règles dhéritage qui en découlent (cf. Emmanuel Todd), créent des liens familiaux marqués par des rapports dautorité et obligent les enfants (sauf laîné) à chercher fortune ailleurs.
A loccasion de la commémoration du 11 novembre il est bon de rappeler la contribution décisive de nos amis russes en 1914. La France ne se bat pas seulement contre lAllemagne, elle se bat contre la « Triplice » (Allemagne, Autriche-Hongrie, Turquie). En août 1914, la « Triplice » engage 72 divisions sur le front russe. Lacharnement des combats oblige lAllemagne à étoffer sans cesse ce front en prélevant des unités sur le front français. En décembre 1914, la Triplice oppose 101 divisions à larmée impériale russe (dont 40 allemandes), et 97 à la France. En août 1915, les effectifs sont montés à 65 divisions allemandes sur le front russe contre 73 sur le front français. En janvier 1917, cest 187 divisions que la Triplice engage contre la Russie (49% du total) contre 131 contre la France (34%). « Vers la fin de 1914, lintensité de la lutte sur le front russe imposera à larmée allemande une attitude défensive sur le front de France. Elle sera maintenue jusquen février 1916. Quand, en 1916, les Allemands attaqueront en France [Verdun], il sera trop tard, ils ne seront plus capables dentamer les forces alliées » - Général. S. Andolenko (« Histoire de larmée russe » Ed. Flammarion 1967).
Les deux fronts, français et russes, sont liés. On ne peut comprendre certaines décisions prises par les généraux français et russes si on oublie ce fait. Quand la pression allemande devient insupportable sur le front français, les Français demandent aux Russes de lancer des offensives afin dobliger le Kaiser à alléger son dispositif et de transférer des troupes sur le front russe. Même chose pour les Russes qui demandent également, à des moments critiques, aux Français de lancer des offensives dans le même but. Cest ce jeu de bascule entre les deux fronts qui permet, en fin de compte, à larmée française de ne pas être emportée en 1914 et 1915.
Sans la contribution cruciale de leffort de guerre russe la France eût été dans limpossibilité absolue de tenir tête à lAllemagne. Elle aurait certainement été vaincue dès 1914, comme elle lavait été en 1870. Lors des guerres perdues de 1870 et 1940, la France combattit seule. En 1914, larmée allemande est la plus puissante dEurope, la mieux équipée et la mieux entraînée. Depuis 1870, les écarts démographiques et industriels des deux pays nont cessé de sélargir. David Fromkin, écrit que « le 4 mars 1913, Poincaré soutint un projet de loi visant à prolonger de deux à trois ans le service militaire; cette mesure semblait la seule façon possible de compenser lavantage du nombre que possédait lAllemagne, qui comptait une population de 70 millions dhabitants contre 40 en France ». En 1910, les potentiels industriels français et russes réunis équivalent celui de lAllemagne, alors la plus grande puissance industrielle du continent européen (lAllemagne du Kaiser est le seul pays dEurope en 1914 où le nombre douvriers dépasse celui des paysans).
Selon une estimation russe donnée en 2004 les armées russes perdront alors au moins 1,7 millions dhommes au combat (et 5 millions de blessés et mutilés) en trois ans de guerre (autre évaluation : 2,5 millions de tués et 3,8 millions de bléssés), contre prés de 1,8 millions de tués pour les armées autrichienne et allemande sur le front russe (1,4 million pour larmée française). Lécart des pertes militaires sexplique par la puissance de lartillerie lourde allemande, mieux dotée que la russe (dans un rapport de 2,5 contre 1, situation que lon retrouve également sur le front français en 1914), mais tient surtout à limpréparation relative des armées russes en août 1914, fortement sous-équipées jusquà la fin de 1915, excepté pour lexcellentissime Garde Impériale (elle constitue une armée à part entière en 1914). Malgré tout, notent les observateurs, lindustrie a réussi en 1916 sa reconversion à la production de guerre, ce qui témoigne de sa maturité et de lessor général de léconomie russe après 1905.
En 1914, bien que son économie soit encore essentiellement agricole, lEmpire russe est déjà la troisième puissance économique du continent, rattrape son retard industriel à marche forcée, et vient de recouvrer son indépendance financière à légard de lEurope de lOuest : en 1914, le capital russe contrôle 51% de léconomie nationale contre 35% en 1905. Cet essor qui sest accéléré encore à partir de 1905 fait désormais craindre à lAllemagne lémergence dun géant économique rival en Europe. D. Fromkin note que « la taille gigantesque de la Russie, jointe au fait quelle sindustrialisait avec une vitesse stupéfiante grâce au soutien financier de la France, était en train de faire de lempire tsariste un rival potentiel de lAllemagne en tant que puissance suprême du continent ». La caste militaire prussienne, représentée par von Moltke et Falkenhayn, le ministre de la Guerre, considère depuis au moins 1905 que l’Allemagne doit provoquer le plus tôt possible une guerre préventive contre la Russie et son allié la France. En fait, « à partir de 1879, les plans de l’Allemagne partirent tous de l’hypothèse où elle aurait à affronter la France et la Russie ». D. Fromkin. A tort ou à raison, l’Allemagne craint la montée en puissance rapide du géant russe et croit que si la France et la Russie peuvent être battues en 1914, c’est l’Allemagne qui le serait en 1916 ou 1917. Théobald von Bethmann-Hollweg, chancelier de l’Allemagne de 1909 à 1917, ne fait que refléter les craintes, exagérées et teintées d’une certaine paranoïa, de la classe politique allemande lorsqu’il déclare que l’Allemagne est « complètement paralysée », cernée par les puissances alliées que sont alors la France, la Russie et la Grande-Bretagne et que « l’avenir appartient à la Russie, qui ne cesse de grandir, de grandir, et devient de plus en plus un cauchemar pour nous ». Il voyait l’Autriche-Hongrie finir par s’allier avec la Russie pour se retrouver dans le camp des vainqueurs, l’Allemagne serait alors seule et impuissante sur la scène internationale. Sortir dun isolement quelle a elle-même initié, et briser un challenger russe dont la puissance ne cesse de se développer sont les deux facteurs qui incitent lAllemagne à provoquer le premier conflit mondial. Après létude de nouvelles sources allemandes et autrichiennes, D. Fromkin conclut que « lAllemagne a délibérément déclenché une guerre européenne pour ne pas être dépassée par la Russie » et relève que « les généraux allemands ont bel et bien décidé dentrer en guerre avant que la Russie ne mobilisât (31 juillet) et ce nest donc pas, comme on le prétend si souvent, la mobilisation russe qui a provoqué la guerre ».
Stephane Eybert
11/11/2008
You know why bankrupt america elected Obama..?
He was the only one to spare some change
:-)
Exocet
10/11/2008
Ci joint un article passionant pioché par mes soins à distance respectable.. faisant part de l’histoire US asymétriquement cannibal et suprêmatiste et donnant l’illusion du cycle monotone et trompeur d’un nouvel age lethal et civilisé.. ou de l’irruption d’une quatriéme grande république succombant à l’exigence contrastée d’ une révolution à- systémique et qui provoque des réactions nombreuses et diversement appréciés tout autant désordonnées,qu’ordonnées ..
http://www.salon.com/opinion/feature/2008/11/07/fourth_républic/index.html
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