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USA laminés : pourquoi le dollar a-t-il rebondi durant le krach boursier ?

Article lié : Désormais sans eux

Francis Lambert

  14/10/2008

Pourquoi le dollar est-il parvenu à reprendre 15% depuis la mi-juillet si les Etats-Unis sont à ce point laminés économiquement (et diplomatiquement) ?

... face à la débâcle des plus grandes institutions financières des Etats-Unis, la seule solution consistait ... à revendre les actifs détenus dans tous les pays dont la devise venait de prendre 30%, 40% ou 50% face au dollar.
Dans le vaste mouvement de liquidation des positions spéculatives amorcé à la mi-juillet, le pétrole à 148 $ est également apparu comme une cible de choix ; ce fut ensuite au tour du cuivre, du nickel, de l’argent métal, des céréales, etc. Même l’or a rechuté vers 725 $ ...

... face à l’absence de liquidités auquel ils se retrouvent confrontés, les fonds d’investissement anglo-saxons soldent leurs positions dans l’urgence pour combler les trous aux Etats-Unis via la City londonienne.
La perte de valeur des couvertures en titres entraîne encore plus de ventes de titres (ce que les spécialistes appellent le de-leveraging). Les ventes informatisées liées à des cassures de seuil font le reste : le marché perd sa capacité à fixer des prix, lesquels ne sont plus que le reflet de l’épaisseur des carnets d’ordre.
** Dans ce genre d’environnement technique, aucune bonne nouvelle ne peut endiguer la spirale baissière. ...

Extrait de Philippe Béchade, http://www.la-chronique-agora.com/articles/20081013-1260.html

L’inexistence pathétique des institutions européennes.

Article lié : La légitimité bouleverse les psychologies

Francis Lambert

  14/10/2008

Les Nations ont les institutions quelles veulent.
La commission et ses commissaires sont soigneusement choisis par les Nations.
La commission n’est qu’une “commission” par la volonté des Nations.
Barroso est le plus petit commun représentant choisis par les Nations.
Les Nations ne veulent pas d’élection à ce niveau.
Ce sont les Nations par leurs propres ministres qui font le Conseil de l’europe et la décision.
Les Nations les plus critiques sont souvent les moins présentes.

La BCE a sauvé l’euro et les Nations associées (pas d’Islandes) :
- la BCE a agit avec la FED à égalité de taille et de crédiblité (imaginez les quinzes francs, peso, lires, drachmes ...)
- la BCE a évité l’habituelle série de dévaluations concurrentes de ses ex-monnaies Nationales.
- la conscience, les décisions, la rapidité et les montants concernés dépassent toutes ces Nations.
- la BCE est venue fréquemment au secours de nations dont le PIB n’était qu’une fraction de leur risque financier.
- la BCE a apporté des “économies d’erreurs coûteuses” aux finances de ses Nations.

Par contre
- ce sont les Nations qui ont fait et font la BCE, chaque Nation peut la quitter : il suffit d’un référendum par exemple et tout ira mieux !
- la BCE sera détruite par ses Nations dans la suite de cette crise globale. Non seulement à cause des déficits nationaux répétés au mépris de leurs traités mais aussi aux divergences concurrentielles des politiques Nationales économiques, budgétaires, fiscales, sociales… La difficulté est toujours dans l’étendue et l’adaptation des subsidiarités. Pays du Club Med versus pays Rhénan et Nordiques : il n’y a pas photo, l’allemagne ne veut plus être le dindon de la farce ... la PAC tue l’UE.
- Des procès Nationaux longs et couteux vont pleuvoir paralysants des circuits financiers. Les conflits de compétence et de juridiction des Nations vont être particulièrement délétères. Pensons au Crédit Lyonnais, Kerviel etc. mais à l’échelle continentale comme l’Islande, FORTIS par exemple.
- Les politiciens des Nations vont multiplier les divisions en exploitant les émotions et l’ignorance, ils vont continuer à accuser de leur incurie et de leurs erreurs les institutions efficaces.

Ainsi les Nations resteront égales à leurs déficits car c’est la faute des autres, par définition.

Pitrerie ou piraterie ?

Article lié : Désormais sans eux

Francis Lambert

  14/10/2008

Les anglo-saxons nous vendent une bonne partie de leurs dettes et dérivés toxiques mais n’arrivent pas à sauver leur système financier modèle et ultra-libéral gavé à longueur d’années de dettes pourries de toutes natures.

L’angleterre concocte après un an de paniques diverses un plan de sauvetage massif de ses banques (et surtout pas de leurs produits toxiques distribués mondialement) et cela en taxant ses citoyens alors qu’elle a des revenus pétroliers énormes pour longtemps encore !

L’Angleterre propose alors “son modèle de sauvetage” aux Nations du continent tout en continuant à leur distribuer ses produits toxiques (qu’elle a pris grand soin de ne pas couvrir contrairement à ses banques) et dont les banques du continent sont déjà obèses.

Les Nations du continent qui financent, elles, toute leur énergie (gaz, pétrole) en dollar, et donc déjà doublement déficitaires, établissent alors un plan de refinancement encore bien plus gigantesque en euro (please sir) ... pour sécuriser des produits toxiques anglo-saxons dont la distribution n’est pas arrêtée légalement, ni même en tentative de recensement !

Aucune Nation n’imagine le retour des déchets toxiques à l’expéditeur ! Tout est resservis, refinancé gratis aux anglos-saxons, aristocrates mondiaux des pollutions de toute nature !

Sauf pour nous, sauf surtout pour le tiers monde : les vrais pauvres ! Je rêve.

Ah oui encore merci pour la “défaite anglo-saxonne”, le “rapprochement” et tout ça.
Et vivement la défaite suivante alors ?

Nicolas Sarkozy

Article lié : La légitimité bouleverse les psychologies

Taurus Scorpio

  14/10/2008

Je lis tous les jours vos analyses qui donnent toujours un angle intéressant des sujets traités et qui sont très agréables à lire.
Je lis aussi d’autres sites qui sont tout aussi intéressants et sérieux. Parmi eux le Réseau Voltaire de Thierry Meyssan, qui traite des mêmes sujets mais sous un angle un peu différent et je suis sûr que vous tomberiez d’accord sur la plupart des sujets traités ici.
Cependant, il y a un point où vos analyses sont antagonistes. Il s’agit de Nicolas Sarkozy. Que pensez-vous de cet article : http://www.voltairenet.org/article158181.html
ou de celui-ci:
http://www.voltairenet.org/article157210.html ?

Brown ou l'Eurogroup

Article lié : Désormais sans eux

Jean-Paul Baquiast

  14/10/2008

Je ne suis pas, loin de là, un Sarkozyste inconditionnel. Je trouve quand même un peu excessif que Brown et ses médias s’attribuent la responsabilité du retour de l’Europe sur la scène politique. En fait, Brown était venu à Canossa, chercher l’aval de l’Eurogroup, dont il savait bien qu’il ne pouvait pas se passer.
Si Sarkozy ne s’appuie pas sur les tendances colbertistes manifestées par de plus en plus de membres de l’Eurogroup,  pour transformer un premier succès en victoire, il retombera sous l’emprise du libéralisme anglo-saxon. Mais pour cela, il doit proposer un véritable programme social-démocrate.  Il en est loin encore.

Et si le Cog vous intéresse toujours:

Article lié : Un modèle pour la réforme du Pentagone?

- Dedef

  14/10/2008

Behind the panic: Financial Warfare over future of global bank power

Article lié : Désormais sans eux

- Dedef

  14/10/2008

http://www.engdahl.oilgeopolitics.net/print/Behind the panic Financial Warfare.htm

By F. William Engdahl, 10 October 2008

What’s clear from the behavior of European financial markets over the past two weeks is that the dramatic stories of financial meltdown and panic are deliberately being used by certain influential factions in and outside the EU to shape the future face of global banking in the wake of the US sub-prime and Asset-Backed Security (ABS) debacle. The most interesting development in recent days has been the unified and strong position of the German Chancellor, Finance Minister, Bundesbank and coalition Government, all opposing an American-style EU Superfund bank bailout.  Meanwhile Treasury Secretary Henry Paulson pursues his Crony Capitalism to the detriment of the nation and benefit of his cronies in the financial world. It’s an explosive cocktail that need not have been.

Stock market falls of 7 to 10% a day make for dramatic news headlines and serve to foster a broad sense of unease bordering on panic among ordinary citizens. The events of the last two weeks among EU banks since the dramatic state rescues of Hypo Real Estate, Dexia and Fortis banks, and the announcement by UK Chancellor of the Exchequer, Alistair Darling of a radical shift in policy in dealing with troubled UK banks, have begun to reveal the outline of a distinctly different European response to what in effect is a crisis ‘Made in USA.’

There is serious ground to believe that US Goldman Sachs ex CEO Henry Paulson, as Treasury Secretary, is not stupid. There is also serious ground to believe that he is actually moving according to a well-thought-out long-term strategy. Events as they are now unfolding in the EU tend to confirm that. As one senior European banker put it to me in private discussion, ‘There is an all-out war going on between the United States and the EU to define the future face of European banking.’

In this banker’s view, the ongoing attempt of Italian Prime Minister Silvio Berlusconi and France’s Nicholas Sarkosy to get an EU common ‘fund’, with perhaps upwards of $300 billion to rescue troubled banks, would de facto play directly into Paulson and the US establishment’s long-term strategy, by in effect weakening the banks and repaying US-originated Asset Backed Securities held by EU banks.

Using panic to centralize power
etc…à

http://www.engdahl.oilgeopolitics.net/print/Behind the panic Financial Warfare.htm

Sagesse du grand chef

Article lié : Parler aux talibans avec des arrière-pensées?

Stephane Eybert

  13/10/2008

Je me demande si le bon peuple n’attend pas de ses dirigeants d’avoir un discours va t’en guerre pour ensuite refuser d’aller a la guerre. Un bon chef de guerre sait reconnaitre cette contradiction chez ses sujets.

Du grand Complot ou de "Coups improvisés"

Article lié : L’homme face au système en crise

René M

  13/10/2008

Très belle démonstration de Dedefensa , comme on les aime !

Et je l’accepte pour son essentiel .

Cependant je vous cite “

L’appréciation organisationnelle d’un complot général permanent du système pour maintenir sa tyrannie nous paraît totalement infondée; elle prête au système une rationalité, une habileté et une efficacité que chaque acte de son action dément.”

Cette : — non existence permanente d’un complot — idée ou thèse sur laquelle je peux parfaitement vous rejoindre, empêche-t-elle que “certaine individus , certaines forces”, jouent leur jeu, tentent ” des coups ” ponctuellement ?

Par certaines forces, je veux dire,  des groupes à l’intérieur du système, des parties de structures, ou d’institutions, tels que des éléments des services secrets, de l’armée, et bien d’autres encore ,  des groupes fascisants en quelque sorte ou composés de réunion d’intérêts qui justement croyant agir selon ce qu’ils souhaitent participent de la déstructuration du système par le gâchis et l’engagement dans des impasses où il l’entrainent, et les effets systémiques qui se répercute sur l’ensemble
.

Par ailleurs personnellement, je décèle justement dans ces coups une rationalité et une habileté douteuse ou pervertie et pleine de maladresses à de nombreux niveau. Par exemple le coup du 11 septembre, réussi techniquement par certains coté mais portant également la marque de ratés et de grains de sable bien visibles quand on étudie de près les faits.

En bref : pas de complot permanent et organisé de longue date, mais des forces jouant dans une joyeuse anarchie (le terme “joyeuse ” utilisé ici juste pour un effet de style de ma phrase, mais en vrai sinistre et cauchemardesque )  et dont “les coups en question ”  ébranlent un peu plus le système en voulant le courber à leur volonté

Serions nous d’accord sur cet énoncé ? Ou allez vous jusqu’à refuser cette possibilité  comme incompatible avec votre thèse ?

A propos de Gorby

Article lié : L’homme face au système en crise

eric b.

  13/10/2008

Parmi les possibles.
Un événement dramatiquement important, exceptionnel, unique a peut être aussi transformé de manière irréversible le processus réformiste de départ en une lame de fond “révolutionnaire” : Tchernobyl .
Au hasard et pour faire très simple et de haut en bas :
1 - Les “responsables” directs ont commencé à mentir à Gorby pendant des jours (les chiens ne font pas des chats)
2 - Devant l’ampleur de la catastrophe et pour la première fois, le politburo a fait passer une information concernant les russes et à destination des russes en acceptant la tenue d’une conférence internationale (Vienne; Hans Blix).
3 - Entre 500 000 et 600 000 russes ont été mobilisés sur le site pour effectuer le “nettoyage” et la mise en oeuvre du sarcophage dans les conditions que l’on sait, ce qui n’est pas rien même pour un grand pays.

Pendant les trois mois qui ont suivis l’explosion de la centrale, la planète, en tout cas l’Europe entière et tout le bassin méditerranéen (via la Mer Noire), est passée tout près d’une catastrophe historique.
D’ après les experts, en au moins deux occasions, le coeur du réacteur aurait pu passer en phase “réaction en chaine” (XXX fois Hiroshima).

Pour conclure, je pense que Gorby et quelques autres ont eu vraiment ...PEUR…
......(avec raison)...

merci pour votre site

"Le capitalisme touche à sa fin"

Ilker de Paris

  12/10/2008

un essai d’anticipation des conséquences de la crise actuelle :

————
“Le capitalisme touche à sa fin”

Signataire du manifeste du Forum social de Porto Alegre (“Douze propositions pour un autre monde possible”), en 2005, vous êtes considéré comme l’un des inspirateurs du mouvement altermondialiste. Vous avez fondé et dirigé le Centre Fernand-Braudel pour l’étude de l’économie des systèmes historiques et des civilisations de l’université de l’Etat de New York, à Binghamton. Comment replacez-vous la crise économique et financière actuelle dans le “temps long” de l’histoire du capitalisme ?

Immanuel Wallerstein : Fernand Braudel (1902-1985) distinguait le temps de la “longue durée”, qui voit se succéder dans l’histoire humaine des systèmes régissant les rapports de l’homme à son environnement matériel, et, à l’intérieur de ces phases, le temps des cycles longs conjoncturels, décrits par des économistes comme Nicolas Kondratieff (1982-1930) ou Joseph Schumpeter (1883-1950). Nous sommes aujourd’hui clairement dans une phase B d’un cycle de Kondratieff qui a commencé il y a trente à trente-cinq ans, après une phase A qui a été la plus longue (de 1945 à 1975) des cinq cents ans d’histoire du système capitaliste.

Dans une phase A, le profit est généré par la production matérielle, industrielle ou autre ; dans une phase B, le capitalisme doit, pour continuer à générer du profit, se financiariser et se réfugier dans la spéculation. Depuis plus de trente ans, les entreprises, les Etats et les ménages s’endettent, massivement. Nous sommes aujourd’hui dans la dernière partie d’une phase B de Kondratieff, lorsque le déclin virtuel devient réel, et que les bulles explosent les unes après les autres : les faillites se multiplient, la concentration du capital augmente, le chômage progresse, et l’économie connaît une situation de déflation réelle.

Mais, aujourd’hui, ce moment du cycle conjoncturel coïncide avec, et par conséquent aggrave, une période de transition entre deux systèmes de longue durée. Je pense en effet que nous sommes entrés depuis trente ans dans la phase terminale du système capitaliste. Ce qui différencie fondamentalement cette phase de la succession ininterrompue des cycles conjoncturels antérieurs, c’est que le capitalisme ne parvient plus à “faire système”, au sens où l’entend le physicien et chimiste Ilya Prigogine (1917-2003) : quand un système, biologique, chimique ou social, dévie trop et trop souvent de sa situation de stabilité, il ne parvient plus à retrouver l’équilibre, et l’on assiste alors à une bifurcation.

La situation devient chaotique, incontrôlable pour les forces qui la dominaient jusqu’alors, et l’on voit émerger une lutte, non plus entre les tenants et les adversaires du système, mais entre tous les acteurs pour déterminer ce qui va le remplacer. Je réserve l’usage du mot “crise” à ce type de période. Eh bien, nous sommes en crise. Le capitalisme touche à sa fin.

Pourquoi ne s’agirait-il pas plutôt d’une nouvelle mutation du capitalisme, qui a déjà connu, après tout, le passage du capitalisme marchand au capitalisme industriel, puis du capitalisme industriel au capitalisme financier ?

Le capitalisme est omnivore, il capte le profit là où il est le plus important à un moment donné ; il ne se contente pas de petits profits marginaux ; au contraire, il les maximise en constituant des monopoles - il a encore essayé de le faire dernièrement dans les biotechnologies et les technologies de l’information. Mais je pense que les possibilités d’accumulation réelle du système ont atteint leurs limites. Le capitalisme, depuis sa naissance dans la seconde moitié du XVIe siècle, se nourrit du différentiel de richesse entre un centre, où convergent les profits, et des périphéries (pas forcément géographiques) de plus en plus appauvries.

A cet égard, le rattrapage économique de l’Asie de l’Est, de l’Inde, de l’Amérique latine, constitue un défi insurmontable pour “l’économie-monde” créée par l’Occident, qui ne parvient plus à contrôler les coûts de l’accumulation. Les trois courbes mondiales des prix de la main-d’oeuvre, des matières premières et des impôts sont partout en forte hausse depuis des décennies. La courte période néolibérale qui est en train de s’achever n’a inversé que provisoirement la tendance : à la fin des années 1990, ces coûts étaient certes moins élevés qu’en 1970, mais ils étaient bien plus importants qu’en 1945. En fait, la dernière période d’accumulation réelle - les “trente glorieuses” - n’a été possible que parce que les Etats keynésiens ont mis leurs forces au service du capital. Mais, là encore, la limite a été atteinte !

Y a-t-il des précédents à la phase actuelle, telle que vous la décrivez ?

Il y en a eu beaucoup dans l’histoire de l’humanité, contrairement à ce que renvoie la représentation, forgée au milieu du XIXe siècle, d’un progrès continu et inévitable, y compris dans sa version marxiste. Je préfère me cantonner à la thèse de la possibilité du progrès, et non à son inéluctabilité. Certes, le capitalisme est le système qui a su produire, de façon extraordinaire et remarquable, le plus de biens et de richesses. Mais il faut aussi regarder la somme des pertes - pour l’environnement, pour les sociétés - qu’il a engendrées. Le seul bien, c’est celui qui permet d’obtenir pour le plus grand nombre une vie rationnelle et intelligente.

Cela dit, la crise la plus récente similaire à celle d’aujourd’hui est l’effondrement du système féodal en Europe, entre les milieux du XVe et du XVIe siècle, et son remplacement par le système capitaliste. Cette période, qui culmine avec les guerres de religion, voit s’effondrer l’emprise des autorités royales, seigneuriales et religieuses sur les plus riches communautés paysannes et sur les villes. C’est là que se construisent, par tâtonnements successifs et de façon inconsciente, des solutions inattendues dont le succès finira par “faire système” en s’étendant peu à peu, sous la forme du capitalisme.

Combien de temps la transition actuelle devrait-elle durer, et sur quoi pourrait-elle déboucher ?

La période de destruction de valeur qui clôt la phase B d’un cycle Kondratieff dure généralement de deux à cinq ans avant que les conditions d’entrée dans une phase A, lorsqu’un profit réel peut de nouveau être tiré de nouvelles productions matérielles décrites par Schumpeter, sont réunies. Mais le fait que cette phase corresponde actuellement à une crise de système nous a fait entrer dans une période de chaos politique durant laquelle les acteurs dominants, à la tête des entreprises et des Etats occidentaux, vont faire tout ce qu’il est techniquement possible pour retrouver l’équilibre, mais il est fort probable qu’ils n’y parviendront pas.

Les plus intelligents, eux, ont déjà compris qu’il fallait mettre en place quelque chose d’entièrement nouveau. Mais de multiples acteurs agissent déjà, de façon désordonnée et inconsciente, pour faire émerger de nouvelles solutions, sans que l’on sache encore quel système sortira de ces tâtonnements.

Nous sommes dans une période, assez rare, où la crise et l’impuissance des puissants laissent une place au libre arbitre de chacun : il existe aujourd’hui un laps de temps pendant lequel nous avons chacun la possibilité d’influencer l’avenir par notre action individuelle. Mais comme cet avenir sera la somme du nombre incalculable de ces actions, il est absolument impossible de prévoir quel modèle s’imposera finalement. Dans dix ans, on y verra peut-être plus clair ; dans trente ou quarante ans, un nouveau système aura émergé. Je crois qu’il est tout aussi possible de voir s’installer un système d’exploitation hélas encore plus violent que le capitalisme, que de voir au contraire se mettre en place un modèle plus égalitaire et redistributif.

Les mutations antérieures du capitalisme ont souvent débouché sur un déplacement du centre de “l’économie-monde”, par exemple depuis le Bassin méditerranéen vers la côte Atlantique de l’Europe, puis vers celle des Etats-Unis ? Le système à venir sera-t-il centré sur la Chine ?

La crise que nous vivons correspond aussi à la fin d’un cycle politique, celui de l’hégémonie américaine, entamée également dans les années 1970. Les Etats-Unis resteront un acteur important, mais ils ne pourront plus jamais reconquérir leur position dominante face à la multiplication des centres de pouvoir, avec l’Europe occidentale, la Chine, le Brésil, l’Inde. Un nouveau pouvoir hégémonique, si l’on s’en réfère au temps long braudélien, peut mettre encore cinquante ans pour s’imposer. Mais j’ignore lequel.

En attendant, les conséquences politiques de la crise actuelle seront énormes, dans la mesure où les maîtres du système vont tenter de trouver des boucs émissaires à l’effondrement de leur hégémonie. Je pense que la moitié du peuple américain n’acceptera pas ce qui est en train de se passer. Les conflits internes vont donc s’exacerber aux Etats-Unis, qui sont en passe de devenir le pays du monde le plus instable politiquement. Et n’oubliez pas que nous, les Américains, nous sommes tous armés…

http://www.lemonde.fr/la-crise-financiere/article/2008/10/11/le-capitalisme-touche-a-sa-fin_1105714_1101386.html

Doutez vous toujours que la crise n'était pas prévue ? La bulle ... celle des mensonges des Nations !

Article lié : Psychologie au-delà de l'imagination

Francis Lambert

  12/10/2008

NB Cet extrait n’est qu’un élément d’années d’avertissements parfaitement documentés.
    La “psychologie” a bon dos dans cette mécanique ... un ersatz pour intello dépassé ? (j’en suis…)

“Si vous étiez abonnés au GEAB, vous auriez lu ce qui suit dès le 15 mars 2008 :

Selon LEAP/E2020, d’ici la fin de 2008, nous allons assister à une formidable déroute de l’ensemble des fonds de pension de la planète, mettant en péril tout le système des retraites par capitalisation. Ce cataclysme financier aura une dimension humaine dramatique puisqu’il correspond à l’arrivée à la retraite de la première vague des baby-boomers aux Etats-Unis, en Europe et au Japon : les revenus des fonds de pension s’effondrent au moment même où ils doivent commencer à effectuer leur première grande série de versements aux retraités. ...

La prise de conscience désormais généralisée que le monde fait face à une crise d’une ampleur et d’une nature nouvelles permet déjà à nos chercheurs d’affiner certaines de leurs anticipations. ...

Devant l’ampleur de la Très Grande Dépression US désormais en plein développement (6), LEAP/E2020 se félicite de constater que les autorités américaines, suite aux nombreuses protestations (7), ont finalement décidé de maintenir la parution synthétique des indicateurs économiques US sur le site EconomicIndicators.Gov. ...

Dans cette même logique, la Réserve fédérale d’Atlanta fait oeuvre utile en diffusant gratuitement un DVD intitulé « Se préparer à la crise : reconnecter son flux financier vital » (« Crisis Preparedness: Reconnecting the Financial Lifeline »), qui permet aux opérateurs de toute nature d’anticiper la crise, et donc de mieux s’y préparer (8). Dans la perspective de la phase d’effondrement de l’économie réelle aux Etats-Unis, prévue pour Septembre 2008 par LEAP/E2020 (9), ces conseils officiels prennent tout leur sens. Notamment, comme nous le soulignons depuis des mois, en cas de crise grave, « le liquide est roi » (« Cash becomes king » comme le répète ce DVD), et ce que la crise soit liée à un désastre naturel ou provoqué par les hommes comme l’illustre parfaitement le fait que les assureurs américains ont désormais perdus plus d’argent à cause de la crise des subprimes qu’à cause du cyclone Katrina, pourtant le pire désastre naturel de l’histoire des Etats-Unis (10).

... La contagion va maintenant entrer dans une seconde étape de son développement et va donc bien générer une nouvelle série de faillites bancaires d’ici l’été, comme anticipé dans le GEAB N°20, entraînant la rupture du système financier mondial dans la seconde moitié de 2008.”

http://www.leap2020.eu/Crise-systemique-globale-Fin-2008-Deroute-des-fonds-de-pension_a1425.html?PHPSESSID=962ba09ac061ea2d906f9a833aa6d98a

Brown, Sarkozy etc. : une politique financière en or ? des Nations exemplaires ?

Article lié : Le monstre au cœur du système, qui dévore l’intérieur de nous-mêmes

Francis Lambert

  12/10/2008

... C’est avec de l’or anglais que les empereurs de Russie et d’Autriche payèrent les troupes qui furent anéanties par Napoléon Bonaparte le 2 décembre 1805, à Austerlitz.

... Selon les statistiques compilées par le Conseil mondial de l’or, c’est en 1950 que les salles fortes de la BoE (NB Bank of England) ont contenu le plus de lingots : plus de 2 500 tonnes. En 1965, on en est toujours à 2 000 tonnes, puis c’est la dégringolade : à partir de 1971, le bas de laine de la Vieille dame fait grise mine, la barre des 700 tonnes constituant la limite supérieure.

Qu’est-il donc arrivé à l’or des Anglais ?
... En 1997, le Parti travailliste emmené par Tony Blair remporte les élections législatives.
Dix ans plus tard, Tony Blair est toujours Premier ministre. Durant toute cette période, le poste de “chancelier de l’Echiquier”—expression délicieusement surannée désignant le ministre des Finances britannique—sera occupé par l’Ecossais Gordon Brown.
Mais l’Ecossais ne semble plus être ce qu’il était : deux ans après sa prise de fonction, Brown organise des ventes d’or, car comme aux Etats-Unis, le stock d’or anglais relève du Trésor, et non de la banque centrale.
Selon le Conseil mondial de l’or, “le Royaume-Uni a vendu 395 tonnes d’or par l’intermédiaire de ventes aux enchères intervenant tous les deux mois entre juillet 1999 et mars 2002, réduisant ainsi ses réserves à 314 tonnes”.
De surcroît, le Trésor a cru bon d’annoncer à l’avance les dates et les quantités d’or qu’il offrirait à la vente, dans un souci affiché de “transparence et de flexibilité”.
D’habitude, ce genre d’opération se règle par des placements privés, réalisés au cours du jour, qui ne sont annoncés qu’après-coup. Les modalités retenues par le gouvernement Blair ont permis au marché de l’or d’anticiper tranquillement une arrivée massive de métal.
Que croyez-vous qu’il arrivât ? Les cours, qui étaient déjà faibles, ne tardèrent pas à chuter à des plus bas de 20 ans juste après la première vente…

Même le Conseil mondial de l’or s’est permis de critiquer les modalités des cessions, du jamais vu !
Ross Norman, spécialiste des métaux précieux et directeur de TheBullionDesk.com, est lui aussi perplexe : “ses motivations étaient politiques, mais l’opération a été menée de manière incroyablement stupide, juste au moment où le marché se retournait”.
Et juste avant que la demande d’or d’investissement ne connaisse une authentique envolée ! Bref : la Banque d’Angleterre a trouvé le moyen de conserver ses 700 tonnes d’or pendant presque trente ans… pour en vendre plus de la moitié au pire moment. Certes, la BoE n’est pas la seule banque centrale à avoir cédé de l’or depuis 1970. Mais il ne fait aucun doute que ses opérations sont les moins profitables de toutes !
... Bilan financier de l’opération : le Trésor a vendu son or au cours moyen de 275 $ l’once. Il en a retiré 3,5 milliards de dollars qu’il a placés à 40% en dollars US, 40% en euros et 20% en yens. (NB imaginez au prix actuels !)

... C’est avec ce raisonnement que Nicolas Sarkozy,
alors ministre des Finances, a initié en 2004 les premières ventes d’or de la Banque de France depuis les années 60.
Alors même que Simone Wapler rappelle que ces dernières années, la hausse de la valeur de l’once d’or est supérieure aux rendements obligataires en euros comme en dollars… Mais là encore, passons : il y a plus croustillant un peu plus loin.

Des inquiétudes du “rapport Cheuvreux” à celles de Peter Hambro.
Selon les meilleures sources disponibles, dont aucune n’est officielle, entre le tiers et la moitié des 30 800 tonnes d’or officielles ont été prêtées.
C’est beaucoup d’autant qu’officiellement, le taux de prêt est quasi-nul. “Cet or a été prêté aux bullion banks et leurs contreparties, et a déjà été vendu sous forme de bijoux”, écrivait Paul Mylchreest, analyste pour le courtier londonien Crédit Agricole Cheuvreux, dans une note de recherche de janvier 2006. ...

Epilogue : “vous n’auriez pas vu 300 tonnes d’or, par hasard ?”
Vous m’objecterez avec raison : “les fonds de couverture ne sont pas idiots, même les plus risqués ont pris soin de couvrir leur position avec des dérivés”. Bien vu. (NB les “garanties” sont en peine déroute)
Mais pour se couvrir correctement, il faudrait avoir une idée précise du risque en question. C’est-à-dire savoir combien d’or est effectivement présent dans les salles fortes, et combien a été prêté. Nous en revenons donc à l’interrogation de Peter Hambro.
Curieusement, les bilans des banques centrales occidentales comptabilisent, sur la même ligne, l’or physique et les créances en or. Et de par la loi, par exemple, les coffres de la Banque d’Angleterre ne sont pas auditables.
Ce ne sont pas les seuls : la Fed américaine, la Bundesbank et la Banque de France sont logées à la même enseigne. Humm… J’ai comme dans l’idée que la sous-évaluation générale des risques que nous connaissons aujourd’hui n’a pas épargné l’or, d’autant que les données chiffrées manquent.
D’après le Telegraph qui a rapporté les propos d’Hambro, le Trésor britannique a déclaré qu’il allait examiner… s’il avait prêté l’or qu’il proclame détenir. Et depuis lors ? Rien. Faut-il si longtemps pour compter des lingots de 400 onces ‘troy’ ? Je vous laisse en déduire ce que bon vous semble…

2007-09-03, http://www.la-chronique-agora.com/lca/20070903.html

La marge d'incertitude sauve le débat et la liberté du vote

Article lié : Obama a (enfin?) rencontré FDR

Francis Lambert

  12/10/2008

Dans les sondages, 83 % des Américains assurent que la couleur de peau ne joue aucun rôle dans leur choix. Mais une étude de l’université de Stanford évalue l’écart potentiel entre les déclarations des sondés et leur vote à 6 % des voix, pratiquement l’avance actuelle d’Obama. C’est «l’effet Bradley», du nom d’un candidat noir au poste de gouverneur de Californie en 1982, qui avait perdu de justesse alors que les sondages le donnaient gagnant. Dans le cas d’Obama, s’y ajoute une complication : 46 % des Américains sont incapables d’identifier sa religion et 13 % pensent qu’il est musulman.

http://www.lefigaro.fr/elections-americaines-2008/2008/10/11/01017-20081011ARTFIG00200-mccain-tente-de-doser-ses-critiques-contre-obama-.php

Correction

Article lié : Obama a (enfin?) rencontré FDR

de defensa

  12/10/2008

Nous avons corrigé l’erreur que nous signalait notre lecteur “Garçon DeCafe”. Nous le remercions de son intervention et prions nos lecteurs de nous excuser pour cette erreur bien que, selon la formule, elle soit inexcusable.