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Faites vos jeux, rien ne va plus

Article lié : Les accords d’Evian

Stephane Eybert

  10/10/2008

Je pense au contraire que nous sommes plus que jamais dans ces jeux de geopolitique. Sauf qu’aujourd’hui les jeux sont faits. Et certains ont perdu pour avoir trop joue. Quand aux autres, ils aimeraient bien pouvoir enfin s’assoir a la table. La France saura t’elle garder son strapontin..

In God we trust

Article lié : Zakaria au chevet du malade

Ni ANDO

  10/10/2008

« L’Amérique a une vision religieuse de sa position et de son action dans le monde ».

C’est certainement la raison pour laquelle les Etats-Unis ont par deux fois lâché des bombes thermonucléaires sur des populations civiles en toute bonne conscience (Hiroshima et Nagasaki n’abritaient que de faibles contingents de l’armée nippone), et en l’absence de toute justification stratégique (on sait aujourd’hui qu’AVANT le bombardement de Hiroshima le gouvernement étasunien était parfaitement informé des offres officieuses de reddition du gouvernement impérial). Cette imperturbable bonne conscience, cette certitude d’avoir raison envers et contre tout et tous, cette confusion entre ce qui est « moral » et la croyance dans la vocation messianique du régime étasunien est le vrai risque de la situation actuelle. Les Etats-Unis détenaient officiellement en 2007 un peu plus de 5000 ogives nucléaires.

Modernihilisme

Article lié : Le monstre au cœur du système, qui dévore l’intérieur de nous-mêmes

Stephane Eybert

  10/10/2008

Quel beau spectacle notre temps Historique nous offre. De voir les machinistes du modernisme, ces ouvriers de Wall Street, se plaindre du progres qui leur a apporte ces machines merveilleuses, elles qui leur ont si bien servi jusque la. Ce progres qui chez tant de ces croyants aveugles a servi a excuser la mise a sac du monde social et vivant. Leur impuissance face aux machines leur profitait tant il est vrai.
Mais bien sur, ils n’y pouvaient rien. C’est la marche en avant du progres, comme on dit.
Et aujourd’hui, ces pauvres fideles jornaleros, laborieux d’empire, n’y sont pour rien bien entendu. C’est la trahison du progres, la faute aux machines encore, qui se jouent d’eux, en vendant alors qu’ils voudraient tant en acheter eux, de cette foi.
Ainsi donc, on s’etait trompe! Il ne s’agit pas d’une crise psychologique, mais d’une bete faille mecanique de ce vilain progres qui machine contre nous.
Le virtualisme nous offre decidemment des symptomes tres varies ces jours ci.
Le bon docteur Freud doit regarder ce petit spectacle en appreciant la mise en scene.
Mais il n’est pas le seul. Ce one world show doit bien amuser les 4 milliards de misereux du rest of the world.

Virtualisme : le retour de la suite

Article lié : Les accords d’Evian

Francis Lambert

  10/10/2008

“l’actuelle déroute du système anglo-saxon” : ce défaussement de notre collaboration au système n’est pas à notre honneur. Il porte à nouveau atteinte à notre crédibilité, enfin ce qu’il en reste. N’oublions pas que les effets de levier bancaire (le rapport fonds propres à fonds prêtés) sont bien plus excessifs sur notre continent que dans la nébuleuse anglo-saxonne “vertueusement” dénoncée. En outre les banques des Nations d’europe ont emprunté massivement des dollars en profitant de son taux écrasé, exactement comme des ménages défavorisés ont emprunté grâce aux subprimes ! Mais en plus elles ont spéculé avec des effets de levier autour de 50 (!) sur des économies émergentes et des produits dérivés dont elles se sont gavées. Malgré les “règles prudentielles soi-disant modèles” de nos Nations. Les commentaires actuels de nos responsables sont abjects et impayables : le système a été sur-exploité dans la débauche par les banques des Nations d’europe.

De plus les Nations Historiques du continent ont eu dans les années 90 l’exemple des faillites et nationalisations bancaires des Nations Nordiques ... subitement le “modèle Suédois” n’a plus été revendiqué par “les gauches” ! Les Nations d’europe en plus de leur Histoire “éblouissante” ont donc été averties, sur leur sol, avec 15 ans d’avance.
Il y a encore l’exemple préliminaire de la crise immobiliaire du Japon. L’empire du Soleil Levant n’est toujours pas sorti de sa crise des années 80 : c’est dire ce qui nous attend. Mais là autant parler de Martiens pour Mélenchon & Co (nous).
Ne parlons pas des économistes qui nous préviennent aussi depuis des années : les Nations, autistes opportuns, sont toujours surprises.
Ainsi ces Nations nous ont répétés pendant plus d’un an que nous étions, par leurs vertus, à l’abris de la crise, de toute crise.
Evidemment les mêmes importaient une expérience pire ... mais c’est donc la responsabilité  des autres. Où en sont ces Nations ? Elles se définissent imperturbablement par leur soumission, leur ignorance arrogante, leur rapacité et leur lacheté pour le coup toujours Historique !

Les glorieuses Nations d’europe sont simplement en faillite, elles n’ont même pas le courage de l’envisager !

Cette crise qui n’est qu’une suite va dépasser pour longtemps nos honteuses constantes Nationales, mais cette attitude est dans la ligne de nos “Histoires”. En effet l’histoire de nos Nations n’est qu’une posture pour se défausser de leurs crimes, chaque Histoire Nationale accuse les autres, ces grotesques “leçons de l’Histoire” sont ainsi parfaitement inefficaces car ce n’est tout simplement pas l’Histoire. Le virtualisme définit tout notre passé, alors le reste est à l’avenant, en boucles criminelles ...

Nos Nations ajoutent maintenant le grotesque du déni à leurs faillites. L’Islande nous avertis encore, mais évidemment en vain.

Paris-Berlin-Moscou

Article lié : Les accords d’Evian

Jean-Paul Baquiast

  09/10/2008

Permettez moi d’ajouter mon avis, qui ne différe guère il est vrai de celui de Ddefensa
http://www.europesolidaire.eu/article.php?article_id=150&r_id=

Prises de conscience ?

Article lié : Les accords d’Evian

Ni ANDO

  09/10/2008

Jacques Sapir : « Tant que les responsables et leurs conseillers n’auront pas quitté le cadre théorique et idéologique du néolibéralisme non seulement ne pourront-ils pas porter remède aux raisons profondes de la crise, mais encore seront-ils peu crédibles dans la lutte contre les effets immédiats de cette dernière. On ne met pas en œuvre une nouvelle stratégie avec ceux qui ont été à la base de l’échec. La crise actuelle n’est pas un simple mouvement du cycle des affaires. Elle met en cause des éléments bien plus fondamentaux ».
Il y a une prise de conscience de la nécessite de revoir les règles du jeu. Mais si cette prise de conscience semble générale (au moins dans les déclarations), on ne voit rien de semblable se manifester, pour le moment, aux Etats-Unis. Il faudra donc que la crise s’aggrave encore jusqu’à ce que cette prise de conscience s’impose à l’establishment étasunien. Tant que cette prise de conscience n’aura pas fait son chemin dans ce pays, il n’y aura pas de sortie de crise, tout aux moins pour les Etats-Unis puisqu’un découplage devrait intervenir un mois ou l’autre en 2009 entre les Etats-Unis et l’Europe : passé un certain cap, la situation se stabilisera en Europe tandis qu’elle continuera à empirer là bas. Mais cette prise de conscience débouchera fatalement sur des politiques qui ramèneront sans doute ce pays au rang d’une puissance régionale un peu particulière (un peu comme la Russie de 1992 qui restait une puissance mondiale par certains aspects mais devenait régionale par beaucoup d’autres). Les Etats-Unis n’ont donc plus devant eux qu’un faux choix : soit refuser de se remettre en question et subir une crise davantage dévastatrice, soit se remettre en question et perdre le statut (et les très lucratifs avantages qui vont avec) de puissance clé de voute du système euro-atlantique mondialisé.

EU Decision-makers Trying To Leapfrog Towards EU Economical Policy

Nicolas Stassen

  09/10/2008

Économie 8 oct. 9h25 (mise à jour le 9 oct. 0h30)
Pourquoi ça krache toujours
RETOUR SUR LA JOURNÉE d’HIER
Malgré une baisse concertée des taux et des nationalisations, la crise s’aggrave.
407 réactions
CHRISTIAN LOSSON
Pourquoi ça va plus mal ? Pourquoi passe-t-on d’une crise de confiance à une sorte de crise de défiance ? Pourquoi les Bourses regardent, pétrifiées d’angoisse, la baisse des taux coordonnée des banques centrales comme un effet placebo ? André Orléan, professeur à l’école d’économie de Paris et directeur de recherche au CNRS résume la situation : «On vit une période inversement proportionnelle à la confiance exubérante» qui a poussé les bulles à gonfler et le marché à enfler démesurément. «Là, on assiste à un mimétisme de psychologie baissière que rien ne semble enrayer. C’est une crise systémique d’une gravité extrême, où il est difficile de localiser où et comment intervenir.» Car l’économie a deux ennemis, dit l’économiste Alexandre Delaigue (1) : l’avidité et la peur. Après avoir fricoté avec le premier, la voilà qui plonge dans les bras de la seconde. Et les politiques nagent en plein brouillard. «On a une visibilité de cinq à six heures», confiait-on hier à l’Elysée. Rassurant…
Des gardiens impuissants
La peur s’est infiltrée jusque dans les gardiens du temple de la confiance à tout prix, les banques centrales. Mardi, Ben Bernanke, le patron de la Réserve fédérale américaine a alimenté le pessimisme, en évoquant la nécessité «de réexaminer sa politique monétaire». Son homologue européen, Jean-Claude Trichet, avouait, hier lors d’un forum à Evian, son impuissance : «Nous sommes arrivés à un point […] où nous allons tous faire ce qui est en notre pouvoir.» Rassurant ? Hier, pour tenter de soigner un patient totalement paralysé, six banques centrales (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni, Canada, Suède et Suisse) ont tenté une thérapie de choc : une baisse de leur taux d’intérêts d’un demi point. Un mouvement coordonné aussi inattendu qu’exceptionnel. La dernière opération d’urgence, mais de moindre ampleur, remonte à septembre 2001… Objectif : soigner une croissance décroissante en diminuant le coût du crédit. Et, indirectement, répondre à la crise qui paralyse les banques entre elles (lire ci-contre).
«Excellente décision», s’est illico félicité Nicolas Sarkozy. Voilà qui répondrait «parfaitement à la situation, au besoin de liquidités des établissements bancaires», a ajouté le chef de l’Etat. Et au besoin des entreprises comme des collectivités, asphyxiées (lire pages 8 et 9).«Malheureusement, ces baisses de taux sont bien peu de chose dans l’environnement actuel», dit James Knightley, analyste à ING. Et les Bourses ont plongé à l’unisson dans la foulée… «Les banques centrales sont impuissantes car le problème, c’est la peur, note Alexandre Delaigue.Et on n’arrête pas la peur avec des baisses de taux d’intérêt surprise. Cela revient à dire : “Vous avez raison d’avoir peur contrairement à ce que l’on disait…”»
des plans d’urgence en plan ou trop plan-plan
Le plan B des banques centrales, à défaut de rassurer les marchés, montrerait une chose, assure Jean Pisani-Ferry, directeur de Bruegel, un centre de recherche et de débat sur les politiques économiques en Europe. Que «face à la globalisation de la crise, on a un début de globalisation des réponses, dit-il à Libération. Et qu’émerge un début de coordination global plutôt qu’une politique de coup par coup».
Pour l’instant, c’est pourtant ce qui prévaut en Europe. «Nous sommes une union d’Etats et non un Etat unitaire», reconnaît José Manuel Barroso, le président de la Commission (lire page 4). Il y a vacance dans la gouvernance économique. Face à la panique d’un Titanic bancaire, Londres s’est lancé dans une nationalisation partielle - de facto - des premières banques du pays (lire page 6). Et a appelé à un «fonds de secours» européen, torpillé mercredi dernier par l’Allemagne, qui la joue cavalier seul, et flingue les dérives du système capitaliste à l’anglo-saxonne.
Un plan qui pourrait être ranimé dès aujourd’hui face à l’ampleur du désastre… «Le problème, c’est que les banques n’ont plus seulement des problèmes de liquidités, mais aussi de solvabilité», note Alexandre Delaigue. Qu’il faut donc recapitaliser, via l’Etat… A coups de centaines de milliards. Et non pas se contenter de recycler les avoirs pourris des banques. Le FMI l’avoue en partie, qui épingle le plan de sauvetage américain de 700 milliards de dollars. Il faudra un «temps considérable»avant que «les banques soient renflouées et que le marché reprenne confiance», ose-t-il. De la part du Fonds monétaire international, qui, jusqu’au vote du plan par le Congrès, s’était gardé de tout avis, cela a valeur de désaveu. De quoi alimenter, un peu plus, les craintes…
Des prévisions apocalyptiques
Chaque jour, des mots, tabous la veille, sont prononcés à voix haute. Récession. Ou la comparaison avec l’ampleur de la crise de 1929. Hier, le FMI y est allé de son avis, à l’occasion de la publication de ses perspectives. «L’économie mondiale entre dans un tournant majeur, faisant face au choc financier le plus dangereux sur les marchés financiers développés depuis les années 30.» La croissance mondiale, version 2009, a les pieds sur les freins. «Oui, 3 % c’est un chiffre très faible pour la croissance mondiale, et par le passé, cela a été défini comme la limite à une récession mondiale», estime Olivier Blanchard, chef économiste du Fonds monétaire international. Les marchés sont rincés par les sales nouvelles conjoncturelles. Les Etats-Unis ? Ils croyaient avoir la tête hors du sac… Raté. «Le pays est entré en récession et sa croissance économique devrait être de 0,1 % en 2009.» Retour à la normale espéré pour 2010. «D’autres faillites d’institutions financières sont à prévoir»,reconnaît hier soir Henry Paulson, le secrétaire au Trésor. Si l’avion-crise mondiale trouve entre-temps des pilotes pour éviter le crash. Car, s’interroge le FMI, «quelle sera l’ampleur de cette baisse ? Quand la reprise aura-t-elle lieu ? Et quelle sera sa force ?» La zone euro, frappée par «des chocs majeurs», fera au mieux un 0,2 % l’an prochain. Comme la France qui a découvert ces prévisions au moment où François Fillon prenait la parole à l’Assemblée (lire page 6) pour tenter de rassurer. Qu’il essaie, ça a plutôt tendance à inquiéter : le gouvernement a bâti son budget 2009 sur un PIB de 1 %….
Des effets d’entraînement
Partout, dans le monde, de l’Asie à l’Amérique latine, en passant par les pétromonarchies du Golfe, ça plonge. Les Bourses, le moral, l’économie. Illustration supplémentaire que la théorie sur le «découplage» des économies a pris l’eau. L’Asie se croyait à l’abri. Voilà le Japon frappé par la crise. Bref, les effets d’entraînement virent à la réaction en chaîne. Un cocktail détonnant, long et difficile à désamorcer. «D’autant que tout le monde, partout sur la planète, cherche à se débarrasser des CDS»,rappelle Delaigue. Ces contrats d’assurance contre un risque de faillite, au montant faramineux : 60 000 milliards de dollars… L’aversion au risque provoque la paralysie. Et face au grand brouillard actuel, Etats comme banques centrales avancent avec des veilleuses…
http://www.liberation.fr/economie/0101122490-la-crise-financiere-en-direct
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Économie 3 oct. 14h04 (mise à jour à 15h26)
«On ne peut pas aller à cette bataille financière mondiale en ordre dispersé»
Christian de Boissieu préside le Conseil d’analyse économique depuis 2003. Pour Liberation.fr, il s’exprime sur la récession de la France annoncée par l’Insee pour le second semestre 2008 et la réunion européenne à l’Elysée demain sur la crise financière.
Alors, récession ou bien «croissance ralentie» comme le dit pudiquement Jean-Claude Trichet, patron de la Banque centrale européenne?
Au sens technique oui, il faut parler de récession, puisqu’il y a deux trimestres consécutifs de baisse du produit intérieur brut. On ne va pas tortiller.
Que cela augure-t-il, selon vous ?
Je pense que l’on est au creux de la vague, à la fois en France, mais aussi en Europe et dans le monde. On a cumulé une conjugaison de crises : énergétique – qui soit dit en passant n’est pas réglée -, alimentaire – avec une hausse des prix, qui n’est également pas réglée – et maintenant financière. Si le plan Paulson est adopté – ce que j’espère bien évidemment –, ça va calmer le jeu à court terme. Mais ça ne va pas régler tous les problèmes. Et puis la crise financière internationale n’est pas réglée. Il faut encore plusieurs mois pour digérer les suites et éventuellement la fin de cette crise. Tous les chiffres négatifs actuels sont les conséquences de ces chocs. Et pour nous, Européens, jusqu’à l’été, il y a eu le choc du change, car on avait des taux trop élevés.
L’Irlande et la France sont en récession. L’Espagne peut-être demain, la Grande-Bretagne probablement. Va-t-on vers une récession mondiale ?
Là, il faut le reconnaître, on encaisse. Oui, il y a un impact, mais ce n’est pas la récession mondiale. Nous ne sommes pas en déflation. Souvenez-vous : il y a un an, on attendait la récession aux Etats-Unis, mais pas en Europe. Eh bien, finalement, les Etats-Unis vont peut-être échapper à la récession au sens technique, à la différence de quelques pays européens. Mais quoi qu’il en soit, en 2008, la croissance mondiale sera de 3%, 3,5%.
Quelles sont les marges de manœuvre ?
Si les Etats-Unis échappent à la récession au sens technique, c’est qu’ils ont pu utiliser trois leviers : la baisse des taux directeurs par la Fed, la baisse des impôts à la fois des ménages et des entreprises, et enfin la baisse du dollar, qui a dopé leurs exportations. Il y a une certaine résilience de l’économie américaine malgré la crise immobilière qui frappe le pays depuis plus d’un an. En Europe, on n’a pas eu la baisse des taux (les taux directeurs ont même augmenté le 3 juillet) et l’euro a été pratiquement la seule monnaie à monter depuis un an. Moi, j’étais partisan du non-relèvement de juillet.
La baisse des taux directeurs a été évoquée du bout des lèvres par Trichet, hier, semble-t-il.
Oui, il a laissé entendre hier qu’on allait vers ça, mais à pas comptés. Actuellement, bien qu’il le craigne, il n’y a pas d’inflation salariale en Europe, même en Allemagne. Il faut que la BCE baisse son taux directeur de 50 points de base (de 4,25 % à 3,75 % ndlr). Il faut aussi qu’elle continue à prêter comme la Fed le fait. Là, on vit une période curieuse, où l’adoption du plan Paulson s’accompagne d’une hausse du dollar. Mais même si l’euro baisse, je crains qu’en 2009 le dollar se remette à baisser. Vous allez voir: cela va revenir dans le débat. Le paradoxe, c’est que nous, Européens, on risque de payer les effets du plan Paulson.
Cette récession est-elle très grave? Quel sera son impact dans le quotidien des Français?
Hausse du chômage, déflation…? En France, il faut contenir la montée potentielle du chômage. Dans ce contexte de panne de croissance, l’urgence est d’aider les PME et le logement. Ce sont les deux secteurs prioritaires qui ont été annoncés cette semaine par le gouvernement.
Quelles sont les marges de manœuvre?
Il faut arriver à mettre plus d’argent pour le financement des PME. Car les difficultés des banques actuellement vont les inciter à la prudence. Et cela va toucher essentiellement les PME et les particuliers. Les grandes entreprises, elles, arriveront à se financer.
Vu le contexte, faut-il rester dans les clous de Maastricht?
Je suis plutôt Copé sur ce coup-là. Oui, il faut contenir les déficits publics. On nous attend au tournant au moment où on a besoin de cohésion européenne. On ne va pas faire comme l’Irlande: chacun pour soi. Ce serait un mauvais signal pour l’Espagne et l’Allemagne, qui ont fait des efforts. Le débat central des prochains mois, ça va être de financer les mesures annoncées sans déraper du côté des finances publiques et respecter le projet de loi de finances pour 2009. Le canard est toujours vivant même s’il a perdu des plumes. Actuellement, je le répète, car je suis un optimiste: on est au creux.
La dernière récession remonte à 1993. Comment, à l’époque, la France avait-elle fait pour sortir de cette situation?
Je vous rappelle qu’il n’y avait pas l’euro, ni la BCE. Je ne sais plus s’il y avait eu des réajustements de parité entre monnaies. La livre et la lire avaient été boutées du SME [système monétaire européen, ndlr]. Mais là, on ne peut plus faire de réajustement de changes.
Pensez-vous que l’UE va s’accorder demain sur un plan de fonds de soutien?
L’Europe est pas mûre. On a traité les sujets au cas par cas: Dexia, Fortis… Même si se trouve dans la globalisation financière, on n’est pas dans la même nasse que le système américain. Reste qu’il faut améliorer le fonctionnement de la finance internationale.
Comment?
Il faut provoquer un Bretton Woods financier. Mais pas sur les taux de change comme en 1944. Là-dessus, il ne se passera rien. Non, le sujet est financier, bancaire. Il faut redéfinir les normes comptables. Sur ce plan, je vois deux rôles principaux: une conférence financière mondiale pour améliorer la coordination entre pays européens et des régulateurs nationaux à l’intérieur de l’UE. Il faut aussi redéfinir quel devrait être le rôle du FMI [Fonds monétaire international, ndlr], comment lui donner un rôle plus important pour gérer la crise bancaire de façon plus systémique.
Ce désaccord franco-allemand est-il l’illustration de l’impossibilité de l’UE à s’accorder sur une gouvernance économique?
Je ne veux pas croire cela. Je crois encore qu’au pied du mur, les Européens vont s’entendre. Ils doivent s’entendre. On ne peut pas aller à cette bataille mondiale en ordre dispersé. Je trouve que les échanges entre Sarkozy et Merkel vont mieux. Je reste volontariste. Il n’y a pas d’autres voies. Et je regrette qu’il faille traverser une crise mondiale pour pouvoir accélérer les convergences. On ne va pas vers une AMF [autorité des marchés financiers, ndlr] européenne, mais il faut obligatoirement renforcer la coordination entre nous.
http://www.liberation.fr/economie/0101120892-on-ne-peut-pas-aller-a-cette-bataille-financiere-mondiale-en-ordre-disperse
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Terre 3 oct. 6h51 (mise à jour à 14h22)
UE : un fonds d’urgence tué dans l’œuf
Retour sur vingt-quatre heures de cacophonie autour d’un plan de sauvetage de 300 milliards.
49 réactions
C. Lo, avec S.C. (à Amsterdam), J.Q. (à Bruxelles), N.V. (à Berlin)
Nicolas Sarkozy face aux journalistes, au ministère de la Justice,le 1er octobre 2008. (REUTERS)
Entre démenti et dénégation, marche arrière et rétropédalage : la journée d’hier a donné lieu à une vaste cacophonie européenne. Et hypothéqué une réponse commune face à «la plus grande crise financière depuis la Seconde Guerre mondiale», comme le patron de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, a fini par le concéder hier soir. La pomme de discorde : un plan de sauvetage sur le mode américain (Libération d’hier). En vingt-quatre heures d’imbroglio, sans que personne n’en ait revendiqué la paternité, il s’est évanoui aussi vite qu’il est apparu. Explications.
Tout commence mercredi soir. La France, assure l’agence Reuters, propose à ses partenaires la création d’un fonds fédéral européen. Alimenté par les pays de l’Union à hauteur de 300 milliards d’euros, soit presque trois fois le montant du budget communautaire. Idée : racheter les créances dégradées des banques du continent et éviter un effet domino. C’est que, face au feu financier, la lance à incendie de la BCE commence à mollir. Elle inonde bien d’euros les marchés monétaires. Mais récupère des actifs de plus en plus pourris des banques. Au risque de dégrader son propre bilan. «Il faut une solution viable», aurait dit, évasif, Trichet aux dirigeants belge et néerlandais.
«Maladresse». Qu’importe. Illico, Berlin dézingue l’initiative, qu’elle a même révélée. «L’Allemagne ne peut pas et n’entend pas accorder de chèques en blanc aux banques, qu’elles se soient comportées ou non de façon responsable», dit Angela Merkel. La chancelière allemande ne goûte guère de faire appel au portefeuille des particuliers à un an des législatives. Elle vient par ailleurs de sauver la banque immobilière Hypo Real Estate. Qui a donc lâché l’idée d’un fonds ? Christine Lagarde, dans le quotidien allemand Handelsblatt. Une nouvelle «maladresse», dit-on à l’Elysée de la ministre de l’Economie qui aligne les démentis. «Il n’y a pas de proposition française, pas de plan français, pas de plan !» lâche-t-elle.
Nicolas Sarkozy, qui n’a pas envie de voir torpiller le sommet de samedi, qui doit réunir à Paris les quatre pays européens du G8, monte au front. «Je démens et le montant et le principe» du fonds, clame-t-il, hier matin. Mais, au même moment, un porte-parole du gouvernement néerlandais, au cœur de la tourmente bancaire, fait savoir qu’ils sont à l’initiative du mistigri. Le Premier ministre, Jan Peter Balkenende, devait en parler mercredi à Sarkozy, mais son avion a refusé de décoller… Enfin à l’Elysée ce jeudi pour un déjeuner de travail, après le café, surprise : le voilà «contre». Balkenende parle de «malentendu». Ce qu’il propose, ce sont des fonds de garantie nationaux dans chaque pays. Nuance. Où chaque pays consacrerait 3 % de son PIB au sauvetage de ses banques. Sans que ces fonds soient au préalable gérés au niveau européen.
Dans l’après-midi, l’Elysée ne dit… pas non. «Il faut que tous les Etats membres se coordonnent et que tout le monde s’engage à soutenir les autres», explique-t-on. «Nous devons dire aux marchés qu’il n’y aura pas un Lehman Brothers en Europe et que toutes les banques seront soutenues, confie un proche conseiller de Sarkozy. Il faut rassurer, conjurer la panique, rétablir la confiance». Mais ni Londres ni Berlin ne veulent en entendre parler.
Plans sur la comète.«Il est intéressant de voir qu’à peine une piste est-elle avancée, les démentis tombent dans la minute», relève Didier Reynders, ministre des Finances belge. «Ce n’est pas la zizanie», ajoute Trichet, qui précise que le fonds européen de départ ne correspond pas aux «structures politiques de l’Europe» qui n’est pas dotée d’un «budget fédéral». Autrement dit, la situation exige des mesures urgentes et non des plans sur la comète. Donc, si l’on résume, il y aura peut-être un fonds ou des fonds nationaux. Mais pas de package communautaire global. Un fonds version 2, donc, un peu comme le plan Paulson «made in USA» ? On n’en est pas là. Comme le résume le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, Jean-Pierre Jouyet, dans un entretien aux Echos, l’UE «doit d’abord faire face à l’urgence».

http://www.liberation.fr/terre/0101120682-ue-un-fonds-d-urgence-tue-dans-l-uf
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Économie 2 oct. 6h51
Europe : un plan de sauvetage à 300 milliards ?
L’ACTU
Après l’Amérique, la France aurait avancé l’idée d’un fonds d’urgence. L’information a provoqué des démentis en chaîne.
22 réactions
N. Co et J. Q. (à Bruxelles)
Les Américains tentent de faire revoter un plan de 700 milliards de dollars pour sauver leurs banques. Et voila les Européens qui discutent d’un sujet équivalent. Mais cela ne va pas sans peine. Hier, l’AFP a révélé, citant une source gouvernementale européenne, qu’existait une proposition d’aide au secteur bancaire. Chiffrée à 300 milliards d’euros ! L’idée aurait été émise par la France, qui aurait prévu de l’officialiser lors de la rencontre organisée samedi à Paris par Nicolas Sarkozy avec les trois autres chefs d’Etat européens du G8 (Allemagne, Italie, Grande-Bretagne).
L’information a provoqué des démentis en chaîne. Le ministère français de l’Economie a contesté «catégoriquement» un tel montant, tandis qu’une source gouvernementale française accusait les Néerlandais d’en être à l’origine… Information démentie à son tour par La Haye, qui a affirmé «ne rien savoir»… Mais Paris admet bien avoir imaginé un tel plan. Dans une interview aujourd’hui au quotidien allemand Handelsblatt, Christine Lagarde plaide cependant en faveur d’un fonds européen destiné à prévenir les défaillances bancaires. «Que se passerait-il, si un Etat de petite taille était confronté à la menace d’une faillite bancaire ? s’interroge-t-elle. Peut-être n’aurait-il pas les moyens de sauver l’institut concerné. Se pose alors la question d’une solution européenne.» Qui aura fort à faire pour convaincre les Allemands. Car Berlin, qui n’a pas été associé à l’initiative française, rejette tout dispositif européen de sauvetage du secteur bancaire. Angela Merkel assure ainsi ne pas vouloir «accorder de chèques en blanc aux banques».
Suicidaire. A Bruxelles, on «tombe des nues». Ce sont les journalistes qui ont averti la Commission que Lagarde évoquait l’idée d’un fonds de secours, une «idée qui n’a jamais été évoquée et encore moins discutée au sein de la Commission». Mais qui aurait été suggérée par le ministre néerlandais des Finances devant ses partenaires européens, mi-septembre, lors d’une réunion de l’Eurogroupe. Il aurait alors été proposé d’affecter à ce fonds un «certain» pourcentage du PIB. Mais la discussion n’a pas été plus loin, les grands argentiers convenant que les banques européennes n’étaient pas dans la situation des banques américaines et que les Etats étaient de taille à faire face aux éventuelles défaillances. Les 300 milliards font sursauter à Bruxelles : une telle somme serait équivalente à presque trois fois le montant du budget européen ! Dans une autre capitale, on estime cette proposition un rien suicidaire. Elle revient à dire aux marchés que les gouvernements craignent que d’autres banques fassent défaut. «C’est comme si on leur disait, cherchez bien, il y a encore des maillons faibles…», confie un diplomate européen. Certains à Bruxelles se demandent même si la fuite sur le montant de 300 milliards ne viendrait pas de Berlin afin de tuer l’idée avant la réunion de samedi…
Sans borne. «Merkel se fait désormais tirer l’oreille pour venir, susurre un diplomate. Elle fait ainsi savoir qu’elle n’est pas favorable à ces effets d’annonce qui risquent de déstabiliser les marchés.» Ni à un interventionnisme sans borne… Une sorte de rappel à l’ordre adressé à Sarkozy.

http://www.liberation.fr/economie/0101120343-europe-un-plan-de-sauvetage-a-300-milliards

The Fall of America, Inc. according Fukuyama

Nicolas Stassen

  09/10/2008

La chute d’America, Inc.
LEMONDE.FR | 09.10.08 | 09h29

http://www.newsweek.com/id/162401

Implosion des plus anciennes banques d’investissement américaines, volatilisation de plus d’un trillion de dollars de valeurs boursières en un seul jour, addition de 700 milliards de dollars pour les contribuables américains : l’ampleur de la débâcle de Wall Street pourrait difficilement être pire. Et pourtant, alors même que les Américains se demandent pourquoi ils doivent débourser des sommes aussi astronomiques pour empêcher l’ensemble du système économique d’imploser, rares sont ceux qui s’interrogent sur les conséquences moins tangibles mais d’un coût potentiellement bien plus grand que cette situation risque d’entraîner pour les Etats-Unis – les dégâts que cet effondrement financier sont en train de causer à la ” marque ” Amérique.


Les idées constituent l’une de nos principales exportations, et deux idées fondamentalement américaines ont dominé la pensée mondiale depuis le début des années 1980 avec l’élection de Ronald Reagan à la présidence. La première est une certaine vision du capitalisme selon laquelle une faible imposition, une régulation minimale et un gouvernement réduit constitueraient les moteurs de la croissance économique, non seulement aux Etats-Unis mais dans le monde entier. La seconde grande idée était que faire de l’Amérique le champion de la démocratie libérale dans le monde tracerait le meilleur chemin vers un ordre international plus prospère et plus ouvert. Il est difficile d’évaluer à quel point ces traits caractéristiques de la marque américaine sont aujourd’hui discrédités. Entre 2002 et 2007, alors que le monde bénéficiait d’une période de croissance économique sans précédent, il était aisé d’ignorer les socialistes européens et les populistes sud-américains qui dénonçaient dans le modèle économique américain un ” capitalisme de cow-boy “. Mais voilà qu’aujourd’hui la locomotive de cette croissance, l’économie américaine, a déraillé, menaçant du même coup d’entraîner le reste du monde dans la catastrophe. Le pire, c’est que le coupable est le modèle américain lui-même : obsédé par le mantra de toujours moins de gouvernement, Washington a négligé de réguler de façon adéquate le secteur financier et l’a laissé causer un tort considérable au reste de la société.

Mais la démocratie était d’ores et déjà ternie. Alors même qu’il avait été prouvé que Saddam Hussein ne possédait aucune arme de destruction massive, l’administration Bush tenta de justifier la guerre en Irak en l’intégrant à son vaste ” agenda de la liberté ” ; d’un seul coup, la promotion de la démocratie devenait une arme essentielle dans la guerre contre le terrorisme. Aux yeux de beaucoup de gens dans le monde, la rhétorique américaine sur la démocratie s’est mise à ressembler à une excuse visant à perpétuer l’hégémonie des Etats-Unis.

Le choix auquel nous sommes confrontés aujourd’hui va bien au-delà du plan de renflouement ou de la campagne présidentielle. La marque américaine est mise à rude épreuve au moment même où d’autres modèles – russe ou chinois – apparaissent comme de plus en plus attractifs. Rétablir notre réputation et restaurer l’attrait de notre marque représentent sous bien des aspects des défis tout aussi importants que la stabilisation du secteur financier. Quel que soit, de Barack Obama ou John McCain, celui qui l’emporte en novembre, il aura à mener un combat difficile se prolongeant sur des années. Et nous ne pourrons pas entreprendre cette tâche avant d’avoir clairement compris ce qui a cloché – en déterminant, parmi tous les aspects du modèle américain, lesquels sont sains, lesquels ont été appliqués de manière erronée, et lesquels doivent être purement et simplement abandonnés.

De nombreux commentateurs ont remarqué que l’effondrement de Wall Street marquait la fin de la période Reagan. Ils ont parfaitement raison, et ce même si McCain parvient à se faire élire en novembre. Les grandes idées naissent toujours dans le contexte d’une période historique précise. Peu survivent lorsque le contexte change de manière radicale. Le reaganisme (ou, dans sa forme britannique, le thatchérisme) était une politique juste pour son époque. Depuis le New Deal de Franklin Roosevelt dans les années 1930, les gouvernements du monde entier n’avaient fait qu’étendre toujours plus leur emprise. Or à partir des années 1970, les grands Etats et économies providence ont étouffé sous la bureaucratie et gravement dysfonctionné. La révolution reagano-thatchérienne a facilité l’embauche et le licenciement des salariés, entraînant d’immenses douleurs sur fond de diminution voire même de cessation d’activité des industries traditionnelles. Mais elle a également jeté les bases de près de trois décennies de croissance et permis l’émergence de nouveaux secteurs comme l’informatique et les biotechnologies.

Au plan international, la révolution reaganienne s’est traduite par le ” Consensus de Washington “, en vertu duquel Washington – ainsi que les institutions sous son influence, comme le Fonds monétaire international et la Banque mondiale – a incité les pays émergents à ouvrir leurs économies. Régulièrement voué aux gémonies par des populistes comme le Vénézuélien Hugo Chavez, ce Consensus a quand même réussi à amortir la crise de la dette sud-américaine du début des années 80, à un moment où le fléau de l’hyperinflation secouait des pays comme le Brésil ou l’Argentine. Ce sont également des politiques de même type qui ont permis à la Chine et à l’Inde de devenir les puissances économiques qu’elles sont aujourd’hui. Et ceux qui auraient besoin de preuves supplémentaires n’ont qu’à se pencher sur les exemples les plus extrêmes de gouvernement hypertrophié dans le monde – les économies centralement planifiées de l’ancienne Union soviétique et d’autres Etats communistes. Leur implosion après la chute du Mur de Berlin n’a fait que confirmer que ces Etats providence gavés de stéroïdes étaient une impasse historique. Comme tout mouvement transformateur, la révolution reaganienne s’est dévoyée lorsqu’elle est devenue, pour beaucoup de ses partisans, une idéologie irrécusable, et non plus une réponse pragmatique aux excès de l’Etat providence. Deux de ses concepts étaient sacro-saints : le premier affirmait que les baisses d’impôts s’autofinanceraient ; le second, que les marchés financiers étaient capables de s’autoréguler.

La globalisation a masqué les failles de ce raisonnement durant plusieurs décennies. Les étrangers paraissaient toujours plus disposés à acquérir des dollars américains, ce qui permit au gouvernement des Etats-Unis de laisser courir les déficits tout en enregistrant une forte croissance, situation dont aucun pays émergent ne se serait relevé. C’est la raison pour laquelle le vice-président Dick Cheney aurait, dit-on, déclaré un jour au président Bush que la leçon des années 80, c’est que ” les déficits n’ont aucune importance “.

Le second article de foi de l’ère Reagan – la dérégulation financière – fut formulé par une alliance contre nature de reaganiens fanatiques et de firmes de Wall Street, et, dès les années 90, était devenu parole d’Evangile y compris chez les démocrates. Ses partisans arguaient du fait que les anciennes régulations datant de l’époque de la Dépression comme le Glass-Steagall Act (qui a séparé banques commerciales et banques d’investissement) étouffaient l’innovation et sapaient la compétitivité des institutions financières américaines. Ils avaient raison – à part que la dérégulation a généré un flot de nouveaux produits innovants tels que les fameuses collaterized debt obligations (CDO) qui sont au cœur de la crise actuelle. Le problème est que Wall Street est très différente de, disons, la Silicon Valley, où la faiblesse de la réglementation produit des effets authentiquement bénéfiques. Les institutions financières sont fondées sur la confiance, laquelle ne peut s’épanouir que si les gouvernements font en sorte qu’elles soient transparentes, et prudentes dans les risques qu’elles sont amenées à prendre avec l’argent des autres. Le secteur est également différent du fait que l’effondrement d’une institution financière cause du tort non seulement à ses actionnaires et à ses employés, mais également à un grand nombre de badauds innocents (c’est ce que les économistes appellent délicatement les ” externalités négatives “). Les signes montrant que la révolution reaganienne avait amorcé une dérive dangereuse sont devenus évidents au cours de la dernière décennie. Une des premières alertes a été la crise financière asiatique de 1997-1998. Des pays comme la Thaïlande et la Corée du Sud, obtempérant aux pressions et aux conseils américains, avaient libéralisé leurs marchés de capitaux au début des années 90. Dès lors, une grande quantité d’argent volatil a commencé à affluer dans leurs économies, créant une bulle spéculative, avant de repartir en hâte aux premiers signes inquiétants. Cela ne vous rappelle rien ? Pendant ce temps, des pays comme la Chine et la Malaisie, qui étaient restés sourds aux conseils des Américains et avaient maintenu leurs marchés financiers fermés ou strictement régulés, se trouvèrent beaucoup moins exposés. Le deuxième signe inquiétant provenait des déficits structurels croissants des Etats-Unis. La Chine et un certain nombre d’autres pays commencèrent à acheter des dollars américains après 1997 dans le cadre d’une stratégie délibérée visant à sous-évaluer leur monnaie, maintenir leurs usines en activité et protéger leurs économies des soubresauts financiers. Cela convenait parfaitement à l’Amérique post-11 Septembre ; cela signifiait que nous pouvions tout à la fois baisser les impôts, alimenter une frénésie de consommation, financer deux guerres coûteuses et laisser filer le déficit fiscal. Le déficit commercial vertigineux et en accroissement constant que cette politique généra – 700 milliards de dollars en 2007 – était de toute évidence insupportable à terme ; tôt ou tard les étrangers allaient décréter que les Etats-Unis n’étaient finalement pas un bon endroit où déposer leur argent en banque. La chute du dollar américain montre que nous avons atteint ce stade. Il est donc clair, n’en déplaise à M. Cheney, que les déficits ont leur importance.

Même aux Etats-Unis, les inconvénients de la dérégulation étaient apparus clairement bien avant le naufrage de Wall Street. Enron, comme beaucoup d’autres entreprises, s’effondra en 2004 pour n’avoir pas suffisamment respecté les normes comptables. Durant toute la dernière décennie les inégalités n’ont cessé de se creuser aux Etats-Unis car les bénéfices de la croissance ont profité avant tout aux plus riches et aux mieux éduqués, tandis que les revenus de la classe ouvrière stagnaient. Enfin, l’occupation gâchée de l’Irak et la réaction des autorités après l’ouragan Katrina ont mis à nu la faiblesse générale du secteur public résultant de décennies de sous-financement et du mépris affiché envers les fonctionnaires depuis les années Reagan. Tous ces éléments donnent à penser que l’ère Reagan aurait dû se terminer il y a des années. Si tel n’a pas été le cas, c’est d’une part parce que le parti démocrate n’a pas su présenter de candidats ni d’arguments suffisamment convaincants, mais également en raison d’un aspect particulier de notre pays qui le différencie profondément des pays européens. Sur le vieux continent, les citoyens peu éduqués appartenant à la classe ouvrière votent régulièrement, en fonction de leurs intérêts économiques, pour des partis socialistes ou communistes et pour d’autres formations de gauche. Aux Etats-Unis, ils peuvent basculer aussi bien à gauche qu’à droite. C’est cette catégorie d’électeurs qui décidera de l’issue de l’élection du 4 novembre, notamment parce qu’on les retrouve en grand nombre dans des swing states (Etats indécis et décisifs) comme l’Ohio et la Pennsylvanie. Pencheront-ils vers le distant Obama, diplômé de Harvard, qui est plus à même de défendre leurs intérêts économiques ? Ou bien resteront-ils fidèles à des gens avec lesquels ils peuvent plus facilement s’identifier comme McCain et Sarah Palin ? Il a fallu une gigantesque crise économique entre 1929 et 1931 pour amener une administration démocrate à la Maison Blanche. Certains sondages indiquent que nous sommes peut-être revenus à cette situation en octobre 2008.

L’autre composant essentiel de la marque américaine est la démocratie et la volonté des Etats-Unis de soutenir les autres démocraties à travers le monde. Cette veine idéaliste de la politique étrangère américaine a été une constante au cours du siècle écoulé, depuis la Ligue des Nations de Woodrow Wilson jusqu’aux Quatre Libertés de Roosevelt en passant par l’appel lancé par Ronald Reagan à ” démolir ce mur “.

Promouvoir la démocratie – à travers la diplomatie, l’aide aux groupes de la société civile, les médias libres et le reste – n’a jamais fait l’objet de controverse. Le problème à présent est qu’en utilisant la démocratie pour justifier la guerre en Irak, l’administration Bush a convaincu beaucoup de gens que le terme démocratie n’était qu’un mot codé recouvrant l’intervention militaire et le changement de régime. Le Moyen-Orient en particulier restera un champ de mine pour n’importe quelle administration américaine du fait que les Etats-Unis y soutiennent des régimes non démocratiques comme celui d’Arabie Saoudite tout en refusant de travailler avec des groupes comme le Hamas et le Hezbollah qui ont pourtant été portés au pouvoir par des élections. Nous n’avons guère de crédibilité lorsque nous nous proclamons les champions d’un ” agenda de la liberté “. Le modèle américain a également été gravement terni par l’utilisation de la torture par l’administration Bush. Après le 11 Septembre, les Américains ont donné la triste image d’un peuple prêt à renoncer aux garanties constitutionnelles dans l’intérêt de la sécurité. Aux yeux de nombreux non-Américains, la prison de Guantanamo et le détenu encagoulé d’Abou Ghraib ont depuis lors remplacé la statue de la Liberté en tant que symboles de l’Amérique.

Quel que soit le vainqueur de l’élection du 4 novembre, un nouveau cycle politique s’amorcera tant aux Etats-Unis que dans le reste du monde. Il est probable que les démocrates renforceront leur majorité au Sénat comme à la Chambre des représentants. Une puissante colère populiste bouillonne dans le pays à mesure que la débâcle de Wall Street gagne Main Street [les citoyens ordinaires, NdT]. Un nouveau consensus se fait jour sur la nécessité de rétablir la régulation dans de nombreux secteurs de l’économie.

Au plan mondial, les Etats-Unis n’occuperont plus la position hégémonique qui était la leur jusqu’à présent, une nouvelle donne qui a clairement émergé avec l’invasion de la Géorgie par la Russie le 7 août. La capacité des Etats-Unis à façonner l’économie globale au travers de pactes commerciaux, du FMI et de la Banque mondiale sera diminuée, tout comme seront amputées nos ressources financières. Et dans de nombreuses régions du monde, les idées, les conseils et même l’aide américains seront moins bienvenus qu’ils ne le sont aujourd’hui. L’influence américaine peut et finira par être restaurée. Alors qu’il est probable que le monde dans son ensemble s’apprête à subir un ralentissement économique, il n’est pas du tout sûr que les modèles chinois et russe s’en sortent beaucoup mieux que le modèle américain. Les Etats-Unis se sont relevés des graves revers qu’ils ont éprouvés dans les années 30 et 70 grâce à l’adaptabilité de notre système et à la résilience de notre peuple.

Reste qu’un nouveau rétablissement dépend de notre capacité à procéder à quelques changements fondamentaux. Tout d’abord, nous devons nous libérer de la camisole de l’ère Reagan concernant les impôts et la régulation. Les baisses d’impôts sont certes une idée séduisante mais elles ne stimulent pas nécessairement la croissance et ne s’autofinancent pas automatiquement ; étant donné notre situation fiscale à long terme, il va falloir expliquer honnêtement aux Américains qu’ils devront financer eux-mêmes leur progression vers l’avenir. La dérégulation, ou l’échec des régulateurs à suivre des marchés en évolution rapide, peut se révéler, comme nous l’avons vu, extrêmement coûteux. La totalité du secteur public américain – sous-financé, déprofessionnalisé et démoralisé – a besoin d’être reconstruit et doit retrouver sa fierté. Il y a certaines tâches que seul le gouvernement peut accomplir.

Pendant que nous entreprendrons ces changements, nous devrons bien entendu veiller au risque de vouloir trop en faire. Les institutions financières doivent être surveillées de près, mais il n’est pas sûr que les autres secteurs économiques doivent être soumis au même contrôle. Le libre échange demeure un puissant moteur pour la croissance économique, ainsi qu’un instrument de la diplomatie américaine. Nous devrions mieux aider les travailleurs à s’adapter aux conditions globales changeantes, plutôt que défendre leurs emplois existants. Si les baisses d’impôts ne sont pas une recette automatique pour la prospérité, les dépenses sociales inconsidérées ne le sont pas non plus. Le coût des renflouements d’entreprises ainsi que la faiblesse à long terme du dollar signifient que l’inflation constituera une grave menace dans l’avenir. Une politique fiscale irresponsable pourrait aisément aggraver ce problème.

Et s’il est probable que de moins en moins de non Américains seront disposés à écouter nos conseils, beaucoup auraient pourtant intérêt à reprendre certains aspects du modèle reaganien. Non pas, bien sûr, la dérégulation des marchés financiers. Mais en Europe continentale, les employés continuent de bénéficier de longues périodes de congés, de courtes semaines de travail, de la garantie de l’emploi et d’une série d’autres avantages qui diminuent leur productivité et ne seront financièrement pas tenables à long terme.

La réaction non édifiante à la crise de Wall Street montre que le changement le plus important auquel nous devons procéder se situe au niveau politique. La révolution reaganienne a brisé une domination libérale et démocrate de la vie politique américaine qui durait depuis un demi-siècle et a ouvert la voie à des approches différentes des problèmes de notre époque. Mais au fil des années, ces idées autrefois neuves se sont sclérosées en dogmes. La qualité du débat politique a été vulgarisée par des hommes partisans qui remettent en cause non seulement les idées, mais aussi les motivations de leurs adversaires. Tout cela complique l’ajustement aujourd’hui nécessaire à la réalité nouvelle et difficile à laquelle nous sommes confrontés. Le test ultime pour le modèle américain sera donc sa capacité à se réinventer une fois de plus. Jouir d’une bonne image ne consiste pas, pour paraphraser une certaine candidate à la vice-présidence, à mettre du rouge à lèvres à un cochon. Cela consiste avant tout à avoir le meilleur produit à vendre. La démocratie américaine a du pain sur la planche.

(Traduit de l’anglais par Gilles Berton)

http://www.lemonde.fr/economie/article/2008/10/09/la-chute-d-america-inc_1104745_3234.html

Silence

Article lié : L’Europe à petits pas de géant dans la tempête

Flupke

  08/10/2008

De l’Europe nous pouvons enfin réaliser la petitesse du portugais Barroso qui aura montré , malgré son parcours académique , sa misère intellectuelle et sa fidélité indéfectible à un ultra libéralisme perclus de travers .

Suddenly, Europeans were thrust into the center of the furnace

Nicolas Stassen

  08/10/2008

Europeans Put Hope In Farseeing Banker
Trichet May Cut Continent’s Interest Rate
By Craig Whitlock
Washington Post Foreign Service
Tuesday, October 7, 2008; 11:06 PM
BRUSSELS, Oct. 7—With European lawmakers still bickering over how to respond to a string of bank failures and a fading economy, expectations are rising that a clairvoyant French banker will come to the rescue.
Jean-Claude Trichet, president of the European Central Bank, has been playing a key behind-the-scenes role in recent days as elected leaders and finance ministers from across the 27-nation European Union have held emergency meetings to deal with the credit crisis. Although politicians have struggled to present a united front, analysts said odds were high that Trichet will intervene soon with a cut in interest rates—something that his bank hasn’t done in more than five years.
Last Thursday, after a regular meeting of the central bank in Frankfurt, Germany, Trichet hinted that a cut was forthcoming, though he didn’t say when. With global stock markets tanking, some analysts said the bank could make an announcement this month in what could be a coordinated rate cut with the U.S. Federal Reserve and the Bank of England.
“The ECB should not be stubborn,” said Wolfgang Gerke, a banking expert and director of the Bavarian Center of Finance, a private advisory group. “Now is the time to act and to use the means it has to make a strong statement.”
Trichet had warned of big troubles looming in the banking sector and, unlike many European leaders, had predicted that local banks were vulnerable to the collapse in subprime loans plaguing the U.S. market. “We have to look very carefully at the business model of banks,” he warned last January.
Trichet, however, has also consistently resisted political pressure to cut rates and has fiercely defended the independence of the European Central Bank, which was created nearly a decade ago to oversee the creation of the euro as the continent’s common currency.
Unlike the Federal Reserve, which is also legally bound to fight unemployment by stimulating growth with low rates, the European Central Bank has a single mission: to maintain price stability by keeping inflation low.
As a result, it has been far more reluctant to cut rates than the Fed. In the face of a dragging economy, the Fed has slashed its benchmark rate since last year from 5.25 percent to 2 percent. In contrast, despite a similar slowdown in Europe, its European counterpart raised its benchmark rate by a quarter-point in July to 4.25 percent—citing inflationary risks from high commodity prices and rising wages.
Some European countries, in particular France, have long complained that Trichet’s strategy as president has been too conservative, hampering growth.
Christian de Boissieu, chairman of French Prime Minister François Fillon’s Economic Analysis Council, said a rate cut was overdue. He said that inflation risks had subsided and that Europe badly needed the boost in liquidity that a rate cut would provide. “This would not solve everything,” de Boissieu added. “But it would help.”
Unlike Federal Reserve chief Ben S. Bernanke, who worked side-by-side with Treasury Secretary Henry M. Paulson Jr. to fashion a $700 billion bailout fund, Trichet and the European Central Bank have been careful to remain at arm’s length, at least publicly, from politicians trying to come up with a fiscal solution to the banking crisis.
He attended an emergency summit of European leaders in Paris on Saturday, however, as well as a gathering of finance ministers in Luxembourg this week. On Monday, he took the rare step of inserting himself into the proceedings by holding a late-night news conference to urge the private sector not to overreact to falling markets.
“My own appeal would be for all actors at this stage to shoulder their responsibilities, be calm and have trust,” he said. “We were amongst the first, if not the first among the central banks . . . to make it clear that we were underestimating the risk on financial markets. I think it’s fair to say that we’ve now reached the stage in this development where the pendulum may have swung too much the other way.”
While the European Central Bank oversees monetary policy for the 15 countries that use the euro, each member of the European Union is responsible for regulating its own banks. That has made it difficult to forge a common strategy in Europe for helping troubled banks, many of which operate across national borders.
Miguel Ángel Fernández Ordóñez, a member of the governing council for the European Central Bank, said Europe had no choice but to find a way to coordinate a solution among its many finance ministries and national banks. “Even the biggest countries are too small to resolve this problem” on their own, he told reporters in Madrid.
Trichet, however, has defended the effectiveness of the European response. Despite the complexities involved, he said Europe has acted as responsibly as the United States in addressing the credit crisis. “Who can say we’ve done worse than the other side of the Atlantic?” he said Monday. “There is no lack of coordination. There is a European spirit. We have different governments and they have different means of intervention.”
Some analysts said Trichet was likely using a potential rate cut as an inducement for European finance ministers to take more aggressive action. “If the finance ministers do something, then it would make a rate cut much more effective,” said Daniel Gros, director of the Center for European Policy Studies in Brussels. “But the ECB should not go first. The prospect of a rate cut is what gives it leverage.”
Other analysts praised Trichet’s handling of the situation but said he was far less likely than the Fed to favor a drastic cut in interest rates just to stimulate markets.
Inflation, while declining, remains significantly above the European Central Bank’s target rate of 2 percent. And inflation hawks remain firmly entrenched in Europe, where central bankers for decades have vigilantly guarded against the hyperinflation that decimated Germany’s economy in the 1920s and helped bring on World War II.
Wolfgang Filc, a professor of finance and credit policy at the University of Trier in Germany, noted that Europe’s powerful labor unions are pushing for steep wage increases to adjust to rising living costs. While falling stock markets may make headlines, he said, the European Central Bank is unlikely to ignore any inflationary threats.
“This economic situation is the most serious crisis we have had in 50 years,” he said. “But fighting inflation is the ECB’s primary task. That is law.”
Correspondent Edward Cody in Paris and special correspondent Shannon Smiley in Berlin contributed to this report.

http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2008/10/07/AR2008100703434.html?hpid%3Dsec-business&sub=AR

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October 3, 2008
Europe Opens Door to Easing in Rates

By CARTER DOUGHERTY
FRANKFURT — The European Central Bank on Thursday abandoned its long-held position that inflation is the main threat to the Continent’s economy and hinted that an interest rate cut could come as early as November.
The sharp pivot comes as European leaders grapple with a financial crisis that has destabilized one bank after another in recent days and could drag down economic growth even further.
Jean-Claude Trichet, the president of the E.C.B., who has firmly stuck to the bank’s inflation-fighting mandate since the crisis began 14 months ago, said the drastic weakening of the European economy had sharply moderated the risks of a price surge in the future. “They have diminished, but they have not disappeared,” he said.
He said senior policy makers had decided unanimously to leave the benchmark rate at 4.25 percent. But, leaving no doubt about future intentions, Mr. Trichet added that they had discussed lowering rates as well.
The stance creates a situation in which the bank and the Federal Reserve could cut borrowing costs at about the same time to help reassure jittery investors. Many politicians have accused the European bank of vastly underestimating the effect that seized-up credit markets would have on the region’s economy.
Mr. Trichet’s hints did little to ease pressures in credit markets, where the main gauges of confidence among banks edged up again Thursday. And the euro fell to a 13-month low against the dollar as the prospect of lower interest rates diminished the allure of euro-denominated assets. It bought $1.38 in late European trading, down from $1.40 on Wednesday, and $1.3824 in New York in late trading.
The European bank’s decision came two days before Mr. Trichet and top European leaders were scheduled to convene in Paris at the invitation of the French president, Nicholas Sarkozy, to adopt common approaches to the financial crisis.
Though French and Dutch officials have suggested responses along the lines of the $700 billion bailout proposed in the United States, Mr. Sarkozy and Britain’s prime minister, Gordon Brown, ruled out that idea Thursday.
Referring to the immense infusions of cash that central banks have repeatedly made into the financial system and with the House of Representatives expected to reconsider a bailout package in the United States on Friday, Mr. Trichet called on political leaders to do their part as well.
“We do all we can,” he said. “But there are cases where we need decisions by governments.”
The E.C.B. said its decision to keep rates unchanged was made in the light of an annual inflation rate that, at 3.6 percent, is running far above the bank’s goal of less than 2 percent. But Mr. Trichet underscored the “extraordinarily high level of uncertainty,” suggesting that repeated bank failures in Europe had eased the way for the shift in the E.C.B.’s attitude.
“Suddenly, Europeans were thrust into the center of the furnace and had to take actions to prevent the European financial system from collapsing,” said Julian Callow, chief Europe economist at Barclays Capital in London. “That surely would have affected their thinking.”
The bank’s shift is positive for those who think that lower interest rates globally would reduce the effect of the financial crisis and contribute to business confidence.
The Fed is scheduled to meet on Oct. 27, a short time before the E.C.B.’s next meeting in early November, and many analysts say they think they both may move to cut rates. The Bank of England will meet next week, when a rate cut is also possible.
Mr. Trichet also stressed that the bank could act at any time, suggesting the top central banks could move in unison independent of any meeting.
The E.C.B.’s new willingness to consider lower interest rates opens the bank to criticism that it misjudged how weak the economy of the 15-nation euro area had become by midsummer and was acting erratically.
The E.C.B. actually raised interest rates by a quarter of a percentage point in July to head off rising expectations of higher inflation.
Paul de Grauwe, a professor at the Catholic University of Leuven in Belgium, said the E.C.B.’s reluctance to ease credit even as the euro zone economy contracted in the summer showed a lack of the kind of flexibility that led the Federal Reserve to cut United States rates aggressively. “They are risking being well behind the curve here,” he said.
“Holding rates will lead to a situation in Europe where we are always in the defensive pose as opposed to an offensive approach,” he added. “It is very different from the United States.”

http://www.nytimes.com/2008/10/03/business/03euro.html?scp=3&sq=Europe%20ECB&st=cse

Trop peu, trop tard? Les aventures du plan Paulson

Article lié : Trop peu, trop tard, et le rouge est mis

M a n u K o d e c k

  08/10/2008

Un article de Jacques Sapir.

L’adoption du plan Paulson par la Chambre des représentants le vendredi 3 octobre met fin aux «folles journées» de septembre. Si cette décision était attendue et nécessaire après le chaos qu’avait provoqué un premier rejet du plan, elle ne signifie nullement la fin de la crise financière. Cette dernière va continuer à s’approfondir et à manifester ses effets dans le secteur réel comme dans le secteur financier[1], mais sous des formes qui, pour un temps, seront sans doute moins catastrophiques sauf si une spéculation brutale devait se développer à brève échéance sur les taux de change[2]. Le plan Paulson et le déficit budgétaire qu’il va induire, soulèvera à terme le problème de la dette souveraine des Etats-Unis.

La suite ici :
http://www.arhv.lhivic.org/index.php/2008/10/06/833-trop-peu-trop-tard

Suddenly, Europeans were thrust into the center of the furnace

Nicolas Stassen

  08/10/2008

Europeans Put Hope In Farseeing Banker
Trichet May Cut Continent’s Interest Rate
By Craig Whitlock
Washington Post Foreign Service
Tuesday, October 7, 2008; 11:06 PM
BRUSSELS, Oct. 7—With European lawmakers still bickering over how to respond to a string of bank failures and a fading economy, expectations are rising that a clairvoyant French banker will come to the rescue.
Jean-Claude Trichet, president of the European Central Bank, has been playing a key behind-the-scenes role in recent days as elected leaders and finance ministers from across the 27-nation European Union have held emergency meetings to deal with the credit crisis. Although politicians have struggled to present a united front, analysts said odds were high that Trichet will intervene soon with a cut in interest rates—something that his bank hasn’t done in more than five years.
Last Thursday, after a regular meeting of the central bank in Frankfurt, Germany, Trichet hinted that a cut was forthcoming, though he didn’t say when. With global stock markets tanking, some analysts said the bank could make an announcement this month in what could be a coordinated rate cut with the U.S. Federal Reserve and the Bank of England.
“The ECB should not be stubborn,” said Wolfgang Gerke, a banking expert and director of the Bavarian Center of Finance, a private advisory group. “Now is the time to act and to use the means it has to make a strong statement.”
Trichet had warned of big troubles looming in the banking sector and, unlike many European leaders, had predicted that local banks were vulnerable to the collapse in subprime loans plaguing the U.S. market. “We have to look very carefully at the business model of banks,” he warned last January.
Trichet, however, has also consistently resisted political pressure to cut rates and has fiercely defended the independence of the European Central Bank, which was created nearly a decade ago to oversee the creation of the euro as the continent’s common currency.
Unlike the Federal Reserve, which is also legally bound to fight unemployment by stimulating growth with low rates, the European Central Bank has a single mission: to maintain price stability by keeping inflation low.
As a result, it has been far more reluctant to cut rates than the Fed. In the face of a dragging economy, the Fed has slashed its benchmark rate since last year from 5.25 percent to 2 percent. In contrast, despite a similar slowdown in Europe, its European counterpart raised its benchmark rate by a quarter-point in July to 4.25 percent—citing inflationary risks from high commodity prices and rising wages.
Some European countries, in particular France, have long complained that Trichet’s strategy as president has been too conservative, hampering growth.
Christian de Boissieu, chairman of French Prime Minister François Fillon’s Economic Analysis Council, said a rate cut was overdue. He said that inflation risks had subsided and that Europe badly needed the boost in liquidity that a rate cut would provide. “This would not solve everything,” de Boissieu added. “But it would help.”
Unlike Federal Reserve chief Ben S. Bernanke, who worked side-by-side with Treasury Secretary Henry M. Paulson Jr. to fashion a $700 billion bailout fund, Trichet and the European Central Bank have been careful to remain at arm’s length, at least publicly, from politicians trying to come up with a fiscal solution to the banking crisis.
He attended an emergency summit of European leaders in Paris on Saturday, however, as well as a gathering of finance ministers in Luxembourg this week. On Monday, he took the rare step of inserting himself into the proceedings by holding a late-night news conference to urge the private sector not to overreact to falling markets.
“My own appeal would be for all actors at this stage to shoulder their responsibilities, be calm and have trust,” he said. “We were amongst the first, if not the first among the central banks . . . to make it clear that we were underestimating the risk on financial markets. I think it’s fair to say that we’ve now reached the stage in this development where the pendulum may have swung too much the other way.”
While the European Central Bank oversees monetary policy for the 15 countries that use the euro, each member of the European Union is responsible for regulating its own banks. That has made it difficult to forge a common strategy in Europe for helping troubled banks, many of which operate across national borders.
Miguel Ángel Fernández Ordóñez, a member of the governing council for the European Central Bank, said Europe had no choice but to find a way to coordinate a solution among its many finance ministries and national banks. “Even the biggest countries are too small to resolve this problem” on their own, he told reporters in Madrid.
Trichet, however, has defended the effectiveness of the European response. Despite the complexities involved, he said Europe has acted as responsibly as the United States in addressing the credit crisis. “Who can say we’ve done worse than the other side of the Atlantic?” he said Monday. “There is no lack of coordination. There is a European spirit. We have different governments and they have different means of intervention.”
Some analysts said Trichet was likely using a potential rate cut as an inducement for European finance ministers to take more aggressive action. “If the finance ministers do something, then it would make a rate cut much more effective,” said Daniel Gros, director of the Center for European Policy Studies in Brussels. “But the ECB should not go first. The prospect of a rate cut is what gives it leverage.”
Other analysts praised Trichet’s handling of the situation but said he was far less likely than the Fed to favor a drastic cut in interest rates just to stimulate markets.
Inflation, while declining, remains significantly above the European Central Bank’s target rate of 2 percent. And inflation hawks remain firmly entrenched in Europe, where central bankers for decades have vigilantly guarded against the hyperinflation that decimated Germany’s economy in the 1920s and helped bring on World War II.
Wolfgang Filc, a professor of finance and credit policy at the University of Trier in Germany, noted that Europe’s powerful labor unions are pushing for steep wage increases to adjust to rising living costs. While falling stock markets may make headlines, he said, the European Central Bank is unlikely to ignore any inflationary threats.
“This economic situation is the most serious crisis we have had in 50 years,” he said. “But fighting inflation is the ECB’s primary task. That is law.”
Correspondent Edward Cody in Paris and special correspondent Shannon Smiley in Berlin contributed to this report.

http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2008/10/07/AR2008100703434.html?hpid%3Dsec-business&sub=AR

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October 3, 2008
Europe Opens Door to Easing in Rates

By CARTER DOUGHERTY
FRANKFURT — The European Central Bank on Thursday abandoned its long-held position that inflation is the main threat to the Continent’s economy and hinted that an interest rate cut could come as early as November.
The sharp pivot comes as European leaders grapple with a financial crisis that has destabilized one bank after another in recent days and could drag down economic growth even further.
Jean-Claude Trichet, the president of the E.C.B., who has firmly stuck to the bank’s inflation-fighting mandate since the crisis began 14 months ago, said the drastic weakening of the European economy had sharply moderated the risks of a price surge in the future. “They have diminished, but they have not disappeared,” he said.
He said senior policy makers had decided unanimously to leave the benchmark rate at 4.25 percent. But, leaving no doubt about future intentions, Mr. Trichet added that they had discussed lowering rates as well.
The stance creates a situation in which the bank and the Federal Reserve could cut borrowing costs at about the same time to help reassure jittery investors. Many politicians have accused the European bank of vastly underestimating the effect that seized-up credit markets would have on the region’s economy.
Mr. Trichet’s hints did little to ease pressures in credit markets, where the main gauges of confidence among banks edged up again Thursday. And the euro fell to a 13-month low against the dollar as the prospect of lower interest rates diminished the allure of euro-denominated assets. It bought $1.38 in late European trading, down from $1.40 on Wednesday, and $1.3824 in New York in late trading.
The European bank’s decision came two days before Mr. Trichet and top European leaders were scheduled to convene in Paris at the invitation of the French president, Nicholas Sarkozy, to adopt common approaches to the financial crisis.
Though French and Dutch officials have suggested responses along the lines of the $700 billion bailout proposed in the United States, Mr. Sarkozy and Britain’s prime minister, Gordon Brown, ruled out that idea Thursday.
Referring to the immense infusions of cash that central banks have repeatedly made into the financial system and with the House of Representatives expected to reconsider a bailout package in the United States on Friday, Mr. Trichet called on political leaders to do their part as well.
“We do all we can,” he said. “But there are cases where we need decisions by governments.”
The E.C.B. said its decision to keep rates unchanged was made in the light of an annual inflation rate that, at 3.6 percent, is running far above the bank’s goal of less than 2 percent. But Mr. Trichet underscored the “extraordinarily high level of uncertainty,” suggesting that repeated bank failures in Europe had eased the way for the shift in the E.C.B.’s attitude.
“Suddenly, Europeans were thrust into the center of the furnace and had to take actions to prevent the European financial system from collapsing,” said Julian Callow, chief Europe economist at Barclays Capital in London. “That surely would have affected their thinking.”
The bank’s shift is positive for those who think that lower interest rates globally would reduce the effect of the financial crisis and contribute to business confidence.
The Fed is scheduled to meet on Oct. 27, a short time before the E.C.B.’s next meeting in early November, and many analysts say they think they both may move to cut rates. The Bank of England will meet next week, when a rate cut is also possible.
Mr. Trichet also stressed that the bank could act at any time, suggesting the top central banks could move in unison independent of any meeting.
The E.C.B.’s new willingness to consider lower interest rates opens the bank to criticism that it misjudged how weak the economy of the 15-nation euro area had become by midsummer and was acting erratically.
The E.C.B. actually raised interest rates by a quarter of a percentage point in July to head off rising expectations of higher inflation.
Paul de Grauwe, a professor at the Catholic University of Leuven in Belgium, said the E.C.B.’s reluctance to ease credit even as the euro zone economy contracted in the summer showed a lack of the kind of flexibility that led the Federal Reserve to cut United States rates aggressively. “They are risking being well behind the curve here,” he said.
“Holding rates will lead to a situation in Europe where we are always in the defensive pose as opposed to an offensive approach,” he added. “It is very different from the United States.”

http://www.nytimes.com/2008/10/03/business/03euro.html?scp=3&sq=Europe%20ECB&st=cse

Economists call for EU-wide banking rescue operation

Nicolas Stassen

  08/10/2008

Open Letter to European leaders on Europe’s banking crisis: A call to action

Alberto Alesina   Richard Baldwin   Tito Boeri   Willem Buiter   Francesco Giavazzi   Daniel Gros   Stefano Micossi   Guido Tabellini   Charles Wyplosz   Klaus F. Zimmermann
1 October 2008

This is a once-in-a-lifetime crisis. Trust among financial institutions is disappearing; fear may spread. Last week’s US experience showed that saving one bank at a time won’t work. A systemic response is needed and in Europe this means an EU-led initiative to recapitalise the banking sector. Unless European leaders immediately unite to address this crisis before it spirals out of control, they may find themselves fighting over how best to salvage the aftermath.

Europe is in the midst of a once-in-a-lifetime crisis. Every European knows what happened when financial markets seized up in the dark years of the 1930s. It is not an exaggeration to say that it could happen again if governments fail to act. We are not predicting that it will happen, but it is critical to know that this is what is at stake.
Trust among financial institutions is disappearing and there are risks that fear will spread more widely. Turmoil in financial markets must be stopped before it causes major damage to the real economy. The savings of hundreds of millions of Europeans are directly threatened. If the turmoil produces credit market paralysis, jobs and businesses will be destroyed on a massive scale. A further weakening of the real economy would put more loans at risk and create a vicious cycle of falling asset prices, deteriorating ability to repay loans, and diminishing credit flows.
Actions by US policymakers are welcome, but they are not sufficient. Decisive policy action is required in Europe as well.
Policy spillovers: European-level actions to supplement and coordinate national actions
The US authorities learned last week that saving one bank at a time won’t work; a systemic crisis demands a systemic response.
In Europe, saving one bank at a time means either a rescue effort mounted by one nation, despite important spillovers to neighbouring countries, or last-minute improvised coordination and agreement about fiscal burden sharing. The national responses and ad-hoc cooperative efforts to date have been useful. Yet interdependence among European banks is too deep and too wide-spread for national responses or case-by-case coordination to be enough. Each national policy intervention and each cooperative intervention by a small number of countries can have unpredictable implications for other European nations. It is critical that national authorities sit together and coordinate their responses, developing Europe-wide solutions where appropriate.
Now is the time to act while the situation still appears manageable. Last week’s events in the US demonstrate that financial crises do not evolve smoothly and predictably. One unexpected event can trigger a cascade of failures and panics that become increasingly difficult to control.
Solutions
Many solutions will be part of the answer. In the US, dealing with the immediate crisis requires restoring liquidity to money and credit markets, and creating the conditions for the resumption of the securitisation of prime mortgages and other illiquid but sufficiently homogeneous and transparent assets. In Europe, the key problem is high leverage among the internationally active large banks. Hence the EU contribution must be centred on a recapitalisation of the banking sector, through the injection of public equity or through mandatory debt-to-equity conversions. This has to be done at the EU level (e.g. through the EIB). The current approach of rescuing one institution after another with national funds will lead to a Balkanisation of the European banking sector. Agreeing a harmonised level for deposit insurance would also be important.
To prevent future crises of this nature, regulation of the European financial markets and institutions at the European level will also be required.
The problem is not a lack of understanding of how to stop financial crises. The problem is a lack of political will.
Unless European leaders immediately unite to address this crisis before it spirals out of control, they may find themselves fighting over how best to salvage the aftermath.

http://www.voxeu.org/index.php?q=node/1729
French
http://www.telos-eu.com/fr/article/crise_financiere_que_faire
Italian
http://www.lavoce.info/articoli/pagina1000650.html

http://www.guardian.co.uk/business/2008/oct/02/europeanbanks.europe
http://www.lalibre.be/economie/actualite/article/451174/250-economistes-lancent-un-appel-a-l-union.html
http://www.letemps.ch/template/opinions.asp?page=6&article=241012
http://www.ledevoir.com/2008/10/08/209647.html
http://www.france-info.com/spip.php?article195201&theme=22&sous_theme=24

georgie et islande, inversion des situations

Jérôme

  08/10/2008

la puissance américaine “perçue” avait été sérieursement ébranlée par l’affaire Georgienne, mais le cas Islandais va infiniment plus loin.  En effet dans le premier cas les USA n’était pas intervenus (ou si peu) pour sauver un de leur protegé de la menace russe, mais pour l’islande c’est la Russie qui intervient pour sauver un (ex?)protégé US, un modèle du capitaliste financier, otanien jusqu’à l’os sans aucune force armée (mais surtout pas membre de l’UE), plus royaliste que le roi financier (avec 100b$ d’emprunt pour 14b$ de PIB). A quand l’annonce d’une base russe en Islande?
apres les interrogations sur l’article 5, le protectorat US semble bien faire parti du passé. Au moins les russes, toute dictature qu’ils sont, interviennent (mais ils en ont les moyens, eux…)

Terror Storm

Article lié : Leur religion en lambeaux, leur Foi pulvérisée

Stephane Eybert

  08/10/2008

Alex Jones racontait comment un aparatchik US lui avait froidement avoue que 911 avait ete fait parce qu’ils n’avaient pas le choix. C’etait ca ou la chute. Il fallait gagner du temps.

http://www.mininova.org/tor/1827456

Interessant comme la peur est le heros toujours au centre de la scene, ce depuis 911.