Denis Monod-Broca
08/03/2020
Je suis insaisissable, multiforme, je suis ici, là, partout, je fais souffrir, blesse, tue parfois, je protège et je sauve aussi, indispensable à la vie je fais peur, quand tout va bien on m’oublie, on se détourne de moi, on ne me connaît plus, quand ça va mal, au contraire, on veut tout savoir de moi, tout, et le premier qui le dit est exécuté, qui suis-je ?
La réponse est double.
L’une des réponses est : la vérité.
L’autre réponse est : les virus.
La vérité est une sorte de virus.
Un virus, en l’occurrence le sras-cov-2, est un révélateur de vérité, sinon même une sorte d’incarnation de la vérité.
jc
08/03/2020
La pandémie de coronavirus concerne tout le monde, c'est-à-dire le demos. Quelle sera l'organisation sociale qui gérera le mieux cette pandémie -ou qui l'aurait géré le mieux si elle avait existé-? Démocratie, démocrature ou dictature? Libéralisme ou collectivisme? Capitalisme individuel ou communisme? Organisation top-down (jacobine en France) ou bottom-up (girondine en France)? Etc.
L'article 2 de notre constitution stipule: "Le principe [de la république] est: gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple.". Il est parfaitement clair pour moi que nous avons actuellement un gouvernement du peuple, par l'argent et pour l'élite qui possède et/ou contrôle l'argent. Contrairement à ce principe constitutionnel, nous ne sommes pas actuellement en démocratie (l'avons-nous jamais été?). La vérité de situation, pour reprendre la terminologie Dedefensa, est que nous sommes en ploutocratie. Et, bien entendu, les USA également.
jc
07/03/2020
Quelle est la position des "cyclistes"?
Il me semble clair que, dans ce cas, on ne peut traduire "principium" ni par "commencement" ni par "fin". Je ne connais rien ni des cosmogonies et théogonies orientales (certaines sont peut-être de ce type), ni de ce qu'ont écrit les éventuels éternels-retouristes occidentaux (Nietzsche?).
Quelle est la position de Thom?
Dans un entretien avec Jacques Nimier¹, Thom dit:
"Je me souviens que vers dix-sept ans, j'ai commencé à m'intéresser à la dynamique. Je ne me souviens plus à quelle occasion j'avais remis un papier à mon professeur de math-élem, où je parlais de l'éternel retour vu d'un point de vue dynamique, les théories de l'éternel retour ... C'était l'idée qu'on pouvait avoir un espace-temps, un univers dans lequel il y aurait l'éternel retour, c'est-à-dire où la dynamique serait périodique, mais je crois que c'est à peu près la première fois que j'ai réellement pensé les choses en terme de dynamique ..."
Je me demande si Thom n'a pas changé de position avec l'élaboration de sa théorie des catastrophes qui l'a amené à écrire plus tard: "(...) il m'est difficile de voir pourquoi un être pleinement différencié ne pourrait être immortel"(1968) et "Peut-être Dieu n'existera-t-il pleinement qu'une fois Sa création achevée," (1988).
Quelle est la position de PhG?
Je l'attends avec impatience dans la suite du tome III de "La Grâce…". Car, visiblement à la lecture du III.1 et des deux tomes précédents, le problème l'intéresse au plus haut point. Pour preuve ses références répétées au temps, au passé, à la nostalgie, à l'éternité et à l'Histoire providentielle, avec les citations suivantes, pour moi assez énigmatiques:
PhG: "Ainsi en est-il, pour mon compte, de "l'éternel retour", qui est un don terrestre, reconnaissable dans le fait du "retour" comme un acte concédé par l'éternité au cycle terrestre du monde, don terrestre disais-je de l'essentielle manifestation de l'Unité originelle, sous la forme de l'éternité majuscule." (Tome III-1, p.143)
Fabrice Hadjadj: "En un mot le futur est relatif à ce qui va et l'avenir à ce qui vient, et il faut que ce qui va soit ouvert à ce qui vient, sous peine d'une vie qui meurt en se fixant dans un programme." (id. p.148)
La position de PhG: un éternel retour vu non pas comme une éternelle cyclicité, mais comme un permanent retour vers le passé et vers l'unité primordiale, avec un temps non nécessairement cyclique, l'avenir à reculons?
La citation suivant de Daniel Rops revient souvent dans "La Grâce…": "Dans cette lutte prodigieuse entre la matière rétive et la volonté créatrice". Dans cette lutte prodigieuse entre la matière et la forme (entre la matière informe et la matière formée), entre le chaos et le cosmos, entre le topos et le logos, entre la puissance et l'acte, entre l'ouvert et le fermé, entre le paradis terrestre et la Jérusalem céleste, la citation de Fabrice Hadjadj ("une vie qui meurt en se fixant dans un programme") nous suggère peut-être de ne pas nous précipiter vers la forme, le cosmos, le logos, l'acte, le fermé, la Jérusalem céleste. Est-ce la lecture que PhG fait de la citation?
¹: http://pedagopsy.eu/entretien_thom.html
jc
07/03/2020
Une question qui se pose est: comment peut-on, comment faut-il, traduire "In principium"?
Dans la théogonie catholique il y a le verbe et il y a la chair, dans la théogonie hédiosique il y a le chaos et il y a le cosmos. Dans la tradition catholique (depuis saint Jean?) la traduction française est actuellement "Au commencement était le Verbe", suivi dans le premier évangile de "et le Verbe était Dieu " puis "Et le Verbe s'est fait chair". Il me semble¹ que dans la tradition hésiodique c'est plutôt le chaos qui est au commencement (et donc le cosmos à la fin).
J'ai mentionné dans le .2 que pour Thom "la mathématique est la conquête du continu par le discret", ce qui laisse deviner sa position de que le continu précède ontologiquement le discret², et, par transposition, que, très vraisemblablement pour lui, le chaos et le topos précèdent le cosmos et le logos. Peut-on être plus précis sur la vision thomienne de la métaphysique extrême? Il écrit à la fin de "Esquisse d'une sémiophysique" (1988): "Peut-être Dieu n'existera-t-il pleinement qu'une fois Sa création achevée" (et cite alors l'aristotélicien "premier selon l'être, dernier selon la génération". (ES, p.216). Mais dans le "platonicien" SSM (2ème ed. 1977) j'ai repéré deux fois le catholique "Et le verbe s'est fait chair"³. Je pense que la position de Thom a évolué de la position catholique vers la position hésiodique⁴ (la citation "(...) il m'est difficile de voir pourquoi un être pleinement différencié ne pourrait être immortel." (1968, SSM) va selon moi dans ce sens. Mais il n'est pas du tout inconcevable -il est même probable- que Thom applique les préceptes d'Élie-Bernard Weil avant que ce dernier ne les ait formulés⁵
Au commencement des temps le chaos, la matière informe, en puissance, à la fin des temps le cosmos, la matière formée, en acte et immortelle: la position thomienne⁶?
La position vaticane? Dans l'encyclique "Laudato si" du pape François on relève un étrange(?) "La réalité est supérieure à l'idée".
¹: J'ai découvert la théogonie hésiodique hier par le biais de Wikipédia,
²: Thom prend fermement cette position : "Il ne fait guère de doute que d'un point psychologique (et pour moi ontologique) le continu est l'être premier" (AL, p.564)
³: En épigraphe du chapitre 9: "Modèles locaux en embryologie" et au début du dernier chapitre "De l'animal à l'homme: pensée et langage" (p;295) chapitre entièrement remanié par rapport à la première édition.
⁴: Thom a été élevé dans le culte protestant.
⁵: "Il faut apprendre ou réapprendre à penser toujours d'une manière bipolaire et de ne pas céder à l'attrait d'une pensée unipolaire, branchée sur un pôle dominant -ce qu'on appelle aussi « pensée unique » de nos jours -une tentation qui fait immanquablement plonger dans l'erreur et l'impuissance."
⁶: Dans la préface de AL le philosophe Jean Largeault écrit: "Thom qui, à la rigueur, aurait de la sympathie pour un matérialisme, rejette le réductionnnisme…" (p.27)
jc
07/03/2020
Comment concilier le "Au principe était le verbe" et le "Au principe était le chaos"?
J'ai indiqué au .0 que, métaphoriquement, le chaos était constitué du tas de lego qui représente "en puissance" toutes les "Jérusalem célestes" qu'il était possible de construire "en acte" à partir de ce tas de lego. Il suit que dans ce cas, toujours métaphoriquement, le verbe est alors naturellement le pgcd¹ des plans de ces "Jérusalem célestes".
Métaphysiquement il s'agit de relier le morphologique et le logique. Ci-après deux articles qui traitent du sujet, par Jean Petitot, sans doute l'un des plus fins connaisseurs de l'oeuvre de Thom. Le premier pour les scientifiques (l'introduction est lisible par les non matheux): http://jeanpetitot.com/ArticlesPDF/Petitot_ThomUrbino.pdf ; le second que je découvre après une courte recherche sur Internet, après avoir noté que "Le déclin de l'Occident" de Spengler² "se présente comme une application aux phénomènes culturels de la méthode morphologique³ [de Goethe]", article qui m'a passionné (en particulier l'analyse du "Eliezer et Rebecca" de Poussin par Lévi-Strauss, pour moi un véritable bijou): http://jeanpetitot.com/ArticlesPDF/Petitot_LeviStrauss_FR.pdf
¹: Le plus grand commun diviseur.
²: PhG: "... à la mode spenglerienne…"
³: "Le Déclin de l'Occident (1918 pour la première partie, 1922 pour la seconde) est une œuvre de synthèse historique qui rassemble tout à la fois l'économie politique et la politique, les sciences et les mathématiques, les arts plastiques et la musique. Cet ouvrage se présente comme une application aux phénomènes culturels de la méthode morphologique qu'avait élaborée Goethe pour les sciences naturelles et qui consiste dans le fait de dériver les phénomènes à partir d'un « phénomène primitif unique »." (Wikipédia, Spengler)
jc
06/03/2020
PhG: "(Dit plus lourdement mais plus clairement : “Depuis que je |Foch] dirige une coalition de forces nationales indépendantes, j’ai beaucoup moins d’admiration pour Napoléon qui a remporté nombre de ses batailles contre des coalitions”.)
Il me semble que ça s'applique également à la guerre économique¹, et que la coalition UE a une stratégie "wetlessness" de poulette qui essaye de ne pas se mouiller.
Hubert Védrine, hier soir face à Éric et Christine sur Cnews: "Quant aux européens, il ont cru, après la fin de l'URSS, à la communauté internationale, à un monde de bisounours alors qu'ils sont dans jurassic park!"
(Et la citation de Foch s'applique peut-être également à la guerre bactériologique².)
¹: PhG: "... l’“Occident”, comme le dit et le redit Macron, voit son influence civilisationnelle se gauchir, se déstructurer, ne plus constituer un outil à son service avec la réduction qui s’ensuit et devient ce phénomène de déclin accéléré, à la mode spenglerienne, pour lequel eux-mêmes, les “Occidentaux”, ont forgé un mot, – “Westlessness”.
²: "Le coronnement de Napoléon se déroula le dimanche 2 décembre 1804 à Notre-Dame de Paris. La cérémonie dura près de cinq heures et le peintre Jacques-Louis Covid en fit deux tableaux".
jc
06/03/2020
Je ne sais pas si d'autres que Thom utilisent en sciences l'expression "marche au chaos", et je ne sais pas non plus si la "marche au chaos" dont il parle dans ES (p.80) a un rapport avec l'effondrement de la Jérusalem céleste dont je parle dans le .0: mes compétences en mathématiques sont trop insuffisantes pour le dire¹. Je pense plutôt à une catastrophe silencieuse² qui n'est pas complètement catastrophique, car elle se traduit par un gain de compétence qui compense l'évidente perte de performance qu'entraîne l'effondrement.
Remarque.
La construction de la Jérusalem céleste est une rigidification yang et sa déconstruction une volatilisation yin, pour reprendre les termes utilisés par Guénon. Autrement dit, en sexuant la chose de la façon la plus naturelle qui soit, l'effondrement (beaucoup plus rapide que l'érection) est une débandade…
¹: https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0304020808721108
²: Cf. l'index de SSM et l'article "Une théorie dynamique de la morphogenèse" de MMM, ed. de 1974, p.267
jc
06/03/2020
"Au principe était le Verbe…". Ainsi commence, dans la théogonie catholique, le premier évangile de Saint Jean (fait pour inspirer les logocrates…). Il en va autrement dans la théogonie hésiodique¹: "Au principe était le chaos…" (qui semble pouvoir inspirer plutôt les topocrates…). Le chaos et le topos yin face au cosmos et au logos yang? Les topocrates enfants de la nuit, les logocrates dans l'éblouissante clarté?
Thom: "(...) il y a une certaine opposition entre géométrie et algèbre. Le matériau fondamental de la géométrie, de la topologie, c'est le continu géométrique; étendue pure, instructurée, c'est une notion « mystique » par excellence. L'algèbre, au contraire, témoigne d'une attitude opératoire fondamentalement « diaïrétique ». Les topologues sont les enfants de la nuit ; les algébristes, eux, manient le couteau de la rigueur dans une parfaite clarté."
Thom: "Pour moi la mathématique c'est la conquête du continu par le discret". Je pense qu'il ne renierait pas que c'est aussi pour lui la conquête du topos par le logos.
Au commencement était le chaos ou était le logos? Élie-Bernard Weil: "Il faut apprendre ou réapprendre à penser toujours d'une manière bipolaire et de ne pas céder à l'attrait d'une pensée unipolaire, branchée sur un pôle dominant -ce qu'on appelle aussi « pensée unique » de nos jours -une tentation qui fait immanquablement plonger dans l'erreur et l'impuissance."
Je note de Wiki¹ que "Kháos, littéralement « Faille, Béance », du verbe χαίνω / khaínô, « béer, être grand ouvert »", ce qui conforte mes enchaînements associatifs yin-ouvert-puissance-chaos-topos et yang-fermé-acte-cosmos-logos.
Je vois l'état actuel du monde comme suit: nous sommes en fin de fin de cycle (en fin de Kali-Yuga yang-yang), cycle qui a produit "en acte" une eschatologique "Jérusalem céleste" symbolisée par tous les gratte-ciel qui jaillissent actuellement un peu partout dans "nos" orgueilleuses mégapoles. Bien que je sois tout le contraire d'un atomiste -je suis continuiste- le retour au chaos m'apparaît nécessaire avant de pouvoir débuter l'âge d'or yin-yin d'un nouveau Manvantara, selon la métaphore suivante -réservée aux atomistes-: la Jérusalem-céleste-en-acte-et-en-lego, doit être déconstruite² pour redevenir un Paradis terrestre, c'est-à-dire "en puissance" à la fois toutes les Jérusalem-célestes-possibles.
Dans "Esquisse d'une sémiophysique" (p.80) Thom s'efforce de décrire les grands modes de déploiement d'une dynamique ponctuelle en dynamique de la blastula physiologique. Pour lui "la situation est semblable à celle des dynamiciens qui veulent décrire la "marche au chaos" pour un système dynamique [en mécanique des fluides]...".
Application au cas des primaires démocrates US? (Allusion au "chaos" du titre de l'article "La chasse-au-Sanders est ouverte, chaos compris".)
¹: https://fr.wikipedia.org/wiki/Chaos_(mythologie)
²: Soros, Derrida et Schumpeter en marionnettes "faisant leur job"?
jc
05/03/2020
Je trouve qu'on a là un affrontement entre deux conceptions diamétralement opposées du monde:
1. L'approche séquentielle et verticale (top-down) qui préside à la conception et à la réalisation du F-35¹ avec ses quelque 25 millions de lignes de code -embarquées ou non- (sans compter le nombre certainement très élevé de pièces); aproche pour moi² masculine;
2. L'approche en réseau et horizontale à la fois d'Internet et du corona virus; approche pour moi féminine.
Il est piquant de remarquer qu'Internet a été développé par le Pentagone pour augmenter la stabilité structurelle des communications: "Entre 1962 et 1965, le groupe de la RAND avait étudié la transmission par paquets pour l'armée américaine. Le but était de pouvoir maintenir les télécommunications en cas d'attaque (éventuellement nucléaire), ce que permet une transmission par paquets dans un réseau non centralisé." (Wikipédia)
Le Pentagone s'est-il, parallèlement -ou plutôt transversalement-, réellement préoccupé de la stabilité structurelle de la chaîne de conception et de réalisation de ses engins de guerre?
Remarque: Il me semble clair que les élites mondiales ont en général ont une conception top-down des choses (cf. le jacobinisme en France…). Selon une définition thomienne, définition que j'ai adoptée dès que connue, "l'intelligence est la faculté de s'identifier à autre chose, à autrui". Pour lutter efficacement contre le coronavirus il faut se mettre dans sa peau³. Est-ce à la portée de nos élites jacobines, formatées top-down?
¹: Tout ce que je sais de la chose vient de la lecture de Dedefensa.
²: qui suis un obsédé sexuel.
³: En évitant qu'il se mette dans la nôtre.
jc
05/03/2020
Eschatologie: "L'eschatologie (du grec ἔσχατος / eschatos, « dernier », et λόγος / lógos, « parole », « étude ») est le discours sur la fin du monde ou la fin des temps." (Wikipédia)
Apocalyse: "Étymologiquement, le mot « apocalypse » est la transcription d’un terme grec (ἀποκάλυψις / apokálupsis) signifiant « dévoilement » ou, sous un aspect religieux, « révélation » (Wikipédia)
Pour moi le titre correct est: "Le culte eschatologique du réchauffement climatique".
jc
05/03/2020
(J'étais certain que Tulsi Gabbard allait revenir sous le clavier de PhG et j'attendais ce moment avec impatience.)
En consultant Wikipédia Gabbard figure dans le dernier carré (avec Warren, Biden et Sanders) alors qu'ils étaient 29 candidats au départs (18 retirés avant les primaires et 7 pendant).
Ce qui m'intéresse c'est la dynamique d'évolution du parti démocrate. Pour cela j'associe (en thomien que j'essaie d'être) à chacun une cuvette de potentiel avec une contenance proportionnelle aux votes, et une profondeur absolue proportionnelle à la qualité des principes sur lesquels s'appuie le candidat: de large mais très peu profonde pour Biden à étroite mais profonde pour Gabbard, Les désistements successifs sont le fait de candidats dont la profondeur de cuvette est insuffisante¹ et qui se déversent dans la cuvette plus profonde que la leur la plus proche, ce qui a pour effet d'élargir cette dernière mais pas nécessairement de l'approfondir (effet éventuel de dilution des principes -cas d'un candidat de consensus, d'un candidat attrape-tout-). Dans la théorie thomienne un conflit -ici actuellement à quatre actants- est dominé par la cuvette la plus profonde et l'évolution du conflit est régie par la forme de son fond². (Très grossièrement et métaphoriquement Il y a les cuvettes standard, de forme parabolique (d'équation z=x²+y²) structurellement stables (sans puissance car ne donnant lieu à aucun déploiement) et il y a les cuvettes au fond plus plat (d'équation z=x⁴+y⁴), germes instables, en puissance, en stand-by, donnant lieu à un déploiement structurellement stable -grandiose pour cette cuvette-ci-.) Tulsi Gabbard en puissance dans l'ombre yin, en stand-by (je n'ai qu'une idée extrêmement vague de ses principes et de son programme) attendant son heure face à trois acteurs en acte, sous la lumière yang des projecteurs?
¹: Patrick Martin (WSWS.org): "L’ancien président Barack Obama aurait pris l’initiative de faire pression sur Buttigieg. Lors d’un appel téléphonique de l’ancien commandant en chef à l’ancien officier de renseignement de la marine, lui disant que c’était son «levier maximum» pour une future influence au sein du parti démocrate." (Je suppose que "levier" est la traduction de "level". J'aurais plutôt traduit par "niveau"...) https://www.dedefensa.org/article/la-chasse-au-sanders-est-ouverte-chaos-compris
²: (pour scientifiques) Le fond de cuvette est une singularité en ce sens que le gradient de la fonction qui décrit la cuvette est nul au fond.
laodan dandan
03/03/2020
Je suis un lecteur quotidien de votre publication depuis de multiples années. L’importante conclusion de votre dernier billet me semble erronée d’un point de vue épistémologique et ceci m’incite à un premier commentaire sur votre site.
" ... on sent bien qu’on se trouve emporté dans une mécanique, un enchaînement qui porte en lui la mort du Système.
C’est comme si nous étions arrivés au terme de nos tempêtes ... et que nous nous retrouvions plongés dans la tempête ultime mais aussi suprême, celle qui nous place devant nous-mêmes. "
Je partage avec vous ce sentiment, d'être emporté par une mécanique qui porte en elle la mort du Système, mais je doute que la tempête ultime nous place réellement devant nous-mêmes.
Il me semble plutôt que la faculté, de raisonner et d'abstraire, de l'esprit humain fut capturé par l'idéologie profonde de la Modernité dès son irruption au contact de l'Orient à la suite des croisades. Au fil des siècles il s'ensuivit alors une expansion de la "vision Moderne du monde" à l'ensemble de notre espèce. Cette "vision du monde" (worldview en anglais - Weltanshauung en allemand) nous a enfermé dans une mécanique ‘développementaliste’ qui est portée par "la raison qui est à l’œuvre au sein du capital". Je parle ici de la raison qui transforme la monnaie en capital et impose des lors a son détenteur un comportement incontournable. Le succès des détenteurs de capitaux amorçât un sentiment généralisé d’envie sociale qui au fil des siècles étendit la logique de "la raison qui est à l’œuvre au sein du capital" a toutes les activités humaines et celle-ci fut finalement canonisée par les penseurs des lumières dans le rationalisme philosophique.
Sans le savoir nous sommes ainsi emportés par une mécanique de la pensée qui est extérieure à l’humain. Cette mécanique réside dans "la raison qui est à l’œuvre au sein du capital" et son extension philosophique le rationalisme. Au fil des siècles cela façonna un comportement de l'homme qui est fondamentalement antagonique de la nature profonde du principe de la vie qui se manifeste par l’émergence de multiples espèces et leur développement en complexité biologique et sociétale.
Le mode d’opération des espèces vivantes est de balancer, – la nécessite de leur reproduction physique que nous qualifions généralement comme un besoin de conservation et, – leur but ultime qui est d’assurer à leur espèce le stage le plus avancé de complexité biologique et sociétale que nous qualifions généralement comme un besoin de développement et de progrès. Les individus, du moins certains d’entre eux, sont porteurs d’une urgence a changer les choses et cette urgence individuelle est la force qui met en mouvement la complexification sociétale. La reproduction physique des individus est assurée par les groupements sociétaux. La nature opposée de ces objectifs a naturellement constamment opposé les individus et leurs sociétés et tout au long de l’évolution sociétale de l’humanité les différents modes de sociétés ont dû élaboré des stratégies propres et appropriées pour adresser cette réalité conflictuelle et satisfaire leurs objectifs de conservation.
Les sociétés tribales partagèrent une vision animiste du monde qui unifia leurs membres autour de l’idée que le bonheur réside dans le don aux autres. Ces sociétés tribales ignoraient toute notion d’individualisme, les individus s’identifiaient au groupe, et ceci maximisa leur cohésion sociétale ce qui en retour leur procura une longévité sociétale exceptionnelle se mesurant en dizaine de milliers d’années. Les sociétés de pouvoir qui leur succédèrent usèrent 2 stratagèmes pour se reproduire sur le temps long :
la force brute et le contrôle des réserves alimentaires
la colle religieuse des esprits autour d’une "vision commune du monde"
L’animisme restait profondément ancré dans les esprits des citoyens de l’empire Romain ce qui limitait les conversions au Catholicisme et le força donc à apporter une réponse appropriée à ce problème dans la forme d’une confrontation directe entre les convertis et leur Dieu. Ceci initia une conversation entre l’individu et son Dieu Chrétien et en retour cela développa la notion de soi-même dans les esprits qui, au fil des siècles, muta en une pensée consciente de la différence entre soi et les autres. Le temps passant cette notion de différence aboutit à la séparation des individus.
Durant les premiers siècles de ‘commerce au long cours’ qui origina durant les croisades cette pensée consciente de la différence entre le moi et les autres fut le catalyste qui provoqua l’émergence de l’individualisme des marchants et autres détenteurs de capitaux.
Cet individualisme émergent distinguait l’Europe Occidentale du reste du monde et il fut la cause première de la conversion par les marchants au long cours Européens à "la raison qui est à l’œuvre au sein du capital". C’était l’aube du soleil montant de la Modernité.
Entre l’aube et le soir de la Modernité 7 à 8 siècles se sont écoulés. La séparation des individus et de leurs sociétés est aujourd’hui complète. Les sociétés Occidentales se sont atomisées et la seule énergie qui dorénavant maintient ces sociétés en place est leur force d’inertie et leur mémoire. Au soir de la Modernité le cacophonie des narratives sociétaux enveloppe les individus mais leur contenu ne clicke plus. Comme dans un brouillard épais tous les points de repères ont disparu. La réalité s’est fissurée et à l’instar d’un miroir cassé elle s’est désagrégée.
Les sociétés occidentales sont en attente de leur collapse. Les individus se sont séparés et leur confiance s’est éteinte. Ceci n’est pas la tempête ultime qui nous place devant nous-mêmes. Les citoyens Occidentaux n’ont en effet plus aucun repère ni attache et sont devenus incapables de s’observer dans un miroir.
De mon point de vue, ancré en Chine depuis une trentaine d’années, ce que je vois c’est le néant de l’hégémonie Occidentale.
jc
03/03/2020
Il y a pour moi lieu de distinguer entre temps crisiques masculins et temps crisiques féminins: ça aide -très efficacement il me semble- à ranger ma pensée -et ici, à écrire l'histoire-.
Pour Thom (et, selon lui, pour Aristote) l'acte fondateur sépare et -pour Thom seul- il est masculin si l'on en juge par l'exemple archétypique de la catastrophe d'excision¹ qu'il lie à la reproduction sexuée. Pour moi l'acte fondateur féminin réunit et est lié à la catastrophe de synthèse².
Sont typiquement à mes yeux des temps crisiques masculins: le début de l'ère industrielle, l'érection du rideau de fer, le début des calculateurs électroniques; et typiquement des temps crisiques féminins: la fin du mur de Berlin, la pax americana globalisante qui a suivi, l'arrivée d'Internet, le covid-19.
Plus symboliquement, en qualifiant de masculine une rigidification et de féminine une volatilisation (deux termes que Guénon utilise et oppose), le 9/11 et l'incendie de la flèche de Notre Dame (avec préservation de ses tours jumelles sans clocher, de ses deux mamelles) deviennent des temps crisiques féminins.
¹: Sous-produit de la catastrophe "ombilic parabolique" (Thom utilise cette même catastrophe d'excision pour modéliser les automatismes du langage). Cf. MMM "Topologie et linguistique" et "Topologie et signification", ainsi que SSM 2ème ed. p.314. Pour Thom il y a quatre actants: deux principaux, le sujet mâle et l'objet femelle, un instrument -le spermatozoîde- qui sépare l'objet en deux parties (la mère et l'enfant -le quatrième actant).
²: Autre sous-produit de la catastrophe "ombilic parabolique" (qui apparaît ainsi comme une sorte de synthèse de masculin et de féminin). Pour Thom la synthèse est plus finalisée que l'analyse. La femelle plus consciente (éventuellement inconsciemment!) que le mâle de la finalité de l'acte sexuel?
jc
03/03/2020
Globalisation conçue par des psychismes masculins contre mondialisation à concevoir conjointement avec des psychismes féminins.
(Pour moi l'acte fondateur masculin est une séparation alors que l'acte fondateur féminin est une réunion. Symboliquement: le gladiateur contre la rétiaire. Il suit que la globalisation -qui est une réunion, une synthèse- aurait peut-être gagné à être pensée conjointement avec des psychismes féminins…)
Élie-Bernard Weil: “Il faut apprendre ou réapprendre à penser toujours d’une manière bipolaire et de ne pas céder à l’attrait d’une pensée unipolaire, branchée sur un pôle dominant -ce qu’on appelle aussi « pensée unique » de nos jours -une tentation qui fait immanquablement plonger dans l’erreur et l’impuissance.”
Il est clair pour moi que les crétins masculins surdipômés¹ qui ont pensé la globalisation ont cédé à l'attrait d'une pensée unipolaire.
¹: Ainsi s'exprime Emmanuel Todd. (Je ne peux m'empêcher de penser au globaliste Jacques Attali qui se vantait il y a peu d'être le major des majors de l'école polytechnique.)
jean-luce Morlie
02/03/2020
Bonjour,
« la plus grave faute commise par les Russes dans cette phase délicate, plus que le cessez-le-feu unilatéral, a été de ne pas avertir leurs alliés au sol (Syriens, Iraniens, etc.) qu’ils n’assuraient plus leur couverture, de ne pas leur avoir laissé le temps de s’organiser en défensive, notamment en déployant des moyens antiaériens. »
Croyons-nous que l’état-major politique et militaire russe fasse ce genre d’erreur ? Il me semble (j’ai 72 ans ) que la tradition « soviétique » continue de jouer à deux ou trois coups d’avance.
Selon cette hypothèse, Moscou, attire l’attention sur le fait qu’ils sont les maîtres militaires, ce qui dans tous les cas de figure, en Syrie, est vrai ! En conséquence, il y a donc des dissensions (je crois avec l’Iran, mais avec un ou deux coups de distance) .
(Hypothèse de base : Erdogan est « un chien fou » manipulé par les Russes.
Bien à vous tous,
JLM
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