Ando
05/05/2008
Cela me rappele une prédiction faite il y a quelques années par des commentateurs soviétiques qui considéraient que le triomphalisme dont ont fait preuve les Etats-Unis lors de la dissolution de l’Union soviétique en 1991 (le mythe du “Nous avons gagné la guerre froide”) était déplacé. Ils considéraient que les Etats-Unis pouvaient également connaître un processus de décomposition, initié par une érosion inéluctable de sa base économique. C’est possible. Je n’en sais rien. Par contre, les deux situations sont différentes. C’est une élite (communiste ou non) qui a décidé sciemment de dissoudre l’Union soviétique, considérant que le système n’était plus viable, et qui a opté pour la fameuse et si cruelle “thérapie de choc” appliquée de 1991 à 1996 à un peuple de 160 millions d’habitants (la prise du pouvoir par Eltsine, le “destructeur” de l’ordre ancien, ne doit rien au hasard. Phénomène absolument remarquable que cette décomposition voulue et organisée de l’intérieur, en pariant que du chaos naîtrait un monde meilleur. Dans le cas étasunien, aucune volonté de cette sorte. Tout y est désormais subi, sans aucun projet ou plan d’ensemble. Surtout, la Russie a fait preuve d’une capacité de remise en question unique, exceptionnelle, qui est à mille lieux de la mentalité américaniste. Le pire, c’est la décomposition non voulue, non dirigée, même de loin, car alors toutes les dérives deviennent possibles.
Roberto Buffagni
05/05/2008
Je vous remercie du votre ecrit. Oui, il y a la tragedie, donc l’aveuglement, et la peste aussi. Qu’est que c’est, cette peste? Je crois qu’elle soit notre bavardage culturel.
miquet
05/05/2008
sans vouloir monopoliser le forum, voici enore un commentaire intéressant sur le sujet de l’ABM en Europe.
ABM en Europe: la Pologne demande la lune (Vremia novosteï)
MOSCOU, 5 mai - RIA Novosti. Des divergences ont surgi entre Varsovie et Washington qui pourraient remettre en question le déploiement d’éléments du bouclier antimissile américain (ABM) en Pologne, note lundi le journal Vremia novosteï.
Cependant, Alexandre Pikaïev, chef du département du désarmement et du règlement des conflits de l’Institut d’économie mondiale et des relations internationales de l’Académie russe des sciences, se dit convaincu que les Etats-Unis finiront par obliger les Polonais à modérer leurs prétentions financières.
Washington cherchera un nouvel emplacement pour sa base de missiles intercepteurs si les négociations avec la Pologne ne donnent aucun résultat, a fait savoir il y a quelques jours un représentant anonyme de l’administration américaine. Vendredi dernier, l’administration Bush a demandé au Congrès 20 millions de dollars pour accorder une aide militaire à la Pologne, soit une somme mille fois moins importante que celle que les Polonais auraient demandée aux Etats-Unis pour la modernisation de leurs forces armées, selon des informations non officielles.
Dans leur dialogue avec Varsovie, les Etats-Unis recourent à la méthode “de la carotte et du bâton”. La fuite d’informations concernant l’existence d’une éventuelle alternative à la Pologne est appelée à pousser les Polonais trop exigeants à signer l’accord avec les Américains, a noté M. Pikaïev.
Les Etats-Unis souhaiteraient s’entendre avec Prague et Varsovie sous l’actuelle administration de George W. Bush, dont le mandat expire en janvier 2009. Initialement, il était prévu que la secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice, signerait l’accord américano-tchèque le 5 mai à Prague, mais par la suite la date a été reportée au mois de juin.
Alexandre Pikaïev a expliqué que l’ajournement de la signature du document entre les Etats-Unis et la République tchèque était dû à la position de la Pologne: “Les Tchèques attendent de voir si les Polonais arrivent à s’entendre avec les Américains. Si Prague reste seul, il y aura de grandes chances que le parlement tchèque refuse ce projet”.
L’expert a souligné que les Américains étaient obligés de s’entendre sur le déploiement d’une base européenne d’antimissiles compte tenu de l’emplacement du radar tchèque. Les missiles doivent impérativement être déployés non loin du radar, car c’est un radar de pointage qui, par exemple, ne pourra pas pointer des intercepteurs déployés en Turquie. Hypothétiquement, les missiles pourraient être installés en Lituanie, mais, selon le spécialiste, une telle décision comporterait pour les Etats-Unis de nombreux risques, tels que l’apparition “d’un nouveau scandale avec la Russie”, le “mécontentement des alliés qui ne souhaitent pas voir éclater inutilement une nouvelle crise à proximité de leurs frontières” ainsi que des “contradictions au sein de l’UE, déjà irritée par Vilnius qui vient de refuser le mandat de la Commission européenne pour le lancement des négociations sur le nouvel accord de coopération stratégique avec la Russie”.
Alexandre Pikaïev estime que la Slovaquie et la Hongrie ne voudront pas non plus se brouiller avec Moscou. “En cas de refus de la Pologne d’accueillir une base américaine, Washington devra réviser de fond en comble le schéma de déploiement de l’ensemble de la région de positionnement, y compris du radar tchèque”. Ce qui signifie qu’il n’existe guère d’alternative à la “cordée” Pologne-République tchèque.
Cet article est tiré de la presse et n’a rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.
FB
05/05/2008
On sait que dedefensa ne voudra pas se positionner sur “les attentats du 9/11”. Soit.
Biegalski jette l’éponge, en constatant -si on vous lis bien- que mème les révolutions sont en quelques sorte encadrées ...controlées , et que son engagement lui semble en quelque sorte dérisoire..
L’aveu de Biegalski est terrible, car il admet que les forces “de manipulation” sont telles que mème un Solidarnosc n’est pas intègre…
Ca ramène la barre du “complot” très haut!
Une analyse de Franck Biancheri, à propos de la politique sarkozienne nous renvoie également largement au-dela de la simple politique partisane:
http://www.newropeans-magazine.org/content/view/7954/84/
Il semblerait que lorsqu’on aborde la “théorie du Complot”, celle-ci se situe largement au dela des complots du type 911, ou Solidarnosc, ou la “création de la FED”,fin 1913..
l’avenir nous dira si la variante “complots partout, mais l’Histoire (maistrienne!)est plus forte”, à la dedefensa par exemple, aura le dessus sur la variante “Thèse Noire” correspondant à “une secte secrète élitiste et nébuleuse construisant au fil des sciècles les fondations de sa suprématie pour des temps immémoriaux”...
A rapprocher de certaines idéologies déterministes et mécanistes de l’Histoire
Ce serait sacrément bien si la variante “maistrienne” était la bonne!
DANGMANN JEAN PAUL
05/05/2008
De très loin le meilleur article que vous ayez produit.
Thierry
05/05/2008
Bonjour,
Au contraire, Ilker; dans la mesure où un tel homme est absolument représentatif, que dis-je, il est l’image même de l’état de ce système, non seulement il y est à sa place, mais nous risquons d’en voir de plus en plus un peu partout, y compris en Europe…
Cordialement Thierry
Thierry
05/05/2008
cher Dedefensa,
on ne saurait mieux dire… Je vous rejoint absolument.
merci beaucoup
Thierry
05/05/2008
Bonjour Dedefensa,
uen chose me paraît remarquable au travers de votre article, c’est le fait que l’armée américaine, par l’intermédiaire de ses plus hauts responsables, se fait de plus en plus entendre sur le terrain politique interne des USA.
Aujourd’hui, elle ne se mêle pas encore du jeu démocratique et ne juge pas les choix des électeurs, mais, au nom de ses responsabilités vis à vis de la sécurité, elle se permet de rappeler à l’ordre l’establishment politique devant les menaces, réelles ou imaginaires, qui menaceraient le pays.
Pourrait-elle en arriver bientôt à arbitrer elle-même les élections, au nom de la nécessité de choix citoyens et de comportements
“responsables”, qu’elle pourrait présenter comme de plus en plus absents au sein de la société civile?
Au fait, y a-t-il une, ou plusieurs armées américaines?
Tout celà nous rappelle furieusement certains agacements chez ces anciens centurions romains qui veillaient sur les marches de l’empire, devant la pusillanimité et la corruption qui régnaient de plus en plus visiblement à Rome, et leur tentation croissante d’intervenir et de prendre les choses en mains…
Cordialement Thierry
Beep
05/05/2008
La psychologie du complot:
La thèse du complot mondial a été alimentée par le secret qui a accompagné le fonctionnement de certaines organisations internationales et mondialistes. A la fin des années 90 et au début du millenaire,l’existence même de certains think tanks était niée et on ne discutait de la chose que sur les sites d’ovnis ou d’ésotérisme.Le plan entrevu a donc été perçu comme un plan anti -démocratique et machiavélique.
Le devenir:
A mon avis la faillite du système actuel est non seulement prévisible mais prévue et contrôlée
Ce qui est également programmé c’est que le marasme à venir
nous amène à reclamer nous-mêmes ce que l’on nous prépare( démocratie manipulée et contrôlée)
Reste à savoir si tout se déroulera comme prévu,
car les aléas sont nombreux: il y a plusieurs candidats à la gouvernance mondiale et la bataille finale est féroce.
Mais si un postulant a eu la sagesse de placer
des hommes à lui dans toutes les tendances ,il est sûr de l’emporter.L’ajustement se fera par la suite.
Ilker
04/05/2008
Je m’étonne avec vous qu’un homme aussi contre-productif pour le système ne puisse pas être écarté par celui-ci.
miquet
04/05/2008
Deux nouveaux drones géorgiens abattus dans le ciel abkhaz (officiel)
MOSCOU, 4 mai - RIA Novosti. Les autorités abkhazes ont affirmé avoir abattu deux nouveaux drones géorgiens, portant ainsi à quatre le nombre d’appareils abattus en quelques semaines dans le ciel abkhaz.
“Les avions volaient à une altitude de 7.000 mètres et ont été abattus par notre DCA”, a affirmé par téléphone à RIA Novosti Rouslan Kichmaria, représentant plénipotentiaire du président de la république non reconnue dans le district de Gali.
Plus tôt, le ministre abkhaz de la Défense Merab Kichmaria avait fait état d’un drone abattu dimanche dans le district d’Otchamtchira, aux alentours de 16h00. Il avait indiqué que cet appareil appartenait à la même catégorie que ceux déjà abattus en Abkhazie.
Selon le représentant plénipotentiaire du président abkhaz, le second appareil aurait été abattu entre les districts d’Otchamtchira et de Gali. Il a précisé que compte tenu de l’altitude à laquelle volaient les drones, des fragments des appareils étaient disséminés dans un rayon de huit à 12 kilomètres.
Il a noté qu’un groupe d’experts travaillait déjà sur les lieux du crash du premier appareil et qu’un groupe de recherche avait été dépêché sur les lieux du second incident.
L’information sur deux drones abattus en Abkhazie a été confirmée par le ministre abkhaz de la Défense.
Ces incidents portent donc à quatre le nombre de drones abattus en Abkhazie en quelques semaines. Le dernier incident remonte au 20 avril dernier. Il avait entraîné une détérioration des relations entre Moscou et Tbilissi. La Géorgie avait accusé la Russie d’avoir elle-même abattu le drone géorgien au moyen d’un MiG 29. Les forces de défense anti-aérienne russes ont formellement démenti les assertions géorgiennes.
miquet
04/05/2008
Ah, si la Géorgie faisait désormais partie de l’OTAN comme le demandait Bush! Que de regrets dans les états majors! (ou plutôt dans les rédactions néocons).
- dernières nouvelles:
7.500 soldats géorgiens massés à la frontière abkhaze (Soukhoumi)
MOSCOU, 4 mai - RIA Novosti. Jusqu’à 7.500 soldats géorgiens sont actuellement concentrés à la frontière avec l’Abkhazie, dont 3.000 sont prêts à attaquer les gorges de Kodori, a déclaré dimanche le ministre de la Défense de cette république autoproclamée, Merab Kichmaria.
“Nous surveillons les manoeuvres des troupes géorgiennes dans les gorges de Kodori. D’après nos informations, jusqu’à 7.500 soldats géorgiens sont en état d’alerte à la frontière abkhazo-géorgienne, dont 3.000 s’apprêtent à occuper l’intégralité de la vallée”, a indiqué M. Kichmaria, interrogé par téléphone depuis Soukhoumi.
Selon le responsable abkhaze, les forces armées de la république séparatiste sont également en état d’alerte. “Nous les surveillons. Si elles font une incursion, il nous faudra deux jours pour nous défendre, et encore deux jours pour atteindre Koutaïssi (Géorgie occidentale)”, a-t-il plaisanté, avant de constater la présence de blindés géorgiens aux approches de l’Abkhazie.
L’un des sites stratégiques menacés côté abkhaze est la centrale hydraulique sur l’Ingouri, dans le district frontalier de Gali, a pour sa part noté le ministre abkhaze des Affaires étrangères, Sergueï Chamba.
Une source au sein des forces de l’ordre russes avait confié samedi à RIA Novosti que la Géorgie venait de préparer un plan d’agression contre l’Abkhazie, avec l’assistance d’experts étrangers, qu’elle pourrait déclencher dans les jours à venir. Ce plan prévoit la prise de plusieurs sites importants sur le littoral abkhaze, et près de 3.000 soldats géorgiens devraient attaquer la basse vallée du fleuve Kodori.
Le 29 avril dernier, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a signalé à la presse l’existence de “nombreux faits” attestant que l’administration géorgienne caressait des projets de “règlement musclé” des conflits latents avec l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud et qu’elle achetait des armements offensifs en grandes quantités, a-t-il affirmé. La Géorgie est par ailleurs accusée de violer une série d’ententes internationales concernant la vallée du Kodori où les unités armées géorgiennes ne peuvent pas stationner en vertu des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité de l’ONU.
Les républiques sécessionnistes d’Abkhazie (nord-ouest), d’Adjarie (sud-ouest) et d’Ossétie du Sud (nord) ont proclamé leur indépendance après la chute de l’URSS, mais seule l’Adjarie est rentrée dans le giron géorgien. Des affrontements meurtriers ont opposé Abkhazes et Sud-Ossètes à la Géorgie à partir de 1992 et n’ont cessé qu’après l’intervention d’une force internationale de maintien de la paix. Elu en 2004, le président Mikhaïl Saakachvili a promis de rétablir l’autorité de Tbilissi sur les régions séparatistes.
Antoine
04/05/2008
Israël a toujours su prévenir les menaces de ceux qui projettent son anéantissement et le feront encore.
(destruction surprise de l’aviation égyptienne en 1973, destruction du réacteur Osirak en 1981, le raid récent en Syrie…)
Alors pendant que les américains détournent l’attention des médias, les F-16i ‘Soufa’ et F-15i ‘Deep Airstrike’ deviennent opérationnels sur tout le territoire Iranien, en nombre.
La Jordanie ne fera aucun problème pour le passage de ces avions, ni l’Irak…
Lorsque les Iraniens se réveilleront, ils n’auront
plus d’infrastructures stratégiques et lorsqu’ils tireront des missiles balistiques sur le territoire sacré d’Israël, les américains feront le reste: mieux que le Congo. Back to stone age.
Quoi qu’on en dise dans ces colonnes, ils ont les moyens de le faire, et la probablilité qu’ils le fassent augmentent avec l’existence d’une crise économique et le spectre d’une fin de règne.
Avant ou après Bush ? Clinton fait parfaitement l’affaire aussi. C’est une grande amie d’Israël.
Roberto Fréchette
04/05/2008
Bonjour
Je crois de moins en moins a une attaque américaine de lIran parce que aucune économie de la planète ne pourras résister longtemps avec un baril de pétrole a 250.$ voir 300.$ et plus.
LIran depuis que les soldats U.S. sont en Irak se préparent à une attaque, contrairement a lIrak il y a une armée organisé puis même sil y a une certaine contestation de la part du peuple vis-à-vis leur gouvernant il sont solidaires et prêt a défendre leur patrie contre linvasion américaine, une autre chose que réserve les Iraniens a la flotte U.S. piégé dans le golfe Persique.
Linconnu est la riposte de lIran en cas dattaque.
Je ne crois pas que les U.S. se serviront de larme atomique, la porte ouverte pour les autres états pour réglé leurs problèmes.
En Irak il ny a pas darmée organisé que des résistants et la meilleure armée de tous les temps comptent 4,067 morts et 75,000 blessés et on nen voit pas la fin.
Que fera la Chine sans le pétrole en cas de guerre ?
La guerre avec lIran cest la crise économique mondiale assuré.
Roberto Fréchette
Chibolet Léon
03/05/2008
Un article intéressant, c’est si rare, dans “le monde”:
Le paradoxe du sarkozysme, par Christian Salmon
LE MONDE | 02.05.08 | 14h56 Mis à jour le 02.05.08 | 14h56
Au cours de sa dernière intervention télévisée, Nicolas Sarkozy a justifié l’envoi de troupes en Afghanistan par l’impossibilité de dialoguer avec “des gens qui ont amputé d’une main une femme parce qu’elle avait mis du vernis à ongles”. Une référence à la cruauté des talibans si souvent répétée qu’on ne se soucie plus d’en vérifier l’authenticité, comme si la cruauté des châtiments - de la lapidation des femmes adultères à l’interdiction pour les jeunes filles d’aller à l’école - nous dispensait d’enquêter.
L’histoire circule sur Internet depuis des années dans d’innombrables versions. Parfois la victime est une petite fille de 10 ans. Parfois c’est une femme. Le plus souvent, on rapporte que les talibans se “contentaient”, si l’on ose dire, d’arracher les ongles. Dans la version présidentielle, on a amputé la main.
Il est étrange qu’aucune enquête sérieuse ne soit venue questionner les modes de diffusion d’une telle rumeur. Une source semble en être un rapport d’Amnesty International datant de 1997 dont les conclusions étaient bien plus modestes que les commentaires qu’elle a inspirés. “Dans un cas au moins, écrivait l’organisation humanitaire, les châtiments infligés ont pris la forme d’une mutilation. En octobre 1996, des talibans auraient sectionné l’extrémité du pouce d’une femme dans le quartier de Khair Khana à Kaboul. Cette “punition” avait apparemment été infligée à cette femme car elle portait du vernis à ongles.” Sam Gardiner, un colonel de l’armée américaine, qui a enquêté sur la communication de guerre des campagnes en Afghanistan et en Irak, a démontré récemment que “l’histoire des ongles arrachés” avait été choisie par Alastair Campbell, le conseiller de Tony Blair, pour illustrer les violences faites aux femmes par les “étudiants en théologie” et diffusée massivement pour convaincre l’opinion publique et les gouvernements européens qui hésitaient à se joindre à la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis.
La même story fut diffusée à Washington et à Londres, en suivant des scénographies identiques, allant parfois jusqu’à utiliser les mêmes phrases. Dès novembre 2001, a révélé Sam Gardiner, “l’orchestration de la campagne en faveur des femmes afghanes témoignait de similitudes frappantes dans le timing et les scénarios utilisés à Londres et à Washington”. Le 17 novembre 2001, Laura Bush, la première dame des Etats-Unis, déclare : “Seuls les terroristes et les talibans menacent d’arracher les doigts qui ont les ongles vernis.” Et Cherie Blair, son homologue britannique, d’affirmer (à Londres le lendemain) : “En Afghanistan, si vous avez du vernis à ongles, vous pouvez avoir les ongles arrachés.”
Au cours d’une conférence à l’université de Strathclyde, en Ecosse (7-9 septembre 2007), Gardiner a décrit comment les scénarios quotidiens préparés par le centre d’information de la Maison Blanche étaient en fait alimentés par Alastair Campbell, du 10 Downing Street. Jim Wilkinson, qui travaillait à l’époque au bureau de la communication stratégique à la Maison Blanche, se félicita de l’efficacité de cette campagne, “la meilleure chose que nous ayons faite pour obtenir le soutien de pays où la coalition antiterroriste se heurtait à un grand scepticisme”.
En laissant autant d’influence aux “storytellers politiques”, a estimé le colonel Gardiner, Bush et Blair ont terni la “crédibilité” de leurs pays : “Ce sera un traumatisme plus grand encore peut-être que pour le Vietnam lorsque nous devrons nous retirer d’Irak. (...) Les hommes politiques se heurteront à une opinion qui refusera de les croire même s’ils disent la vérité.” Est-ce le début d’une prise de conscience en Grande-Bretagne des méfaits du storytelling ? Lors d’une visite en Irak en juin 2007, Gordon Brown a promis que les futures analyses de la situation militaire, présentées par les services de renseignement, seraient indépendantes du pouvoir politique.
Ignorant les leçons du blairisme, Nicolas Sarkozy, lui, continue d’imiter le couple Blair-Campbell, jusqu’à reprendre ses méthodes et son langage quand il s’agit de convaincre l’opinion de s’engager davantage en Afghanistan. Comme eux, il récolte les fruits de cette stratégie qui aboutit à faire de l’action gouvernementale une pure entreprise de communication et qui, loin de gagner la confiance des électeurs, généralise l’incrédulité.
Ce diagnostic s’impose en Grande-Bretagne alors que l’on entre dans l’après-Blair. “Bien avant que la brouille due à la guerre en Irak ne ternisse complètement la réputation du gouvernement en matière de vérité, écrit par exemple le spécialiste des médias Raymond Kuhn dans un livre bilan des années Blair (Blair’s Britain sous la direction d’Anthony Seldon), l’une des caractéristiques des années pendant lesquelles Blair a dirigé le New Labour a été aux yeux de nombreux électeurs l’association avec les petites phrases et le spin.” En somme : trop de communication tue la communication.
“Vers le milieu du premier mandat de Blair, ajoute Kuhn, les articles critiques envers les tentatives du gouvernement de contrôler l’agenda médiatique ont commencé à remplacer les commentaires qui, jusqu’alors, faisaient l’éloge du professionnalisme de la machine médiatique du New Labour.” Une inflexion qui semble inspirer le changement d’attitude de la presse française à l’égard de M. Sarkozy. Et expliquer sa chute dans les sondages. L’inflation d’histoires ruine la crédibilité du narrateur. L’habileté, à trop s’avouer, se dément. C’est le paradoxe du sarkozysme.
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