jc
08/01/2020
Je commente ici la citation suivante de Pseudo-Denys l'Aéropagite trouvée dans l'article "Angoisse & indicible : parution du Tome-III/1" parce qu'il m'apparaît que c'est exactement ici qu'il faut le faire:
« C’est alors seulement que, dépassant le monde où l’on est vu et où l’on voit, [l’être] pénètre dans la Ténèbre véritablement mystique de l’inconnaissance : c’est là qu’il fait taire tout savoir positif, qu’il échappe entièrement à toute saisie et à toute vision, car il appartient tout entier à Celui qui est au-delà de tout, car il ne s’appartient plus lui-même ni n’appartient à rien d’étranger, uni par le meilleur de lui-même à Celui qui échappe à toute inconnaissance, ayant renoncé à tout savoir positif, et grâce à cette inconnaissance même connaissant par-delà toute intelligence. »
Je ne comprends cette citation que si "connaissance" se substitue à "inconnaissance" dans "Celui qui échappe à toute inconnaissance". Et dans ces conditions "Celui qui échappe à toute connaissance" est alors pour moi "l'Être en soi" dont parle Thom dans son "échappée en métaphysique extrême" , échappée dont j'ai reproduit les dernières phrases dans mon premier commentaire (.0) et que je reproduis ici dans son intégralité:
"L'image de l'arbre de Porphyre me suggère une échappée en "Métaphysique extrême" que le lecteur me pardonnera peut-être. Il ressort de tous les exemples considérés dans ce livre qu'aux étages inférieurs, proches des individus, le graphe de Porphyre est susceptible -au moins partiellement- d'être déterminé par l'expérience. En revanche, lorsqu'on veut atteindre les étages supérieurs, on est conduit à la notion d' "hypergenre", dont on a vu qu'elle n'était guère susceptible d'une définition opératoire (hormis les considérations tirées de la régulation biologique). Plus haut on aboutit, au voisinage du sommet, à l'Être en soi. Le métaphysicien est précisément l'esprit capable de remonter cet arbre de Porphyre jusqu'au contact avec l'Être. De même que les cellules sexuées peuvent reconstituer le centre organisateur de l'espèce, le point germinal alpha (pour en redescendre ensuite les bifurcations somatiques au cours de l'ontogénèse), de même le métaphysicien doit en principe parvenir à ce point originel de l'ontologie, d'où il pourra redescendre par paliers jusqu'à nous, individus d'en bas. Son programme, fort immodeste, est de réitérer le geste du Créateur. Mais très fréquemment, épuisé par l'effort de son ascension dans ces régions arides de l'Être, le métaphysicien s'arrête à mi-hauteur à un centre organisateur partiel, à vocation fonctionnelle. Il produira alors une "idéologie", prégnance efficace, laquelle, en déployant cette fonction, va se multiplier dans les esprits. Dans notre métaphore biologique ce sera précisément cette prolifération incontrôlée qu'est le cancer.
Aristote a dit du germe, à la naissance, qu'il est inachevé. On peut dès lors se demander si tout en haut du graphe on n'a pas quelque chose comme un fluide homogène indistinct, ce premier mouvant indifférencié décrit dans sa Métaphysique; que serait la rencontre de l'esprit avec ce matériau informe dont sortira le monde? Une nuit mystique, une parfaite plénitude, le pur néant? Mais la formule d'Aristote [à suivre] suggère une autre réponse, théologiquement étrange: peut-être Dieu n'existera-t-il pleinement qu'une fois sa création achevée: "Premier selon l'être, dernier selon la génération"." (Esquisse d'une Sémiophysique" p.216)
L'identification de "Celui qui échappe à toute connaissance", de "l'Être en soi" et de "Dieu en toute puissance" premier selon l'Être, classiquement abrégé en "Dieu tout puissant", s'impose alors à moi comme une lumineuse évidence. Une fois remarqué que le centre organisateur α pour l'espèce est l'analogue de l'oeuf totipotent pour l'individu, cette analogie renvoie à une autre, cette fois mathématique, analogie maintes fois évoquée par moi sur ce site et qualifiée de génialissime:
"On va revenir, avec un peu plus de détail, sur le mécanisme formel qui, à mes yeux, commande toute morphogenèse. Expliquons-le de manière assez élémentaire, par l'analogie suivante entre le développement d'un embryon d'une part, et une série de Taylor à coefficients indéterminés d'autre part." (Stabilité Structurelle et Morphogenèse, 2ème ed., p.32)
Dans le .0 j'écrivais: "Ces efforts, je ne le cache pas, je les fais en grande partie pour tenter de percevoir si les SVNI Thom et Grasset volent dans la même direction."
Je ne croyais pas si bien (et si vite) dire. Voilà pour moi un fil rouge qui va guider ma lecture du tome III. Je l'espère solide.
jc
08/01/2020
Je prolonge mon commentaire précédent pour tenter d'inciter les scientifiques qui consultent Dedefensa à lire le tome III de "La Grâce".
Il y a bientôt dix ans a eu lieu une série d'une trentaine de dialogues entre Philippe Grasset et Jean-Paul Baquiast (dont Wikipédia nous apprend qu'il "a consacré sa carrière de haut fonctionnaire aux technologies de l'information et de la communication dont il a été l'un des pionniers au sein de l'administration française"). J'ai lu ces dialogues (et en ai commenté certains) et ne les ai pas relus depuis, mais j'en garde le souvenir d'une quasi totale incompréhension de la part de JPB, incompréhension que j'ai perçue comme typique -sinon archétypique- du SC -du Scientifiquement Correct-, à des lieues des problèmes qui, à mon avis, tourmentent et motivent PhG. On pourra consulter à ce sujet le "Dialogues-1-Question(s) de sens" par PhG et la réponse que fait JPB (dans le "Dialogues-2") à la question posée par PhG à propos des cathédrales:
"Les cathédrales sont pour moi des produits de la concurrence darwinienne entre villes, elles-mêmes concrétisation territoriale des luttes entre Empires."
Je ne vois pas, vraiment pas, comment un SC avec sa casquette de SC peut ne serait-ce qu'entrevoir les problèmes qui tourmentent PhG et qu'il va tenter de résoudre dans le tome III de "La Grâce". Par contre je pense que ce n'est pas impossible lorsqu'on adopte un point de vue thomien, point de vue scientifique -donc à première vue plus aisément accessible aux SC- bien que Thom soit SI et même STI (Scientifiquement Très Incorrect).
Thom, penseur du continu (qui considère que l'opposition discret/continu domine non seulement les mathématiques mais en fait toute la pensée) est sans doute perçu par un guénonien comme un "quantitatif¹" donc indigne d'intérêt. Mais il ne cesse de répéter que sa théorie des catastrophes -qui est une théorie de l'analogie par les signes (pli, fronce, queue d'aronde, papillon, ombilic, champignon)- est qualitative, dans le fil de la théorie de l'analogie d'Aristote (au contraire de la théorie des proportions d'Eudoxe -qu'Aristote a extrapolée- que l'on peut qualifier, quant à elle, de quantitative).
Je ne cache pas que, pour moi qui ai reçu un formatage initial SC, j'ai eu -et ai encore- beaucoup de mal à m'habituer au format STI thomien. Mais j'essaye de m'accrocher avec l'espoir de faire le lien avec les idées de Philippe Grasset sur la question du sens de l'Histoire. Car Thom propose une métaphysique minimale qui, selon lui, permet de redonner du sens au monde -à défaut d'un réenchantement²- via sa théorie de l'analogie qui permet d'unifier les grandes disciplines (Physique, Biologie, Sociologie, etc) en leur donnant un dénominateur commun:
"Les situations dynamiques régissant l'évolution des phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l'évolution de l'homme et des sociétés."
Mais même si nous, les scientifiques, n'arrivons pas à établir ce lien il restera de toutes façons ce que PhG formule joliment dans son "Dialogue-1":
"... nous sommes réunis par une bonne volonté commune et la conscience, chacun de son côté, de l’existence de la “crise finale”, nous rassemble décisivement malgré nos différences. (...) Les situations eschatologies vous créent des solidarités qu’on n’imaginerait pas, et vous enseignent brusquement et superbement (...) non pas la vertu de la tolérance, mais sa nécessité. "
¹: Guénon: "la quantité se présente à nous sous des modes divers, et, notamment, il y a la quantité discontinue, qui est proprement le nombre, et la quantité continue, qui est représentée principalement par les grandeurs d’ordre spatial et temporel" (Le règne de la quantité et les signes des temps, chapitre II)
²: PhG nous a annoncé dans le tome III.(3?) un chapitre sur "Le réenchantement de Dieu".
Bilbo Sacquet
08/01/2020
Bonjour,
difficile de préjuger de la réaction américaine, surtout en ne connaissant pas le nombre de victimes et l'étendue des dégâts, mais la riposte iranienne met en question le caractère "sacré" des bases américaines, et par là peut créer un précédent.
Dans ce jeu de gros bras, une gifle est bien plus insultante qu'un coup de poing. Et face aux incohérences américaines, le self-control iranien fait plutôt impression.
Cordialement.
jc
06/01/2020
C'est évidemment ce que ne pensait pas Margaret Thatcher¹, et sans doute ce que ne pense pas l'immense majorité de la cohorte des "struggle-for-life-sauve-qui-peut", dont font très vraisemblablement partie nos actuels dirigeants (Trump, Macron, etc.). Ce qui se passe actuellement en Iran et, peut-être aussi, en Irak, nous rappelle que les sociétés ont bien un psychisme.
Selon le niveau auquel on se place l'étude de l'évolution des sociétés porte le nom d'histoire ou de métahistoire; et la citation thomienne que je répète le plus dans mes commentaires: "Les situations dynamiques régissant les phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l'évolution de l'homme et des sociétés", concerne pour moi, sans aucune hésitation, la métahistoire.
Thom consacre à ma connaissance très peu aux sociétés et à leur évolution: un article de AL et trois pages à la fin de SSM, dont la dernière est consacrée au psychisme des sociétés. Elle commence ainsi (avec un rapport immédiat avec les événements actuels):
"On peut se demander, à cet égard, si un groupe social est muni d'un "psychisme" qu'on peut considérer comme autonome. Il semble que le psychisme social présente un caractère fragmentaire très semblable au psychisme animal¹: la société ne trouve sa conscience qu'en face d'une tâche urgente où son existence, sa stabilité sont menacées (une guerre par exemple); de même, la conscience spatiale d'une société présente un caractère très local, focalisé sur certaines zones menacées: autant de caractères communs avec le psychisme animal. Par contre les grandes manifestations collectives que sont les fêtes, les célébrations collectives sont l'homologue du rêve chez l'individu, manifestation virtuelle des formes génétiques."
et se termine par d'autres considérations qui, je crois, pourront également intéresser les métahistoriens:
"Il serait également tentant d'envisager l'histoire des nations comme une suite de catastrophes entre formes métaboliques; quel exemple de catastrophe généralisée que la décomposition d'un grand empire comme celui d'Alexandre. Mais il faut de toute évidence se borner; dans un sujet comme l'Homme, on ne saurait pénétrer qu'à la surface des choses. Comme Héraclite l'a dit: "Tu ne saurais atteindre les limites de l'âme, aussi loin que te porte ta route, si profonde est sa forme."
¹: MT: "And, you know, there's no such thing as society. There are individual men and women and there are families."
²: Thom a consacré auparavant quelques pages au psychisme animal.
jc
06/01/2020
PhG: "... il faut acquérir le Tome III/1 de La Grâce (et les précédents, Tome-I et Tome-II, si cela va avec). Vous verrez, il est comme un OVNI qui risque le tout pour le tout."
Au début des années 1970 parut l'OVNI "Stabilité Structurelle et Morphogenèse" (sous-titré "Essai d'une théorie générale des modèles"), conçu par le SVNI René Thom (Sujet Volant Non Identifié). Succès de librairie (il y a eu une réédition en 1977) due à l'aura de l'auteur (médaille Fields), au battage médiatique fait alors (Thom est un nouveau Newton) et au fait qu'il est de bon ton qu'un tel livre se retrouve dans la bibliothèque de tout salonard scientifique.
L'enthousiasme initial suscité par la théorie des catastrophes est rapidement retombé comme un soufflé (et il ne fait guère de doute, à mes yeux, que SSM se trouve comme neuf -dirait Amazon- dans beaucoup de bibliothèques) car il s'agit d'une théorie qualitative, en termes guénoniens d'une théorie qui parle de signes (pli, fronce, etc.) et non de quantités. À l'heure du bilan Thom reconnaît que sa théorie a été un échec sociologique mais, pour lui, pas un échec tout court, ses deux entretiens avec Émile Noël¹ se terminant par une citation de Nietzsche: "Les idées neuves arrivent toujours sur des pattes de colombe".
Thom tente à plusieurs reprises d'analyser cet échec et écrit ainsi dans "Apologie du Logos" (p.503):
"Il faudrait alors évoquer le rôle du langage dans l'édification des grandes philosophies. (...) Dans ma propre écriture, je mêle de manière quasi indissoluble la pensée verbale et l'idéalité mathématique. Cela ne va pas sans inconvénient. Ce style mixte irrite le mathématicien professionnel, habitué à traiter mathématiquement l'être mathématique; et déconcerte le non-géomètre à qui la face mathématique de ma pensée échappe irrémédiablement. Mais je vis de ce contact, et si ma pensée a quelque valeur, c'est de cette symbiose qu'elle la tire. La pensée purement mathématique, quand elle est formalisée, est aveugle, mais capable de marcher, et même fort loin. La pensée intuitive, au contact du réel, est le paralytique de la parabole, qui voit, mais ne peut pas progresser sûrement."
Les mathématiciens formalistes (l'immense majorité) considérant que le démontré implique le vrai (c'est-à-dire que le syntaxique prime le sémantique) ne peuvent qu'avoir une attitude de rejet horrifié lorsque qu'ils lisent chez Thom (AL, p.561):
"Dans cette confiance en l'existence d'un univers idéal, le mathématicien ne s'inquiétera pas outre mesure des limites des procédés formels, il pourra oublier le problème de la non-contradiction. Car le monde des Idées [platoniciennes] excède infiniment nos possibilités opératoires, et c'est dans l'intuition que réside l'ultima ratio de notre foi en la vérité d'un théorème -un théorème étant avant tout, selon une étymologie aujourd'hui bien oubliée, l'objet d'une vision."
(Au contraire des mathématiciens "mainstream" qui pensent que ce qui est démontré est vrai et a du sens, Thom pense qu'un énoncé doit d'abord avoir du sens avant de se poser la question de savoir s'il est vrai et si, enfin, il est démontrable.)
Je suis convaincu qu'un logocrate comme Philippe Grasset est convaincu et de l'importance primordiale du rôle de l'intuition et de l'importance non moins primordiale du rôle du langage, et je le vois bien à ce propos faire sienne la citation thomienne suivante:
"Je suis convaincu que le langage, ce dépositaire du savoir ancestral de notre espèce, contient dans sa structure les clés de l'éternelle structure de l'Être."
Il ne suffit pas d'être convaincu soi-même du bien-fondé de ses propres idées, il faut en convaincre les autres. Mais pour ce faire le logocrate PhG ne dispose pas comme Thom du joker des modèles géométriques dont il est question dans l'envoi de "Apologie du Logos" (p.33):
"Malgré son caractère non quantitatif, qui a suscité la dérision des scientifiques professionnels, il [le modèle de l'agressivité du chien² proposé par Christopher Zeeman] a l'avantage inestimable de montrer ce qui fait la supériorité d'un modèle géométrique sur une construction conceptuelle. Expliquer linguistiquement son contenu oblige à des paraphrases compliquées dont la cohérence sémantique n'est pas évidente." ;
pour exprimer ses intuitions et convaincre ses lecteurs Philippe Grasset n'a à sa disposition que sa pensée conceptuelle et le langage naturel -le français-.
Dans le (...) de la citation thomienne faite plus haut figure:
"Si l'on veut comprendre l'auteur, il faut jouer le jeu et rentrer dans son monde. Sans doute y a-t-il beaucoup de cas, récents, où le jeu n'en vaut pas la chandelle." (Thom pense certainement à la philosophie post-moderne, vu la place qu'il lui accorde sur sa carte du sens³.)
Essayer de rentrer dans le monde du SVNI Philippe Grasset, et en particulier dans "La Grâce de l'Histoire", n'est pas pour moi chose facile. Cela me demande des efforts que j'ai décidé de faire. Bien que je ne sache pas encore vraiment pourquoi, je suis intimement convaincu que le jeu en vaut la chandelle. Ces efforts, je ne le cache pas, je les fais en grande partie pour tenter de percevoir si les SVNI Thom et Grasset volent dans la même direction.
À la fin de "Esquisse d'une sémiophysique" Thom fait une incursion en métaphysique extrême "que le lecteur me pardonnera peut-être" , incursion qu'il termine par:
"Peut-être Dieu n'existera-t-il pleinement qu'une fois Sa création achevée?" en écho à un extrait de la métaphysique d'Aristote: "Premier selon l'Être, dernier selon la génération",
citation qui en éclaire peut-être une autre : "(...) il m'est difficile de voir pourquoi un être pleinement différencié ne pourrait être immortel."
¹: "Prédire n'est pas expliquer" (1991) et une vidéo disponible sur la toile ( https://www.qwant.com/?q=ren%C3%A9%20thom%20%C3%A9mile%20no%C3%ABl&t=videos&o=0:47b38fc2576d3ffeaefa28f6d68d6343 )
²: Ce modèle se trouve dans "Prédire n'est pas expliquer"
³: Cette carte, qui figure à la fin de PNPE, se retrouve dans http://strangepaths.com/forum/viewtopic.php?t=41
Franck du Faubourg
05/01/2020
Plus on essaie de comprendre les raisons logiques qui auraient abouti à la décision de l'assassinat de Soleimani et consort à Bagdad, plus on est perdu.
Alors on lit le dernier post de Pepe Escobar, qui nous liste comme ça en passant les conséquences désastreuses de cet acte pour les USA, en particulier pour l'"Empire"...
https://consortiumnews.com/2020/01/03/pepe-escobar-us-kick-starts-the-raging-20s-by-declaring-war-on-iran/
On parle donc d'un désastre diplomatique qui emporte avec lui la dépouille de ce qui restait du Soft Power US.
Alexis Cossette de Radio Québec offre une lecture iconoclaste mais piquante:
https://www.egaliteetreconciliation.fr/Alexis-Cossette-L-assassinat-de-Soleimani-une-operation-diplomatique-de-Trump-57645.html
Serait-il possible que cette opération serve à neutraliser les avancées du Deep State US?
....
Il ne faut pas omettre la situation délétère du monde financier, en particulier en suivant les évolutions de la Crise du Repo, lourde de conséquences quasi cataclysmiques dont l'évocation est absolument taboue.
Martin Armstrong essaie de dévoiler sans le dire l'enjeu derrière ce label:
https://www.armstrongeconomics.com/markets-by-sector/bonds/repo-crisis-3/
Pour les Nuls de notre éspèce, il y a une explication de texte: https://www.armstrongeconomics.com/markets-by-sector/interest-rates/understand-what-is-the-repo-market/
Cela a t-il un rapport, mème indirect?
jc
05/01/2020
Je profite de la bribe de citation thomienne ("... l'embryon se présente initialement sous la forme d'une sphère creuse (blastula) ; en s'invaginant à l'intérieur d'elle-même par le processus de la gastrulation, cette blastula…") de mon précédent commentaire pour dire en quoi je considère que le savanturier¹ JPP n'est pas un charlatan (ou, au moins, pas plus charlatan que Lacan ou que Thom lorsqu'il s'aventure hors des mathématiques, en particulier en Biologie ou en Linguistique).
Le mathématicien américain Stephen Smale, médaillé Fields travaillant dans le même domaine que Thom, a un jour émis une conjecture reçue sceptiquement par son entourage car l'une des conséquences était qu'on pouvait retourner la sphère. Smale ayant ultérieurement prouvé sa conjecture, restait le problème de savoir comment la retourner. Problème résolu par les français Bernard Morin (mathématicien aveugle) et JPP suite aux travaux de l'américain Anthony Philips. Leur méthode est exposée par JPP dans le "Récit des trois rencontres entre Jean-Pierre Petit et Jacques Lacan, tournant autour de la surface du Cross Cap et de la surface de Boy" ( https://www.jp-petit.org/nouv_f/lacan_jpp.pdf )
De ce que j'ai cru comprendre, il ressort que pour retourner la sphère JPP (et BM?) est passé par une étape intermédiaire où l'extérieur et l'intérieur de la sphère sont confondus, formant une surface (découverte par le mathématicien Boy) unilatère -Janus- c'est-à-dire sans dessus ni dessous.
Il me paraît alors tout-à-fait naturel qu'un JPP, changeant sa casquette de matheux pour celle d'un astrophysicien, reprenne ces idées de surface unilatère pour fondre en un seul univers "Janus" les deux univers jumeaux du physicien russe Sakharov. J'ai ainsi visionné avec grand plaisir la trentaine de vidéos "Janus" dans lesquelles JPP expose ses idées avec un talent pédagogique certain.
Je n'ai pas le niveau intellectuel -et donc pas la compétence- pour juger du niveau de charlatanisme de JPP, de Lacan et de Thom, Thom m'apparaissant dans cette affaire, lorsqu'il s'écarte des mathématiques où le charlatanisme ne peut exister, comme étant alors le charlatan en chef:
"Les situations dynamiques régissant l'évolution des phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l'évolution de l'homme et des sociétés ..."
citation qui se poursuit par
"ainsi l'usage de vocables anthropomorphes en Physique se trouve foncièrement justifié."
Invagination… (cf. la citation initiale de Thom au début de ce commentaire et https://www.jp-petit.org/nouv_f/lacan_jpp.pdf pages 9 et 10)
Les cinq premières citations thomiennes d'un recueil de 90 pages collectées par Michèle Porte² sont à mettre en regard avec le "La sagesse, aujourd'hui, c'est l'audace de la pensée" de PhG:
1. Quand on sait où l'on va, on va rarement très loin.
2. Pour atteindre les limites du possible, il faut rêver l'impossible.
3. En pliant un être dans un cadre conceptuel trop pauvre pour l'exprimer, on ne saurait s'étonner d'aboutir à des incompatibilités et des paradoxes apparents.
4. Au moment où tant de savants calculent de par le monde, n'est-il pas souhaitable que d'aucuns, qui le peuvent, rêvent ?
5. La liberté, comme la mathématique, est fille de l'imagination.
et, ailleurs (AL pp.558 à 561), où il fait ce que je considère comme son acte de foi platonicienne, Thom écrit: "... le monde des Idées excède infiniment nos possibilités opératoires, et c'est dans l'intuition que réside l'ultima ratio de notre foi en la vérité...".
Je pense que PhG ferait facilement sienne cette fin de phrase: c'est dans l'intuition (haute, bien entendu) que réside l'ultima ratio de notre foi en la vérité. Et c'est pour que nous sachions quelle est sa propre foi en la vérité qu'il nous invite à lire le tome III de "La Grâce de l'Histoire".
¹: C'est ainsi que JPP se présente.
²: https://www.maths.ed.ac.uk/~v1ranick/papers/thom/data/citations.pdf
alain pucciarelli
05/01/2020
L'Iran n'a sans doute qu'une seule option soutenable, provoquer une crise économique en Occident pour l'heure latente sans engager un bras de fer militaire perdu d'avance (sous réserve de l'attitude des Russes et des Chinois). On pense au pétrole, et à la fragilité des marchés. L'effondrement financier et économique des Etats Unis paraît être une arme imparable, y compris contre Israël. Une crise pétrolière majeure serait donc un outil efficace. Comment? En s'attaquant au transit des pétroliers passant par le détroit d'Ormuz. Nulle agression directe. Des actes par proxy interposés, qui ne manquent pas. On peut raisonnablement penser que la réaction iranienne pourait ressembler à cela. Les volontaires sans doute ne manquent pas pour ce type d'intervention.
jc
04/01/2020
Amiral Turner: "« Nous n’avions pas imaginé qu’un vieillard de quatre-vingts ans [Khomeini] pourrait inspirer et conduire un tel mouvement de révolte. »
PhG:
- "Ni [l'amiral Turner et] la CIA ni Trump ne sont équipés pour comprendre ce que sont « les forces de l’esprit » ..."
- "Ces gens se sont aventurés dans la métahistoire sans équipement de survie et sans y rien comprendre, au risque de s’y perdre. Ils se perdront ..."
Pour ne pas se perdre: le tome III de "La Grâce de l'Histoire" dans le kit de survie?
jc
04/01/2020
Philippe Grasset nous dit que "la sagesse, aujourd'hui, c'est l'audace de la pensée".
D'audace de pensée, Thom ne manque pas:
"On devrait en principe avoir deux systèmes nerveux distincts : l'un prédateur, chargé d'attirer et de capturer les proies ; l'autre, proie fictive, chargé d'éviter ou de repousser les prédateurs éventuels. Ces deux systèmes existent sûrement chez tout animal : à côté de l'âme appétitive, il y a l'âme sensible. Mais la grande découverte des Vertébrés est d'avoir créé un cerveau-proie tout au long du corps, selon l'axe céphalo-caudal, la moelle épinière. Le cerveau-prédateur, lui, solidaire de la bouche, est localisé dans
le cerveau. Le vertébré a pris le risque de renoncer à cette ligne Maginot, l'exosquelette ; il l'a remplacé par une carapace de douleur virtuelle. (1988, ES, ch. 5)
Perso j'aime situer ce cerveau-proie au bas de la moelle épinière, près de l'output (l'input étant la bouche) c'est-à-dire près des organes excréteurs (excréteurs du bon grain -les gamètes- et de l'ivraie). De ce point de vue le cerveau-proie, le cerveau "endodermique", prend une importance prépondérante (par rapport au cerveau-prédateur "ectodermique") puisque c'est lui qui permet à l'espèce de persévérer dans son être, c'est lui le véritable chef¹. (Par une audacieuse analogie Biologie-Linguistique, Thom associe les séquences Endoderme-Mésoderme-Ectoderme et Sujet-Verbe-Objet².)
Les USA avec une seule âme, appétive, la Russie avec (bien entendu) une âme appétive, mais également une âme sensible?
¹: http://fautrigoler.free.fr/index_ff.html?http://fautrigoler.free.fr/html/qui_est_le_chef.html
²: Thom: "On sait que chez les animaux supérieurs, et en particulier les Vertébrés, l'embryon se présente initialement sous la forme d'une sphère creuse (blastula) ; en s'invaginant à l'intérieur d'elle-même par le processus de la gastrulation, cette blastula devient une structure triploblastique à trois feuillets : ectoderme-mésoderme-endoderme. L'ectoderme donnera essentiellement la peau (pour partie), les organes sensoriels et le système nerveux ; le mésoderme fournira les os, les muscles, le sang, le cœur, le
système vasculaire et les organes d'excrétion. L'endoderme construira la muqueuse intestinale et diverses glandes digestives, comme le foie. À cette énumération quelque peu rhapsodique, la métaphore suivante apporte un sens : j'ai proposé d'identifier la structure triploblastique du Vertébré à la structure ternaire de la phrase transitive : sujet-verbe-objet, selon la correspondance :
ectoderme = objet, mésoderme = verbe, endoderme = sujet."
patrice sanchez
03/01/2020
Mais je doute que la finance internationale au trente sixième dissous voit les événements d'une telle manière attendu qu'il lui faut cette guerre pour masquer ses errements abyssaux ! ... Ce ne sera qu'une ter repetita avant la remise à zéro du systéme en espérant que d'ici là, l'humanité ou ce qu'il en restera ne soit pas revenue à l'âge de pierre !
Bonne année malgré tout à vous tous…
jc
03/01/2020
J'aime bien cette idée de la distinction entre l’enchaînement cohérent des épisodes d’un récit s'effectuant dans un cadre historique selon les lois de la rhétorique, et l'enchaînement cohérent des actes humains et de leurs conséquences s'effectuant dans un cadre métahistorique selon les lois de la vie.
D'autant plus qu'Aristote est mêlé à l'affaire par Mircea Marghescu. Car Thom oppose un Aristote logicien, celui de l'Organon, à un Aristote morpho-logicien, celui de la Physique. Et pour Thom la véritable logique naturelle est une morpho-logique:
"La classe engendre ses prédicats comme le germe engendre les organes de l'animal. Il ne fait guère de doute (à mes yeux) que c'est là l'unique manière de théoriser ce qu'est la Logique naturelle."
Une partie de "Esquisse d'une Sémiophysique" est consacrée à cette morpho-logique:
"On ne cherchera pas à fonder la Géométrie dans la Logique, mais bien au contraire on regardera la logique comme une activité dérivée (et somme toute bien secondaire dans l'histoire de l'esprit humain), une rhétorique. Ici, on ne cherchera pas à convaincre, mais à susciter des représentations et étendre l'intelligibilité du monde." (p.16)
L'historien chargé de convaincre, le métahistorien chargé de susciter de nouvelles représentations et d'étendre l'intelligibilité du monde ?
Jack V.
03/01/2020
Pour moi, l'Iran n'a pas intérêt à attaquer une cible US. Il pourrait se contenter d'assassiner un allié arabe des USA. Bien entendu, il devra s'agir d' un individu connu et dont l'action est vitale pour le Deep State. Un type détesté des Musulmans autant shiites que sunnites ferait encore mieux l'affaire. L'américain moyen n'aurait aucune passion pour l'idée de venger ce type donc les risque de réplique US seraient limité et de plus mais le signal envoyé aux alliés arabes des USA, ainsi qu'aux ennemis de l'Iran au sein de Deep state serait reçu fort et clair.
alain pucciarelli
03/01/2020
La folie commise par les etats Unis, et la sottise de la victime qui est allée s'exposer en Irak où pullulent les agents US, définissent une réalité nouvelle: les menaces de Trump étaient verbales, son acte les enracine dans un contexte concret. L'Iran ne peut pas ne pas réagir, et surtout ne pas réagir en fonction de la gravité de cet assassinat ciblé. Il est sommé de montrer que face à l'agresseur, il est capable de riposter "équitablement". Les cibles seront-elles physiques (avions, navires de guerre), centrées sur des individus, le tout à la fois? Il reste que le Rubicon vient d'être franchi, et que l'on peut logiquement prévoir un déchaînement de violences sans limites prévisibles. Les Etats Unis cherche un affrontement majeur depuis quelques années. Ils ont choisi l'Iran, qui vient de faire des manoeuvres navales avec la Russie et la Chine. Ce coup de dés est du poker menteur, mais seul l'agresseur mentait, qui à présent tue sans complexe et sans souci apparent des conséquences.
Les "partenaires" vont demander le tapis. Nous pouvons avoir peur. Cette épreuve prévisible et nécessaire était-elle évitable? Seul le mur renseigne la voiture sur les limites de sa liberté. Et sensé de penser que d'une manière ou d'une autre, ce clash était inscrit dans la logique stratégique US qui demande au réel la preuve de sa supériorité, les "invincibles" ayant besoin de prouver leur supposée suprématie. Tout cela est effrayant. Vae victis, pourvu que nous ne soyons pas du nombre.
jc
03/01/2020
OM: "... la Russie doit aussi devenir (...) une puissance technologique internationale et une puissance civilisationnelle et culturelle. La Russie de Poutine, soutient Service, n'a ni l'un ni l'autre."
Avant de devenir il faut d'abord être. Comme tout être toute nation se construit en partie de l'intérieur et de l'extérieur. Je vois les USA comme s'étant construits quasi-uniquement de l'extérieur, comme une communauté animée par la seule défense de ses intérêts (communauté qui n'a cessé depuis au moins un siècle, par la force, d'imposer au reste du monde son incivilité et son inculture). Il ne faut pas s'étonner, dans ces conditions, que la nation US se délite lorsqu'elle se retrouve seule face à elle-même¹.
Je ne vois pas en quoi les USA pourraient s'être construits de l'intérieur, et je n'ai jamais entendu parler de l'âme des USA (ni d'ailleurs de l'URSS). Par contre j'ai toujours entendu parler de l'âme russe².
Comme tout être, toute société se doit de persévérer dans son être, autrement dit d'être suffisamment stable (ce qui exige pour ladite société de disposer de mécanismes régaliens régulateurs de cette stabilité).
Dans "Révolutions, catastrophes sociales" (AL), Thom s'attache à "établir qu'aucune société stable ne peut exister sans une certaine forme de pouvoir sémiologique" (AL p.437).
Pour moi le pouvoir sémiologique qui a participé à assurer la stabilité des sociétés et des civilisations depuis les temps immémoriaux peut se résumer grosso modo en un "In God we trust", alors que le pouvoir sémiologique censé assurer la stabilité de la société globalisée actuelle imposée par les USA est plutôt un "In Gold we trust".
Le pouvoir sémiologique ancien a disparu de nos sociétés modernes. Il s'agit de renouer avec la Tradition à travers la modernité. Le sujet de l'oeuvre de Thom dont la dernière phrase de "Esquisse d'une Sémiophysique" est: "Seule une métaphysique réaliste peut redonner du sens au monde"? Le sujet de "La Grâce de l'Histoire"?
¹: Arbatov (conseiller de Gorbatchev): " Nous allons vous faire une chose terrible, nous allons vous priver d’Ennemi. "
( https://www.dedefensa.org/article/eh-fukuyama-tout-ca-pour-ca )
²: https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%82me_russe
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