jc
03/12/2019
[Je radote…]
———————————
Dans notre monde dit civilisé (le bloc BAO) le fleuve du sens est actuellement sorti de son lit et charrie un torrent d'insignifiance qui emporte tout sur son passage. Cela incite à se réfugier sur quelque hauteur pour ne pas être emporté. Pour ceux, nombreux il me semble, qui n'auraient pas trouvé refuge ailleurs, Thom propose un tel refuge.
(À la fin de "Prédire n'est pas expliquer" (PNPE, 1991) Thom propose une carte du sens légendée que l'on peut consulter ici: http://strangepaths.com/forum/viewtopic.php?t=41 (on notera la place qu'il réserve à la littérature post-moderniste).)
——————————————————————————
"Redonner -par une métaphysique minimale appropriée- quelque intelligibilité à notre monde" (ES, p.13) est le but que s'est fixé René Thom dans "Esquisse d'une Sémiophysique" (1988). Il commence par la recherche des formes signifiantes (p.11), d'où, pour lui, le rôle fondamental des mathématiques, et en particulier de la géométrie¹. Sa façon de procéder ne va pas de soi puisqu'elle pose le problème du rapport métaphysique entre mathématique et réalité.
L'approche de Thom est nouvelle, en ce sens que le problème de la vérité est repoussé au second plan: "(...) le problème important -en matière de philosophie du langage- n'est pas celui de la vérité (affaire d'accident, Sumbebèkos dirait Aristote), mais bien celui de l'acceptabilité sémantique, qui définit le monde des "possibles", lequel contient le sous-ensemble (éminemment variable) du réel" (ES, p.16). Et il poursuit en prônant un forme d'audace de la pensée (chère à PhG): "Ici, on ne cherchera pas à convaincre, mais à susciter des représentations, et à étendre l'intelligibilité du monde. Au lieu de fonder logiquement la Géométrie, on cherchera à fonder le logique dans la Géométrie."
Ce faisant, Thom abandonne les principes de la logique instrumentale, aristotélicienne (non contradiction² et identité) pour revenir à une logique intuitive, naturelle: "La classe engendre ses prédicats comme le germe engendre les organes de l'animal. Telle est (à mes yeux) l'unique façon de définir la Logique naturelle.". (Les rapports entre mathématique et réalité apparaissent fondamentalement dans l'analogie thomienne entre développement de l'embryon et développement de Taylor (SSM, 2ème ed. p.32), analogie pour moi génialissime d'audace de pensée.)
Suivre une logique embryologique c'est prendre conscience de penser et agir tel qu'on est, et, ce faisant, faire connaissance avec soi-même. Selon moi, cela vaut la peine d'essayer la voie proposée par Thom -étendre embryologiquement l'intelligibilité du monde-, ne serait-ce que pour s'opposer à la chute libre de nos capacités intellectuelles bridées par le pragmatisme et le positivisme que le Système s'impose à lui-même et tente de nous imposer (à moins qu'on accepte comme un progrès le fait d'être un jour dépassés par les robots et leur intelligence artificielle…).
Thom: "Lorsqu'on a compris – à la suite de T. S. Kuhn – le caractère « automatique » du progrès scientifique, on se rend compte que les seuls progrès qui vaillent sont ceux qui modifient notre vision du monde – et cela par l'élaboration de nouvelles formes d'intelligibilité. Et pour cela il faut revenir à une conception plus philosophique (voire mathématique) des formes premières d'intelligibilité. Nos expérimentateurs, sempiternels laudateurs du « hard fact », se sont-ils jamais demandé ce qu'est un fait ?
Faut-il croire – ce qu'insinue l'étymologie – que derrière tout fait, il y a quelqu'un ou quelque chose qui fait ? Et que ce quelqu'un n'est pas réduit à l'expérimentateur lui-même, mais qu'il y a un « sujet » résistant sur lequel le fait nous apprend quelque chose ? Telles sont les questions que notre philosophe devra constamment reposer, insufflant ainsi quelque inquiétude devant le discours volontiers triomphaliste de la communauté scientifique. Bien sûr la Science n'a nul besoin de ce discours pour continuer. Mais il restera peut-être quelques esprits éclairés pour l'entendre, et en tirer profit."
¹: Thom: "Selon beaucoup de philosophies, Dieu est géomètre; il serait peut-être plus logique de dire que le géomètre est Dieu."
²: Pour Thom l'assertion suivante (qui n'a aucun sens en logique aristotélicienne) est à la base de l'embryologie animale: "Le prédateur affamé est sa propre proie".
eric b.
02/12/2019
... faut juste arrêter de tourner autour du trou, comme Lacan aurait pu parler du chât de l'aiguille ...
... la fin des temps des temps de l'humanité est en train (train) d'arriver du fait de la finitude du monde ( par rapport au modèle financiaro(-capitaliste) d'expansion infini…
... remplissons le vide proche…
...amusons le bon (?) peuple ...
... et roule ( ma poule) ...?
... joie…
Olivier
29/11/2019
Merci Monsieur Bonnal pour cette ballade en des lieux qui doivent garder le secret d'une mystique en voie de disparition.
Cette nouvelle m'a bien "enchanté".
Serge Laurent
29/11/2019
Pilger n'est pas le seul a se faire assaisonner au piment sur wikipédia. Il faut lire les fiche de Robert Fisk et Seymour Hersh. Leur fiche n'est consacré quasiment qu'a accabler leur complotisme assadopoutinesque. C'est pareil pour quelques autres personnes Il doit y avoir quelqu'un qui est payé pour troller wikipédia.
jc
29/11/2019
Dans "Révolutions, catastrophes sociales?" (AL) Thom s'attache à établir "qu'aucune société stable ne peut exister sans une certaine forme de pouvoir sémiologique".
Ce qui est selon moi en train de se passer actuellement c'est l'effondrement (au moins dans le bloc BAO) du pouvoir sémiologique en place, pouvoir d'inspiration néo-darwinienne et matérialiste. Nous sommes en effet en train d'expérimenter en vraie grandeur que l'ordre par le chaos dont parle Lucien Cerise¹ n'est en fait que désordre, dysharmonie et déséquilibre.
(Thom a consacré tout un article à la critique du darwinisme² mais c'est dans la préface³ de "Faut-il brûler Darwin? de Jacques Costagliola que j'ai trouvé la critique la plus virulente: "(...) le darwinisme a prétendu expliquer la variation des formes biologiques, alors qu’il ne s’est jamais préoccupé de les définir.".)
Il nous faut donc soit nous retourner vers les anciennes formes de pouvoir sémiologique (religions…) soit en découvrir de nouvelles; comme le dit PhG dans "La crise de la raison (humaine)", "la sagesse, aujourd'hui, c'est l'audace de la pensée⁴". Et l'audace de la pensée consiste actuellement d'abord à faire table rase du formatage "moderne" pour ensuite tenter de penser par soi-même. Solitude cognitive, retour sur soi, connaissance de soi-même (et angoisse de cette solitude pour ceux qui, comme moi, n'ont pas les moyens de penser par eux-mêmes. Car les gens qui ont l'audace de penser par eux-mêmes ne sont pas légion⁵; dans ma partie, les maths, Thom, Grothendieck sont selon moi de ceux-là, au milieu de l'armée des tâcherons⁶).
Pour Thom les effondrements de la psychologie, de la connaissance et du langage sont liés. Pour lui la véritable connaissance est une co-naissance et il nous faut revenir à ce que nous dit avec constance la Tradition:
"La vieille image de l'Homme microcosme reflet du macrocosme garde toute sa valeur. Qui connaît l'Homme connaîtra l'univers. Dans cet essai d'une théorie générale des modèles [sous-titre de SSM], qu'ai-je fait d'autre, sinon de dégager et d'offrir à la conscience les prémisses d'une méthode que la vie semble avoir pratiquée dès son origine." (SSM, 2ème ed. , épilogue de la conclusion).
Et la perte de cette co-naissance (consécutive au matérialisme contemporain et à la "raison humaine" qui va avec -pragmatisme, positivisme, etc.-) se répercute dans le déséquilibre de la psychologie et jusque dans le langage:
Steiner (cité par PhG):
- "[Maistre] fit valoir la congruence essentielle existant entre l’état du langage, d’un côté, la santé et les fortunes du corps politique de l’autre. En particulier, il découvrit une corrélation exacte entre la décomposition nationale ou individuelle et l’affaiblissement ou l’obscurcissement du langage : ‘En effet, toute dégradation individuelle ou nationale est sur-le-champ annoncée par une dégradation rigoureusement proportionnelle dans le langage’… ”,
- "l’homme n’est pas le maître de la parole, mais son serviteur. Il n’est pas propriétaire de la ‘maison du langage’ (die Behausung der Sprache), mais un hôte mal à l’aise, voire un intrus… ”
Pour Thom cette co-naissance se reflète dans le langage (non dégradé): "Sur le problème général des rapports entre le langage et le monde, nos modèles apportent quelques précisions: si notre langage nous offre une description relativement correcte du monde, c'est qu'il est -sous forme implicite et structurale- une Physique et une Biologie. Une physique parce que la structure de toute phrase élémentaire est isomorphe (isologue) à celle des discontinuités phénoménologiques les plus générales sur l'espace-temps. Une biologie, parce que tout concept à caractère concret est isologue à un être vivant, un animal." ("Topologie et signification", MMM)
Tant que les peuples occidentaux ne se seront pas trouvés un nouveau pouvoir sémiologique consensuel pour remplacer l'actuel pouvoir défaillant, ils seront à la merci de pseudo-élites qui les domineront par la contrainte physique et la contrainte économique (et les "progrès" de la technique -robotique, IA, etc.- facilitent de plus en plus cette funeste évolution).
¹: https://www.dedefensa.org/article/jusqua-leffondrement-cognitif
² "Darwin, cent ans après" (AL)
³: Thom: "(...) le darwinisme a prétendu expliquer la variation des formes biologiques, alors qu’il ne s’est jamais préoccupé de les définir.".
⁴: https://www.dedefensa.org/article/glossairedde-crisis-la-crise-de-la-raison-humaine-1
⁵: Régis Debray (s'adressant à PhG): "« Fais attention, c’est très casse-gueule… Tu vas te faire descendre par tous les spécialistes, les universitaires, bardés de diplômes et de citations. Contre eux, tu n’as aucune chance. » https://www.dedefensa.org/article/le-desenchantement-de-dieu
⁶: L'expression est de Grothendieck à propos de ses propres élèves.
jc
26/11/2019
PhG: "la mondialisation est de tous les temps, de toutes les époques, dès lors qu'existe une communauté dont l'évolution naturelle est d'établir des contacts extérieurs de toutes les sortes"
Pour moi la globalisation est une étape naturelle dans la mondialisation et les tentatives de globalisation, apparues récemment grâce aux "progrès" des communications et télécommunications (tentative "communiste" -avortée- impulsée par l'URSS, et tentative "libérale" en cours impulsée par les USA) seront dorénavant de plus en plus fréquentes. Les tentatives ci-dessus sont "unipolaires", issues du raisonnement généralement admis que si un mode d'organisation sociale a réussi à s'imposer aux autres c'est que c'est le meilleur sur le marché des modes disponibles. Mais l'histoire nous a montré -et nous montrera très certainement encore- qu'un mode d'organisation sociale qui a permis d'imposer aux autres sa propre organisation peut se retrouver complètement inadéquat une fois que la société globalisée (le terme d'élargie -ici au bloc BAO- paraît plus adéquat puisque tout nous montre actuellement que la tentative US de globalisation est en train d'échouer) se retrouve seule face à elle-même, sans opposition¹.
PhG: "La “globalisation” renvoie in fine à une thèse qui est le globalisme. C'est une doctrine (...)"
Pour moi mondialisation et globalisation sont deux termes (les anglais en ont un seul, m'apprend PhG) qui renvoient à l'évolution "réelle", telle qu'elle se déroule, des sociétés humaines (l'état actuel de la mondialisation étant -ou non- en phase de globalisation).
Les vocables "mondialisme" et "globalisme" renvoient pour moi à autre chose, à savoir à des théories -des doctrines, voire des idéologies-, censées élargir le marché des modes d'évolution disponibles. (Et, comme le dit justement PhG, la différence mondialisme-globalisme est importante "parce qu’elle concerne le sens le plus profond des choses qu'elle décrit, cela déclenchant dans l’esprit des processus influant le jugement sinon la perception du monde".)
La tentative globaliste-Système US depuis un siècle étant, à mon avis, clairement d'inspiration darwinienne, je qualifie de "mondialiste" toute tentative d'inspiration autre, comme par exemple, la tentative "cybernétique" russe dont parle Lucien Cerise dans "Une étude de collapsologie cognitive²".
Pour René Thom il ne fait aucun doute que l'évolution des sociétés est lamarckienne (c'est pour lui la fonction qui crée l'organe)³, ce qui, dans le rangement ci-dessus, le classe d'emblée parmi les "mondialistes". Il y a -clairement pour moi- dans la doctrine globaliste US l'idée de globalisation par uniformisation -conséquence inéluctable de "l'inspiration darwinienne"?-. Thom refuse cette idée d'uniformisation:
Thom: "En ce qui me concerne, je préfère croire à un réel – non globalement accessible parce que de structure stratifiée – dont l'herméneutique de la TC [Théorie des Catastrophes] permettrait de dévoiler progressivement les « fibres » et les « strates ». Mais
tout progrès dans la détermination d'une telle ontologie stratifiée en « couches » d'être exigera :
i) L'emploi de mathématiques pures spécifiques – parfois bien difficiles – dans les théories jusqu'ici purement conceptuelles des sciences de la signification ;
ii) La reprise d'une réflexion philosophique sur la nature de l'être que les divers positivismes et pragmatismes ont depuis bien longtemps occultée."
¹: PhG " C’est alors (mai 1988) qu’Arbatov, le conseiller de Gorbatchev, disait justement à un intervieweur de Time : « Nous allons vous faire une chose terrible, nous allons vous priver d’Ennemi. » ( https://www.dedefensa.org/article/eh-fukuyama-tout-ca-pour-ca )
²: https://www.dedefensa.org/article/jusqua-leffondrement-cognitif
³: Cf. le film "René(e)s" de Godard sur Thom, disponible sur la toile, à 39'45.
David Cayla
26/11/2019
Pour commencer, il ne me semblait pas que le billet "Secrétaire à l'US Navy ? "You're fired"" ait pris une quelconque position morale en faveur de Trump. Tout l'objet du billet, en tout cas c'est mon sentiment, était de souligner l'état de tension terrible au sommet du pouvoir aux Etats-Unis, et qui touche désormais, de manière flagrante, la chaîne de commandement militaire.
Mais abordons maintenant le fond de l'affaire. Trump a régulièrement pris position contre les aventures militaires américaines aux quatre coins de la planète, contre l'avis des chefs militaires du Pentagone. C'est dans ce contexte que la haute hiérarchie militaire du Pentagone a voulu faire un exemple contre Ghallager au motif que les Etats-Unis ne peuvent pas donner au monde entier l'image d'un pays qui se moquerait ostensiblement les droits de l'homme.
L'argument serait recevable à condition que 1/ Les Etats-Unis ne soient pas impliqués pour des motifs spécieux dans de multiples conflits partout sur la planète 2/ La même hiérarchie qui condamne aujourd'hui Ghallager n'ait pas contrevenu aux ordres exprès de Trump de se retirer des différents théâtres d'opération où l'armée américaine est impliquée, et en particulier les théâtres où Ghallager a sévi 3/ Le Pentagone n'ait pas mené une traquer systématique envers les lanceurs d'alerte comme le soldat Manning.
Si je reprends les trois points précédents, il s'ensuit donc que le Pentagone a mené, très largement de sa propre initiative, des opérations militaires sans honneur ; qu'en envoyant des soldats comme Ghallager mener des combats sans gloire, il ne fallait quand même pas s'attendre à ce que ces soldats se comportent en héros (leur propre hiérarchie les a envoyé détruire des pays, que ce soit pour pouvoir ensuite piller leurs richesses naturelles ou exploiter des champs de pavot) ; qu'étant parfaitement consciente de la nature déshonorante de ces missions, la hiérarchie du Pentagone s'est efforcée de couvrir les agissements de ses soldats.
J'ajouterais à cela que très probablement, ces mêmes soldats ont sans doute vu et entendu beaucoup de choses pas très ragoûtantes de la part de leur hiérarchie, laquelle les a très certainement beaucoup poussé à s'affranchir de toute considération morale en opérations, les condamnant ainsi au silence.
Reste à savoir pourquoi le Pentagone a voulu faire de Ghallager un exemple, et pourquoi Trump a pris sa défense. Pour faire court, de ce que j'ai lu dans un précédent billet sur Dedefensa qui traitait du sujet, Ghallager s'apprêtait à rejoindre une de ces milices citoyennes qui soutiennent Trump. Et du reste, au delà, bien au delà de Ghallager, l'ensemble des soldats du rang soutient massivement Trump, notamment parce qu'il entend mettre fin aux multiples conflits où les Etats-Unis sont impliqués. Est-ce que par hasard, la hiérarchie du Pentagone n'aurait pas voulu faire de Ghallager un exemple, non pas tant pour punir un tortionnaire (quels soldats des forces spéciales américaines n'ont pas commis d'actes de torture ?) que pour punir un partisan revendiqué de Trump ? Et est-ce que Trump n'aurait pas sauté à pieds joints sur une pareille occasion ? Et en matière de moralité, quelle attitude est la plus morale ? Défendre des soldats qui ne font qu'obéir aux ordres et sur les exactions desquels leur hiérarchie ferme les yeux quand elle ne les encourage pas ouvertement tout en voulant rapatrier ses troupes sur le territoire américain ce qui mettrait un terme à ces exactions, ou condamner un soldat pour ses opinions politiques en faisant mine de défendre l'honneur de l'armée et insister pour pérenniser la présence de l'armée américaine à l'étranger en sachant pertinemment que d'autres Ghallager continueront à y perpétrer des exactions ?
Enfin, dernière petite remarque, la position officielle de Trump sur le sujet était extrêmement claire dès lors qu'il avait officiellement grâcié le soldat Ghallager. Son tweet, aussi peu protocolaire soit-il, ne faisait que souligner sa position déjà officialisée. A contrario,, il me semble difficile de ne pas voir que c'est la position du Secrétaire à l'US Navy qui allait ouvertement à l'encontre de celle du président, qui est pourtant statutairemet son supérieur.
Marianne Lana
25/11/2019
Merci M. Bonnal. Je vous lis en diagonale, trop proche que vous êtes pour moi de thèses trop discutables pour un anti-fasciste viscéral parfois. Mais vous êtes l'auteur du seul post de DD au sujet du douloureux sujet de la Bolivie. Aurais-je jugé trop vite ? C'est bien possible, pris que nous sommes dans l'accélération délirante du tempo existentiel de la période. Alors pardon si c'est le cas et merci pour eux.
Ivan-Ivan Chasseneuil
25/11/2019
Interessant traitement deux poids deux mesures de dedefensa dans la collision de l'actualité.
D'un côté l'affaire Biden/Ukraine dans laquelle les Démocrates dissimulent la corruption d'un des leurs (oulala c'est pas bien !),
de l'autre l'affaire Ghallager/Navy dans laquelle Trump 1) réhabilite un tortionnaire (et valide par là même le recours à la torture - mais entre cyniques on ne va pas "s'empêcher", comme dit Bonnal) - 2) en s'affranchissant en outre semble-t-il des formes (il est donc établi qu'un tweet est un ordre formel [même si aucune loi ne l'a spécifié], quand bien même il est avéré que l'auteur du tweet peut dire tout et son contraire dans la même journée, ce qui rend la recherche du "bon" ordre assez nébuleux pour les sous-fifres).
Evacuer la forme n'est pas de peu d'importance, car cela rebondit sur l'affaire Biden/Ukraine, où certains font état de convictions sans avoir reçu aucun ordre formel ni d'ailleurs avoir entendu quoi que ce soit.
Cynisme acceptable, bien sûr. La loi du deux poids deux mesures, c'est l'essence même du cynisme, donc… Mais bon, in fine, si la digue de la logique saute, on est en pleine idéologie et on valide la collapsologie cognitive du moment.
Pascal B.
25/11/2019
Les temps ne sont plus ceux où un innocent ostensiblement se réjouissait d'une enquête dont il savait qu'elle allait le disculper aux yeux de tous. Aujourd'hui les innocents se rebiffent pour prendre des accents de parrain ! Comprenne qui pourra.
jc
25/11/2019
PhG: "Le point essentiel, qui est omis à ma grande confusion et qui est d’une importance centrale, séparant sans doute plus encore ces pseudo néo-“marxistes” postmodernes des anciens marxistes et permettant aux premiers d’être si fusionnels avec l’hypercapitalisme, c’est l’individualisme."
Selon moi le néo-marxisme et le néo-libéralisme ont au moins en commun le progressisme, le matérialisme et la volonté d'affaiblir l'état; et c'est la fusion de l'individualisme et du collectivisme qui pose problème. Pour Margaret Thatcher cette fusion est impossible et toute alternative au néo-libéralisme est interdite par son célèbre "There is no such thing as society"; au contraire de Thom pour qui "Les situations dynamiques régissant l'évolution des phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l'évolution de l'homme et des sociétés".
Pour Thom la fusion individualisme/collectivisme -qui connaît l'Homme connaîtra la société- est dans le domaine des sciences humaines l'analogue de la fusion microcosme/macrocosme -qui connaît l'Homme connaîtra l'univers- dans le domaine des sciences naturelles, comme le suggère l'avant dernier paragraphe -prophétiquement optimiste?- de l'épilogue de SSM:
"Dans le domaine des sciences humaines, il m'est difficile de me rendre compte si ma tentative présente quelque intérêt; mais en écrivant ces pages, j'ai acquis une conviction; au coeur même du patrimoine génétique de notre espèce, au fond insaisissable du logos héraclitéen de notre âme, des structures simulatrices de toutes les forces naturelles extérieures agissent, ou en attente, sont prêtes à se déployer quand ce deviendra nécessaire. La vieille image de l'Homme microcosme reflet du macrocosme garde toute sa valeur:
qui connaît l'Homme connaîtra l'univers. Dans cet essai d'une Théorie générale des modèles [sous-titre de SSM], qu'ai-je fait d'autre, sinon de dégager et d'offrir à la conscience les prémisses d'une méthode que la vie semble avoir pratiquée dès son origine?"
Thom reproche au marxisme de vouloir expliquer la structure et l'évolution des sociétés à l'aide des seuls facteurs économiques (et il me semble que le reproche vaut aussi pour le néo-libéralisme): pour lui le marxisme "est l'homologue de la théorie métabolique de Child en Embryologie et il souffre sans doute des mêmes simplifications¹.".
Mais déjà le problème économique, le problème de l'échange, c'est-à-dire du don et du contre-don, est loin d'être compris -par Thom lui-même!- dans le cadre de sa théorie des catastrophes (car la catastrophe qui, selon lui, modélise l'échange est la catastrophe de double fronce -double cusp en anglais-, est beaucoup plus compliquée que la catastrophe papillon qui modélise le don simple -sans contre-don-).
Pour moi l'ago-antagonisme individualisme/collectivisme renvoie à la citation d'un certain Elie Bernard-Weil, citation que j'ai aussitôt adoptée:
«Il faut apprendre ou réapprendre à penser toujours d'une manière bipolaire et de ne pas céder à l'attrait d'une pensée unipolaire, branchée sur un pôle dominant -ce qu'on appelle aussi « pensée unique » de nos jours -une tentation qui fait immanquablement plonger dans l'erreur et l'impuissance."
Il y a un nombre considérable de conflits à deux actants qui se régulent naturellement (en quatre temps). Pourquoi pas, en politique, tenter de réguler le conflit individualisme/collectivisme? À condition de quitter l'ornière de la pensée-unique-Système, ce dont le "marais libéro-globaliste" actuel me semble incapable. Les "traditionnalistes" de la gauche progressiste et de la droite conservatrice sont-ils capables de mieux?
¹: Thom: "La formulation métabolique de Child procédait évidemment du désir louable de rattacher le gradient épigénétique à une grandeur mesurable [l'intensité globale du métabolisme]. (...) Mais il s'agit en elle-même d'une grandeur tellement fruste, si peu chargée d'information, qu'il est évidemment dérisoire de vouloir lui confier la charge de l'épigenèse entière. (Ne pas oublier que toute morphogenèse locale exige trois gradients, et non un seul…)."
²: https://www.dedefensa.org/article/reagan-et-leffondrement-de-lurss
Georges Dubuis
24/11/2019
De passage sur Dedefensa après avoir visité mon nouveau chez moi en Bulgarie et avoir lu votre article Remarques:individualisme et globalisation, je tombe sur cette conférence en Moldavie qui illustre parfaitemeent votre propos
https://www.youtube.com/watch?time_continue=899&v=Ildcqn9Hctc&feature=emb_logo
patrice sanchez
19/11/2019
tant que l’on n’aura pas compris que le mal du monde moderne est avant tout un attentat génocidaire visant à éradiquer toute spiritualité toute intériorité, vous pourrez avoir des gilets couleurs arc en ciel et vous armer jusqu’aux sans dents et jusqu’aux ratiches, cela ne fera pas avancer le schmilblik et le schimilimili pour reprendre le papy Mougeot de Coluche ; bien au contraire, cela s’avérera contreproductif attendu que les maîtres de l’immonde et leurs pantins aux manettes des états contrôlent et anticipent tout avec plusieurs coups d’avance dans leurs besaces satanique !
Les hommes de bonne volonté et les intellectuels non encore zombifiés n’auront d’autre alternative que de se spiritualiser, se réapproprier leurs univers intimes, en revenir à une vie austère, une ascèse de la liberté tout comme Nietzsche et Grothendieck nous en ont laissé la voie et les témoignages merveilleux … la solitude, cette condition sine qua non afin que ces messages venus du ciel de la profondeur de nos pensées surgissent et les synchronicités nous donnant ces inspirations lumineuses afin d’éclairer l’Humanité et de lui indiquer le cap retrouvé de ce que j’ai appelé : la reliance et la guidance quantiques qui permettrait de transcender toutes religions ou athéisme… un monde des particules élémentaires qui n’obéit qu’à l’amour tout comme Nietzsche nous en a laissé le témoignage édifiant dans “ Le Zarathoustra “ et tout comme le manuscrit témoignage d’amour et de fraternité chrétienne de Grothendieck “ La clef des songes “ nous en apporte une preuve éloquente “.
Je me permets de vous joindre un texte que je viens d’écrire sur Nietzsche et son âme soeur où je révèle les nombreux passages du Zarathoustra durant lesquels le philosophe au marteau nous parle de son âme soeur éternelle et ô combien inspiratrice … de toute évidence, la communauté nietzschéenne aura refusé de voir l'évidence et la preuve irréfragable qui lui aurait permis et permettrait pourtant de révolutionner la science !
Extrait du Zarathoustra.
« Si vous avez jamais dit « oui » à un plaisir, ô mes amis, alors vous avez en même temps dit « oui » à toute douleur. Toutes choses sont enchaînées, enchevêtrées, liées par l’amour – Si vous avez jamais voulu qu’une fois fût deux fois, si vous avez jamais dit : « Tu me plais, bonheur ! moment ! instant ! », alors vous avez voulu que tout revienne ! – tout de nouveau, tout éternellement, tout enchaîné, tout enchevêtré, tout lié par l’amour ».
Fraternellement,
Patrice Sanchez
NIETZSCHE ET SON AME SOEUR
https://drive.google.com/open?id=1IDhSPbdzBw677a4_-UA7aPCRAfr0TjU-
Alex Kara
19/11/2019
Dans l'Education Nationale, il y avait une époque où l'on chantait les louanges du "modèle finlandais" ; grâce à cela on a introduit en France le travail en "îlots" (en groupe) avec les conséquences catastrophiques que connaissent les parents. Or il s'avérait que le système finlandais n'était pas du tout celui qu'on nous avait vendu. La Finlande (la Laponie pour être exact) étant le pays du Père Noël, il est tentant d'y voir qu'on nous a fait y croire…
Eh bien cette Russie tant vantée par Orlov et consors, il se trouve qu'elle non plus n'est pas du tout comme on nous la présente. Leur population est toute aussi boufée par les smartphones que n'importe quelle autre, et pour ce qui est de l'Asie, j'ai des photos personnelles de bonzes qui surfent sur leur appareil, font des selfies etc.
Donc je me permets de me méfier de cette version russophile du "Snake Oil" , non, il n'y a pas à faire comme les Russes, parce que ceux-là n'existent pas.
PS : Vladimir Poutine a 67 ans maintenant, celui qui le remplacera sera sans doute aussi occidentalisé que Medvedev le fut…
jc
17/11/2019
Dans le moteur de recherche de Dedefensa c'est "subversion" qui apparaît en 2007, avec une 34ème et dernière apparition en Avril 2019, puis c'est au tour de la "perversion" qui apparaît en Mai 2009 avec une 9ème et dernière apparition en Février 2014, enfin c'est "inversion" qui apparaît en Décembre 2009 avec une 46ème apparition à ce jour.
Je me demande si le terme de "perversion" ne décrit pas mieux, en général, les transformations dont il est question dans l'article (et "pervers" les acteurs de ces transformations¹). (Dans le cas particulier de la transition surpuissance -> autodestruction ("Sa marche en avant si impétueuse, que nous nommons “surpuissance”, engendre une production tout aussi ébouriffante d’“autodestruction” ") je verrais bien l'autodestruction comme une subversion (entropisante) de la surpuissance (opposition des préfixes sub et sur).)
Pour moi le terme "inversion" sous-tend une situation bien définie par rapport à une situation normale (par ex. -selon moi archétypique- inversion d'un sens de parcours) et il ne peut alors y avoir, à proprement parler, d'inversion de la tragédie en bouffe car l'inverse de l'inverse doit, en principe, conduire au retour à la situation normale, alors que la transition tragédie -> bouffe contient pour moi une composante entropisante, donc irréversible. Guénon utilise selon moi le terme à bon escient lorsqu'il applique son "principe d'inversion analogique".
¹: Quoique ... : "Inversion (Désuet) Attirance sexuelle pour les personnes du même sexe, homosexualité." (Wikitionnaire)
Pour poster un commentaire, vous devez vous identifier