patrice sanchez
17/11/2019
mais de la construction de monuments spirituels dédiés à la libre pensée avec des principes zoroastriens , ces seuls proncipes où bien et mal sont intimement mélés et intriqués qui permettraient aux hommes de bonne volonté de redécouvrir leurs âmes soeur éternelle comme Nietzsche, grâce à son ascèce de la liberté, nous en apporte le lumineux témoignage dans son Zarathoustra que les commentateurs philosophiques ont été infoutus de décrypter obnubilés et aveuglés qu'ils sont par ce système matérialidste mortifère !
« N'es-tu cette lumière que réclame mon feu ?
N'es-tu pour mon discernement cette âme qui est une soeur ?
Ensemble nous avons tout appris ; ensemble nous apprîmes, plus haut que nous mêmes, à nous élever jusqu'à nous-mêmes, et à sourire sereinement.– à sourire sereinement là-haut, sourire des yeux clairs et des immenses lointains lorsqu'au dessous de nous exhalent leur pluvieuse vapeur contrainte et but et faute.
Et je cheminais seul ; de qui avait elle faim, mon âme, sur des sentiers de nuits et d'égarement ?
Et lorsque je gravis des montagnes, qui cherchais-je jamais si ce n'est toi, sur les montagnes ?
Et tout mon cheminement et toutes mes escalades, rien que nécessité et expédient d'inexpert ; – voler, c'est cela seul que veut mon entier vouloir, jusqu'au dedans de toi, voler !
Et qu'ai-je plus haï qu'errantes nuées et tout ce qui le souille ?
Et j'ai même haï ma propre haine parce qu'elle te souillait !
A ces errantes nuées j'en veux, à ces chattes ravisseuses qui se glissent ; elles nous privent tous deux de ce qui nous est commun : l'immense et sans limites dire Oui et dire Amen ! » Ainsi parlait Zarathoustra
L'extrait de " Ecce Homo " où Nietzsche nous décrit lumineusement son expérimentation de l'inspiration venue d'un ailleurs !
POURQUOI J'ÉCRIS DE SI BONS LIVRES
Je raconterai maintenant l'histoire de Zarathoustra.
Quelqu'un a-t-il une idée nette, à la fin de ce XIX siècle, de ce que les écrivains des époques vigoureuses appelaient l'inspiration ? Si non je vais vous l'expliquer. Pour peu que nous soyons restés superstitieux, nous ne saurions nous défendre de l'impression que nous ne sommes que l'incarnation, le porte-voix, le médium de puissances supérieures.
L'idée de révélation, si l'on entend par là l'apparition soudaine d'une chose qui se fait voir et entendre à quelqu'un avec une netteté et une précision inexprimables, bouleversant tout chez un homme, le renversant jusqu'au tréfonds, cette idée de révélation correspond à un fait exact. On entend, on ne cherche pas ; on prend, on ne demande pas qui donne ; la pensée fulgure comme l'éclair, elle s'impose nécessairement, sous une forme définitive : je n'ai jamais eu à choisir. C'est un ravissement dont notre âme trop tendue se soulage parfois dans un torrent de larmes ; machinalement on se met à marcher, on accélère, on ralentit sans le savoir ; c'est une extase qui nous ravit à nous-mêmes, en nous laissant la perception de mille frissons délicats qui nous parcourent jusqu'aux orteils ; c'est un abîme de félicité où l'horreur et l'extrême souffrance n'apparaissent pas comme le contraire, mais comme le résultat, l'étincelle du bonheur, comme la couleur nécessaire au fond d'un tel océan de lumière ; c'est un instinct du rythme qui embrasse des mondes de formes - car l'ampleur du rythme dont on a besoin donne la mesure de
l'inspiration : plus elle écrase, plus il élargit… Tout cela se passe involontairement, comme dans une tempête de liberté, d'absolu, de force, de divinité...
C'est dans le cas de l'image, de la métaphore, que ce caractère involontaire de l'inspiration est le plus curieux : on ne sait plus du tout ce qui est symbole, parallèle ou comparaison : l'image se présente à vous comme l'expression la plus juste, la plus simple, la plus directe. Il semble vraiment, pour rappeler un mot de Zarathoustra, que les choses mêmes viennent s'offrir à vous comme termes de comparaison (« - Toutes les choses viennent alors pour flatter ton discours et pour te caresser : car elles veulent que tu les portes. Chaque symbole t'offre son aile pour t'enlever vers chaque vérité. Tous les trésors du verbe s'ouvrent d'eux-mêmes pour toi ; tout être veut devenir verbe et tout devenir veut apprendre de toi à parler. ») Telle est mon expérience de l'inspiration ; et je suis sûr qu'il faudrait remonter jusqu'à des milliers d'années dans le passé pour trouver quelqu'un qui eût le droit de dire : « Cette expérience est la mienne aussi » Friedrich Nietzsche, “ Ecce Homo “
patrice sanchez
17/11/2019
patrice sanchez
17/11/2019
Je relisais la première chronique du livre d'Umberto Eco, " Comment voyager avec un saumon " et je me permets de vous joindre le lien car c'est d'une actualité ô combien brûlante et hilarante !
Elle à pour titre ; Galons et Galaxies et ne dépareillerais pas de l'ambiance de zombies systéme règnant
jc
16/11/2019
George Steiner (via PhG) :
- “[Maistre] fit valoir la congruence essentielle existant entre l’état du langage, d’un côté, la santé et les fortunes du corps politique de l’autre. En particulier, il découvrit une corrélation exacte entre la décomposition nationale ou individuelle et l’affaiblissement ou l’obscurcissement du langage : ‘En effet, toute dégradation individuelle ou nationale est sur-le-champ annoncée par une dégradation rigoureusement proportionnelle dans le langage’… ”
En parcourant l'item "Désinence" de Wikipédia, je suis tombé sur le paragraphe "Désinence et synthétisme vs. analytisme", par lequel on peut entrevoire l'état de décomposition¹ du langage des langues indo-européennes. Sans surprise pour moi ce sont les anglo-saxons qui sont à l'honneur²:
"En examinant les langues indo-européennes, par exemple, on voit que dans leur état actuel, la déclinaison s’est conservée à des degrés très différents. La plupart des langues slaves (russe, serbe, etc.), par exemple, ont une déclinaison relativement riche. Parmi les langues germaniques, en allemand la déclinaison est plus développée qu’en anglais, qui l’a presque complètement perdue par rapport au vieil anglais. "
Les exemples modernes de cette fissuration du langage sont nombreux; ainsi l'écriture cursive³ et attachée (continue) qui fait progressivement place à l'écriture script (discrétisée), ainsi la toute récente manie -pour moi grotesque- qui consiste à détacher l'article du nom en le prononçant (manie sans doute héritée de l'usage des prompteurs), bref tout ce qui fissure la subtile association signifiant/signifié (association qui m'apparaît fort dégradée dans la glose-simulacre des "communicants-Système").
¹: Analytique renvoie à analyse et donc à lyse qui "est un radical provenant du mot grec ancien luô signifiant « délier », « détacher ». Il se retrouve comme suffixe de mots tels qu'analyse, catalyse, dialyse, électrolyse, pyrolyse, autolyse…" (Wikipédia)
²: En rapport avec la philosophie analytique?: "La philosophie de type analytique est pratiquée majoritairement dans le monde anglophone et quelques autres pays ; elle est assez peu présente en France et en Europe en général. " (Wikipédia)
³: Thom: "Une lettre est un animal stylisé."
Alex Kara
15/11/2019
Merci beaucoup pour cette synthèse très profonde.
La monnaie, à sa création , servait à parvenir à une parité dans le troc de marchandises. C'est fondamentalement une chose dont on va admettre qu'elle a une valeur car ça arrange tout le monde. Aujourd'hui, la monnaie se présente sous forme de papier, et tout le monde admet sa valeur, alors que ce n'est que de la fiction "nécessaire". Les élites qui se basent sur l'argent se basent littéralement sur rien.
C'est pourquoi il leur faut tout. D'un côté, disons le côté le plus intellectuel, il leur faut tout contrôler pour donner une valeur à leur rien-monnaie, qui dès lors est le seul passage obligé vers les biens et les services. De l'autre côté, le plus instinctif disons, il leur faut tout contrôler car ils n'ont aucune substance sous la main. Non seulement leur richesse est conditionnelle (elle dépend du bon vouloir de leurs domestiques / gardes du corps qui pour l'instant sont encore humains) mais elle est insuffisante. On ne peut obtenir du courage ou de la vitalité de cet argent, et c'est pourquoi sur le plan de l'expérience de la vie n'importe quel habitant de la favela est plus riche.
Ce qui est génial, c'est qu'avec les taux d'intérêts, le rien-monnaie se crée lui-même par parthénogenèse. Ce qui lui est insupportable, c'est la valeur d'usage des objets, qui elle se reproduit encore de manière affreusement réac, du style croître durant la belle saison avec de l'eau et la lumière du soleil. Ou bien aussi la confiance en la parole donnée, qui se construit au fil des années par l'expérience humaine, et non par la réclame.
Ce qui n'a de réelle valeur c'est ce dont on a besoin (de la nourriture, de la chaleur, du repos). Toute la valeur crée par l'art du marchand (jalousie, envie, cupidité) ne vaut rien, nous le savons bien en redécouvrant dans nos tiroirs les objets abandonnés que nous avions jadis ardemment convoités.
Ce qui est salutaire, c'est que dans cette course à la maîtrise de toute chose, ceux qui sont dépourvus, (c'est-à-dire tout le monde maintenant), apprend à se passer du rien-monnaie et reviennent à des choses fondamentalement humaines comme la parole donnée ou l'entraide. C'est la base des systèmes moraux qui renaissent (que l'on a toujours voulu contingenter dans des religions dirigées par une élite) tandis que les élites s'approchent de leur but : le rien qui s'empare de tout.
L'apocalypse, au sens de révélation, est, pour un côté la réalisation de la part infime de la matière dans une vie humaine (essentiellement, la nourriture) et de l'autre côté, le rien-tout (Lucifer) qui parle de tout pour y mettre une valeur (un interdit ou une convoitise), c'est le discours qui détruit son sujet aussitôt lorsqu'il est prononcé.
Car finalement, la marque de la Bête par lequel tout s'échange juste avant l'Apocalypse, ce n'est pas un nombre, c'est le discours-pipo qui prétend dicter la valeur de chaque chose et de chaque action. Greta Thunberg, en donnant une valeur morale aux ressources et aux comportements, met une étiquette de prix/ un code-barre dessus.
Le Malin c'est aujourd'hui la télévision & les médias des élites auxquels personne ne croit plus, et qui doit recourir à la coercition et à la menace du délit d'opinion pour maintenir son assise, se décrédibilisant ainsi encore davantage.
David Cayla
13/11/2019
Je suis plutôt d'accord avec vous, il me semble que le message le plus important dans cet article de Debkafiles, c'est le fait qu'il y aurait une réelle menace d'affrontement ouvert avec les forces russes. Et l'idée que cela traduirait l'existence d'un conflit larvé entre les directions politique et militaire russes n'est sans doute qu'une manière de faire passer ce message-là, d'autant qu'il pourrait très bien y avoir un conflit bien réel en cours au sein de la direction israélienne.
Cela me semblerait d'autant plus plausible que si la direction politique continue de jouer les boute-feux, la direction militaire est quant à elle directement exposée aux retours de flamme, ainsi d'ailleurs que vous l'avez souligné en précisant que
"Tout cela a lieu, on l’a déjà signalé, dans une situation d’extrême tension impliquant Israël et les principales forces de “la résistance”, les Russes indirectement, avec des menaces contre les forces US présentes dans la zone et certaines suggestions affirmant que ces forces sont dans un état de tension et d’inquiétude- extrêmes devant de possibles attaques tout en affirmant des ambitions hégémoniques extravagantes."
Ou un peu plus loin quand vous avez justement parlé de " résidus de forces militaires US en Syrie partant, puis revenant, puis laissant dire que les USA voudrait créer un état “syrien libre“ indépendant là où sont les Kurdes "
C'est bien là tout le problème, avec ces résidus de forces militaires américaines qui [seraient] sont dans un état de tension et d’inquiétude- extrêmes tandis que leur direction politique [quelle qu'elle soit ] affirme [ plus que jamais ] des ambitions hégémoniques extravagantes. D'ailleurs, une fois posé ce constat, pourquoi faudrait-il qu'il y ait un quelconque conflit au sein de la direction politique russe ? Et à cette aune-là, comment faudrait-il interpréter la réaction de Maria Zakharova à l'intervention d'Emmanuel Macron sur l'état de mort cérébrale de l'OTAN ? Comme la preuve que Vladimir Poutine serait totalement isolé au sein même de la direction politique russe, lâché non seulement par sa direction militaire, mais aussi par son ministère des affaires étrangères, par la voix de son porte-parole ?
On notera au passage que de l'aveu même de Debka Files, qui met certes celà sur le compte des moyens de guerre électronique russes pour faire passer la pilule, d'antiques missiles Tochka ont frappé Israël depuis la Syrie. C'est-à-dire que le gouvernement syrien n'hésite plus désormais à mener des frappes de rétorsion contre Israël avec des missiles ballistiques. Et qu'Israël se contente de serrer les dents tandis que sa "Fronde de David" s'avère incapable d'intercepter ces missiles "antédiluviens". Ironiquement, Debkafiles voudrait ainsi nous faire passer le message que suite à ces interceptions ratées, un missile anti-aérien israélien serait tombé aux mains des Russes, et que cela leur aurait permis de rendre inopérantes les batteries de missiles de défense aérienne de la "Fronde de David"... dont il apparaît qu'elle était de toutes façons déjà inopérante.
Et d'ailleurs, elle s'est également montrée inopérante à empêcher les roquettes palestiniennes de s'abattre sur Tel-Aviv. C'est là le cadeau d'adieu de Benjamin Netanyahou qui a ordonné des raids aériens sur des responsables du jihad islamique quelques heures seulement avant de démissionner de son poste de ministre de la défense, avec cette conséquence qu'une bonne partie de la population israélienne, à commencer par celle de Tel-Aviv, a été invitée à se ruer dans les abris anti-aériens pour échapper aux tirs de représailles des Palestiniens.
patrice sanchez
09/11/2019
Je me permets de vous faire découvrir le texte que je viens d'écrire, un message d'espoir et d'espérance en la psychologie Nietzchéenne revisitée !
NIETZSCHE ET SON AME SOEUR
https://drive.google.com/open?id=1IDhSPbdzBw677a4_-UA7aPCRAfr0TjU-
patrice sanchez
09/11/2019
Bonjour Mr Grasset et JC
Je prends connaissance de votre passionnant échange, permettez-moi de vous apporter le témoignage de l'âme soeur inspiratrice qui se manifeste en quantik express à l'insu du plein gré de l'heureux élu !
Ce qui est en jeu c'est un langage dont l'homme n'est pas propriétaire contre un langage purement conventionnel que l'homme peut manipuler à sa guise.
Thom: "Il y a une conclusion à tirer du darwinisme sur le plan de l'épistémologie. On s'est souvent posé la question de savoir si une biologie théorique est possible, qui ne soit pas, comme la physique, d'essence mathématique, mais, au contraire, purement conceptuelle. Le darwinisme offre ainsi l'exemple d'une théorie que chacun peut comprendre, raison évidente de son succès." (AL, p.605)
Je raconterai maintenant l'histoire de Zarathoustra. Quelqu'un a-t-il une idée nette, à la fin de ce XIX siècle, de ce que les écrivains des époques vigoureuses appelaient l'inspiration ? Si non je vais vous l'expliquer. Pour peu que nous soyons restés superstitieux, nous ne saurions nous défendre de l'impression que nous ne sommes que l'incarnation, le porte-voix, le médium de puissances supérieures. L'idée de révélation, si l'on entend par là l'apparition soudaine d'une chose qui se fait voir et entendre à quelqu'un avec une netteté et une précision inexprimables, bouleversant tout chez un homme, le renversant jusqu'au tréfonds, cette idée de révélation correspond à un fait exact. On entend, on ne cherche pas ; on prend, on ne demande pas qui donne ; la pensée fulgure comme l'éclair, elle s'impose nécessairement, sous une forme définitive : je n'ai jamais eu à choisir. C'est un ravissement dont notre âme trop tendue se soulage parfois dans un torrent de larmes ; machinalement on se met à marcher, on accélère, on ralentit sans le savoir ; c'est une extase qui nous ravit à nous-mêmes, en nous laissant la perception de mille frissons délicats qui nous parcourent jusqu'aux orteils ; c'est un abîme de félicité où l'horreur et l'extrême souffrance n'apparaissent pas comme le contraire, mais comme le résultat, l'étincelle du bonheur, comme la couleur nécessaire au fond d'un tel océan de lumière ; c'est un instinct du rythme qui embrasse des mondes de formes - car l'ampleur du rythme dont on a besoin donne la mesure de l'inspiration : plus elle écrase, plus il élargit… Tout cela se passe involontairement, comme dans une tempête de liberté, d'absolu, de force, de divinité... C'est dans le cas de l'image, de la métaphore, que ce caractère involontaire de l'inspiration est le plus curieux : on ne sait plus du tout ce qui est symbole, parallèle ou comparaison : l'image se présente à vous comme l'expression la plus juste, la plus simple, la plus directe. Il semble vraiment, pour rappeler un mot de Zarathoustra, que les choses mêmes viennent s'offrir à vous comme termes de comparaison (« - Toutes les choses viennent alors pour flatter ton discours et pour te caresser : car elles veulent que tu les portes. Chaque symbole t'offre son aile pour t'enlever vers chaque vérité. Tous les trésors du verbe s'ouvrent d'eux-mêmes pour toi ; tout être veut devenir verbe et tout devenir veut apprendre de toi à parler. ») Telle est mon expérience de l'inspiration ; et je suis sûr qu'il faudrait remonter jusqu'à des milliers d'années dans le passé pour trouver quelqu'un qui eût le droit de dire : « Cette expérience est la mienne aussi » Friedrich Nietzsche, “ Ecce Homo “
alain pucciarelli
09/11/2019
Privé de tout pouvoir réel, hors celui d'imposer les GOPE de l'UE, M. Macron, dont peu de choses dépendent, a la liberté de prononcer tous les discours qu'il veut, eût-il pris conscience du réel. Son impuissance objective en tant que chef d'état dans le cadre de l'UE fait de ses discours "des paroles verbales". Peu importe ce que dit cet individu absolument hors de propos dans sa fonction, qui de toute évidence le dépasse largement, seules comptent ses "décisions" qui ne peuvent en être dès lors qu'il est agi par ses mandants. Il amuse la galerie. Ou peut-être nous invite-il en public à une psychothérapie sans objet. La tragédie de cet être n'est pas d'assumer l'héroïsme d'un conflit racinien, mais d'assumer son impuissance face à lui-même. Sommes-nous concernés? Hélas non. Malheur au royaume dont le roi est un enfant (gâté).
alain pucciarelli
08/11/2019
Donc, Franco, ce meurtrier sans aveu qui a assassiné des tas de gens suite à sa révolte contre le pouvoir légal, la République, a fort bien fait de renversrer l'ordre démocratique, puisqu'il s'agissait juste de lutter contre le communisme! L'auteur aurait pu dans la foulée féliciter l'illustre Pinochet, sauveur bien connu du Chili. Ainsi, la mise en échec d'un gouvernement démocratiquement élu au prix de souffrances et d'une guerre atroce vaut aux yeux de notre "historien" mille louanges. Faut-il des oeillères idéologiques en acier trempé pour avancer pareille hypothèse. Ou bien avoir conservé une haine tenace contre "le communiste", ce qui serait névrotique, hypothèse que par ailleurs rien ne permet d'étayer. Si en plus on donne quitus au sinistre Franco (qu'il en avait des qualités, cet assassin insupportable!) de n'avoir pas rejoint Hitler et d'avoir ainsi permis la victoire maritime des alliés (Gibraltar) quand le bonhomme ne pensait, à juste titre, qu'à consolider son fragile pouvoir, avec la bienveillance US, voilà une belle hypothèse! Quand remerciera-t-on Hitler d'avoir permis un affaiblissement tel de l'URSS que cette dernière perdit la Guerre Froide? Bon, soyons sérieux. Nous sommes là face à un révisionnisme historique dérisoire. Le digne auteur de ce papier parfois fait mieux. Ce n'était pas son jour.
jc
08/11/2019
PhG: "Pour mon compte et selon ce que je sais et dis du système de la communication, cela signifie, ce que je crois absolument, qu’en évoluant dans ce magasin cosmique du Règne de la Quantité on peut y trouver du matériel métaphysique pour porter des coups terribles au Règne de la Quantité. A nous de le trouver…"
On pourra trouver lassant, voire indécent, mon insistance à parler sur ce site de l'oeuvre de René Thom, et à tenter ici, par mes nombreux commentaires, de faire la jonction avec celle de René Guénon en général et de "Le règne de la quantité..." en particulier. J'insiste et insiste encore parce que je suis convaincu que, comme dans l'oeuvre de Guénon, se trouve dans l'oeuvre de Thom "du matériel métaphysique pour porter des coups terribles au Règne de la Quantité". Mais si le matériel métaphysique contenu dans l'oeuvre de Guénon vise plutôt les esprits de finesse, celui contenu dans l'oeuvre de Thom s'adresse, lui, plutôt aux esprits de géométrie, en particulier aux "scientifiques" formatés au mécanisme quantitatif post galiléen initié par Newton. (En paraphrasant Pascal, les esprits faux ne sont ni fins ni topologues, et c'est peut-être là, au fond, le problème de "notre" quantitative modernité.)
Lors de la parution en 1972 de "Stabilité structurelle et morphogenèse" (quatre ans après sa rédaction…), un grand hebdomadaire a titré: "Le nouveau Newton est français". Après une courte -mais assez intense- période d'engouement de la communauté scientifique , il y a eu une très longue période de reflux, une très longue période de traversée du désert due essentiellement -du côté scientifique, les travaux de Thom n'ayant pas ou guère, à ma connaissance, pénétré la communauté philosophique- au fait que les théories thomiennes sont qualitatives, donc pas du tout dans l'air du temps.
Qu'en est-il aujourd'hui, un demi-siècle plus tard? Jean Petitot, fin connaisseur de l'oeuvre de Thom, fait le point dans "Les premiers textes de René Thom sur la morphogenèse et la linguistique: 1966-1970¹". Il y apparaît nettement que Thom est bien à l'ancienne physique (la phusis aristotélicienne), vitaliste et qualitative, ce que Newton est à la moderne physique, mécaniste et quantitative². Je reproduis ici le début et la fin de l'article.
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2 Une nouvelle conception de la modélisation
2.1 Présent mathématique et passé philosophique.
La refonte thomienne du concept classique de modèle a réactivé de nombreux débats classiques de philosophie des sciences et la plupart des interrogations qu’elle a pu susciter étaient dues à l’écart toujours grandissant qui, depuis ce que l’on a appelé la “coupure ́epistémologique” galiléenne, s’est creusé, telle une dérive des continents, entre des mathématiques de la nature centrées sur le concept mécanique primitif de force et des philosophies de la nature centrées sur les concepts dynamiques primitifs de forme, de structure et d’organisation. D’Aristote au vitalisme du XIXe si`ecle, la morphogenèse biologique est demeurée du côté d’une dynamique des formes et a donc pâti du rejet des diverses philosophies spéculatives de la Nature. Mais le noeud gordien scientifique de cette histoire est que, comme l’ont noté des générations successives de savants, une mathématique idoine pour une dynamique des formes ́etait “introuvable” et, comme le déplorait Buffon,“manquait absolument”. Faute de mathématiques appropriées, ces domaines des sciences naturelles restaient à la marge de la scientificité et les données expérimentales massives à leur sujet n’arrivaient pas à être modélisées. Ces disciplines butaient clairement sur un “obstacle épistémologique” majeur. Nous allons parler de morphogenèse et de structures, mais il faut noter que de nombreuses disciplines se sont trouvées au cours des siècles dans la même situation. La théorie mécanique du mouvement elle-même n’a pu dépasser ses apories millénaires qu’avec l’avènement du calcul intégro-différentiel. Un autre exemple saisissant aux XVIIIe et XIXe siècles était celui de la chimie dont le concept primitif d’ “affinité” ́etait incompréhensible. L’ “obstacle épistémologique” était évident et il aura effectivement fallu attendre la mécanique quantique pour avoir une théorie de la valence. L’idée directrice de René Thom dans les années 1960 était que les nouveaux outils de la théorie des singularités pouvaient fournir la mathématique “introvable” idoine qui pourrait venir compenser les effets de la “coupure” galiléenne. Haute ambition théorique qui se proposait d’utiliser des résultats mathématiques d’avant garde comme levier pour résoudre des problèmes théoriques restés ouverts pendant des siècles. Dans [1] Thom vise “la synthèse (...) des pensées ‘vitaliste’ et ‘mécaniste’ en Biologie”. Dans [4] il explique :“What I offer you is a radically new point of view for biological problems.” Une telle ambition était-elle démesurée ? En fait, Thom s’était rendu compte que ce que l’on pourrait appeler le “supplément de géométrie” fourni par la notion de déploiement universel venait combler le “manque de géométrie” diagnostiqué depuis longtemps et permettait de géométriser des concepts morphologiques fondamentaux comme ceux de “chréode”, de “champ morphogenétique” ou de “paysage épigénétique” utilisés par le grand embryologiste Conrad Waddington. C’est bien là “l’origine de la théorie” comme il l’écrivit dès le §1.1. de ce qu’il qualifiait lui-même d’“article princeps” [1]. La conscience aiguë du fait que l’avènement de modèles mathématiques pour les phénomènes critiques, les ruptures de symétries, l’apparition de patterns et de morphologies constituait un événement scientifique majeur était d’ailleurs partagée par plusieurs savants des années 1960-1970 et faisait partie d’un vaste bouillonement d’idées. La TC y rencontrait, parfois avec quelques polémiques, les “structures dissipatives” d’Ilya Prigogine, la “synergétique” de Hermann Haken, ou “l’ordre à partir du bruit” de Henri Atlan. Il suffit de se rappeler le début de La nouvelle alliance d’Ilya Prigogine et Isabelle Stengers qui met en scène le célèbre Entretien de 1769 entre d’Alembert, défenseur de la mécanique rationnelle quantitative mathématisée, et Diderot, défenseur de l’embryogenèse qualitative non mathématisée, pour se convaincre, d’une part, de l’épaisseur historique et philosophique des problèmes et, d’autre part, de la conscience qu’avaient ces auteurs de l’enjeu innovant de leurs modèles. (...) L’importance fondamentale et la diversité impressionnante des phénomènes critiques justifiaient à elles seules de vastes généralisations de leurs applications. Mais René Thom est allé beaucoup plus loin et sa vision vers l’aval d’un progrès futur aura été en définitive celle d’un retour amont vers l’hylémorphisme aristotélicien. C’est le statut de cette “boucle temporelle”, de cette “Rückfrage” aurait dit Husserl, qu’il nous faut essayer de comprendre. Car, avec les modèles de Thom, il s’agit de tout sauf de quelques spéculations d’un mathématicien s’aventurant dans des domaines qu’il connaît mal. Il s’agit d’une ample opération sur l’histoire de la connaissance qui consiste à partir d’un grand progrès mathématique pour faire un “reset” historique de conceptions antiques tombées dans l’oubli. C’est un peu comme dans l’histoire des mathématiques lorsque l’invention du calcul intégro-différentiel permit de renouer avec les calculs d’Archimède ou comme dans l’histoire de l’art, lorsque Michel-Ange (qui participa en 1506 à la découverte du Laocoon) renoua avec la sculpture hellénistique.
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14 Conclusion
Dans cette note, nous avons essayé de présenter les modèles morphodynamiques de Thom en biologie et en linguistique à partir de ses tout premiers articles sur le sujet. Nous avons montré comment sa création d’un langage morphologique multidimensionnel indépendant des substrats lui avait permis de rendre solidaires biologie et langage dans le cadre de la “seconde voie” de la théorie des catastrophes. Nous avons insisté sur l’opération qui consiste à mettre des mathématiques d’avant-garde au service d’une réhabilitation (pour le dire comme Leibniz) de problématiques jusque là marginalisées à cause de leur “géométrie absente”. Nous avons également insisté d’une part sur l’épaisseur historique des difficultés philosophiques rencontrées (Aristote, Leibniz, Kant, Goethe, Husserl) et d’autre part sur la grande actualité scientifique de résultats confirmant certaines propositions thomiennes (génétique du développement et homéogènes, grammaires et sémantiques neuro-cognitives). A propos de la Nature comme τέχνη productrice de formes, Kant parlait dans sa troisième Critique de la “Nature comme Art”. On pourrait dire qu’avec la théorie des catastrophes comme “art des modèles”, Thom a élargi les mathématiques de la Nature de façon à leur permettre de modéliser la Nature comme Art.
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Remarque finale.
À la lecture de cet article j'avoue ne pas comprendre pourquoi Petitot s'est dit -et se dit toujours?- aronien, hayekien et popperien³.
¹: http://jeanpetitot.com/ArticlesPDF/Petitot_Thom_1966-1970.pdf
²: Thom:
- "L'ambition ultime de la théorie des catastrophes, en fait, est d'abolir la distinction langage mathématique-langage naturel qui sévit en science depuis la coupure galiléenne."
- "(...) l'existence du continu apparaît comme une donnée primordiale. C'est par elle, croyons-nous, que s'opère la jonction entre la description langagière d'Aristote et la description mathématisée de la Physique post-galiléenne."
³: http://jeanpetitot.com/ArticlesPDF/Petitot_Hayek.pdf
Philippe Grasset
08/11/2019
Merci de nous signaler cette erreur concernant le Prince, ô combien respectable.
Ma mémoire n'est plus toute jeune, elle est parfois infidèle. Pardonnez-lui.
Merci d'avance.
PhG
Ababush
08/11/2019
Il semble que le quai d'Orsay et de nombreuses administrations de l'état français soient tombés dans la soupe néo-conservatrice qu'adore le très regretté ancien chef d'état major de l'Elysée, membre du Bildelberg et désormais grand chancelier de l'ordre de la légion d'honneur, le général Benoit Puga. Et comme l'expliqua Bush père à Bush fils, les néo-conservateurs, "c'est Israel".
L'inexplicable bromance française pour le Rojava après celle pour le kurdistan Irakien, alimentée par les trémolos de BHL/Kushner et consorts et le chef d'oeuvre cinématographique de la très BHLienne Fourest, ressemble plus à une liaison sous influence qu'à une entreprise logique.
Macron, qui est nécessairement fortement influencé par tous les néo-cons qui hantent les allées du pouvoir, pense défendre les intérets français en défendant le Rojava. Et il pense s'etre fait avoir par les Turcs membres de l'OTAN, alors que la France se fait plutot avoir par Israel dont elle n'agit que comme supplétif.
Bref, cette menace "française" sur l'OTAN n'est destinée qu'à faire pression sur Trump pour qu'il n'abandonne pas le Rojava, que jamais n'abandonnerait une administration démocrate.
On peut penser que Macron agit comme un couillon dans cette affaire d'OTAN laquelle en apparence semble bien fondée (oui l'OTAN est obsolète depuis longtemps), mais n'a en fait pour ressort que l'influence néo-con (coucou Jacques Attali).
Et les néo-cons ne veulent pas que la France sorte de l'OTAN.
Bref, une probable énième tempete dans un verre d'eau venant de notre grand communicant en chef.
Alexis Toulet
07/11/2019
A noter que The Economist a publié sur la partie d'accès libre de son site la transcription intégrale de son entretien avec Macron.
Le texte est long et très riche. Je conseille d'en prendre connaissance, car que l'on soit d'accord ou pas sur un point ou sur l'autre, une chose est sûre : c'est une pensée complète sur l'état du monde et sur une possible stratégie qui s'exprime ici.
Mieux vaut aller à l'original, plutôt que d'en rester à ce que tel ou tel média ou organe de presse a pu choisir d'en glaner.
jc
07/11/2019
Dans l'approche formelle du langage c'est la syntaxe qui est l'être premier, c'est elle qui s'impose à la sémantique (la définition d'un modèle par Tarski en logique mathématique en est un exemple typique, peut-être même quasiment archétypique). (Mais dans ce cas quelle est la raison -la rationalité- qui justifie le choix d'une syntaxe plutôt qu'une autre?)
Pour Thom c'est au contraire la sémantique qui impose la syntaxe, c'est la fonction originaire du langage animal ou humain¹ (décrire ce que l'on perçoit à ceux qui ne perçoivent pas) qui lui impose son organisation, sa structure.
Dans ce conflit structure/fonction la citation thomienne qui suit ne laissera sans doute pas PhG indifférent: "Avec l'arrivée des Sophistes, de la Géométrie euclidienne, de la Logique aristotélicienne, la pensée intuitive a fait place à la pensée instrumentale, la vision directe à la technique de la preuve." (MMM, "Topologie et signification", note finale).
Thom: "La célèbre controverse académique de 1830 entre Georges Cuvier et Étienne Geoffroy Saint-Hilaire présente un intérêt théorique considérable. C'est grâce à elle que s'est posé le problème des rapports entre structure et fonction. (...) Ce dernier [Cuvier] créationniste, ne reculait pas devant la finalité (...) Geoffroy, lui, se targuait de matérialisme et refusait les causes finales." (ES, p.115)
(Cette citation est extraite du chapitre 5 intitulé "Plan général de l'organisation animale" -et Thom poursuit cette discussion structure-fonction jusqu'à la fin du chapitre-.)
Quelle est, au fond, la position de Thom dans le conflit structure/fonction? Si j'en juge par la façon dont il conçoit la structuration du langage -évoquée ci-dessus-, Thom m'apparaît "fonctionnaliste", voire lamarckien. Mais si j'en juge par la conclusion du chapitre 5 de ES je crois qu'il penche peut-être plutôt pour la position "structuraliste" de Geoffroy Saint-Hilaire.
Ma position? C'est pour moi l'occasion d'être fidèle au principe "bipolaire" édicté par Alain Bernard-Weil et que j'ai fait mien: "Il faut apprendre ou réapprendre à penser toujours d’une manière bipolaire et de ne pas céder à l’attrait d’une pensée unipolaire, branchée sur un pôle dominant -ce qu’on appelle aussi « pensée unique » de nos jours -une tentation qui fait immanquablement plonger dans l’erreur et l’impuissance. La seule excuse, c’est que presque tout le monde considère que c’est là l’enjeu de la rationalité : trouver le bon pôle."
Et PhG dans tout ça? Dans cette lutte prodigieuse, attendons le tome III de "La Grâce de l'Histoire" et voyons.
¹: Thom: "La capacité manifestée par des primates supérieurs d'acquérir quasi spontanément, dans les langages de signes qu'on leur a appris, une maîtrise des mécanismes syntaxiques (les plus grossiers, donc les plus fondamentaux) de notre langage a beaucoup surpris les théoriciens qui voyaient dans l'organisation syntaxique de nos langues un caractère spécifiquement humain. Pour ceux qui pensent comme moi que les mécanismes syntaxiques les plus fondamentaux sont des copies simulatrices (définies sur un espace abstrait) des grandes fonctions régulatrices de la biologie (prédation, rapport sexuel), la chose est moins surprenante…" (1979)
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