jc
25/10/2019
Dans le .4 l'expression "Philippe Grasset, au contraire, est un penseur du discret, qui pense le monde en l'entendant, avec des lettres qui forment des mots (...)" est malheureuse. Il est préférable de préciser la formulation: PhG, qui pense le monde en l'entendant, s'exprime avec des phonèmes qui forment des mots, alors que Thom tente d'exprimer ce qu'il voit¹ à l'aide de lexèmes².
La possibilité d'entente, l'harmonie des points de vue ago-antagonistes que sont le point de vue topocratique et le point de vue logocratique renvoient au problème mathématique de Kac: "Peut-on voir le son d'un tambour et entendre sa forme?", problème où se mêlent le corpusculaire et l'ondulatoire, le discret et le continu. La musique des mots, leur chant, pour assurer la concaténation (et non la simple juxtaposition) des phonèmes et ainsi leur donner sens? Du cantique au quantique?
¹: Thom: "Malgré son caractère non quantitatif, qui a suscité la dérision des scientifiques professionnels, il [le modèle de l'agressivité du chien de Zeeman] a l'avantage inestimable de montrer ce qui fait la supériorité d'un modèle géométrique sur une construction conceptuelle. Expliquer linguistiquement son contenu oblige à des paraphrases compliquées dont la cohérence sémantique n'est pas évidente." (AL, envoi, p.33)
²: Thom: "Une lettre est un animal stylisé."
jc
25/10/2019
C'est, quasi évidemment venant de moi, une énigmatique citation thomienne qui me renvoie au principe guénonien d'inversion analogique, pour moi actuellement énigmatique, principe que j'essaie de comprendre et de digérer à travers ses applications par Guénon dans "Le règne…" et autres. C'est la citation suivante qui m'y a fait penser:
PhG: "Je parle moins de tel ou tel mouvement, telle ou telle manifestation, que du sentiment irrésistible qui ne cesse de grandir, d’être au bord, d’être au fond, d’être devant quelque chose qui ressemble à un abîme, d’être dans quelque chose d’absolument incompréhensible, quelque chose qui prétend être Équilibre même et dont le destin par conséquent est d’être rompu… "
Guénon (chap. XXIII): "Ainsi un « retournement » s’opère en dernier lieu contre le temps et au profit de l’espace : au moment même où le temps semblait achever de dévorer l’espace, c’est au contraire l’espace qui absorbe le temps ; et c’est là, pourrait-on dire en se référant au sens cosmologique du symbolisme biblique, la revanche finale d’Abel sur Caïn."
L'heure de la revanche des logocrates sur les topocrates? Ou l'inverse, principe d'inversion analogique oblige?
Thom discute son principe ABP (l'Acte est le Bord de la Puissance) dans ES (pp.182 à 187), ce qui le conduit, pour préserver la généralité de la portée du principe, de considérer que le bord peut être au centre: "Centre, bord obscur…". Rapport avec le principe d'inversion analogique au sens de Guénon?
Franck du Faubourg
24/10/2019
Mignon!
Thierry Meyssan a sorti un texte inspirant sur le sujet:
Un nouveau monde surgit devant nous
https://www.voltairenet.org/article208007.html
Pour info, quand il parle du « souverain du Jour" finissant, alias « les capitalistes financiers », un Martin (pas Patrick) Armstrong les surnomme « le Club »
Il les connait très bien!
D'ailleurs, dans ce domaine (la Haute Finance), ça semble paniquer:
https://www.zerohedge.com/economics/central-banks-are-out-ammo-un-head-demands-immediate-fiscal-stimulus-save-world-crisis
https://www.zerohedge.com/markets/hemke-pawn-shop-repo-market-signals-fed-panic-mode
https://www.zerohedge.com/news/2019-10-23/central-banks-begin-panic
Sortez le pop corn!
alain pucciarelli
24/10/2019
Beau texte. Une oraison funèbre pour Jacques Attali. Et ses pareils. Fondée. Ces gens sont morts, bien que riches, qui n'acceptent pas plus leur sort de "has been" que Mme Clinton. Ou M. Macron? Ils animent médiatiquement leurs propres fantômes, que nul n'écoute plus. Leur seule réalité: rester branché sur la pompe à finance, et servir le pompier de service. Terrible et méprisable dans un monde en demande croissante d'esprit et d'intelligence. Des marionnettes sans pitié. Pitoyables. Impardonnables.
jc
24/10/2019
Peut-être, à ce jour, ma tentative la plus construite de rapprocher les deux mondes.
Ce qui distingue fondamentalement le métaphysicien Guénon et le mathématicien-métaphysicien Thom c'est la différence des pôles entre lesquels se produit pour eux toute manifestation: d'un côté l' 'essence" et la "substance", de l'autre le "discret" et le "continu", d'un côté toute(?) la Tradition¹, de l'autre une page du chapitre II de "Le règne..;" qui oppose la quantité discrète et la quantité continue, page qui commence par:
"Une autre question se pose encore : la quantité se présente à nous sous des modes divers, et, notamment, il y a la quantité discontinue, qui est proprement le nombre, et la quantité continue, qui est représentée principalement par les grandeurs d’ordre spatial et temporel ; quel est, parmi ces modes, celui qui constitue plus précisément ce qu’on peut appeler la quantité pure ?"
et qui oppose, selon Guénon, les points de vue de Descartes et de saint Thomas d'Aquin.
Guénon conclut l'avant-propos de "Le règne…" par:
"On peut donc dire encore que la descente dont nous avons parlé s’effectue de la qualité pure vers la quantité pure, l’une et l’autre étant d’ailleurs des limites extérieures à la manifestation, l’une au delà et l’autre en deçà, parce qu’elles sont, par rapport aux
conditions spéciales de notre monde ou de notre état d’existence, une expression des deux principes universels que nous avons désignés ailleurs respectivement comme « essence » et « substance », et qui sont les deux pôles entre lesquels se produit toute
manifestation ; et c’est là le point que nous allons avoir à expliquer plus complètement en premier lieu, car c’est par là surtout qu’on pourra mieux comprendre les autres considérations que nous aurons à développer dans la suite de cette étude."
Moi, béotien métaphysicien, je suis convaincu que la jonction entre les deux camps des guénoniens et des thomiens doit se faire et que c'est au prix de l'abandon de l'opposition matière-forme au profit de l'opposition plus abstraite continu-discret- qu'elle se fera (je prêche évidemment pour ma paroisse).
Car selon moi le dévoiement de l'opposition matière-forme au profit du seul matérialisme -au sens moderne du terme-, avec son apogée au XIXème et à la première moitié du XXème siècle, s'est déplacé en se virtualisant à partir de la deuxième moitié du XXème. Avec l'arrivée des calculateurs électroniques, le conflit s'est déplacé du technologisme vers la communication pour se situer maintenant entre les langages formels des ordinateurs et notre langage naturel², entre l'intelligence artificielle des robots et l'intelligence naturelle de l'humain, avec dévoiement actuel au profit des premiers. Métaphoriquement il y a pour moi autant d'écart -abyssal- entre les tours de Doubaï et la cathédrale de Reims³ qu'entre un langage formel, conventionnel, et le langage naturel. Pour moi, mais aussi, j'en suis profondément convaincu, pour Philippe Grasset, qui cite de temps à autres George Steiner:
“Le point de vue ‘logocratique’ est beaucoup plus rare et presque par définition, ésotérique. Il radicalise le postulat de la source divine, du mystère de l’incipit, dans le langage de l’homme. Il part de l’affirmation selon laquelle le logos précède l’homme, que ‘l’usage’ qu’il fait de ses pouvoirs numineux est toujours, dans une certaine mesure, une usurpation. Dans cette optique, l’homme n’est pas le maître de la parole, mais son serviteur. Il n’est pas propriétaire de la ‘maison du langage’ (die Behausung der Sprache), mais un hôte mal à l’aise, voire un intrus… ”
Certains objecteront qu'une Tradition qui évolue n'est plus une Tradition. Et Guénon lui-même écrit dans l'avant-propos de "Le règne…" que les spéculations les plus vantées des hommes de génie contemporains (je pense bien entendu à Thom) "ne valent certes pas la connaissance de la moindre vérité traditionnelle". Mais qui peut nier qu'il y a eu une évolution en ces domaines depuis l'homme de Cro-Magnon et que cette évolution s'est faite du concret vers l'abstrait.
Ce déplacement du réel vers le virtuel, de la Tradition grecque (forme et matière) et de la Tradition hindoue (Purusha et de Prakriti), entre autres, conduit naturellement à remplacer la matière, la substance (celle qui se tient en dessous) par quelque chose de plus abstrait qui se tient encore plus en dessous que la substance, à savoir l'étendue continue. C'est le point de vue que défend Thom dans "Esquisse d'une sémiophysique" (1988):
Thom: "Apparemment les Grecs n'ont pas de concept équivalent à l'étendue cartésienne. La chora platonicienne aurait pu remplir cette fonction; c'est précisément un concept qu'Aristote refuse, parce qu'il veut que le lieu soit un prédicat de la substance, et non la matière un prédicat de l'étendue." (ES, p.245)
"Il est curieux de voir comment Aristote a ostracisé le concept d'espace, en lui substituant, pour les besoins de sa métaphysique substantialiste, un "lieu" attaché à chaque entité. Cette exclusion de l'étendue -qui a eu, il faut le reconnaître, sur les origines de la Mécanique des effets assez désastreux- n'en a pas moins eu des conséquences heureuses. Car en dévalorisant l'étendue spatiale, Aristote a, par compensation, pensé tous les problèmes des entités mentales sous la catégorie du continu." (ES, p.211)
Thom se dit et est un penseur du continu qui pense le monde avec des images continues, qui le voit. et son problème est de l'exprimer avec des mots discrets; c'est un topocrate. Philippe Grasset, au contraire, est un penseur du discret, qui pense le monde en l'entendant, avec des lettres qui forment des mots, et des mots qui forment un texte, texte qui lui-même n'est pas une simple juxtaposition de lettres discrètes mais, miraculeusement, une concaténation continue, une musique, qui lui donne un sens; c'est un logocrate⁵. Thom le topocrate c'est le Caïn du chapitre XXI ( "(...) par la force des choses, les sédentaires en arrivent à se constituer des symboles visuels, images faites de diverses substances, mais qui, au point de vue de leur signification essentielle, se ramènent toujours plus ou moins directement au schématisme géométrique, origine et base de toute formation spatiale." ) et Grasset le logocrate c'est Abel(le) ("Les nomades, par contre, à qui les images sont interdites comme tout ce qui tendrait à les attacher en un lieu déterminé, se constituent des symboles sonores, seuls compatibles avec leur état de continuelle migration."). Principe d'inversion analogique cher à Guénon qui poursuit: "Mais il y a ceci de remarquable, que, parmi les facultés sensibles, la vue a un rapport direct avec l’espace, et l’ouïe avec le temps : les éléments du symbole visuel s’expriment en simultanéité, ceux du symbole sonore en succession ; il s’opère donc dans cet ordre une sorte de renversement des relations que nous avons envisagées précédemment, renversement qui est d’ailleurs nécessaire pour établir un certain équilibre entre les deux principes contraires dont nous avons parlé". À Thom l'esprit de géométrie et à Grasset l'esprit de finesse? Les matheux contre les littéraires?
Je ne le pense pas. Au contraire je pense que PhG a des alliés naturels au sein de la communauté mathématique, à savoir les arithméticiens -les mathématiciens quantiques- (comme Grothendieck et Riemann) qui savent écouter la musique des nombres comme PhG sait écouter la musique des mots.
¹: Guénon: "(...) quelles que soient les différences qui existent réellement à cet égard entre la conception de Platon et celle d’Aristote, ces différences, comme il arrive souvent, ont été grandement exagérées par leurs disciples et leurs commentateurs. Les idées platoniciennes sont aussi des essences ; Platon en montre surtout l’aspect transcendant et Aristote l’aspect immanent, ce qui
ne s’exclut pas forcément, quoi qu’en puissent dire les esprits « systématiques », mais se rapporte seulement à des niveaux différents"
²: Thom: "Je suis convaincu que le langage, ce dépositaire du savoir ancestral de notre espèce, contient dans sa structure les clés de l'éternelle structure de l'Être."
³: Voir https://www.dedefensa.org/article/dialogues-3-le-grain-de-sable-divin
⁴: extraites de https://www.maths.ed.ac.uk/~v1ranick/papers/thom/data/citations.pdf
⁵: PhG: "Il suffit d’un mot, d’une phrase, d’une citation à placer en tête, la chose inspiratrice qui ouvre la voie et là-dessus se déroule le texte, à son rythme, entièrement structuré, avec sa signification déjà en forme et en place. Je n’ai rien vu venir et j’ignore où je vais, mais j’ai toujours écrit d’une main ferme et sans hésiter… et toujours, à l’arrivée, il y avait un sens, une forte signification, le texte était devenu être en soi… C’était un instant de bonheur fou."
———————————————————————-
Pour ceux que ces considérations pourraient intéresser -et je vise en particulier PhG et un sien ami- voici quelques citations thomiennes concernant essentiellement l'opposition discret-continu⁴:
Pour moi, la mathématique, c'est la conquête du continu par le discret.
(1977)
(...) il y a une certaine opposition entre géométrie et algèbre. Le matériau fondamental de la géométrie, de la topologie, c'est le continu géométrique ; étendue pure, instructurée, c'est une notion « mystique » par excellence. L'algèbre, au contraire, témoigne d'une attitude opératoire fondamentalement « diaïrétique ». Les topologues sont les enfants de la nuit ; les algébristes, eux, manient le couteau de la rigueur dans une parfaite clarté. (1978)
Il ne fait guère de doute que d'un point de vue psychologique (et pour moi ontologique) le continu est l'être premier. (AL, p.564)
(...) il n'y a pas de « phénomènes », ni de phénoménologie sans discontinuités perceptibles au sein d'un milieu continu (...) (1992)
L'ambition ultime de la théorie des catastrophes, en fait, est d'abolir la distinction langage mathématique-langage naturel qui sévit en science depuis la coupure galiléenne. (1976)
(...) aucune théorie un peu profonde de l'activité linguistique ne peut se passer du continu géométrique (relativisant ainsi toutes les tentatives logicistes qui fleurissent chez les Modernes). (1980)
Mon espoir est ici d'apporter quelques éléments mettant en jeu des aspects peut-être difficilement appréciés des spécialistes [d'Aristote] à qui le problème des rapports entre mathématique et réalité ne s'est jamais posé que comme un problème « philosophique » (ce qui veut dire, selon une formule célèbre de Paul Valéry, qu'on pourrait s'abstenir de le considérer), et non comme le problème essentiel qu'il est effectivement. Ce qui est en jeu ici, c'est l'aporie constituée par les rapports entre le continu et le discret.
On touche là au problème de la justification dynamique des structures, problème que seul, me semble-t-il, la théorie des catastrophes – ou toute théorie apparentée qui explique l'émergence du discret au sein du continu est en mesure d'aborder. (1968)
Le grand vice du structuralisme est son caractère discret, qui ne lui permet pas de prendre en compte les variations continues des formes, en particulier leur mouvement. (1983)
Pour moi, l'aporie fondamentale de la mathématique est bien dans l'opposition discret-continu. Et cette aporie domine en même temps toute la pensée. (1991)
C'est là, je pense, une conclusion à laquelle il est difficile d'échapper : le sens est toujours lié à l'attribution d'une place de nature spatiale à une expression formelle codée. (1979)
Un programme pour moi c'est toujours une approximation discontinue d'une figure continue sous-jacente, qui figure en tant que projet. Le projet est continu, mais la réalisation est discontinue, catastrophique.
L'impossibilité de maintenir deux systèmes récurrents en état d'indépendance dynamique apparaît comme une conséquence du caractère continu du temps (1972)
Et peut-être faudra-t-il renverser l'interprétation traditionnelle des paradoxes des Eléates. Ce n'est pas le continu qui fait problème, mais bien le continu, dans sa réalisation d'infini actuel, qui justifie l'infini dénombrable : car, n'est-ce pas, Achille finit par dépasser la tortue…
(...) l'existence du continu apparaît comme une donnée primordiale. C'est par elle, croyons-nous, que s'opère la jonction entre la description langagière d'Aristote et la description mathématisée de la Physique post-galiléenne. (1988)
Il est de fait qu'Aristote a été le premier – et pour des siècles, voire des millénaires – le seul penseur du continu. (1988)
L'expérience première, en toute réception des phénomènes, est la discontinuité. Mais la discontinuité présuppose le continu. (1988)
On aurait tort de voir dans la singularité [discrète] le seul effet de l'incapacité d'un milieu spatial à accepter une certaine structure globale [continue]. On peut avoir le point de vue inverse, et prétendre qu'une singularité a un pouvoir génératif qui lui permet de structurer l'espace environnant. (AL, Philosophie de la singularité)
C'est parce que la mathématique débouche sur l'espace [continu] qu'elle échappe au décollage sémantique créé par l'automatisme des opérations algébriques [discrètes]. (1979)
EricRobertMarcel Basillais
23/10/2019
Ah ! Je ris de voir de voir des fous Trotskystes s'inquiéter de voir un fou qu'ils traitent de Nazi Fasciste Raciste Sioniste, attaqué par des fous Socialistes Anti-Racistes Islamophiles Sionistes, alliés à d'autres fous Fascistes, Nazis, Racistes, Anti-Islam, Sioniste… de peur qu'il n'y ait la Guerre totale avec des Fous du Gadlu, d'Allah, de Yawhé, de Dieu, de Marx, de Mao, d'Hitler….ETC...
Ah ! Je ris aussi de voir les Banquiers centraux signer une lettre contre le Banquier central (BCE) Draghi remplacé par Christine Lagarde… qui '' reset'' les taux directeurs dans le marc de café...
La Raison a sans doute ses raisons que le Rire Sardonique préfère ignorer…
ERIC BASILLAIS
EricRobertMarcel Basillais
23/10/2019
Les généraux présentés comme des Croisés seraient des alliés des Démocrates et d'Obama présentés comme des islamophiles.
Quelqu'un ment… Ou plusieurs…
Quand la malice bien cachée n'est que de la folie à ciel ouvert…
Pascal B.
23/10/2019
After the failed presidential candidate had escaped from the premises again and accused thousands of people of being Russian agents, orderlies were finally able to catch her and guide her back to her padded cell disguised as ovale office https://www.checkpointasia.net/asylum-orderlies-return-hillary-clinton-to-padded-cell-disguised-as-oval-office
alain pucciarelli
21/10/2019
On peut avoir la faiblesse de penser que les hommes sont tous les mêmes, et que les origines, la culture et le milieu social déterminent des différences à priori immenses, qui ne le sont qu'en apparence. Ce regard aristocratique des uns et des autres, à partir d'un segment socio-culturel analysable, est donc à priori contestable. Ces malheureux travailleurs polonais eussent pu devenir des saint ex voire des Céline ou autre dans d'autres circonstances. Céline n'étant pas forcément un must en matière idéologique. Aussi, plutôt que de se lamenter sur la médiocrité humaine et ses avatars, demandons-nous plutôt comment hisser chacun d'entre nous au plus haut de ses potentialités. Etant entendu qu'alors, on se demande bien qui fera les boulots "de merde". Les "aristo" font chier. Et plus encore leurs thuriféraires. Un peu d'esprit politique, bon sang!
jc
21/10/2019
Suite du .1.1
Ago-antagonisme et cancer.
Il y tout un chapitre (le 6) à ce sujet dans le beaucoup plus prigoginien que thomien (mais tant pis) http://www.afscet.asso.fr/Ande14/agoantagonismeComplexiteJdeG.pdf
Je crois absolument fondamental d'avoir toujours à l'esprit cet enchaînement associatif Ago-antagonisme/Cancer ; plus précisément d'avoir toujours à l'esprit que l'abandon du principe de bipolarité ago-antagoniste ouvre la porte à la prolifération du cancer, et ce pas nécessairement en Biologie.
Thom: "Mais très fréquemment, épuisé par l'effort de son ascension dans ces régions arides de l'Être, le métaphysicien s'arrête à mi-hauteur à un centre organisateur partiel, à vocation fonctionnelle. Il produira alors une "idéologie", prégnance efficace, laquelle, en déployant cette fonction, va se multiplier dans les esprits. Dans notre métaphore biologique ce sera précisément cette prolifération incontrôlée qu'est le cancer." (ES, p.216)
jc
21/10/2019
NA: "Raskolnikov a une particularité. C'est un intellectuel. A ce titre, il conceptualise et ne voit plus ce qui est vivant, ce qui est sensible. (...) La Raison a du mal avec le sensible. (...) L'apogée des Lumières n'est pas vraiment celle de la raison, c'est celle de la raison qui veut éliminer le sensible, qui veut régner seule et sans concurrence. C'est Raskolnikov."
Je profite de l'extrait ci-dessus du commentaire de Ni Ando pour rappeler le récent principe de métaphysique expérimentale (et donc à expérimenter) formulé par un certain Elie Bernard-Weil et que je m'empresse de faire mien:
"Pour une pensée bipolaire …
«Il faut apprendre ou réapprendre à penser toujours d’une manière bipolaire et de ne pas céder à l’attrait d’une pensée unipolaire, branchée sur un pôle dominant -ce qu’on appelle aussi « pensée unique » de nos jours -une tentation qui fait immanquablement plonger dans l’erreur et l’impuissance. La seule excuse, c’est que presque tout le monde considère que c’est là l’enjeu de la rationalité : trouver le bon pôle. Faux! "
(NA: "Les plus grands tueurs de l'histoire politique humaine ont souvent été des intellectuels tatillons (...)".
Personnellement je supprimerai le qualificatif "politique", pour laisser une place à "religieuse" -entre nombreux autres-.)
Par delà le bien et le mal, le vrai et le faux, etc. ? Il me semble qu'on est contraint d'en arriver là si on pense, comme moi, que la roue cosmique tourne inéluctablement, permettant ainsi la régulation de tous ces conflits binaires.
Cf. mon commentaire "Symbolisme: de la Tradition aux mathématiques contemporaines.1.1, Article lié : Du Règne de la Quantité, 20/10/2019
Alex Kara
21/10/2019
Il y a dans chaque approche, celle de Saint-Exupéry et celle de Céline, la confrontation avec la nature, les dragons noirs pour l'un, le refus de la ville pour l'autre. C'est sans doute que la ville et l'usine ont un ordre, alors que la nature n'en a pas. On peut toujours arguer qu'elle en a un (les saisons, le jour et la nuit) mais c'est faux, et ce à toutes les échelles.
L'aéronautique est en effet l'abstraction ultime après la navigation maritime, qui avait subventionné tant de recherches scientifiques depuis le XVème siècle. Au moins le marin est-il encore en contact avec l'élément, alors que le pilote en est isolé.
Tout cela culmine dans "2001, l'odyssée de l'espace", qui commence par un long passage nous immergeant dans la nature, brutalement envahie par l'ordre, avec ce parallélépipède parfait d'une couleur absolue. Ensuite c'est le présent, avec les trivialités du voyage en avion (dans l'espace, mais c'est justement la même chose, puisque la banalité a déjà envahi le futur) dans le segment central, et enfin le voyage d'exploration dans une machine toute faite d'ordre, et cet ordre (HAL) est fou.
L'humain redécouvre alors avec le passage ouvert par l'entité estrange la beauté de la nature, certes pas une nature familière, mais une nature véritable.
L'astronaute en est d'ailleurs traumatisé, et on doit le placer dans l'environnement justement très carcéral d'un intérieur bourgeois : le pauvre est condamné à passer le restant de sa vie dans le XVIème arrondissement de Paris, jusqu'à ce qu'il puisse se réincarner dans la beauté absolue. L'enfant stellaire, c'est la redécouverte de la beauté.
A noter aussi que pour Jung l'inconscient peut apparaître sous forme de planète inconnue dans une vision / un rêve, c'est justement ce que l'enfant stellaire admire à la fin du film (il se découvre dans sa réalité la plus profonde), c'est aussi ce qui arrive dan le film Melancholia de Lars von Trier.
jc
20/10/2019
Complément au .3
Les Anciens Grecs avaient des mots pour distinguer la temporalité atemporelle et la temporalité temporelle: aïon et chronos. Thom les fait intervenir dans un cycle à quatre temps¹ (un de plus, toujours le même, et le même que celui de Roddier) dans son article "Structure et fonction en biologie aristotélicienne" (AL) dont il dit -dans le chapeau de l'article- que "c'est probablement l'un des exposés les plus complets du programme de constitution d'une biologie théorique".
Ce cycle suggère qu'après la catastrophe du temps absorbé par l'espace et le meurtre d'Abel(le) par Caïn, il y aura la catastrophe de l'espace absorbé par le temps et le meurtre de Caïn par Abel(le). Mais Guénon n'est peut-être pas de cet avis, qui parle de la revanche FINALE³ d’Abel(le) sur Caïn.
¹: "Mais l'aïon du muscle fléchisseur est le chronos du muscle extenseur et réciproquement: l'aïon est l'état normal du muscle, le chronos est l'état excité." (AL, p.259)
²: C'est moi qui majuscule.
jc
20/10/2019
Si l'on considère les choses globalement, et si l'on suit Thom, leur catastrophe ontologique devient la nôtre, c'est-à-dire la catastrophe ontologique de notre société ou civilisation. Car, pour Thom, les sociétés humaines ont un psychisme analogue à celui d'un animal¹, et on connaît le besoin exploratoire des animaux qui s'éveillent après une période de sommeil, le réveil de notre civilisation occidentale, par analogie, se faisant à la Renaissance, bien nommée à ce propos.
Psychiquement le "moi" de la société toute entière se décentre vers celui d'une société imaginaire que la société désire plus qu'elle-même (l'irrésistible attrait du progrès?). Puis, la roue cosmique tournant inexorablement, ce "moi décentré" finit par se recentrer sur sa position initiale dans un cycle de quatre "catastrophes"² (les quatre âges d'un Manvantara pour une civilisation).
Bien entendu les laps de temps catastrophiques ne sont pas aussi nettement marqués que pour le cycle de prédation d'un animal affamé qui a décentré son "moi" sur une proie; car il faut que, progressivement (éventuellement sur des générations), de plus en plus de membres de la société aient l'intuition de la catastrophe à venir, jusqu'à être suffisamment nombreux pour faire basculer le statu quo.
¹: SSM, 2ème ed., p.323
²: Cf. Métaphysique expérimentale 14.1
Ni Ando
20/10/2019
Je le dirai différemment. L'être en lui même n'est pas forcément différent avant et après la transgression. Les pulsions qui l'agitent sont très probablement les mêmes depuis très longtemps, en tous les cas depuis au moins bien avant la Renaissance qui n'est jamais qu'un moment de ce que l'on appelé le Moyen âge. Ce qui fait une différence c'est effectivement la tradition, un ensemble de règles non dites tant elles semblent evidentes (ceraines desuetes mais d'autres toujours pertinentes) fondées et nourries par une très ancienne histoire, qui borde les comportements plus efficacement que le juridisme moderne. Raskolnikov a une particularité. C'est un intellectuel. A ce titre, il conceptualise et ne voit plus ce qui est vivant, ce qui est sensible. Il lui semble, en tuant, qu'il transgresse une idée alors que c'est du sensible qu'il va supprimer. Les plus grands tueurs de l'histoire politique humaine ont souvent été des intellectuels tatillons (les chefs bolcheviques sans pitié de la guerre civile russe de 1918 1922 tout comme les dignitaires nazis des années 38 45). La Raison a du mal avec le sensible. Les doctrinaires de l'église ont toujours fait une place royale à la raison, mais en dessous de la foi, qui relève plutôt du sensible. L'apogée des Lumières n'est pas vraiment celle de la raison, c'est celle de la raison qui veut éliminer le sensible, qui veut regner seule et sans concurrence. C'est Raskolnikov.
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