Ababush
08/11/2019
Il semble que le quai d'Orsay et de nombreuses administrations de l'état français soient tombés dans la soupe néo-conservatrice qu'adore le très regretté ancien chef d'état major de l'Elysée, membre du Bildelberg et désormais grand chancelier de l'ordre de la légion d'honneur, le général Benoit Puga. Et comme l'expliqua Bush père à Bush fils, les néo-conservateurs, "c'est Israel".
L'inexplicable bromance française pour le Rojava après celle pour le kurdistan Irakien, alimentée par les trémolos de BHL/Kushner et consorts et le chef d'oeuvre cinématographique de la très BHLienne Fourest, ressemble plus à une liaison sous influence qu'à une entreprise logique.
Macron, qui est nécessairement fortement influencé par tous les néo-cons qui hantent les allées du pouvoir, pense défendre les intérets français en défendant le Rojava. Et il pense s'etre fait avoir par les Turcs membres de l'OTAN, alors que la France se fait plutot avoir par Israel dont elle n'agit que comme supplétif.
Bref, cette menace "française" sur l'OTAN n'est destinée qu'à faire pression sur Trump pour qu'il n'abandonne pas le Rojava, que jamais n'abandonnerait une administration démocrate.
On peut penser que Macron agit comme un couillon dans cette affaire d'OTAN laquelle en apparence semble bien fondée (oui l'OTAN est obsolète depuis longtemps), mais n'a en fait pour ressort que l'influence néo-con (coucou Jacques Attali).
Et les néo-cons ne veulent pas que la France sorte de l'OTAN.
Bref, une probable énième tempete dans un verre d'eau venant de notre grand communicant en chef.
Alexis Toulet
07/11/2019
A noter que The Economist a publié sur la partie d'accès libre de son site la transcription intégrale de son entretien avec Macron.
Le texte est long et très riche. Je conseille d'en prendre connaissance, car que l'on soit d'accord ou pas sur un point ou sur l'autre, une chose est sûre : c'est une pensée complète sur l'état du monde et sur une possible stratégie qui s'exprime ici.
Mieux vaut aller à l'original, plutôt que d'en rester à ce que tel ou tel média ou organe de presse a pu choisir d'en glaner.
jc
07/11/2019
Dans l'approche formelle du langage c'est la syntaxe qui est l'être premier, c'est elle qui s'impose à la sémantique (la définition d'un modèle par Tarski en logique mathématique en est un exemple typique, peut-être même quasiment archétypique). (Mais dans ce cas quelle est la raison -la rationalité- qui justifie le choix d'une syntaxe plutôt qu'une autre?)
Pour Thom c'est au contraire la sémantique qui impose la syntaxe, c'est la fonction originaire du langage animal ou humain¹ (décrire ce que l'on perçoit à ceux qui ne perçoivent pas) qui lui impose son organisation, sa structure.
Dans ce conflit structure/fonction la citation thomienne qui suit ne laissera sans doute pas PhG indifférent: "Avec l'arrivée des Sophistes, de la Géométrie euclidienne, de la Logique aristotélicienne, la pensée intuitive a fait place à la pensée instrumentale, la vision directe à la technique de la preuve." (MMM, "Topologie et signification", note finale).
Thom: "La célèbre controverse académique de 1830 entre Georges Cuvier et Étienne Geoffroy Saint-Hilaire présente un intérêt théorique considérable. C'est grâce à elle que s'est posé le problème des rapports entre structure et fonction. (...) Ce dernier [Cuvier] créationniste, ne reculait pas devant la finalité (...) Geoffroy, lui, se targuait de matérialisme et refusait les causes finales." (ES, p.115)
(Cette citation est extraite du chapitre 5 intitulé "Plan général de l'organisation animale" -et Thom poursuit cette discussion structure-fonction jusqu'à la fin du chapitre-.)
Quelle est, au fond, la position de Thom dans le conflit structure/fonction? Si j'en juge par la façon dont il conçoit la structuration du langage -évoquée ci-dessus-, Thom m'apparaît "fonctionnaliste", voire lamarckien. Mais si j'en juge par la conclusion du chapitre 5 de ES je crois qu'il penche peut-être plutôt pour la position "structuraliste" de Geoffroy Saint-Hilaire.
Ma position? C'est pour moi l'occasion d'être fidèle au principe "bipolaire" édicté par Alain Bernard-Weil et que j'ai fait mien: "Il faut apprendre ou réapprendre à penser toujours d’une manière bipolaire et de ne pas céder à l’attrait d’une pensée unipolaire, branchée sur un pôle dominant -ce qu’on appelle aussi « pensée unique » de nos jours -une tentation qui fait immanquablement plonger dans l’erreur et l’impuissance. La seule excuse, c’est que presque tout le monde considère que c’est là l’enjeu de la rationalité : trouver le bon pôle."
Et PhG dans tout ça? Dans cette lutte prodigieuse, attendons le tome III de "La Grâce de l'Histoire" et voyons.
¹: Thom: "La capacité manifestée par des primates supérieurs d'acquérir quasi spontanément, dans les langages de signes qu'on leur a appris, une maîtrise des mécanismes syntaxiques (les plus grossiers, donc les plus fondamentaux) de notre langage a beaucoup surpris les théoriciens qui voyaient dans l'organisation syntaxique de nos langues un caractère spécifiquement humain. Pour ceux qui pensent comme moi que les mécanismes syntaxiques les plus fondamentaux sont des copies simulatrices (définies sur un espace abstrait) des grandes fonctions régulatrices de la biologie (prédation, rapport sexuel), la chose est moins surprenante…" (1979)
centaurea
07/11/2019
Bonjour M. Grasset,
Je vous signale qu'il y a erreur sur le prénom du prince anglais ; en effet, il s'agit d'Andrew et non d'Edward. Cette erreur a déjà été commise dans un ou des textes précédents.
Cordialement,
Alex Kara
06/11/2019
Merci beaucoup Nicolas pour ce texte très instructif !
La description des aspects militaires est ô combien évocatrice, puisqu'on est à l'époque de la "guerre en dentelles", une codification extrême des opérations militaires qui fausse en quelque sorte la nature totalement libre et imprévisible de la guerre. S'il y a bien quelque chose qui a fait "guerre à la guerre" c'est cela. https://www.universalis.fr/encyclopedie/guerre-en-dentelles/
Or s'il y a système il y a répétabilité, et donc on devient prévisible. Il faut voir le génie bonapartien aussi sous cet angle : non seulement il fait bien son travail (étant issu de l'artillerie Bonaparte préfigure la guerre de l'époque industrielle) mais il a des personnes en face de lui qui ont des rigidités intellectuelles insurmontables. Ce n'est pas seulement une rigidité de penser la chose militaire, c'est surtout qu'il s'agit de personnes qui n'ont pas l'habitude de s'adapter à la réalité puisque d'habitude la réalité doit s'adapter à eux.
Ah si vous pensiez à Karl Rove et sa capacité à modeler le réel, eh bien oui nous y voilà ! La terreur LGBT-SJW est tout aussi déconnectée de la réalité puisque tout se passe dans une sphère étanche à la réalité non seulement physique mais aussi humaine. Par exemple on apprend aujourd'hui que la système de santé britannique s'apprête à ne plus soigner les "racistes" et les "sexistes" ( https://summit.news/2019/11/05/uk-national-health-service-to-deny-treatment-to-racists-and-sexists/ ) ouvrant ainsi la porte à une révolution qui sera inéluctable par nécessité absolue et faute d'alternative. (Le Grand Bond En Avant V2.0 n'est plus très loin…)
Est-ce que, du coup, une "bonne guerre" aurait été nécessaire pour sortir les élites européennes de cette "guerre en dentelles" ? Eh bien des guerres "reality-based" il y en avait beaucoup à cette époque d'extension coloniale, sur ces nouvelles terres où fuyaient aussi les cerveaux européens. Aujourd'hui il ne reste plus de fuite possible, et one ne pourra pas faire l'économie d'une guerre ou de troubles "reality-based" en Occident.
jc
06/11/2019
Dans son article "Du règne de la quantité" daté du 06/09/19¹ PhG écrit:
"Pour mon compte et selon ce que je sais et dis du système de la communication, cela signifie, ce que je crois absolument, qu’en évoluant dans ce magasin cosmique du Règne de la Quantité on peut y trouver du matériel métaphysique pour porter des coups terribles au Règne de la Quantité. A nous de le trouver…"
Dans ce qui suit mon intention est d'apporter des arguments (thomiens bien sûr) pour tenter d'ébranler l'une des composantes essentielles du Système, à savoir le Système de la communication², par quelques précisions sur la façon dont Thom considère le langage. Je commence par rappeler quelques citations:
1. Steiner (via PhG): «Il est intéressant de signaler que Thomas Huxley, vers la fin de sa carrière, en arriva à la conclusion que le darwinisme n’avait offert aucune explication plausible des origines du phénomène du langage»
2. Thom: "Il y a une conclusion à tirer du darwinisme sur le plan de l'épistémologie. On s'est souvent posé la question de savoir si une biologie théorique est possible, qui ne soit pas, comme la physique, d'essence mathématique, mais, au contraire, purement conceptuelle. Le darwinisme offre ainsi l'exemple d'une théorie que chacun peut comprendre, raison évidente de son succès." (AL, p.605)
3. Thom: "Le développement de l'embryon est reproductible donc objet de science. La vague de l'évolution ne l'est pas."
4. Steiner (via PhG): « Le point de vue “logocratique” est beaucoup plus rare et presque par définition, ésotérique. Il radicalise le postulat de la source divine, du mystère de l’incipit, dans le langage de l’homme. Il part de l’affirmation selon laquelle le logos précède l’homme, que “l’usage” qu’il fait de ses pouvoirs numineux est toujours, dans une certaine mesure, une usurpation. Dans cette optique, l’homme n’est pas le maître de la parole, mais son serviteur. Il n’est pas propriétaire de la “maison du langage” (die Behausung der Sprache), mais un hôte mal à l’aise, voire un intrus… »
5. Thom: "(...) aucune théorie un peu profonde de l'activité linguistique ne peut se passer du continu géométrique (relativisant ainsi toutes les tentatives logicistes qui fleurissent chez les Modernes)."
6. Thom: "Selon beaucoup de philosophies, Dieu est géomètre; il serait peut-être plus logique de dire que le géomètre est Dieu." (Infini opératoire et réalité physique³, 1989)
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(À ma connaissance Guénon ne s'intéresse pas directement au langage, à la linguistique (qui jouent évidemment un rôle crucial pour la communication). C'est pour cette raison que je poste ce commentaire ici et non pas à la suite de l'article du 06/09/I9.)
Les membres d'un même groupe social -animal ou humain- communiquent entre eux par des signes. Il est naturel de penser qu'il y a au départ un arbitraire du signe et donc que le langage se constitue par apprentissage par le groupe selon le principe darwinien du hasard et de la nécessité.
PhG s'oppose très certainement à cette façon de voir les choses en voyant au contraire une intervention suprahumaine, numineuse, divine, dans la formation du langage (cf. les citations 1 et 4).
Thom également (cf. les citations 5 et 6) qui défend l'idée que c'est la géométrie qui est à l'origine à la fois de la syntaxe et de la sémantique du langage. Car il s'agit pour un individu du groupe qui perçoit une scène statique 3D ou cinématique 4D de la décrire à ceux des membres du groupe qui ne la perçoivent pas, information évidemment cruciale pour la survie du groupe (animal ou humain), détection des prédateurs et des proies oblige. Et que perçoit cet individu? Il perçoit non pas les régularités mais les singularités de la scène perçue. Thom propose ainsi une théorie géométrique du langage -du topos au logos- qui prend racine dans la théorie mathématique des singularités (et la théorie des catastrophes qui en est un avatar), la même théorie par laquelle il élabore une théorie de la biologie (cf. les citations 2 et 3). Il résume joliment ainsi la difficulté du problème posé: "(...) comment comprimer la pâte continue des phénomènes dans le moule discret des actions déjà verbalisées ? " (1968, SSM).
Je viens de découvrir un article récent de Jean Petitot³, sans doute l'un des meilleurs connaisseurs de l'oeuvre de Thom, qui commente les premiers articles de Thom concernant la biologie et la linguistique. Les dernières pages sont consacrées au langage. Quelques citations:
a. " [Thom:] “Ne peut-on admettre que les facteurs d’invariance phénoménologique qui créent chez l’observateur le sentiment de la signification proviennent de propriétés réelles des objets du monde extérieur, et manifestent la présence objective d’entités formelles liées à ces objets, et dont on dira qu’elles sont ‘porteuses de signification’ ?”
L’apport immense de Thom est d’avoir dégagé ces entités formelles. Sans elles tout l’édifice s’écroule et l’on en revient aux cercles vicieux et aux apories séculaires qui consistent à faire l’hypothèse de structures réelles et objectives sous-jacentes à la perception et au langage mais sans pouvoir hélas les décrire autrement qu’à travers la perception et le langage. Les morphologies thomiennes brisent le cercle et permettent de dépasser ces antinomies."
b. " Dans la linguistique moderne, les grammaires casuelles constituent l’un des grands paradigmes alternatifs à celui des grammaires génératives de Noam Chomsky. (...) Les théories structurales, actantielles et casuelles de la syntaxe constituent un véritable continent et Thom a été le premier mathématicien à leur offrir des outils mathématiques idoines non triviaux."
c. "Les propositions de Thom en sémio-linguistique ont été accueillies de façon mitigée par les spécialistes. Roman Jakobson, nous l’avons vu, était enthousiaste, ainsi que quelques autres linguistes comme Hans Jakob Seiler (...) ou Umberto Eco en Italie. Mais la plupart sont restés assez réservés. Nous retrouvons là le même problème qu’avec la morphogenèse biologique. Pour les spécialistes de linguistique et de sémiotique connaissant bien l’histoire, les théories et les controverses de leurs disciplines, Thom était une sorte de météorite venue d’ailleurs dont ils n’avaient aucun moyen de comprendre les mathématiques. Et d’un autre côté, les scientifiques comprenant ces mathématiques n’avaient en général aucune idée des problèmes sémio-linguistiques auxquels s’attaquait Thom. Et pourtant, de même qu’en biologie Thom s’attaquait à l’antinomie mécanisme/hylémorphisme dont nous avons vu l’épaisseur historique et philosophique, de même en sémio-linguistique les propositions de Thom étaient en profonde résonance avec certaines des plus importantes et des plus anciennes traditions."
d. "Ainsi se confirme que Thom visait bien une théorie géométrique commune à la biologie et au langage où la morphologie et la fonction côté biologie correspondent respectivement à la syntaxe et à la signification côté langage (...)"
C'est pour moi la citation d. qui met le mieux en évidence l'intérêt de la théorie géométrique thomienne car elle montre que la façon dont nous nous exprimons est indissociable de ce que nous sommes, distinguant ainsi profondément notre langage naturel des langages artificiels que nous concoctent les informaticiens et aussi, j'espère, faisant le lien avec la façon dont PhG voit la chose.
¹: https://www.dedefensa.org/article/duregne-de-la-quantite
²: https://www.dedefensa.org/article/glossairedde-technologisme-versus-communication-1
³: http://jeanpetitot.com/ArticlesPDF/Petitot_Thom_1966-1970.pdf
Alex Kara
05/11/2019
Envisageant la Restauration Tallyerand écrivait : "Avec la maison de Bourbon, la France cessait d'être gigantesque pour redevenir grande."
Or les Etats-Unis, en tant que thalassocratie, ne peuvent jamais cesser d'être gigantesques. Soit ils sont gigantesques, soit ils ne sont plus.
Une thalassocratie ne peut pas exister sans intervenir à la fois dans les affaires des territoires dont elle va s'emparer et dans les affaires de ses voisins qui sont nécessairement concurrents avant d'être ennemis. Il est touchant de lire dans le livre "SOE in France" ( https://www.amazon.fr/SOE-France-Operations-Executive-1940-1944/dp/0714655287 ) que justement les Français à Londres mais aussi les Résistants obligés de passer par le SOE se méfiaient grandement du SOE qu'ils soupçonnaient d'oeuvrer avant tout pour les intérêts britanniques. Le livbre essaie de tourner cela en ridicule mais ne réussit pas…
Si les Etats-Unis se débrassent de la CIA ça sera pour se concentrer sur d'autres systèmes d'espionnage et d'influence, et après tout pourquoi pas. La CIA c'est un peu la barbouzerie de fils à papa, ceux-là même qui se succèdent dynastiquement à la Maison Blanche ou au moins à Washington.
On en parle plus trop de la NSA en ce moment, qui justement est une agence beaucoup plus technicienne et bien moins visible. Les possibilités offertes par la technologie se traduisent nécessairement par des moyens correspondants pour la thalassocratie de notre époque. Amazon et Google en savent déjà plus sur nous que la Stasi le pouvait de ses propres ressortissants, alors une agence de renseignement…
La survie d'une thalassocratie est toujours plus binaire qu'un empire terrien (quand à la survie d'une diaspora , qui pourrait trompeusement apparaître comme l'essence même de la thalassocratie, elle est au contraire résiliente car basée sur la fuite et le havre de repli), du coup ces spasmes qui agitent le sommet du système américain sont soit des spasmes d'agonie, soit les prémisses d'un tumulte qui mettra bon ordre dans le fonctionnement de ce système qui ne sera jamais résilient et ne peut se permettre d'échouer.
jc
05/11/2019
PhG a titré son article "Métahistoire d'un mot" et non "Histoire d'un mot".
Pour moi le clivage fondamental entre la tradition et la modernité est là: origine divine, numineuse, métahistorique, suprahumaine, ontologique, structurelle, du langage, d'une part, ou origine humaine, historique, conjoncturelle, d'autre part. Querelle des universaux, réalité des choses dénommées (ante rem)par des mots ou simple convention -simple flatus vocis- servant uniquement à communiquer avec ses semblables (post rem). Processus instructif a priori de structuration du langage ou structuration sélective a posteriori, à l'usage, darwinienne. Modèle dostoïevskien¹ ou modèle kantien.
Thom et PhG ont choisi leur camp (le même, même si Thom invoque une origine géométrique du langage*, alors que PhG invoque une origine suprahumaine).
Les darwiniens et néo-darwiniens ont choisi le leur, politiquement correct. Peut-être pourraient-ils méditer ce qu'a dit Thomas Huxley (soutien inconditionnel de Darwin) à la fin de sa vie, rapporté par PhG lors de de ses dialogues avec Jean-Paul Baquiast² citant encore une fois George Steiner?:
«Il est intéressant de signaler que Thomas Huxley, vers la fin de sa carrière, en arriva à la conclusion que le darwinisme n’avait offert aucune explication plausible des origines du phénomène du langage»
Ce qui est en jeu c'est un langage dont l'homme n'est pas propriétaire contre un langage purement conventionnel que l'homme peut manipuler à sa guise.
PhG citant encore Steiner: “[Maistre] fit valoir la congruence essentielle existant entre l’état du langage, d’un côté, la santé et les fortunes du corps politique de l’autre. En particulier, il découvrit une corrélation exacte entre la décomposition nationale ou individuelle et l’affaiblissement ou l’obscurcissement du langage : ‘En effet, toute dégradation individuelle ou nationale est sur-le-champ annoncée par une dégradation rigoureusement proportionnelle dans le langage’… ”
Pour moi la dégradation du langage a été légalisée en France par décret du moderne³ Louis XI autorisant le nominalisme⁴, ouvrant ainsi la porte à la politique moderne et à ses logorrhées⁵.
¹: https://www.dedefensa.org/article/notes-sur-une-destitution-metahistorique
*: Thom: "Je suis convaincu que le langage, ce dépositaire du savoir ancestral de notre espèce, contient dans sa structure les clés de l'éternelle structure de l'Être."
²: https://www.dedefensa.org/article/dialogues-3-le-grain-de-sable-divin
³: "Louis XI semble incarner pour les romantiques à la fois le dernier roi médiéval, emblème de la tyrannie, des superstitions et de la barbarie, mais aussi le premier roi moderne, celui qui sut s’appuyer sur la bourgeoisie, classe montante, pour assurer l’unité du royaume ainsi que sa prospérité économique." https://journals.openedition.org/crm/1703
⁴: En janvier 1481, Louis XI met fin à la crise en ordonnant de ne plus sceller et clouer (pour empêcher leur lecture) « dans les collèges de l'université de Paris » "tous les livres des Nominaux" https://fr.wikipedia.org/wiki/Universaux#Au_Moyen_%C3%82ge
⁵: Comme celles du président de notre République lors du Grand Débat du début 2019 censé clore la révolte des Gilets Jaunes, ou comme les diarrhées verbales répandues en continu sur les chaînes d' "information" continue.
jc
04/11/2019
Le vol léger de Philippe Grasset le logocrate opposé au pas pesant de René Thom le topocrate. L'aviateur face au bidasse, les mots qui tombent du ciel (κατά) face aux analogies¹ qui montent de la terre (ἀνα), l'origine divine du langage opposée à l'origine géométrique (γῆ), la Jérusalem céleste face au Paradis terrestre.
Thom:
1. "(...) on peut penser qu'il y a chez Aristote une confiance implicite (et selon moi justifiée) dans la portée ontologique du langage naturel." (ES, p. 249)
2. "(...) dès qu'on reconnaît aux autres l'existence, qu'on accepte de dialoguer avec eux, on s'engage ontologiquement. Pourquoi ne pas accepter alors les entités que nous suggère le langage. Quitte à contrôler les hypostases abusives, c'est la seule manière d'apporter au monde une certaine intelligibilité. Seule une métaphysique réaliste peut redonner du sens au monde." (ES, p.225, fin de la conclusion)
3. "(...) aucune théorie un peu profonde de l'activité linguistique ne peut se passer du continu géométrique (relativisant ainsi toutes les tentatives logicistes qui fleurissent chez les Modernes)."
4. "Selon beaucoup de philosophies, Dieu est géomètre; il serait peut-être plus logique de dire que le géomètre est Dieu." (Infini opératoire et réalité physique³, 1989)
¹: La théorie thomienne des catastrophes (théorie topocratique du logos (cf. la citation 3. ) est une théorie de l'analogie.
²: Cf. le dernier chapitre de "Le règne…"
³: Je n'ai pas lu l'article.
jc
04/11/2019
Guénon commence ainsi le chapitre XXIV de "Le.règne…":
"(...) nous devons distinguer deux tendances qui s’expriment par des termes en apparence antinomiques : d’une part, la tendance vers
ce que nous avons appelé la « solidification » du monde, dont nous avons surtout parlé jusqu’ici, et, d’autre part, la tendance vers sa dissolution, dont il nous reste encore à préciser l’action, car il ne faut pas oublier que toute fin se présente forcément, en définitive, comme une dissolution du manifesté comme tel."
Le dissolvant -le corrupteur, l'entropisant- pas seulement de Boeing mais aussi de l'américanisme¹- c'est bien entendu la financiarisation, le fait que la finalité actuellement imposée au monde par les USA soit de "gagner de l'argent", c'est-à-dire, directement ou non, de courir derrière la monnaie de singe qu'est le dollar.
Le solidifiant, plus précisément le rigidifiant, c'est la normalisation et la légifération tous azimuths (pour Boeing la FAA), avec l'extraordinaire accélération permise par la montée en puissance des machines électroniques. Mais toute rigidification s'expose à des fissurations: cf. le chapitre XXV, "Les fissures de la Grande Muraille", de "Le règne…".
Pour moi la solidification correspond au début du cycle -âges d'or et d'argent -valant pour les civilisations comme pour Boeing-, âges pendant lesquels le Verbe -le projet- se fait chair -prend corps- (symboliquement la sphère se structure en cube) alors que la fin du cycle -âges de bronze et de fer- est une rigidification avec la prolifération d'artefacts dont la raison d'être est de tenter de contrecarrer l'inéluctable dissolution.
Thom: "Il est typique de voir que la cellule immortelle, la cellule prokaryote, comme disent les biologistes, la cellule qui vit par elle-même, en principe ne fabrique pas d'artefacts. En tous cas je ne vois pas ce qui pourrait jouer le rôle d'un artefact dans la physiologie d'une cellule. Et de même tous ses instruments, ses outils, ses organes sont tous réversibles. On peut se demander de ce point de vue si l'apparition de l'artefact n'est pas quelque chose qui est fondamentalement lié au caractère multicellulaire, au caractère composé des organismes, et si donc cette prolifération des artefacts n'est pas le premier symptôme de la mort."
citation qui pourrait donner matière à réflexion aux "progressistes"...
Sic transit gloria mundi?
¹: PhG: "Ainsi Boeing ressemble-t-il à une usine à gaz en train de tomber en ruines, et de cette façon ressemble si fortement et justement au Pentagone lui-même, aux forces militaires US elles-mêmes, à l’économie américaniste elle-même, à l’Amérique américaniste et ex-impériale elle-même…"
André Vogel
04/11/2019
La chine tente , avec un succès certain, de nous surpasser dans nos domaines de prédilection.
Je conviens avec vous de l'effet déstabilisateur de la chose sur nos élites, nos politiciens véreux ou non.
Toujours est-il que le réveil de ce vieux dinosaure par le communisme, qui reste une idéologie occidentale; ne fait pas d'elle un hydre invincible.
Il me semble que nos peuples, en occident, sont devenus fénéants, intélectuellement faibles, d'une médiocrité assumée et lassive.
Cela n'en font pas des prises faciles, et de loin…
Si le capitalisme a fini par ejecter les culs de bénitié de toutes confession, surtout chrétiens et juifs; nos peuples ont prouvé de par l'histoire une résistance culturelle remarquable.
Il est vrai qu'à ce jour nos élites sont bien pauvres: intélectuellement médiocres et moralement très faibles.
La matrice de nos nation reste les hommes qui la compose et celle-ci grandit actuellement par des apport étranger rapides dont les concéquences ne sont pas connues.
Nous avons connu des périodes similaires , que ce soit aux USA ou dans nos pays Européens.
Les USA ont assurément acquis leur égémonie mondiale grace à l'apport de peuplements européens surtout; mais aussi africains, asiatiques, sud-américains.
Les nations européennes quant a elles ne se sont jamais relevées du chaos des deux guerres mondiales causées par leurs rivalités intestines.
Cela suffira-t-il pour voir l'avènement d'un empire Chinois?
Le veulent-ils seulement?
Le désir de maîtriser son territoir et les marches de celui-ci doit-il nécessairement passer par l'égémonie mondiale?
Nous devons apprendre à nous connaître , nous respecter et avancer ensemble vers un futur plus humain.
André Vogel
03/11/2019
Bonsoir,
vos conclusions sont très proches des miennes depuis quelques semaines.
Toutefois, il faut comprendre que le plus grave dans cette affaire n'est pas la chutte de Boeing, mais surtout la destruction totale de la crédibilité de la FAA.
Toute la suprématie de l'aviation civile Américaine repose sur l'immense poids qu'avait cet organisme au niveau mondial, lorqu'il sagissait de crédibiliser un aéronef de transport civil.
Ils ont coulé Concorde et auraient pu en faire autant avec Airbus s'ils n'avaient pas méprisé l'entreprise à ses début.
Cette époque est définitivement révolue.
Nous allons probablement assister à la destruction complète de l'emprise régulatrice et normative de la FAA dans le monde de l'aéronautique.
EricRobertMarcel Basillais
02/11/2019
Idéologie assumée donc, et tanpis pour Guénon et le Règne de la Quantité.
Mais Haine de l'Aryen en prime… On croirait du Attali…
Alex Kara
31/10/2019
Ce dont il n'est pas fait mention ici, c'est l'importance de la communauté turque en Allemagne (de l'Ouest, essentiellement), qui ne porte pas les Kurdes dans son coeur.
Toute opération militaire pour soutenir des Kurdes aurait mécaniquement des conséquences sur la situation politique voire ethnique intérieure de l'Allemagne, et là on ne parle pas de 1% de Juifs dans la population allemande pré-1939, mais d'une proportion au moins dix fois plus grande, surtout dans les classes d'âge encore en mesure de se battre.
Qui aurait pu se douter que les peuples locaux que les ingénieurs ferroviaires allemands découvraient en 1903 lorsque commencèrent les travaux de la Bagdadbahn ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Chemin_de_fer_Berlin-Bagdad ) auraient un jour un impact si grand (et peut-être décisif, si l'on évoque la possibilité d'un effondrement) sur l'avenir du peuple allemand ?
alain pucciarelli
31/10/2019
Il serait sans doute dangereux de ne pas voir qu'au-delà des circonstances actuelles, (dénatalité, UE, mainmise US sur le continent européen), la folie germanique n'attend qu'une occasion pour surgir à nouveau. Certains outre Rhin rêvent à présent ouvertement de renouer avec des ambitions folles qui ont à plusieurs reprises conduit l'Allemagne (et la France!) au désastre. C'est la rançon de la puissance économique, que la France a largement favorisée par ses abandons successifs. Contrairement à ce que racontent les discours bobos dont nous sommes abreuvés, le XXe siècle n'est pas mort, et les ambitions nationales non plus, notamment en Allemagne. Il serait temps de clors la sinistre aventure UE et de rendre à la France ses ambitions et sa puissance. On risque d'en avoir besoin, ne serait-ce que pour éviter un nouveau désastre. Les élites allemandes changeront-elles un jour?
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