jc
15/10/2019
Pour moi Hegel et Guénon sont deux métaphysiciens résolument anti-matérialistes. Hegel étant qualifié d'idéaliste par la communauté philosophique je qualifie Guénon de même. Ce qui différencie leur façon d'appréhender l'histoire c'est leur différence d'appréhender le temps: temps temporel, dynamique, progressiste, pour Hegel, temps intemporel, pseudo-statique, cyclique, pour Guénon. Conflit entre la force¹ (Hegel) et la forme (Guénon) (et par extension, selon moi, conflit entre le yang et le yin).
J'ai reparcouru le thomien "L'art: lieu du conflit des formes et des forces?" (AL) avec cette idée en tête. Je cite un extrait du début de l'article pour montrer que l'opinion de Thom a évolué d'une attitude foncièrement pseudo-statique vers une attitude plus dynamique, plus progressiste:
Thom: "Dans "Paraboles et catastrophes [1989] j'écrivais: il n'y a aucune raison de penser que la force ait en principe un statut ontologique plus profond que celui de la forme. En général, si on a attribué à la force un statut ontologique plus profond que celui de la forme, cela est sans doute dû à une sorte d'anthropomorphisme ingénu qui dérive du fait que nous agissons sur les objets extérieurs par l'intermédiaire des forces que nous leur appliquons avec l'aide de nos muscles.
Peut-être serais-je moins certain de cette antériorité des formes sur les forces. Déjà, au dernier chapitre de "Paraboles et catastrophes", avec l'introduction des concepts de saillance et de prégnance, apparaît l'inéluctabilité des pulsions, donc des forces. Toujours est-il que cette question de l'antériorité relative de l'une sur l'autre est l'une des fractures essentielles qui traversent l'histoire de la philosophia perennis.
La forme est une entité visible, mais en principe, statique. La force, elle, est une entité invisible qui produit, parfois, des effets dynamiques et visibles: ainsi la force est-elle liée de manière essentielle à la causalité et à l'irréversibilité du temps."
¹: "Hegel conçoit la dialectique comme l'enchaînement des contradictions qui engendrent l'histoire de l'humanité : celle-ci est une suite logique de forces qui se combattent pour en faire surgir de plus grandes." https://fr.wikipedia.org/wiki/Mat%C3%A9rialisme_dialectique#Influence_initiale_de_Hegel
Jack V.
15/10/2019
On s'interroge à la RAND. Faudra-t-il quémander un accord de non-prolifération aux Russes et aux Chinois ? https://www.youtube.com/watch?v=GjT-LMgQW44
EricRobertMarcel Basillais
15/10/2019
Dans cette chronique cinématographique, nombre de termes Chrétiens sont inversés pour décrire. ce n'est pas un hasard…
A la fin du texte, le PDF proposé est un résumé de la pensée de M. GIRARD : rivalité mimétique contagieuse débouchant sur un meurtre puis la couverture de ce meurtre par une intention sacrée (sacrifice).
Cette approche cesse d'être valide il y a 2000 ans, avec le Sacrifice du Golgotha et sa répétition sacrée pendant les messes du Christianisme (Eucharistie). Car, dans la religion chrétienne, la personne sacrifiée sur la Croix, Jésus, est reconnue, non seulement comme le Messie prophétisé aux Hébreux (affaire locale), mais comme une incarnation, un Avatar d'une des 3 têtes de Dieu (Trinité).
Outre les conséquences catastrophiques impardonnables pour les Fils de l'Alliance ( affaire locale), la conséquence universelle est qu'à la Messe, on sacrifie toujours Dieu à Dieu, et sous forme d'Avatar végétal donc matérielleent non sanglant.
Ainsi la rivalité mimétique, non seulement perd son Bouc-émissaire concret mais se trouvepar ailleurs désarmée, inversée par le processus mimétique du pardon réciproque, condition sine qua non, du Pardon divin, inhérent au rite en question, et désormais seul objet de rivalité mimétique.
Dès lors, GIRARD décrit un classique de l'ère pré-Chrétienne. Mais il est en retard .... car le Christianisme retourne la rivalité mimétique ...depuis 2000 ans !
Bien sûr, on fera remarquer que le monde moderne est une REGRESSION sur le plan Théologique (parfois sous couvert de Philosophie) et que GIRARD redevient d'actualité. Et on aura raison, certes !
Mais alors il suffit d'inverser l'inversion , autrement dit de rallier l'Evangile ... Cela a l'air simple… et pourtant…
patrice sanchez
15/10/2019
à l'insu de leurs plein gré, la fabrique de l'info foireuse, AVEC EMPREINTES DIGITALES 100 P 100 authentiques qu'ils nous serinaient et la cohorte de commentateurs et écrivaillons accourus ventre à terre pour être remis sous les projecteurs merdiatiques, susceptible de sidérer le zombie spectateur 48 heures d'affilée avec le retour de Fantomas de Ligonesse !
Avec cette première, le journalisme de basse fosse septique a encore de beaux jours devant lui…
jc
14/10/2019
Hegel et Guénon à propos de l'article Wikipédia sur "Le règne…" et du dernier chapitre "Notion métaphysique de la liberté" de "Les états multiples de l'Être".
Au début de l'article Wikipédia¹ est rappelée la conception guénonienne de l'histoire:
"Pour Guénon, l'histoire n'est que le reflet d'un vaste processus cosmique prenant lui-même sa source dans la dimension métaphysique, intemporelle. En conséquence, l'histoire en tant que science découle de la doctrine métaphysique. Dans la perspective traditionnelle, le temps demeure une notion purement contingente du monde manifesté et ne tire sa réalité que de principes immuables. Il a été souligné par plusieurs auteurs, qu'une telle conception de l'histoire s'oppose diamétralement à celle d'Hegel qui enferme, au contraire, sa métaphysique dans la sphère du temporel."
Je ne suis qu'un métaphysicien béotien autodidacte n'ayant rien lu directement de Hegel et commençant juste à lire Guénon dans le texte. Mais je trouve que l'opposition diamétrale entre les deux approches appelle pavloviennement une synthèse "à la Hegel" ou "à la Guénon", ce que suggère d'ailleurs la suite du texte:
"Plus précisément, comme l'explique Georges Vallin, dans la pensée de Hegel, le mystère intemporel de la non-dualité, de la « coïncidence des opposés », que l'on trouve chez Guénon, est remplacé par « une dialectique temporelle de la thèse et de l'antithèse ». Pour Vallin, cet enfermement dans le temps de la condition humaine en opposition à la « perspective métaphysique » de Guénon se poursuivit avec le Martin Heidegger d'Être et Temps."
De ce que j'ai lu à propos de Hegel je ne suis pas du tout convaincu que sa conception du temps soit celle du "temps de la condition humaine", conception qui me semble plutôt être celle de Marx et Engels². Les reproches formulés à suivre:
"Pour Guénon, un tel enfermement de l'histoire dans le temps coupé de toute réalité transcendante prend une dimension satanique qui explique la chute du monde moderne : comme l'écrit Jean-Pierre Laurant, « l'histoire affirmant son autonomie [dans la sphère du temporel] et la liberté de l'homme dans une création continue faite par lui » devient, pour Guénon, « le Mal [qui désormais devient] le véritable moteur de l'histoire»."
s'adressent ainsi, selon moi, beaucoup plus aux matérialistes dialectiques qu'à Hegel.
D'autre part, concernant le dernier chapitre de "Les états…", Guénon comme Hegel sont confrontés au même problème de la double négation et me semblent le résoudre de la même façon, le temps ou l'intemporalité n'ayant rien à voir dans l'affaire.
Métaphoriquement peut-être (pas tant que ça) je vois le temps intemporel oriental comme un temps topocratique, et le temps linéaire occidental comme un temps logocratique (toute prose -mais pas tout chant- a un commencement et une fin).
En tant que matheux je vois le temps intemporel (moyen ou extrême oriental) comme le compactifié de Bohr² de la droite réelle qui modélise classiquement le temps linéaire des occidentaux (dont Hegel?) (autrement dit le temps intemporel est inéluctablement lié -adhère, disent les matheux- au temps temporel.
En tant que thomien le problème de la double négation -sur lequel Lacan s'est longtemps penché dans sa période "formelle" avec ses formules de la sexuation- s'évanouit en considérant des modes de pensée non plus formels mais géométriques.
¹: https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_R%C3%A8gne_de_la_Quantit%C3%A9_et_les_Signes_des_Temps
²: - " La pensée matérialiste de Marx et Engels s'approprierait la « forme » de la dialectique de Hegel, mais en la dépouillant de son « idéalisme » : alors que la dialectique hégélienne consistait en une dialectique de la pure pensée, Marx et Engels aspirent à une connaissance scientifique de la réalité, leur conception de la dialectique devant représenter le mouvement du réel dans son développement immanent."
- "Dérivée de l'œuvre de Georg Wilhelm Friedrich Hegel, la philosophie marxiste est à la fois une stricte application de la méthode de ce dernier, et une réaction radicale contre la pensée hégélienne." https://fr.wikipedia.org/wiki/Mat%C3%A9rialisme_dialectique#Influence_initiale_de_Hegel
³: https://en.wikipedia.org/wiki/Bohr_compactification
Alex Kara
14/10/2019
Ce qui est très remarquable, et dont il n'a pas été fait mention à ma connaissance, c'est que la planification post-nucléaire est vraiment très proche d'une planification post-effondrement.
Des archéologues ont pu parler de Rome comme d'un “trou noir démographique” (on y vient pour mourir), sans doute les grandes villes occidentales y sont comparables, puisque, même si l'on met beaucoup plus de temps à périr, on n'enfante pas pour autant de remplaçants. Soit on y meurt sans descendance, soit les enfants qui s'y font appartiennent à une race extraterrestre, englués dans leurs écrans et notés aux smileys (authentique). Tout cela n'est pas très résilient.
Il faut absolument consacrer vingt secondes à regarder cette vidéo sur l'Effondrement de l'Âge du Bronze Tardif depuis le repère temporel déjà inclu dans le lien : https://www.youtube.com/watch?v=QMBM1qazAXE&t=170s
On les voit bien, les missiles hypersoniques et les Armata robotisés de l'époque : ce sont les chariots de guerre, avec une empreinte logistique énorme et un nombre réduit d'experts. Non seulement cela ne sert à rien dans le cadre d'émeutes urbaines, mais cela cesse de fonctionner aussitôt que les problèmes commençent. Tiens d'ailleurs, combien d'experts vitaux pour la défense du territoire prennent chaque jour le RER ou le périph' pour se rendre à l'Hexagone / ministère des armées au sud de Paris ?
Les Etats-continents comme les Etats-Unis ou la Russie sont en fait très résilients à l'effondrement, une grande partie de leur territoire est faiblement peuplée. L'Europe très densément peuplée ou la Chine côtière, c'est une autre histoire (quant au Japon : ... )
Du coup on peut s'attendre à ce que les Etats-Unis continuent à produire des Bradleys déféctueux et obsolètes simplement par inertie, mais il faut saluer les efforts de Trump pour fermer certains théâtres d'opérations, comme la Syrie en ce moment, qui justifient cette production et alimentent le gâchis.
Alex Kara
14/10/2019
Bien que je sois, comme tout le monde, navré par le fétichisme étatsunien pour la force et leur quincaillerie obsolète, il ne faut pas nous laisser aveugler : les Etats-Unis sont, à nouveau, en train de changer leur doctrine militaire.
Cet article illustre bien que l'équipement des forces US était une question d'économie domestique ainsi que de politique intérieures. Cette course aux modules “ game-changer-absolument-indispensable” qui se greffent sur la carcasse de tous leurs appareils militaires est donc surtout un moyen de garantir des voix et la survie de petites villes de Chattanooga à Kalamazoo, finalement un peu comme le complexe militaro-industriel soviétique…
Bon Fred Reed sait ce qui plaît aux rédactions russes et souligne que les militaires étatsuniens sont des poules mouillées, obèses, incapables de gagner une guerre contre des va-nus-pieds analphabètes. Ainsi l'article est publié et occulte complètement le fait que les Etats-Unis, comme toute thalassocratie qui se respecte, fait grand usage des ressources locales et donc des supplétifs.
En Syrie, ces supplétifs, mentalement reprogrammés par les sous-traitants pétromonarchiques, ont mobilisé quasiment toutes les capacités de projection russes ET AUSSI l'essentiel des capacités de projection iraniennes directes et indirectes (Hezbollah) pendant quatre ans, ce qui n'est pas rien. Bon d'accord en face il y avait des techniciens occidentaux pour les armements compliqués, mais tout de même.
Ma thèse a toujours été que Trump a été élu pour essayer de préparer son pays à la très grave crise mondiale qui se profile à l'horizon, et que dde désigne fort justement sous le terme “effondrement final”. L'essentiel de la population étatsunienne est impropre à beaucoup de choses, car c'est un pays avec une logique latifundiaire, et c'est d'ailleurs ce qu'une partie des Républicains reprochent aux Démocrates : gérer les villes, les quartiers populaires et les ghettos comme des plantations d'esclaves.
Si Fred Reed aime bien les hommes taillés comme des bûcherons (ah écoutez c'est lui qui a choisi d'associer sexualité et chose militaire) c'est qu'il les oppose aux gens décadents des villes et sa racaille, comme tout chroniqueur de l'effondrement de l'empire romain d'Occident qui oublie qu'il y a eu un autre empire romain qui a survécu mille ans de plus…
Il faudrait donc sortir la tête du matérialisme, aller plus loin que les questions de matériel et d'hommes, et cesser enfin de rejouer la Bataille de Koursk dans sa tête comme on n'a cessé de le faire pendant toute la Guerre Froide.
Tout d'abord le développement de l'arme atomique et de ses vecteurs étaient la vraie priorité militaire. Depuis 1945 ? Non bien sûr, depuis bien avant ! L'arme atomique a rendue la guerre entre puissances du Premier Monde (dans lequel il faut inclure la Russie et la Chine) non seulement impossible mais sans objet. A quoi bon gagner une bataille de chars (même sans tricher à coup de bombes de champ de bataille…) si on ne peut pas exploiter le succès, sous peine d'escalade nucléaire ?
C'est pourquoi tous les conflits impliquants une nation du Premier Monde depuis maintenant 80 ans, c'est-à-dire quasiment un siècle, ont été des conflits livrés contre des supplétifs locaux. Ce n'est pas sympa de traiter le Viet-Minh de supplétif mais voilà, il se trouve qu'il a vaincu une puissance du Premier Monde.
jc
14/10/2019
Le PFMT (Principe Fondamental de la Métaphysique Thomienne) encourage les analogies et l'intelligence "à la Thom" qui est de systématiquement tenter de se mettre dans la peau des choses, c'est-à-dire d'anthropomorphiser sa pensée (ce que Guénon refuse absolument), en particulier de la sexuer. Ce qui suit tente de répondre à la question suivante: quel sexe attribuer à un logocrate et à un topocrate?
Mon intuition première, récemment perturbée¹, est que la logocratie est masculine et la topocratie féminine. Je développe.
Pour moi un logocrate est un musicien des formes sonores, des mots, le substrat avec lequel il travaille étant la quantité discrète, discontinue, quantité qu'il s'agit de qualifier, c'est-à-dire quantité à laquelle il s'agit de donner un sens. Un texte tapé à la machine par un singe a peu de chances d'avoir un sens, et un texte syntaxiquement correct n'en a pas nécessairement un (pour Thom le problème du sens précède celui de la vérité¹). Pour moi Philippe Grasset est indéniablement un logocrate: "Il suffit d’un mot, d’une phrase, d’une citation à placer en tête, (...) et toujours, à l’arrivée, il y avait un sens, une forte signification, le texte était devenu être en soi (...)² "; je le compare à un musicien compositeur auquel il suffit d'un thème de quelques notes (do, mi, sol, do) pour écrire toute une symphonie. Cette comparaison permet de faire le lien avec le règne de la quantité discrète (qui s'identifie pour Guénon pratiquement avec le règne du nombre): 1 (unisson), 1/2 (octave), 2/3 (quinte), 3/4 (quarte). Dualement un topocrate est pour moi un musicien des formes visuelles, des images, en lien, cette fois, avec le règne de la quantité continue.
Mon intuition première vient essentiellement de deux sources. La première est la lecture des chapitres XXI "Caïn et Abel" et XXIII "Le temps changé en espace" de "Le règne…" et l'intuition que Abel, le nomade, le spatial, est en fait Abelle, une femme (Caïn, le sédentaire, le temporel, étant bien entendu un homme). La seconde est la citation thomienne suivante qui féminise les topocrates en qualifiant les topologues de yin (et, a contrario, qui masculinise les logocrates en qualifiant les algébristes de yang):
Thom: "(...) il y a une certaine opposition entre géométrie et algèbre. Le matériau fondamental de la géométrie, de la topologie, c'est le continu géométrique ; étendue pure, instructurée, c'est une notion « mystique » par excellence. L'algèbre, au contraire, témoigne d'une attitude opératoire fondamentalement « diaïrétique ». Les topologues sont les enfants de la nuit ; les algébristes, eux, manient le couteau de la rigueur dans une parfaite clarté. (1978)
(On pourra alors méditer les citations thomiennes suivantes:
- "Pour moi, la mathématique, c'est la conquête du continu par le discret." (1977) (L'inverse pour Grothendieck?)
- "Pour moi, l'aporie fondamentale de la mathématique est bien dans l'opposition discret-continu. Et cette aporie domine en même temps toute
la pensée." (1991) )
Remarque finale.
J'ai classé ainsi les quatre âges du Manvantara; or (yin-yin,4), argent (yin-yang, 2), bronze (yang-yin, 2), fer (yang-yang) pour une durée totale de 9 (4+2+2+1) au lieu du traditionnel 10 (4+3+2+1). Pour moi la charnière âge d'argent/âge de bronze coïncide avec la meurtre d'Abelle par Caïn, et symbolise la prise de pouvoir par les hommes. L'heure de la vengeance d'Abelle sur Caïn est-elle en train de sonner?
Guénon: "Ainsi un « retournement » s’opère en dernier lieu contre le temps et au profit de l’espace : au moment même où le temps semblait achever de dévorer l’espace, c’est au contraire l’espace qui absorbe le temps ; et c’est là, pourrait-on dire en se référant au sens cosmologique du symbolisme biblique, la revanche finale d’Abel sur Caïn."
Épilogue.
Selon Platon et de nombreux philosophes, "Dieu, toujours, fait de la géométrie". Ne serait-ce pas plutôt: "Dieu, toujours, fait de l'arithmétique" (rendant ainsi grâce au pythagoricien "Tout est Nombre") et "Déesse, toujours, fait de la géométrie"? Au fronton de l'Académie: "Que nul n'entre ici s'il n'est arithméticien et géomètre"?
¹: https://perso.imcce.fr/alain-chenciner/Vrai_faux_insignifiant.pdf
²: https://www.dedefensa.org/article/le-desenchantement-de-dieu
jc
13/10/2019
De la logocratie à la topocratie, de la succession des mots à la succession des formes, des automatismes de l'audition aux automatismes de la vision, du point de vue "classique en Occident" au point de vue thomien (en ce sens du SC et PC au SI et PI).
Thom: "Un des problèmes centraux posés à l'esprit humain est le problème des la succession des formes." (SSM, première phrase)
Thom: "Mais qu'est donc l'objet de cette Sémiophysique? La Sémiophysique concerne d'abord la recherche des formes signifiantes; elle vise à constituer une théorie générale de l'intelligibilité. Le problème est en fait quasi expérimental. placez un sujet dans une cabine de cinéma, et projetez-lui un film représentant une morphologie abstraite en évolution. Demandez au sujet si ce qu'il voit à un sens pour lui et, dans ce cas, demandez-lui de le décrire. L'hypothèse ici présentée est que seules certaines configurations d'éléments font réellement sens, et peuvent servir de base à une construction intelligible, susceptible d'être linguistiquement décrite (...)" (ES, Préambule)
Thom est convaincu de la supériorité de l'approche topocratique sur l'approche logocratique:
Thom: "Malgré son caractère non quantitatif, qui a suscité la dérision des scientifiques professionnels [SC!], il [le modèle de Zeeman de l'agressivité du chien] a l'avantage inestimable de montrer ce qui fait la supériorité d'un modèle géométrique sur une construction conceptuelle." (AL, Envoi)
Thom: "L'ambition ultime de la théorie des catastrophes est d'abolir la distinction langage mathématique-langage naturel qui sévit en science depuis la coupure galiléenne. (...) Une modélisation géométrique de la pensée verbale ordinaire n'aura d'intérêt que si l'on peut, grâce à elle, aboutir à des assertions que ne permet pas de fournir la logique usuelle du langage naturel. Cela suppose qu'on puisse:
1) modéliser géométriquement toutes les déductions (rigoureuses) de la pensée ordinaire. Autrement dit réaliser le rêve leibnizien de la "caractéristique universelle";
2) aller au delà.
La partie 1 de ce programme "énorme" n'étant pas réalisée (et de loin), il est sans doute prématuré de considérer la partie 2. J'ai cependant rencontré des propositions à caractère "translogique" fournies par le modèle géométrique et que rejetait le bon sens ordinaire. ainsi de l'assertion "le prédateur affamé est sa propre proiz", qui, selon moi, est à la base de l'embryologie animale." (AL, p.409)
Je pense que nos contemporains, dans leur immense majorité, argumentent avec des mots pour tenter de convaincre, rhétorisent (moi entre autres mais aussi Guénon) -voire sophistisent- parce que c'est comme ça que ça se fait, c'est l'usage, c'est SC et PC.
Restent les véritables logocrates, les Obélix de la chose ...
PhG¹: "Il suffit d’un mot, d’une phrase, d’une citation à placer en tête, la chose inspiratrice qui ouvre la voie et là-dessus se déroule le texte, à son rythme, entièrement structuré, avec sa signification déjà en forme et en place. Je n’ai rien vu venir et j’ignore où je vais, mais j’ai toujours écrit d’une main ferme et sans hésiter… et toujours, à l’arrivée, il y avait un sens, une forte signification, le texte était devenu être en soi… C’était un instant de bonheur fou."
PhG¹: "Je ne crois pas une seconde (...) que les mots et les phrases qui naissent de-ci de-là, de ma plume, je ne crois pas que tout cela soit de moi ; cela m’est un don, c’est-à-dire quelque chose que l’on voulut bien me donner pour que j’en fasse le message"
PhG²: "(On doit comprendre que l’expression “forces supra-humaines” est volontairement vague, imprécise, etc. Vous pourriez mettre à la place “l’Unité originelle”, “Dieu”, etc., les concepts précis ne manquent pas. Je ne le fais pas pour éviter le plus possible des polémiques terrestres tout aussi précises attachées à ces termes, dont je n’ai que faire, sachant d’une part leur évidente insolubilité, d’autre part leur fonction habituelle de déclencheuse de “chasse aux sorcières” dont je me passe aisément, – pas de temps à perdre à cet égard.)"
À mes yeux PhG n'est évidemment ni PC ni SC.
¹: https://www.dedefensa.org/article/le-desenchantement-de-dieu
²: https://www.dedefensa.org/article/ma-foi-du-charbonnier
jc
13/10/2019
Il ne s'agit pas ici de principes métaphysiques thomiens, mais de la façon dont Thom fait de la métaphysique. Ce qui suit est un prolongement de la quatrième et dernière remarque préliminaire du .3, censé montrer en quoi la façon de Thom diffère fondamentalement profondément de celle de Guénon. Ce qui suit ne concerne pas a priori les intuitions de Guénon et de Thom, mais la différence des façons qu'ils ont chacun detenter de convaincre.
Thom a une façon morpho-logique de voir le monde (STI, Scientifiquement Très Incorrecte) à laquelle il subordonne sa propre logique¹. Cette façon le conduit à rejeter dans l'organon d'Aristote les principes d'identité et de non-contradiction et donc les notions de vérité et de fausseté:
Thom: "(...) le problème important -en matière de philosophie du langage- n'est pas celui de la vérité² (affaire d'accident, Sumbebèkos dirait Aristote), mais bien celui de l'acceptabilité sémantique, qui définit le monde des "possibles", lequel contient le sous-ensemble (éminemment variable) du réel. On ne cherchera pas à fonder la Géométrie dans la Logique, mais bien au contraire on regardera la logique comme une activité dérivée (et somme toute bien secondaire dans l'histoire de l'esprit humain), une rhétorique." (ES, p.16)
Ce qui précède montre que le thomien que j'essaye d'être considère comme rhétoriques les arguments développés par Guénon dans le dernier chapitre de "Les états multiples de l'Être". Cela ne remet pas nécessairement en cause, je le répète, les intuitions de Guénon, comme le montre l'envoi du chapitre, à mettre en regard de la citation thomienne ci-dessus:
Guénon: "Pour prouver métaphysiquement la liberté, il suffit, sans s’embarrasser de tous les arguments philosophiques ordinaires, d’établir qu’elle est une possibilité, puisque le possible et le réel sont métaphysiquement identiques."
¹: Logique qui est pour Thom une embryo-logique: "La classe engendre ses prédicats, comme le germe engendre les organes de l'animal. Il ne fait guère de doute (à mes yeux) que c'est là l'unique manière de théoriser ce qu'est la Logique naturelle."
²: Thom: "Ce qui limite le vrai, ce n'est pas le faux, c'est l'insignifiant."
jc
12/10/2019
Je termine le 17(.0) par:
"Remarque finale: Guénon termine "Les états multiples de l'Être" par "une « preuve » métaphysique de la liberté"⁵. Il me semble intéressant de confronter son point de vue avec celui de Thom." ,
avec référence à l'article de Wikipédia (⁵) qui consacre une vingtaine de lignes à commenter ce seul chapitre.
Je ne peux m'empêcher de mettre en regard quelques citations de Thom à ce sujet, avec l'espoir que les guénoniens vérifient que, sur ce point, Thom est digne de reprendre le flambeau de la Tradition tenu un temps par Guénon.
Remarques préliminaires.
1. En parcourant le chapitre en grand zig-zag, j'ai constaté que Guénon ne cite pratiquement personne autre que la Tradition et lui-même (seule est citée "La voie métaphysique" d'un certain Matgioi) et qu'il travaille "de première main" (comme Grothendieck et Philippe Grasset¹) alors que l'opposition liberté/déterminisme a fait couler beaucoup d'encre au bout des plumes les plus prestigieuses.
2. En parcourant très rapidement https://listephilo.pagesperso-orange.fr/liberte.html , le premier site à se présenter pour moi à ce sujet sur la toile, j'ai noté la position de Karl Popper, dont George Soros était disciple², et son "L'Univers irrésolu. Plaidoyer pour l'indéterminisme " que je prends aussitôt, sans en avoir lu une ligne, comme la position du Système (pas de liberté sans l'indéterminisme et tous ses avatars, néo-darwinisme en tête, thermodynamique statistique, thermocratie "à la Gilles Châtelet" et mécanique quantique "interprétation de Copenhague" pas très loin derrière).
3. Ii y a eu à la fin des années 1970 une virulente querelle entre scientifiques à propos du déterminisme, opposant Thom (tenant du déterminisme) à Prigogine (entre autres) tenant de l'indéterminisme. Le médiatique Paul Jorion (PC et SC à donf) relate cette querelle dans un article de son blog³. (On y remarquera le "le camp défendu par René Thom, et peut-être Petitot", sachant que Petitot est certainement le meilleur connaisseur (français et peut-être mondial) de l'oeuvre de Thom et qu'il (Petitot) se considère aronien, hayekien et popperien -mais pas thomien!-.)
4. Cette remarque a, selon moi, un caractère beaucoup plus "profond" que les précédentes. Elle justifie ma lecture "en zig-zag" du chapitre et mon scepticisme sur la "preuve" métaphysique "formelle" de la liberté proposée par Guénon (sans remettre en question l'intuition qu'il a de la réponse!). Ce scepticisme est dû à l'approche morpho-logique de Thom, approche qui conduit à refuser la logique de l'organon d'Aristote, et en particulier les principes de non-contradiction et d'identité (et qui conduit à se méfier de l'emploi inconsidéré de la négation!):
"La T.C. [Théorie des Catastrophes] offre donc la possibilité (étendue) de transgresser le principe d'identité (quitte évidemment à réaliser ces transgressions dans des situations bien contrôlées)." (1978)
"Dans cette confiance [platonicienne] en l'existence d'un univers idéal, le mathématicien ne s'inquiétera pas outre mesure des limites des procédés formels, il pourra oublier le problème de la non-contradiction." (AL, p.561)
Citations thomiennes:
- "Si un processus physique nous apparaît comme non-déterministe, c’est parce qu’on le représente dans un espace inadéquat: il faut alors ajouter des dimensions supplémentaires. Il faut ajouter des dimensions cachées jusqu’au moment où l’apparence de non-déterminisme disparaît".
- "(...) à mes yeux, la statistique est fondamentalement une herméneutique déterministe dont voici le but : étant donné un nuage de points (une
distribution de probabilités) dans un espace M, engendrer ce nuage par le mécanisme déterministique le plus simple possible agissant dans un espace produit MxY, Y espace de paramètres « cachés »." (1980)
- "La liberté, comme la mathématique, est fille de l'imagination." (1993)
- "Quant aux causes finales, on peut sans doute les faire rentrer au moins partiellement dans la causalité formelle, si l'on envisage une structure biologique comme partie d'une structure globale périodique : un « cycle » dans l'espace-temps. La réponse à une perturbation localisée d'un tel cycle stable peut être aussi bien considérée comme agissant en amont du cycle qu'en aval. D'où la possibilité de subsumer la cause finale en biologie sous la causalité formelle." (1983)
- "Encore une petite incursion dans la métaphysique : il n'y a de science qu'à partir du moment où on peut plonger le réel dans le virtuel. Il faut plonger le réel dans le possible, pour qu'on puisse réellement parler de science."
- "En quoi l'appel au hasard pour expliquer l'évolution serait-il plus scientifique que l'appel à la volonté du Créateur?" (1980)
- "Que gagne-t-on à enrober le squelette du déterminisme dans une couche de graisse statistique ? (paraphrase d'une formule de physiciens anglais)." (1980)
- "Le déterminisme en Science n'est pas une donnée, c'est une conquête. En cela les zélateurs du hasard sont des apôtres de la désertion." (1980)
- "Je ne discuterai pas ici la question de l'indéterminisme quantique ; je dirai seulement que l'argument sur lequel on prétend le fonder, — le principe de complémentarité ou d'incertitude —, révèle seulement le caractère grossier et inadéquat du modèle ponctuel de la particule." (1968)
- "On admet généralement que les phénomènes du monde macroscopique relèvent de la Mécanique classique et sont de ce fait astreints à un
déterminisme rigoureux, alors que les phénomènes à l'échelle quantique seraient, eux, foncièrement indéterminés. Cette vision livresque des choses est, croyons-nous, fondamentalement erronée." (1968)
- "A mon avis, c'est par l'axiome de localité, par un déterminisme local, que la science se sépare de la magie. Si on accepte les actions à distance, il n'y a plus aucun contrôle." (1989)
- "On n'a pas conscience, dans les milieux d'expérimentation, de la contrainte considérable que fait peser le postulat du déterminisme local."
- "Aucun homme sensé ne peut nier qu'il fait la différence entre le passé qui est fixé, défini, alors que le futur est plastique. On peut agir sur lui. Cette différence est fondamentale or elle n'est pas exprimable mathématiquement. Cela est tout à fait étrange. C'est cela qui m'amena à
reconnaître le libre arbitre humain."
- "(...) la mathématique est la fille de la liberté humaine. Elle en est peut-être le plus splendide rejeton." (1993)
- "(...) pourquoi ne pas croire que nous pouvons intérioriser mentalement une bonne part du déterminisme qui nous meut, en ce sens que ce
déterminisme, c'est nous-mêmes…" (1980)
- "On peut penser que comprendre l'articulation entre le déterminisme mathématique – de type différentiel et laplacien – et le déterminisme
langagier des causes en langue naturelle est l'une des tâches essentielles, sinon de la science, du moins d'une philosophie naturelle bien conçue."
- "Le déterminisme, lorsqu'il est scientifique, c'est-à-dire accessible à tous, et théoriquement intelligible pour tous, est un instrument de libération." (1980)
- "Je crois que le libre-arbitre existe chez l'homme, en tant que système qui permet d'échapper au double bind." (1984)
¹: https://www.dedefensa.org/article/ma-foi-du-charbonnier
²: "George Soros est le disciple de Karl Popper avec qui il entretenait une correspondance. Le nom de sa fondation, Open Society Foundations, est d'ailleurs une référence à l'ouvrage de Popper, La Société ouverte et ses ennemis." https://fr.wikipedia.org/wiki/George_Soros
³: https://www.pauljorion.com/blog/2019/08/28/progres-en-philosophie-naturelle-le-22-aout-2019-retranscription/
EricRobertMarcel Basillais
12/10/2019
1/ Le Mythe : l'expression '' Déchaînement de la Matière'' renvoie implicitement à ce mythe dont l'interprétation pose décidément problème : le mythe de PROMETHEE… Ce mythe Grec n'est qu'une version, parmi d'autres, d'un Mythe Européen et même Eurasien, beaucoup plus répandu et donc certainement bien plus ancien… C'est de ce côté qu'il faut lancer l'enquête ... en q^uête de LA Tradition
2/ Les dates : souvent Dedefensa cite la période [1776 -1825].
Eric Basillais fonde sa réflexion sur l'étude statistique des crises abordée par Nattale et al. : : http://luth.obspm.fr/~luthier/notalle/arGNCaix.pdf et repris par Basillais in CLIMAX.PDF : https://ericbasillais.wordpress.com/pdf-a-telecharger/
Selon cette référence, l'accélération des crises économiques-technologiques suit convenablement un modèle exponentiel : Tn-Tc=(To-Tc)g-n
Ainsi, même si 1776 ou 1825 peuvent être admissibles à tel ou tel titre historique, la réalité sous-jacente, implicite, inaperçue, c'est que l'accélaration technique n'a pas d'autre début que la Technique elle-même, indistincte du processus d'hominisation repérable paléontologiquement : par exemple le Feu (-500 000 ) ou les divers âges de la Pierre… etc...
Dans l'optique de la critique du monde Prométhéen, il faut donc s'en référer au Mythe de Prométhée quasiment comme à un évènement préhistorique réel : il s'agit bien d'un mythe plongeant sa vérité-de-situation dans un illo tempore largement antérieur à la période ''triomphale'' du Modernisme et se rapportant, pourquoi pas, à la conquête du Feu, assurément la première et la plus importante avancée technique de l'Humanité. Bien sûr d'autres aspects du Mythe concernent l'Anthropologie de cette lointaine époque…
Si la datation de l'Origine de cette accélération technique reste incertaine, en revanche, le modèle permet bel et bien de dater la période quasi-certaine (95%) de l'Effondrement à [2020-2080] ( ce qui donne tout son sens à la méthodologie et aux a priori hautement intuitifs du site Dedefensa & Ph G).
Intégrer l'évolution technologique sur un temps aussi long, permet ainsi de ne pas se tromper d'interprétation sur les causes réelles de l'effondrement…: le commentaire de l'actualité, la chronique, n'a dès lors qu'une valeur de confirmation ou alors, elle offre peut-être déjà , hic et nunc, les linéaments d'un monde hypothétique d' après-effondrement...
3/ L'Effondrement- Entropisation.
Justement, si on suit le modèle précédent, même sans savoir pourquoi, comment, par qui et pour quoi l'Effondrement a lieu, on peut, non seulement donner la datation pour le XXI siècle, mais encore, on peut comprendre pourquoi cet effondrement DEVAIT fatalement arriver : c'est que la vitesse du changement technique ne peut dépasser la vitesse de la Lumière, par exemple… Elle ne peut que converger vers un Temps Critique (précisé alors par le modèle) qui est la limite du Progrès, au sens propre du terme.
4/ La méthodologie spéculative du site Dedefensa diffère de la méthodologie numérique proposée en ce sens qu'elle s'autorise aussi des jugements de valeur. Pourquoi pas ? Mais dans ce cas, il serait également instructif de dater les dites valeurs… On s'apercevrait peut-être que, malgré leur caractère traditionnel supposé, les valeurs anciennes invoquées jalonnent elles aussi la part terminale du cheminement technique de l'Humanité.
En conclusion, hormis des valeurs purement paléolithiques, ou prélithiques, fatalement non datables ( tout comme le début de la Technique dont elles sont inséparables), on ne saurait se référer à des valeurs ou à un ordre dit de Tradition ( en dehors de l'idéologie) : comme l'a fait remarquer Ph G au sujet des USA les ''Tradis'' d'aujourd'hui ne sont que des ''Hommes Nouveaux'' d'hier qui n'y trouvent plus leur compte et prennent l'étendard de la Tradition comme on s'accroche au Radeau de la Méduse....
Cela signife que la question de la Tradition dans le monde d'après-effondrement, est bel et bien TERRA INCOGNITA…
Existe-t-il un moyen de sortir de cette inconnue…?
jc
12/10/2019
Et PhG dans tout ça? J'ai écrit récemment un peu rapidement que PhG est métaphysicien à ses heures. En fait PhG est pour moi fondamentalement métahistorien, et donc fondamentalement métaphysicien.
Rentre-t-il dans mon rangement acousmasticien*-harmonicien*-géométricien*? Entend-il le monde plutôt qu'il ne le voit, ou l'inverse, ou les deux à la fois? Est-il plutôt "audio", plutôt "visuel" ou carrément "audio-visuel"?
Pour moi PhG est un logocrate, ses références sporadiques au "Les logocrates" de George Steiner en sont un indice (et je crois même qu'il s'est lui-même qualifié ainsi une fois ou deux).
Quest-ce qu'un logocrate? La seule définition que j'ai trouvée sur la toile provient du site "La toupie", qui m'a l"air un site trotskiste ou apparenté et n'est guère flatteuse¹. Pour moi un logocrate est un musicien des mots -musicien-compositeur bien entendu-, un musicien qui compose une musique sacrée car il reconnaît -il intuite- la sacralité du langage:
Steiner (souvent cité par PhG): "« “Le point de vue ‘logocratique’ est beaucoup plus rare et presque par définition, ésotérique. Il radicalise le postulat de la source divine, du mystère de l’incipit, dans le langage de l’homme. Il part de l’affirmation selon laquelle le logos précède l’homme, que ‘l’usage’ qu’il fait de ses pouvoirs numineux est toujours, dans une certaine mesure, une usurpation. Dans cette optique, l’homme n’est pas le maître de la parole, mais son serviteur. Il n’est pas propriétaire de la ‘maison du langage’ (die Behausung der Sprache), mais un hôte mal à l’aise, voire un intrus… ”
Thom: "Le langage, ce dépositaire du savoir ancestral de notre espèce, contient dans sa structure les clés de l'éternelle structure de l'Être."
Thom: "(...) aucune théorie un peu profonde de l'activité linguistique ne peut se passer du continu géométrique (relativisant ainsi toutes les tentatives logicistes qui fleurissent chez les Modernes)."
Thom: "Dans beaucoup de philosophies Dieu est géomètre; il serait plus logique de dire que le géomètre est Dieu."
Thom: "L'ambition ultime de la théorie des catastrophes, en fait, est d'abolir la distinction langage mathématique-langage naturel qui sévit en science depuis la coupure galiléenne." (AL, "Le statut épistémologique de la théorie des catastrophes")
Un autre indice m'est donné par la (re-re)lecture de "Le désenchantement de Dieu"² qui servira -je crois me souvenir- d'introduction au tome III de "La Grâce…":
"Il suffit d’un mot, d’une phrase, d’une citation à placer en tête, la chose inspiratrice qui ouvre la voie et là-dessus se déroule le texte, à son rythme, entièrement structuré, avec sa signification déjà en forme et en place. Je n’ai rien vu venir et j’ignore où je vais, mais j’ai toujours écrit d’une main ferme et sans hésiter… et toujours, à l’arrivée, il y avait un sens, une forte signification, le texte était devenu être en soi… C’était un instant de bonheur fou."
, indice renforcé dans le paragraphe suivant:
"Un jour, une relation qui était aussi un de mes lecteurs, étant dans une position au ministère de la défense qui l’inclinait à suivre ces réflexions qu’il jugeait d’ordre diplomatico-stratégique, me dit que mes rubriques dedefensa étaient construites comme des symphonies. Je fus heureux de la comparaison, bien que je n’eusse aucune connaissance de la structure des œuvres musicales, simplement parce que, dans son jugement, ce personnage surtout préoccupé des aspects politiques et techniques avait introduit, avec une certaine insistance, une notion artistique dans la description qu’il avait faite."
J'imagine bien PhG, musicien des mots, travaillant ses textes avec un fond musical, Je le classe sans hésiter dans la catégorie des acoumasticiensï, comme Grothendieck, ce musicien ès nombres.
Je ne pense pas que PhG soit fondamentalement un géomètre, un topocrate, ce qu'est pour moi typiquement Thom (et on pourrait en déduire qu'il (PhG) ne saurait, a fortiori, faire partie de la super caste des harmoniciens). Mais je suis convaincu qu'il est, peut-être inconsciemment (supraconsciemment serait plus adéquat) un peu tout cela à la fois: comment faire, sinon, une distinction fondamentale entre la cathédrale de Reims et les tours de Doubaï³?
*: Néologismes introduits pour marquer la différence avec les mathématiciens modernes non métaphysiciens (typiquement, selon moi, le macronien médaillé Fields Cédric Villani).
¹: http://www.toupie.org/Dictionnaire/Logocratie.htm
²: https://www.dedefensa.org/article/le-desenchantement-de-dieu
³: https://www.dedefensa.org/article/dialogues-3-le-grain-de-sable-divin
David Cayla
12/10/2019
Un pétrolier iranien a déchargé son pétrole en Syrie après avoir été retenu pendant un mois par les Britanniques, peu de temps après que les forces syriennes appuyées par les Russes aient repris le contrôle du sud de la province d'Idleb, mettant à mal un réseau de fortifications souterraines, bétonnées aménagé depuis 2013 et qui avait permis jusqu'alors de bloquer toute tentative de reconquête des forces gouvernementales. Les forces "djihadistes" ont consumé leurs forces dans cette bataille d'attrition, au point où ils ont entrepris de pousser des adolescents âgés de seize ans qui vivent dans les camps de réfugiés en Turquie à rallier leurs rangs pour tâcher de combler les trous dans les rangs. En vain. Les forces qui ont été perdues étaient constituées de combattants aguerris et cette perte est irrémédiable. Pour l'heure, les forces syriennes se préparent tranquillement à la prochaine étape de leur offensive, elles complètent leurs équipements, mènent leurs opérations d'infiltration (renseignement, assassinats de chefs djihadistes, et repérage de cibles pour l'aviation) répandent la suspicion dans les rangs djihadistes, et consolident leurs positions de départ, pour ne pas risquer de subir de contre-offensives meurtrières (camions ou voitures suicides blindés et chargés de centaines de kilos voire de tonnes d'explosifs, mines et chausse-trappes en tous genre, combattants individuels portant des ceintures bourrées d'explosifs, drones,...).
Le rythme est lent et pourrait laisser accroire que le "parrain" russe manque de résolution, d'autant qu'il semble encore et toujours céder au "piège" pourtant éculé des demandes de cessez-le-feu systématiquement mises à profit par les djihadistes pour regarnir leurs rangs, refaire le plein d'armes et de munitions, de matériel médical, de véhicules de combat,... Et pourtant, depuis le début de l'intervention russe en septembre 2015, il est manifeste que sur le terrain, c'est bien le camp gouvernemental et lui seul qui a la haute main. C'est d'autant plus long qu'il est impératif de ne surtout pas laisser la possibilité aux forces djihadistes de se disperser dans la "population" (mis entre guillemets car la grande majorité des gens qui habitaient là avant 2011 sont partis et ont été remplacés par d'autres populations) ce qui leur permettrait de mener des opérations de guérilla meurtrières, d'autant qu'ils disposent d'un matériel très sophistiqué (fusils de précision, missiles anti-char, équipements de communication satellitaires les mettant en contact avec les services de renseignement de leurs parrains étatiques,...).
Il est vrai aussi que par un tour de passe-passe, les territoires tenus par Daesh à l'est de l'Euphrate sont tombés dans l'escarcelle des supplétifs kurdes de l'OTAN (dont la Turquie est membre, certes). Faute de couverture aérienne suffisante (Pantsir, Buk, Krashua, et S-300/400) l'incursion des Russes du groupe Wagner a fait long feu, mais en regardant une carte, il est manifeste que l'est de l'Euphrate était un peu éloigné des côtes méditerranéennes où étaient concentrées alors l'essentiel des forces de défense aérienne russo-syriennes. Il aura fallu un accrochage de trop avec l'aviation israélienne pour que les Russes aient une raison solide de déployer des systèmes aériens S300 supplémentaires (en complément des autres systèmes de défense à la disposition des Syriens) qui couvrent désormais le sud et le centre de la Syrie. Avec une interrogation sur la couverture aérienne de Deir-Ezzor et de Abu Kamal.
Quoiqu'il en soit, c'est bien la pression russo-syrienne exercée sur Idleb qui a poussé Erdogan à concentrer ses efforts sur l'est de l'Euphrate, dans la zone "tenue" par les Kurdes, et c'est aussi cette pression qui avait poussé les Français, Allemands, Américains et Britanniques à tâcher de faire pression autant que faire se peut sur les Russes parce que l'enjeu, en lâchant Idleb, c'était bien de devoir céder à la pression turque plus à l'est. Et nous y sommes. Pour ce qui est des Kurdes, déjà, c'est sans doute un peu exagéré de les qualifier de "forces combattantes". Ce sont plutôt des "forces d'occupation", ce qui n'est pas du tout la même chose. Il est vrai cependant qu'en termes de communication, ce sont censés être de valeureux guerriers ayant vaincu Daesh à eux seuls tandis que les forces russo-syriennes se concentraient sur des "civils désarmés et abandonnés de tous". Ce genre de perceptions trompeuses peut ménager des effets de surprise.
Par ailleurs, si je ne me trompe pas, les "Kurdes de Syrie" ne sont pas vraiment syriens. Ce sont plutôt des Kurdes réfugiés de Turquie accueillis par Hafez-el-Assad qui combattaient la Turquie (ce qui a suscité quelques tensions entre les deux pays), et en outre, les Américains n'ont pas tant fait affaire avec des révolutionnaires qu'avec des voyous, cela après avoir éliminé des dirigeants kurdes moins vénaux.
Aussi, est-ce vraiment étonnant d'apprendre que "encore une fois, les Kurdes ont essayé de négocier un accord aux termes duquel les forces gouvernementales syriennes feraient tampon face aux Turcs tandis que les "Kurdes" continueraient de s'auto-administrer, comprendre en réalité les voyous qui constituent les "forces kurdes" continueraient de vivre de pillage tout en se faisant payer pour ce faire par le gouvernement syrien" ? Et que cela ayant échoué, les "dirigeants kurdes" se sont d'ores et déjà empressés de déguerpir plus au sud ? Seul souci, et de taille, plus au sud, et cela avait déjà posé problème après la prise de Raqqa, il y a des tribus nomades arabes autochtones, et elles ne seront pas forcément particulièrement bien disposées à l'égard des voyous des SDF. Enfin, il se "murmure" que les Russes se préparent à lancer de nouveaux ponts sur l'Euphrate. En ayant sans doute mieux préparé le terrain que la dernière fois…
jc
11/10/2019
La Grande Dyade Dieu-Ciel/Déesse-Terre, qui se transforme en Grande Triade Dieu-Ciel/Dieu-Ciel-Janus-Déesse-Terre/Déesse-Terre, me suggère l'analogie suivante, où la dyade Dieu-géomètre/Déesse arithméticienne se transforme en triade Dieu-géomètre/Dieu-géomètre-Janus-Déesse-arithméticienne/Déesse arithméticienne.
Pour les pythagoriciens, les mathématiciens (initiés) enseignaient aux acousmaticiens (non initiés) à travers un rideau afin que ceux-ci se concentrent uniquement sur ses phrases et non sur ses gestes, se contentant de répéter les aphorismes de Pythagore sans les comprendre, sans en connaître la source, la mécanique de raisonnement¹. Ainsi, pour les pythagoriciens de l'époque, les acoumasticiens avaient une position passive, traditionnellement féminine, alors que les mathématiciens avaient une position active, traditionnellement masculine.
Pour moi Thom est viscéralement un géomètre (qui écrit quelque part qu'il n'a aucune attirance pour l'algèbre -et, a fortiori, pour l'arithmétique-). À l'inverse, je pense que Grothendieck est un arithméticien né. Introduisant les "néologismes antiques" de géométrikoï et d'acousmétikoï (sic) , métaphysiciens géomètres ou arithméticiens (et non "simples" géomètres ou arithméticiens modernes), je dégrade donc Thom de son appartenance à la caste des mathématikoï à celle des géométrikoï, et je range Grothendieck parmi les acousmatikoÏ.
Grothendieck est-il en position passive par rapport à Thom? Pour moi certainement pas. Car si Thom "voit" le monde en Dieu-géomètre³, Grothendieck, lui, l' "entend" en Déesse-arithméticienne⁴. Il nous reste donc à attendre que tombe du ciel et jaillisse de la terre un membre de la super-caste des véritables mathématikoÏ, synthèse haute des castes des géométrikoï et des aousmatikoï , quelqu'un qui soit capable d'entendre le monde qu'il voit et de voir le monde qu'il entend². Mathématikoï = Harmonikoï.
Remarque: Je classe Guénon plutôt dans la caste des géométrikoî. Lacan, métaphysicien pour moi, a commencé par être membre de la caste des acousmatikoï (avec ses modèles formels: carrés des discours, formules de la sexuation, etc.) pour, sur la fin, se reconvertir dans la caste des géométrikoï, ne jurant plus alors que par des modèles continus -bande de Moebius, cross-cap, etc.-.(Mais la différence des connaissances mathématiques entre Guénon et Lacan d'une part et Thom et Grothendieck d'autre part est abyssale.)
¹: https://fr.wiktionary.org/wiki/acousmatique
²: C'est le fameux problème de Kac: "Peut-on entendre la forme d'un tambour et peut-on voir le son qu'il produit?"
³: Thom: "Selon beaucoup de philosophes Dieu est géomètre; il serait peut-être plus logique de dire que le géomètre est Dieu."
⁴: Grothendieck a écrit: "La clef des songes", sous titré "Dialogue avec le bon Dieu". (Pour moi la véritable arithmétique, l'arithmétique "sacrée" est l'étude de la musique des nombres: 1/1, 2/1, 3/2, 4/3, etc. unisson, octave, quinte, quarte, etc.)
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