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Ariel Sharon n'en finit pas de mourrir

Article lié :

David Doumèche

  05/04/2006

Et nos médias bien aimés ne l’oublient pas

Espérons qu’il nous ressucite pour les pâques.

Sur cette petite note d’humour noir, un bon après midi.

Sondage : l'idéologie sur le marché libre.

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Loïc

  05/04/2006

Merci Mr Grasset pour cet excellent article. Une fois de plus on voit que les médias n’ont plus qu’une passion : le montage virtualiste, la manipulation de la vérité, la propagande ; et derrière tout cela : le goût du pouvoir.
Heureusement, le Web existe. Trouvé sur Agoravox : le détail de ce sondage, commentaires :

http://213.251.140.17/article.php3?id_article=8633&id_forum=40647&var_mode=recalcul#commentaire40647
Un sondage récent réalisé par l’institut GlobalScan pour l’Université du Maryland, dans 20 pays différents, sur le thème de l’économie de marché, a fait l’objet de nombreux commentaires, notamment depuis qu’il a été repris par Le Figaro dans son édition du 25 mars. Par exemple, Denis Jeambar l’a évoqué dans un éditorial de L’Express, ou encore Alain Lambert, ex-ministre, avait publié un article sur ce même sujet sur AgoraVox. La quasi-totalité des commentaires va dans le même sens: les Français sont d’incorrigibles réfractaires à l’économie de marché, seuls au monde à ne pas en percevoir les bienfaits, comme en témoigne encore la citation suivante tirée d’un article du Monde paru le 4 avril sur le CPE: «Selon un sondage de l’institut GlobalScan [...] une pensée unique antilibérale domine et étrangle le débat public français, en le coupant d’idées réformistes qui pourtant existent et fonctionnent ailleurs en Europe».

La première chose qui m’a étonné dans l’ensemble de ces commentaires c’est que personne ne s’interrogeait sur les différences d’appréciation culturelles d’une notion aussi complexe et floue que «l’économie de marché». Dans quelle mesure un Kenyan, un Chinois ou un Français parlent-ils de la même chose lorsqu’ils évoquent un concept de ce type? A l’évidence, ils ne doivent pas tout à fait penser à la même chose, ne serait-ce qu’en raison de contextes historiques récents très différents. Quiconque s’est intéressé un peu aux sciences sociales, et a fortiori, aux problématiques des sondages, comprend cela immédiatement, et devrait donc considérer ces comparaisons internationales avec précaution. Mais ce simple constat ne me suffisait pas, et j’ai donc décidé d’aller un peu plus loin dans l’examen dudit sondage. Et là, j’ai eu quelques surprises.

Mon premier étonnement a été la date de parution de ce sondage: le 11 janvier 2006. Ainsi,, plus de deux mois se sont écoulés entre sa divulgation et sa reprise par les médias français. Pourquoi? Est-ce en raison contexte du débat sur le CPE que les médias s’en sont emparés de manière opportuniste? Est-ce simplement parce qu’ils ne l’avaient pas vu avant? Question sans réponse.

La question posée

Au-delà du problème déjà évoqué de la définition même de l’économie de marché, la question effectivement posée - en tout cas la seule qui ait été reprise en France, à ma connaissance - est légèrement différente de ce que nous disent les commentateurs habituels: l’intitulé exact en anglais est le suivant: «The free enterprise system and free market economy is the best system on which to base the future of the world». Une traduction possible est celle-ci: «La libre-entreprise et l’économie de marché constituent le meilleur système sur lequel baser l’avenir du monde». Les sondés pouvaient alors marquer leur approbation totale, partielle, ou leur désapprobation partielle ou totale, de cette affirmation. A cette question, les Français répondent plutôt par la négative, à 50%, ce qui constitue le score le plus élevé de désapprobation dans les 20 pays sondés, source de tous les commentaires sur notre aversion singulière pour l’économie de marché. Or, on remarquera que la question n’était pas: «Etes-vous pour ou contre l’économie de marché?» mais portait sur la supériorité éventuelle du système. La nuance peut paraître mince, mais elle est importante, car dans le même sondage, une autre question est posée: «The free enterprise system and free market economy work best in society’s interests when accompanied by strong government regulations», qu’on pourrait traduire par: «La libre-entreprise et l’économie de marché fonctionnent mieux lorsqu’elles sont accompagnés par un fort encadrement gouvernemental». Et là, oh surprise, plus de 2/3 des sondés sont d’accord avec cette proposition, les Français n’étant pas les plus en pointe sur ce sujet (on notera de façon amusante que les Chinois, qui sont les plus enthousiastes sur l’économie de marché, sont aussi parmi ceux qui souhaitent le plus de régulation… ). Nous ne serions pas si seuls?

Les autres questions

Dans ce même sondage d’autres questions sont posées sur la nécessité d’un encadrement réglementaire(government regulation) plus fort du fonctionnement des grandes entreprises sur des thèmes comme l’environnement, le droit des consommateurs et le droit des salariés. A chaque fois, une majorité très nette se dégage en faveur de plus de régulation. En outre, il apparaît que l’image des grandes sociétés n’est pas très bonne, avec notamment des taux de défiance forts en Italie, en Allemagne ou en Espagne. Et les Américains sont quasiment aussi nombreux que les Français, respectivement 85% et 86%, à estimer que ces sociétés ont trop d’influence sur les gouvernements. Et en plus, nous pensons comme les Américains?

Finalement on voit bien que le tableau peint par ce sondage est très contrasté, et que les Français ne sont pas isolés dans leurs appréciations. On pourrait d’ailleurs renverser le jugement initial et les décrire comme étant à la pointe d’une prise de conscience globale des problèmes soulevés par une économie mondialisée. Ainsi Steven Kull, le directeur de PIPA, un centre d’études qui dépend de l’Université du Maryland, partie-prenante de l’étude, fait ce commentaire: «Dans un sens, nous sommes à la “fin de l’histoire”, et il y a un extraordinaire consensus sur le meilleur système économique. Mais ce n’est pas la victoire d’un seul aspect de la dialectique. Alors qu’il y a un support impressionnant pour l’économie de marché, il y a aussi un rejet quasi unanime d’un capitalisme débridé, avec des gens partout dans le monde qui souhaitent ardemment plus de régulation gouvernementale pour les grandes entreprises et plus de protection pour les travailleurs et les consommateurs». Quant à Doug Miller, le président de GlobalScan, il ne dit pas autre chose en indiquant: “Les entreprises vont devoir démontrer de plus en plus qu’elles agissent au mieux des intérêts de la société, et non pas de leurs seuls intérêts. Le contrat social autour de l’économie de marché doit être reconstruit “. Des propos et des analyses qui sont donc bien loin des commentaires faits dans la presse française… et qui sont valables aux quatre coins du globe.

En conclusion, on reste frappé par l’analyse partisane et partielle qui a été faite de ce sondage. On ne sait si la pensée unique - les Français sont à l’écart du monde - a encore frappé, si une approche purement idéologique est à l’oeuvre, ou tout simplement si un manque de travail est à l’origine de ce traitement univoque et parcellaire. A vrai dire, je ne sais quelle réponse est préférable.

Article introuvable (réponse)

Article lié : Washington s'aperçoit qu'il se passe quelque chose du côté de la Guerre froide

dedefensa.org.

  05/04/2006

Veuillez nous excuser pour cette erreur dans l\‘indication du lien.

Le lien a été rétabli. L’article est celui du

Washington Post

du 3 avril, “Russia Sense the Heat of Cold War”, de Peter Finn.

Article introuvable

Article lié : Washington s'aperçoit qu'il se passe quelque chose du côté de la Guerre froide

Françoise

  05/04/2006

Tout d\‘abord un grand bravo et un grand merci à dedefensa pour l\‘intérêt de ses articles.

Comme je n\‘ai pas trouvé l\‘adresse de messagerie pour vous écrire, je me permets de vous signaler ici que j\‘ai un message d\‘erreur avec le lien pour le Washington Post (lien dans l\‘article \“Washington s\‘aperçoit qu\‘il se passe quelque chose du côté de la Guerre froide\”) :

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Article introuvable

Article lié :

Françoise

  04/04/2006

Tout d’abord un grand bravo et un grand merci à dedefensa pour l’intérêt de ses articles.

Comme je n’ai pas trouvé l’adresse de messagerie pour vous écrire, je me permets de vous signaler ici que j’ai un message d’erreur avec le lien pour le Washington Post (lien dans l’article “Washington s’aperçoit qu’il se passe quelque chose du côté de la Guerre froide”) :

We are unable to locate the page you requested.
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BARROSO : Vive l' Europe maquiladora ! Anda ! Arriba Estados Unidos !

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LeBayorre

  04/04/2006

Pour les lecteurs non hispanophones et/ou non falmiliers de l’ Amérique du Sud, les maquiladoras sont des usines mexicaines sous-traitantes d’ entreprises estaduniennes, implantées en chapelet le long de la frontière Mexicano-Estadunienne.

Main d’ oeuvre sous-payée, pas déclarée dans une large proportion, droits sociaux ignorés, etc… Encore pire qu’ aux USA, si, si ça existe.

Avantage : ça réduit le problème des travailleurs mexicians illégaux qui passent le Rio Grande, tout en assurant une logistique sans faille pour les entreprises estaduniennes donneuses d’ ordre.

C’ est ni plus ni moins que nous propose Eduardo DUARTE BARROSSO, ci-devant président de la ci-devant Commission ci-devant Européenne.

cf. :  http://today.reuters.fr/news/newsArticle.aspx?type=businessNews&storyID=2006-04-04T121033Z_01_CHE443687_RTRIDST_0_OFRBS-UNION-ENERGIE-20060404.XML&archived=False

En d’ autres termes, l’ Europe comme maquiladora généralisée des États-Unis.

Décidément, avec GLUCKSMANN, P-H LÉVY, KOUCHNER, et alii,  nous n’en avons pas fini d’ expier la repentance des “ex”-Maoïstes, dont BARROSO a fait partie “in sui tempore”.

Est-ce bien à nous d’ expier leur conversion, que je veux bien croire douloureuse, à défaut d’ être sincère, ce dont je doute,  à la globalisation et à l’ économie libérale ?

Mais la ou la fureur m’ étrangle , c’ est quand je lis dans l’ International Herald Tribune un éditorial de l’ excellent Felix G. ROHATYN, ex-amabassadeur Estatdunien à Paris, nommé par CLINTON. Lui, au moins, le concept de patriotisme économique ne l’ étouffe point. Je cite :

«  That is why any potential takeover of a U.S. company by foreign government-owned entities triggers anxiety and requires careful attention. It is more than economic clout that is acquired; it is social change, political influence and decision-making authority. » Voir le lien ci-dessous :

http://www.iht.com/bin/print_ipub.php?file=/articles/2006/04/02/opinion/edrohatyn.php

En bref, Son Excellence Eduardo DUARTE BARROSSO ne nous propose que le choix d’ ABÉLARD : la castration ou l’ enfer du protectionnisme.

Ni l’ un ni l’ autre lui répondrais-je, et, par égard pour ce site Web, je contiendrai mon langage, ayant effectué mon service militaire dans l’ artillerie montée (16° régiment d’ Artillerie à Trèves) ou l’ expression des sentiments ne s’ encombrait pas de langue de bois.

Le temps de la diplomatie, trop lent face au sprint nucléaire de l'Iran

Article lié :

Fred

  04/04/2006

Bien. Si l’Iran obtient la bombe, c’est évidemment pour la faire pêter. Et si elle pête, ça sera de la faute aux occidentaux qui sont irresponsables. Donc… Conclusion… Il faut prendre ses responsabilités et sanctionner de suite.

Je passe sur les nombres de centrifugeuses sortis de sous le tapis, et les répressions des étudiants… là aussi sorties d’on ne sait où. C’est sans doute le cas, mais je ne vois pas le lien là de suite. Le débat est lancé... enfin… oui, le débat à sens unique.

http://www.lefigaro.fr/debats/20060401.FIG000000744_le_temps_de_la_diplomatie_trop_lent_face_au_sprint_nucleaire_de_l_iran.html

(...)

La résultante potentielle de ces deux dynamiques est dangereuse, beaucoup plus en fait qu’un plan de sanctions graduées qui eût été susceptible de faire réfléchir le Guide suprême sur la stratégie de confrontation délibérée de Mahmoud Ahmadinejad. En continuant de sous-estimer nos forces et de surestimer celles de Téhéran, on commet plusieurs erreurs. Car, d’un côté, le marché, qui a le mérite de fournir des messages clairs, a déjà répondu : le commerce avec Téhéran a baissé, comme l’avait fort bien prédit l’ancien négociateur du président Khatami, Hassan Rohani. Les affaires n’aiment pas les pays qui sont sous examen au Conseil de sécurité. Les banques suisses non plus d’ailleurs : le Credit Suisse et l’UBS, qui ont la réputation de savoir ce qu’elles font, ont décidé au début de l’année de ne pas accepter de comptes de ressortissants iraniens résidant en Iran. Mais surtout, d’un autre côté, la course à l’enrichissement en Iran, dont les Européens ont au moins démontré au cours de leurs négociations qu’elle n’avait aucune justification civile, du fait que le seul réacteur russe présent en Iran est alimenté par du combustible russe pour toute sa durée de vie, pourrait donner raison à ceux qui prétendent que la bombe iranienne serait disponible non pas dans cinq ans, mais peut-être plutôt dans deux. Et ceux qui ont le plus de raisons de craindre cette bombe pourraient en tirer des conclusions. S’ils le font, à qui donc faudra-t-il attribuer la faute ? A ceux dont le pays est qualifié de «tumeur» au Moyen-Orient par l’Iran ou aux nations qui ont refusé d’assumer leurs responsabilités quand il était encore temps ?

Deux avions biens differents...

Article lié : Rafale “on the Channel”

Gilles HERBIN

  04/04/2006

Ils est interessant de noter que personne ne parle des differences de capacites de ces deux appareils.
Entre un JSF STOVL a la furtivite avancee et dont l’objectif est essentielement l’attaque au sol (un vrai successeur du Harrier) et un Rafale conventionnel et multirole… il y a un monde.
Par ailleur les armes emportees sont tres differentes, les americains voudront ils autoriser Dassault a qualifier l’AMRAAM sur Rafale? Brefs de nombreux autres couts qui s’additionneront pour une commande qui ne sera pas si grosse que ca.
A mon avis c’est essentiellement une tentative de pression sur les USA. Si ceux ci ne se degonfle pas… difficile d’etre sur que les Anglais le fasse!

Il ne veut pas partir ∫

Article lié : Tony Blair pense qu'il a des occupations à Downing Street pour au moins jusqu'en 2008

Fred

  04/04/2006

Il veut rester au pouvoir pour le moment où les ricains lanceront l’offensive contre les Iraniens ? Histoire de fournir un minimum de soutien à son allié de 50 ans ?

Europe Panique

Article lié : Nouveau cru de notre temps historique : L’Europe-panique

Brune

  03/04/2006

Ne diabolisons pas trop la commission, elle est certe libérale et incapable d’avoir une ambition européenne, cependant elle n’est que le reflet des gouvernements qui composent le conseil de l’Europe et de la couleur dominante du parlement européen.
L’enjeu est bien aujourd’hui de faire réagir les peuples pour qu’il prennent leur destin en main et partant celui de l’Europe.
Le 29 mai n’a pas changé l’Europe, mais il a fait trembler tout ceux qui pensaient que la construction d’un grand marché européen ouvert à la mondialisation était la solution et qu’elle ne rencontrerait pas d’obstacles.
Je vous remercie pour la compréhension que vous affichez à l’égard des français, ils le méritent, ce ne sont pas des imbéciles apeurés, simplement des citoyens qui ne se rendront pas sans combattre, et pire qui pense pouvoir changer la marche du monde.
EBB

conflit Paris-Commission UE

Article lié : Nouveau cru de notre temps historique : L’Europe-panique

guillaume

  03/04/2006

Eh oui, \“y a n\‘a marre\” de la Commission et de son bureaucratisme virtualiste qui émascule l\‘Europe.

Je signale, de Christian Harbulot, deux autres textes fort intéressants:

1. Une interview:
http://vtech.canalblog.com/archives/2006/03/28/1591813.html

2. Un texte sur le patriotisme économique:
http://www.defnat.com/enquete/HARBULOT.pdf

Dr Strangelove etc.

Article lié : Washington s'aperçoit qu'il se passe quelque chose du côté de la Guerre froide

Baquiast Jean-Paul

  03/04/2006

En remerciements à Dedefensa, qui nous alerte si efficacement, je dédis ce petit article publié sur mes propres gazettes http://automatesintelligent.blog.lemonde.fr/automatesintelligent/2006/04/destruction_uni.html

conflit Paris-Commission UE

Article lié :

guillaume

  03/04/2006

Eh oui, “y a n’a marre” de la Commission et de son bureaucratisme virtualiste qui émascule l’Europe.

Je signale, de Christian Harbulot, deux autres textes fort intéressants:

1. Une interview:
http://vtech.canalblog.com/archives/2006/03/28/1591813.html

2. Un texte sur le patriotisme économique:
http://www.defnat.com/enquete/HARBULOT.pdf

re: Europe panique

Article lié : Nouveau cru de notre temps historique : L’Europe-panique

louis kuehn

  02/04/2006

Il est clair que la France a du concevoir le patriotisme économique parce-que l’Europe a systématiquement ignoré l’appel français pour une Europe-puissance et pour une stratégie économique globale à l’échelle européenne.

En fait, si l’UE avait accepté la “préférence européenne” et un protectionnisme européen, la France n’aurait jamais lancé le patriotisme économique.

La Commission est aujourd’hui au service des milieux financiers américanophiles. Pour cette raison, elle craigne que Paris ne puisse freiner la domination absolue des flux économico-financiers sur la politique européenne.

Honte à la Commission. La France, accusée d’etre anti-européenne, est en réalité autentiquement européenne; alors que la Commission n’est que l’expression des pouvoirs mondialistes les plus irresponsables.

LK

coup de pied à la commission européenne et au tarité de rome

Article lié :

geo

  01/04/2006

L’obsolescence du Traité de Rome

Publié le 01/04/06   Infoguerre

http://www.infoguerre.com/article.php?sid=990&mode=threaded&order=0

L’Europe telle qu’elle a été pensée dans les articles du Traité de Rome ne répond plus à la complexité du monde actuel. Préoccupés par la reconstruction d’économies en ruine et par la disparition des enjeux nationaux à l’origine des deux guerres mondiales, les fondateurs de l’Europe communautaire ont cru bien faire en privilégiant la dynamique de marché. Cette vision est non seulement dépassée, mais elle ouvre de larges brèches dans notre système de défense économique. L’impossibilité de garantir l’approvisionnement énergétique des pays de l’Union européenne par le simple jeu du marché constitue un avertissement important qu’il ne faut surtout pas négliger. Bruxelles a donné l’impression de se rattraper en publiant le 8 mars 2006 un Livre vert sur une stratégie européenne pour l’énergie durable, concurrentielle et sûre. Mais cette réponse n’a rien de géoéconomique et porte sur l’investissement à réaliser dans les infrastructures, les économies d’échelle et le comportement des consommateurs. Si ces mesures sont souhaitables, elles ne constituent qu’une partie de la réponse au problème posé.

L’avenir énergétique de l’Europe dépend aussi très largement de la manière dont nous saurons gérer les rapports de force avec les pays producteurs. Il est évident que le rapport de force nous sera d’autant plus favorable si la négociation est menée sous le drapeau européen et non en ordre dispersé. Dans ce dossier comme dans bien d’autres, la multiplication des stratégies facilite le jeu d’autrui qui exploite à loisir les contradictions entre pays européens et en tire le meilleur profit. L’Union est censé faire la force. Les récentes affaires d’OPA dans l’énergie démontrent pour l’instant que c’est une autre règle qui s’applique, celle du chacun pour soi.

Dans l’état actuel du fonctionnement de l’Union européenne, il est difficile d’imaginer un pilotage stratégique européen avec les différents pays fournisseurs. Tant que cette question ne sera pas réglée, il ne faudra pas s’étonner de voir les pays membres favoriser leurs priorités nationales. Cette contradiction résume l’ampleur du problème. Figée dans le cadre de pensée de l’économie de marché, la Commission européenne s’interdit d’aborder les enjeux de l’économie de puissance passée que les rédacteurs du traité de Rome ne pouvaient aborder dans le contexte de guerre froide. La solidarité atlantiste face au Bloc de l’Est ne permettait pas d’imaginer une telle liberté de manoeuvre. A l’époque, la notion de puissance était dominée par le risque d’affrontement militaire entre l’Est et l’Ouest. Ce cadre de réflexion a volé en éclats depuis le début des années 90. Depuis sa création, l’Europe est restée ancrée au cadre géopolitique antérieur à la chute du Mur de Berlin. Cette position statique est aujourd’hui la source principale de son affaiblissement. La question de l’énergie souligne les limites d’une telle vision aseptisée des relations internationales. Qu’il s’agisse de la Russie, de l’Iran ou du Venezuela, les dirigeants actuels de ces trois pays mettent en avant la problématique de puissance sans omettre celle du marché. Il en résulte un accroissement des tensions entre les pays de plus en plus dépendants comme la Chine et demain les Etats-Unis. Cette problématique ne peut être passée sous silence sous le prétexte qu’elle ne peut pas être prise en compte à cause des termes d’un traité signé le 25 mars 1957…

L’énergie est un cas parmi d’autres. A cause du traité de Rome, il est quasiment impossible d’imiter les subtilités des politiques de sécurité économique mises en œuvre hors du cadre européen. Dans l’Union européenne, un secteur stratégique ne peut être défini que dans une démarche de préservation de la sécurité publique. Cette restriction a des effets très négatifs sur les politiques des Etats membres. C’est le cas de la France qui se fait réprimander par Bruxelles dès qu’une initiative de mise à niveau est lancée pour tenter de rééquilibrer les rapports de force en termes d’économie de puissance. Sur injonction de la Commission européenne, les autorités françaises ont dû épurer le décret sur les secteurs stratégiques au nom des principes fondateurs du traité de Rome. Ainsi est-il interdit de considérer l’industrie de la santé comme une industrie stratégique. Il est inutile de rappeler l’importance de la santé dans le fonctionnement d’un pays (recherche médicale, budget des ménages affecté à ce type de dépenses, déficit de la sécurité sociale). L’enjeu n’est pas simplement le maintien du système de santé mais aussi son développement. Des pays aussi différents que les Etats-Unis ou l’Inde veillent à dynamiser au maximum leur industrie de la santé à cause des perspectives de marché et de sécurité nationale. La suprématie des principes de l’économie de marché sur les besoins de l’économie de puissance peut aboutir à des incohérences graves. Les délocalisations successives des groupes pharmaceutiques helvètes a privé la Suisse de sa capacité de produire suffisamment de vaccins en cas de pandémie grave menaçant sa population.

Il n’est plus possible de prétendre constituer un ensemble comme l’Europe en tournant le dos aux affrontements économiques d’un monde en plein bouleversement. La construction actuelle de l’Europe participe au même titre que les excès du modèle américain (affaire Enron, dangerosité du financement des retraites : lire à ce propos l’étude réalisée par l’Ecole de Guerre Economique) à la fragilisation du monde occidental. Il n’est pas trop tard pour réagir.

Christian Harbulot