jc
18/10/2019
Au point où j'en suis de mes lectures de "Le règne…", je vois d'abord en Guénon un opposant farouche au matérialisme moderne pour lequel l'existence implique l'essence¹. Tout en prenant garde, en véritable² métaphysicien, à ne pas prendre l'attitude opposée où c'est l'essence qui implique l'existence, attitude aussi indéfendable que celle des matérialistes, il adopte la position où l'essence prime sur l'existence, où la qualité prime ontologiquement sur la quantité, où la matière et la puissance sont considérées comme inférieures à la forme et à l'acte.
Il m'apparaît clair que Guénon adopte là une attitude masculine , logocratique, tout au long de "Le règne…" et des autres de ses ouvrages que j'ai parcourus, laissant à la féminité -au féminisme?- un rôle plus que subalterne. (Du catéchisme de mon enfance et du premier évangile selon saint Jean, rappelé à la fin de chaque célébration du culte catholique, il ressort que le Verbe est Dieu et qu'il s'est fait chair, et donc que, sans discussion, le Verbe et la Lumière sont masculins, alors que la chair et les ténèbres sont féminines. Ceci a sans doute un rapport avec cela.) Je voudrais ici réexaminer cette attitude (qui n'est pour moi qu'un formatage initial) dans un cadre mathématique, cadre qu'adopte Guénon à de nombreuses reprises " dans "Le règne…" et ailleurs.
Dans le chapitre "La sphère et le cube" de "Le règne…" et dans "Le symbolisme de la croix", il est naturel de voir le centre de la croix comme le point d'où par la lumière qui éclaire le monde dans quatre directions en 2D (et les six directions en 3D). Puisque le cercle et le carré sont dans le même rapport que la sphère et le cube, il n'y a pas de différence fondamentale à se placer en 2D plutôt qu'en 3D.
En 2D le carré renvoie immédiatement au symbolisme de la croix. Mais en 2D le triangle est une figure plus fondamentale que le carré³. Aussi dans ce qui suit j'opposerai le cercle et le triangle équilatéral.
Mathématiquement on peut se représenter un triangle équilatéral de deux façons: une façon angulaire (tri-angle équi-angle) figurée par trois vecteurs de même longueur issus d'un même centre, à 120° les uns des autres (équi-angles), en étoile "Mercédès" à trois branches, soit la façon classique, celle d'un trilatère (improprement appelé triangle) équilatère.
Où placer le cercle? En cohérence, je crois, avec ce qu'écrit Guénon, je place le cercle au centre, cercle bord d'un disque de rayon infinitésimal, "boule" d'énergie pure, indifférenciée.
Dans la représentation "Mercédès" cette énergie "explose dans les trois directions équiangles. Le constructeur allemand a voulu ce symbolisme, ai-je lu, pour signifier qu'il avait l'ambition initiale masculine de dominer les transports terrestre, maritime et aérien. Symbolisme qui réunit les quatre éléments, le feu -l'énergie pure- au centre, et l'air, l'eau et la terre aux trois extrémités. On remarque que ce symbolisme s'adapte parfaitement au matérialisme moderne: avec l'équivalence moderne(?) matière-énergie, la matière initialement indifférenciée se différenciant en ses trois phases solide, liquide et gazeuse.
Dans la représentation trilatérale classique, toujours avec la "boule" d'énergie indifférenciée placée au centre, le trilatère représente la maison-mère du constructeur (à Stuttgart?). Dans sa phase d'expansion cette maison-mère se développe par l'intermédiaire de succursales, symbolisées par des triangles équilatéraux copies de la la maison-mère, la première génération étant obtenue par les trois triangles obtenus par réflexion de la maison-mère autour des trois côtés⁴. Le triangle équilatéral "mère", étant kaléïdoscopique, peut en principe envahir tout le plan. Mais, bien entendu, l'expansion n'est pas indéfinie, car, à une phase initiale d'expansion, de croissance, de structuration, de génération succède inéluctablement une phase de repli, de décroissance, de déstructuration, de corruption (d'entropisation dirait sans doute PhG).
Je tire de ces petits modèles les conséquences générales suivantes:
1. Au cours d'un Manvantara il y a d'abord une phase lente de structuration (7/10 classiquement, 6/9 pour moi), de solidification (passage du cercle au carré) suivie d'une phase rapide de déstructuration (3/10 classiquement, 3/9 pour moi), et je place le basculement à la charnière âge d'argent/âge de bronze;
2. L'énergie est féminine dans un cas (maison-mère), contrairement à mon formatage "religieux", et masculine dans l'autre (énergie du fondateur de la firme), conformément à mon formatage "religieux".
Restent à différencier le modèle algébrique (l'étoile équi-angle "Mercédès") et le modèle géométrique (le trilatère équilatère "Maison-mère"). Intuitivement je suis naturellement plus convaincu par la supériorité du modèle "Maison-mère" -et je pense ne pas être le seul dans ce cas-. Qu'en est-il en tant que métaphysicien?
Parmi les PFMT (Principes Fondamentaux de la Métaphysique Thomienne) figurent les principes ABP (l'Acte est Bord de la Puissance) et FBM (la Forme est Bord de la Matière). Il est clair que mon choix de métaphysicien conforte mon intuition. Et je suis soulagé de voir que ce choix est cohérent avec mon rangement métaphysique général: l'acte et la forme sont masculins et la puissance et la matière sont féminines.
On voit sur ces deux modèles les deux approches actuelles de la société:
- d'une part la société traditionnelle, "fermée", de la femme enfermée au foyer requalifiée en femme-foyer-énergie (ce qui change, selon moi -et j'espère pas que- beaucoup de choses sur le regard à porter des hommes sur les femmes et des femmes sur elles-mêmes), symbolisée par le trilatère équilatère;
- d'autre part la société moderne actuelle, "ouverte", de l'homme-foyer-énergie, symbolisé par le triangle équiangle "Mercédès".
Saint Jean (premier évangile): "Et lux in tenebris lucet, et tenabrae eam non comprehenderunt" ...
¹: "On ne naît pas femme, on le devient"
²: Pour moi un philosophe matérialiste (au sens moderne) ne peut être qu'être un faux métaphysicien.
³: Tout quadrilatère convexe se décompose en deux triangles (montrant immédiatement que la somme des angles d'un quadrilatère convexe vaut deux angles plats).
⁴: Cf. le commentaire précédent (.0). On y voit la différence entre le système "vectoriel" A2 et le système "affine" A2^ (je ne sais pas faire le "tilde" au clavier)
Alex Kara
18/10/2019
Pour ma part je suis plus "Joseph Tainter" et ses explications microéconomiques mais la liste établie par Glubb est très intéressante. J'y réagis avec des éléments auxquels je pensais dernièrement :
- L'âge des pionniers (explosion)
Les pionniers sont avant tout des iconoclastes et des intellectuels ! Ils ont réussi à trouver une solution aux blocages de leur société archaïque.
- L'ère des conquêtes
L'ère des conquêtes est l'âge des conquêtes purement militaires ; généralement il s'agit dans un premier temps à l'extension de la société complexe à ses voisins qui sont restés archaïques, ainsi que dans un second temps la destruction du rival (Rome occupe la Grèce)
- L'ère du commerce
Or ce rival était au centre d'un réseau commercial, et il a accumulé en son sein les richesses intellectuelles éparses dans l'espace de cet empire commercial mais aussi dans le passé de chaque civilisation.
La conquête du vieux par le jeune fait sauter des blocages sociétaux et permet un printemps intellectuel et scientifique. Détail non négligeable, il introduit du sang frais, figurativement mais aussi littéralement, dans la classe dirigeante. Rome a des généraux puis des empereurs venant des provinces, tout ce beau monde se mélange, et on évite la consanguinité indissociable des sociétés bloquées.
- L'âge de la richesse
Il provient à la fois du pillage du rival et du printemps intellectuel. Dans la série de tableaux “The Course of Empire” ( https://en.wikipedia.org/wiki/The_Course_of_Empire_(paintings) ) c'est “The Consummation”.
Ma théorie tout personnelle est que cet âge est celui des héritiers. Leurs ancêtres n'accumulaient les richesses que comme résultat de leurs conquêtes (intellectuelles, militaires, scientifiques), c'étaient des conquérants.
Les héritiers ne s'intéressent pas aux conquêtes :
d'un côté parce qu'il ne reste plus rien à conquérir. C'est le début du rendement marginal décroissant, au coeur de la thèse de Tainter : il faut de plus en plus d'efforts pour obtenir un surplus de plus en plus insignifiant.
De l'autre côté parce que ce sont des gens nés dans la pourpre, les privilèges, le fric. Or le fric ce n'est pas l'argent, les familles riches ne sont pas l'élite de la civilisation, et du coup on retourne alors croupir dans le marigot des mariages arrangés, des hiérarchies tribales et simiesques, de l'Ecole Alsacienne telle que décrite dans “le crépuscule de Macron”, et finalement l'anti-intellectualisme et la consanguinité (intellectuelle puis génétique).
- L'âge de l'intellect, particulièrement dangereux…
Or la civilisation, toute civilisation, est techno-scientifique ou le devient par nécessité. Voilà que nous avons besoin de gens brilliants, mais l'accès au savoir a été verrouillé par le marigot. Il faudra donc se contenter de faire semblant.
Pour cela, il est impératif de détruire non seulement l'image des bâtisseurs, inégalables car statistiquement rares, mais aussi des artisans communs. Si un artisan est bon dans son métier, il révèle les imposteurs. C'est là que les chansons deviennent vulgaires quand elles furent grivoises, qu'il faut se lever dans la synagogue et montrer à tous combien on est pieux (et incidemment qu'on n'a même pas lu le bouquin…), comme la lesbienne cathozombie de Figaro Madame.
C'est moins l'âge de l'intellect que l'âge de l'anti-intellectualisme, et du règne de l'image. L'image est aisée à produire, la substance demande un investissement que la civilisation, devenue Système, ne sais pas récompenser et encore moins susciter.
C'est le moment où les vrais intellos s'intéressent à l'effondrement, et à faire survivre leurs idées à défaut de survivre physiquement – car plus les choses se dégradent, plus ils réalisent qu'ils n'ont virtuellement aucune chance de survivre l'effondrement. C'est toujours terrible lorsqu'un intellectuel voit ses enfants être moins que lui (mais ausi sans ses tourments), mais encore davantage lorsqu'il les voit devenir un drone intechangeable d'un Système condamné.
C'est là que les choses deviennent mystiques, car les idées des intellectuels d'une civilisation mourante se propagent telles des graines de pissenlit (on va passer sur l'image des grains de moutarde…) sans savoir où elles vont atterrir, et peut-être germer, des siècles plus tard et des continents plus loin, pour donner naissance à une nouvelle civilisation.
jc
16/10/2019
Un fil pour relier la métaphysique traditionnelle aux mathématiques modernes. Ce fil passe par le symbolisme, omniprésent à la fois dans la Tradition et dans les mathématiques.
Thom: "Il faut être philosophe en sciences et scientifique en philosophie.", que je paraphrase en
"Il faut être métaphysicien en mathématiques et mathématicien en métaphysique."
Un lien concret se fait par la théorie mathématique des systèmes de racines. Il suffit pour cela, même sans rien y comprendre, de consulter le tableau des systèmes de racines de rang deux de l'article Wikipédia¹ où l'on voit qu'il y a quatre tels systèmes, l'un d'entre eux étant une croix symbolique 2D à propos de laquelle Guénon a écrit tout un livre (en fait plutôt à propos de la croix 3D à six branche).
Dans ce tableau figure le système A2 composé de six vecteurs formant deux sous-systèmes de trois vecteurs -deux étoiles "Mercédès" à trois branches- dont les extrémités sont les sommets de deux triangles équilatéraux inversés qui renvoient immédiatement à l'étoile de David. Or ce système A2 est également lié à la catastrophe fronce (le système A1 étant associé à la catastrophe pli).
Il y a selon moi tout un réseau de liens à tisser entre les deux communautés à partir de la remarque ci-dessus. Côté matheux il faudrait arriver à décider quelques uns d'entre eux de descendre de leur empyrée²...
Thom: "La pensée purement mathématique, quand elle est formalisée, est aveugle, mais capable de marcher, et même fort loin. La pensée intuitive, au contact du réel, est le paralytique de la parabole, qui voit, mais ne peut pas progresser sûrement." (AL, p.503)
Pour avoir une idée du "et même fort loin" de la citation ci-dessus on pourra jeter un coup d'oeil sur le court article de "vulgarisation"³ assez ludique concernant les simplexes (triangles en 2D, tétraèdres en 3D, etc.) kaléidoscopiques et leur lien avec les systèmes de racines. Beaucoup de matheux (dont l'auteur de l'article -et moi-) et de physiciens sont fascinés par cette étoile de David (ou cette croix) des temps modernes qu'est le système de racines E8³ dont il est question dans cet article de "vulgarisation".
¹: https://fr.wikipedia.org/wiki/Syst%C3%A8me_de_racines
²: Dans son "Éloge des mathématiques" Alain Badiou se plaint à plusieurs reprises de l'élitisme des "vrais", des "grands" mathématiciens.
³: http://www.madore.org/~david/weblog/d.2018-08-30.2548.html
⁴: https://fr.wikipedia.org/wiki/E8_(math%C3%A9matiques)
mumen
16/10/2019
Bien sûr qu'il est fin, le blondinet, comment aurait-il survécu sinon ? Et bien-sûr il n'est pas le seul à l'être, Poutine a tellement le pur génie qu'il en a le miracle facile. D'autres encore on eux aussi un bien gros QI en plus d'une très, très bonne compréhension de ce qui se passe avec ce terrifiant machin, aussi profond que tentaculaire, aussi pervers que narcissique, pensons tout particulièrement au si discret et si parfait Xi.
Vous croyez que tous les coups de téléphones et que les petits rendez-vous discrets entre amis-secrets ont forcément fuité sur TF1 ?
Après nous avoir bien fait flipper dans les chaumières, ne parlons même pas des chaumières Kurdes qui ont dû drôlement trembler, à propos de nettoyage ethnique, d'invasion, etc., nous allons finalement encore découvrir d'anciens ennemis s'accorder comme par miracle alors que des tas de gros cons plus dangereux que des scorpions se retrouvent de plus en plus le cul par terre, entourés de toute part, isolés, en plein désarroi à faire des conneries en série, c'est à dire ce que l'on attend d'eux pour pouvoir les écraser enfin.
Non Trump ne fait pas les chose par erreur ni par hasard, le penser c’est s'empêcher de penser vraiment la situation qui est la sienne, c'est s'obscurcir la vision de cette époque sublime. Il est ce qu'il est dans le moment qui est, parce que c'est comme ça et pas autrement. Soit dit entre guillemets, il n'y peut rien.
Dans d'autres circonstances, il serait sans doute encore la grosse ordure qu'on envisage de par sa paternité ou de par son mode de vie d'affairiste crapuleux, allez savoir, mais là c’est très différent, il est l’acteur principal d'une histoire immense et majestueusement dangereuse, pleine d'adrénaline et de big-bollocks comme en raffolent les cow-boys, une histoire tellement grandiose qu’elle est méta bien-sûr…
Il est l'élu et tous les John Wayne sont à la ramasse devant ça. C'est le fait de l'être, l'élu, quasiment malgré lui, tellement inattendu que c'en a manifestement le parfum de la destinée, lui qui a tout enclenché par jeu, parce qu'il est embarqué dans un truc bien plus énorme que tout ce qu'il a pu vivre avant, qui le rend patriote, vertueux… C'est Superman je vous dis, mais un vrai qui éructe des insanités en n’ayant ni la tête du gendre parfait ni en l’occurrence l'impeccable mise en pli !
jc
15/10/2019
Pour moi Hegel et Guénon sont deux métaphysiciens résolument anti-matérialistes. Hegel étant qualifié d'idéaliste par la communauté philosophique je qualifie Guénon de même. Ce qui différencie leur façon d'appréhender l'histoire c'est leur différence d'appréhender le temps: temps temporel, dynamique, progressiste, pour Hegel, temps intemporel, pseudo-statique, cyclique, pour Guénon. Conflit entre la force¹ (Hegel) et la forme (Guénon) (et par extension, selon moi, conflit entre le yang et le yin).
J'ai reparcouru le thomien "L'art: lieu du conflit des formes et des forces?" (AL) avec cette idée en tête. Je cite un extrait du début de l'article pour montrer que l'opinion de Thom a évolué d'une attitude foncièrement pseudo-statique vers une attitude plus dynamique, plus progressiste:
Thom: "Dans "Paraboles et catastrophes [1989] j'écrivais: il n'y a aucune raison de penser que la force ait en principe un statut ontologique plus profond que celui de la forme. En général, si on a attribué à la force un statut ontologique plus profond que celui de la forme, cela est sans doute dû à une sorte d'anthropomorphisme ingénu qui dérive du fait que nous agissons sur les objets extérieurs par l'intermédiaire des forces que nous leur appliquons avec l'aide de nos muscles.
Peut-être serais-je moins certain de cette antériorité des formes sur les forces. Déjà, au dernier chapitre de "Paraboles et catastrophes", avec l'introduction des concepts de saillance et de prégnance, apparaît l'inéluctabilité des pulsions, donc des forces. Toujours est-il que cette question de l'antériorité relative de l'une sur l'autre est l'une des fractures essentielles qui traversent l'histoire de la philosophia perennis.
La forme est une entité visible, mais en principe, statique. La force, elle, est une entité invisible qui produit, parfois, des effets dynamiques et visibles: ainsi la force est-elle liée de manière essentielle à la causalité et à l'irréversibilité du temps."
¹: "Hegel conçoit la dialectique comme l'enchaînement des contradictions qui engendrent l'histoire de l'humanité : celle-ci est une suite logique de forces qui se combattent pour en faire surgir de plus grandes." https://fr.wikipedia.org/wiki/Mat%C3%A9rialisme_dialectique#Influence_initiale_de_Hegel
Jack V.
15/10/2019
On s'interroge à la RAND. Faudra-t-il quémander un accord de non-prolifération aux Russes et aux Chinois ? https://www.youtube.com/watch?v=GjT-LMgQW44
EricRobertMarcel Basillais
15/10/2019
Dans cette chronique cinématographique, nombre de termes Chrétiens sont inversés pour décrire. ce n'est pas un hasard…
A la fin du texte, le PDF proposé est un résumé de la pensée de M. GIRARD : rivalité mimétique contagieuse débouchant sur un meurtre puis la couverture de ce meurtre par une intention sacrée (sacrifice).
Cette approche cesse d'être valide il y a 2000 ans, avec le Sacrifice du Golgotha et sa répétition sacrée pendant les messes du Christianisme (Eucharistie). Car, dans la religion chrétienne, la personne sacrifiée sur la Croix, Jésus, est reconnue, non seulement comme le Messie prophétisé aux Hébreux (affaire locale), mais comme une incarnation, un Avatar d'une des 3 têtes de Dieu (Trinité).
Outre les conséquences catastrophiques impardonnables pour les Fils de l'Alliance ( affaire locale), la conséquence universelle est qu'à la Messe, on sacrifie toujours Dieu à Dieu, et sous forme d'Avatar végétal donc matérielleent non sanglant.
Ainsi la rivalité mimétique, non seulement perd son Bouc-émissaire concret mais se trouvepar ailleurs désarmée, inversée par le processus mimétique du pardon réciproque, condition sine qua non, du Pardon divin, inhérent au rite en question, et désormais seul objet de rivalité mimétique.
Dès lors, GIRARD décrit un classique de l'ère pré-Chrétienne. Mais il est en retard .... car le Christianisme retourne la rivalité mimétique ...depuis 2000 ans !
Bien sûr, on fera remarquer que le monde moderne est une REGRESSION sur le plan Théologique (parfois sous couvert de Philosophie) et que GIRARD redevient d'actualité. Et on aura raison, certes !
Mais alors il suffit d'inverser l'inversion , autrement dit de rallier l'Evangile ... Cela a l'air simple… et pourtant…
patrice sanchez
15/10/2019
à l'insu de leurs plein gré, la fabrique de l'info foireuse, AVEC EMPREINTES DIGITALES 100 P 100 authentiques qu'ils nous serinaient et la cohorte de commentateurs et écrivaillons accourus ventre à terre pour être remis sous les projecteurs merdiatiques, susceptible de sidérer le zombie spectateur 48 heures d'affilée avec le retour de Fantomas de Ligonesse !
Avec cette première, le journalisme de basse fosse septique a encore de beaux jours devant lui…
jc
14/10/2019
Hegel et Guénon à propos de l'article Wikipédia sur "Le règne…" et du dernier chapitre "Notion métaphysique de la liberté" de "Les états multiples de l'Être".
Au début de l'article Wikipédia¹ est rappelée la conception guénonienne de l'histoire:
"Pour Guénon, l'histoire n'est que le reflet d'un vaste processus cosmique prenant lui-même sa source dans la dimension métaphysique, intemporelle. En conséquence, l'histoire en tant que science découle de la doctrine métaphysique. Dans la perspective traditionnelle, le temps demeure une notion purement contingente du monde manifesté et ne tire sa réalité que de principes immuables. Il a été souligné par plusieurs auteurs, qu'une telle conception de l'histoire s'oppose diamétralement à celle d'Hegel qui enferme, au contraire, sa métaphysique dans la sphère du temporel."
Je ne suis qu'un métaphysicien béotien autodidacte n'ayant rien lu directement de Hegel et commençant juste à lire Guénon dans le texte. Mais je trouve que l'opposition diamétrale entre les deux approches appelle pavloviennement une synthèse "à la Hegel" ou "à la Guénon", ce que suggère d'ailleurs la suite du texte:
"Plus précisément, comme l'explique Georges Vallin, dans la pensée de Hegel, le mystère intemporel de la non-dualité, de la « coïncidence des opposés », que l'on trouve chez Guénon, est remplacé par « une dialectique temporelle de la thèse et de l'antithèse ». Pour Vallin, cet enfermement dans le temps de la condition humaine en opposition à la « perspective métaphysique » de Guénon se poursuivit avec le Martin Heidegger d'Être et Temps."
De ce que j'ai lu à propos de Hegel je ne suis pas du tout convaincu que sa conception du temps soit celle du "temps de la condition humaine", conception qui me semble plutôt être celle de Marx et Engels². Les reproches formulés à suivre:
"Pour Guénon, un tel enfermement de l'histoire dans le temps coupé de toute réalité transcendante prend une dimension satanique qui explique la chute du monde moderne : comme l'écrit Jean-Pierre Laurant, « l'histoire affirmant son autonomie [dans la sphère du temporel] et la liberté de l'homme dans une création continue faite par lui » devient, pour Guénon, « le Mal [qui désormais devient] le véritable moteur de l'histoire»."
s'adressent ainsi, selon moi, beaucoup plus aux matérialistes dialectiques qu'à Hegel.
D'autre part, concernant le dernier chapitre de "Les états…", Guénon comme Hegel sont confrontés au même problème de la double négation et me semblent le résoudre de la même façon, le temps ou l'intemporalité n'ayant rien à voir dans l'affaire.
Métaphoriquement peut-être (pas tant que ça) je vois le temps intemporel oriental comme un temps topocratique, et le temps linéaire occidental comme un temps logocratique (toute prose -mais pas tout chant- a un commencement et une fin).
En tant que matheux je vois le temps intemporel (moyen ou extrême oriental) comme le compactifié de Bohr² de la droite réelle qui modélise classiquement le temps linéaire des occidentaux (dont Hegel?) (autrement dit le temps intemporel est inéluctablement lié -adhère, disent les matheux- au temps temporel.
En tant que thomien le problème de la double négation -sur lequel Lacan s'est longtemps penché dans sa période "formelle" avec ses formules de la sexuation- s'évanouit en considérant des modes de pensée non plus formels mais géométriques.
¹: https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_R%C3%A8gne_de_la_Quantit%C3%A9_et_les_Signes_des_Temps
²: - " La pensée matérialiste de Marx et Engels s'approprierait la « forme » de la dialectique de Hegel, mais en la dépouillant de son « idéalisme » : alors que la dialectique hégélienne consistait en une dialectique de la pure pensée, Marx et Engels aspirent à une connaissance scientifique de la réalité, leur conception de la dialectique devant représenter le mouvement du réel dans son développement immanent."
- "Dérivée de l'œuvre de Georg Wilhelm Friedrich Hegel, la philosophie marxiste est à la fois une stricte application de la méthode de ce dernier, et une réaction radicale contre la pensée hégélienne." https://fr.wikipedia.org/wiki/Mat%C3%A9rialisme_dialectique#Influence_initiale_de_Hegel
³: https://en.wikipedia.org/wiki/Bohr_compactification
Alex Kara
14/10/2019
Ce qui est très remarquable, et dont il n'a pas été fait mention à ma connaissance, c'est que la planification post-nucléaire est vraiment très proche d'une planification post-effondrement.
Des archéologues ont pu parler de Rome comme d'un “trou noir démographique” (on y vient pour mourir), sans doute les grandes villes occidentales y sont comparables, puisque, même si l'on met beaucoup plus de temps à périr, on n'enfante pas pour autant de remplaçants. Soit on y meurt sans descendance, soit les enfants qui s'y font appartiennent à une race extraterrestre, englués dans leurs écrans et notés aux smileys (authentique). Tout cela n'est pas très résilient.
Il faut absolument consacrer vingt secondes à regarder cette vidéo sur l'Effondrement de l'Âge du Bronze Tardif depuis le repère temporel déjà inclu dans le lien : https://www.youtube.com/watch?v=QMBM1qazAXE&t=170s
On les voit bien, les missiles hypersoniques et les Armata robotisés de l'époque : ce sont les chariots de guerre, avec une empreinte logistique énorme et un nombre réduit d'experts. Non seulement cela ne sert à rien dans le cadre d'émeutes urbaines, mais cela cesse de fonctionner aussitôt que les problèmes commençent. Tiens d'ailleurs, combien d'experts vitaux pour la défense du territoire prennent chaque jour le RER ou le périph' pour se rendre à l'Hexagone / ministère des armées au sud de Paris ?
Les Etats-continents comme les Etats-Unis ou la Russie sont en fait très résilients à l'effondrement, une grande partie de leur territoire est faiblement peuplée. L'Europe très densément peuplée ou la Chine côtière, c'est une autre histoire (quant au Japon : ... )
Du coup on peut s'attendre à ce que les Etats-Unis continuent à produire des Bradleys déféctueux et obsolètes simplement par inertie, mais il faut saluer les efforts de Trump pour fermer certains théâtres d'opérations, comme la Syrie en ce moment, qui justifient cette production et alimentent le gâchis.
Alex Kara
14/10/2019
Bien que je sois, comme tout le monde, navré par le fétichisme étatsunien pour la force et leur quincaillerie obsolète, il ne faut pas nous laisser aveugler : les Etats-Unis sont, à nouveau, en train de changer leur doctrine militaire.
Cet article illustre bien que l'équipement des forces US était une question d'économie domestique ainsi que de politique intérieures. Cette course aux modules “ game-changer-absolument-indispensable” qui se greffent sur la carcasse de tous leurs appareils militaires est donc surtout un moyen de garantir des voix et la survie de petites villes de Chattanooga à Kalamazoo, finalement un peu comme le complexe militaro-industriel soviétique…
Bon Fred Reed sait ce qui plaît aux rédactions russes et souligne que les militaires étatsuniens sont des poules mouillées, obèses, incapables de gagner une guerre contre des va-nus-pieds analphabètes. Ainsi l'article est publié et occulte complètement le fait que les Etats-Unis, comme toute thalassocratie qui se respecte, fait grand usage des ressources locales et donc des supplétifs.
En Syrie, ces supplétifs, mentalement reprogrammés par les sous-traitants pétromonarchiques, ont mobilisé quasiment toutes les capacités de projection russes ET AUSSI l'essentiel des capacités de projection iraniennes directes et indirectes (Hezbollah) pendant quatre ans, ce qui n'est pas rien. Bon d'accord en face il y avait des techniciens occidentaux pour les armements compliqués, mais tout de même.
Ma thèse a toujours été que Trump a été élu pour essayer de préparer son pays à la très grave crise mondiale qui se profile à l'horizon, et que dde désigne fort justement sous le terme “effondrement final”. L'essentiel de la population étatsunienne est impropre à beaucoup de choses, car c'est un pays avec une logique latifundiaire, et c'est d'ailleurs ce qu'une partie des Républicains reprochent aux Démocrates : gérer les villes, les quartiers populaires et les ghettos comme des plantations d'esclaves.
Si Fred Reed aime bien les hommes taillés comme des bûcherons (ah écoutez c'est lui qui a choisi d'associer sexualité et chose militaire) c'est qu'il les oppose aux gens décadents des villes et sa racaille, comme tout chroniqueur de l'effondrement de l'empire romain d'Occident qui oublie qu'il y a eu un autre empire romain qui a survécu mille ans de plus…
Il faudrait donc sortir la tête du matérialisme, aller plus loin que les questions de matériel et d'hommes, et cesser enfin de rejouer la Bataille de Koursk dans sa tête comme on n'a cessé de le faire pendant toute la Guerre Froide.
Tout d'abord le développement de l'arme atomique et de ses vecteurs étaient la vraie priorité militaire. Depuis 1945 ? Non bien sûr, depuis bien avant ! L'arme atomique a rendue la guerre entre puissances du Premier Monde (dans lequel il faut inclure la Russie et la Chine) non seulement impossible mais sans objet. A quoi bon gagner une bataille de chars (même sans tricher à coup de bombes de champ de bataille…) si on ne peut pas exploiter le succès, sous peine d'escalade nucléaire ?
C'est pourquoi tous les conflits impliquants une nation du Premier Monde depuis maintenant 80 ans, c'est-à-dire quasiment un siècle, ont été des conflits livrés contre des supplétifs locaux. Ce n'est pas sympa de traiter le Viet-Minh de supplétif mais voilà, il se trouve qu'il a vaincu une puissance du Premier Monde.
jc
14/10/2019
Le PFMT (Principe Fondamental de la Métaphysique Thomienne) encourage les analogies et l'intelligence "à la Thom" qui est de systématiquement tenter de se mettre dans la peau des choses, c'est-à-dire d'anthropomorphiser sa pensée (ce que Guénon refuse absolument), en particulier de la sexuer. Ce qui suit tente de répondre à la question suivante: quel sexe attribuer à un logocrate et à un topocrate?
Mon intuition première, récemment perturbée¹, est que la logocratie est masculine et la topocratie féminine. Je développe.
Pour moi un logocrate est un musicien des formes sonores, des mots, le substrat avec lequel il travaille étant la quantité discrète, discontinue, quantité qu'il s'agit de qualifier, c'est-à-dire quantité à laquelle il s'agit de donner un sens. Un texte tapé à la machine par un singe a peu de chances d'avoir un sens, et un texte syntaxiquement correct n'en a pas nécessairement un (pour Thom le problème du sens précède celui de la vérité¹). Pour moi Philippe Grasset est indéniablement un logocrate: "Il suffit d’un mot, d’une phrase, d’une citation à placer en tête, (...) et toujours, à l’arrivée, il y avait un sens, une forte signification, le texte était devenu être en soi (...)² "; je le compare à un musicien compositeur auquel il suffit d'un thème de quelques notes (do, mi, sol, do) pour écrire toute une symphonie. Cette comparaison permet de faire le lien avec le règne de la quantité discrète (qui s'identifie pour Guénon pratiquement avec le règne du nombre): 1 (unisson), 1/2 (octave), 2/3 (quinte), 3/4 (quarte). Dualement un topocrate est pour moi un musicien des formes visuelles, des images, en lien, cette fois, avec le règne de la quantité continue.
Mon intuition première vient essentiellement de deux sources. La première est la lecture des chapitres XXI "Caïn et Abel" et XXIII "Le temps changé en espace" de "Le règne…" et l'intuition que Abel, le nomade, le spatial, est en fait Abelle, une femme (Caïn, le sédentaire, le temporel, étant bien entendu un homme). La seconde est la citation thomienne suivante qui féminise les topocrates en qualifiant les topologues de yin (et, a contrario, qui masculinise les logocrates en qualifiant les algébristes de yang):
Thom: "(...) il y a une certaine opposition entre géométrie et algèbre. Le matériau fondamental de la géométrie, de la topologie, c'est le continu géométrique ; étendue pure, instructurée, c'est une notion « mystique » par excellence. L'algèbre, au contraire, témoigne d'une attitude opératoire fondamentalement « diaïrétique ». Les topologues sont les enfants de la nuit ; les algébristes, eux, manient le couteau de la rigueur dans une parfaite clarté. (1978)
(On pourra alors méditer les citations thomiennes suivantes:
- "Pour moi, la mathématique, c'est la conquête du continu par le discret." (1977) (L'inverse pour Grothendieck?)
- "Pour moi, l'aporie fondamentale de la mathématique est bien dans l'opposition discret-continu. Et cette aporie domine en même temps toute
la pensée." (1991) )
Remarque finale.
J'ai classé ainsi les quatre âges du Manvantara; or (yin-yin,4), argent (yin-yang, 2), bronze (yang-yin, 2), fer (yang-yang) pour une durée totale de 9 (4+2+2+1) au lieu du traditionnel 10 (4+3+2+1). Pour moi la charnière âge d'argent/âge de bronze coïncide avec la meurtre d'Abelle par Caïn, et symbolise la prise de pouvoir par les hommes. L'heure de la vengeance d'Abelle sur Caïn est-elle en train de sonner?
Guénon: "Ainsi un « retournement » s’opère en dernier lieu contre le temps et au profit de l’espace : au moment même où le temps semblait achever de dévorer l’espace, c’est au contraire l’espace qui absorbe le temps ; et c’est là, pourrait-on dire en se référant au sens cosmologique du symbolisme biblique, la revanche finale d’Abel sur Caïn."
Épilogue.
Selon Platon et de nombreux philosophes, "Dieu, toujours, fait de la géométrie". Ne serait-ce pas plutôt: "Dieu, toujours, fait de l'arithmétique" (rendant ainsi grâce au pythagoricien "Tout est Nombre") et "Déesse, toujours, fait de la géométrie"? Au fronton de l'Académie: "Que nul n'entre ici s'il n'est arithméticien et géomètre"?
¹: https://perso.imcce.fr/alain-chenciner/Vrai_faux_insignifiant.pdf
²: https://www.dedefensa.org/article/le-desenchantement-de-dieu
jc
13/10/2019
De la logocratie à la topocratie, de la succession des mots à la succession des formes, des automatismes de l'audition aux automatismes de la vision, du point de vue "classique en Occident" au point de vue thomien (en ce sens du SC et PC au SI et PI).
Thom: "Un des problèmes centraux posés à l'esprit humain est le problème des la succession des formes." (SSM, première phrase)
Thom: "Mais qu'est donc l'objet de cette Sémiophysique? La Sémiophysique concerne d'abord la recherche des formes signifiantes; elle vise à constituer une théorie générale de l'intelligibilité. Le problème est en fait quasi expérimental. placez un sujet dans une cabine de cinéma, et projetez-lui un film représentant une morphologie abstraite en évolution. Demandez au sujet si ce qu'il voit à un sens pour lui et, dans ce cas, demandez-lui de le décrire. L'hypothèse ici présentée est que seules certaines configurations d'éléments font réellement sens, et peuvent servir de base à une construction intelligible, susceptible d'être linguistiquement décrite (...)" (ES, Préambule)
Thom est convaincu de la supériorité de l'approche topocratique sur l'approche logocratique:
Thom: "Malgré son caractère non quantitatif, qui a suscité la dérision des scientifiques professionnels [SC!], il [le modèle de Zeeman de l'agressivité du chien] a l'avantage inestimable de montrer ce qui fait la supériorité d'un modèle géométrique sur une construction conceptuelle." (AL, Envoi)
Thom: "L'ambition ultime de la théorie des catastrophes est d'abolir la distinction langage mathématique-langage naturel qui sévit en science depuis la coupure galiléenne. (...) Une modélisation géométrique de la pensée verbale ordinaire n'aura d'intérêt que si l'on peut, grâce à elle, aboutir à des assertions que ne permet pas de fournir la logique usuelle du langage naturel. Cela suppose qu'on puisse:
1) modéliser géométriquement toutes les déductions (rigoureuses) de la pensée ordinaire. Autrement dit réaliser le rêve leibnizien de la "caractéristique universelle";
2) aller au delà.
La partie 1 de ce programme "énorme" n'étant pas réalisée (et de loin), il est sans doute prématuré de considérer la partie 2. J'ai cependant rencontré des propositions à caractère "translogique" fournies par le modèle géométrique et que rejetait le bon sens ordinaire. ainsi de l'assertion "le prédateur affamé est sa propre proiz", qui, selon moi, est à la base de l'embryologie animale." (AL, p.409)
Je pense que nos contemporains, dans leur immense majorité, argumentent avec des mots pour tenter de convaincre, rhétorisent (moi entre autres mais aussi Guénon) -voire sophistisent- parce que c'est comme ça que ça se fait, c'est l'usage, c'est SC et PC.
Restent les véritables logocrates, les Obélix de la chose ...
PhG¹: "Il suffit d’un mot, d’une phrase, d’une citation à placer en tête, la chose inspiratrice qui ouvre la voie et là-dessus se déroule le texte, à son rythme, entièrement structuré, avec sa signification déjà en forme et en place. Je n’ai rien vu venir et j’ignore où je vais, mais j’ai toujours écrit d’une main ferme et sans hésiter… et toujours, à l’arrivée, il y avait un sens, une forte signification, le texte était devenu être en soi… C’était un instant de bonheur fou."
PhG¹: "Je ne crois pas une seconde (...) que les mots et les phrases qui naissent de-ci de-là, de ma plume, je ne crois pas que tout cela soit de moi ; cela m’est un don, c’est-à-dire quelque chose que l’on voulut bien me donner pour que j’en fasse le message"
PhG²: "(On doit comprendre que l’expression “forces supra-humaines” est volontairement vague, imprécise, etc. Vous pourriez mettre à la place “l’Unité originelle”, “Dieu”, etc., les concepts précis ne manquent pas. Je ne le fais pas pour éviter le plus possible des polémiques terrestres tout aussi précises attachées à ces termes, dont je n’ai que faire, sachant d’une part leur évidente insolubilité, d’autre part leur fonction habituelle de déclencheuse de “chasse aux sorcières” dont je me passe aisément, – pas de temps à perdre à cet égard.)"
À mes yeux PhG n'est évidemment ni PC ni SC.
¹: https://www.dedefensa.org/article/le-desenchantement-de-dieu
²: https://www.dedefensa.org/article/ma-foi-du-charbonnier
jc
13/10/2019
Il ne s'agit pas ici de principes métaphysiques thomiens, mais de la façon dont Thom fait de la métaphysique. Ce qui suit est un prolongement de la quatrième et dernière remarque préliminaire du .3, censé montrer en quoi la façon de Thom diffère fondamentalement profondément de celle de Guénon. Ce qui suit ne concerne pas a priori les intuitions de Guénon et de Thom, mais la différence des façons qu'ils ont chacun detenter de convaincre.
Thom a une façon morpho-logique de voir le monde (STI, Scientifiquement Très Incorrecte) à laquelle il subordonne sa propre logique¹. Cette façon le conduit à rejeter dans l'organon d'Aristote les principes d'identité et de non-contradiction et donc les notions de vérité et de fausseté:
Thom: "(...) le problème important -en matière de philosophie du langage- n'est pas celui de la vérité² (affaire d'accident, Sumbebèkos dirait Aristote), mais bien celui de l'acceptabilité sémantique, qui définit le monde des "possibles", lequel contient le sous-ensemble (éminemment variable) du réel. On ne cherchera pas à fonder la Géométrie dans la Logique, mais bien au contraire on regardera la logique comme une activité dérivée (et somme toute bien secondaire dans l'histoire de l'esprit humain), une rhétorique." (ES, p.16)
Ce qui précède montre que le thomien que j'essaye d'être considère comme rhétoriques les arguments développés par Guénon dans le dernier chapitre de "Les états multiples de l'Être". Cela ne remet pas nécessairement en cause, je le répète, les intuitions de Guénon, comme le montre l'envoi du chapitre, à mettre en regard de la citation thomienne ci-dessus:
Guénon: "Pour prouver métaphysiquement la liberté, il suffit, sans s’embarrasser de tous les arguments philosophiques ordinaires, d’établir qu’elle est une possibilité, puisque le possible et le réel sont métaphysiquement identiques."
¹: Logique qui est pour Thom une embryo-logique: "La classe engendre ses prédicats, comme le germe engendre les organes de l'animal. Il ne fait guère de doute (à mes yeux) que c'est là l'unique manière de théoriser ce qu'est la Logique naturelle."
²: Thom: "Ce qui limite le vrai, ce n'est pas le faux, c'est l'insignifiant."
jc
12/10/2019
Je termine le 17(.0) par:
"Remarque finale: Guénon termine "Les états multiples de l'Être" par "une « preuve » métaphysique de la liberté"⁵. Il me semble intéressant de confronter son point de vue avec celui de Thom." ,
avec référence à l'article de Wikipédia (⁵) qui consacre une vingtaine de lignes à commenter ce seul chapitre.
Je ne peux m'empêcher de mettre en regard quelques citations de Thom à ce sujet, avec l'espoir que les guénoniens vérifient que, sur ce point, Thom est digne de reprendre le flambeau de la Tradition tenu un temps par Guénon.
Remarques préliminaires.
1. En parcourant le chapitre en grand zig-zag, j'ai constaté que Guénon ne cite pratiquement personne autre que la Tradition et lui-même (seule est citée "La voie métaphysique" d'un certain Matgioi) et qu'il travaille "de première main" (comme Grothendieck et Philippe Grasset¹) alors que l'opposition liberté/déterminisme a fait couler beaucoup d'encre au bout des plumes les plus prestigieuses.
2. En parcourant très rapidement https://listephilo.pagesperso-orange.fr/liberte.html , le premier site à se présenter pour moi à ce sujet sur la toile, j'ai noté la position de Karl Popper, dont George Soros était disciple², et son "L'Univers irrésolu. Plaidoyer pour l'indéterminisme " que je prends aussitôt, sans en avoir lu une ligne, comme la position du Système (pas de liberté sans l'indéterminisme et tous ses avatars, néo-darwinisme en tête, thermodynamique statistique, thermocratie "à la Gilles Châtelet" et mécanique quantique "interprétation de Copenhague" pas très loin derrière).
3. Ii y a eu à la fin des années 1970 une virulente querelle entre scientifiques à propos du déterminisme, opposant Thom (tenant du déterminisme) à Prigogine (entre autres) tenant de l'indéterminisme. Le médiatique Paul Jorion (PC et SC à donf) relate cette querelle dans un article de son blog³. (On y remarquera le "le camp défendu par René Thom, et peut-être Petitot", sachant que Petitot est certainement le meilleur connaisseur (français et peut-être mondial) de l'oeuvre de Thom et qu'il (Petitot) se considère aronien, hayekien et popperien -mais pas thomien!-.)
4. Cette remarque a, selon moi, un caractère beaucoup plus "profond" que les précédentes. Elle justifie ma lecture "en zig-zag" du chapitre et mon scepticisme sur la "preuve" métaphysique "formelle" de la liberté proposée par Guénon (sans remettre en question l'intuition qu'il a de la réponse!). Ce scepticisme est dû à l'approche morpho-logique de Thom, approche qui conduit à refuser la logique de l'organon d'Aristote, et en particulier les principes de non-contradiction et d'identité (et qui conduit à se méfier de l'emploi inconsidéré de la négation!):
"La T.C. [Théorie des Catastrophes] offre donc la possibilité (étendue) de transgresser le principe d'identité (quitte évidemment à réaliser ces transgressions dans des situations bien contrôlées)." (1978)
"Dans cette confiance [platonicienne] en l'existence d'un univers idéal, le mathématicien ne s'inquiétera pas outre mesure des limites des procédés formels, il pourra oublier le problème de la non-contradiction." (AL, p.561)
Citations thomiennes:
- "Si un processus physique nous apparaît comme non-déterministe, c’est parce qu’on le représente dans un espace inadéquat: il faut alors ajouter des dimensions supplémentaires. Il faut ajouter des dimensions cachées jusqu’au moment où l’apparence de non-déterminisme disparaît".
- "(...) à mes yeux, la statistique est fondamentalement une herméneutique déterministe dont voici le but : étant donné un nuage de points (une
distribution de probabilités) dans un espace M, engendrer ce nuage par le mécanisme déterministique le plus simple possible agissant dans un espace produit MxY, Y espace de paramètres « cachés »." (1980)
- "La liberté, comme la mathématique, est fille de l'imagination." (1993)
- "Quant aux causes finales, on peut sans doute les faire rentrer au moins partiellement dans la causalité formelle, si l'on envisage une structure biologique comme partie d'une structure globale périodique : un « cycle » dans l'espace-temps. La réponse à une perturbation localisée d'un tel cycle stable peut être aussi bien considérée comme agissant en amont du cycle qu'en aval. D'où la possibilité de subsumer la cause finale en biologie sous la causalité formelle." (1983)
- "Encore une petite incursion dans la métaphysique : il n'y a de science qu'à partir du moment où on peut plonger le réel dans le virtuel. Il faut plonger le réel dans le possible, pour qu'on puisse réellement parler de science."
- "En quoi l'appel au hasard pour expliquer l'évolution serait-il plus scientifique que l'appel à la volonté du Créateur?" (1980)
- "Que gagne-t-on à enrober le squelette du déterminisme dans une couche de graisse statistique ? (paraphrase d'une formule de physiciens anglais)." (1980)
- "Le déterminisme en Science n'est pas une donnée, c'est une conquête. En cela les zélateurs du hasard sont des apôtres de la désertion." (1980)
- "Je ne discuterai pas ici la question de l'indéterminisme quantique ; je dirai seulement que l'argument sur lequel on prétend le fonder, — le principe de complémentarité ou d'incertitude —, révèle seulement le caractère grossier et inadéquat du modèle ponctuel de la particule." (1968)
- "On admet généralement que les phénomènes du monde macroscopique relèvent de la Mécanique classique et sont de ce fait astreints à un
déterminisme rigoureux, alors que les phénomènes à l'échelle quantique seraient, eux, foncièrement indéterminés. Cette vision livresque des choses est, croyons-nous, fondamentalement erronée." (1968)
- "A mon avis, c'est par l'axiome de localité, par un déterminisme local, que la science se sépare de la magie. Si on accepte les actions à distance, il n'y a plus aucun contrôle." (1989)
- "On n'a pas conscience, dans les milieux d'expérimentation, de la contrainte considérable que fait peser le postulat du déterminisme local."
- "Aucun homme sensé ne peut nier qu'il fait la différence entre le passé qui est fixé, défini, alors que le futur est plastique. On peut agir sur lui. Cette différence est fondamentale or elle n'est pas exprimable mathématiquement. Cela est tout à fait étrange. C'est cela qui m'amena à
reconnaître le libre arbitre humain."
- "(...) la mathématique est la fille de la liberté humaine. Elle en est peut-être le plus splendide rejeton." (1993)
- "(...) pourquoi ne pas croire que nous pouvons intérioriser mentalement une bonne part du déterminisme qui nous meut, en ce sens que ce
déterminisme, c'est nous-mêmes…" (1980)
- "On peut penser que comprendre l'articulation entre le déterminisme mathématique – de type différentiel et laplacien – et le déterminisme
langagier des causes en langue naturelle est l'une des tâches essentielles, sinon de la science, du moins d'une philosophie naturelle bien conçue."
- "Le déterminisme, lorsqu'il est scientifique, c'est-à-dire accessible à tous, et théoriquement intelligible pour tous, est un instrument de libération." (1980)
- "Je crois que le libre-arbitre existe chez l'homme, en tant que système qui permet d'échapper au double bind." (1984)
¹: https://www.dedefensa.org/article/ma-foi-du-charbonnier
²: "George Soros est le disciple de Karl Popper avec qui il entretenait une correspondance. Le nom de sa fondation, Open Society Foundations, est d'ailleurs une référence à l'ouvrage de Popper, La Société ouverte et ses ennemis." https://fr.wikipedia.org/wiki/George_Soros
³: https://www.pauljorion.com/blog/2019/08/28/progres-en-philosophie-naturelle-le-22-aout-2019-retranscription/
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