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Le décollage sémantique du F-35.1

Article lié : Le singe de notre simulacre

jc

  19/09/2019

Ceux qui ont lu "Le règne de la quantité..." auront remarqué que je n'ai apparemment pas suivi Guénon dans la conception (traditionnelle?) de "materia secunda" puisque pour lui la materia secunda est nombre et que j'ai considéré le F-35 comme une materia secunda. Ce qui suit permet, je crois, de rapprocher les deux points de vue. On peut voir le F-35 de deux façons: d'un point de vue existentiel, structurel ou d'un point de vue essentiel, fonctionnel: c'est le problème du fauteuil soulevé par Eddington de ses définitions/descriptions structurelle et fonctionnelle: alors que la description fonctionnelle est limpide* (pour le fauteuil une chose faite pour poser ses fesses, son dos et ses bras, pour l'avion une chose faite pour voler), la description structurelle est plus délicate.

Dans "Le règne…" (chap. II) Guénon considère deux sortes de quantités: la quantité continue et la quantité discrète et, après argumentation, opte pour interpréter le "quantitae" de Thomas d'Aquin par la quantité discrète. Avec cette option la description ne peut être qu'atomique: un fauteuil est un ensemble d'atomes. En science contemporaine, moderne et profane, le discret s'identifie pratiquement à l'atomique; puisqu'à chaque atome est associé une série de nombres entiers (ou demi-entiers) qui le caractérisent (Pauli, etc.), la matière au sens des atomistes est nombre: c'est ainsi que je fais le lien entre la position de Guénon et la mienne.

J'ai lu¹ que Guénon avait écrit les premiers chapitres de "Le règne…": "Les sept premiers chapitres du livre, difficiles à lire, parlent de la cosmogonie en utilisant de nombreux termes scolastiques : il s'agit, en fait, d'une réponse aux penseurs néothomistes de l'époque. (...) Guénon veut prouver que les néothomistes, qui ont alors une énorme influence au Vatican, se trompent et que leurs solutions pour résoudre la crise du monde moderne ne peuvent pas être les bonnes. Il est indispensable de réaliser ce contexte pour comprendre de nombreux développements doctrinaux au début de l'ouvrage." Du rififi au Vatican?

L'encyclique "Fidei et ratio" a confirmé la ligne thomiste de l'Église. Dans l'encyclique "Laudato si" on trouve un "La réalité est supérieure à l'idée" que Guénon qualifierait sans doute -s'il était encore en vie- de satanique. Dans la querelle scolastique des universaux (idée avant la chose, idée dans la chose, idée après la chose -ante rem, in re, post rem-, c'est-à-dire réalisme philosophique, conceptualisme, nominalisme) le Vatican donne l'impression de virer au nominalisme, ce qui doit faire faire des petits bonds sur leur prie-Dieu aux catholiques néo-platoniciens toutes chapelles confondues. Est-ce que cette position signifie que l'Église admet, voire intègre, la position atomiste?

Je me pose la question car j'ai remarqué que le mathématicien médaillé Fields Cédric Villani (qui vise la mairie de Paris) est membre de l'académie pontificale des sciences². Or trois indices me font penser que Villani est un matérialiste (en ce sens que l'existence implique l'essence). Le premier est que les travaux qui lui ont valu la médaille Fields portent sur les équations de Boltzmann, le "savant" qui a introduit le nombre en physique moderne sous sa forme la plus dégradée, la plus profane, ouvrant la voie d'une discipline nouvelle: la physique statistique. Le second est qu'il est membre de Larem et donc un libéral³. Le troisième, le dernier mais pas le moindre, c'est qu'il est à fond pour l'IA. Un soldat de l'AntéChrist, un SA⁴, un satan au Vatican?


¹: https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_R%C3%A8gne_de_la_Quantit%C3%A9_et_les_Signes_des_Temps

²: Cette place me semble plus naturellement devoir revenir à Laurent Lafforgue, également médaillé Fields et catholique pratiquant, qui s'affiche comme tel dans sa pratique professionnelle (ce qui est rarissime dans ce milieu)

³: L'idée -répandue- que la liberté est la faculté de faire ce qu'on veut induit un rapprochement naturel entre libéralisme et indéterminisme, et donc, pour un scientifique, un rapprochement naturel avec les idées de Boltzmann, des néo-darwiniens (hasard des mutations et pression sélective), etc. Il me semble que cette attitude de l'esprit d'associer étroitement liberté et indéterminisme conduit tout naturellement à identifier unité et uniformité. Guénon étudie avec soin ce problème -avec en préalable celui de l'individuation- dans "Le règne…" et en montre ses conséquences politiques dans  "La crise du monde moderne" (chap. "Le chaos social"): pour lui l'individualisme, le libéralisme et le matérialisme sont intimement liés et conduisent à une approche seulement humaine -et non suprahumaine- de la société qui conduit au désastre social que nous constatons. Selon moi l'actuel président de notre république est le petit fils spirituel de Margaret Thatcher qui a montré qu'elle était sur cette ligne de pensée libérale -et donc matérialiste- sans aucune équivoque possible (cf. son célèbre "There is no society"). Il
me semble naturel d'en inférer que Villani est dans cette mouvance.  

⁴:  Il est d'usage chez les jésuites de signer SJ (Soldat Jésuite)

*:  Il en va de même pour les yeux, qui sont faits pour voir. Pour Aristote l'âme est au corps ce que la vue est à l'oeil. Pour quoi sommes-nous faits?


 

Le décollage sémantique du F-35

Article lié : Le singe de notre simulacre

jc

  18/09/2019

Thom: "C'est parce que la mathématique débouche sur l'espace  qu'elle échappe au décollage sémantique créé par l'automatisme des opérations algébriques."
Je radote avec cette citation dès qu'il est question du F-35, car il y est question de décollage.
L'algèbre est pure manipulation de symboles, symboles avec lesquels jonglent les algébristes selon les règles qu'ils se fixent au gré de leur fantaisie; et la géométrie est là comme juge de paix qui donne un sens (ou non) à ces manipulations formelles. D'où, en mathématiques, l'importance cruciale de la géométrie arithmétique, de la géométrie algébrique, de la géométrie différentielle, etc. Mais ces considérations ne disent sans doute pas grand'chose aux non-matheux.

Il se trouve que je suis en train de commencer à lire (et pas seulement survoler ou parcourir) "Le règne de la quantité ...", c'est-à-dire d'essayer de comprendre ce qu'y écrit Guénon. Je tente donc ici en pur béotien autodidacte une formulation de la chose en terme de métaphysique "à la Guénon". J'y suis invité par le "La structure conceptuelle du F-35 est par nature instable et son logiciel de maintenance a été jusqu’ici un “cauchemar de bugs” ;" de William Astore qui ne peut que faire décoller un thomien au quart de tour puisque figurent dans la phrase les deux mots-pavillon "structure" et "instable".

En consultant Wikipédia je découvre que l'une des dénominations de l'avion en question est  "F-35 Joint Strike Fighter", soit en raccourci F-35 JSF. Ontologiquement l'avion "en carbone(?)" est donc un être substantiel, dénommé par le substantif F-35. Ce n'est pas une "materia prima", appellation réservée aux avions tout-puissants (qui peuvent tout faire), c'est-à-dire aux dieux des avions, c'est une "materia secunda" qui, en tant qu'être substantiel, devrait être doué de stabilité structurelle¹ puisque, Spinoza dixit, tout être se doit en effet de pouvoir persévérer dans son être. Ses qualités essentielles, son essence, son principe actif, sa forme (au sens philosophique de ces termes), sont d'être un "Joint Strike Fighter".

Je recite pour la nième fois² l'extrait suivant qui figure en épigraphe d'un chapitre de SSM, extrait qui s'adapte aisément à la situation présente en remplaçant la montre par l'oiseau artificiel F-35 et le triton par un oiseau naturel:

« Le mécanisme de n'importe quelle machine, une montre par exemple, est toujours construit de manière centripète, c'est à dire que toutes les parties de la montre, aiguilles, ressorts, roues, doivent d'abord être achevées pour être ensuite montées sur un support commun.
Tout au contraire la croissance d'un animal, tel le triton, est toujours organisée de manière centrifuge à partir de son germe; d'abord gastrula il s'enrichit ensuite de nouveaux bourgeons qui évoluent en organes différenciés.
Dans les deux cas, il existe un plan de construction; dans la montre, il régit un processus centripète, chez le triton, un processus centrifuge. Selon le plan les parties s'assemblent en vertu de principes opposés. »  (J.V. Uexkull, Théorie de la signification.)

Dans le jargon métaphysique on voit ainsi s'opposer deux façons de voir le monde:

- l'approche "existentielle" où l'existence précède l'essence, c'est-à-dire l'approche matérialiste, approche satanique pour Guénon;
- l'approche "essentielle" que préconisent Guénon et Thom³ (et les "tradi"?).

Dans le premier cas il faut d'abord tout construire en espérant que ça marche. Le second cas suggère que l'évolution se fera naturellement (s'il n'y a pas d'empêchement -disait, il y a déjà longtemps, Aristote-).

Thom: "(...) j'accepte, en biologie, le principe lamarckien : la fonction crée l'organe. C'est un principe que les biologistes actuels refusent absolument. Ils pensent, par exemple, que si nous voyons c'est parce que nous avons des yeux et pas du tout parce que d'une certaine manière la vie a décidé de fabriquer des yeux pour voir ! "

Thom: "La célèbre controverse académique de 1830 entre Georges Cuvier et Étienne Geoffroy Saint-Hilaire présente un intérêt théorique considérable. C'est grâce à elle, en effet, que s'est posé le problème des rapports entre structure et fonction." (ES, p.115)

En transposant sans peine l'opposition existentialisme/essentialisme on peut réfléchir à l'opposition IA/IN: l'antéchrist (dont parle Guénon dans les deux derniers chapitres de "Le règne de la quantité ...") en robot-dictateur?

Nous devons choisir notre camp.


¹: Thom: "(...) il est indéniable que notre univers n'est pas un chaos; nous y discernons des êtres, des objets, des choses que nous
  désignons par des mots. Ces êtres ou choses sont des formes, des structures douées d'une certaine stabilité; " (SSM, 2ème ed., p.1)

²: En particulier ici   https://www.dedefensa.org/forum/notes-sur-lincontrolablemonstre-jsf

³: Thom: "L'attitude matérialiste, traditionnelle en Science, consiste à dire que l'existence précède l'essence (en fait, l'existence implique l'essence) ; le modèle de la T.C. [Théorie des Catastrophes] en Morphogenèse va à l'encontre de cet axiome, car il présuppose que, dans une certaine mesure, l'existence est déterminée par l'essence, l'ensemble des qualités de l'être. On peut y voir une résurgence du schème aristotélicien de l'hylémorphisme : la matière aspirant à la forme."
 

Et si les US veulent se débarrasser des Saouds ?

Article lié : T.C.-80 : Bye bye FDR

Olivier

  18/09/2019

Les US ne veulent pas d'un pétrole trop cher (cela crée de l'inflation et avec l'endettement actuel l' inflation sur les matières premières-pétrole seraient la pire des choses), que les US importent du crude à pas cher mais exportent des produits raffinés à forte marge… Que les Saouds sont à 2 doigts d'être perçus comme des arriérés sanguinaires par l'ensemble des populations occidentales…. Et donc si finalement on se débarrasse de ces assassins demembreurs causeurs de guerres inhumanitaire mais en gardant la main sur le pétrole pas cher ?? Qu est-il plus simple, envahir l'Iran ou l' Arabie saoudite ? 

Khamenei ne laisse à Trump qu'un choix binaire

Article lié : T.C.-80 : Bye bye FDR

Alexis Toulet

  17/09/2019

Bon eh ben faire se rencontrer Trump et les Iraniens pour définir un nouvel accord - l'idée de Macron pour éviter la guerre - ça eut été une bonne idée.

Mais l'Iran dit non, clairement et fermement, par la voix de son Hochführer, pardon Guide Suprême.

«
«De l'avis unanime de tous les responsables de la République islamique d'Iran, il n'y aura aucune négociation avec les Etats-Unis, à quelque niveau que ce soit», a déclaré l'ayatollah Ali Khamenei, selon son site internet officiel. «Négocier avec les Etats-Unis [reviendrait à accepter] qu'ils imposent leurs exigences à l'Iran», indique un message du compte Twitter officiel en anglais de Ali Khamenei.
(...) «Si les Etats-Unis se repentent et reviennent [à l'accord sur le nucléaire iranien] dont ils se sont retirés [en mai 2018], ils peuvent participer aux discussions qu'ont l'Iran et les autres membres» parties à cet accord, indique un autre message twitter du compte officiel du guide en anglais. «Sinon, aucune négociation n'aura lieu entre la République islamique et des responsables américains à quelque niveau, et que ce soit à New York ou ailleurs», ajoute le même message.
»
 
La séquence attaque du 14 septembre sur Alqaïq suivie de cette fin de non recevoir est lumineuse.

Khamenei ne laisse à Trump qu'un choix binaire

- Poursuivre l'étranglement économique de l'Iran, avec pour résultat poursuite des attaques contre les infrastructures pétrolières du Golfe en application de la formule « Si l'Iran ne peut exporter de pétrole, personne d'autre dans le Golfe n'en exportera », d'où guerre générale, d'où destruction des infrastructures pétrolières de la région, d'où récession voire dépression économique mondiale, d'où fin des chances de réélection de Donald Trump

- Revenir dans l'accord de 2015 en permettant la reprise des échanges économiques iraniens, sans la moindre feuille de vigne pour cacher la reculade. « Revenir » me semble d'ailleurs avoir ici un sous entendu religieux : il s'agirait d'un retour au sens de repentir

La lutte entre l'instinct de conservation de Trump d'une part, sa fatuité et son orgueil d'autre part, décidera de la réponse du président américain.

Et de la paix au Moyen-Orient.

Et de la stabilité économique mondiale.

L'époque est intéressante.

—-

Tel que je le perçois, je peux imaginer plusieurs raisons à la décision de Khamenei :

- Méfiance envers les États-Unis en général, et Trump en particulier

- Position de principe comme quoi celui qui rompt un accord ne doit pas être récompensé

- Évaluation - à mon sens réaliste - comme quoi l'Iran en cas de guerre a vraiment la capacité opérationnelle de ruiner les exportations pétrolières de la région, et pour plusieurs années, bref qu'il a dans ses mains une dissuasion aussi terrifiante que l'arme nucléaire

- Pari comme quoi quelles que soient les évidentes faiblesses de Trump, l'instinct de conservation l'emportera chez lui sur l'orgueil

- Conviction du croyant - que je partage, même si moi ce n'est pas l'islam - que l'Histoire en définitive n'est pas dans des mains humaines, et que dans certaines situations il faut choisir la voie juste même très risquée et pour le reste dire « A Dieu va »

Que sa décision soit ou non la bonne, reste que c'est la sienne et que les dés en sont jetés.

La décision suivante est dans les mains de Donald Trump.

Je recommande la prière. Et non ce n'est pas une blague.

Il y a un un mois, je lisais un article du Saker où l'on apprenait que Warren Buffet avait investi massivement dans le pétrole de schiste ... On ne nous dit pas tout !!!

Article lié : Notes sur la seconde mort de FDR

patrice sanchez

  17/09/2019

'" Toutefois, M. Buffett n’est pas un expert chevronné de l’industrie pétrolière et a apparemment accepté le prêt de 10 milliards de dollars après seulement 90 minutes de conversation. "

A moins que les US n'aient décidé de se débarrasser définitivement du Royaume Saoudien si encombrant, de se désengager de la région ce qui leur permettrait par la même occasion de sauver la face car force est de reconnaitre qu'ils n'ont plus aucune crédibilité sur le plan militaire hormis l'apocalypse nucléaire !
En revanche sur le plan économique, Trump aurait tout à gagner à mettre le feu à l'industrie pétrolière au moyen orient ce qui serait banco pour les us, leur économie plus que moribonde aurait un sursis avec leur pétrole de schiste et leur PQ vert et une réélection quasi assurée !
Rien de nouveau sous le soleil maléfique sacrément ennuagé de la géopolitique de la terre et du pétrole brûlés US.
Il n'y a plus qu’à prier pour que le Yellowstone entre en activité !
Je vous joins le lien de l’article du saker sur Warren Buffet qui avait investi dans le pétrole de schiste alors que les cours étaient au plus bas ! Apparemment c’est Huggy les bons pîpelines qui l’aurait rancardé ! quand je vous disais que l’on ne nous dit pas tout dans notre monde dirigé par un asile de frappadingues à coté duquel celui de vol au dessus d’un nid de coucou ferait figure d’un gentil centre de colonie de vacances !
« »
https://lesakerfrancophone.fr/warren-buffett-la-peur-et-lavidite-dans-les-champs-petroliferes-issus-de-la-fracturation-hydraulique
Warren Buffett, la peur et l’avidité dans les champs pétrolifères issus de la fracturation hydraulique
Le cours des actions d’Occidental a atteint son plus bas niveau en 10 ans depuis la conclusion de l’opération et l’une des critiques a été les conditions très favorables entourant l’investissement de Buffett. Ce n’est pas la première fois que Buffett conclut un tel marché. Pendant la crise financière, son entreprise a renfloué Goldman Sachs avec un prêt de 5 milliards de dollars, toujours à des conditions favorables pour lui. Buffett a bien tiré profit de cet investissement et a pu en profiter également, grâce aux conditions généreuses qui lui ont été accordées.
Toutefois, M. Buffett n’est pas un expert chevronné de l’industrie pétrolière et a apparemment accepté le prêt de 10 milliards de dollars après seulement 90 minutes de conversation. C’est beaucoup d’argent à parier sur une simple prémisse : que le Permien peut produire du pétrole de façon rentable. Apparemment, cette conversation de 90 minutes a convaincu Buffett que c’était possible. Il a expliqué ses raisons : « C’est aussi un pari sur le fait que le bassin Permien est ce qu’il est censé être. »
Peut-être que les termes de l’accord protègent l’investissement de Buffett contre tout risque réel, mais la question de savoir si Buffett comprend mieux le Permien et les finances de la fracturation que quelqu’un comme Scott Sheffield de Pioneer est à débattre.
 

... en même temps... (comme dirait Jupiter...)...

Article lié : Notes sur la seconde mort de FDR

eric b.

  16/09/2019

... la hausse du cours du pétrôle fait les affaires de beaucoup de monde:
- les producteurs de la filière shiste ( USA)
- la Russie
- l'OPEP élargie
La Chine rigole moins ( pas de bol) ...

Pétrodollar

Article lié : Notes sur la seconde mort de FDR

Tino Candela

  16/09/2019

A l'époque les USA sont de gros exportateurs de pétrole (le conventionnel, celui qui jaillit tout seul des puits) et le resterons longtemps, jusqu'en 1970 je crois. Il leur est inutile de se garantir un approvisionnement.
Le pacte de Quincy concerne surtout le pétrodollar, les Saoudiens vont exiger de leurs clients d'être payés en dollars uniquement, ce qui rapportera aux USA la domination du monde.

soutien total à Regis de Castelnau

Article lié : Castelnau et la montée du fascisme sociétal en France

Marc Gébelin

  16/09/2019

Je suis d’autant plus d’accord avec Régis de Castelnau sur cette question des "migrants", que je remarque que parmi leurs défenseurs se trouvent des gens qui par ailleurs estiment qu’Israël doit rester pur et défendre sa race contre toute pollution de non Juifs, mais que nous, "Français de souche" devrions accepter que la nôtre soit mélangée de force au titre que, selon les idiots de l’Assemblée nationale, la race n’existe plus depuis le 12 juillet 2018!
 
Que les jeunes gens qui ont été honteusement condamnés doivent recevoir notre soutien, c’est l’évidence mais plus encore, il est urgent de souligner qu’ils n’ont fait que leur devoir devant l’incurie des pouvoirs publics "au service du capital" mondialiste que Régis de Castelnau connaît bien vu son parcours.
Que ces jeunes gens soient traités de fascistes voire de nazis, est l’œuvre de la pensée libéralo-gauchiste sauce Mélenchon ou sauce Macron. Je souligne par ailleurs, que ces jeunes gens ne sont pas à être mis dans le même panier que le RN, non pas parce qu’on approuve ou désapprouve ledit RN mais parce que leurs actes sont des actes de "désobéissance civile" rendus nécessaires par l’incurie de la police qui n’effectue plus son devoir de protéger la population et de celle des magistrats qui piétinent les lois qu’ils devraient appliquer. Je me reconnais dans ce mouvement de blocage des flux migratoires, non en tant que sympathisant ou électeur "de droite" mais en tant que citoyen qui voudrait que son pays fasse respecter ses propres lois ! La première étant que toute personne qui pénètre le territoire national sans autorisation doit en être empêchée ou refoulée, si elle y est parvenue, surtout aidée par un (ou plusieurs crétins) mondialistes qui eux devraient être condamnés avec sévérité car ils sont complices du crime qui surviendra bientôt dans un autre Lyon ou Villeurbanne de France.
 
Le bon côté de cette incroyable hubris de la magistrature sera que de plus en plus de Français vont se révolter et sans doute grossir les rangs des gilets jaunes ou de toute organisation, syndicale ou non, qui s’apprête à conspuer le banquier pervers qui loge à l’Elysée. Que chacun d’entre nous manifeste contre tout ce qui, de près ou de loin, contredit la politique macronienne et ses affidés du Palais Bourbon. La retraite à point, la PMA pour lesbiennes désaxées qui veulent de l’enfant comme d’autres des trottinettes, les privatisations d’ADP, de la Française des Jeux, etc. etc.
 
NB A propos lecteur, as-tu déjà voté pour le référendum d’initiative partagée? Sinon fais-le avant que tu oublies!
 

Ce

Article lié : Du Règne de la Quantité

jc

  15/09/2019

Je voudrais ici commenter en thomien -ou supposé tel- le septième chapitre "Uniformité et unité" de "Le règne de la quantité ...".

Je m'intéresse spécialement à ce chapitre parce que le point de vue purement atomiste et quantitatif (qui conduit les modernes à considérer que l'uniformisation est une unification) se retrouve -selon moi- d'une part en thermodynamique statistique (équiprobabilité de tous les micro-états accessibles) et d'autre part en démocratie moderne (un homme, une voix), justifiant pleinement le terme de thermocratie utilisé par le mathématicien-philosophe Gilles Châtelet dans son "Vivre et penser comme des porcs"¹.

Bien entendu Guénon ne considère pas que l'uniformisation est une unification. Faut-il y voir un espoir d'une démocratie qui ne soit pas une thermocratie, par exemple d'une démocratie "Vox populi, vox dei" qui serait à l'harmonie ce que la thermocratie est à l'égalité? Ce ne semble pas être l'avis de Guénon si on en juge par ce qu'il écrit de la démocratie dans le chapitre "Le chaos social" de "La crise du monde moderne".

Ceux qui auront eu le courage de parcourir les citations thomiennes de mon précédent commentaire auront remarqué d'une part le rôle essentiel que Thom attribue à une théorie de l'analogie dans l'élaboration de la rationalité², et d'autre part le fait qu'il propose -ceci explique très certainement  cela- une nouvelle théorie de l'analogie à substituer à la théorie aristo-eudoxienne. Selon sa théorie il suit que: "Les situations dynamiques régissant l'évolution des phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l'évolution de l'homme et des sociétés.", ce qui licite des analogies biologie/sociologie du type soma/peuple et germen/élite. Par cette analogie Guénon se trouve du côté du néo-darwinisme (barrière de Weismann) alors que Thom défend le point de vue lamarckien: "Ce mécanisme [de la reconstitution de la dynamique germinale] est a priori si complexe, qu'on ne pourra que s'étonner -dans un futur pas tellement lointain- de l'étonnant dogmatisme avec lequel on a repoussé toute possibilité d'action du soma sur le germen -tout mécanisme "lamarckien"-." (ES, p.127). La gamétogénèse au secours de la politique pour aider à régler le problème du remplacement de l'élite?


¹:  La magie d'internet permet de remonter à la surface un commentaire que j'avais complètement oublié: https://www.dedefensa.org/forum/trump-et-le-desordre-bouffesans-fin

²: Thom: "La rationalité, au fond, n'est qu'une déontologie dans l'usage de l'imaginaire."
 

Sans

Article lié : Blowback exochaotique du Système

Ni Ando

  15/09/2019

Une amie rentre de Hong-Kong, qu'elle connait assez bien. Elle ne s'intéresse pas particulièrement à la géopolitique et n'est pas partisane dans ses jugements. Elle me dit que les Etats-Unis affrêtent quasiment ouvertement des norias de cars les jours de manifestation, cars qui emportent des Philippins payés chacun 100$ la journée pour manifester en faveur de la "démocratie" (salaire moyen aux Philippines 260 Euros en 2019). Quand on aime on ne compte pas.

Ce

Article lié : Du Règne de la Quantité

jc

  14/09/2019

PhG: "(...) en évoluant dans ce magasin cosmique du Règne de la Quantité on peut y trouver du matériel métaphysique pour porter des coups terribles au Règne de la Quantité. A nous de le trouver…"

Ce "nous" de narration qui renvoie à l'indéfectible tandem PhG/Dedefensa s'adresse ici, selon moi, à nous tous qui fréquentons ce site et est donc une invitation à lire l'oeuvre de René Guénon -en particulier "Le règne de la quantité et les signes des temps"- et à la commenter.

Depuis les quelque trois ou quatre ans que je fréquente ce site j'ai acquis la conviction que l'oeuvre de Guénon joue un rôle très important -sinon fondamental- dans la façon qu'a PhG de voir les choses, et avec le recul de ces quelques années je perçois les dialogues -il y a une dizaine d'années sur ce site- entre Jean-Paul Baquiast et Philippe Grasset comme des dialogues entre un tenant du "Règne de la quantité" et un tenant du "Signe des temps" c'est-à-dire entre un tenant de la science moderne (profane) et un tenant de la science traditionnelle (sacrée): les dialogues 3 et 4 ("Le grain de sable divin" de PhG et "L'individu dans l'histoire" de JPB) sont pour moi typiques à ce sujet.

Je commence par quelques commentaires du chapitre IV "Science sacrée et science profane" de "La crise du monde moderne", où René Guénon formule ainsi "la crise de la science moderne":

"La science moderne, procédant d'une limitation arbitraire de la connaissance à un certain ordre particulier, et qui est le plus inférieur
de tous, celui de la réalité matérielle ou sensible, a perdu, du fait de cette limitation et des conséquences qu'elle entraîne immédiatement, toute valeur intellectuelle, du moins si l'on donne à l'intellectualité la plénitude de son vrai sens, si l'on se refuse à partager l'erreur « rationaliste », c'est-à-dire à assimiler l'intelligence pure à la raison, ou, ce qui revient au même, à nier l'intuition intellectuelle."

Pour avoir une idée de la limitation arbitraire de la connaissance que s'impose -s'inflige?- la science moderne il faut -selon moi absolument- lire l'article "pseudo-science" de Wikipédia¹ (sans oublier de consulter la discussion) pour constater que, selon les canons de la science moderne, la science traditionnelle est une pseudo-science (et réciproquement, comme le montre la lecture du chapitre IV précité).

Je ne sais pas si PhG peut être qualifié de guénonien (en particulier parce qu'il fait une distinction entre Matière majusculée et matière minusculée -il faut attendre la parution du tome III de "La Grâce…" pour des précisions-) alors que, autant que je sache, la matière (la Matière majusculée de PhG) est fondamentalement "satanique" pour Guénon.

Je ne me considère pas comme guénonien: mon insistance à faire du prosélytisme pour l'oeuvre de Thom sur ce site -comme jadis sur le blog de Paul Jorion- me qualifie plutôt quasi-automatiquement ici de thomien. Les quelques citations qui suivent² donnent une idée du regard que Thom porte sur la science en général et celle de son temps en particulier; les curieux qui auront le courage de parcourir ces citations déclinées un peu "brutes de décoffrage" arriveront peut-être -comme moi- à la conclusion que le philosophe Thom ne considère pas la science du même oeil que les modernes, mais plutôt du même oeil que les "tradi": c'est en tout cas le but recherché.

Citations thomiennes à propos de la science.

- "(...) si la science progresse, c'est en quelque sorte par définition. Alors que l'art et la philosophie ne progressent pas nécessairement, une discipline qui ne peut que progresser est dite scientifique. De là on conclura que le progrès scientifique, s'il est inévitable, ne peut être le plus souvent qu'illusoire." (1968, La science malgré tout…)

- "Ainsi la fonction originelle d'une philosophie de la nature sera-t-elle de rappeler constamment le caractère éphémère de tout progrès scientifique qui n'affecte pas de manière essentielle la théorie de l'analogie."

- "(...) une vision plus claire du programme métaphysique de la théorie des catastrophes : fonder une théorie mathématique de l'analogie, qui vise compléter la lacune ouverte par Galilée entre quantitatif et qualitatif."

- "Lorsqu'on a compris – à la suite de T. S. Kuhn – le caractère « automatique » du progrès scientifique, on se rend compte que les seuls progrès qui vaillent sont ceux qui modifient notre vision du monde – et cela par l'élaboration de nouvelles formes d'intelligibilité. Et pour cela il faut revenir à une conception plus philosophique (voire mathématique) des formes premières d'intelligibilité. Nos expérimentateurs, sempiternels laudateurs du « hard fact », se sont-ils jamais demandé ce qu'est un fait ? Faut-il croire – ce qu'insinue l'étymologie – que derrière tout fait, il y a quelqu'un ou quelque chose qui fait ? Et que ce quelqu'un n'est pas réduit à l'expérimentateur lui-même, mais qu'il y a un « sujet » résistant sur lequel
le fait nous apprend quelque chose ? Telles sont les questions que notre philosophe devra constamment reposer, insufflant ainsi quelque inquiétude devant le discours volontiers triomphaliste de la communauté scientifique. Bien sûr la Science n'a nul besoin de ce discours pour continuer. Mais il restera peut-être quelques esprits éclairés pour l'entendre, et en tirer profit."

- "(...) la théorie des catastrophes offre peut-être le seul formalisme — fondé sur le primat du continu et du conflit — qui concilie l'intelligibilité avec
une certaine régression de l'importance attribuée à l'individuation. On peut penser que c'est par une analyse fondamentalement introspective des contraintes sémiotiques de l'organisation perceptive du réel que l'on pourra tout à la fois sauver l'intelligibilité du monde, et accéder à un « réalisme» qui demeure, malgré tout, le but ultime de la science." (1981, Morphologie du sémiotique)

- "Le positivisme a vécu de la peur de l'engagement ontologique. Mais dès qu'on reconnaît aux autres l'existence, qu'on accepte de dialoguer avec eux, on s'engage ontologiquement. Pourquoi ne pas accepter alors les entités que nous suggère le langage ? Quitte à contrôler les hypostases abusives, c'est là la seule manière d'apporter au monde une certaine intelligibilité. Seule une métaphysique réaliste peut redonner du sens au monde. (ES, conclusion)

- "L'ambition ultime de la théorie des catastrophes, en fait, est d'abolir la distinction langage mathématique-langage naturel qui sévit en science depuis la coupure galiléenne." (1976, Le statut épistémologique…)

- "(...) la théorie des catastrophes élémentaires est, très vraisemblablement, le premier essai cohérent (depuis la logique d'Aristote) d'une théorie de l'analogie. Lorsque des scientifiques d'esprit étroit objectent à la théorie des catastrophes de ne pas donner plus que des analogies ou des métaphores, ils ne se doutent pas qu'ils énoncent le dessein véritable de la théorie des catastrophes, lequel est de classer tous les types possibles de situations analogues." (1973)

- "(...) le but ultime de la science n'est pas d'amasser indistinctement les données empiriques, mais d'organiser ces données en structures plus ou
moins formalisées qui les subsument et les expliquent. Dans ce but, il faut avoir des idées « a priori » sur la manière dont se passent les choses, il faut avoir des modèles. Jusqu'à présent, la construction des modèles en Science a été avant tout une question de chance, de « lucky guess ». Mais le moment viendra où la construction des modèles elle-même deviendra, sinon une science, du moins un art ; ma tentative, qui consiste à essayer de décrire les modèles dynamiques compatibles avec une morphologie empiriquement donnée, est un premier pas dans l'édification de cette « Théorie générale des Modèles » qu'il faudra bien construire un jour." (1966)

- "Toute science est métaphorique."

- "En science, le réel doit toujours être plongé dans un virtuel plus grand"

- "Je crois (...) que l'acceptabilité sémantique (en dépit de son caractère apparemment relatif à la langue considérée) a en général une portée
ontologique. « Toute analogie, dans la mesure où elle est sémantiquement acceptable, est vraie. » C'est là, je crois, le principe de toute investigation métaphysique." (ES, p. 250)

- "(...) je suis convaincu qu'il y a, en effet, place en science pour une sorte d'analyse dynamique qui soit parfaitement indépendante de la nature des substrats ; qu'on ait affaire à un objet matériel ou à un objet idéel, on peut raisonnablement s'attendre à ce qu'ils aient des comportements, dans certaines circonstances, parfaitement isomorphes." (1979)

- "Les situations dynamiques régissant l'évolution des phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l'évolution de l'homme et des sociétés."

- "Finalement, le problème de la démarcation entre scientifique et non scientifique n'est plus guère aujourd'hui qu'une relique du passé ; on ne le
trouve plus guère cité que chez quelques épistémologues attardés – et quelques scientifiques particulièrement naïfs ou obtus." (1988, La science et l’intelligible)

- "L'idéal de la science contemporaine – et du positivisme – est de tout réduire à des saillances, la seule interaction permise étant la collision entre
formes saillantes, et d'éliminer ainsi complètement les prégnances. Elle n'y parvient (c'est le cas de la Mécanique quantique) qu'en renonçant à
l'intelligibilité, la particule saillante et le champ entité prégnantielle étant alors identifiés." (1988)

- "La science, actuellement, est une gigantesque industrie, dont le seul principe directeur est l'expérimentalisme ; la maxime directrice est : « Tout
ce qui peut se faire doit être fait ». Il ne s'agit là – en fait – que de la poursuite du besoin exploratoire déjà présent chez l'animal."

- "Le dédain pour la théorie qui se manifeste dans les milieux d'expérimentateurs a sa source dans l'attitude analytique-réductionniste ; or
pour découvrir la bonne stratégie, il faut s'identifier à l'un des facteurs permanents du système. Il faut en quelque sorte entrer « dans sa peau ». Il
s'agit là presque d'une identification amoureuse. Or comment pourrait-on aimer ce qu'on a, préalablement, cassé de manière irréversible ?
Toute la science moderne est ainsi fondée sur le postulat de l'imbécillité des choses." (Pour Thom l'intelligence est la faculté de s'identifier à autre chose, à autrui.)

- "En refusant le formalisme pur, en exigeant l'intelligible, le futur esprit scientifique va courir, de gaieté de cœur, le risque de l'erreur. Après tout,
mieux vaut un univers transparent à l'esprit, translucide, où le contour des choses est un peu flou, qu'un univers aux certitudes précises, écrasantes et incompréhensibles, comme l'est celui de la physique classique. Depuis la rupture galiléenne, le savant a toujours essayé d'exploiter les automatismes, la « stupidité » de la nature : la physique est tout entière fondée sur ce manque d'imagination des forces naturelles. Mais de la répétition indéfinie du même acte, l'addition de un, naissent les entiers naturels, l'arithmétique, d'où émerge, en grande partie, la grandiose construction des mathématiques. Ceci nous montre comment, d'un fond d'événements indistinguables, peut sortir la variété infinie et joyeuse des formes."

- "Je caractérise volontiers le rôle du philosophe de la nature comme celui d'un gardien de l'intelligible. Jetant un coup d'œil panoramique sur les
pratiques et les théories des sciences de son temps, il s'efforcera d'évaluer le caractère d'« intrinsèque intelligibilité » attaché à chaque théorie."

- "(...) le spectacle de l'univers est un mouvement incessant de naissance, de développement, de destruction de formes. L'objet de toute science est de prévoir cette évolution des formes, et si possible, de l'expliquer." (1968)

- "Le monde de l'analogie est un monde qui porte son ontologie en quelque sorte avec soi." (Immanence -pour Thom- du monde de l'analogie?)

- "Le miracle des lois physiques est un miracle isolé, et l'on a payé fort cher en croyant que comprendre les phénomènes était un luxe dont on pouvait fort bien se dispenser, du moment qu'on avait la formule qui permet la prédiction." (1968, La science malgré tout…)

- "(...) Les Philosophes ont abandonné aux savants la Phusis et se sont repliés dans la forteresse de la subjectivité. Il leur faut réapprendre la leçon des Présocratiques, rouvrir les yeux grands sur le monde, et ne pas se laisser impressionner par l'expertise souvent dérisoire d'insignifiance de l'expérimentateur. Inversement la science doit réapprendre à penser."

- "On peut penser que comprendre l'articulation entre le déterminisme mathématique – de type différentiel et laplacien – et le déterminisme langagier des causes en langue naturelle est l'une des tâches essentielles, sinon de la science, du moins d'une philosophie naturelle bien conçue."

- "Dira-t-on que l'œuf n'a pas de forme, mais qu'il a un to ti en einai dont la nature est ultérieurement de développer la forme adulte (s'il n'y a pas
empêchement) ? Cela montre en quel point le concept de « quiddité » est infiniment plus riche et mystérieux que ceux de la forme et de l'acte. (...)
La Science moderne ne peut accepter les quiddités qu'à condition de les géométriser, dans l'espace substrat ou dans des espaces dérivés (espaces fonctionnels). C'est le sens de mon « attracteur du métabolisme simulant la dynamique adulte »."

- "(...) la science veut construire la vie à partir de la mécanique, et non la mécanique à partir de la vie." (1975, Les archétypes…)

- "Rappelons cette trivialité : du fait même qu'elle vise à la constitution d'un savoir commun, la Science est par essence déterministe. Qu'on le veuille ou non, la Science est une entreprise dogmatique, puisqu'elle vise à susciter chez tout observateur la même réaction mentale en face d'un même donné scientifique, fait ou théorie."(1980, En guise…)

- "Le déterminisme, lorsqu'il est scientifique, c'est-à-dire accessible à tous, et théoriquement intelligible pour tous, est un instrument de libération."

- "Si j'ai ainsi tendance à minimiser le rôle de l'expérience dans le progrès scientifique, c'est à cause d'une conviction : les grandes lois du monde
physique nous sont implicitement connues avant d'avoir été explicitement découvertes et formulées. Il suffit d'avoir un tant soit peu réfléchi aux
mécanismes à l'œuvre dans le développement embryologique pour se convaincre que la formation de notre squelette et de nos muscles suppose
une connaissance implicite des lois de la mécanique ; de même, l'organogenèse de l'œil témoigne d'une connaissance implicite des lois de
l'optique. L'expérimentation scientifique n'a donc fait que révéler à notre conscience des lois d'ores et déjà contenues dans le patrimoine génétique de notre espèce ; en ce sens, la connaissance scientifique est l'analogue, sur le plan de l'espèce, d'une psychanalyse sur le plan individuel : elle permet à l'homme de prendre conscience des grands mécanismes qui assurent la
stabilité de la vie, l'homéostasie et la régulation biologique. Ces connaissances nous sont initialement interdites, comme nous échappent –
normalement – les battements de notre cœur, ou les contractions de notre tube digestif. Il s'agit là d'activités trop proches de notre existence même pour que nous puissions en avoir conscience, c'est-à-dire les traiter comme
des objets extérieurs. L'objectivation scientifique, l'expérimentation nous
permet de lever cette censure, de transgresser ce tabou. Mais il n'est pas impossible que la pure réflexion, fondée sur un Gedankenexperiment, ou
sur un modélisme géométrique ou numérique, ne puisse, en stimulant l'intuition, conduire au même résultat. C'est dans son bain qu'Archimède a
découvert le principe qui porte son nom." (1968, La science malgré tout)

- "(...) la science s'est toujours efforcée de définir - sinon de domestiquer – le monde des forces à partir de l'observation des formes." (1984)

- "(...) qu'une science soit plus qu'une description naïve, tient au fait qu'elle a construit un ensemble de processus “virtuels” (c.-à-d. imaginaires) parmi lesquels elle est capable de sélectionner ceux qui sont réels, observables. Ainsi, le critère de la vraie scientificité ne se trouve pas dans la véracité de l'observation, ni dans sa précision, ni dans l'usage d'instruments aidant à l'accroissement de l'ensemble des faits observables, mais dans la construction d'une virtualité de phénomènes à partir de laquelle les phénomènes réels peuvent être sélectionnés par une procédure logique ou mathématique bien définie."

- "Ce sont [les sciences humaines] des sciences où l'on ne se croit pas obligé d'être bête." (1968, La science malgré tout…)

- "Il était de bon ton – il l'est encore sans doute – dans les milieux scientifiques, de dauber sur la philosophie. Et cependant, qui pourrait nier
que les seuls problèmes réellement importants pour l'homme sont des problèmes philosophiques ? Mais voilà, les problèmes philosophiques, étant
les plus importants, sont aussi les plus difficiles ; dans ce domaine faire preuve d'originalité est très difficile, a fortiori découvrir une nouvelle vérité. C'est pourquoi la société, fort sagement, a renoncé à subventionner les recherches sur des sujets philosophiques, où le rendement est trop aléatoire, pour consacrer son effort à la recherche scientifique, où, Dieu merci, il n'est pas besoin d'être un génie pour faire « œuvre utile »." (1968, La science malgré tout…)

- "On voit donc, finalement, la position paradoxale – et inconfortable – de la théorie des catastrophes : rejetée par les scientifiques d'obédience positiviste pour son incapacité à admettre un strict contrôle expérimental, elle est également rejetée par les mathématiciens (purs ou appliqués, ces derniers surtout) qui n'y voient qu'un discours assez mal formalisé, manquant fréquemment de rigueur, et de toute manière extra-mathématique, puisque portant sur le monde extérieur." (1976, Le statut épistémologique…)

- "Il est certain que la théorie des catastrophes invite à une réhabilitation de la connaissance commune, qu'une glorification permanente de la
connaissance scientifique, médiate et instrumentale, aurait tendance à faire oublier." (1985, Préface…)


¹: https://fr.wikipedia.org/wiki/Pseudoscience

²: Extraits de https://www.maths.ed.ac.uk/~v1ranick/papers/thom/data/citations.pdf




 

Les fleuves zombifiants des deux idéologies capitalistes et communistes

Article lié : Hong-Kong à hue et à dia

patrice sanchez

  13/09/2019

me remémorent cet aphorisme nietzschéen après lecture de l'article de WSWS : 
“ Une goutte de sang ( depuis plus d'un siècle l'on pourrait plutôt parler d'hémorragie cérébrale idéologique et sans une bonne lobotomie c'est la zombification avancée qui guette les esprits à défaut de coma dépassé )  de plus ou de moins dans le cerveau peut rendre notre vie indiciblement misérable et pénible, si bien que nous
souffrons bien plus de cette goutte que Prométhée de son vautour.
Mais cela n’est vraiment tout à fait épouvantable que lorsqu’on ne sait même pas que c’est une goutte qui en est la cause ; et que l’on se figure que c’est “le diable” ! ou “le péché”...”
Friedrich Nietzsche, Aurore, pensées sur les préjugés moraux.

L'arbre de Porphyre et le rhizome de Deleuze-Guattari

Article lié : Comment échapper au rhizome ?

jc

  13/09/2019

PhG: "Petit aparté wikipédiesque : “Dans la théorie philosophique de Gilles Deleuze et Félix Guattari, un rhizome est un modèle descriptif et épistémologique dans lequel l'organisation des éléments ne suit pas une ligne de subordination (comme dans une hiérarchie) – avec une base (ou une racine, un tronc), offrant l'origine de plusieurs branchements, selon le modèle de l'Arbre de Porphyre –, mais où tout élément peut affecter ou influencer tout autre…”

Thom, penseur du continu, consacre le dernier chapitre de son "Esquisse d'une sémiophysique" à la critique des catégories aristotéliciennes¹, avec un dernier paragraphe dédié à l'arbre de Porphyre. Je reproduis ici (pour la nième fois) la fin de ce paragraphe avec ici pour but de rapprocher les mots rhizome et cancer (la "french theory" et le mouvement des gilets jaunes comme des cancers qui attaquent et déstructurent "notre" contre-civilisation?):

"L'image de l'arbre de Porphyre me suggère une échappée en "Métaphysique extrême" que le lecteur me pardonnera peut-être. Il ressort de tous les exemples considérés dans ce livre qu'aux étages inférieurs, proches des individus, le graphe de Porphyre est susceptible -au moins partiellement- d'être déterminé par l'expérience. En revanche, lorsqu'on veut atteindre les étages supérieurs, on est conduit à la notion d' "hypergenre", dont on a vu qu'elle n'était guère susceptible d'une définition opératoire (hormis les considérations tirées de la régulation biologique). Plus haut on aboutit, au voisinage du sommet, à l'Être en soi. Le métaphysicien est précisément l'esprit capable de remonter cet arbre de Porphyre jusqu'au contact avec l'Être. De même que les cellules sexuées peuvent reconstituer le centre organisateur de l'espèce, le point germinal alpha (pour en redescendre ensuite les bifurcations somatiques au cours de l'ontogenèse), de même le métaphysicien doit en principe parvenir à ce point originel de l'ontologie, d'où il pourra redescendre par paliers jusqu'à nous, individus d'en bas. Son programme, fort immodeste, est de réitérer le geste du Créateur. Mais très fréquemment, épuisé par l'effort de son ascension dans ces régions arides de l'Être, le métaphysicien s'arrête à mi-hauteur à un centre organisateur partiel, à vocation fonctionnelle. Il produira alors une "idéologie", prégnance efficace, laquelle, en déployant cette fonction, va se multiplier dans les esprits. Dans notre métaphore biologique ce sera précisément cette prolifération incontrôlée qu'est le cancer.

Aristote a dit du germe, à la naissance, qu'il est inachevé. On peut dès lors se demander si tout en haut du graphe on n'a pas quelque chose comme un fluide homogène indistinct, ce premier mouvant indifférencié décrit dans sa Métaphysique; que serait la rencontre de l'esprit avec ce matériau informe dont sortira le monde? Une nuit mystique, une parfaite plénitude, le pur néant? Mais la formule d'Aristote [à suivre] suggère une autre réponse, théologiquement étrange: peut-être Dieu n'existera-t-il pleinement qu'une fois sa création achevée: "Premier selon l'être, dernier selon la génération"."


¹: "Apparemment, les Grecs n'ont pas de concept équivalent à l'étendue cartésienne. La "chora" platonicienne aurait pu remplir cette fonction; c'est précisément un concept qu'Aristote refuse, parce qu'il veut que le lieu soit un prédicat de la substance et non la matière un prédicat de l'étendue. L'histoire et la science n'ont pas tranché entre Mach et Einstein: E. Mach tenait pour un espace engendré par la matière (et le rayonnement); Einstein, dans son vieil âge, voyait la matière comme une "maladie" de l'espace-temps. Ma lecture d'Aristote est évidemment einsteinienne, non machiste. En ce sens elle est fondamentalement "infidèle" à l'auteur." (ES, p.245)

"Il est curieux de voir comment Aristote a ostracisé le concept d'espace, en lui substituant, pour les besoins de sa métaphysique substantialiste, un "lieu" attaché à chaque entité. Cette exclusion de l'étendue (...) n'en a pas moins eu des conséquences heureuses. Car en dévalorisant l'étendue spatiale, Aristote a, par compensation, pensé tous les problèmes des entités mentales sous la catégorie du continu. Il est sans doute permis d'interpréter l'aristotélisme comme une lente reconquête -une réappropriation- de l'espace qu'on s'était empêché de voir au départ." (ES. p.211)

 

Comme quoi ...

Article lié : Le tourbillon crisique de l’Adrian Draya-1

patrice sanchez

  10/09/2019

au pays des origines du jeu d'échecs, un simple pétrolier peut valoir tous les porte avions des pays occidentaux à la stratégie de joueurs de poker menteur totalement décrédibilisée !
Et si nos mamamouchis franchouillards étoilés décidaient de recycler le Charles de Gaulle en pétrolier géant en même temps qu'ils se mettraient à la pratique intensive du noble jeu d'échecs ce qui serait une solution radicale pour se défaire de cette doctrine bretzinskienne si mortifère pour leurs esprits !

The Shock Of Old

Article lié : B-52 : Lazare nous éclaire

Alex Kara

  09/09/2019

Le B-52 illustre bien le tri qui s'opère continuellement entre technologie et utilité. Pour ceux que cela intéresse, je recommande l'ouvrage suivant :

https://www.amazon.fr/Shock-Old-Technology-Global-History/dp/0199832617

C'est bien là où le terme "technologisme" est très bien trouvé, car en effet il repose sur la croyance, toute irrationnelle et depuis longtemps religieuse, que ce qui est nouveau est meilleur.