jc
22/06/2019
Merci, ça me fait plaisir. Quelques remarques:
- Je sens en vous -comme en PhG- une sensibilité que je n'ai pas (si j'ai une qualité peut-être plus développée que la moyenne c'est de reconnaître -et d'être attiré- par ceux dont je sens qu'ils parlent de première main et parlent "vrai"). À lire votre commentaire -où je sens un logocrate tant "ça coule de source"- je sens que vous avez complètement pénétré l'esprit de Grothendieck, que vous vous mettez littéralement dans sa peau (comme dans celle du Nietzsche de Zarathoustra (que je n'ai pas lu), vous avez cette capacité de vous mettre en esprit dans la peau des choses ou d'autrui, capacité que Thom appelle intelligence.
- Grothendieck utilise à tour de bras le mot "créateur". Je crois qu'en lisant attentivement "La clef des songes", sous-titré "Dialogues avec le bon Dieu", -et vous l'avez fait plus que moi-, le véritable créateur n'est pas nous, mais Dieu qui est en nous. Cette distinction est importante pour moi car elle revient à dire que nous ne créons ni n'inventons; nous découvrons. Distinction qui conduit à se poser la question de la propriété intellectuelle et par suite celle de la légitimité des brevets d'invention (à l'heure où certains n'hésitent pas à breveter le vivant).
- Vous renvoyez à un lien vers une conférence de Laurent Lafforgue. Il n'est pas inutile de préciser que LL, médaille Fields, est le successeur de Grothendieck à l'IHES, le Princeton français. C'est un mathématicien catholique qui s'affiche comme tel dans l'exercice de sa fonction, ce qui est rarissime dans un milieu dans lequel j'ai été immergé pendant quarante ans.
- Thom croit aux mêmes vertus du rêve même s'il est moins disert que Grothendieck sur le sujet. Citations:
1. "Au moment où tant de savants calculent de par le monde, n'est-il pas souhaitable que d'aucuns, qui le peuvent, rêvent." (dernière phrase de SSM);
2. "(...) pour réellement théoriser la biologie il faut faire du rêve une fonction biologique.";
3. "On sait combien la durée relative du sommeil onirique (ou paradoxal) va croissant dans l'échelle phylogénétique. Il est naturel de voir dans cette activité une sorte de spatialisation virtuelle des formes génétiques." (SSM, p.305).
Quant aux relations de Thom avec Dieu, je cite souvent l'étrange: "Selon beaucoup de philosophies Dieu est géomètre; il serait peut-être plus logique de dire que le géomètre est Dieu."
Pour résumer ma pensée à ce sujet: c'est dans le rêve que Grothendieck et Thom vont puiser leurs intuitions, en particulier leurs intuitions mathématiques. D'où viennent les intuitions de Philippe Grasset?
patrice sanchez
21/06/2019
Je tenais à remercier doublement JC pour m'avoir permis de découvrir le mathématicien Grothendieck dont je viens d’entamer la lecture de “ la clé des songes “, c'est un témoignage essentiel pour qui veut comprendre les mystères de la création intellectuelle, lumineusement zarathoustrien !
"La liberté de Dieu dont procède notre liberté. Celui que Grothendieck appelle le "Rêveur" c'est-à-dire celui qui rêve en nous mais qui est un autre que nous, et dans lequel Grothendieck pense reconnaître Dieu se manifestant discrètement à nous, nous dépasse infiniment par la connaissance profonde, par la pénétration du regard, par la puissance et la délicatesse des moyens d'expression, par l'infatigable bienveillance et surtout par une liberté déconcertante, infinie. "
Après la redécouverte de l'âme soeur venant chuchoter nuitamment à l'oreille de Nietzsche dans le Zarathoustra, nous avons le rêveur Grothendieckien en chacun de nous et d'inspiration divine ... ( A noter que pas un de ces éminents membres de la communauté intellectuelle nietzchéenne n'aura daigné relever cette découverte fondamentale pourtant évoquée en de nombreux passage du Zarathoustra pas plus que dans Ecce Homo ou Nietzsche nous parle de son expérimentation de la pensée créatrice venue tout droit d'un ailleurs, par héminégligence crasse et lâche conformisme matérialisant ... les jours de la pensée du sous-sol de ces tristes pîtres sont comptés, l'immanence de la pensée Zarathoustrienne et Divine reprendra ses droits et les imposteurs auront en guise de postérité, le mépris et l'oubli de l'Histoire )...
Et j'en viens à mon deuxième remerciement, car votre intervention m'aura donné l'opportunité de découvrir le texte introductif au troisième cercle de Monsieur Grasset !
Parce qu'avec pareils prolégomènes introduisant la conclusion de l'oeuvre d'une Vie, je proposerais que les lecteurs de dedefensa reprennent en choeur : Sancto Subito ... suivi d'un grand éclat de rire Zarathoustrien.
Je me permettrais de joindre deux liens, un résumé de la clé des songes et le tapuscrit dégoté sur le blog de l'écrivaine Alina Reyes.
https://www.laurentlafforgue.org/textes/GrothendieckLiberte2.pdf
et le lien de la clé des songes
http://matematicas.unex.es/~navarro/res/clefsonges.pdf
La liberté de Dieu dont procède notre liberté Celui que Grothendieck appelle le "Rêveur" c'est-à-dire celui qui rêve en nous mais qui est un autre que nous, et dans lequel Grothendieck pense reconnaître Dieu se manifestant discrètement à nous, nous dépasse infiniment par la connaissance profonde, par la pénétration du regard, par la puissance et la délicatesse des moyens d'expression, par l'infatigable bienveillance et surtout par une liberté déconcertante, infinie.
Tout ce que nous savons, il le sait, tout ce que nous percevons, il le perçoit, mais avec une profondeur, une acuité, une vivacité, une liberté qui nous font défaut. Ainsi, la liberté est le premier et plus important attribut de Dieu. En même temps, sa discrète manifestation à nous par le rêve s'accompagne d'un irrécusable sentiment de parenté, et même de proche parenté. Ce sentiment de parenté signifie en particulier que nous aussi avons pour attribut essentiel la liberté, même si c'est à un degré infiniment moindre, et que notre liberté procède filialement de celle de Dieu. Quand Dieu se manifeste à travers le rêve, c'est un peu comme si nous avions en nous un autre nous-même qui aurait à sa disposition tous nos sens et toutes nos facultés de perception et de compréhension mais qui les utiliserait avec une liberté et une efficacité totales. Ainsi, la liberté de Dieu agissant en nous ne s'oppose pas à notre liberté ; au contraire, notre liberté est totale quand Dieu peut utiliser nos facultés avec une liberté totale. (§7, §23 et note 3) Un aspect de la totale liberté de Dieu se manifestant à travers le rêve est l'objectivité. Même s'il a l'air de regarder par nos yeux, jamais il ne prend partie, ni pour ni contre nous, ou pour ou contre quiconque. Il se borne à montrer les choses et les êtres tels qu'ils sont. (§23) Dire que l'objectivité est un aspect de la liberté signifie que celui qui est libre respecte la réalité et qu'il reste impartial, autrement dit respecte la justice. Celui qui est libre ne suit aucun caprice. L'exercice de la liberté n'est pas arbitraire.
Grothendieck n'est pas politique car, pour lui, la vérité spirituelle échappe par essence même à la conscience collective. Elle ne peut être « sue » ou « connue » par une collectivité ou communauté, si restreinte soit-elle. Seul l'être dans sa solitude, seule l'âme qui l'habite, connaît la vérité. (note 20) Face à l'âme seule qui connaît la vérité se dressent les groupes et les institutions qui exercent toujours sur les personnes une emprise négative et stérilisante. C'est pourquoi le relâchement considérable au cours des derniers siècles du caractère coercitif de l'emprise du Groupe sur la personne, le fait que « les princes qui nous gouvernent » laissent désormais dire et écrire quasiment ce qu'on veut (même si c'est seulement pour s'être aperçus que cela ne change pas grand chose et augmente le brouhaha général sans mettre en danger l'Etat ni ses institutions), ou encore la diffusion plus ou moins généralisée d'idées « humanistes » sur la dignité de l'être humain et ses nombreuses « libertés » de ceci et de cela (et même si Grothendieck avoue avoir longtemps eu tendance à ne guère accorder d'importance à ces « bons sentiments idéologiques » du grand nombre) lui apparaissent comme les rares aspects réjouissants de la civilisation moderne qu'il juge par ailleurs en des termes extrêmement négatifs. Pour qualifier l'état de cette civilisation qu'il appelle « civilisation techniciste », Grothendieck emploie les mots « effritement », « nivellement », « érosion », « avachissement », « décomposition », « pourriture ». La civilisation techniciste lui paraît connaître un processus de décomposition rapide, inséparable du caractère férocement déspiritualisé qui la distingue de toutes celles qui l'ont précédée. Une telle civilisation privée d'âme est condamnée à disparaître au bout de quelques siècles, l'homme ne pouvant vivre à la longue en ignorant ses besoins religieux et sa nature spirituelle. La seule consolation est de penser que d'ici quelques générations cette civilisation pourrissante apparaîtra sans doute comme l'utile matière brute qu'une oeuvre créatrice intense, à laquelle tous les hommes sont appelés, doit transformer en le terreau vivant de l'homme pleinement humain et d'une humanité enfin humaine. (§54)
Religion et esprit de liberté Pour se détourner du plan politique ou social, Grothendieck n'en attend pas moins une mutation qui serait l'éveil impensable et soudain d'une vie spirituelle là où toute trace en paraît absente. Une mutation d'une ampleur véritablement vertigineuse, faisant irruption dans l'intime de milliards d'être humains en même temps, sans pourtant aller à l'encontre du libre arbitre d'aucun d'entre eux ni le bousculer. Une mutation qui s'accomplirait non par la disparition de l'Institution religieuse mais par un assouplissement draconien des positions doctrinales, laissant libre jeu à la recherche spirituelle parmi ceux des adeptes qui s'y sentent appelés, permettant la formation de courants spirituels d'une diversité extrême au sein des grandes Eglises et de relations de convivialité fraternelle entre ces courants comme entre les Eglises elles-mêmes. Ainsi, les Eglises entreraient enfin - écrit Grothendieck - dans la voie de leur mission : servir, éclairer, stimuler la libre créativité de chacun. (note 35)
Mais, aujourd'hui encore, estime-t-il, rarissimes sont ceux, chrétiens ou non, qui comprennent et vivent pleinement l'exigence ardue de la liberté spirituelle, ceux pour qui « la vérité » n'est jamais acquise, jamais saisie ou enfermée dans une pensée ou dans un écrit, si originaux, si profonds, si inspirés et divins, si « vrais » soient-ils, mais qui en chaque jour, voire en chaque moment, la doivent redécouvrir, la re-créer dans leur être. Pourtant, notre rôle d'hommes, dépositaires chacun du pouvoir de créer, n'est pas de nous en remettre passivement à la lettre des enseignements d'un plus grand que nous, fût-il un égal de Dieu, mais, quitte peut-être à nous inspirer de l'esprit qui l'avait animé, de faire usage de notre propre créativité, en nous y mettant tout entier : « de tout notre coeur, de toute notre âme et de toute notre pensée ». Il est remarquable qu'écrivant cette dernière formule, Grothendieck explique lui-même l'emprunter au texte évangélique (Mt 22, 37-40) où Jésus cite « le plus grand et le premier commandement » comme étant : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu avec tout ton coeur, et avec toute ton âme, et avec toute ta pensée
Grothendieck assimile la liberté de chaque être avec ce qu'il appelle sa singularité foncière et sa qualité créatrice. Cette singularité fait l'essence même de l'âme humaine, elle est indistinguable de sa nature créatrice, elle est indestructible et éternelle comme l'âme elle-même est indestructible et éternelle. Le Groupe, avec son immense force coercitive, ne peut pas détruire cette singularité mais seulement en bloquer les manifestations reconnaissables. (§45) L'une des manières dont le Groupe s'oppose à la liberté créatrice est la tendance impérieuse, consacrée par un usage millénaire, de cacher le travail de création. Le chercheur est censé rendre publics uniquement des travaux finis, qui semblent être sortis tout droits de son esprit, et non pas les pages imparfaites et parsemées d'erreurs par lesquelles il lui a fallu passer pour tracer peu à peu son chemin de vérité On se souvient peut-être que ce thème apparaît déjà dans « Récoltes et Semailles » où Grothendieck se promet de ne plus publier que des textes de recherche qui portent toutes les traces des obscurs labeurs de la liberté créatrice en travail, et non plus des textes peaufinés qui auraient fait disparaître ces traces. Il espère que son cas ne restera pas isolé et que se produira une évolution dans la forme de la recherche, dans le sens de ne plus cacher le travail de création. Ce serait un signe de changement radical des mentalités et de l'ambiance culturelle. (note 46) Cette question est d'autant plus importante pour Grothendieck que son propre « chant de liberté » à l'intention de tous est, écrit-il, l'affirmation catégorique que l'homme dans son essence est créateur, indestructiblement. Une liberté qui n'est pas créatrice est un jouet à quatre sous qui séduit un moment avant de lasser et d'être largué, quand ce n'est pas un boulet doré qu'on traîne en le maudissant. La véritable liberté est dans la création. (note 48)
Ecoute et délicatesse Pour qu'il y ait acte créateur, oeuvre novatrice et acte de liberté, il faut écouter une autre voix que celle du bon sens et de la raison qui incarne les réflexes acquis et les consensus bien établis. Cette autre voix aiguille vers l'essentiel alors que celle du gros bon sens tend à nous maintenir sagement collés aux choses répertoriées et classées, ressenties comme sûres. Car les choses essentielles sont aussi les plus délicates et les moins sûres de toutes, celles qui ne font l'objet d'aucun consensus bien établi et sont donc entièrement nouvelles. Il n'existe aucun consensus pour distinguer le vrai du faux, l'essentiel de l'accessoire. Cette autre voix est la même que celle qui parle par le rêve, qui est l'oeuvre d'une liberté totale. (§6) Les choses créées demandent une écoute toujours plus fine et attentive car toutes ont un sens. Ce sens est à la fois infiniment délicat et secret, et manifeste et fulgurant comme la clarté insoutenable de mille soleils. C'est pourquoi nul d'entre nous ne le peut saisir dans sa plénitude, mais tout au plus le pressentir ou l'entrevoir, sous le biais et dans l'éclairage uniques que fournit à chacun sa propre expérience. (§40) Pour saisir les choses et leur sens, il faut donc être dans un état d'écoute vis-à-vis de cela ou de celui en nous qui sait, et qui se manifeste par une voix intérieure si basse qu'on ne l'entend que dans un état d'écoute intense. Cette voix intérieure est si discrète qu'on a tendance à ne pas noter sa présence même quand on est en train de l'écouter intensément. Ainsi, quand Grothendieck écrit, c'est-à-dire cherche à saisir les choses au moyen des mots, il a l'impression que ce n'est pas lui qui décide quand une formulation pose problème, ni qui trouve par ses propres moyens comment la nuancer ou la bouleverser, et que c'est encore cette voix intérieure qui l'avertit quand telle chose doit être développée. Rester à l'écoute signifie aussi garder assez de distance et de liberté par rapport à ce qui est déjà fixé sur le papier pour y pratiquer d'éventuelles modifications. (§55.2)
Liberté créatrice et œuvre intérieure C'est le titre du §46, le dernier du chapitre IV. Son sens est que la création se distingue d'une simple production par le fait qu'en plus de l'oeuvre extérieure, elle s'accompagne d'une « oeuvre intérieure » qui en constitue l'aspect essentiel. L'acte créateur, ou le processus ou le travail créateur, est celui qui transforme l'être qui l'accomplit ou en lequel il s'accomplit. Pour apprécier la qualité créatrice d'un acte ou d'une activité, la nature de l'oeuvre extérieure est accessoire. Une telle oeuvre peut même être absente, comme dans le cas de l'activité créatrice du très jeune enfant. Ainsi, non seulement tout acte créateur dépend de notre état intérieur mais son effet est principalement une transformation intérieure. Pour Grothendieck, l'essentiel est l'intériorité. (§46) Il précise que, dans son aspect « intérieur » qui est l'aspect essentiel, la création est un acte ou un processus par quoi se forme ou se transforme une connaissance. La création vaut ce que vaut la connaissance qu'elle fait apparaître ou qu'elle approfondit ou renouvelle. Une connaissance au sens que Grothendieck donne à ce mot n'est pas une information ni un savoir. Une connaissance est chose intimement personnelle, elle diffère de la connaissance que peut avoir tout autre être, fût-ce au sujet de la même réalité « objective » du monde extérieur. Elle fait partie de l'être comme sa chair même, elle fait corps avec lui. Il y a trois types de connaissances - charnel, mental (c'est-à-dire intellectuel ou artistique) et spirituel - et donc trois types de créations. (§47 et note 48) Puisque son aspect le plus essentiel est une transformation intérieure, tout travail créateur est une maturation de l'être qui l'accomplit ou en lequel il s'accomplit. La maturité d'un être est la somme des connaissances qui se sont créées en lui au cours de son passé. Chaque acte créateur crée aussi de la connaissance dans l'être, telle une sève subtile imprégnant le fruit et le faisant mûrir. La maturation est un processus créateur et toute création s'accompagne d'une oeuvre intérieure de maturation. (note 48) Dans la mesure où la maturation est un processus créateur, elle est une oeuvre poursuivie en commun avec Dieu dans une sorte de dialogue créateur entre Dieu et l'âme. Le caractère « créateur » de ce dialogue réside surtout en Dieu car l'âme est réticente à se transformer. La maturation progressive de l'âme a pour effet de lui donner des moyens toujours plus délicats et multiples pour participer plus pleinement, de façon véritablement créatrice, à ce dialogue. Mais l'âme a toute liberté pour récuser à tout moment ces moyens, les bloquer et les refouler en refusant le dialogue créateur avec Dieu. Au contraire, en acceptant librement les moyens spirituels qui lui sont impartis dans son état de maturité présent, elle est fidèle à elle-même ou, ce qui revient au même, fidèle à sa mission, si humble soit-elle. Ainsi seulement elle entre dans la liberté créatrice. Alors notre existence, dans la mesure où elle est créatrice, c'est-à-dire où elle est bel et bien une « oeuvre », est oeuvre commune de Dieu et de nous. (note 24 et note 49) La destinée humaine est l'apprentissage d'une liberté créatrice appelée à devenir égale à celle du Maître, Dieu, et bornée seulement par les limites qu'il a assignées à la condition humaine. Il est permis de penser, ajoute Grothendieck, que le stade ultime et incarnation parfaite de la liberté créatrice fut atteint dans l'existence terrestre de Bouddha, de Lao-Tseu et de Jésus. (note 24)
jc
21/06/2019
Le cancer sociétal (sorosien?) qui est en train de ronger le bloc occidental ("ce multiculturalisme haineux qui s’alimente de la victimisation") appellera une réaction, qu'on le veuille ou non.
Driss Ghali:
- "Si la repentance visait la réconciliation, elle commencerait par baliser le chemin qui mène vers le pardon."
- "Elles [les élites] chantent les louanges des différences (donc de la division) au lieu de promouvoir le métissage réel (celui des mariages mixtes)."
- "Une partie du peuple français a échappé au lavage de cerveau. Elle vient notamment de la Diversité."
Diviser pour régner: les élites politiques ne pensent qu'à ça depuis bien longtemps déjà. Réunir pour régner? Claude Lévi-Strauss a écrit de belles pages sur la subtilité de la politique des mariages dans certains groupes sociaux dits primitifs et c'est un grand matheux (André Weil) qui, à sa demande, en a expliqué les règles dans le cadre de la théorie des ... groupes.).
Je trouve que Nicolás Gómez Dávila¹ cerne bien en quelques mots comment pensent ces élites politiques décadentes: « Les révolutions se font pour changer la propriété des biens et le nom des rues. Le révolutionnaire qui ambitionne de changer la “condition de l’homme” finit fusillé comme contre-révolutionnaire. »
Réunir, diviser; unité, diversité. Il y a un moment que je propose, utopiquement bien sûr, comme devise pour la France (et plus si affinité): Unité-Harmonie-Diversité. Pour moi notre actuelle devise est morte-vivante (a-t-elle jamais vécu?), la liberté étant devenue libéralisme, l'égalité égalitarisme (H=F=L=B=G=T=Q) et la fraternité fraternitarisme (unis comme des frères).
¹: https://leblogalupus.com/2019/06/15/le-reactionnaire-authentique-avec-video/
Christian Feugnet
21/06/2019
La fin du monde .... la Crise du Systéme , etc , de quoi parle t on au juste . Rodier : un cycle de un siécle , la culture ( où çà commence ou çà finit ce machin ?) , bon mais , Un siécle , c'est pas franchement léger point de vue historique ?
Christian Feugnet
21/06/2019
Chargé faut dire .
Alors on a la date de la fin du monde ? Le début de la Crise ?
Le radnarog , que sais je : çà sent le business çà , et je dirai de mauvais aloi , tous les jours , étant en Roumanie , j ai des offres ( Roms va sans dire qui parasitent mon tel ) de psition pour me donner la date de ma mort et ses circonstances . Contre rétributions évidemment pour un tel talent .
Moi aussi j 'ai cherché la fin du monde , c'est quand ? Je vais pas m 'étendre mais une certitude pour moi , entre 2020 et 2030 et personne n 'est capable de dater avec plus de précision . Les concepts , les mesures fussent elles possibles font défaut . Encore que la fin du monde c'est peut étre une bonne nouvelle , personnellement la connerie et cruauté de nombres de mes comtemporains m inspirent que leur disparition en masse , pourvu qu'elle m épargne me réjouirait assez .
jc
20/06/2019
Un ajout à "Corruption et régénération".
Dans l'oppostion Mad.0/Mad.1 j'ai oublié le dual dans Mad.1 de "Système du technologisme issu des Lumières du XIXème siècle" de Mad.0, dual que je formule ainsi: "Système de la communication issu des Leds¹ du XIXème siècle"².
¹: La philosophie des Lumières artificielles du XXIème siècle ...
²: En ayant en tête l'article "Glossaire.dde : technologisme versus communication".
jc
20/06/2019
"Ne dérange pas mes cercles ! », avait dit Archimède au soldat romain qui s’approchait de lui, fier conquérant, au moment de la prise de la ville de Syracuse¹."
Je trouve que cette devise s'applique bien à PhG, homme que j'imagine d'ordre, d'harmonie et d'équilibre, auteur de deux cercles et bientôt d'un troisième -qui sera le premier car PhG, c'est bien connu, avance dans l'avenir à reculons²-.
En reparcourant une fois encore "Le désenchantement de Dieu", j'ai été frappé du nombre de fois où apparaissait le mot "cosmique". L'enchaînement associatif cercle-sphère-cosmos-harmonie m'a alors fait redécouvrir à ce propos un article que j'ai trouvé superbe de Wikipédia sur l'harmonie des sphères³. Me souvenant aussi qu'un lecteur de Dedefensa avait qualifié ses articles de symphonie⁴, et que "l'âme poétique" revenait souvent sous la plume de PhG, il est ressorti de tout ça la définition suivante de ce qu'est un logocrate, définition que je trouve s'appliquer parfaitement à PhG: un logocrate est un musicien de mots.
Revenant une fois encore à ce passage du "désenchantement" qui me fascine tant, j'imagine très bien un PhG musicien écrire une symphonie entière à partir d'une note, d'un motif ("Il suffit d'un mot, d'une phrase ..." pour ensuite prendre plaisir à l'écouter ("... et toujours, à l’arrivée, il y avait un sens, une forte signification, le texte était devenu être en soi… C’était un instant de bonheur fou. »
En mathématiques la musique est clairement du côté de l'arithmétique⁵, du logos, pas du côté de la géométrie⁵, du topos. Si un logocrate a l'intuition haute que c'est 2023 alors c'est que ...
¹: https://www.saxifrage.fr/1623-2/
²: "La Grâce de l'Histoire", tome II, p.420
³: https://fr.wikipedia.org/wiki/Harmonie_des_sph%C3%A8res
⁴: "Le désenchantement de Dieu"
⁵: À mes yeux la géométrie arithmétique, synthèse du logos et du topos, est ce qu'il y a de plus fondamental (et difficile) en mathématiques. Grothendieck, ce Pythagore des temps modernes, en est encore actuellement, je crois, le maître incontesté.
patrice sanchez
20/06/2019
Je réagissais tout à l'heure à un article repris par RI : L’avènement de la technologie qui détruit la vérité "
https://reseauinternational.net/lavenement-de-la-technologie-qui-detruit-la-verite/
Patience et longueur de temps, leurs mensonges sont devenus si évidents, si criants d’inhumanité, que ce système du mal omniprésent est en mode auto-destruction ! Le bon sens et l’entraide des peuples sont en train de reprendre le dessus avec ce systéme internet qui nous force à réagir malgré tout en nous reconnectant à notre part d’humanité et ceci, au grand dam des tireurs de ficelles dans les coulisses qui voient leur plan satanique leur échapper … Ils ne mériteraient que le goudron et les plumes avant de terminer dans la fosse septique de l’histoire. Le chaos créateur du mal se verra dans peu de temps damer le pion par le chaos libérateur !
Comme quoi, les idées zoroastrienne et zarathoustrienne nietzschéenne où bien et mal sont intimement liés et connectés s’avèrent lumineusement exactes, car c’est avec la complicité du mal que nous arriverons à la libération de nos chaines mentales et par voie de conséquence, à la spiritualité de la libre pensée grâce à l’amour et à l entraide inconditionnels…
Si vous avez jamais dit « oui » à un plaisir, ô mes amis, alors vous avez en même temps dit « oui » à toute douleur. Toutes choses sont enchaînées, enchevêtrées, liées par l’amour –
Si vous avez jamais voulu qu’une fois fût deux fois, si vous avez jamais dit : « Tu me plais, bonheur ! moment ! instant ! », alors vous avez voulu que tout revienne ! – tout de nouveau, tout éternellement, tout enchaîné, tout enchevêtré,
tout lié par l’amour » Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra
Et pour vous donner un exemple concret de cet univers qui n'obéit qu'à l'amour, je me permettrais de vous joindre le lien d'une émission, "Nus et culottés " où l'on voit deux jeunes sympathiques zigottos partir à l'aventure dénués de tout, et par la magie du lâcher prise et de la joie de vivre avec la bienveillance solidaire naturelle de la population qu'ils croisent au cours de leurs périples, ils se créent des synchronicités extraordinaires qui plongeraient dans la stupeur et les tremblements tous lesValls, Merkel, les athées et autres transinhumanistes !
https://www.france.tv/france-5/nus-et-culottes/nus-et-culottes-saison-7/1006859-objectif-norvege.html
jc
19/06/2019
MAD.0:
Armageddon dur par dd&e (déstructuration-dissolution-entropisation) du corps des hommes (cancers réels provoqués par le rayonnement des explosions nucléaires): renvoi au Système du technologisme issu des Lumières du XIXème siècle¹, aux sciences dures² (mathématiques, physique), à la modernité, au matérialisme du XIXème, à l'idéal de puissance.
MAD.1:
Armageddon mou par dd&e de l'esprit des hommes: mise aux normes du politiquement correct (cancers virtuels provoqués par l'uniformisation de la pensée, l'égalitarisme forcené -typiquement H=F=L=B=Q=T=Q- pour aboutir à l'homme-zombie, universel, uniforme et sans qualité): renvoi aux sciences molles², à la post-modernité, à l'idéalisme du XXIème siècle, à l'idéal d'impuissance.
MAD.0 + MAD.1: dd&e, liquéfaction de la société (à partir d'Hiroshima?) puis gazéification (à partir du 9/11?).
La lutte du Bien contre le Mal (chère à Dedefensa).
Actuellement notre société (BAO sinon globale) est clairement en phase de corruption (dd&e). Dans le cadre du darwinisme-Système⁴, pièce maîtresse du politiquement correct, il n'y a là rien d'autre qu'une évolution naturelle.
Mais si l'on a foi en l'existence de forces structurantes et néguentropisantes (s&n) alors on a un conflit permanent entre forces du Bien (s&n) et forces du Mal (dd&e). J'incline à penser que non seulement c'est le cas mais encore que la nature a la capacité innée de réguler ce conflit (comme elle sait réguler tous les conflits de ce type tel le conflit inspiration-expiration ou le conflit diastole-systole).
¹: Gouhier (à Stendhal horrifié): "Les Lumières c'est désormais l'industrie" (citation faite sporadiquement par PhG)
²: Thom (sur les sciences dures): "Depuis la rupture galiléenne, le savant a toujours essayé d'exploiter les automatismes, la "stupidité" de la nature: la physique est tout entière fondée sur ce manque d'imagination des forces naturelles."
³: Thom (sur les sciences molles): "On est frappé, à la lecture du discours de bien des auteurs en sciences humaines, du caractère intelligent de leurs considérations. Il y a là, visiblement, un obstacle rédhibitoire à faire entrer leurs oeuvres dans le domaine scientifique."
⁴: Darwin était en partie lamarckien (cf. sa théorie des gemmules), fait que les darwiniens-Système ont tendance à oublier.
jc
19/06/2019
Karl Rove: "(...) while you're studying that reality – judiciously, as you will – we'll act again, creating other new realities, which you can study too, and that's how things will sort out. We're history's actors . . . and you, all of you, will be left to just study what we do.”
Indéfectibilité, inculpabilité, exceptionnalité, supériorité: ce que dit Rove s'éclaire à la lumière de ces mots-clé sans lesquels PhG m'a convaincu qu'on ne pouvait comprendre l'américanisme. Ces élites américanistes se prennent vraiment -réellement!- pour des dieux¹ ("creating other realities")!
Comment décoder ce que dit Rove ("(...) and you, all of you, will be left to just study what we do.”)? Pour moi c'est très simple: en remplaçant créer par inventer et réalité par virtualité et en interprétant acteur par comédien ("we're history's actors").
Ce que je trouve piquant c'est que la démarche de Rove est, au départ, tout-à-fait scientifique (plonger le réel dans le virtuel²) et tout-à-fait logique pour un gouvernant dont la devise est -ou devrait être- "Gouverner c'est prévoir", car l'action politique consiste en effet à choisir parmi un éventail de virtualités -potentialités- celle qui sera la future réalité (passage de la puissance à l'acte).
Mais la démarche de Rove est également tout-à-fait logique dans la cadre idéologique "Struggle for life" dans lequel baigne l'américanisme: hasard des mutations suivi de sélection ... qui sera nécessairement celle que les américains ont choisie, exceptionnalité oblige.
Le parallèle suivant entre la science politique (science molle) et la physique moderne (science dure) s'impose. Maupertuis a proposé un principe mécanique dit de moindre action (en fait d'action extrémale) qui a été prouvé ultérieurement être équivalent au principe fondamental de Newton: parmi toutes les évolutions virtuelles, celle choisie -cause finale?³- est celle qui minimise l'action. Principe qui devrait peut-être être étudié et surtout médité -s'il ne l'est pas déjà- dans les écoles de sciences politiques, de sciences naturelles, et de philosophie).
Pour terminer, les termes de création et d'invention appellent le développement suivant. Il me semble clair que, dans l'esprit de Rove comme dans l'esprit de toute l'élite américaniste, la création et l'invention viennent d'eux, qu'elle leur appartient: attitude foncièrement capitaliste. Ceux qui croient que les Idées (platoniciennes par exemple) existent réellement -c'est-à-dire hors de la tête de ceux qui les pensent-, et beaucoup de matheux -dont moi- ont cette croyance, ceux-là préféreront le terme de découverte -un théorème, énoncé comme démonstration, ne s'invente pas, il se découvre.
Les matheux ne prennent pas de brevets d'invention -pourvu que ça dure, le concept de propriété intellectuelle gagnant peu-à-peu les esprits-, au contraire des Monsanto-Bayer et cie qui n'hésitent pas à faire des inventions biologiques et à ... breveter le vivant!).
¹: Lloyd Blankfein, ex-directeur exécutif de Goldman Sachs: "I'm doing God's work".
²: Thom: "En science, le réel doit toujours être plongé dans un virtuel plus grand."
³: Cf. "La finalité en biologie" (SSM, 2ème ed. pp.276 à 279)
Philippe Grasset
19/06/2019
Nous avons essayé le lien que vous nous indiquez, et pour nous il fonctionne. Nous sommes donc désolé de ne rien pouvoir faire.
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Bien à vous
Alexandre
19/06/2019
Pour votre information, le lien « (suite) » sous « https://www.dedefensa.org/article/nos-offres-de-vente-pourla-grace » ne fonctionne pas. Il n’est donc pas possible d’accéder au formulaire de commande.
Luis Martos
18/06/2019
Encore un article superbe de Bonnal.
jc
17/06/2019
Tout est dans le titre.
Comment qualifier ce lent processus qui nous a amenés de la cathédrale de Reims aux tours de Doubaï¹ et de l'écriture à la plume, avec pleins et déliés (et pâtés…) à l'écriture standardisée et assistée qui nous est maintenant pratiquement imposée? Je propose: dévitalisant, dénaturant, artificialisant, mécanisant, désenchantant, mortifère…
Thom:
- "Si notre langage nous offre une description relativement correcte du monde, c'est qu'il est -sous forme implicite et structurale- une physique et une biologie. Une physique, parce que la structure de toute phrase élémentaire est isomorphe (isologue) à celle des discontinuités phénoménologiques les plus générales sur l'espace-temps. Une biologie, parce que tout concept à caractère concret est isologue à un être vivant, un animal." (MMM, "Topologie et signification", conclusion)
- "Une lettre est un animal stylisé." (citation dont je ne connais malheureusement pas le contexte)
Peut-être la mouvance antiSystème, que l'on peut qualifier, je crois, actuellement de gazeuse, pourrait-elle se cristalliser -faire morphogenèse- autour de l'idée de revitalisation, de renaturation, de réenchantement du monde?
À suivre quelques citations thomiennes au sujet des rapports du naturel et de l'artificiel, du vitaliste et du mécaniste:
- "La synthèse ici entrevue entre les pensées "vitaliste" et "mécaniste" n'ira pas sans un profond remaniement de nos conceptions du monde inanimé" (MMM, "Une théorie dynamique de la morphogenèse", conclusion)
- "La science veut construire la vie à partir de la mécanique, et non la mécanique à partir de la vie."
- "L'hypothèse réductionniste devra peut-être un jour être retournée: ce sont les phénomènes vitaux qui pourront nous expliquer certaines énigmes de la matière et de l'énergie. Après tout, n'oublions pas que le principe de la conservation de l'énergie a été exprimé pour la première fois par von Mayer, un médecin."
- "Encore une fois, comme disait Aristote, ce n'est pas la nature qui imite l'art, c'est l'art qui imite la nature. C'est parce que nous avons implicitement le schéma de la pompe réalisée dans le coeur que nous avons pu ultérieurement construire des pompes technologiques. Et maintenant les gens vous disent, le cerveau, c'est un ordinateur. On continue ..."
Le progrès, le seul progrès qui vaille, c'est de retrouver l'intelligibilité perdue. (Pour paraphraser Daniel Vouga.)
¹: Pour Reims et Doubaï, lire ce qu'en dit PhG dans "Le grain de sable divin".
jc
16/06/2019
PhG (citant Daniel Vouga à propos de Maistre et Baudelaire):
"Le progrès, le seul progrès possible, consiste à vouloir retrouver l'Unité perdue." ("La Grâce de l'Histoire", tome II, p.342)
Celles et ceux qui parcourent mes commentaires se souviennent peut-être que l'une de mes utopies -le mot est actuellement à la mode sur Dedefensa- est de voir l'instauration d'un régime où les femmes et les hommes sont à égalité de responsabilité¹ dans la gestion des affaires publiques, style "Les femmes au palais du Luxembourg, les hommes au palais Bourbon, faisant chambre commune à Versailles (à la recherche de l'Unité perdue ...)".
Dans "Le mythe de la virilité", bouquin que je trouve de bonne tenue², la philosophe Olivia Gazalé fait mention:
- de civilisations dans lesquelles les responsabilités étaient (et parfois sont encore) partagées entre les deux sexes;
- de cosmogonies dans lesquelles apparaissent des dieux-déesses hermaphrodites pouvant suggérer une nostalgie de l'Unité perdue;
- des considérations biologiques contemporaines où j'ai appris qu'il existait effectivement actuellement quelques rares humains hermaphrodites: "les hermaphrodites véritables possèdent un un testicule et un ovaire" (p.470).
Je viens de découvrir que Thom apportait de l'eau à mon moulin³, agrémentant ainsi mon utopie d'une note pour moi réaliste. C'est dans SSM (2ème ed., pp.190 à 192) au paragraphe "Chréodes génitales" du sous-titre "Modèles en épigenèse tardive". Vu ma nullité crasse en embryologie "classique", il est hors de question pour moi de résumer ce qui est dit dans ces trois pages. La base à partir de laquelle Thom développe ses modèles de formation des parties génitales mâle et femelle chez le Métazoaire est la catastrophe "Ombilic parabolique", parfois appelée catastrophe "Champignon" car les figures générées par la forme mathématique de cette catastrophe rappellent le champignon "Phallus impudicus". Pour moi on est quasiment dans le supra-humain. Et je me demande si Thom n'en a pas conscience puisqu'il prend la peine de justifier l'audace de sa pensée en bas de la page 192:
"On pourra objecter à toutes ces analogies une bonne part d'arbitraire; un mathématicien pourrait même prétendre, avec raison, qu'on pourrait construire des courbes tout aussi significative à bien moindres frais; à cela je ne puis guère répondre que j'ai été conduit à ces équations par la théorie des singularités structurellement stables, avec le postulat supplémentaire d'une symétrie bilatérale en [la variable] x et l'hypothèse de la stabilisation de l'ombilic elliptique."
Dans le paragraphe suivant il va à l'encontre des nombreuses cosmogonies dans lesquelles nous serions descendants de dieux-déesses hermaphrodites:
"Si l'embryon humain présente une structure hermaphrodite jusqu'à un âge avancé, ce n'est sans doute pas, comme le voudrait la loi de récapitulation, parce que nous eûmes de lointains ancêtres hermaphrodites; mais plutôt parce que l'épigenèse, ayant à construire des mâles et des femelles, a trouvé plus économique de construire d'abord la situation seuil, quitte ensuite à infléchir, pour un court laps de temps, l'organisation dans un sens ou dans l'autre."
Unité passée et perdue ou Unité à venir?
Remarque finale:
Je ne résiste pas, à l'intention des logocrates, à l'envie de rappeler que Thom part également de cette même catastrophe "Ombilic parabolique" pour proposer un modèle des automatismes du langage⁶ (SSM 2ème ed., pp. 311 à 315): "Le gamète émis par le concept n'est autre que le mot (le nom correspondant). L'émission verbale apparaît alors comme un véritable orgasme." (p.314)
¹: Ce qui, pour moi, n'implique pas automatiquement l'actuelle sacro-sainte égalité devant la loi.
²: Qui répond, entre autres, au bouquin pour moi de nettement moins bonne tenue "Le premier sexe" de Éric Zemmour.
³: Ceux qui me lisent savent que je ne peux pas résister à ce genre d'arguments.
⁴: Thom rappelle ce constat p.192.
⁵: Et me renvoie d'une part à la célèbre citation de Galilée ("Le livre de la nature est écrit en langage mathématique ...") et d'autre part à l'étrange citation thomienne "Selon beaucoup de philosophes, Dieu est philosophe; il serait peut-être plus logique de dire que le géomètre est Dieu."
⁶: PhG: "Il suffit d'un mot, d'une phrase ... C'était un bonheur fou."
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