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Derrida, Thom et la double contrainte

Article lié : L’essoufflement en peau de chagrin

jc

  09/04/2019

Je ne connaissais la pensée de Derrida qu'à travers ce site¹, site où les déconstructeurs n'ont pas bonne presse (et je ne voyais jusqu'à présent aucune raison de m'opposer à cette façon de voir les choses). Ma position a changé en deux jours. Car en deux jours j'y ai vu se croiser les routes de Thom et de Derrida (ce qui m'a étonné parce que dans sa carte du sens⁰ Thom place la littérature post-moderne au bord de la mer de l'insignifiance).

I. Avant hier.

À la lecture du "Le mythe de la virilité" de la philosophe Olivia Gazalé et particulièrement de la sixième partie "La déconstruction du monde viril" où OG retrace l'émergence de la différenciation des concepts de sexe (pour moi "génétique") et de genre (pour moi "épigénétique"), ainsi que l'émergence de la théorie "Queer" du genre qui postule que le genre "épigénétique" peut balayer continûment le spectre qui va de la femme idéalement féminine à l'homme idéalement viril (quid d'une théorie "Trans", c-à-d du changement de sexe "génétique"?). (Dans les dernières lignes de sa conclusion OG appelle de ses voeux "l'enthousiasmante naissance de masculinités" face à la désolante² fin de l'homme viril.)

Derrida est cité dans cette partie, en particulier p.477: "Au delà la différence binaire qui gouverne la bienséance de tous les codes, au delà de l'opposition féminin/masculin [...], je voudrais croire à la multiplicité de voix sexuellement marquées, à ce nombre interminable de voix enchevêtrées, à ce mobile de marques sexuelles non identifiées dont la chorégraphie peut entraîner le corps de chaque individu, le traverser, le diviser, le multiplier, qu'il soit classé comme un homme ou une femme selon les critères en usage."

À travers un jargon qui m'est inhabituel, je vois là nettement apparaître chez Derrida un penseur pour lequel il y a une relation de continuité entre les genres "épigénétiques" masculin et féminin; ce qui me renvoie aussitôt à Thom, penseur du continu affirmé et affiché.

II. Hier

À la lecture du lien "Double contrainte" de l'article présent "L'essoufflement en peau de chagrin", où la double contrainte me renvoie instantanément au thomien "Le prédateur affamé est sa propre proie" que Thom considère comme étant à la base de l'embryologie animale et que je personnalise ("je" mis pour Macron) pour la mettre au diapason de l'article en la paraphrasant en l'injonction paradoxale: "Je suis à la fois prédateur et proie".

L'exemple -pour moi archétypique- que donne Thom d'une injonction paradoxale n'est pas celui de l'âne de Buridan (proposé par Wikipédia) mais celui de l'oiseau fasciné par le serpent,car la forme du serpent est pour Thom une forme génétique (et non épigénétique) pour l'oiseau (un petit serpent est un ver, une proie, un gros serpent est un prédateur).

Je note avec intérêt que l'article évoque que toute solution logique au problème de la double contrainte se heurte au sacro-saint principe de non contradiction et donc que toute solution ne peut se faire que dans le cadre d'une logique paraconsistante, logique âprement défendue par Thom³.

Aux ébauches de solutions proposées par Wikipédia Thom propose l'explication "catastrophique" suivante: pour lui il faut briser le cercle vicieux représenté par le lacet de prédation associé à la catastrophe "fronce" en haussant le niveau de la façon suivante: un choc affectif permet de déformer la "fronce" en la compliquant en "papillon" (mathématiquement on complique un potentiel en x⁴ en un potentiel en x⁶), faisant apparaître une poche de compromis qui élimine le paradoxe⁴.

Et -the last but not the least- en lisant la partie philosophie de l'article Wikipédia largement consacrée à Derrida, je me demande si ce dernier n'essaye pas, avec son concept de différance, d'exprimer les idées thomiennes ci-dessus dans un jargon qui ne m'est pas familier -il n'y a peut-être qu'un pas entre différance derridienne et différenciation-différentiation thomienne (l'analogie entre différenciation cellulaire et différentiation des fonctions étant, je le rappelle, fondamentale dans l'oeuvre de Thom)-.


⁰: http://strangepaths.com/forum/viewtopic.php?t=41

¹: Cf. le moteur de recherche de Dedefensa

²: Certainement pour Éric Zemmour, cf. "Le premier sexe"

³: Et aussi (entre autres?) les épistémologues belges Lambert et Hespel via leur article "De la topologie de la conciliation à la logique de la contradiction" dont j'ai parlé à plusieurs reprises dans mes commentaires.

⁴: Thom décrit en détail dans ES pp.72 à 74 un modèle qui, je subodore, "colle" correctement pour le double bind.

Articles Similaires.

Article lié : La pub et les Gilets-Jaunes

Kevin CONRAUX

  09/04/2019

Voici un lien à deux articles que j'ai publié assez incroyablement par pur hasard le lendemenain de cet article de dedefensa et dans lequel je vomissais aussi sur la publicité, pour la première fois alors que ça fait si longtemps que ça me torture:

http://www.lecturesalternatives.fr/2019/03/la-propagande-fasciste-publicitaire-2000-mots.html
http://www.lecturesalternatives.fr/2019/03/1-la-pub-mercedes-classe-b.html
 

Évolution du clivage gauche-droite.13

Article lié : Il est urgent de dépasser le clivage gauche-droite

jc

  08/04/2019

Sous-titre: Abbayes de Thélème: hauts lieux de l'interdisciplinarité

Abbaye de Thélème: "Lieu, pour l'instant utopique, où des hommes et des femmes "philosophes" -de préférence à parité numérique- de différentes disciplines se réunissent pour réfléchir à une constitution de deuxième génération pour la France (tout en essayant de la penser la plus archétypique, la plus "génétique", la plus universelle possible)."

(J'entends par "philosophe" -entre guillemets- quelqu'un qui a un recul par rapport à sa spécialité, sa discipline. Tous les intervenants ci-dessous sont supposés "philosophes".)

                                                  ———————————————————————-

Selon moi il doit y avoir en premier lieu le premier cercle, celui des anthropologues, ethnologues, et biologistes, ainsi que des métaphysiciens de type guénoniens. Car je vois cette constitution s'élaborer à partir de la cellule familiale¹, ayant été convaincu par le discours du médiatique ethnologue Emmanuel Todd.

Une fois écrits les articles relatifs à la famille, cellule de base de toute société humaine, interviendront alors les sociologues, les juristes -en particulier bien entendu les constitutionnalistes de première génération-, les politologues, les écologistes, les économistes, etc., pour écrire d'abord une constitution pour les petites communes (ordre de grandeur à préciser) pour terminer par une constitution pour la France entière après être passé par les structures intermédiaires.

(Je pense que la grande majorité des problèmes à résoudre -et donc des grandes options politiques- se pose déjà au niveau -disons- cantonal -et peut-être déjà au niveau communal; le grand problème, selon moi, est le problème de la clé de voûte de la structure sociale: "Vox populi vox Dei"?)

Les matheux ont-ils leur place dans l'élaboration d'une telle constitution?

Thom: "(...) je suis un bon représentant de l'impérialisme disciplinaire; dans cette propagande démesurée où les spécialistes vantent les mérites de leurs concepts respectifs, seul, je crois, le mathématicien a quelque droit à prétendre à l'universalité." ("Vertus et dangers de l'interdisciplinarité", AL p.640)

Et Hegel: "Pythagore est le premier maître de l'universel".

Ces deux citations vont donc dans le sens d'une réponse positive à la question posée plus haut, et ce d'autant plus si une telle constitution prétend à l'universalité.

Le mathématicien français médaillé Fields Alain Connes² fait remarquer à la fin de l'une de ses conférences-vidéo que l'intelligence artificielle sera à jamais incapable d'élaborer de véritables concepts, à savoir des concepts qui ont du sens. Je suis personnellement convaincu que c'est exactement là le critère qui sépare les "grands" mathématiciens des mathématiciens ordinaires, les grands mathématiciens étant ceux capables d'élaborer de nouveaux concepts et de proposer de vastes et fécondes conjectures (et pour moi, Thom, Grothendieck, Connes³ sont de ceux-là). Ne serait-ce que pour cette raison -l'aptitude à forger et définir de nouveaux concepts qui ont un sens- je pense que les matheux doivent avoir dans les abbayes de Thélème une place autre que celle d'observateur -ou celle, ancillaire, de statisticien⁴-.

(Il me semble qu'il sera inévitable de considérer que certains articles ne seront pas "génétiques", pas universels, mais seulement "considérés comme étant génétiques" (ex. Interdit de l'inceste).)


¹: Pour moi la cellule familiale de base est atemporelle, c'est-à-dire contient le couple, ses enfants, et, au moins virtuellement, les ascendants vivants.

²: Je trouve que Panoramix lui ressemble.

³: Une discussion à Thélème entre un guénonien et Connes portant sur une lecture quantique de "Le symbolisme de la croix"? (De même une discussion entre un guénonien et Todd concernant un éventuel tissage du patriarcat et du matriarcat (à propos du chapitre "Le symbolisme du tissage")?)

⁴: Thom: "Les mathématiciens ne devraient pas se laisser enfermer dans la tâche ancillaire de statisticiens, mais devraient apporter leurs propres intuitions dans la conceptualisation des autres disciplines." ("Vertus et dangers de l'interdisciplinarité", AL p.642)

Marcel

Article lié : L’essoufflement en peau de chagrin

Pascal B.

  08/04/2019

Gaucher

Évolution du clivage gauche-droite.12

Article lié : Il est urgent de dépasser le clivage gauche-droite

jc

  08/04/2019

Sous-titre: Mots "génétiques" et mots "épigénétiques"

Thom: "Je suis convaincu que le langage, ce dépositaire du savoir ancestral de notre espèce, contient dans sa structure les clés de l'éternelle structure de l'être."

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En réfléchissant au genre des mots¹ -en pur béotien, je ne suis pas linguiste-, je ne peux que constater que le genre grammatical des mots en général, et ceux touchant au sexe en particulier, est beaucoup plus "épigénétique" que "génétique", et donc que, d'une certaine façon, le sens des mots est contingent, ce qui est fâcheux dans les textes où c'est l'invariance, l'universalité qui est recherchée, comme, archétypiquement, dans une constitution qui se veut "génétique".

Y a-t-il donc des mots "génétiques", des rocs à partir desquels un discours "universel" puisse se constituer?

Il m'apparaît de plus en plus nettement que Thom nous propose, avec ses seize morphologies archétypes², une ébauche de réponse à ce qui est, d'évidence pour moi, une question fondamentale.

(Je rappelle que la théorie des catastrophes est, selon Thom lui-même, une théorie de l'analogie et que "le monde de l'analogie est un monde qui porte son ontologie, en quelque sorte, avec soi.")


¹: Amour, délice et orgue, mots "Transgenre", mots "Queer"?

²: SSM, 2ème ed. p.312


 

Évolution du clivage gauche-droite.11

Article lié : Il est urgent de dépasser le clivage gauche-droite

jc

  08/04/2019

Sous-titre: De la conscience de classe à la conscience de genre

PhG: "La sagesse, aujourd'hui, c'est l'audace de la pensée"

Thom: "(...) dès qu'un mot est utilisé fréquemment avec une signification différente de sa signification initiale, il en résulte une tension sur certaines parois de la figure de régulation du concept, tension qui pourrait fort bien la briser; le concept alors se défend en suscitant la naissance d'un mot nouveau qui canalise cette nouvelle signification. la formation de néologismes est ainsi une illustration -difficilement réfutable- du principe lamarckien: la fonction crée l'organe." ("Topologie et signification", conclusion, MMM).

                                                      ——————————————————————-

J'ai terminé le .10 de "Évolution du clivage gauche-droite (vers le clivage homme-femme)" en opposant un clivage gauche-droite sur fond de lutte des classes à un clivage homme-femme sur fond de lutte des sexes/genres, la qualité du clivage sur fond de haine dans le premier cas et sur fond supposé d'amour dans le deuxième.

Jusqu'à présent j'amalgamais sexe et genre: "de sexe masculin" avait pour moi même signification que "de genre masculin". La lecture de "Le mythe de la virilité" de la philosophe Olivia Gazalé¹ a changé ma façon de voir les choses, en particulier la citation suivante (p.460):

"Dans "Sex, Gender and Society", elle [la philosophe Judith Butler] distingue le sexe, invariant biologique, et le genre, construit social évolutif et contingent."

Dans mon rangement thomien (et en l'occurence, également aristotélicien) j'associe dorénavant le sexe à la génétique et à la cause matérielle et le genre à l'épigénétique et à la cause efficiente:

Thom: "(...) il y a toujours une secousse qui s'est propagée, et cette secousse est de nature épigénétique, elle n'est pas de nature génétique. On ne peut pas dire que l'oeuf quiescent programme son propre développement, ce n'est pas vrai. Au fond c'est peut-être pour cela qu'il y a des mâles dans la nature, en un certain sens: on ne peut pas croire que les mâles soient vraiment très utiles, mais en fait ils sont là pour donner la secousse; je sais bien qu'il y a des animaux parthénogénétiques, mais enfin je ne sais pas très bien comment ça fonctionne, comment l'oeuf à un moment donné se déclenche. Je crois que cet aspect là est assez fondamental. La causalité matérielle est génétique, la causalité efficiente est épigénétique. Si on n'a pas fait cette distinction je crois qu'on ne comprend rien à la distinction génétique-épigénétique."

Margaret Mead (citée par OG p.459) s'exprime selon moi dans le même sens que Thom, quoique de façon nettement plus métaphorique:

"Les traits de caractère que nous qualifions de masculin ou de féminin sont pour un grand nombre d'entre eux, sinon en totalité, déterminés par le sexe aussi superficiellement que le sont les vêtements, les manières ou la coiffure qu'une époque assigne à l'un ou l'autre sexe."

L'une des principales difficultés que je vois à l'élaboration d'une constitution de deuxième génération (celles de premières génération étant calquées sur -disons- l'américaine) est de séparer le constitutionnel du législatif comme les biologistes séparent le génétique de l'épigénétique, le constitutionnel renvoyant à l'invariant biologique alors que le législatif renvoie à un construit social évolutif et contingent (pour reprendre la formulation de Judith Butler).

Selon moi le fait d'avoir mis le libéralisme (et même l'ultra-libéralisme) dans la constitution européenne (alias somme des traités européens, 2005 oblige) et non dans une loi (abrogeable et/ou modifiable) est une grossière erreur que nous autres européens sommes en train de payer.

Jean-Claude Juncker:  "Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens. "


¹: Mon épouse, qui commence à le lire moins vite que moi, m'a fait remarquer que OG cite "Le premier sexe" d'Éric Zemmour p.13.


 

Évolution du clivage gauche-droite.10

Article lié : Il est urgent de dépasser le clivage gauche-droite

jc

  07/04/2019

Sous-titre: Modélisation "à la Thom" de l'évolution politique des rapports homme-femme

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On peut visualiser "à la Thom" les rapports politiques homme-femme avec une courbe en forme de W à deux cuvettes séparées par une barrière "de potentiel", courbe dont l'équation est du type y=x⁴+ux²+vx, et qui est associée à la catastrophe fronce qui modélise, selon Thom, le conflit entre deux actants. Jusqu'au début du XXème siècle¹, on a deux cuvettes, l'une étroite et profonde - la profondeur étant liée à la stabilité- occupée par les femmes et traduisant que les femmes stabilisent la société en se concentrant, parfois à leur corps défendant -domination tri-millénaire masculine oblige-, sur la reproduction de l'espèce, et l'autre occupée par les hommes, cuvette moins profonde et plus large pour que la taille des cuvettes reflète la parité numérique homme/femme. Avec les suffragettes au RU, le droit de vote en Turquie, le droit de vote en France, le féminisme (Simone de Beauvoir, la loi Weil, etc.), la cuvette féminine a commencé à s'élargir (et le fond de cuvette à remonter, contraception oblige, traduisant une perte de stabilité sociale), et à s'écarter de la cuvette masculine, affaiblissant la barrière de potentiel qui tend alors à prendre l'allure d'un plateau de plus en plus large et de moins en moins bombé. L'arrivée (années 1990?) des mouvements de LGBT a alors creusé au sommet de ce plateau une petite cuvette dans laquelle se sont installés ces "sexes flottants" (comme les appelle Emmanuel Todd²) au genre peu différencié.

Selon la théorie thomienne cela signifie que l'on est passé à une courbe d'équation y=x⁶+ux⁴+vx³+wx²+tx, associée à la catastrophe papillon. La création de cette nouvelle cuvette investie par les LGBT a pour effet politique de radicaliser les mâles "historiques" donc de recreuser la cuvette "mâle" ("Le premier sexe" de Zemmour³ est pour moi tout-à-fait typique de cette évolution). Comment tout cela va-t-il évoluer?

Selon la théorie thomienne la cuvette centrale formée au sommet de la barrière de potentiel modélise un compromis, une poche, une cloque, une maison commune -une maison est pour Thom une poche de compromis entre la terre et l'air-. Pour l'instant si les "mâles historiques" (les red necks US, les groupes d'extrême droite allemands, etc.) ont l'air de commencer à s'agiter, les "femelles historiques" (c-à-d plus de 90% des femmes?) n'ont pas l'air de bouger.

Que risque-t-il de se passer? Selon moi il y aurait en France une certaine logique à ce qu'il y ait une évolution de l'opposition homme-femme avec une cuvette centrale qui se creuse et dans laquelle vont venir se nicher suffisamment de couples du type des couples des p.12 et 15 du bouquin de Zemmour, couples qu'Olivia Gazalé appelle également de ses voeux (cf. la fin de sa conclusion), suffisamment pour que les LGBT y deviennent largement minoritaires. Si c'est le cas, il semblera alors logique d'opposer hommes et femmes, les femmes au palais du Luxembourg et les hommes au palais Bourbon, chaque sexe traitant de ses affaires spécifiques (par ex. l'armée aux hommes?, la santé aux femmes?), les conflits entre les deux sexes étant régulés "en congrès" à Versailles avec un centre "conciliant" d'autant plus puissant -et donc stabilisateur de la société- que la cuvette centrale est bien remplie.

Une telle modélisation "à la Thom" peut également être faite pour l'élection présidentielle de 2017 dans le cadre d'une opposition gauche-droite avec la création de la cuvette centrale macronienne. Pour moi les cuvettes extrêmes sont actuellement en train de se creuser (plus à droite qu'à gauche pour l'instant), le destin de la cuvette centrale LaREM étant de se vider.

La différence fondamentale que je vois entre les deux situations est la différence de comportement de la barrière de potentiel: difficile à franchir dans le cas d'une opposition gauche-droite (pour cause de fond de haine résultant de la lutte des classes, doublée d'un souverainisme plus marqué à droite et d'un internationalisme plus marqué à gauche⁴), alors que dans le cas d'une opposition homme/femme on peut raisonnablement espérer que cette barrière sera plus aisée à franchir, l'amour remplaçant dans ce cas la haine.


 ¹: Les suffragettes au RU

²: https://www.les-crises.fr/burke-la-russie-et-les-transgenres-par-emmanuel-tod/

³: J'y ai consacré dix minutes, le temps de noter les positions de deux "jeunes mâles" p.12 et p.15. et de lire la conclusion

⁴: J.L. Mélenchon vient de se séparer d'une fraction souverainiste de LFI.
 

Méditation sur quelques nations et la modernité......

Article lié : Le grand’œuvre de Choïgou

Geo

  07/04/2019

Évolution du clivage gauche-droite.9

Article lié : Il est urgent de dépasser le clivage gauche-droite

jc

  07/04/2019

Sous-titre: De top-down à bottom-up

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Dans mon commentaire "Don et contre-don" j'écrivais:

"Je suis politiquement aristo-populiste, le peuple souverain veillant jalousement à sécréter sa propre aristocratie. Ce qui précède est, selon moi, "évidemment" plus du ressort de l'aristocratie telle que je la conçois (abbayes de Thélème) que du ressort du peuple (villages Astérix)."

Mon néologisme maison "Aristo-populisme" suggère une vision top-down de la politique, une vision jupitérienne¹ qui n'est pas du tout la mienne, moi qui défends au contraire une vision bottom-up ("Vox populi, vox Dei"). Aussi je lui préfère dorénavant celui de "Populo-aristocratisme", censé indiquer clairement que l'être ontologiquement premier est le peuple et que l'aristocratie lui est subordonnée, car issue du peuple, sécrétée par lui.

D'un côté le Verbe qui est l'être premier, point de vue que je qualifie de logocratique, de l'autre la Chair qui est l'être premier, point de vue que je qualifie de topocratique. Le Verbe qui se fait Chair ou la Chair qui se fait Verbe (pour paraphraser le premier évangile selon Saint Jean)? (Le point de vue masculin opposé au point de vue féminin?)

Thom a rassemblé une trentaine d'articles dans "Apologie du logos" qui, écrit-il dans l'envoi, "jalonnent le spectre continu sous-tendant l'ambiguïté du terme". Pour moi le spectre continûment balayé va du point de vue logocratique pur, au point de vue topocratique pur, points de vue qui, écrit Thom à la fin de l'envoi, "manifestent sans doute une distinction irréductible entre deux modes d'appréhender l'existence. Le mode métaphysique, celui d'Aristote -l'être comme acte ("on agit comme on est, dit Saint Thomas)- et le mode géométrique: la forme visible dans l'étendue. Ces deux modes existent bel et bien l'un et l'autre, et à leurs frontières subsiste un no man's land où se déploient les catastrophes."

Le choix thomien du topos précédant ontologiquement le logos (choix assez naturel pour un topologue professionnel) est, Thom y insiste, un choix d'intelligibilité: il est, selon lui, plus aisé de "monter" du topos au logos que de "descendre" du logos au topos, de passer du continu au discret que de passer de discret au continu. C'est le choix d'un autre Saint Thomas (non pas le "d'Aquin", mais l'apôtre): "Je ne crois que ce que je vois"; et sous cette forme on pressent que ce point de vue topocratique aura sans doute plus de chance d'avoir l'agrément du peuple.

Je viens de finir de parcourir la dernière partie de "Le mythe de la virilité" de la philosophe Olivia Gazalé, partie intitulée "La déconstruction du monde viril" que j'ai trouvée d'une assez prodigieuse hauteur de vue. J'y trouve ce que je subodore depuis longtemps, à savoir que les femmes sont peut-être, plus naturellement que les hommes, des penseuses du continu, des penseuses du topos² (le féminisme "queer" fait l'hypothèse d' un continuum masculin-féminin allant de l'homme "idéalement viril", au gradient mâle élevé à la femme "idéalement féminine", au gradient femelle élevé, les "sexes flottants"¹, aux gradients faibles, au fond de la cuvette "parabolique".

Je retrouve là, de façon assez inattendue pour moi, le spectre continu de l'opposition logos-topos de l'envoi de AL. Et dans l'hypothèse -qui est la mienne- d'un grand réajustement des rapports hommes-femmes, il me paraît tout-à-fait logique que l'image plusieurs fois millénaire de l'homme viril se déconstruise³ pour pouvoir renaître sous une autre forme, la femme apparaissant simultanément sous un jour nouveau.

La conclusion du bouquin de OG s'intitule "Réinventer les masculinités". en voici les dernières lignes:
"(...) la réinvention de la paternité, et toutes les mutations déjà opérées par les hommes progressistes ne constituent pas un "déclin", comme le pensent les masculinistes, mais une chance pour l'humanité, peut-être sa plus grade chance: celle d'annoncer, non pas la désolante "fin des hommes", mais l'enthousiasmante naissance de nouvelles masculinités, condition indispensable d'un meilleur équilibre entre les deux sexes."

(Mon épouse vient de finir de parcourir "Le premier sexe" d'Eric Zemmour, lecture agrémentée de quelques fulminences. Je vais le parcourir à mon tour.)


¹: Fake-Macron (qui gouverne par ordonnances): "Je crois dans l'autonomie et la souveraineté. La démocratie est le système le plus “bottom up” de la terre."       http://www.lefigaro.fr/politique/le-scan/2018/03/30/25001-20180330ARTFIG00111-macron-raille-pour-sa-tirade-sur-la-democratie-systeme-8220bottom-up8221.php

²: J'essaye de suivre ce que fait une autre Olivia, Olivia Caramello, matheuse de son état, à la recherche du graal des matheux, je crois, à savoir du topos universel (et donc aussi, dualement, du logos universel). Cf.  https://swisscows.com/video?query=olivia%20caramello

³: Cf. pp.472 à 478 (Foucault, Derrida, etc.)

Information et communication

Article lié : USA : du Panoptique à la barbarie

jc

  06/04/2019

Wikipédia: "La communication est l'ensemble des interactions avec autrui qui transmettent une quelconque information."

Le concept de communication englobe donc -subsume- ceux d'information et de transmission de cette information. L'entropie d'information de Shannon, qui apparaît pavloviennement dans quasiment tous les discours "modernes" sur le sujet, ne fait que mesurer, dans des contextes précis, la perte -selon les "shannoniens" il est inimaginable qu'il puisse y avoir un gain, d'où le choix du mot "entropie", terme qui renvoie au deuxième principe de la thermodynamique- dans la transmission entre l'information reçue et l'information émise.

Le problème, majeur, est que l'entropie d'information ne donne aucune réponse à la question de la signification de l'information transmise:

Thom: "Dans notre système alphabétique les deux mots "entrez" et "sortez" ont même longueur, donc même quantité d'information. Qui oserait prétendre qu'ils ont même signification?" ("Topologie et signification", MMM)

En ce qui concerne l'information, le problème de sa signification est évidemment crucial. J'incite avec une grande insistance à visionner à ce sujet le court métrage que Jean-Luc Godard a fait sur Thom (de 40' à 45'), en particulier le passage concernant la publicité, les médias "aux ordres" fonctionnant comme les publicistes.

(Ceux qui lisent mes commentaires seront attentifs au passage où Thom dit que le diagramme qu'il dessine au tableau pour illustrer la notion d'information est un diagramme très compliqué, alors que -j'imagine- n'importe quel "intellectuel" de n'importe quel "think tank" le considérera comme très élémentaire²: la stabilité structurelle a des exigences qui ne sont pas aisément perçues…)

Se poser la question de la signification de l'information -bourrage de crâne ou non- (qu'on en soit l'émetteur ou le récepteur) donne très vite le vertige:

Thom: "Qu'on songe, par exemple, à l'interprétation figurée des constellations qui a conduit à l'astrologie et à tous ses errements. Quel contrôle opposer à cette tendance [primitive] de l'esprit [à considérer que "le sentiment de signification provient de propriétés réelles des objets du monde extérieur"]? Il n'y a guère, à nos yeux, qu'une seule possibilité: créer une théorie de la signification, dont la nature soit telle que l'acte même de connaître soit conséquence de la théorie. (...) nous allons nous efforcer d'en donner un modèle de caractère objectif, de nature géométrique et dynamique. Et ce modèle nous le trouverons dans l'idée mécanique de résonance²." ("Topologie et signification", MMM)


¹:: Que diraient les logisticiens du programme du F35?

²: L'exemple classique du passage de troupes au pas cadencé sur un pont montre que l'information peut être néguentropique.

Fake-démocrates et zombies-ploutocrates

Article lié : Juan Branco et nos oligarchies derrière Macron

jc

  06/04/2019

Glossaire.

I. Fake-démocrates

Un article de Bruno Larebiere¹ complète le tableau (très certainement pas complètement) brossé par Branco.

II. Zombies-ploutocrates

Alan Greenspan (nombreuses citations zombies²); pour moi la zombification de la ploutocratie est passée en mode turbo à partir de la non-convertibilité en or du dollar (de nombreuses citations montrent que ça tracassait Greenspan)

Lloyd Blankfein: "We do God's work".


Au flair je pense -à la suite de Thom- que l'espèce humaine a été dotée d'un "turbo"³ que n'ont pas -ou ont seulement en puissance, c-à-d beaucoup moins opérationnel- les autres espèces vertébrées supérieures. Et j'imagine notre espèce actuellement en rodage (avec beaucoup de ratés!), en espérant qu'à la maturité chacun aura sa "fiche de poste" bien définie comme chez les fourmis ou les abeilles.


¹: https://leblogalupus.com/2019/04/04/philippe-de-villiers-la-construction-europeenne-est-ontologiquement-conspirationniste/

²: Il me semble avoir lu que Greenspan a dit un jour qu'il ne savait pas ce qu'était la monnaie.

³: Thom: "Ici se pose le problème de savoir comment la cervelle humaine, anatomiquement et physiologiquement si peu différente de la cervelle des Vertébrés supérieurs, a pu réaliser cette architecture compliquée, cette hiérarchie de champs dont les animaux paraissent incapables. Je crois, personnellement, que tout tient en une discontinuité de caractère topologique dans la cinétique des activités neuroniques; dans le cerveau humain s'est réalisé un dispositif simulateur des singularités auto-reproductrices de l'épigénèse qui permet, en présence d'une catastrophe d'espace interne Y et de déploiement U, de renvoyer le déploiement de U dans l'espace interne Y, réalisant ainsi la confusion des variables internes et externes. Un tel dispositif n'exige pas de modification considérable des supports anatomique et physiologique;" (SSM, 2ème ed., p.309)

Jean-E. Charon voit clairement le devoir de chaque vivant : faire croître sa néguentropie, durant chaque existence vécue.

Article lié : Un chien qui se mord la queue

patrice sanchez

  06/04/2019

Extrait de l'esprit est dans la matière :
http://www.elishean.fr/lesprit-est-dans-la-matiere-par-jean-e-charon/
Que l’on admette que l’électron est un micro-trou noir, et le problème de « l’Esprit, cet inconnu » reçoit réponse.
« Depuis quelques années, j’ai débouché sur une super-gravitation, et j’ai été particulièrement heureux de constater au cours de mes recherches, qu’en prolongeant, comme je l’ai fait, la Relativité Générale d’Einstein vers une Relativité Complexe, les équations cosmologiques se présentent sous deux modèles complémentaires l’un de l’autre :
l’un décrivant l’évolution de l’espace-temps de la Matière,
l’autre décrivant l’évolution de l’espace-temps de l’Esprit. » …
« La Relativité Complexe fournit le modèle cosmologique pour l’électron. » …
« Avec l’électron il s’agit d’un micro-univers fermé, en pulsation cyclique.
Sa caractéristique, avons-nous dit, est qu’il remonte le cours du temps, ce qui lui confère ses qualités néguentropiques. »
« Les physiciens savaient depuis longtemps que les électrons, qui ont une masse, interviennent comme s’ils avaient un point de contact avec notre univers.
En allant plus loin, on a constaté que les électrons tout comme les trous noirs, ont leur espace propre, capable de mémoriser les informations reçues, de les ordonner et d’acquérir de plus en plus de conscience. »
« Les physiciens savent que les électrons ne vivent pas des temps comparables à ceux de nos vies, mais des temps à l’échelle de l’infini. »
Les électrons, qui existaient depuis l’aube des temps, qui ont acquis une expérience vieille comme l’Univers lui-même, qui appartiennent aux êtres vivants depuis leur commencement et aussi depuis leur dernière naissance, sont appelés, selon le professeur Charon, à connaître des états et des niveaux de conscience de plus en plus élevés.
La durée de vie de l’électron étant « infinie », c’est sur lui que reposerait la spiritualité et l’immortalité universelles.
« Je ne suis pas seulement cette expérience vécue de quelques dizaines d’années, mais une expérience à l’échelle du temps et de l’univers… »
Jean-E. Charon voit clairement le devoir de chaque vivant : faire croître sa néguentropie, durant chaque existence vécue.
« Nous sentons de plus en plus au plus profond de nous la nécessité de devenir «plus» par les quatre opérations de la connaissance, de l’amour, de la réflexion et de l’acte. »

Pendant qu'un commentateur nous fait l'apologie du don,

Article lié : Un chien qui se mord la queue

patrice sanchez

  06/04/2019

un autre nous fait celle du libéralisme le plus abject qui soit !
Je pense à ce cher Nietzsche qui nous disait que bien et mal sont intimement liés, selon la doctrine de Zoroastre dont il se sera inspiré à n'en point douter, cependant nous en sommes arrivés à un tel point de règne du mal, de non sens et d'inversion de saines valeurs, que nous n'aurons d'autres alternatives que de radicaliser nos pensées à l'extrême pour nous défaire une bonne fois pour toute de ce matérialisme mortifère, et pendant que d'aucuns se vautrent dans l'innommable, je me contenterais de reprendre la sentence que le père de Camus aurait prononcée à son fils : Un Homme, ça s'empêche !
PS.. Il faudra demander à nos amis les transinhumanistes qu'ils nous pondent des puces intracrâniennes antivirus déstinés à assainir les esprits de ces pauvres hères qui décidément ont perdu tout self contrôle de leur Titanic à  force de panser et d'essuyer !
Pour ma part je préfère de loin la néguentropie des particules élémentaires et l'aphorisme nietzchéeen : ce qui ne me tue pas me fortifie.

VOUS AVEZ DIT SOUMISSION

Article lié : Négocier à l’abri d’une complète soumission

ZC

  05/04/2019

Comment les USA peuvent-ils sanctionner les turcs en refusant de leur vendre des F35 alors que ces derniers en fabriquent une grande partie des pièces?
Je veux bien que tout le monde marche sur la tête mais quand même,ce petit détail semble echapper à tout le monde.

Complément au .8

Article lié : Il est urgent de dépasser le clivage gauche-droite

jc

  05/04/2019

Je viens de parcourir un article d'Emmanuel Todd intitulé "Burke, la Russie et les transgenres"¹. J'y ai noté:

"J’ai relu récemment l’anthropologue et féministe Margaret Mead : le clivage homme-femme et la spécialisation des rôles entre les deux sexes constituent un tel universel d’organisation pour toutes les sociétés qu’il n’est pas concevable que le projet de « sexe flottant », pour ainsi dire, ne crée au plus profond de l’inconscient des sociétés les plus avancées une véritable inquiétude. Or, quand on est inquiet sur ce qu’on fait soi-même, on devient assez hostile au voisin qui refuse de prendre le même risque. On se demande inévitablement, de façon latente, si ce n’est pas lui qui fait le bon choix, qui, en l’occurrence, serait le choix du conservatisme de mœurs."

Au début du .8 je notais: "Et je pense qu'il est nécessaire de voir les avancées (en gros depuis un siècle) des reconquêtes politiques féminines (les femmes sont pratiquement écartées de la politique depuis plusieurs millénaires!) pour comprendre par exemple -mais typiquement- la tentative actuelle de conquête du parti démocrate US par les femmes."

Pour moi il ne fait aucun doute que si la gent féminine (globalement, et non individuellement comme c'est le cas actuellement) s'impose en politique ce sera parce qu'elle aura fait le choix politique du conservatisme des moeurs (et non le choix "féministe", voire du "sexe flottant"). Peut-être est-ce la difficulté qui empêche actuellement les femmes du parti démocrate US de faire une O.P.A. (menée par A.O.C.?) sur ce parti: celle de se voir reprocher d'être un parti à la solde des russes?


¹: https://www.les-crises.fr/burke-la-russie-et-les-transgenres-par-emmanuel-tod/