jc
25/10/2024
L'effondrement occidental en cours met en évidence le défaut de stabilité structurelle de l'organisation unipolaire globale sous la botte du capitalisme prédateur US.
Sur le billet de banque ("émis" en 2023) présenté par Poutine à Kazan on remarque que les différents pays sont écrits dans leur langue et en colimaçon. Allusion directe à la tour de Babel qui appelle la question : quid de la stabilité structurelle d'une organisation sociale multipolaire ?
Dans Esquisse d'une Sémiophysique Thom dresse un catalogue des grands plans d'organisation animale structurellement stables (pour lui au nombre de dix). Ce qui laisse supposer qu'il en va peut-être de même pour les grands plans d'organisation sociale.
Pour que puisse se constituer une organisation sociale multipolaire stable, il me paraît très clairement souhaitable que les divers pouvoirs temporels acceptent une autorité spirituelle unique.
Selon moi René Thom propose quelque chose qui n'est pas très différent d'une religion universelle (καθολικός en grec ancien) dans laquelle le langage universel des mathématiques a une part importante :
"Selon beaucoup de philosophies Dieu est géomètre. Il serait peut-être plus logique de dire que le géomètre est Dieu."
Jack V.
24/10/2024
Le récent pacte global adopté lors de la 79 ième séance de l'ONU reprend les idées et les obsessions des Occidentaux mais des oppositions se sont manifestées et elles risquaient de se cristalliser en contre-pacte à Kazan.
Guterres se rapproche donc prudemment de ce nouveau mouvement, probablement pour le compte des Occidentaux, pour essayer d'en infléchir le cours et éviter, autant que possible qu'il tende vers une opposition frontale au "pacte mondial".
https://press.un.org/fr/2024/ag12627.doc.htm
jc
22/10/2024
Je suis allé un peu vite en écrivant dans le .0 que "Pour moi Trump est un animal politique, un zoon politikon, en mettant l'accent sur animal plus que sur politique."
Voici quelques extraits de ce qu'écrit Thom concernant le psychisme d'une société (à la fin de Stabilité Structurelle et Morphogénèse), extraits qui suggèrent que Trump est peut-être plus pleinement un zoon politikon :
" On peut se demander si un groupe social est muni d'un "psychisme" que l'on peut considérer comme autonome. Il semble que le psychisme social présente un caractère fragmentaire très semblable au psychisme animal: la société ne trouve sa conscience qu'en face d'une tâche urgente où son existence, sa stabilité, sont menacées (une guerre par exemple); de même la conscience spatiale d'une société présente un caractère très local, focalisé sur certaines zones menacées; autant de caractères communs avec le psychisme animal.
(...)
Il serait tentant d'envisager l'histoire des nations comme une suite de catastrophes métaboliques (1); quel exemple de catastrophe généralisée que la décomposition d'un grand empire, comme celui d'Alexandre. "
(1) Par le biais de la théorie thomienne des catastrophes, cette phrase m'incite à y remplacer "histoire" par "métahistoire".
jc
21/10/2024
Presque simultanément Alexandre Douguine ( http://euro-synergies.hautetfort.com/apps/search/?s=lacan ) et Philippe Grasset commentent le Esoteric Trump de Constantin von Hoffmeister.
Je trouve l'approche lacanienne de Douguine particulièrement tirée par les cheveux.
Pour moi Trump est un animal politique, un zoon politikon, en mettant l'accent sur animal plus que sur politique. C'est un pragmatique qui fonctionne à l'instinct (et c'est pour cette raison qu'il est qualifié de populiste, car son discours plaît au peuple). Il suit que, pour moi, ce qualificatif rejoint à la fois la position de Thom lorsqu'il écrit :
"le pragmatisme n'est que la forme conceptualisée d'un retour à l'animalité",
et celle de PhG lorsqu'il écrit :
"Malgré les caractères du personnage (Trump), nous avons effectivement toujours tenté de nous intéresser à lui en tant qu’“objet” de la métahistoire qui “est agi” par la métahistoire, c’est-à-dire effectivement d’un point de vue spirituel et métaphysique."
Dans une approche lacanienne je préfère remonter à l'étymologie (un dada de Heidegger, ai-je lu) des mots symbolique et diabolique : un os brisé dont la fracture est bien réduite (au sens médical du terme) -réduction symbolique-, ou mal réduite -réduction diabolique-. Pour moi l'approche de Trump est symbolique car un animal ne fait pas la différence entre le réel et l'imaginaire (1), seul l'humain ayant la possibilité de nier (pour le meilleur et pour le pire). Par contre je verrais bien l'approche de Kamala Harris comme diabolique, son imaginaire -ainsi que celui du Système qu'elle représente (et symbolise…) - étant complètement déconnecté du réel (fracture consolidée quasiment "à angle droit"!).
(1) : ou très rarement (typiquement l'oiseau qui hésite entre le ver-proie et le serpent-prédateur).
Tino Candela
21/10/2024
Je trouve cet article très exagéré.
Trump a déjà été président, on peut pardonner à ceux qui l'oublient vu qu'il ne s'est rien passé pendant son mandat…
Rien n'indique qu'il se passera des choses intéressantes s'il est élu une deuxième fois.
P S
21/10/2024
https://www.globalresearch.ca/nuclear-high-attitude-electromagnetic-pulse-the-united-states-has-zero-national-security/5848897
jc
19/10/2024
https://fr.wikipedia.org/wiki/Principe_de_subsidiarit%C3%A9
Cette subsidiarité peut être ascendante ou descendante. Aristote prônait la subsidiarité ascendante, ainsi que les pères fondateurs des USA jusqu'à la prise progressive du pouvoir par Washington DC.
En France la subsidiarité descendante règne sans partage depuis plus d'un millénaire, que ce soit sous la papauté et la royauté ou depuis la révolution (prise du pouvoir par les jacobins, création du corps préfectoral en 1800 par le premier consul Bonaparte, etc.).
Cela ne prédispose pas les français à prendre la tête de cette révolution girondine naissante.
jc
16/10/2024
J'ai complètement raté ma chute : vaincre sans combattre "sur le terrain" ( dont je parle à propos de la citation de Hei Sing Tso ) c'est évidemment convaincre !
Malheureusement à ce jour Thom ne semble pas avoir convaincu grand monde parmi les philosophes (peut-être tout simplement parce qu'ils ignorent qu'il est l'un d'entre eux !).
jc
16/10/2024
Je suis étonné par le châpo car je ne m'attendais pas du tout à ça de la part d'un guénonien. Car Guénon distingue soigneusement les règnes de la quantité profane (un, deux, trois, etc.) et de la quantité sacrée (monade, dyade, triade, etc.), clairement plus proche de la qualité que de la quantité, et il lui arrive même parfois de relever le caractère sacré que les pythagoriciens accordent à certains nombres, par exemple le nombre 10 ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Tetractys ).
Je n'ai pas lu "La grande Triade", mais il suffit d'en parcourir l'avant-propos pour voir qu'il y a là un rapport profond avec le sujet de l'article.
En "follower" de la pensée thomienne je ne suis pas du tout d'accord avec le deuxième paragraphe, en particulier avec le fait que l'affrontement puisse devenir un "sans affrontement" lorsque passe des nations (qui ont entre elles des frontières engendrant périodiquement des conflits sanglants) aux civilisations, car au thomien "Les situations dynamiques régissant l'évolution des phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l'évolution de l'homme et des sociétés", il me semble clair que l'on peut rajouter : des civilisations (et d'ailleurs aussi des espèces).
Pour moi le conflit entre nations se déplace vers l'abstrait en un conflit entre civilisations, mais les règles qui régissent l'évolution de ces conflits sont les mêmes dans les deux cas. ( La théorie des catastrophes élémentaires classifie les conflits entre deux, trois et quatre actants. Mais ce n'est que le sommet de la partie émergée de la théorie. )
Hei Sing Tso : « ... la stratégie et la tactique peuvent être tirées de la sagesse ancienne de différentes civilisations. » J'en fais la lecture suivante :
1. la tradition évolue ;
2. la sagesse ancienne consiste à transférer les conflits du concret vers l'abstrait, des champs de batailles pleins de sang et de larmes vers le tapis vert (vaincre sans combattre "sur le terrain").
Une analogie mathématique.
Pour moi le transfert du concret vers l'abstrait à effectuer dans les sociétés humaines est à rapprocher du transfert de la géométrie à la topologie amorcé au XXème siècle : on quitte la mesure quantitative des lieux (en premier lieu la terre, bien sûr, étymologiquement la géométrie)-pour ne s'intéresser qu'à la qualité, les nombres profanes de la géométrie analytique de Descartes s'effaçant devant les nombres sacrés des pythagoriciens : les curieux pourront parcourir à ce propos le chapitre 5 de http://www.entretemps.asso.fr/maths/Livre.pdf dont voici la fin (qui ravive la question : d'où nous intuitions hautes et/ou profondes nous viennent-elles?) :
"Au bout du compte - après ce qui a été dit plus haut des discriminants de singularités isolées simples et des catastrophes en Géométrie symplectique - , on voit que la classification des catastrophes en toute dimension se ramène à celle des groupes platoniciens. Retour au Timée de Platon ? ".
Je termine par une remarque concernant la réunion Iran/UE. J'y vois l'opposition cosmos/chaos chère à Thom et aussi un rapport avec la triade/devise unité/harmonie/diversité, le chaos représentant l'unité et le cosmos la diversité. Mais pour la délégation européenne le chaos ne peut être que celui du sens profane et vulgaire, car, nihilisme oblige, il ne peuvent imaginer qu'il puisse être celui de l'harmonie suprême de la coincidentia oppositorum chère à Héraclite (entre autres).
https://fr.wikipedia.org/wiki/Coincidentia_oppositorum http://strangepaths.com/forum/viewtopic.php?t=41
jc
15/10/2024
""Si Moscou gagne en Ukraine, l'Europe renaît". La théorie du Français Todd qui effraie les larbins européens
http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2024/10/14/si-moscou-gagne-en-ukraine-l-europe-renait-la-theorie-du-francais-todd-qui.html
jc
12/10/2024
En reparcourant le chapitre "De la sphère au cube" du "Règne de la quantité..." je m'aperçois qu'il comporte de nombreux points de contact avec l'incursion thomienne en métaphysique extrême de "Esquisse d'une sémiophysique" (p.216), incursion (1) qui aurait pu être écrite par un philosophe/métaphysicien totalement ignorant des mathématiques qui ont conduit Thom à terminer ainsi sa seconde (et dernière) œuvre majeure.
Le mot-clé qui a attiré mon attention est celui de différenciation, terme évoqué à plusieurs reprises par Guénon (2) et implicite dans (1). Les fins connaisseurs de l'œuvre de Guénon (je pense à A. Douguine et à A. de Benoist) ont là, selon moi, un point d'entrée privilégié pour accéder à ce que je considère comme l'intuition primordiale qui gouverne toute la pensée thomienne, qui consiste à oser l'analogie entre différenciation biologique et différentiation mathématique (3), intuition qui lui est venue en visitant un musée où étaient exposés des modèles en plâtre des stades successifs de la gastrulation de la grenouille.
Reconsidérer l'ethno-différentialisme (4) et le spécisme dans cadre de la vaste (5) perspective thomienne ?
[ La reproduction sexuée est explicitement mentionnée par Thom en (1). Pour moi on peut considérer qu'elle l'est symboliquement par Guénon lorsqu'il oppose la sphère/ovule, aux six directions orthogonales au cube issues de leur centre commun (cf. "Le symbolisme de la croix", chap. IV intitulé "Des directions de l'espace"), ces six directions/vecteurs symbolisant en 3D six spermatozoïdes. En augmentant la dimension on augmente le nombre de vecteurs/spermatozoïdes, jusqu'à l'infini lorsqu'on se place dans l'espace de Hilbert qui est l'espace dans lequel sont formulés les postulats de la mécanique quantique et qui suggère alors de penser ces spermatozoîdes comme les vecteurs propres d'un mystérieux opérateur…). "La voie de crête entre les deux gouffres de l'imbécilité d'une part et le délire d'autre part n'est certes ni facile ni sans danger, mais c'est par elle que passe tout progrès futur de l'humanité" (Thom) ]
(1) "L'image de l'arbre de Porphyre me suggère une échappée en "Métaphysique extrême" que le lecteur me pardonnera peut-être. Il ressort de tous les exemples considérés dans ce livre qu'aux étages inférieurs, proches des individus, le graphe de Porphyre est susceptible -au moins partiellement- d'être déterminé par l'expérience. En revanche, lorsqu'on veut atteindre les étages supérieurs, on est conduit à la notion d' "hypergenre", dont on a vu qu'elle n'était guère susceptible d'une définition opératoire (hormis les considérations tirées de la régulation biologique). Plus haut on aboutit, au voisinage du sommet, à l'Être en soi. Le métaphysicien est précisément l'esprit capable de remonter cet arbre de Porphyre jusqu'au contact avec l'Être. De même que les cellules sexuées peuvent reconstituer le centre organisateur de l'espèce, le point germinal α (pour en redescendre ensuite les bifurcations somatiques au cours de l'ontogénèse), de même le métaphysicien doit en principe parvenir à ce point originel de l'ontologie, d'où il pourra redescendre par paliers jusqu'à nous, individus d'en bas. Son programme, fort immodeste, est de réitérer le geste du Créateur. Mais très fréquemment, épuisé par l'effort de son ascension dans ces régions arides de l'Être, le métaphysicien s'arrête à mi-hauteur à un centre organisateur partiel, à vocation fonctionnelle. Il produira alors une "idéologie", prégnance efficace, laquelle, en déployant cette fonction, va se multiplier dans les esprits. Dans notre métaphore biologique ce sera précisément cette prolifération incontrôlée qu'est le cancer.
Aristote a dit du germe, à la naissance, qu'il est inachevé. On peut dès lors se demander si tout en haut du graphe on n'a pas quelque chose comme un fluide homogène indistinct, ce premier mouvant indifférencié décrit dans sa Métaphysique; que serait la rencontre de l'esprit avec ce matériau informe dont sortira le monde? Une nuit mystique, une parfaite plénitude, le pur néant? Mais la formule d'Aristote suggère une autre réponse, théologiquement étrange. Peut-être Dieu n'existera-t-il pleinement qu'une fois sa création achevée : "Premier selon l'être, dernier selon la génération"."
(2) La référence initiale à "l'œuf du monde" et à l'embryologie évoque déjà clairement le concept de différenciation biologique.
(3) il y a pour Thom un mécanisme formel universel qui commande toute morphogenèse, et il l'explique de manière élémentaire (selon lui…) par l'analogie entre le développement d'un embryon d'une part, et une série de Taylor à coefficients indéterminés d'autre part (cf. p.48 de la première édition de "Stabilité Structurelle et Morphogénèse" ou p.32 de la seconde).
(4) J'aurais attendu ethno-différencialisme, qui évoque les sciences humaines, l'ethno-différentialisme renvoyant selon moi plutôt aux sciences dites dures.
(5) Sans trop insister (car, paraît-il, d'une grande modestie dans la vie de tous les jours), il est clair dans l'esprit de Thom que la théorie qu'il propose est une révolution scientifique au sens de Kuhn, en fait pas seulement scientifique car Thom n'est pas démarcationniste ("Finalement, le problème de la démarcation entre scientifique et non scientifique n'est plus guère aujourd'hui qu'une relique du passé ; on ne le trouve plus guère cité que chez quelques épistémologues attardés – et quelques scientifiques particulièrement naïfs ou obtus."). À ce propos le lecteur intéressé pourra audio-visionner la fin de ce que j'appelle la vidéo-testament de Thom ( https://www.youtube.com/watch?v=fUpT1nal744 ) à partir de 43'. ]
jc
11/10/2024
1. Todd (ou selon Todd) :
"Le choc psychologique qui attend les Européens sera de comprendre que l’OTAN n’existe pas pour nous protéger, mais pour nous contrôler”.
2. OTAN, instrument de contrôle du rimland européen et de ses industries militaires ( http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2024/10/10/otan-instrument-de-controle-du-rimland-europeen-et-de-ses-industries-milita.html )
P S
06/10/2024
Frivolité atomique.
https://aipri.blogspot.com/2023/12/feu-henry-kissinger.html
Paolo Scampa
02/10/2024
Si cela peut vous intéresser.
https://aipri.blogspot.com/2022/03/de-la-guerre-nucleaire.html
https://aipri.blogspot.com/2012/08/de-la-grandeur-sale.html
Cordialement.
jc
26/09/2024
La position de Thom sur la science moderne (donc occidentale) est présentée à la toute fin de "Esquisse d'une Sémiophysique" :
"On s'imagine que le monde a été construit par un démiurge intelligent, grâce à certaines formules simples. Le but de la Science, c'est de retrouver ces formules, qui permettront à l'Homme de réaliser le rêve prométhéen de dominer le monde. (...) La Science moderne a eu tort de renoncer à toute ontologie en ramenant toute ontologie au succès pragmatique. (...) Seule une métaphysique réaliste peut redonner du sens au monde."
Thom écrit ailleurs :
"On doit donc [en Science] postuler en principe le déterminisme, mais garder présente à l'esprit sa nature essentiellement multiforme et scindée. (...) Une bonne théorie des scissions du déterminisme reste à faire. La physique s'zest fascinée sur le problème de l'unification des causes, c'est-à-dire la théorie du champ unitaire. C'est le problème inverse de la scission, et de la relative indépendance des types de facteurs causatifs, qu'il importerait au contraire d'élucider."
J'ai hâte de connaître la position de Douguine.
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