Didier Favre
26/10/2022
Je me sens assez horrifié par la situation pour ne plus avoir le courage de lire les informations. Je n’ai pas eu le courage de lire votre texte jusqu’au bout. Il est trop triste pour moi.
Vous confirmez mon horreur en m’apprenant que la presse système discute apparemment avec délices de l’usage d’une bombe sale en Ukraine.
Ces fous dangereux jouent avec le nucléaire. Ils créent une réalité où il est employé. Ils créent une réalité où seule la Russie peut l’employer en premier. Ils créent une réalité où ils seront vertueusement forcés d’utiliser leurs propres armes nucléaires pour répondre à cette monstruosité commise par les Russes. Ils pourront alors se regarder comme des héros acceptant de très grands sacrifices pour défendre l’Ukraine lâchement bombardée avec une arme nucléaire. Ces fous préparent un bombardement à l’arme nucléaire tactique qui leur permettra de prétendre qu’ils ne font pas dans l’escalade juste une réponse équilibrée à un niveau équivalent à celui de l’agression russe dont l’horreur ne saurait être exagérée.
Je ne serai pas vraiment surpris si la bombe sale de Zelensky ne va pas devenir cette attaque nucléaire russe. Elle sera russe car, tout le monde peut le noter en Occident, que la Russie est au bout, proche de l’effondrement, que son armée est épuisée, que le régime de Poutine ne tient que par la terreur qu’il inspire et qu’elle a besoin d’une diminution de la pression ukrainienne pour pouvoir se maintenir.
Après tout, le passeport de Poutine a été découvert sur le trajet du Nord Stream. C’est une évidence que le coup a été fait par les Russes et qu’ils sont désespérés.
Je redoute le pire. Il sera le produit de gens puissants, voulant le rester à n’importe quel prix pour les autres (Les Allemands étaient prêts à se battre jusqu’au dernier Grec durant la crise éponyme.) Ils ne peuvent pas concevoir que la défaite fait partie de la vie. Il sera le produit de gens vivant dans un monde où Poutine est responsable de tous les malheurs du monde. Il a fait sauter le Nord Stream, fait sauter le MH17, envahi l’Ukraine des centaines de fois entre 2014 et 2015, écrasé la révolution biélorusse, sauvé le boucher de Damas, commercé avec l’Iran et j’en oublie.
Ces gens vivent dans un monde où la réalité n’est plus ce truc en dehors de nos esprits. Ils vivent dans un monde où la réalité est leur création. Ils sont l’empire. Ils créent la réalité. Je suis assez vieux pour me rappeler une époque où la folie était la perte du contact avec ce truc en dehors de nos esprits. Maintenant, je suis le raciste et fasciste de service quand je parle de cela. Je suis l’imbécile idiot et ignare quand je refuse la réalité créée par les hommes. Je digresse car cela ne concerne pas mes fous.
Des gens dangereux m’apparaissent prêts à tout détruire pour garder leur gigantesque pouvoir illégitime. Je les imagine le faire en se disant que la vertu exige d’eux ce sacrifice infini et ils mourront après moi fort satisfaits d’eux-mêmes car ils auront été jusqu’au bout de leur vertu.
J’ai peur d’eux. Ils sont fous, ont les moyens de tout détruire et une forme de vertu qui leur fera croire que cela est un bien valant plus que tout ce qui est humainement imaginable. Ils sont, à leur façon, des êtres considérant l’humanité d’un point de vue supérieur au mien. Ils savent regarder le monde de leur perchoir acquis par leur culture et leur éducation. Leurs pouvoirs et leurs richesses sont la preuve de la justesse de leurs opinions.
Je ne les hais pas. Ils sont juste fous et dangereux. J’aimerais que ma fille vive dans un monde avec une civilisation, pas dans un désert radio actif les bons jours. Les autres seront « enrichis » par les armes chimiques et biologiques.
Je suis horrifié par cette vision de l’avenir et vous me dites que nous sommes très proches de la réaliser au nom de la vertu de nos maîtres, les bien pensants, les membres de notre élite qui nous guident d’une main ferme vers le champignon nucléaire de leur vertu.
jc
25/10/2022
Pourquoi l’espèce humaine est-elle si pressée de produire des artefacts ? La citation suivante de mon gourou Thom est très certainement parmi celles qui m’ont le plus donné à réfléchir :
« Il est typique de voir que la cellule immortelle, la cellule prokaryote, comme disent les biologistes, la cellule qui vit par elle-même, en principe ne fabrique pas d’artefacts. En tous cas je ne vois pas ce qui pourrait jouer le rôle d’un artefact dans la physiologie d’une cellule. Et de même tous ses instruments, ses outils, ses organes sont tous réversibles. On peut se demander de ce point de vue si l’apparition de l’artefact n’est pas quelque chose qui est fondamentalement lié au caractère multicellulaire, au caractère composé des organismes, et si donc cette prolifération des artefacts n’est pas le premier symptôme de la mort. ».
jc
25/10/2022
"Tout passe, tout lasse, tout casse" revient comme un refrain dans les interventions de Michel Maffesoli. Comme s'il y avait une respiration nécessaire de la métahistoire.
Ainsi dans les sociétés jeunes c'est la fonction qui crée l'organe (on ne s'organise dans un but, une cause finale). mais en vieillissant la structure prend progressivement le pas sur la fonction (sclérose de l'âge). On a un exemple frappant de ce phénomène avec l'arrivée du commerce électronique où les sociétés nées de ce nouveau commerce comme Amazon se sont imposées face aux sociétés de vente par correspondance prisonnières de leurs structures (La Redoute, Les Trois Suisses, voire La Poste).
Il en va de même pour le langage qui se développe dans une société jeune parce qu'il a une fonction, mais en vieillissant, le langage se structure, s'alourdit et se complexifie, devenant progressivement un carcan dont la pensée ne peut se débarrasser : jeunes nous parlons parce que nous pensons, vieux nous pensons parce que nous parlons.
De ce point de vue très simple -mais, j'espère, pas jusqu'au point d'être simpliste- la respiration de la métahistoire impose la déconstructuration pour laisser place à une autre chose (ici une autre civilisation), comme un vieillard laisse place à sa descendance.
Thom dit tout ça beaucoup mieux que moi :
"Pourquoi, au début de la pensée philosophique, les Présocratiques, d'Héraclite à Platon, nous ont-ils laissé tant de vues d'une si grandiose profondeur? Il est tentant de penser qu'à cette époque l'esprit était encore en contact quasi-direct avec la réalité, les structures verbales et grammaticales ne s'étaient pas interposées comme un écran déformant entre la pensée et le monde. Avec l'arrivée des Sophistes, de la Géométrie euclidienne, de la Logique aristotélicienne, la pensée intuitive a fait place à la pensée instrumentale, la vision directe à la technique de la preuve." (MMM, Topologie et signification, note finale)
Ce n'est certainement pas le toujours jeune penseur Semper Phi qui laissera la pensée instrumentale prendre la place de la pensée intuitive (le véritable logocrate qu'il est planant bien au-dessus de tout ça…).
jc
24/10/2022
J'ai interverti les rôles de l'étamine et du pistil ! C'est donc avec une danseuse étoile à la place du danseur que l'effet aurait été plus fort. Mais l'effet "naissance du Yang/Chaos à partir du Yin/Khaos" aurait alors été à contre-sens.
En résumé j'aurais mieux fait de ne rien dire (sauf si une danseuse étoile prend la place du danseur étoile juste avant l'issue fatale…).
jc
24/10/2022
Mon .0 me laisse un goût d'inachevé, le centre organisateur ne pouvant être ni Yin/Khaos ni Yang/Chaos car devant être une "singularité" nécessairement à la fois et en même temps Yin/Khaos "en puissance" et Yang/Chaos "en acte" (je préfère Yang/Cosmos à Yang/Chaos), singularité que je rapproche de l'axe du monde de Guénon. Mais là encore le Boléro dansé par Octavio de la Roza couplé aux considérations biologiques de Thom à propos de la Blastula Physiologique (cf. ES p.103 et 143) suggère en effet avec un peu d'imagination de "voir" à 14'36 la singularité double cusp de potentiel V(x,y) = x⁴ + y⁴ (1) (singularité qui se déploie en dimension 7 -ce qui est énorme). En fait je "vois" à 14'36 le retour gammatogénétique au véritable centre organisateur, retour in extremis qui permet à une nouvelle civilisation de se déployer alors que l'ancienne va incessamment mourir (catastrophe pli) ou se suicider (catastrophe queue d'aronde). Et je "vois" ce retour sous forme étamine et pistil (l'effet aurait été plus fort si les danseurs autre qu'étoile avaient été des danseuses…).
Pour celles et ceux qui trouvent ces "visions" un peu -voire beaucoup- tirées par les cheveux, je n'ai à opposer que deux citations :
l'une de PhG : "La sagesse, aujourd'hui, c'est l'audace de la pensée",
et l'autre de Thom : "La voie de crête entre les deux gouffres de l'imbécillité d'une part et le délire d'autre part n'est certes ni facile ni sans danger, mais c'est par elle que passe tout progrès futur de l'humanité".
1: Cette singularité est 3-plate à l'origine (x=0 et y=0) car toutes les dérivées partielles d'ordre au plus 3 s'y annulent.
jc
24/10/2022
Le titre m'a conduit à relire "Chronique du 19 courant … Chaos" où le Khaos-source est distingué du chaos-but (peut-être jusqu'à un certain point seulement (1)). Pour PhG comme pour mon gourou Thom, Ce dernier voit la création du monde comme une marche au chaos en partant de l'Être en soi ("Dieu" Khaos, pour moi sinon pour lui), sommet α de l'arbre de Porphyre, analogue de l'œuf quiescent en biologie :
"On se propose ici de décrire par quel processus vraisemblable la dynamique ponctuelle de l'œuf quiescent peut, par bifurcations successives, engendrer la dynamique de la BP [Blastula Physiologique]. Le mode de raisonnement est ici semblable à celui de la création de la "turbulence faible" dans la théorie de Ruelle-Takens ou de la marche au chaos étudiée par les spécialistes de mécanique des fluides en fonction du nombre de Reynolds." (ES, p.86).
J'ai longtemps trouvé choquante cette idée de chaos créateur (peut-être mon éducation judéo-chrétienne y est-elle pour quelque chose, ainsi que ma répulsion pour Schumpeter et Davos). Aussi ces considérations physico-mathématiques sont passées largement au-dessus de ma tête jusqu'à ce que Thom reparle de la marche au chaos dans l'article "La danse comme sémiurgie" (Apologie du logos) à propos du Boléro de Maurice Ravel où il considère cette marche comme un déblocage successif des degrés de liberté à partir du centre organisateur α. (actualisation de ce qui est en puissance).
L'interprétation par le danseur Octavio de la Roza sur une chorégraphie de Maurice Béjart (2) m'a éclairé beaucoup plus que toutes mes très maigres connaissances en théorie du chaos et en mécanique des fluides : j'y retrouve la lente mutation du Yin/Khaos (au début on ne distingue pas le danseur -mâle…-) jusqu'à l'acmé où le danseur étoile est entouré des autres danseurs (déblocage des degrés de liberté) immédiatement suivie de l'extinction finale (Yang/Chaos) que l'on peut (doit?) voir comme une inversion instantanée et brutale (catastrophique?) du Yang/Chaos retournant en son centre organisateur Yin/Khaos (3).
1 : https://www.dedefensa.org/article/chronique-du-19-courant-chaos : "Je ressens le mot “chaos” comme quelque chose qui, au bout du désordre qu’il a accepté de prendre en charge, se révèle comme la matrice d’une conception unificatrice, comme une sorte d’animation de ce qui pourrait être une représentation encore fracassée, mais tendant à la re-composition de l’unité originelle. J’ai l’audace héroïque de voir dans le mot “chaos” un de ces signes si rares qui vous font croire, un de ces ébranlements soudain qui renforcent votre foi. ".
2 : https://www.qwant.com/?q=bol%C3%A9ro+ravel+octavio+de+la+rosa&t=web
3 :Cf. le commentaire de (1) par munen.
Georges Dubuis
24/10/2022
2022 odyssée de l'espace temps des contes…au nom du pére & du fils qui s'abusent au 8 eme jour. Devenir spectateur de la vie par la technologie qui la sous traite, c'est xtra…. terrestre la fantaisie vs le naturel brut de l'Est.
jc
22/10/2022
De "Time is money" dans la minuscule Angleterre qui domina un temps le monde à "Space is money" de l'immense Russie, voilà une inversion temps/espace pour moi plus concrète que celle de Guénon !
Nous sommes à la fin d'un monde -celui de la civilisation occidentale désorientée- et donc au début d'un nouveau. Le changement n'ira pas sans inversions, nous arrivons à la fin d'une phase expansive (initialement différenciation, séparation, puis, par analyse -c-à-d par désagrégations successives, une lyse étant étymologiquement une déstructuration-, nous sommes maintenant au bord de la désintégration, du chaos social) et donc au début d'une phase compressive de réorientation (respiration yin-yang de la métahistoire) qui va nécessiter une inversion de nos logiciels (1), c'est-à-dire une inversion de notre logique déductive, catalogique, en une logique inductive, analogique. Dans sa version la plus brutale, c'est-à-dire formelle, le tiers exclu devient tiers inclus, ce qui viole les principes aristotéliciens d'identité et de non-contradiction et une logique du signe se substitue à une logique de la cause -le feu cause de la fumée, la fumée signe du feu- (2).
Est-ce la pensée (extrême-)orientale qui va nous réorienter? La pensée traditionnelle chinoise est sans doute beaucoup plus proche de la logique inductive et analogique que notre logique occidentale qui, depuis Aristote, relègue l'analogie pour l'usage quasi-exclusif des rhéteurs et des sophistes. (Mais les chinois se sont occidentalisés au siècle dernier et sont peut-être trop préoccupés à regagner la face qu'ils ont perdue au XIXème siècle en battant les occidentaux sur leur propre terrain…)
Une image et une métaphore pour résumer. L'image est celle d'une montagne de forme conique au sommet éternellement embrumé. Nous sommes actuellement au bas de cette montagne mais certains d'entre nous savons que ce sommet existe (3) et que c'est le point vers lequel il faut tendre avant d'entamer une nouvelle descente (Guénon dirait certainement une nouvelle chute) dont on peut toujours espérer qu'elle sera moins catastrophique que l'actuelle. La métaphore est biologique : ce qui, selon moi, nous attend est l'analogue sociologique de la gamétogenèse biologique (4).
1 : Thom : "Encore une fois, comme le disait Aristote, ce n’est pas la nature qui imite l’art, c’est l’art qui imite la nature. C’est parce que nous avons implicitement le schéma de la pompe réalisée dans le cœur que nous avons pu ultérieurement construire des pompes technologiques. Et maintenant, les gens vous disent, le cerveau, c'est un ordinateur ! On continue…".
2 : Un apport des mathématiques récentes (Thom, Grothendieck) permet de réaliser que la contradiction logique s'évanouit lorsqu'on passe de la logique temporelle 1D (les mots -parlés ou écrits- se succédant) à une logique spatiale (2D, 3D, etc.) c'est-à-dire à une topo-logique ("ce drapeau est noir et blanc" est rejeté en logique formelle, mais accepté en topo-logique).
3 : Daniel Vouga, à propos de Maistre et Baudelaire (cité plusieurs fois par PhG dans "La Grâce…" : "Le seul progrès possible est la recherche de l'Unité perdue" (je cite de mémoire).
4 : Cf. Esquisse d'une sémiophysique p.216 : "De même que les cellules sexuées peuvent reconstituer le centre organisateur de l'espèce, le point germinal α (pour en redescendre ensuite les bifurcations somatiques au cours de l'ontogénèse), de même le métaphysicien doit en principe parvenir à ce point originel de l'ontologie, d'où il pourra redescendre par paliers jusqu'à nous, individus d'en bas. Son programme, fort immodeste, est de réitérer le geste du Créateur). ".
jc
20/10/2022
Ce que je comprends c'est que si le tempo -la cadence du temps- augmente, alors l'espace se contracte, et réciproquement. et c'est ce que nous constatons actuellement dans notre civilisation finissante avec la vitesse qui devient précipitation et action sans but, sans cause finale, qui devient agitation (1) (entropisation = agitation thermique).
La cycle d'un manvantara se décompose en quatre âges dont la durée est dans le rapport 4, 3, 2, 1, si bien que le tempo est quatre fois plus rapide à l'âge de fer qu'à l'âge d'or. Dans l'hypothèse -plausible- où nous sommes à la fin d'un kali yuga, avec un tempo chronos, nous sommes alors au seuil d'un satya yuga avec un tempo aïon quatre fois plus lent. Il me semble à peu près clair qu'une guerre thermonucléaire ou une catastrophe naturelle majeure (pandémie…) créera une sidération qui figera le temps, temps qui redémarrera alors sur un tempo plus lent -un tempo plus aïon- initiant peut-être un nouvel âge d'or.
Tout passe, tout lasse, tout casse, va répétant Michel Maffesoli : respiration de la métahistoire. Guénon :
"Comme nous l’avons dit précédemment, le temps use en quelque sorte l’espace, par un effet de la puissance de contraction qu’il représente et qui tend à réduire de plus en plus l’expansion spatiale à laquelle elle s’oppose ; mais, dans cette action contre le principe antagoniste, le temps lui-même se déroule avec une vitesse toujours croissante, car, loin d’être homogène comme le supposent ceux qui ne l’envisagent qu’au seul point de vue quantitatif, il est au contraire « qualifié » d’une façon différente à chaque instant par les conditions cycliques de la manifestation à laquelle il appartient. Cette accélération devient plus apparente que jamais à notre époque, parce qu’elle s’exagère dans les dernières périodes du cycle, mais, en fait, elle existe constamment du commencement à la fin de celui-ci ; on pourrait donc dire que le temps ne contracte pas seulement l’espace, mais qu’il se contracte aussi lui-même progressivement ; cette contraction s’exprime par la proportion décroissante des quatre Yugas, avec tout ce qu’elle implique, y compris la diminution correspondante de la durée de la vie humaine. On dit parfois, sans doute sans en comprendre la véritable raison, qu’aujourd’hui les hommes vivent plus vite qu’autrefois, et cela est littéralement vrai ; la hâte caractéristique que les modernes apportent en toutes choses n’est d’ailleurs, au fond, que la conséquence de l’impression qu’ils en éprouvent confusément. À son degré le plus extrême, la contraction du temps aboutirait à le réduire finalement à un instant unique, et alors la durée aurait véritablement cessé d’exister, car il est évident que, dans l’instant, il ne peut plus y avoir aucune succession. C’est ainsi que « le temps dévorateur finit par se dévorer lui-même », de sorte que, à la « fin du monde », c’est-à-dire à la limite même de la manifestation cyclique, « il n’y a plus de temps » ; et c’est aussi pourquoi l’on dit que « la mort est le dernier être qui mourra », car, là où il n’y a plus de succession d’aucune sorte, il n’y a plus de mort possible. Dès lors que la succession est arrêtée, ou que, en termes symboliques, « la roue a cessé de tourner », tout ce qui existe ne peut être qu’en parfaite simultanéité ; la succession se trouve donc en quelque sorte transmuée en simultanéité, ce qu’on peut encore exprimer en disant que « le temps s’est changé en espace ». Ainsi, un « retournement » s’opère en dernier lieu contre le temps et au profit de l’espace : au moment même où le temps semblait achever de dévorer l’espace, c’est au contraire l’espace qui absorbe le temps ; et c’est là, pourrait-on dire en se référant au sens cosmologique du symbolisme biblique, la revanche finale d’Abel sur Caïn.".
Je suis grosso modo d'accord avec Guénon, à part le "finale" de la dernière phrase qui semble interdire une ultérieure revanche par Caïn de la revanche d'Abel. Guénon : pour ou contre le pape François pour qui "Le temps est supérieur à l'espace" (premier selon l'être, dernier selon la génération)? Bien entendu le thomien que je suis a noté le guénonien « le temps dévorateur finit par se dévorer lui-même » qui renvoie au "le prédateur affamé est sa propre proie" que Thom associe à la rupture phénoménologique de la catastrophe "fronce".
Thom : "(...) il m'est difficile de voir pourquoi un être pleinement différencié ne pourrait être immortel.".
1 : Il paraît qu'Angela Merkel surnommait N. Sarkosy "le petit lapin duracell".
.
jc
17/10/2022
PhG : " Cette année 2020 est absolument fascinante car il se produit en effet une rupture de la perception, consécutive à une rupture décisive de la compression du Temps et de l’accélération de l’Histoire. Désormais, plus rien de nos explications habituelles, de nos références les plus estimées et les plus complexes, – et je parle ici sans l’ombre de la moindre ironie, – plus rien de tout cela n’a plus la moindre capacité de figurer dans le même complexe Espace-Temps où les événements nous ont emmenés. ".
Dès qu'il est question d'espace et de temps je pense d'une part aux chapitre XXI (Caïn et Abel) et XXIII (Le temps changé en espace) et au fameux "trou dans l'espace-temps" auquel PhG revient dès qu'il est question du 9/11/2001. Mais y penser ne m'avance pas à grand'chose car, au fond, je n'y comprends rien. Mais j'y arriverai peut-être un jour par le biais thomien, puisque, dans son article "La mathématique essentielle", Thom introduit d'abord le temps (naturellement cyclique) puis l'espace (acyclique ou cyclique par réflexion/collision), en terminant ainsi:
"Thom: "Terminons ces considérations sur l'ontogenèse des mathématiques par une remarque de physique. Nous avons invoqué deux phénomènes pour justifier la construction de l'espace réel : la résonance qui synchronise des oscillateurs couplés d'une part, de nature temporelle ; et la collision entre individus, qui, elle, permet la définition des chemins de létalité, et par suite la construction des espaces. Fort spéculativement, on associera ces deux processus aux deux grands types de les connus en physique : bosons et fermions. Les bosons, de nature essentiellement radiative, ont tendance à s'associer en champs où ils deviennent indistinguables et non localisables, effet dû à la résonance. Les fermions, de nature essentiellement spatiale, matérielle, devraient leur caractère répulsif et individualiste au phénomène de collision qui les sépare…" (AL, p.325) .
La conflagration "en puissance" du temps bosonique nécessaire pour une ultérieure déflagration "en acte" de l'espace fermionique?
jc
17/10/2022
Pour ceux qui, comme mon gourou Thom (et donc moi), pensent que tout est lié (1), nous quittons l'hémicycle du passage du global au local (au seuil du "chaos thermique", j'espère pas plus loin) pour rentrer dans celui du local au global. Politiquement cela correspond à l'abandon du jacobinisme (subsidiarité descendante) pour le girondisme (subsidiarité ascendante). Les matheux ont, je crois, une certaine avance en ce domaine -où, comme dans les autres, tout est lié- des rapports du local au global.
Thom : " (...) l'explication scientifique, c'est essentiellement la réduction de l'arbitraire dans la description. On a reproché à cette définition son caractère subjectif : les explications magiques, ou mystiques, permettent
aussi de réduire l'arbitraire d'une description empirique. Cette objection est certes fondée, mais elle vaut aussi pour toutes les explications fondées sur l'emploi de concepts non formalisés. Il est de fait que le langage de la
biologie moderne est truffé de mots tels que : ordre, désordre, complexité, information, code, message… Tous ces concepts ont le caractère commun de définir des corrélations spatio-temporelles à longue portée ; ce sont des concepts « trans-spatiaux », selon la terminologie de R. Ruyer. De ce fait, ils ne peuvent guère se distinguer de notions à caractère magique, comme l'action à distance. La pensée scientifique, si elle veut devenir rigoureuse, c'est-à-dire démonstrative et formalisable, devra nécessairement se purger de ces concepts ambigus ; elle devra recourir à la formalisation, c'est-à-dire à une pensée qui repose uniquement sur l'agrégation locale de formes. Il lui faudra donc exorciser l'espace, la distance, et cela par des outils dont la validité est reconnue par tous. Or le mathématicien dispose, pour aller du local au global, d'une notion sûre : l'analyticité. Un germe de fonction analytique détermine (par prolongement analytique) la fonction dans tout son domaine d'existence. Pour passer du global au local, le mathématicien dispose d'une autre notion, celle de singularité ; en effet, une singularité en un point n'est autre chose qu'une figure globale qu'on a concentrée en ce point (par exemple, si on concentre en un point O un cercle méridien G d'un cylindre, on obtient le sommet d'un cône).
C'est par l'emploi alterné de ces deux techniques, comme en théorie des catastrophes, qu'on peut espérer aboutir à une synthèse dynamique de situations globales complexes. Et quelle discipline autre que la
mathématique pourrait fournir de pareils outils ? Dans cette optique, le concept n'aurait plus qu'un rôle heuristique et devrait faire place, comme dans la combinatoire de Leibniz, à un pur jeu de formes… " .
Le alors jeune Lautman (moins de trente ans lors de son Rapport et de ses deux Thèses) a écrit de belles pages à ce sujet : https://www.erudit.org/fr/revues/philoso/2010-v37-n1-philoso3706/039710ar/ :
"Nous voulons donc montrer que la construction d’un tout par un cheminement progressif d’éléments locaux à éléments locaux n’est possible que si des considérations globales sont déjà impliquées dans les éléments locaux." .
C'est, selon moi, exactement ce que Thom dit lors de son incursion en métaphysique extrême (Esquisse d'une sémiophysique p.216) que j'ai maintes fois citée ici.
À bon entendeur/lecteur ...
1 : "Les situations dynamiques régissant l'évolution des phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l'évolution de l'homme [et des autres espèces, c'est moi qui rajoute] et des sociétés".
jc
17/10/2022
PhG : " Cette guerre n’est pas faite pour vaincre mais pour nous convaincre qu’au-delà des temps-devenus-fous, une chose inconnue nous attend ; et cette chose-là (le “je” de la citation), immense comme l’éternité, qui nous dit, comme le poète mais sans savoir moi-même si jamais il pensa comme j’y pense en reprenant ses propres mots, car c’est comme si nous allions retrouver une Unité perdue, partant vers l’avenir qui rejoindrait le passé grandi d’un cycle cosmique accompli".
Pour moi chaque cycle cosmique se compose de deux hémicycles :
- un hémicycle de différenciation (quasi cellulaire) à partir de l'Unité, qui dégénère en séparation, analyse, déstructuration (étymologie de lyse), déconstructuration (pour reprendre un néologisme de PhG), entropisation, pour finir par une désintégration quasi "post-atomique";
- un hémicycle d'intégration, de réunion, de synthèse, de structuration, de retour vers l'Unité perdue.
Nous sommes à mon avis à la fin du premier cycle et donc au début du second. En tant que scientifique (mon formatage initial) la vision éternelle-retouriste s'oppose frontalement à ce que je crois comprendre du moderne deuxième principe (scientiste?) de la thermodynamique (je n'ai pas du tout ce qu'on appelle communément "le sens physique"). J'ai été à ce propos tout-à-fait étonné -et ravi- de lire dans l'article "Induction (logique)" de Wikipédia (ce n'est malheureusement pas nécessairement un critère…) (1):
"L'accumulation de faits concordants et l'absence de contre-exemples permet, ensuite, d'augmenter le niveau de plausibilité de la loi jusqu'au moment où on choisit par souci de simplification de la considérer comme une quasi-certitude : ainsi en est-il du deuxième principe de la thermodynamique.".
Les physiciens classiques (je ne sais pas ce que font les physiciens quantiques) se représentent le temps par la "droite réélle" orientée du passé vers le futur. En tant que matheux (basique) je préfère un temps à la fois plus complexe et plus cyclique, représenté par le compactifié de H. Bohr de cette droite réelle (H pour Harald, frère de Niels). Mon gourou Thom opte clairement pour cette représentation (2). Mais, pour des raisons que je ne comprends pas complètement -donc pas du tout-, il est passé d'une vision éternelle-retouriste à l'adolescence (3), à "Peut-être Dieu n'existera-t-il pleinement qu'une fois sa création achevée?" (Esquisse d'une sémiophysique, p.216).
1 : https://fr.wikipedia.org/wiki/Induction_(logique) ;
2 : Cf. l'article "La mathématique essentielle" (Apologie du logos) ;
3 : "Un univers dans lequel il y aurait l'éternel retour" ( http://pedagopsy.eu/entretien_thom.html ) :
- Nimier: Et au cours de votre scolarité est-ce que c'était, sous une forme ou sous une autre, des problèmes qui vous intéressaient ?
- Thom: Oh ! à ce moment-là, j'étais beaucoup plus scolaire, je pense. Je ne me souviens pas d'avoir pensé des choses sous cette forme. Mais je me souviens que vers dix-sept ans, j'ai commencé à m'intéresser à la dynamique. Je ne me souviens plus à quelle occasion j'avais remis un papier à mon professeur de math-élem, où je parlais de l'éternel retour vu d'un point de vue dynamique, les théories de l'éternel retour ... C'était l'idée qu'on pouvait avoir un espace-temps, un univers dans lequel il y aurait l'éternel retour, c'est-à-dire où la dynamique serait périodique, mais je crois que c'est à peu près la première fois que j'ai réellement pensé les choses en terme de dynamique ...
jc
15/10/2022
PhG : "Nous aussi, en son temps, nous avions cru avec la meilleure foi du monde qu’AOC pouvait devenir une antiSystème efficace, comme Gabbard l’est depuis 2015, – “antiSystème” c’est cela, de gauche, de droite ou d’ailleurs ne nous importe pas… Rien du tout ! AOC a succombé à la composante ‘entertainment-people’ du Système et elle est rentrée dans le rang.".
Moi aussi, jusqu'à ce que je tombe sur ceci (à quoi j'ai la faiblesse de croire) que j'ai déjà maintes fois glissé en commentaire :
La piste du fric? https://leblogalupus.com/2019/10/26/le-climat-et-la-piste-du-fric/
"La membre du congrès américain (députée) Alexandria Ocasio-Cortez (AOC), qui fit l’effet d’une bombe lors de ses premiers jours en fonction en dévoilant la “Nouvelle Donne Verte” pour réorganiser complètement l’économie américaine à un coût qui sera probablement de l’ordre de 100 000 milliards de dollars, n’est pas non plus sans guide avisé. Elle a ouvertement admis qu’elle s’est présentée aux élections à l’instance d’un groupe appelé Justice Democrats. Elle a dit à un journaliste dans un entretien: “Je ne participerai pas à cette élection si ce n'était pour le soutien de Justice Democrats et de Brand New Congress. Euh, en fait ce furent ces organisations, JD et BNC, toutes deux qui m’ont demandé de me présenter. Ce sont elles qui m’ont appelé il y a un an et demi…” Maintenant, en tant que députée, les conseillers d’AOC incluent le co-fondateur de JD, Zack Exley, qui fut un Open Society Fellow (NdT: George Soros) et fut financé par, entra autre, l’Open Society Foundation de Soros et la Ford Foundation (NdT: gestion et intérêt Rockefeller) qui créèrent un prédécesseur à JD pour recruter des candidats triés sur le volet pour participer aux campagnes électorale et être élus députés.".
Jack V.
14/10/2022
https://lecourrierdesstrateges.fr/2022/10/10/et-si-lobjectif-russe-netait-pas-de-vaincre-lukraine-mais-de-vaincre-loccident-par-dominique-delawarde/
Christian Merlinki
14/10/2022
Miam! De tous les dômes, c'est celui du Rocher que je préfère ; ambiance festive envahissant.
Celui de "Fer" lors de "Tempête du Désert" révéla la bouffonnerie au grand jour. Tous aux abris, masques dont les modes d'emploi furent incompréhensibles pour beaucoup d'enterrés à vingt mètres de profondeurs ; plus aucun sans-abris en surface.
Une pluie de Scuds paralysa la nation élue, le contrefeu fut pitoyable à souhait (19% d'efficience). Le ridicule ne les a pas tués. Les Patriots et Tomahawks inefficients furent de loin supplantés par les vieux Scuds irakiens.
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