jc
17/10/2022
Pour ceux qui, comme mon gourou Thom (et donc moi), pensent que tout est lié (1), nous quittons l'hémicycle du passage du global au local (au seuil du "chaos thermique", j'espère pas plus loin) pour rentrer dans celui du local au global. Politiquement cela correspond à l'abandon du jacobinisme (subsidiarité descendante) pour le girondisme (subsidiarité ascendante). Les matheux ont, je crois, une certaine avance en ce domaine -où, comme dans les autres, tout est lié- des rapports du local au global.
Thom : " (...) l'explication scientifique, c'est essentiellement la réduction de l'arbitraire dans la description. On a reproché à cette définition son caractère subjectif : les explications magiques, ou mystiques, permettent
aussi de réduire l'arbitraire d'une description empirique. Cette objection est certes fondée, mais elle vaut aussi pour toutes les explications fondées sur l'emploi de concepts non formalisés. Il est de fait que le langage de la
biologie moderne est truffé de mots tels que : ordre, désordre, complexité, information, code, message… Tous ces concepts ont le caractère commun de définir des corrélations spatio-temporelles à longue portée ; ce sont des concepts « trans-spatiaux », selon la terminologie de R. Ruyer. De ce fait, ils ne peuvent guère se distinguer de notions à caractère magique, comme l'action à distance. La pensée scientifique, si elle veut devenir rigoureuse, c'est-à-dire démonstrative et formalisable, devra nécessairement se purger de ces concepts ambigus ; elle devra recourir à la formalisation, c'est-à-dire à une pensée qui repose uniquement sur l'agrégation locale de formes. Il lui faudra donc exorciser l'espace, la distance, et cela par des outils dont la validité est reconnue par tous. Or le mathématicien dispose, pour aller du local au global, d'une notion sûre : l'analyticité. Un germe de fonction analytique détermine (par prolongement analytique) la fonction dans tout son domaine d'existence. Pour passer du global au local, le mathématicien dispose d'une autre notion, celle de singularité ; en effet, une singularité en un point n'est autre chose qu'une figure globale qu'on a concentrée en ce point (par exemple, si on concentre en un point O un cercle méridien G d'un cylindre, on obtient le sommet d'un cône).
C'est par l'emploi alterné de ces deux techniques, comme en théorie des catastrophes, qu'on peut espérer aboutir à une synthèse dynamique de situations globales complexes. Et quelle discipline autre que la
mathématique pourrait fournir de pareils outils ? Dans cette optique, le concept n'aurait plus qu'un rôle heuristique et devrait faire place, comme dans la combinatoire de Leibniz, à un pur jeu de formes… " .
Le alors jeune Lautman (moins de trente ans lors de son Rapport et de ses deux Thèses) a écrit de belles pages à ce sujet : https://www.erudit.org/fr/revues/philoso/2010-v37-n1-philoso3706/039710ar/ :
"Nous voulons donc montrer que la construction d’un tout par un cheminement progressif d’éléments locaux à éléments locaux n’est possible que si des considérations globales sont déjà impliquées dans les éléments locaux." .
C'est, selon moi, exactement ce que Thom dit lors de son incursion en métaphysique extrême (Esquisse d'une sémiophysique p.216) que j'ai maintes fois citée ici.
À bon entendeur/lecteur ...
1 : "Les situations dynamiques régissant l'évolution des phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l'évolution de l'homme [et des autres espèces, c'est moi qui rajoute] et des sociétés".
jc
17/10/2022
PhG : " Cette guerre n’est pas faite pour vaincre mais pour nous convaincre qu’au-delà des temps-devenus-fous, une chose inconnue nous attend ; et cette chose-là (le “je” de la citation), immense comme l’éternité, qui nous dit, comme le poète mais sans savoir moi-même si jamais il pensa comme j’y pense en reprenant ses propres mots, car c’est comme si nous allions retrouver une Unité perdue, partant vers l’avenir qui rejoindrait le passé grandi d’un cycle cosmique accompli".
Pour moi chaque cycle cosmique se compose de deux hémicycles :
- un hémicycle de différenciation (quasi cellulaire) à partir de l'Unité, qui dégénère en séparation, analyse, déstructuration (étymologie de lyse), déconstructuration (pour reprendre un néologisme de PhG), entropisation, pour finir par une désintégration quasi "post-atomique";
- un hémicycle d'intégration, de réunion, de synthèse, de structuration, de retour vers l'Unité perdue.
Nous sommes à mon avis à la fin du premier cycle et donc au début du second. En tant que scientifique (mon formatage initial) la vision éternelle-retouriste s'oppose frontalement à ce que je crois comprendre du moderne deuxième principe (scientiste?) de la thermodynamique (je n'ai pas du tout ce qu'on appelle communément "le sens physique"). J'ai été à ce propos tout-à-fait étonné -et ravi- de lire dans l'article "Induction (logique)" de Wikipédia (ce n'est malheureusement pas nécessairement un critère…) (1):
"L'accumulation de faits concordants et l'absence de contre-exemples permet, ensuite, d'augmenter le niveau de plausibilité de la loi jusqu'au moment où on choisit par souci de simplification de la considérer comme une quasi-certitude : ainsi en est-il du deuxième principe de la thermodynamique.".
Les physiciens classiques (je ne sais pas ce que font les physiciens quantiques) se représentent le temps par la "droite réélle" orientée du passé vers le futur. En tant que matheux (basique) je préfère un temps à la fois plus complexe et plus cyclique, représenté par le compactifié de H. Bohr de cette droite réelle (H pour Harald, frère de Niels). Mon gourou Thom opte clairement pour cette représentation (2). Mais, pour des raisons que je ne comprends pas complètement -donc pas du tout-, il est passé d'une vision éternelle-retouriste à l'adolescence (3), à "Peut-être Dieu n'existera-t-il pleinement qu'une fois sa création achevée?" (Esquisse d'une sémiophysique, p.216).
1 : https://fr.wikipedia.org/wiki/Induction_(logique) ;
2 : Cf. l'article "La mathématique essentielle" (Apologie du logos) ;
3 : "Un univers dans lequel il y aurait l'éternel retour" ( http://pedagopsy.eu/entretien_thom.html ) :
- Nimier: Et au cours de votre scolarité est-ce que c'était, sous une forme ou sous une autre, des problèmes qui vous intéressaient ?
- Thom: Oh ! à ce moment-là, j'étais beaucoup plus scolaire, je pense. Je ne me souviens pas d'avoir pensé des choses sous cette forme. Mais je me souviens que vers dix-sept ans, j'ai commencé à m'intéresser à la dynamique. Je ne me souviens plus à quelle occasion j'avais remis un papier à mon professeur de math-élem, où je parlais de l'éternel retour vu d'un point de vue dynamique, les théories de l'éternel retour ... C'était l'idée qu'on pouvait avoir un espace-temps, un univers dans lequel il y aurait l'éternel retour, c'est-à-dire où la dynamique serait périodique, mais je crois que c'est à peu près la première fois que j'ai réellement pensé les choses en terme de dynamique ...
jc
15/10/2022
PhG : "Nous aussi, en son temps, nous avions cru avec la meilleure foi du monde qu’AOC pouvait devenir une antiSystème efficace, comme Gabbard l’est depuis 2015, – “antiSystème” c’est cela, de gauche, de droite ou d’ailleurs ne nous importe pas… Rien du tout ! AOC a succombé à la composante ‘entertainment-people’ du Système et elle est rentrée dans le rang.".
Moi aussi, jusqu'à ce que je tombe sur ceci (à quoi j'ai la faiblesse de croire) que j'ai déjà maintes fois glissé en commentaire :
La piste du fric? https://leblogalupus.com/2019/10/26/le-climat-et-la-piste-du-fric/
"La membre du congrès américain (députée) Alexandria Ocasio-Cortez (AOC), qui fit l’effet d’une bombe lors de ses premiers jours en fonction en dévoilant la “Nouvelle Donne Verte” pour réorganiser complètement l’économie américaine à un coût qui sera probablement de l’ordre de 100 000 milliards de dollars, n’est pas non plus sans guide avisé. Elle a ouvertement admis qu’elle s’est présentée aux élections à l’instance d’un groupe appelé Justice Democrats. Elle a dit à un journaliste dans un entretien: “Je ne participerai pas à cette élection si ce n'était pour le soutien de Justice Democrats et de Brand New Congress. Euh, en fait ce furent ces organisations, JD et BNC, toutes deux qui m’ont demandé de me présenter. Ce sont elles qui m’ont appelé il y a un an et demi…” Maintenant, en tant que députée, les conseillers d’AOC incluent le co-fondateur de JD, Zack Exley, qui fut un Open Society Fellow (NdT: George Soros) et fut financé par, entra autre, l’Open Society Foundation de Soros et la Ford Foundation (NdT: gestion et intérêt Rockefeller) qui créèrent un prédécesseur à JD pour recruter des candidats triés sur le volet pour participer aux campagnes électorale et être élus députés.".
Jack V.
14/10/2022
https://lecourrierdesstrateges.fr/2022/10/10/et-si-lobjectif-russe-netait-pas-de-vaincre-lukraine-mais-de-vaincre-loccident-par-dominique-delawarde/
Christian Merlinki
14/10/2022
Miam! De tous les dômes, c'est celui du Rocher que je préfère ; ambiance festive envahissant.
Celui de "Fer" lors de "Tempête du Désert" révéla la bouffonnerie au grand jour. Tous aux abris, masques dont les modes d'emploi furent incompréhensibles pour beaucoup d'enterrés à vingt mètres de profondeurs ; plus aucun sans-abris en surface.
Une pluie de Scuds paralysa la nation élue, le contrefeu fut pitoyable à souhait (19% d'efficience). Le ridicule ne les a pas tués. Les Patriots et Tomahawks inefficients furent de loin supplantés par les vieux Scuds irakiens.
Christian Merlinki
14/10/2022
https://strategika.fr/2022/10/12/et-si-lobjectif-russe-netait-pas-de-vaincre-lukraine-mais-de-vaincre-loccident-par-dominique-delawarde/
Marc Gébelin
13/10/2022
Le panorama que dresse Orlov, je l’ai imaginé avec la naïveté toutefois que les Yankees n’iraient pas jusqu’à vitrifier préalablement ou seulement chauffer « Kiv » (je prononce à l’ukrainienne) à blanc. Mais je suis un incorrigible optimiste et tend à devenir, à l’insu de mon plein gré, un partisan de la première frappe, théorie qui n’est pas celle de la Russie d’après ce qu’on en sait… Mais comme dit Vladimir Vladimirovitch la rose des vents est imprévisible. Ma deuxième intuition étant que la chose pourrait se combiner avec un tsunami d’un autre genre : la flotte ct l’aviation chinoises attaquant Formose. Il y a dans le monde des hommes qui ont des perceptions spéciales un peu comme les chevaux qui hennissent et frappent du sabot bien avant que le tremblement de terre soit perceptible aux humains. Les chevaux de l’apocalypse se sentent à l’étroit dans leur ranch texan, ont l’échine parcourue de frissons. Pendant ce temps, à Moscou un homme est bien conscient que le voyou d’en face se permet tout sans que personne ne s’émeuve (nord stream et pont de Kertch). Alors, peut-être qu’Orlov voit plus loin et qu’un nouveau coup est en préparation puisque la guillotinage de l’Allemagne n’a pas déclenché de clameur horrifiée sortant de la gorge pestilentielle de la hyène boche aux ancêtres nazis. Vous savez, celle qui s’habille en jaune et blanc le jours de carnaval. Couleurs, il faut le rappeler du Vatican.
jc
12/10/2022
PhG : "Paradoxe de Sachs : promoteur de l’économie du “chaos créateur” conduit à dénoncer la politiqueSystème du “chaos créateur”.".
Pour moi Sachs s'est d'abord converti au satanisme économique (et peut-être pas que) de l'ordre "Ordo ab chao" devenu satanique lorsqu'on traduit "ab" par "par", suivant ainsi "notre" Grand Jacques, annonçant urbi et orbi sa propre conversion satanique en 1976 (1). En actuellement il se reconvertit (reconversion divine?) en reprenant l'interprétation originale (et traditionnelle?) de "Ordo ab chao" (2) :
"Ordo ab chao signifie littéralement : l'ordre à partir du chaos. Cette devise maçonnique donne sens à la démarche initiatique: aller du chao vers l'ordre, des ténèbres vers la lumière.".
1: https://www.persee.fr/doc/comm_0588-8018_1976_num_25_1_1382
2: https://www.jakin-et-boaz.com/blogs/blog-franc-maconnerie/ordo-ab-chao
Michel Guex-H.
10/10/2022
On assimile l'Armaguédon à un combat. Or ce mot n'apparaît qu'une seule fois dans la Bible : Apocalypse 16.16 ; il s'agit d'un lieu spirituel où s'assemblent les esprit des démons (Ap 16.14) en vue d'un combat. C'est un lieu spirituel impur, un lieu de Jugement, un lieu de Mort. Ce nom signifie Montagne (Ar) de Méguido ; et l'Ancien Testament permet de savoir en quoi c'est un lieu de Jugement et de Mort (spirituelle).
La suite du texte parle des dégâts que les esprits mauvais du monde font aux humains. Mais tout est à comprendre spirituellement et nous en voyons les conséquences concrètes, comme tous ceux qui nous ont précédés.
L'étude détaillée de l'Apocalypse occupant chez moi 320 pages A4, je n'en dirai pas plus !
Michel
jc
09/10/2022
Humeurs.1
PhG : "La mélancolie permet de faire passer l’angoisse de l’aspect dépressif négatif à la puissance de riposte que suscite la nécessité de réaction que certains individus, et que la situation du monde elle-même si ces individus y sont liés, trouvent dans la dépression.".
Rêve et prédation selon Thom :
- "(...) le sommeil est une sorte de revanche de la proie sur le prédateur. C'est une sorte de période d'indistinction entre le sujet et l'objet. "(1978, métaphysique extrême) ;
- "On sait combien la durée de sommeil onirique (ou paradoxal) va croissant au fur et à mesure que l'on s'élève dans l'échelle phylogénétique. Il est naturel de voir dans cette activité une spatialisation virtuelle des formes génétiques; le rêve donne ainsi naissance à un ego partiel, sans recul par rapport à soi-même, sans épaisseur ni liberté, véritable proie de ses proies (ou de ses prédateurs). On peut définir ainsi le rêve comme une activité contraignante s'exerçant de manière fictive sur des objets fictifs. Tel quel, le rêve n'en permet pas moins une extension temporelle considérable du moi dans la période d'inconscience qu'est le sommeil." (SSM, 2ème ed. 1977, p.305) ;
"Nous appellerons dorénavant formes génétiques ces formes fournies par le patrimoine génétique de l'espèce, innées, qui déterminent un comportement moteur bien défini" (p.303)
- "L'apparition du langage répond chez l'homme à un double besoin (...) La première contrainte répond au besoin de virtualiser la prédation. l'homme en éveil ne peut, comme le nourrisson de neuf mois, passer son existence à saisir les objets pour les mettre en bouche. Il a mieux à faire : aussi va-t-il "penser", c'est-à-dire saisir les êtres intermédiaires entre les objets extérieurs et les formes génétiques : les concepts." ; (p.309).
- "(...) l'homme est pourvu d'un dispositif universel qui, sur un champ de dynamique neuronique, peut en reconstituer le centre organisateur. Véritable gonade mentale, ce dispositif condense les champs en mots, vraies semences d'idées ; placé dans un contexte approprié, le mot germe et éclate dans l'esprit de l'auditeur, et la forme globale ainsi reproduite est l'idée. Ainsi, la pensée conceptuelle est une Embryologie permanente." (SSM, pré-print 1968).
jc
09/10/2022
Mon gourou Thom fait une distinction toute guénonienne entre diversité et pluralité et donc entre les triades unité-harmonie-diversité (cf. un récent commentaire) et unité-harmonie-pluralité :
"On peut d'ailleurs se demander s'il ne faudrait pas, au regard de la dyade unité-diversité, en disposer une autre, à savoir unité-pluralité. À mon sens, la notion de pluralité présuppose la distinction qualité-quantité car elle évacue la diversité qualitative au profit de la générativité du nombre".
Je ne vois pas comment on pourra sortir du chaos actuel si on oublie l'unité comme cause finale et si on persévère dans le règne de la quantité.
jc
07/10/2022
PhG (1): "Lorsqu’un officiel chinois, représentant de l’ambassade, lui fit remarquer que la Chine et de nombreux pays d’Asie ne partageaient pas cet enthousiasme [des élites occidentales] pour bien des raisons, et que les partisans du système occidentaliste pourraient “avoir des surprises, dans quelques années, lorsqu’ils verraient l’évolution de cette région”, – entendant par là que cette évolution ne serait pas celle du “système TINA”, – le silence pour toute réponse… (...)
Nous avons cité l’intervention de l’officiel chinois avec une intention à l’esprit, ne doutant pas un instant de la sincérité de son propos, et de la véracité de sa propre conviction, dans l’exposé qu’il fit des intentions de la Chine, de l’Asie, et de l’antique sagesse de cette partie du monde. Nous reconnaissons d’autant plus tout cela que nous pouvons dire notre conviction que l’intervenant se trompait, qu’il se trompe en croyant qu’un modèle de civilisation asiatique rénové s’imposera rapidement, à côté du modèle occidentaliste, éventuellement pour le concurrencer et le remplacer.
Ce n’est nullement que ses arguments de fond ne soient pas justifiés et excellents; ils le sont, ceci et cela, et plus qu’à leur tour. Mais l’intervenant ignore deux choses: combien le modèle occidentaliste est, à la fois, plus puissant qu’il ne croit et plus proche de l’effondrement catastrophique qu’il ne croit.".
Un rapport avec la note de fin de mon .0 : "Mais depuis il est vraisemblable que la pensée chinoise moderne s'est occidentalisée." ?
1 : https://www.dedefensa.org/article/glossairedde-crisis-la-crise-de-la-raison-subvertie
jc
07/10/2022
PhG :
- " Ce que nous dit Guénon et ce que nous disent les doctrines métaphysiques de la Tradition, c’est que l’humanité aussi obéit à des cycles (...) et qu’actuellement nous sommes à la fin d’un cycle… »
- "Il est évident que cette idée de “civilisation” accolé à une nation contient le concept de souveraineté qui est depuis longtemps le cri de ralliement des adversaires du globalisme, car c’est bien également de l’affrontement contre le globalisme et l’hyperlibéralisme dont il est question avec l’ État-civilisationnel. Mais la souveraineté est un concept assez vague dans son extension pour s’appliquer à nombre de matières ; dans certains cas, il peut même se retourner ceux qui envisagent de l’employer contre le globalisme. L’idée de “civilisation” est beaucoup plus strictement définie, structurée, multidimensionnels nécessairement ; elle doit inclure la dimension culturelle, la dimension traditionnelle, la dimension spirituelle, toutes choses qui sont pas ensemble incluses dans le concept de souveraineté, dont on dirait volontiers qu’il est plus un outil alors que la “civilisation“ est une fin en soi, une essence.".
Pour moi nous sommes à la fin d'un hémicycle d'action nécessitant de l'énergie agissante (ἐνέργεια) et nous rentrons dans un hémicycle de réaction/passion nécessitant cette fois de l'énergie potentielle (δύναμις) : opposition puissance/acte. L'acte fondateur étant une séparation (positions d'Aristote et de mon gourou Thom), l'acte refondateur sera donc une réunion (une fois que la séparation a été jusqu'à l'ultime diversité composée d'atomes insécables, comme c'est le cas de notre société occidentale où l'atome familial -insécable -même pour Auguste Comte!- a été scissionné pour laisser l'individu seul face à lui-même vivre "comme un porc" -pour reprendre le titre du livre de Gilles Châtelet-).
Séparation, analyse, déduction, catalogie, diversification à partir de l'unité d'une part; réunion, synthèse, induction, analogie, unification à partir de la diversité d'autre part. Nous sommes à la croisée des chemins et ce qui précède éclaire complètement ce qu'écrit sporadiquement PhG en citant un certain Daniel Vouga, à propos de Maistre et Baudelaire:
«Progresser, pour eux, ce n’est pas avancer, ni conquérir, mais revenir et retrouver… [...] Le progrès donc, le seul progrès possible, consiste à vouloir retrouver l’Unité perdue… ».
Pour moi la pensée occidentale est essentiellement déductive, catalogique; alors que c'est exactement l'inverse pour la pensée traditionnelle chinoise (1) essentiellement inductive et analogique.
Thom parle de ces choses dans "Thèmes de Holton et apories fondatrices" (que l'on trouve dans "Apologie du logos" (1990). Extraits :
"Il n'est pas déraisonnable de voir dans le schéma "unité dans la diversité" la démarche essentielle de la théorisation scientifique, qui vise comme l'on dit maints philosophes de Parménide à Meyerson, à imposer une certaine unité au divers empirique. (...) Au contraire, le schéma "diversité dans l'unité décrit l'analyse descrpitive des phénomènes, l'exploration expérimentale d'un tout empirique. L'opposition synthèse/analyse caractérise aussi cette dyade.".
Mais il omet de parler de la façon de diversifier à partir de l'unité et d'unifier à partir de la diversité ; il omet de mentionner l'harmonie, pour moi essentielle dans l'affaire. J'ai jadis proposé comme nouvelle devise pour la France : Unité - Harmonie - Diversité.
Mais ceux qui prêtent attention à mes commentaires connaissent ma citation thomienne à venir (l'une de mes préférées) qui indique où nous en sommes et le travail à dorénavant faire pour se remettre en position d'un nouvel "acte fondateur" :
"L'image de l'arbre de Porphyre me suggère une échappée en "Métaphysique extrême" que le lecteur me pardonnera peut-être. Il ressort de tous les exemples considérés dans ce livre qu'aux étages inférieurs, proches des individus, le graphe de Porphyre est susceptible -au moins partiellement- d'être déterminé par l'expérience. En revanche, lorsqu'on veut atteindre les étages supérieurs, on est conduit à la notion d' "hypergenre", dont on a vu qu'elle n'était guère susceptible d'une définition opératoire (hormis les considérations tirées de la régulation biologique). Plus haut on aboutit, au voisinage du sommet, à l'Être en soi. Le métaphysicien est précisément l'esprit capable de remonter cet arbre de Porphyre jusqu'au contact avec l'Être. De même que les cellules sexuées peuvent reconstituer le centre organisateur de l'espèce, le point germinal α (pour en redescendre ensuite les bifurcations somatiques au cours de l'ontogénèse), de même le métaphysicien doit en principe parvenir à ce point originel de l'ontologie, d'où il pourra redescendre par paliers jusqu'à nous, individus d'en bas. Son programme, fort immodeste, est de réitérer le geste du Créateur). Mais très fréquemment, épuisé par l'effort de son ascension dans ces régions arides de l'Être, le métaphysicien s'arrête à mi-hauteur à un centre organisateur partiel, à vocation fonctionnelle. Il produira alors une "idéologie", prégnance efficace, laquelle, en déployant cette fonction, va se multiplier dans les esprits. Dans notre métaphore biologique ce sera précisément cette prolifération incontrôlée qu'est le cancer.
"Aristote a dit du germe, à la naissance, qu'il est inachevé. On peut dès lors se demander si tout en haut du graphe on n'a pas quelque chose comme un fluide homogène indistinct, ce premier mouvant indifférencié décrit dans sa Métaphysique; que serait la rencontre de l'esprit avec ce matériau informe dont sortira le monde? Une nuit mystique, une parfaite plénitude, le pur néant? Mais la formule d'Aristote "Premier selon l'être, dernier selon la génération" suggère une autre réponse, théologiquement étrange: peut-être Dieu n'existera-t-il pleinement qu'une fois sa création achevée.".
(1) Pensée qui s'est peut-être depuis assez largement occidentalisée…
jc
06/10/2022
PhG :
"Observant à la fois les traits de mon caractère, les pensées qui roulent, à mon âge et dans mes activités, je me rendais compte à moi-même de quelque chose qui aurait pu être nommé “nostalgie” pour caractériser l’humeur produisant cette angoisse. (...) Ce sera Melancholia, (...) Melancholia a animé la transmutation de l’humeur, et soudain elle a élevé l’esprit. (...) La mélancolie permet de faire passer l’angoisse de l’aspect dépressif négatif à la puissance de riposte que suscite la nécessité de réaction que certains individus, et que la situation du monde elle-même si ces individus y sont liés, trouvent dans la dépression. Aristote rapporte que l’on cite Hercule (Héraclès), comme doté de cette humeur mélancolique, ce qui paraîtrait singulier pour ce héros qui a, pour rendre service à Atlas, porté le monde le temps qu’il fallait (avant de le refiler à nouveau à Atlas)… (...) Effectivement, Aristote parle, à propos d’Hercule, de “mélancolie”, qui vient de la bile noire (selon la théorie des quatre humeurs d’Hippocrate, – le sang, la lymphe, la bile jaune et la bile noire) : «Pourquoi tous les hommes qui se sont illustrés en philosophie, en politique, en poésie, dans les arts, étaient-ils bilieux, et bilieux à ce point de souffrir de maladies qui viennent de la bile noire, ainsi on cite Hercule parmi les héros ? Il semble qu'en effet Hercule avait ce tempérament.".
Mon gourou Thom termine ainsi la préface du livre "La dynamique qualitative en psychanalyse de Michèle Porte (1) :
"La recherche des localisations organiques et fonctionnelles des symptômes me semble la voie la plus directe pour comprendre la structure des figures de régulation. Mais tant qu'on n'aura pas mis sur pied une catégorisation du métabolisme permettant une discrimination plus fine que le simple gradient : anabolisme-catabolisme, il sera difficile de définir des coordonnées valables sur l'espace des activités métaboliques. Sera-t-il possible de donner une caractérisation à la fois chimique et comportementale de ces coordonnées ? Peut-être la vieille théorie des tempéraments, présentement si négligée, pourrait nous apporter là quelque lumière : dans l' optique de la distinction cerveau-prédateur, cerveau-proie introduite dans la sémiophysique (p. 131-134), on aura entre tempéraments hippocratiques et comportements de ces cerveaux la correspondance suivante :
Tempérament sanguin : favorise l'identité ego-prédateur :
Tempérament nerveux : défavorise l'identité ego-prédateur ;
Tempérament bilieux : favorise l'identité ego-proie ;
Tempérament lymphatique défavorise l'identité ego-proie. ".
Deux autres citations sur l'opposition cerveau prédateur/cerveau proie :
1. « On devrait avoir en principe deux systèmes nerveux distincts : l’un prédateur, chargé d’attirer et de capturer les proies ; l’autre proie fictive, chargée d’éviter ou de repousser les prédateurs éventuels. Ces deux systèmes existent sûrement chez tout animal : à côté de l’âme appétive il y a l’âme sensible. Mais la grande découverte des vertébrés est d’avoir créé un cerveau-proie tout au long du corps, le long de l’axe céphalo-caudal, la moelle épinière. Le cerveau-prédateur, lui, solidaire de la bouche, est localisé dans le crâne. Le vertébré a pris le risque de renoncer à cette ligne Maginot, l’exosquelette, il l’a remplacé par une carapace de douleur virtuelle. » (Esquisse d’une sémiophysique, chap. 5).
2. « Notre modèle offre d’intéressantes perspectives sur le psychisme et sur le mécanisme lui-même de la connaissance. En effet, de notre point de vue, notre vie psychique n’est rien d’autre qu’une suite de catastrophes entre attracteurs de la dynamique constituée des états stationnaires de nos neurones. La dynamique intrinsèque de notre pensée n’est donc pas fondamentalement différente de la dynamique agissant sur le monde. On s’expliquer ainsi que des structures simulatrices des forces extérieures puissent par couplage se constituer à l’intérieur même de notre esprit, ce qui est précisément le fait de la connaissance. ».
1 : https://excerpts.numilog.com/books/9782130457718.pdf
Didier Favre
04/10/2022
La première fois que je l'ai lue, j'ai trouvé drôle de lire la blague suivante :
"Chaque fois que je trouve le fond du puit de la connerie, j'y trouve quelqu'un occupé à le creuser plus profondément."
Je commence à me fatiguer des occasions de l'appliquer au point que je la partage avec vous.
Il faut dire qu'avec Madame Truss nous entrons vraiment dans l'hypersonique. Elle a creusé sa tombe à une vitesse stupéfiante. Elle a pulvérisé le mur du con d'une manière fantastique. Cela aussi est seulement possible à notre époque de la diversité spontanément obligatoire. Une femme a franchi le mur du con en tant que premier ministre de son pays.
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