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Michel Maffesoli.1.1

Article lié : Réflexions sur « ‘Ukrisis’, catastrophe potentielle »

jc

  31/03/2022

Dans mon commentaire du .1, qui est essentiellement un commentaire de la conférence "Nostalgie et sacré", j'ai oublié  de faire l'analogie suivante (une de plus) entre le pouvoir en place (pétrifié, en état de mort cérébrale) et le réseau grouillant, sur la toile et ailleurs, qui tente d'imaginer la suite stratégie K contre stratégie r, qui parle d'elle-même losrqu'on transpose les stratégies écologiques K et r aux idées (pensée unique du TINA contre grouillement d'idées éparses): https://fr.wikipedia.org/wiki/Mod%C3%A8le_%C3%A9volutif_r/

Comme l'a écrit Thom en 1980 -choc pétrolier- (je ne connais pas le contexte précis):

"Faute de pétrole, on en sera réduit à revenir aux Idées…".

Peut-être à prendre au sérieux dans le contexte actuel…

Michel Maffesoli.1

Article lié : Réflexions sur « ‘Ukrisis’, catastrophe potentielle »

jc

  31/03/2022

PhG a tout récemment cité MM dans (1), et j'ai commenté sa citation, mais aussi dans (2) :

« Une époque s’achève, une autre est en gestation ... Cela revient à cette formule ancienne, “Ordo ab Chao”, il y a de l’ordre à partir du chaos, à partir du désordre… ».

En fouillant sur la toile j'ai appris que cette ancienne formule avait été choisie comme devise d'ordres maçonniques (3), et, si ce que je trouve sur la toile est correct (Wikipédia), l'origine de la franc-maçonnerie viendrait du temps des cathédrales:

"Le terme franc-maçonnerie désigne un ensemble d'espaces de sociabilité sélectifs qui recrutent leurs membres par cooptation et pratiquent des rites initiatiques se référant à un secret maçonnique et à l'art de bâtir. Formée de phénomènes historiques et sociaux très divers, elle semble apparaître en 1598 en Écosse (Statuts Schaw), puis en Angleterre au XVIIe siècle. Elle se décrit, suivant les époques, les pays et les formes, comme une « association essentiellement philosophique et philanthropique », comme un « système de morale illustré par des symboles » ou comme un « ordre initiatique ». Organisée en obédiences depuis 1717 à Londres, la franc-maçonnerie dite « spéculative » — c'est-à-dire philosophique — fait référence aux Anciens devoirs de la « maçonnerie » dite « opérative » anglaise formée par les corporations de bâtisseurs.".

Si l'article précité de JA reflète l'orientation moderne de la franc-maçonnerie, il semble que s'est produit chez les francs-maçons une sévère bifurcation par rapport aux origines, bifurcation que je vois associée au deuxième principe de la thermodynamique énoncé dans la première moitié du XIXème siècle -donc après notre grande révolution); sévère bifurcation qui s'est peut-être répercutée dans la façon moderne de considérer l'architecture: du temps des cathédrales -cher à PhG- aux tours de Doubaï (4).

J'ai découvert l'existence de MM par Dedefensa -qui l'a tagué la première fois dans son moteur de recherche en 2019- et c'est à l'audiovision toute récente de "La nostalgie du sacré" (5) que j'ai noté ce qui a été tout au long de sa vie -et est encore- au cœur de ses préoccupations : l'imaginaire. J'y reviendrai.

J'imagine tout-à-fait les bâtisseurs du temps des cathédrales du chaos initial (chaos étant pris en son sens usuel) qu'ils vont être obligés de créer pour extraire la pierre et le bois nécessaire à la construction, chaos d'un monceau d'arbres coupés de leurs racines et de blocs de pierre détachés de "leur" rocher à partir duquel ils vont imaginer l'édifice fini. Pour résumer l'acte fondateur lorsqu'on veut construire est une séparation.

MM rappelle (31') que pour Hegel, Freud et Marx, l'acte fondateur est une séparation. C'est aussi le cas pour Thom (et également le cas pour Aristote selon Thom -cf. ES-). Aristote a déjà noté l'analogie assez frappante entre la construction d'une maison et le développement. Thom reprend cette analogie dans l'article "Individuation et finalité" (AL): "C'est qu'alors une construction mentale intervient, qui est synchrone à la construction proprement dite et qui contient à chaque instant l'image mentale de la maison achevée. De là à dire que le plan de la maison est en nous comme le plan du nid l'est en les oiseaux ou les abeilles? Pour Aristote (et pour Thom) c'est l'art qui imite la nature, et non l'inverse…

Je termine par une comparaison entre la vision de l'ordo ab chaos que j'imagine être celle de J. Attali (et de beaucoup d'autres avec lui) et celle de Thom. Dans le cas du chaos créé par une violente explosion (Bikini 1946, Beyrouth 2020) émerge un ordre sous forme (sic!) d'une forme structurellement stable (associée à la plus compliquée des sept catastrophes élémentaires : la catastrophe ombilic parabolique): un champignon.

Héraclite : "Le Maître dont l'oracle est à Delphes ne dit ni ne cache; il signifie", que Thom traduit en langage contemporain : "La nature nous envoie des signes qu'il nous appartient d'interpréter".

MM dit vers 14'30 qu'il faut repérer le roi clandestin de la centralité souterraine et propose la métaphore d'une nappe phréatique. Je pense que la métaphore d'un réseau mycorhizien (6) ( est plus pertinente, d'une part car elle renvoie directement au réseau Internet et aux réseaux de neurones qui permettent les bouillonnements intellectuels locaux dont MM pense, et moi aussi, que c'est d'eux qu'émergera les idées-mères (dont parle MM à 14') de la nouvelle civilisation qui va remplacer l'actuelle (qui en état de mort cérébrale), et d'autre part car elle donne une idée de ce que pourrait être le roi clandestin lorsqu'il aura émergé de sa clandestinité : un phallus impudicus erectus. À 51'45 MM parle d'ordo amoris. Ordo ab chaos guidé par l'ordo amoris? Quand le sexe d'un homme est en érection, ceux qui s'en rendent compte savent très bien interpréter ce signe.

Thom : "C'est Konrad Lorentz qui dans son discours Nobel a énoncé la formule : « Toute analogie est vraie ». Je crois la formule aventurée : il faut la munir d'un addendum : Toute analogie, dans la mesure où elle est sémantiquement acceptable, est vraie. Ainsi, dans ce domaine de l’analogie, le sentiment d'acceptabilité sémantique entraîne sa propre vérité. C'est là un puissant moyen d'investigation métaphysique (la métaphysique étant entendue ici en son sens technique : science des êtres en tant qu'êtres…).".


1: https://www.dedefensa.org/article/rapsit-usa2022-carlson-gabbard-couple-maudit

2: https://www.dedefensa.org/article/face-a-lenigme-du-sphinx-ukrisis-1

3: Et j'ai aussitôt pensé à l'article "L'ordre par le bruit" * de J. Attali où il nous est doctement asséné, théorème à l'appui, comment il faut penser l'économie des temps modernes (nous sommes en train de voir le résultat!):

"Le théorème de l'ordre par le bruit énonce alors que lorsqu'une structure d'énergie organisée par de l'information est agressée par un bruit, non lisible par le code structurant, le "bruit" peut finir par structurer l'organisation en une nouvelle hiérarchie, fondée sur un nouveau niveau informationnel, lui-même définissant un ensemble de nouveaux codes par rapport auxquels tout autre niveau informationnel est bruit." (*: Article extrait de "La notion de crise", Persée, (disponible sur la toile). Je n'ai pu résister à l'envie de fouiner plus avant sur la toile pour savoir si JA était ou non franc-maçon: il l'est.

4: https://www.dedefensa.org/article/dialogues-3-le-grain-de-sable-divin

5: https://www.youtube.com/watch?v=C8hW7cULkX4

6: https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9seau_mycorhizien

Validation expérimentale des intuitions

Article lié : DIALOGUES-32 : Occuper Wall Street, ou de l'intuition en politique

jc

  31/03/2022

JPB a des idées précises et arrêtées sur les intuitions que le scientifique -lorsqu'il se coiffe de sa casquette de scientifique- doit accepter ou rejeter, et ces idées ne sont autres que celles de la science contemporaine: il faut des expériences concrètes, palpables, qui valident ces intuitions aux yeux de la dite collectivité. Et il me semble à peu près clair que c'est la ligne suivie par JPB dans cette trentaine de dialogues avec PhG. et dans son "Paradoxe du sapiens" où il introduit et développe ses idées de systèmes anthropotechniques (où la technique est considérée au sens moderne).

PhG, de son côté, ne jure que par l'intuition haute et oppose le néologisme de système anthropomystique à celui d'anthropotechnique: pour lui il y a quelque chose de plus dans l'antique teknè (traduit par art en français) que ce que les modernes en ont fait. Dit brutalement et grossièrement PhG accepte la validation psychique de ses intuitions -considérées comme des expériences de pensée- alors que JPB  n'en accepte que la validation physique. Cathédrales -> anthropomystique de PhG (anthrophoartistique); tours de Doubaï: antropotechnique de JPB.
 
Dans la conclusion de SSM Thom consacre un long paragraphe au problème de la validation expérimentale, pour constater que sa théorie n'est guère susceptible d'une validation scientifique au sens moderne: en quelque sorte, il faut y croire, il faut avoir foi en elle.

J'ai été tout récemment accroché par une citation thomienne que j'avais maintes fois parcourue sans qu'elle me retienne, citation qui, selon moi, corrobore l'idée de validation expérimentale psychique (expérience de pensée), dans le droit fil de la position aristotélicienne (c'est l'art imite la nature et non l'inverse);

"Si j'ai ainsi tendance à minimiser le rôle de l'expérience dans le progrès scientifique, c'est à cause d'une conviction : les grandes lois du monde physique nous sont implicitement connues avant d'avoir été explicitement découvertes et formulées. Il suffit d'avoir un tant soit peu réfléchi aux mécanismes à l'œuvre dans le développement embryologique pour se convaincre que la formation de notre squelette et de nos muscles suppose une connaissance implicite des lois de la mécanique ; de même, l'organogenèse de l'œil témoigne d'une connaissance implicite des lois de l'optique. L'expérimentation scientifique n'a donc fait que révéler à notre conscience des lois d'ores et déjà contenues dans le patrimoine génétique de notre espèce ; en ce sens, la connaissance scientifique est l'analogue, sur le plan de l'espèce, d'une psychanalyse sur le plan individuel : elle permet à l'homme de prendre conscience des grands mécanismes qui assurent la stabilité de la vie, l'homéostasie et la régulation biologique. Ces connaissances nous sont initialement interdites, comme nous échappent –normalement – les battements de notre cœur, ou les contractions de notre tube digestif. Il s'agit là d'activités trop proches de notre existence même pour que nous puissions en avoir conscience, c'est-à-dire les traiter comme des objets extérieurs. L'objectivation scientifique, l'expérimentation nous permet de lever cette censure, de transgresser ce tabou. Mais il n'est pas impossible que la pure réflexion, fondée sur un Gedankenexperiment, ou sur un modélisme géométrique ou numérique, ne puisse, en stimulant l'intuition, conduire au même résultat. C'est dans son bain qu'Archimède a découvert le principe qui porte son nom." (1968, La science malgré tout…)

Peut-être existe-t-il des cas où des intuitions (très) hautes peuvent recevoir des validations expérimentales tant biologiques que psychiques?

Jean Guitton: “Les émotions sexuelles violentes préfigurent l’état de l’âme ressuscitée. À l’intérieur d’une émotion extraordinaire du corps, on s’échappe du corps. Le coït me semble une pré-expérience de la résurrection”.

Guerre sainte IA/IN.1

Article lié : Réflexions sur « ‘Ukrisis’, catastrophe potentielle »

jc

  31/03/2022

L'amour dans la religion "laïque" que je propose n'est pas, autant que je sache -et j'en sais fort peu- l'amour prôné par le christianisme. L'amour dont parle Thom ("Il s'agit là presque d'une identification amoureuse") me semble guère différente de l'empathie : le chat a de l'empathie pour la sourie en ce sens que, lorsqu'il est affamé, il la désire plus que lui-même, et va jusqu'à se mettre psychiquement dans sa peau pour pouvoir prévoir ses réactions et ainsi la capturer. De même la souris a de l'empathie pour le chat en ce sens qu'elle se met psychiquement dans sa peau pour prévoir les mouvements du chat et ainsi lui échapper. C'est seulement avec cette connotation d'empathie qu'on peut parler d'amour dans la religion proposée (intelligence=empathie=amour).

Dans la religion "laïque" (1) que je propose à partir des idées thomiennes, c'est 'l'intelligence, en tant qu'empathie 'empathie (attractive ou répulsive) qui joue le rôle joué par l'amour dans le christianisme.

(Je rappelle que la métaphysique que propose Thom pour redonner du sens au monde est une métaphysique qu'il considère comme minimale. Théologiquement traduit, la religion laïque proposée se veut le socle commun minimal à toutes les religions.)


1: En ce sens qu'elle est accessible, non pas à une seule élite, à un clergé qui demande aux ouailles de croire parce qu'eux-mêmes croient (ou font semblant de croire), mais parce qu'elle est véritablement universelle, car accessible à tous -plus ou moins en fonction de son aptitude à percevoir "par les sens et par la raison".

regime change en Russie : Natixis est pour

Article lié : T.C-105 : de Ukrisis à ‘McKinseygate’ & retour

Nicolas Piot

  31/03/2022

Je partage cette lettre que je viens de lire car il faut que je place l'argent reçu de ma boite sur mon PEE Natixis. Donc je lis ce que les analystes Natixis pensent pour investir au mieux. 
Bizarrement, ils ne disent pas d'acheter du Rouble! 

https://www.interepargne.natixis.com/upload/docs/application/pdf/2022-03/flash_info_economie__et_marches_fi_01_03_22_2022-03-01_17-37-23_261.pdf 

Voilà, c'est ce que pensent les analystes financiers (voir ci-dessous un extrait), ils indiquent ici sans trop oser y croire et avec toutes les pincettes de convenance leur vœux le plus cher, le "régime change" en Russie. Le fameux graal du régime change qui résoud tous les problèmes.
A aucun moment ils n'envisagent d'ailleurs que celui qui suivrait Poutine pourrait être pire que Poutine, puisque bien sûr "avec l'aide des occidentaux", on mettra le bon dirigeant en Russie (il n'y a qu'a demander à Victoria Nuland).
Ce document est un document d'analyse "interne" aux élites du système, ce n'est pas de la propagande; C'est le monde dans lequel ils vivent et tel qu'ils le comprennent.
comme l'analyse Dedefensa depuis des années ces gens là ne mentent pas, ils s'auto-intoxiquent de leurs belles histoires.
Voilà, une preuve de plus, s'il en fallait encore.

Philippe Waecheter analyse donc : 
"Le russe moyen va s’appauvrir mais il saura que l’origine du problème est l’agression de l’Ukraine. Le peuple peut se révolter. Cela paraît improbable, comme cela paraissait improbable dans les années 1980 dans l’Europe de l’Est avant la chute du mur de Berlin. A l'époque, au début des manifestations, en septembre/octobre, la peur de la répression implique un nombre réduit de manifestants même si l’avis privé de chacun pouvait tendre vers la remise en cause du régime. Le contexte de l’époque en URSS avec Gorbatchev créait, comme jamais, les conditions d’un changement possible. Les régimes sont ballottés, ils ne réagissent pas tous de la même façon. Avec le temps, très court, le risque associé à la répression diminue, les manifestants se font un peu plus nombreux mais ils ne sont pas majoritaires. Puis à un moment, la peur de la répression disparaît et là, en quelques jours, le nombre de manifestants s’accroît presque sans limite. Le pouvoir politique est débordé et se saborde. En un temps très court, tout peut basculer. C'est ce qui s'est passé en Europe de l'Est en novembre 1989. Les sanctions sur le système bancaire et sur la banque centrale russe vont créer les conditions d’une déstabilisation de la société et de l’économie russe. Cette situation pourrait alimenter l’avis privé. Tant que le risque de répression reste fort, la contestation sera limitée. On ne doit pas exclure que le peuple russe fasse masse contre le régime même si ce comportement ne fait pas partie de l’histoire russe. Mais le citoyen russe n’est plus aussi seul que par le passé et il sait que la guerre est impopulaire et partage aussi ce rejet du conflit. Un scénario qui ressemblerait à celui de l’Europe de l’Est en 1989, reposant sur la perte de repère dans une société qui s’effondre alors que la répression n'est plus efficace, peut être envisagé. Une telle situation obligerait Poutine à recentrer son action sur la Russie et à abandonner l’Ukraine. Il n’est pas étonnant que Poutine ait évoqué la menace nucléaire après les mesures prises par les occidentaux. La situation dans le monde d’après ne sera plus jamais celle que l’on connaissait. Mais il existe une probabilité non nulle, à mon sens, que le régime russe change avec l’aide des occidentaux. Pour l’instant la probabilité est réduite mais en septembre 1989, elle l’était tout autant."

Guerre saine IA/IN

Article lié : Réflexions sur « ‘Ukrisis’, catastrophe potentielle »

jc

  30/03/2022

Préliminaires.

1. Pourquoi IN et pas IH, pourquoi Intelligence Naturelle et pas Intelligence Humaine? Parce que, selon moi, tous les êtres vivants -tels une bactérie ou un blob- ont leur forme d'intelligence en acte. Et parce que la Nature elle même a elle aussi une forme d'intelligence universelle, cette fois en puissance (sous forme de champs morphogénétiques qui ne se réduisent pas nécessairement aux champs mis en évidence par les physiciens modernes, champs "vitaux" en puissance).

2. Qu'est-ce que l'intelligence? Par remontées étymologiques successives dans le Wiktionnaire on arrive ultimement à la racine indo-européenne leg qui signifie lier ("sens que l'on retrouve dans les ligases de nos biologistes moléculaires" (1)), le même leg que l'on retrouve dans religion.
Lorsqu'on consulte Wikipédia (2) on tombe sur des explications embarrassées. Dans la suite j'adopterai la définition thomienne suivante, souvent citée ici par moi:

"L'intelligence est la faculté de s'identifier à autre chose, à autrui".

Thom précise cette définition dans le cas de l'intelligence "scientifique":

"Le dédain pour la théorie qui se manifeste dans les milieux d'expérimentateurs a sa source dans l'attitude analytique-réductionniste ; or pour découvrir la bonne stratégie, il faut s'identifier à l'un des facteurs permanents du système. Il faut en quelque sorte entrer « dans sa peau ». Il s'agit là presque d'une identification amoureuse. Or comment pourrait-on aimer ce qu'on a, préalablement, cassé de manière irréversible ?
Toute la science moderne est ainsi fondée sur le postulat de l'imbécillité des choses." ,

citation où l'on sent déjà percer la différence entre IA et IN (3). On comprend mieux cette définition thomienne de l'intelligence lorsqu'on rappelle que tout animal doit avoir l'intelligence d'attirer ses proies et d'esquiver ses prédateurs (survie individuelle) et d'attirer ses partenaires sexuels (survie de l'espèce): pour Thom l'assertion de nature translogique "Le prédateur affamé est sa propre proie" est à la base de l'embryologie animale.

Un rhéteur teinté d'un sophiste ne manquera pas de dire que si on fracasse l'ordinateur, alors son IA disparaît avec et que si on fracasse la tête d'un humain alors son IH disparaît avec (4). Fracasser la Nature pour faire disparaître son IN est plus difficile…

                                                                                                                       —————————————————————————-

Le cerveau est-il un ordinateur ou bien l'ordinateur n'est-il qu'une (très) pâle tentative d'imitation du cerveau?

Il est courant depuis longtemps d'entendre dire que le cœur est une pompe et que les poumons sont des soufflets. Si on accepte ce point de vue-et je crois que beaucoup l'acceptent sans réfléchir- alors considérer que le cerveau est un ordinateur va de soi. Mais dès qu'on y réfléchit un peu on voit poindre l'hubris de l'humain qui domine la nature (5), qui invente soufflet, pompe et ordinateur, qui prend brevet et royalties, etc., bref on voit poindre ce que j'appelle le camp du mal. C'est exactement le contraire de la façon de voir d'Aristote (et de Thom à sa suite (6)) pour qui l'art -τέχνη en grec ancien- imite la nature et non l'inverse: pour eux nous n'inventons rien, nous ne faisons que découvrir (et ces découvertes engendrent chez les découvreurs plutôt de l'humilité -camp du bien- que de l'hubris -camp du mal-).

Voilà où, à mon avis, se situe le terrain de l'affrontement de la guerre sainte IA/IN.

Je termine en renvoyant à une lettre ouverte aux candidats à la présidence de la république publiée en 2017 sur ce site:

" Il y a trois choses nécessaires pour former un grand homme, d'abord la position sociale, une haute position; ensuite la capacité et les qualités; mais surtout et avant tout le caractère. C'est le caractère qui fait l'homme. (...) Si un des pieds de ce trépied qui doit se maintenir par l'équilibre doit être plus faible que les deux autres, que ce ne soit pas le caractère ... que ce ne soit pas le caractère."

Ces lignes, écrites par un personnage né avec une cuillère d'argent dans la bouche, sont donc une réflexion sur les qualités que doit posséder un homme d'état.

1.Le caractère

C'est très certainement un critère à respecter. Et plus l'on se trouve en cette période incertaine, plus ce critère prend d'importance, jusqu'à primer impérieusement dans la situation extrêmement dangereuse et inquiétante dans laquelle le monde se trouve actuellement.

2. L'honneur

Une autre qualité importante est l'honneur. En proclamant "Mon ennemi c'est la finance" et en se précipitant à Londres pour rassurer la dite finance, le président sortant a montré qu'il n'avait pas d'honneur.

Un président qui n'a pas d'honneur ne peut bien entendu pas se déshonorer.

Un véritable président, c'est-à-dire qui incarne la France, doit avoir de l'honneur car, sans l'honneur, tout est perdu.

"Tout est perdu fors l'honneur"

3. Le courage

• Le courage de changer d'avis (et donc de reconnaître ses erreurs).

• Le courage du cœur, de (re)gagner le cœur des français, d'oser prendre de véritables bains de foules (quitte à prendre une balle en plein front). De Gaulle avait ce courage, courage qui s'est progressivement délité chez ses successeurs. Le président Sarkozy avait peut-être encore une certaine forme de courage (ou d'inconscience) -cf. Le Guilvinec- (à moins que ce ne soit de la mise en scène, du bling-bling). Les bains de foule dans une enceinte restreinte défendue par un cordon de CRS ont pour seul double effet -désastreux- de mettre en évidence la couardise de celui qui agit ainsi (cf. les bains de foule dans des îles, de préférence petites, du président sortant et/ou de ses ministres) et de donner l'impression que nous sommes en dictature.

La France a signé des traités qui ont entraîné un abandon de souveraineté qui a atteint un point tel que rien de ce qui compte ne peut être fait sans l'accord de Bruxelles et de la finance internationale, c'est-à-dire sans l'accord des allemands et des anglo-saxons. Si bien qu'elle se trouve actuellement dans un état pire qu'après Waterloo.

Vous aurez évidemment reconnu l'auteur des lignes introductives: Talleyrand, à qui la France doit tant.

Que faire dans une situation où il n'y a plus apparemment rien à négocier, où il ne reste à la France qu'à se plier à une volonté extérieure?

Soit accepter cette soumission, et nombreux sont les candidats actuels qui l'acceptent déjà, et qu'ils l'accepteront donc une fois président.

Soit ne pas l'accepter. Mais alors se pose la question de savoir sous quelles formes l'insoumission est possible.

1. On raconte que la "punition" imposée à la Grèce a pour but de faire plier la France. Si un "insoumis" est élu "Talleyrand", son seul atout sera-t-il le dangereux argument du "too big to fail"?

2. Une insoumission par souverainisme est-elle possible?

C'est l'option qui semble à première vue la plus crédible: le Brexit est déclenché, la nouvelle administration US semble pousser dans ce sens.

Les USA ont encore la puissance de renégocier unilatéralement des traités. La France a eu cette puissance (cf. la célèbre citation de De Gaulle rapportée par Peyrefitte); elle ne l'a clairement plus.

Ce qui précède montre que nous n'avons plus la possibilité d'agir autrement qu'en prenant des positions aventurées et donc dangereuses: au début de son premier mandat le président Mitterand a pris une telle position d'insoumis ... pour rapidement revenir dans le cadre prescrit par les maîtres de la politique "occidentale" d'alors.

L'objet de cette lettre ouverte est de suggérer la possibilité d'une troisième voie d'insoumission.

3. Une troisième voie?

On vient de voir que la France n'a plus la possibilité d'agir. Mais il lui reste encore la possibilité de penser.

Avant d'aborder le cœur du propos il est nécessaire de planter le décor.

Après l'effondrement de l'empire romain le redressement en France (et une grande partie de l'Europe) s'est fait à partir du catholicisme: pouvoir spirituel aux papes, pouvoir temporel aux rois, "sacrés" à Reims.

Avec l'apparition des universités au moyen-âge et leur vigoureuse expansion à la Renaissance, le pouvoir spirituel s'est progressivement laïcisé, profané.

[Les scientifiques actuels ont coutume de dater précisément cette rupture à Newton, sous le nom de coupure galiléenne: à partir de cet instant les planètes n'étaient plus poussées par des anges, mais elles suivaient "tout simplement" la loi de Newton.

Corrélativement, mais beaucoup plus subtilement et très certainement plus tôt, cette rupture a fait évoluer la vision que l'homme avait de lui-même: de l'homme créature divine, on revenait à une autre forme d'humanisme, l'humanisme "laïc" actuel.]

Une chose qui a peut-être été moins aperçue c'est que le concept de matière a également évolué: le fait, qui fait sourire le penseur "moderne", que les planètes étaient auparavant, selon certains, poussées par les anges, était une façon poétique de dire que la matière, en l'occurrence planétaire, était, d'une certaine façon, vivante. Avec son "Hypotheses non fingo", Newton a convaincu le monde scientifique que des hypothèses -et les preuves corrélatives- n'étaient plus nécessaires, qu'il suffisait de faire des vérifications expérimentales: l'empirisme  le positivisme, le pragmatisme, étaient nés ou vigoureusement réimpulsés.

L'ouverture considérable de Newton a, corrélativement, entraîné une fermeture de l'horizon de pensée du scientifique moderne en le réduisant aux "ismes" précités; une pensée scientifique dorénavant réduite à une pensée qualifiée d'objective, objectivité en général fièrement brandie.

Newton justifiait ainsi le nouveau statut d'inertie de la matière qui allait progressivement s'imposer: la matière est inerte, sans vie, morte, et donc stupide, imbécile, et traitée comme telle par les scientifiques modernes.

Newton donnait ainsi une impulsion triomphante et définitive au matérialisme pour aboutir au matérialisme du XIXème siècle, celui qui a encore cours aujourd'hui, partout dans le monde actuel, celui "qui compte", à l'Ouest comme à l'Est, au Nord comme au Sud, c'est-à-dire le monde globalisé: tout le monde "qui compte" est (ou feint d'être) actuellement matérialiste (avec, cela va de soi, une matière sans "âme"), ce n'est plus l'apanage des seuls marxistes.

[Corrélativement la laïcisation, la profanation, de la philosophie  a sans doute eu également des effets -mais ce n'est pas ma partie-]

La façon de se représenter le monde change évidemment selon que la matière est ou non animée, i.e. a ou non une âme. Et le changement devient même vertigineux dès qu'on y réfléchit un peu: tout, absolument tout, bascule (pas seulement dans le monde scientifique) dès que l'on fait l'hypothèse d'une matière animée.

Tout, en premier lieu la façon de penser elle-même, la rationalité, l'intelligence (et ses rapports avec l'intelligence artificielle, avec le transhumanisme, etc.). Ensuite la façon de considérer la nature elle-même, et donc toute la politique écologique planétaire. Etc., etc.

Ce néo-matérialisme du XXIème siècle, dont on vient de voir les vertigineuses potentialités exige bien évidemment de faire exploser la prison intellectuelle dans laquelle la pensée matérialiste mainstream actuelle s'est elle-même enfermée, embastillée.

Embastillée. Le terme est choisi à dessein. Il s'agit là en effet d'une véritable révolution. C'est une occasion à ne pas manquer pour la France car il est lumineusement évident que, si elle réussit, elle donnera au futur "Talleyrand" une carte maîtresse dans les négociations à venir avec nos "partenaires".

Dans cette perspective le XXIème siècle devient non seulement un nouveau siècle de Lumières, mais aussi un siècle de nouvelles lumières, les précédentes paraissant non seulement ternes, mais aussi laides, car factices.

Dans cette même perspective Paris, la ville Lumière, prendra un nouveau statut, une nouvelle dimension, celle de capitale d'une nouvelle façon, écologique, de voir le monde; elle sera la capitale d'une nouvelle pensée.

On connaît le "bon mot" de Coluche parlant d'un recteur d'université qui venait vendre l'intelligence des étudiants formés dans son établissement à une quelconque foire aux cerveaux et qui n'avait pas un échantillon sur lui.

S'il prend envie à l'un d'entre vous de vanter la France comme fer de lance de la nouvelle pensée, avec Paris comme ville des nouvelles lumières, il serait effectivement bon d'en avoir un sur vous.

Si les perspectives esquissées ci-dessus ont un sens (et je suis profondément convaincu qu'elles en ont un), alors la civilisation actuelle va inéluctablement s'effondrer et être remplacée par celle entrevue ici. Aussi, aux qualités exigées par Talleyrand, je rajouterai celle-ci:

L'envergure ... l'envergure…
J. C.



1: Cf. le tout début de l'envoi de "Apologie du logos".

2: https://fr.wikipedia.org/wiki/Intelligence#%C3%89tymologie_et_d%C3%A9finitions

3: Un scientifique pointilleux pourra objecter que cette définition ne concerne donc que la science: c'est oublier que Thom se considère comme un philosophe de la nature résolument démarcationniste: "Le « philosophe de la nature » que j'envisage aura un point de vue résolument anti-démarcationniste. On peut imaginer un spectre quasi-continu joignant les assertions les plus solidement établies (par exemple un théorème de mathématique) aux affirmations les plus délirantes. La pratique de notre épistémologue peut être ainsi décrite. Partant des points de contact obligés entre science et philosophie, il s'efforcera d'épaissir l’interface entre science et philosophie ; il sera donc philosophe en sciences, et scientifique en philosophie.".

4: Argument opposé par le nominaliste JP Changeux à l'ultra-platonicien Alain Connes dans "Matière à penser".

5: E. Kant (préface de sa CRH): "Ils [Galilée, Toricelli, Stahl] comprirent que la raison n’aperçoit que ce qu’elle produit elle-même d’après ses propres plans, qu’elle doit prendre les devants avec les principes qui déterminent ses jugements suivant des lois constantes, et forcer la nature à répondre à ses questions, au lieu de se laisser conduire par elle comme à la lisière".

6: Cf. l'article de Thom sur l'innovation (qui figure dans le thésaurus de ma version de l'EU -fin des années 1980)

Michel Maffesoli

Article lié : Réflexions sur « ‘Ukrisis’, catastrophe potentielle »

jc

  29/03/2022

PhG cite MM en (1). Je choisis de la commenter ici par cohérence (espérée…) avec mes autres commentaires:

« Quand quelque chose s’achève, ce qui est en train de s’achever devient très violent. En polémologie, on nous a appris que les combats d’arrière-garde étaient les plus sanglants. On pressent qu’on a perdu la bataille, donc on tue ».

Comme très souvent la raison de mon commentaire est de tenter de convaincre de l'intérêt de la théorie des catastrophes en sciences humaines (sociologie, psychologie, linguistique). J'ai encore rappelé tout récemment que Thom associe à chacune de ses sept catastrophes élémentaires un certain nombre de morphologies archétypes, morphologies auxquelles il associe des verbes (et , parfois, des substantifs). Il associe ainsi à la catastrophe "pli" les verbes commencer et finir: les hommes commencent et finissent, c'est-à-dire naissent et meurent; et Paul Valéry a immortalisé ça pour les civilisations.

Il est bien naturel que quelqu'un qui pressent qu'il va inéluctablement mourir va parfois tenter de s'opposer à l'inéluctable avec toute l'énergie qui lui reste, quitte à avoir une réaction violente. Et si la mort qu'il pressent est insupportable il va avoir parfois tendance à se suicider s'il a à sa disposition un moyen de le faire. Je pense qu'avec les aménagements adéquats ce schéma vaut pour les empires déclinants, comme l'est actuellement l'empire américain.

Thom associe ces situations à sa catastrophe "queue d'aronde". Je la cite ici brute de décoffrage -hélas sans les figures qui éclairent grandement le propos-, citation extraite de l'article "Topologie et linguistique", que l'on trouve dans MMM:

"Les singularités 13a) et 13b) sont peu intéressantes : (13b) émission d'un actant qui périt : cracher, étinceler (2). La singularité section par 13α) - en tant que morphologie physique- s'interprète comme un régime condamné à disparaître, mais qui, avant de périr, saute dans un régime métastable qui lui aussi disparaît (soubresaut d'agonie). Cette morphologie est à l'origine du sémantisme exprimé par l'adverbe "presque", l'auxiliaire "faillir" en français.
En tant que morphologie interne, biologique, on peut la représenter par le graphe 13α) qu'on peut interpréter comme une morphologie de suicide: le sujet se saisit d'un instrument qui le capture, le détruit." (cas qui renvoie à une citation de Lincoln, sporadiquement faite par PhG).

Remarque finale: En fait la raison profonde de ce commentaire est que je vois désormais les idées "sociales" de Michel Maffesoli comme très proches de celles de Thom. Je développerai ce point dans un commentaire à suivre. Le fil rouge que je suis (du verbe suivre…) avec un certain entêtement sur ce site est de faire de la théorie des catastrophes et de la théorie de l'analogie qu'elle sous-tend le socle d'une nouvelle religion (au sens précisé dans mon commentaire "Guerre sainte.1").


1: https://www.dedefensa.org/article/rapsit-usa2022-carlson-gabbard-couple-maudit

2: Dans la vidéo MM parle de notre société finissante comme d'une étoile morte qui étincelle encore.

 

Guerre sainte.1

Article lié : Réflexions sur « ‘Ukrisis’, catastrophe potentielle »

jc

  29/03/2022

Pour moi la religion est ce qui relie, et je retiens de l'étymologie du mot la racine indo-européenne leg, qui a donné nos actuelles ligases, mais auparavant le logos grec, dont le sens a bifurqué en verbe ou en raison (via le ratio latin). C'est en ce sens utilitaire (un moyen pour relier les hommes entre eux et participer ainsi à un "vivre ensemble" apaisé) que je considère le mot "religion" e(t la guerre sainte en rapport).

La guerre sainte qui se profile est pour moi la guerre entre deux conceptions de la vie en société:

- celle d'une société tenue par une main de fer, société de surveillance vers laquelle semble s'orienter le Chine avec son crédit social, son crédit environnemental (etc.) grâce aux caméras vidéo, aux robots, à l'intelligence artificielle (etc.), qui traquent déjà et traqueront de plus en plus chaque chinois dans les moindres détails de sa vie quotidienne;

-celle d'une société qui accepte une croyance commune -une foi- qui permet un vivre ensemble plus apaisé par restauration de la confiance des individus les uns envers les autres (confiance mise à mal par l'idéologie darwinienne).

C'est "évidemment" pour moi la seconde option qui est dans le camp du bien, alors que je sens confusément que le bloc BAO -le Système- est peut-être bien tenté -sinon déjà en train- de basculer dans le camp du mal pour pouvoir s'opposer à la Chine à armes égales (et il est très clair pour moi que les young leaders de Schwab au pouvoir -dont "notre" E. Macron- poussent leur pays respectif dans cette direction).

Le choix du camp du bien renvoie donc à une organisation traditionnelle des sociétés: une autorité spirituelle qui domine le pouvoir temporel. Mais la technique a évolué depuis que sont apparues les grandes religions (monothéistes en ce qui concerne l'Occident et le proche Orient). Il y a en particulier l'apparition de l'ordinateur qu'il est impossible de faire disparaître: il est là et il faut faire avec. Et ce "il faut faire avec" implique que la tradition doit évoluer pour en tenir compte.

L'ordinateur a un avantage pour ce que j'appelle le camp du bien : celui de la mise en réseau -Internet- et de l'accès illimité au savoir existant, ce qui permet de rêver à un cerveau collectif beaucoup plus intelligent que chacun de nos cerveaux individuels et un inconvénient pour ce camp : sa capacité de calcul qui permet le développement de l'intelligence artificielle et du contrôle. Pour le camp du mal c'est l'inverse : utiliser au maximum la capacité de calcul et de mémoire pour contrôler la population, et limiter l'accès à Internet à cette même population. Pour résumer grossièrement (1): camp du bien: développer au maximum le cerveau droit de l'ordinateur (qualitatif et analogique) et limiter au maximum le cerveau gauche (quantitatif et calculateur), l'inverse pour le camp du mal.

Ce qui précède développe donc un peu ce que j'écrivais à la fin de mon commentaire "Guerre totale":

"Pour moi la guerre sainte, civilisationnelle, c'est la restauration d'une autorité spirituelle qui domine et inspire le pouvoir temporel. C'est donc tout autre chose [que la guerre totale "nihiliste"] et ce n'est pas avec les mêmes armes qu'on s'y bat. Que Moscou soit moins nihiliste que Washington DC est pour moi une évidence, parce que qu'il me paraît impossible de faire plus nihiliste que le "In gold we trust"si cher à l'actuelle élite régnant sur l'empire américain. Mais je ne suis pas pas du tout convaincu que l'âme chrétienne orientale fera beaucoup mieux que ce qui reste de l'âme chrétienne occidentale: il va -à mon avis- falloir trouver autre chose.

IN contre IA, tel est pour moi, en définitive, la guerre sainte qui se dresse devant nous. Je recite Thom à ce propos:

"Les marchands de quincaillerie électronique voudraient nous faire croire qu'avec la diffusion des ordinateurs, une ère nouvelle va s'ouvrir pour la pensée scientifique et l'humanité. Ils pourront tout au plus nous faire apercevoir où est le problème essentiel: il est dans la construction des modèles. (...) Dans cette tâche, la cervelle humaine, avec son vieux passé biologique, ses approximations habiles, sa subtile sensibilité esthétique, reste et restera longtemps irremplaçable." (SSM, Conclusion)


1: JPB utilise cette métaphore dans "Le paradoxe de Sapiens".

Héraclite, Darwin, Kupiec, Thom.2

Article lié : Réflexions sur « ‘Ukrisis’, catastrophe potentielle »

jc

  29/03/2022

Suite à mon allusion dans le .1 à la position lamarckienne de Thom, je ne peux m'empêcher de radoter en faisant le lien avec mes récents commentaires sur le conceptualisme de Thom (1). Dans ce but je commence par rappeler que pour Thom la pensée conceptuelle est une embryologie permanente et qu'

"Il faut concevoir que tout concept est comme un être vivant qui défend son organisme (l'espace qu'il occupe) contre les agressions de l'environnement, c'est-à-dire, en fait, l'expansionnisme des concepts voisins qui le limitent dans l'espace substrat : il faut regarder tout concept comme un être amiboïde, qui réagit aux stimuli extérieurs en émettant des pseudopodes et en phagocytant ses ennemis.". (On notera l'analogie avec la stratégie des militaires -cf. l'actuelle guerre en Ukraine-...)

À ce stade je remarque (et tente de faire remarquer) que PhG est pour moi dans le droit fil de cette conception (sic!) thomienne des concepts, comme en témoigne le riche glossaire "évolutif" de Dedefensa.

Dans le .0 j'ai noté les bifurcations de sens de l'antique teknè (l'art) en moderne technique, de l'antique phusis en moderne physique, de l'antique science en science moderne, bifurcations qui incitent à clarifier la situation par la production de néologismes. Ces rappels faits j'en viens là où je voulais en venir, à savoir une citation que j'ai déjà faite plusieurs fois ici, extraite de la conclusion de "Topologie et signification" (MMM):

"Dès qu'un mot est utilisé fréquemment avec une signification différente de sa signification initiale, il résulte une tension sur certaines parois de la figure de régulation du concept, tension qui pourrait fort bien la briser; le concept alors se défend en suscitant la naissance d'un mot nouveau qui canalise cette nouvelle signification. La formation de néologismes est ainsi une illustration -difficilement réfutable- du principe lamarckien: la fonction crée l'organe."


1: https://www.dedefensa.org/article/dialogues-32-occuper-wall-street-ou-de-lintuition-en-politique

 

L’Ukraine meurt !

Article lié : Ukrisis, crise civilisationnelle

Denis Monod-Broca

  29/03/2022

Avec un peu de recul, ce qui est en train de se passer est ceci : la victime est l’Ukraine, le bourreau est la Russie, les commanditaires sont les pays européens/américains qui, unanimes, se repaissent du spectacle, l’entretiennent à plaisir, et attendent mille bienfaits de ce sacrifice géant.

Pourquoi nous laissons-nous aller à participer à de tels « jeux sacrés », à de telles « expirations », plutôt que d’œuvrer pour le retour à la paix  ?

Héraclite, Darwin, Kupiec, Thom.1

Article lié : Réflexions sur « ‘Ukrisis’, catastrophe potentielle »

jc

  28/03/2022

Je repars de la citation précédente de JPB (.0) dans la fin de l'introduction de "Le paradoxe du sapiens" :

"nous nous appuierons très largement, pour comprendre à quelles logiques évolutionnaires répondent les organismes humains et les sociétés qu’ils forment, sur la toute récente théorie dite de l’ontophylogénèse proposée par le biologiste Jean-Jacques Kupiec. Il s’agit pour faire bref – mais nous y reviendrons plus en détail – de réintroduire le darwinisme à tous les niveaux de la construction du vivant, de la cellule à l’organisme et à la société",

dont j'ai noté en .0 qu'elle était très semblable avec la vision thomienne (ma citation favorite) :

"Les situations dynamiques régissant l'évolution des phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l'évolution des hommes et des sociétés".

Or, dans les sociétés humaines (mais sans doute déjà aussi dans les sociétés animales animales évoluées) c'est la fonction qui crée l'organe (on ne s'organise pas au hasard, pour rien, on s'organise en vue d'un but fonctionnel à atteindre, le darwinisme n'apparaissant qu'ultérieurement lorsqu'il s'agit d'optimiser l'organisation permettant d'atteindre le but fixé -tous les logisticiens confirmeront, il me semble…-).

Compte tenu de l'hypothèse rappelée ci-dessus (ma citation favorite) Thom en déduit -tout-à-fait naturellement et correctement selon moi- qu'en biologie c'est également la fonction qui crée l'organe, hypothèse typiquement lamarckienne et non darwinienne (1). Pourquoi Kupiec et JPB n'en font-ils pas autant? Parce que cela les force à quitter l'anthropotechnicisme pour rentrer dans la zone interdite de l'anthropomysticisme (appel aux causes finales) ?

Thom : "(...) j'accepte, en biologie, le principe lamarckien : la fonction crée l'organe. C'est un principe que les biologistes actuels refusent absolument. Ils pensent, par exemple, que si nous voyons c'est parce que nous avons des yeux et pas du tout parce que d'une certaine manière la vie a décidé de fabriquer des yeux pour voir !".


1: Cf. le film "René(e)s" de Godard sur Thom à 39'45 : https://www.psynem.org/Art_psychanalyse/Preuves/Rene_Thom_Jean-Luc_Godard

Héraclite, Darwin, Kupiec, Thom

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jc

  28/03/2022

Mes derniers commentaires m'ayant amené à me replonger dans les dialogues entre Jean-Paul Baquiast et Philippe Grasset (années 2010), je me suis décidé à reparcourir "Le paradoxe du Sapiens" de JPB, à la base de ces dialogues (avec "La Grâce de l'histoire" côté PhG). Et, dès l'introduction je suis tombé sur:

"Concernant les composants anthropiques des systèmes anthropotechniques, nous nous trouvons devant une telle richesse de modèles explicatifs que des choix s’imposent. Ces choix n’ont évidemment rien d’ « objectif », au sens que l’on donne généralement à ce terme. Ils résultent de nos propres orientations idéologiques, comme il apparaîtra à la lecture. Indiquons seulement, au niveau de cette introduction, que nous nous appuierons très largement, pour comprendre à quelles logiques évolutionnaires répondent les organismes humains et les sociétés, sur la toute récente théorie du biologiste Jean-Jacques Kupiec. Il s’agit pour faire bref – mais nous y reviendrons plus en détail – de réintroduire le darwinisme à tous les niveaux de la construction du vivant, de la cellule à l’organisme et à la société.".

Ce passage m'a intéressé à deux titres:

1. JPB n'hésite pas -de même que Thom- à faire des analogies biologie/sociologie;

2: son "Il s’agit (...) de réintroduire le darwinisme à tous les niveaux de la construction du vivant, de la cellule à l’organisme et à la société." est à mettre en regard de la citation thomienne suivante (1):

"La biologie actuelle fait de la sélection naturelle le principe exclusif -le deus ex machina- de toute explication biologique; son seul tort, en l'espèce, est de traiter l'individu (ou l'espèce) comme une entité fonctionnelle irréductible: en réalité la stabilité de l'individu, ou de l'espèce, repose elle-même sur une compétition entre "champs", entre "archétypes" de caractère plus élémentaires, dont la lutte engendre la configuration géométrique structurellement stable qui assure la régulation, l'homéostasie du métabolisme, et la stabilité de la reproduction. (...) La lutte a lieu, non seulement entre individus et espèces, mais aussi, à chaque instant, en tout point de l'organisme individuel. Rappelons ce qu'a dit Héraclite: "Il faut savoir que le conflit est universel, que la justice est une lutte, et que toutes choses s'engendrent par la lutte et la nécessité".

Il me semble difficile de contester que Kupiec dit à peu près la même chose que Thom (en remarquant que le "struggle for life" darwinien ressemble fort à la citation héraclitéenne ci-dessus). En fait il y a un grain de sable que je qualifie de divin pour me conformer à (2), grain de sable qui fait bifurquer les positions de Thom et de Kupiec: Thom accepte comme "fil rouge" de sa pensée une autre citation héraclitéenne que voici:

"Le maître dont l'oracle est à Delphes ne dit ni ne cache, il signifie", que Thom traduit: "La Nature nous envoie des signes qu'il nous appartient d'interpréter".

Ainsi le sens de l'antique technè (traduit en français par art) bifurque en technique (au sens moderne pour JPB) alors que Thom refuse cette bifurcation (que l'on retrouve entre artisan et technicien, et entre l'ancien phusis et le moderne physique). Thom s'interroge sur la voie -qu'il qualifie de démiurgique- prise par la physique contemporaine : "La physique contemporaine a sacrifié la stabilité structurelle à la stabilité; je veux croire qu'elle n'aura pas à se repentir de ce choix".

JPB, en matérialiste athée affiché, refuse de faire appel à Dieu (pour lui ce n'est pas scientifique) mais accepte de faire appel au hasard (pour lui c'est scientifique), une grande partie de ses affirmations étant légitimées par l'invocation (pour moi presqu'à auseam) du hasard des mutations régulé par la pression sélective darwinienne. Cette explication martelée me renvoie à deux citations thomiennes:

1. "En quoi l'appel au hasard pour expliquer l'évolution serait-il plus scientifique que l'appel à la volonté du Créateur ? ;

2. "Le darwinisme offre ainsi l'exemple d'une théorie que chacun peut comprendre, raison évidente de son succès".

En choisissant l'option "hasard" JPB a choisi la calculabilité via les probabilités et statistiques, l'approche booléenne et bayesienne, la voie choisie (en France) par Changeux, Dehaene, voie royale -selon eux- vers le deep learning, l'IA et l'homme augmenté.

Un matérialiste athée ne manquera pas d'objecter que Thom, faisant explicitement appel à "un Maître dont l'oracle est à Delphes", fait quasi-explicitement appel à Dieu. Thom ne cache pas la difficulté et reconnaît très clairement qu'ultimement il y a la foi -ou non- en sa théorie, foi qui est du même tabac que l'intuition haute chère à PhG. Pour lui (Thom) considéréessa théorie s'appuie exactement sur les mêmes principes quie ceux qui ont permis à Newton, Maxwell et Einstein de développer leurs propres théories qui , elles,ont été acceptées par la communauté scientifique contemporaine car validées expérimentalement.

Thom termine SSM par un long paragraphe concernant le contrôle expérimental. Faute d'un tel contrôle sa théorie des catastrophes reste -selon ses propres dires- une méthode qui permet une nouvelle vision du monde et un langage qui permet de le décrire. Il y a quelque chose là où, auparavant, il n'y avait rien; pour moi ce n'est pas rien.

Entre le chemin de l'IN proposé par Thom -selon moi le camp du bien- et le chemin de l'IA qui a actuellement pignon sur rue -selon moi le camp du mal-, il faut choisir son camp…


1: "Une théorie dynamique de la morphogenèse", conclusion (MMM), 1974) (article publié en 1967)

2: https://www.dedefensa.org/article/dialogues-3-le-grain-de-sable-divin


 

Guerre sainte

Article lié : Réflexions sur « ‘Ukrisis’, catastrophe potentielle »

jc

  28/03/2022

En cherchant à me renseigner sur les rapports entre l'art roman et l'art gothique je suis tombé sur (1) et le paragraphe intitulé "parenthèse sacrée" m'a retenu:

"Or cette technique de construction est l’apanage du haut-moyen âge. Avant le Xe siècle, on n’en trouve pas trace. Les Mérovingiens et les Carolingiens nous ont laissés quelques édifices, aucun n’a le taux vibratoire de la plus modeste chapeloune romane.

Avant eux, les Grecs et les Romains ont bâti de nombreux temples dont beaucoup subsistent encore. Construits de façon profane, ces édifices sacrés ne vibrent pas non plus. Après le 14e siècle, le long tunnel de la guerre de Cent Ans interrompit toute velléité de construction sacrée.

La Renaissance apporta d’Italie une architecture raffinée, mais profane. L’art de la construction sacrée a disparu avec ses commanditaires, les Templiers. Quoi de surprenant ? Il était apparu avec eux… Le printemps des cathédrales coïncide avec l’Ordre du Temple."

Pour moi cette citation est à rapporter d'une part au chapitre de "La Grâce…" (tome II) consacré au temps des cathédrales et d'autre part au dialogue entre PhG et JPB concernant exactement ce point (2) (3) où l'on mesurera l'abîme qui sépare un JPB matérialiste athée assumé et affiché et un PhG qui ne l'est pas (et de loin!).

La raison pour laquelle je réagis et commente est que l'auteur voit l'opposition sacré/profane dans le même rapport que l'opposition vibratoire/non vibratoire, opposition que j'interprète en résonance/non résonance. Et c'est cette notion de résonance qui m'intéresse (résonance que je perçois très nettement -bien que je n'aie aucun don pour la musique!- entre les voix "orthodoxes" (masculines et féminines) d'une part et la "voix" de l'édifice d'autre part -cf. le lien indiqué dans mon commentaire précédent-) car elle me renvoie directement à "mon" Thom qui esquisse en (4) sa théorie de la signification (je rappelle que Thom propose une métaphysique réaliste -minimale selon lui- pour "redonner du sens au monde" -fin de la dernière phrase de ES-) :

"Négligeant donc provisoirement l'aspect subjectif de la signification, nous allons nous efforcer d'en donner un modèle de caractère objectif, de nature géométrique et dynamique. Et ce modèle, nous le trouverons dans l'idée mécanique de résonance.".

J'en reste là. C'est pour moi sur ce plan (comprendre l'opposition sacré/profane) que devra se situer une guerre sainte contemporaine. De mon point de vue, même les traditions évoluent…


1: https://arcturius.org/art-gothique-art-roman/

2: https://www.dedefensa.org/article/dialogues-1-questions-de-sens (questions de PhG à JPB)

3: https://www.dedefensa.org/article/dialogues-4-lindividu-dans-lhistoire (réponse de JPB concernant les cathédrales)

4: Topologie et signification (MMM), en particulier le paragraphe 5: Résonance et signification

Guerre totale

Article lié : Réflexions sur « ‘Ukrisis’, catastrophe potentielle »

jc

  28/03/2022

PhG inter-titre son article par “Guerre sainte” contre “guerre sainte”. Pour moi les guerres saintes sont évidemment des guerres civilisationnelles, donc des guerres totales, mais la réciproque n'est pas vraie car il peut exister des guerres totales profanes. Et pour moi le combat qui oppose Washington et Moscou est un combat à mort, une guerre totale où chacun souhaite que l'autre cesse d'exister.

C'est pour moi une guerre profane entre deux camps fondamentalement nihilistes (et défendant le même nihilisme, à savoir le matérialisme athée). C'est pour moi une évidence pour le camp dit "du bien", à savoir Washington D.C. (In Gold We Trust), mais c'est aussi le cas pour le camp dit "du mal" car je vois mal "se convertir" quelqu'un (Poutine) qui disait en 1999 qu'il fallait buter les terroristes jusque dans les chiottes. Je pense que Poutine est passé maître dans la manipulation des foules (comme le sont les maîtres de l'Occident depuis déjà un certain temps) et que la commémoration en grande pompe (1) de la victoire de Stalingrad des bons bolchéviques contre les méchants nazis avec une dimension symbolique maximale (lampions, recueil sur les tombes, présence du clergé orthodoxe, etc.) a été faite pour souder le patriotisme russe derrière lui en vue de la guerre actuelle qu'il présente comme une guerre d'une part pour récupérer le Donbass et d'autre part contre les néo-nazis. Cela ne signifie pas pour mon compte que Poutine est bolchévique -je pense plutôt qu'il ne l'est pas ou qu'il ne l'est plus- mais qu'il peut parfois le laisser à penser -idem pour la religion- si cela sert son objectif qui est la restauration de l'empire russe (qui passe par la destructuration -sinon la destruction- de l'empire américain).

Pour moi la guerre sainte, civilisationnelle, c'est la restauration d'une autorité spirituelle qui domine et inspire le pouvoir temporel. C'est donc tout autre chose et ce n'est pas avec les mêmes armes qu'on s'y bat:

https://ok.ru/video/421397860


1: https://www.rfi.fr/fr/europe/20180203-russie-commemorations-75e-anniversaire-bataille-stalingrad

 

EHPAD

Article lié : La politique des EPHAD

jc

  27/03/2022

Établissement Hospitapier pour Personnes Âgées Dépendantes.