Nadège Rivière
20/02/2022
Je n’ai aucune prétention en matière de stratégie, de quelqu’ordre que ce soit. En revanche, je suis dotée d’une intuition que l’observation de la marche de ce monde contribue à aiguiser et que le spectacle des événements de ces dernières années ne dément malheureusement pas.
Le pape de Davos a clairement annoncé la couleur dans son Great Reset paru en juillet 2020. Sans en indiquer les modalités, il a évoqué cette « fenêtre d’opportunité » que constitue la crise sanitaire pour accélérer cette « grande réinitialisation ».
http://sous-les-lambrequins.blogspot.com/2022/02/aux-camionneurs-canadiens-mais-pas-que.html
https://jacqueshenry.wordpress.com/2022/02/19/davos-et-la-conspiration-de-la-lettre-volee/
jc
14/02/2022
Je viens de reparcourir le chapitre XXIV de "Le règne…", chapitre intitulé dissolution -en me demandant si j'en avais retenu autre chose que le titre!-. Et je suis tombé sur la phrase suivante qui m'a retenu :
"Si même, en se plaçant momentanément au point de vue de la science moderne, on voulait, d’une part, réduire la « corporéité » à l’étendue comme le faisait Descartes, et, d’autre part, ne considérer l’espace lui-même que comme un simple mode de la quantité, il resterait encore ceci, qu’on serait toujours dans le domaine de la quantité continue ; si l’on passe à celui de la quantité discontinue, c’est-à-dire du nombre, qui seul peut être regardé comme représentant la quantité pure, il est évident que, en raison même de cette discontinuité, on n’a plus aucunement affaire au « solide » ni à quoi que ce soit de corporel.".
Guénon associe le matérialisme (disons XIXème) à la phase rigidifiante -et, dans une certaine mesure rassurante (1)-. Pour lui il y a donc un autre cap à passer pour atteindre la fin du cycle, et ce cap est celui de la dissolution (PhG dirait peut-être l'entropisation). Et, toujours pour lui, ce cap est le passage du domaine de la quantité continue "à celui de la quantité discontinue, c'est-à-dire du nombre".
Pour les matheux il y a eu, à mon avis, un net point de bascule lorsque, au XIXème, Cauchy et Dedekind ont imposé leurs constructions de l'ensemble des nombres réels comme formant un continu prestement qualifié de "droite réelle". Mais le fait de qualifier l'ensemble des réels de droite réelle signifie que ces matheux ont pensé être arrivés à construire du continu à partir du discret, ce qui devrait faire sursauter tout métaphysicien normalement constitué (2). Thom ne manque pas de relever ce point , entre autres longuement dans PNPE (3), en soulignant -comme Guénon (4)- qu'on ne peut résoudre les paradoxes de Zénon (5) si on est un penseur du discret. Or comment peut-on penser le changement si on est déjà incapable de penser le mouvement?
Il est clair que les atomistes et les réductionnistes entraînent la science moderne vers encore plus de diversité. Aussi il y aura, selon moi, un autre point de bascule à réaliser, c'est celui de mettre fin au règne dictatorial de la quantité discrète -le tout numérique que nous subissons de plein fouet depuis la montée en puissance des calculateurs- pour le soumettre au règne de la quantité continue, nouveau règne selon moi nécessaire pour pouvoir démarrer un nouveau cycle en progressant dans le seul sens qui vaille, à savoir dans le sens cher à PhG de la recherche de l'unité perdue.
Thom : "Il est de fait qu'Aristote a été le premier – et pour des siècles, voire des millénaires – le seul penseur du continu."...
1: "... l’illusion de sécurité qui régnait au temps où le matérialisme avait atteint son maximum d’influence, et qui alors était en quelque sorte inséparable de l’idée qu’on se faisait de la « vie ordinaire »... ".
2: Je pense qu'Alain Badiou, l'un des rares philosophes contemporains à s'intéresser aux mathématiques contemporaines n'a pas vu ce point (et je me demande si Grothendieck l'a vu).
3: "Le discret et le continu", pp. 62 à 78, suivi de "Qualitatif-quantitatif, continu et discontinu: la matière et la pensée…, " pp.79 à 89 (sous-titres du chapitre intitulé "Positions philosophiques").
4: Cf. la fin de "Les principes du calcul infinitésimal".
5: https://fr.wikipedia.org/wiki/Paradoxes_de_Z%C3%A9non
jc
14/02/2022
C'est ce à quoi me fait penser la lutte entre les "Freedom Convoys", nomades dynamiques du côté d'Abel et du "Paradis terrestre", et les "Etats libéraux", sédentaires statiques du côté de Caïn et de la "Jérusalem terrestre", assiégés dans leurs orgueilleuses métropoles (Ottawa, Paris, Bruxelles…). La liberté véritable contre la "soi-disant liberté"...
Guénon (1): "Ainsi, un « retournement » s’opère en dernier lieu contre le temps et au profit de l’espace : au moment même où le temps semblait achever de dévorer l’espace, c’est au contraire l’espace qui absorbe le temps ; et c’est là, pourrait-on dire en se référant au sens cosmologique du symbolisme biblique, la revanche finale d’Abel sur Caïn.".
1: "Le règne de la quantité...", chap. XXIII.
jc
14/02/2022
Qu'entend-on par forme ? La distinction entre εἶδος et μορφή n'est ni nouvelle ni évidente (1). Thom donne sa position de mathématicien dans un échange -en complément à ES- avec l'aristotélicien Bruno Pinchard. Mon impression est qu'il voit la forme-εἶδος comme de la forme-μορφή en puissance (et, inversement, la forme-μορφή comme de la forme-εἶδος en acte). De ce point de vue le fossé entre force et forme-εἶδος est alors beaucoup plus étroit (nul?) que celui entre force et forme-μορφή.
Pour avoir une idée de ce qu'écrit Thom ci-après, il faut d'abord rappeler que pour Aristote et lui un homéomère est un anhoméomère en puissance (2) :
"Si vous soutenez la centralité de la figure (μορφή), alors la notion d'homéomère doit faire difficulté pour vous, car, par définition un homéomère n'a pas de bord proprement dit, et une figure est définie -au moins en partie C'est pourquoi, en tant que mathématicien, pour définir l'homéomère, je dois multiplier l'espace substrat par un espace invisible, un espace (interne) de qualités -un espace de genre-, pour y définir le bord de ma qualité homéomère. si l'on se refuse à cette construction, alors il subsiste un hiatus infranchissable entre le logique et le morphologique. Car la "materia signata" qui est support de la quiddité d'un homéomère n'a pas de détail visible qui en fasse une figure. La forma substantialis n'a pas de forme (au sens ordinaire du terme en français), et la materia formalis n'exhibe pas son caractère formel.".
Pour en revenir à la citation de Daniel-Rops ("Dans cette lutte prodigieuse entre la matière rétive et la volonté créatrice…"), je la vois comme une lutte entre l'εἶδος-matière et la μορφή-forme, l'instant prodigieux étant celui de l'étincelle qui relie une forme intérieure en puissance à une forme extérieure en acte -ou à réaliser. Thom a eu cette étincelle en visitant un musée à Bonn en 1962 ou 1963 où se trouvait un modèle en plâtre représentant les différents stades d'un œuf de grenouille en train de gastruler, et c'est en voyant ça qu'il s'est aperçu qu'on pouvait peut-être expliquer l'embryologie par des modèles catastrophiques, et il a passé le restant de sa vie à "coucher" cette vision sur le papier (comme Rodin a "scuplté" sa propre vision de son "Balzac" dans le marbre ou la glaise?).
1: https://www.persee.fr/doc/phlou_0035-3841_2005_num_103_1_7998_t1_0187_0000_2
2: "L'anhoméomère est le siège de "travaux et d'activités" ( ἔργα καὶ πράξεις) (...) Les homéomères, eux, n'ont que des propriétés potentielles (δύναμεις) et n'existent qu'en vue des anhoméomères. L'opposition homéomère-anhoméomère recoupe donc -en un certain sens- l'opposition centrale de la physique aristotélicienne, celle de la puissance et de l'acte." (AL, p.255)
Auguste Vannier
13/02/2022
En qualifiant ainsi, d'un revers de plume, la "pensée sociale" de JL Mélenchon, vous tombez dans les facilités des éléments de langage qu'il est de bon ton dans la "bonne société mainstream" d'utiliser à l'encontre de ce "Politique" de haut-niveau. Lisez ou écoutez ce qu'il dit sur ces questions et vous verrez qu'il ne s'agit pas de "folie", mais de l'expression d'une analyse approfondie de la réalité sociale (analyse avec laquelle on peut être en désaccord mais qui mérite mieux que la reprise mécanique de formules de journalistes paresseux). Accuser d'islamo-gauchisme ou de wokenisme a pris le relais de l'accusation de "complotisme" pour tenter de disqualifier toute personne qui pense "critiquement". Or, Ph. Grasset, votre appareillage conceptuel critique vaut mieux que ce type de formule "entendue" à l'emporte pièce. Surtout quand vous reprenez les propos d'un des rares candidats à s'efforcer de faire une campagne en pensant, et en donnant respectueusement à réfléchir à son public.
jc
12/02/2022
Pour moi qui ai choisi le continu comme ontologiquement l'être premier, il n'y a pas de possibilité de trous "physiques" dans l'espace-temps qui est pour moi continu (1). Par contre je ne vois pas d'objection à des trous "psychiques", où le trou c'est notre corps! C'est ainsi que Thom distingue catastrophe physique et catastrophe psychique (la crise comme catastrophe psychique (2)) :
"Tous nos actes de conscience élémentaire sont toujours plus ou moins des déplacements. Nous essayons de saisir un objet, et l'acte de saisir, c'est l'étincelle de conscience primaire. L'espace vu de cette manière ressemble à une couronne, et le corps à un trou, situé à l'intérieur de cette couronne. Le trou est constitué par les points que nous ne pouvons pas atteindre. Et il est bizarrement rempli par la douleur et le plaisir. C'est pour moi une sorte de miracle. La peau est une sorte d'onde de choc qui sépare deux types de conscience, la conscience motrice à l'extérieur, et la conscience essentiellement affective et cénesthésique à l'intérieur.".
1: Guénon : "la quantité se présente à nous sous des modes divers, et, notamment, il y a la quantité discontinue, qui est proprement le nombre, et la quantité continue, qui est représentée principalement par les grandeurs d’ordre spatial et temporel" ("Le règne…", chap.II)
2: https://www.persee.fr/doc/comm_0588-8018_1976_num_25_1_1379
jc
12/02/2022
Maria Zakharova :
« L’hystérie de la Maison Blanche est plus révélatrice que jamais. Les Anglo-Saxons ont besoin d'une guerre. A n'importe quel prix. Les provocations, la désinformation et les menaces sont les méthodes favorites pour résoudre leurs propres problèmes. Le rouleau compresseur de la machine militaro-politique américaine est prêt à écraser la vie des gens. Le monde entier observe comment le militarisme, les ambitions impériales se dénoncent elles-mêmes. "
Cf. le sous- titre 5 ("Solutions et pseudo-solutions des crises") de (1) dont voici un extrait :
"Dans le domaine social, une collectivité, pour se purger de son malaise, pourra expulser ou exécuter un bouc émissaire. Pour résoudre la crise économique de l'Allemagne en 1933 Hiltler a lancé son pays dans la préparation à la guerre.".
Lancer les USA (ou ses vassaux…) dans la guerre? Ou écarter Biden (en commençant par son "vassal" Trudeau)?
1: https://www.persee.fr/doc/comm_0588-8018_1976_num_25_1_1379
jc
12/02/2022
PhG : “Platon disait à Diogène qu’il n’avait pas l’‘organe’ nécessaire pour voir les ‘idées’, et Plotin savait que la vérité n’est pas ‘un jugement obligatoire pour tous’ : Pour voir la vérité, enseignait-il, il faut ‘survoler’ toutes les choses obligatoires, il faut s’élever ‘au-delà’ de la raison et de la conscience”... On comprend bien que je me range derrière cette noble cohorte lorsque je parle, par exemple, – car je change de désignations pour personnaliser ces choses que je ne connais pas mais en l’influence et à l’inspiration desquelles je crois, – de ces “fameuses forces suprahumaines”. ».
J'aurais plutôt attendu un "m" et non un "c" à l'avant-dernier mot de cette citation : formes et non forces.
Les forces précèdent-elles ontologiquement les formes ou est-ce l'inverse ?
Thom : "La forme est une entité visible, mais, en principe, statique. La force, elle, est une entité invisible qui produit parfois des effets dynamiques et visibles. (...) Au regard de cette définition des qualités respectives des formes et des forces, on peut distinguer deux grands types de philosophie que le couple Platon-Aristote symbolise parfaitement ...".
Selon moi, la citation de Daniel-Rops à propos du Balzac de Rodin, citation de la conclusion du tome II de "La Grâce…" dont PhG dit qu'il fera un symbole décisif pour une ouverture sur le tome III, apparaît ici de manière cruciale : "Dans cette lutte prodigieuse entre la matière rétive et la volonté créatrice…".
Pour moi il y a là une aporie fondamentale à propos de laquelle nous ne pouvons faire qu'une chose : essayer de la considérer des deux points de vue. C'est ce qu'en Physique moderne Einstein a fait à la fin de sa vie avec le point de vue de la forme (la relativité générale), en opposition avec le point de vue de la force qui valait précédemment (Newton, Maxwell, Einstein de la relativité restreinte).
Thom :
1: "Cette opposition entre une singularité créée comme un défaut d'une structure propagative ambiante, ou une singularité qui est source de l'effet propagatif lui-même pose un problème central qu'on retrouve pratiquement à l'intérieur de presque toutes les disciplines scientifiques. La Physique contemporaine admet plutôt le deuxième aspect : la particule est source d'un champ qu'elle génère ; Einstein, en Relativité Générale, verra plutôt dans la particule la singularité d'une métrique de l'espace-temps. On retrouve ici cette aporie fondamentale du continu et du discret qui est au cœur de la mathématique. On retrouvera cette même aporie jusqu'en psychologie : est-ce que nous parlons parce que nous pensons, ou au contraire est-ce que nous pensons parce que nous parlons ?" ;
2: "(.) on pourrait rapporter tous les phénomènes vitaux à la manifestation d'un être géométrique qu'on appellerait le champ vital (tout comme le champ gravitationnel ou le champ électromagnétique) ; les êtres vivants seraient les particules ou les singularités structurellement stables de ce champ ; les phénomènes de symbiose, de prédation, de parasitisme, de sexualité seraient autant de formes d'interaction, de couplage entre ces particules… La nature ultime dudit champ, savoir s'il peut s'expliquer en fonction des champs connus de la matière inerte, est une question proprement métaphysique ; seule importe au départ la description géométrique du champ, et la détermination de ses propriétés formelles, de ses lois d'évolution ensuite. Depuis Newton, la physique n'a fait aucun progrès dans la connaissance de la nature ultime du champ de gravitation. Pourquoi exiger a priori que le biologiste doive être plus heureux que son collègue physicien ou chimiste et aboutisse à une explication ultime de la nature des phénomènes vitaux, alors qu'on a renoncé depuis des siècles à semblable ambition dans l'étude de la nature inerte ?" .
Personnellement, pour des raisons d'intelligibilité, je privilégie ontologiquement le continu sur le discret, et par suite, la force (et le fond) sur la forme.
cordonnier
11/02/2022
30000 hommes cela fait 60.000 bottes a priori ...
jc
10/02/2022
PhG :
"le sort du nœud gordien dépend des forces supérieures qui nous mènent sans dénier nous en informer (nous gâcherions tout). Elles seules, ces forces supérieures qui nous emportent, disposent du secret qui permet de dénouer ce nœud sacré, car ces forces ont des habiletés sublimes qui les dispensent de la brutalité humaine : elles ne tranchent pas, elles dénoueront et alors paraîtra quelque chose d’entièrement nouveau, à notre complète surprise." ; "Le serpent se mord la queue." ; "Il s’agit d’une belle accélération dans le processus."; "Quand tout cela se dénouera-t-il ?" ; "C’est ainsi que la Grande Crise, la Grande-Crovid, achève sa grande orbite d’une révolution dont le terme la ramène au début de cette aventure. A nouveau, le serpent se mord la queue. C’est ce qu’on nomme, entre forces supérieures, une “synthèse orbitale. Elle nous mène sans que nous en ayons la moindre conscience, vers le terme de cette aventure…".
On sait que le terme d'inconnaissance revient souvent sous la plume de PhG et qu'il n'y a pas, pour lui, à tenter de connaître "ces forces supérieures qui nous emportent", tant ces forces nous transcendent (1). Ce n'est pas ma position car René Thom nous offre une méthode et un langage -sa théorie des catastrophes et sa théorie des prégnances et des saillances -ancêtres gelstaltiens des forces et des formes- qui nous permettent d'avoir un point de vue nouveau sur le monde et sur nous-mêmes, point de vue suffisamment élevé pour permettre des analogies entre ces points de vues (sur le monde et sur nous-mêmes); et je compte bien essayer de profiter de cette offre de Thom, avec pour point de départ ma citation favorite (2).
Pour Thom l'assertion de nature translogique -logique para-consistante- "Le prédateur affamé est sa propre proie" est à la base de l'embryologie animale, base à laquelle il associe la catastrophe "fronce" via son lacet de prédation. Cette assertion renvoie immédiatement au "serpent qui se mord la queue" de PhG à propos du Système qui, focalisé sur la pensée unique du "struggle for life", n'a d'autre choix que de se dévorer lui-même.
La théorie thomienne produit une liste infinie de catastrophes dont, selon lui, seules les sept premières sont réalisables dans l'espace-temps 4D. Ces catastrophes sont pour lui des centres organisateurs, des logoï, organisés hiérarchiquement, initialement instables -des âmes- logoï qui se stabilisent en se déployant (3). Thom associe la catastrophe "queue d'aronde" au suicide (en biologie le phénomène d'apoptose). Peut-être le logos hiérarchiquement supérieur à la "queue d'aronde"organisateur du suicide des civilisations en sociologie est-il connaissable, comme l'est la catastrophe ombilic parabolique ou la catastrophe double fronce?
1: Pseudo-Denys l'Aréopagite« ...C’est là qu’il fait taire tout savoir positif, qu’il échappe entièrement à toute saisie et à toute vision, car il appartient tout entier à Celui qui est au-delà de tout, car il ne s’appartient plus lui-même ni n’appartient à rien d’étranger, uni par le meilleur de lui-même à Celui qui échappe à toute inconnaissance, ayant renoncé à tout savoir positif, et grâce à cette inconnaissance même connaissant par-delà toute intelligence.».
2: "Les situations dynamiques régissant l'évolution des phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l'évolution de l'homme et des sociétés." (et des espèces…).
Théo Ter-Abgarian
10/02/2022
Bock-Coté est surcotté. Dans l'affaire du Convoi de la Liberté, ce n'est pas une surprise qu'il ne saisisse pas la complexité des oppositions en France, il reste avant tout un Nord-Américain ayant peu de connaissances profondes de l'histoire des idées de notre pays, radicalement différente d'avec l'Amérique du Nord. Il a le réflexe des universitaires d'outre atlantique (n'oublions pas qu'il a le handicap d'avoir une formation en sciences humaines, sciences subjectives par définition…). Quand le peuple (ils pensent populace) se soulève, ils pensent red-neck, beauf, cow-boys, chauvinisme country, etc… il n'y a rien à faire, c'est comme ça, c'est spontané. D'où l'évidence de la réaction de Bock-Coté quant au Convoi pour la Liberté. Il n'y a pas de liberté humaine, ce n'est pas à un sociologue que je vais apprendre que l'individu est socialement déterminé ! Certes, il y a peut-être de jésuitisme (vieux tréfonds québécois), qui est de vouloir plaire, malgré tout, aux dominants.
J'ai tout compris de Bock-Coté quand il descendit, avec des arguments du régime (on dit "éléments de langage"), le malheureux Laurent Wauquiez, qui avait du, après son échec électoral de juin 2019, démissionner du poste de dirigeant du Parti LR. L'argumentation tournait sur le thème Wauquiez est un has been dans ce monde politique, nouveau, qui a sacré roi Kéké Ier.
Mais Bock-Coté n'avait pas eu la présence d'esprit de déceler que Kéké Ier était has been. Voilà la jobardise des commentateurs qui pensent petit et ne poussent pas la réflexion. Kéké Ier colle à la médiocrité pharisienne ambiante comme les morpions aux génitoires des sous-offs. Et Wauquiez ne parlait pas aux actionnaires, aux rentiers, aux prébendiers et aux retraités… Il planait. Et, sans doute, croyait-il, avec une naïveté absolue, qu'il fallait donner un souffle au peuple pour se fixer un horizon, ce qui échappait complètement à Bock-Coté, lui aussi pharisien jusqu'à la moelle. Certes Wauquiez se lançait dans un pari pascalien qui, cela sautait aux yeux, était voué à l'échec. Mais, au moins, le défi était honorable face aux horizons prosaïques, louis-philippards jusqu'à la veulerie, que nous proposent les macronistes.
Mais, il y a le fond. Cela a surgi au grand jour par la bouche de Marine Le Pen et de son second couteau, Sébastien Chenu, l'Aurélien Taché du Rassemblement National, qui ont lancé l'anathème sur l'équipe (gratinée) de Zemmour, sur le thème de la chasse à la bête immonde catho voire nazie puant les idées répugnantes ; il y a deux droites en France : celle du "vivre ensemble" , gay-friendly, etc… celle du RN, et l'autre rabougrie, sentant le renfermé et les fumets nauséabonds, la droite des "cathos traditionalistes", celle des Zemmouriens… Revoilà donc le Kulturkampf, celui de Bismarck contre les curés, les sabres contre les goupillons. L'histoire se répète. Je note que, contre toute attente les présidentielles ne se joueront pas sur la résistance à l'Islam, la lutte contre la délinquance, mais pour le combat final contre l'Eglise qui cristallise toutes les haines des "progressistes" (se nomment-ils)... Contre cette église en fin de course qui en rajoute pourtant en soumission au régime, ambulance aux pneus crevés et criblée de balles, dont on sait qu'elle ira sous peu à la casse ; car les macronistes entendent se débarrasser de madame Pécresse sur le seul argument (fallacieux) qu'elle est la droite de Versailles, des curés, des messes en latin, de l'islamophobie, de l'homophobie, de la transphobie et tutti quanti . Voilà comment, en 2022, on gagne une élection, chose possible, il est vrai, quand on a les médias pour soi. C'est bien le cas, non ?
Jean-Claude Cousin
09/02/2022
Proposons une belle initiative : bardés des drapeaux de leurs pays respectifs, des routiers et des particuliers prennent la route du Donbass, chargés de provisions et autres produits de première nécessité, en solidarité des Européens de Lisbonne à l'Oural. Pacifiques, mais déterminés.
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Et si les hordes nazies qui hantent l'Ukraine attaquent le convoi, au nom des drapeaux pavoisant les véhicules, les conducteurs appellent au secours, de façon logique, des volontaires russes. De façon logique, parce que ce sont les seuls armés et compétents du coin ! De façon logique, parce qu'entre européens il faut s'entraider. De façon logique, parce que comme tout le monde le sait, l'OTAN n'est qu'une armée d'occupation dont le chef, le SACEUR (Commandant suprême des forces alliées en Europe), est TOUJOURS un général ou un amiral issu directement du Pentagone, donc effectivement un occupant.
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L'OCCUPANT de l'Élysée, au niveau militaire, prend ses ordres de lui. C'est donc l'ennemi à chasser. Non, vis-à-vis de cette engeance, je ne saurais me montrer diplomate, d'ailleurs chez eux la diplomatie s'appelle la force. Ils n'en connaissent pas d'autre.
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Le Convoi de l'Europe : voilà un beau nom. La vraie Europe, pas celle de Mons et de Bruxelles, mais celle des gens.
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Porquoi cette allusion, dans le titre au bateau pour le Vietnam ? Cela se passait au début de 1968 et même un peu avant. Les "forces de gauche " étudiantes avaient résolu d'affréter un petit navire rempli bénévolement de produits de première nécessité en direction du Vietnam occupé, tiens donc, par les forces US : ENCORE ! Eh oui, dès qu'il s'agit d'être humanitaire, par exemple en allégeant la population d'un pays, comme les scouts, ils sont toujours prêts. D'où le napalm, l'Agent Orange, les tapis de bombes anti-personnelles, et autres produits de nécessité n'est-ce pas !
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Si cela arrive, si un convoi de ce genre arrive à se monter, pour la toute première fois je pourrai crier "Vive l'Europe !", mais cela n'a absolument rien à voir avec LEUR union européenne.
jc
08/02/2022
PhG : "... ce n’est pas un problème canadien, c’est un problème mondial…".
Il est piquant de voir comment l'abolition des frontières -terrestres, maritimes et aériennes pour les marchandises, célestes pour la communication des idées- que prône l'ultra-libéralisme globaliste actuel, crée les conditions pour qu'un évènement local puisse prendre quasi instantanément une dimension globale. Je me demande si nous ne sommes pas en train d'assister à l'affrontement de deux camps qui se revendiquent tous les deux de la liberté, tout en en ayant, au fond, une conception radicalement différente.
Je pense que pour les libéraux-libéralistes (typiquement Biden et les "démocrates" US?) les frontières séparent et séparent seulement -et il faut donc les abolir-, alors que pour les libéraux-libertariens(?) (typiquement Trump et les "républicains" US?) les frontières séparent mais aussi réunissent -et il faut donc les garder- (2). Cette différence cruciale mérite, à mon avis, d'être regardée de plus près.
Les globalistes ont en vue la société ouverte de Bergson qui, ai-je lu (1), est le promoteur de ce concept, suivi par Popper, Hayek, Soros, Biden, Macron, etc., alors que ceux que j'appelle par opposition les localistes, ont en vue une société plus fermée (typiquement Trump et son "America first"). Cette distinction ouvert/fermé me permet de m'amarrer à mon unique point d'ancrage métaphysique qui est l'illustration par Aristote de l'opposition puissance/acte par l'opposition problème mathématique ouvert (conjecturé)/problème mathématique fermé (démontré). On pressant déjà ici que les globalistes sont plus "en puissance" et dans le virtuel, que les localistes qui, eux, sont plus "en acte" et dans le réel.
En topologie générale (mathématique) le complémentaire d'un ouvert est un fermé et, inversement, le complémentaire d'un fermé est un ouvert. Lorsqu'on veut topologiser "naïvement" la logique classique moderne -booléenne-, on traduit le "et" par l'intersection, le "ou" par la réunion, et le "non" par la complémentation. Mais les objets manipulés doivent impérativement être de même nature, soit des ouverts, soit des fermés, car la réunion d'un ouvert et d'un fermé -par exemple- n'est en général ni un ouvert ni un fermé. On doit donc faire un choix: soit ne considérer que des ouverts et donc retirer leur frontière aux fermés (qui apparaissent par complémentation/négation), soit ne considérer que des fermés et donc "fermer" les ouverts en rajoutant leur frontière. Si bien qu'on n'arrive pas à topologiser la logique booléenne car on tombe -en général- soit sur la logique intuitionniste (celle choisie par Grothendieck) qui abandonne le principe du tiers exclu mais conserve le principe de non contradiction, soit sur la logique paraconsistante (celle choisie par Thom) qui, à l'inverse, conserve le principe du tiers exclu mais abandonne le principe de non-contradiction (3) (4).
Je pense que le jour -sans doute assez éloigné- où les politiciens des deux bords sortiront de leurs joutes rhétoriques et sophistiques -comme E. Macron vient de le faire face à Poutine-, il s'apercevront qu'ils devront choisir leur camp dès ce niveau topologique, beaucoup plus apte pour régler les problèmes de topographie (la position et le rôle des frontières) que la logique aristotélicienne. La réalité des frontières terrestres(2) montre en effet qu'il y a techniquement nécessairement une zone frontière, soit locale qui appartient aux deux pays bordants, soit qui n'appartient ni à l'un ni à l'autre (mais qui appartient à la communauté globale -ONU…-): en résumé, souverainistes d'une part, fédéralistes de l'autre. Je n'avais jamais pensé à ça en ces termes, mais me voilà maintenant avec un argument "de fond" pour être souverainiste (puisque je suis "à fond" thomien) : la zone frontière comme zone de bimodalité typiquement thomienne où les choses changent (de France en Belgique par exemple) et où, par conséquent, se déploient les catastrophes.
Les belges en connaissent un rayon sur ce sujet des frontières avec les problèmes flamands/wallons. Les philosophes (belges) Dominique Lambert et Bertrand Hespel ont écrit à ce propos un article intitulé "De la topologie de la conciliation à la logique de la contradiction [logique paraconsistante]" dans lequel l'introduction débute par un exemple politique qui sera mathématisé dans le cœur de l'article. J'aime beaucoup cet article car j'y vois l'opposition entre Grothendieck et ses topos "ouverts" (5) d'une part, et Thom et ses "cotopos" fermés d'autre part.
Au niveau "divin" on retrouve donc face-à-face "mon" Dieu tout en puissance Khaos-Logos et "mon" Dieu tout en acte Kosmos-Topos. Cela ne devrait pas trop émouvoir le logocrate PhG -visiblement fermement opposé la "société ouverte" du Système-, PhG ayant depuis longtemps abandonné la logique humaine à son pauvre sort- et donc en particulier la logique aristotélicienne- (je rappelle que pour moi Khaos est la Singularité, l'Âme de Kosmos).
1: https://fr.wikipedia.org/wiki/Soci%C3%A9t%C3%A9_ouverte
2: Largeur des frontières terrestres entre 5m (BD topo standard) et 30m (BD topo pays) (http://www.cnig.gouv.fr/wp-content/uploads/2014/12/11/2014-10fronti%C3%A8res_GTEI_VF.pdf ) (p.11)
3: Thom : "Dans cette confiance en l'existence d'un univers idéal [platonicien] le mathématicien ne s'inquiétera pas outre mesure des limites ds procédés formels, il pourra oublier le problème de la non-contradiction." (AL, p.561)
4: Alain Badiou, pour qui les mathématiques sont l'ontologie, utilise ces trois logiques : "Dans mon propre système la logique de l'être pur, de l'être en tant qu'être, est classique, la logique de l'apparaître est intuitionniste, et la logique de l'évènement et des vérités qui en dépendent, du point de vue du Sujet, est paraconsistante." (Éloge des mathématiques, pp.71 et 72)
5: D'après ce que je crois comprendre la notion de topos de Grothendieck virtualise celle d'ouvert d'un espace topologique dans les cas où les points de l'espace topologique se sont évaporés (pointless topology).
Auguste Vannier
07/02/2022
En lisant cette simple et limpide analyse, j'avais l'impression qu'on parlait de mon pays et de son Président. Mais tout de même en moins pire, parce qu'en France on a l'état d'urgence permanent, et que les forces de police nombreuses et bien armées arrivent à contrôler tout ce qui déplait au Président, certes il est vrai plus jeune que le PM du Canada, ceci expliquant peut-être cela.
jc
07/02/2022
À la lecture du titre je me suis dit : tiens, PhG va citer… Comme il ne l'a pas fait, je le fais ici, en allant piocher la citation dans la caverne d'Ali Baba qu'est ce site grâce à son moteur de recherche (1):
"On reviendra là-dessus, donc, sur cette “question de caractère”, lequel, seul, permet de porter tout ensemble l’horreur et la fascination. Le mot (le “caractère”), la puissance de la chose telle qu’elle m’est apparue dans toute son évidence, m’ont été résumés par une citation du Diable boiteux, ce diable de Talleyrand qui disait ceci en 1813… (Décembre 1813 précisément, scène rapportée par Charlotte de Laborie, fille d’Antoine-Athanase Roux de Laborie, ami de Talleyrand.) :
«…Il dit alors une de ces choses qui ne sortent jamais de la mémoire quand on les a entendues ; “Je suis bien aise de vous communiquer une pensée qui est venue dans beaucoup de têtes mais que je n’ai vu bien nettement développée nulle part. Il y a trois choses nécessaires pour former un grand homme, d’abord la position sociale, une haute position ; ensuite la capacité et les qualités ; mais surtout et avant tout le caractère. C’est le caractère qui fait l’homme.” Et il citait, poursuit-elle, à l’appui de son dire, tous les demi-dieux de l’histoire : Alexandre, César, Frédéric, et ajoutait : “Si un des pieds de ce trépied qui doit se maintenir par l’équilibre doit être plus faible que les deux autres, que ce ne soit pas le caractère… que ce ne soit pas le caractère !”».
(Remarque. Je découvre -et note- la totale inversion du sens de ce mot, de Théophraste à nos jours (https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Caract%C3%A8res_(Th%C3%A9ophraste).)
1: https://www.dedefensa.org/article/chronique-du-19-courant-lhorreur-fascination
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