Théo Ter-Abgarian
24/02/2022
Il faut s'attendre à un déluge de lieux communs, les "experts", les politiques, les médias vont y aller, à la louche, pour des semaines, des mois, voire des années. D'ailleurs les BHL et les Glucksmann ne nous en abreuvent pas depuis des années ? Peu importe la vérité des faits, place aux tripes, aux coups de sang. Les voilà tous, de Mélenchon à Jadot, de Zemmour à Hidalgo, de la CFDT à Martinez, communier dans la même niaiserie. Ont-ils eu, un jour, un seul mot depuis 8 ans, sur le calvaire des populations du Donbass ? Sur le blocus économique de cette région depuis 2017 ? Sur l'interdiction de la langue russe chez eux ? Les bombardements à l'aveugle sur les civils (12 000 morts en 8 ans) ? NON. M. Mélenchon n'a rien vu, rien entendu, sans doute trop préoccupé à envoyer des tweets de réconfort à Brigitte Macron et à faire des mines de gandin gourmé à Léa Salomé et à Claire Chazal.
ILS ont trouvé leur nouveau Saddam Hussein. On est autorisé, dans les milieux diplomatiques français (!!!), à traiter Poutine de paranoïaque et de dingue.
Le jour même où Poutine bombardait l'Ukraine, Israël bombardait la Syrie. Et cela est normal. Et l'Arabie Saoudite, un des pays les plus riches du monde, bombardait le plus pauvre du monde, le Yémen, cela n'intéresse ni Mélenchon, ni BHL, ni Glucksmann.
ILS s'étonnent que Poutine réagisse, avant que l'OTAN se soit complètement installé en Ukraine, avant que l'OTAN ait renversé Loukachenko avec ces fameuses révolutions de couleur.
Il est certain que le moment est périlleux, car Poutine semble avoir des buts de guerre assez incisifs… Mais l'oligarchie française s'y retrouvera ; d'ailleurs, le maire de Béziers, vrai thermomètre du régime, nous l'annonce, il y a nécessité de faire corps derrière le président Macron. A la bonne heure ! Il était temps que la comédie prenne fin. Enfin. Onfray, dans son simplisme, énonçait ce qui va se passer, le système sera conforté à ces présidentielles.
Abdel
23/02/2022
l'infrastructure du pays se décompose.
Un roman parlant d un départ de guerre civile aux USA à cause d un pont que les autorités fédérales veulent fermer.
Mais bien sûr , c est le genre de fiction à manier avec "prudence" tant elle peut être auto-realisatrice ...
https://www.courrierinternational.com/article/courrier-des-idees-etats-unis-la-guerre-civile-qui-vient-ou-pas
jc
22/02/2022
Dans le lien de PhG concernant Reggiani (1) on trouve un lien vers une vidéo de 2017 par Michel Onfray qui désigne Emmanuel Macron comme l'un de ces loups. Pour moi tout-à-fait d'actualité cinq ans plus tard.
J'y découvre le terme de catoblépas (en grec ancien : κατώβλεπον, littéralement : « qui regarde vers le bas ») que Flaubert associe à la bêtise humaine et dont MO dit que c'est un monstre qui se dévore lui-même (18'20).
John Laughland (2): « Il y a une très grande médiocrité... Très souvent, la bêtise explique plus de choses que la conspiration en politique. Il y a une très grande médiocrité au sein des élites britanniques en général, et en particulier au sein du Foreign Office et je pense que c’est la seule explication que je puisse vous donner. C’est la bêtise et l’entêtement idéologique. ».
La bêtise va-t-elle finir par se dévorer elle-même?
1: https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_loups_sont_entr%C3%A9s_dans_Paris
2: https://www.dedefensa.org/article/du-supremacisme-de-la-betise
jc
21/02/2022
John Laughland: "Il y a une très grande médiocrité au sein des élites britanniques en général, et en particulier au sein du Foreign Office et je pense que c’est la seule explication que je puisse vous donner. C’est la bêtise et l’entêtement idéologique. ».
"ET" ou "DE"? Je pense que l'entêtement idéologique est une bêtise en soi, je pense qu'il y a une bêtise DE l'entêtement idéologique; car pour moi, d'une façon générale, l'opposition est à la racine de la pensée (1). Or ce qui est à la racine de la pensée de ceux qui détiennent le pouvoir dans le bloc occidental c'est le "struggle for fife" darwinien adapté à la société (spencérisme), lutte qui impose de se considérer perpétuellement en prédateur et jamais en proie, ce qui conduit "nos" dirigeants à s'imposer à eux-mêmes (et, bien entendu, à tenter de l'imposer aux peuples) une tension permanente qui n'est guère différente d'une sorte de priapisme (2) social. -urgence médicale lorsqu'il s'agit de biologie-.
Thom, mon gourou , construit sa théorie biologique sur l'idée que l'assertion de nature translogique "le prédateur affamé EST sa propre proie" est à la base de l'embryologie animale -et donc humaine-. Il me semble à peu près clair que les suprémacistes occidentaux -anglo-saxons en tête- se considèrent quasiment toujours en prédateurs et quasiment jamais en proies, l'histoire des USA étant pour moi typique à ce sujet.
Si l'intelligence est la capacité de s'identifier à autre chose ou à autrui (définition thomienne de l'intelligence (3) ), alors la bêtise de l'entêtement idéologique occidental est l'incapacité de se penser en proie. Je pense que Macron, Trudeau, Kurz et tous ces young leaders formatés sont, en ce sens, bêtes, voire très bêtes. Pour moi ces gens formatés par le club de Davos considèrent qu'une société n'est guère plus qu'un ensemble d'individus (3), ce qui tombe bien pour eux. car allant de pair avec l'inusable "Divide and conquer". A la suite de Thom je pense que ce n'est pas le cas :
"On peut se demander, à cet égard, si un groupe social est muni d'un "psychisme" qu'on peut considérer comme autonome. Il me semble que le psychisme social présente un caractère fragmentaire très semblable au psychisme animal: la société ne trouve sa conscience qu'en face d'une tâche urgente où son existence , sa stabilité sont menacées) (une guerre par exemple)..." (SSM, 2ème ed., p.323).
De ce point de vue la guerre en Ukraine a peut-être initialement (en 2014) eu pour but affiché de continuer la conquête du monde -et donc de la Russie-, "struggle for life" oblige, mais cette guerre a maintenant vraisemblablement pour but plus profond de détourner l'attention des peuples américains et anglais de leurs problèmes intérieurs pour tenter de renforcer la cohésion du bloc occidental face à l' "agresseur" russe, derrière les "élites" anglo-saxonnes.
Puisqu'il est ici question d'idéologie, je ne peux terminer sans rappeler la citation suivante de la "tirade (thomienne) de Porphyre" (ES, p.216):
"Mais très fréquemment, épuisé par l'effort de son ascension dans ces régions arides de l'Être, le métaphysicien s'arrête à mi-hauteur à un centre organisateur partiel, à vocation fonctionnelle. Il produira alors une "idéologie", prégnance efficace, laquelle, en déployant cette fonction, va se multiplier dans les esprits. Dans notre métaphore biologique ce sera précisément cette prolifération incontrôlée qu'est le cancer.".
Il est de plus en plus manifeste pour moi que l'attitude typique du Système avec son TINA (4) est une attitude pré-cancéreuse. et je cite souvent à ce propos un certain Élie Bernard-Weil :
"Il faut apprendre ou réapprendre à penser toujours d'une manière bipolaire et de ne pas céder à l'attrait d'une pensée unipolaire, branchée sur un pôle dominant - ce qu'on appelle aussi « pensée unique » de nos jours - une tentation qui fait immanquablement plonger dans l'erreur et l'impuissance. (...) La seule excuse, c'est que presque tout le monde considère que c'est là l'enjeu de la rationalité : trouver le bon pôle. Faux! ".
1: Thom: "... "penser", c'est-à-dire saisir des êtres intermédiaires entre les objets extérieurs et les formes génétiques: les concepts.".
2: https://fr.wikipedia.org/wiki/Priapisme : "Le priapisme est une urgence médicale absolue". À ce propos Michel Onfray vient d'écrire un bouquin qui a pour titre "Foutriquet", sortie prévue le 02/03/2022 (https://frontpopulaire.fr/o/Content/co771664/l-ordre-maastrichtien-regne)
3: "L'intelligence, c'est la capacité de s'identifier à autre chose, à autrui.".
4: Margaret Thatcher : "There is no such thing as society, there are individual men and women and there are families. And no government can do anything except through people, and people must look to themselves first."
Nicolas Piot
21/02/2022
Olivier Berruyer du site les crises a interviewé Roland Dumas, qui se souvient de cette réunion, information de première main donc, qui ajoute sa pierre à l'édifice de la mémoire défaillante de nos chers fact-checkers.
Il y a aussi un CR du discours de Manfred Worner du 17 Mai 1990 sur le site de l'OTAN dont malheureusement l'URL visible sur l'image n'est plus à jour, mais que j'ai retrouvé.
https://www.les-crises.fr/comment-l-occident-a-promis-a-l-urss-que-l-otan-ne-s-etendrait-pas-a-l-est-par-roland-dumas-ex-ministre-1990-promesse/
Comme vous dites, tous ceux qui visitent Dedefensa n'ont aucun doute là-dessus (je suppose), mais il est important de le répéter sans se lasser, et collectionner toutes les sources possibles à opposer à ceux qui ré-écrivent l'histoire.
Comme wikipedia par exemple :
https://en.wikipedia.org/wiki/Manfred_W%C3%B6rner et les liens vers lesquels il renvoie.
Je trouve ces discours , où le terme "tendre la main" est un peu ambigu
https://www.nato.int/docu/speech/1990/s900705a_f.htm
https://www.nato.int/docu/speech/1990/s901003a_f.htm
et enfin le fameux discours du 17 Mai :
https://www.nato.int/docu/speech/1990/s900517a_e.htm
German Membership
The other primary task is to anchor a united Germany firmly into the institutional structures of the West, the EC and NATO.
Three basic considerations determine our Alliance policy:
Neutrality or non-alignment of the united Germany are not acceptable for us. They would destabilize Europe and take us back to the days of balance of power diplomacy, of alliances and counter-alliances.
The united Germany must not be subjected to any discriminatory special regimes. They would only produce resentment sooner or later. On this point too, history teaches us a sobering lesson.
We have to find solutions that respect the legitimate security interests of all the participants - including the Soviet Union. I emphasize: all participants; in other words not only the Soviet Union. That nation has a right to expect that German unification and Germany's membership of the Atlantic Alliance will not prejudice its security. But it is also clear that it cannot expect us to put NATO's existence on the line and thus give it something that it never succeeded in obtaining in the past, even at the height of its power. The West cannot respond to the erosion of the Warsaw Pact with the weakening or even dissolution of the Atlantic Alliance; the only response is to establish a security framework that embraces both alliances : in other words one that draws the Soviet Union into a cooperative Europe.
We are already in the process of examining our strategy and our Alliance tasks, and of adapting them to changed circumstances. Yet nobody can expect us to deprive NATO of its core security function and its ability to prevent war. Our strategy and our Alliance are exclusively defensive. They threaten no-one, neither today nor tomorrow. We will never be the first to use our weapons. We are prepared for radical disarmament, right down to the minimum level that we must retain to guarantee our security.
This will also be true of a united Germany in NATO. The very fact that we are ready not to deploy NATO troops beyond the territory of the Federal Republic gives the Soviet Union firm security guarantees. Moreover we could conceive of a transitional period during which a reduced number of Soviet forces could remain stationed in the present-day GDR. This will meet Soviet concerns about not changing the overall East-West strategic balance. Soviet politicians are wrong to claim that German membership of NATO will lead to instability. The opposite is true. Europe including the Soviet Union would gain stability. It would also gain a genuine partner in the West ready to cooperate.
We have left behind us the old friend/foe mind-set and the confrontational outlook. We do not need enemies nor threat perceptions. We do not look upon the Soviet Union as the enemy. We want that nation to become our partner in ensuring security. On the other hand, we expect the Soviet Union not to see us as a military pact directed against it or even threatening it. Instead we wish the Soviet Union to see our Alliance as an open and cooperative instrument of stability in an over-arching European security system. We are not proposing something to the Soviet Union which is against its interests. What we have to offer can only be to its advantage. I am confident that this insight will gradually gain ground in Moscow, especially as the other Warsaw Pact countries see things the same way as we do.
Nicolas
Nadège Rivière
20/02/2022
Je n’ai aucune prétention en matière de stratégie, de quelqu’ordre que ce soit. En revanche, je suis dotée d’une intuition que l’observation de la marche de ce monde contribue à aiguiser et que le spectacle des événements de ces dernières années ne dément malheureusement pas.
Le pape de Davos a clairement annoncé la couleur dans son Great Reset paru en juillet 2020. Sans en indiquer les modalités, il a évoqué cette « fenêtre d’opportunité » que constitue la crise sanitaire pour accélérer cette « grande réinitialisation ».
http://sous-les-lambrequins.blogspot.com/2022/02/aux-camionneurs-canadiens-mais-pas-que.html
https://jacqueshenry.wordpress.com/2022/02/19/davos-et-la-conspiration-de-la-lettre-volee/
jc
14/02/2022
Je viens de reparcourir le chapitre XXIV de "Le règne…", chapitre intitulé dissolution -en me demandant si j'en avais retenu autre chose que le titre!-. Et je suis tombé sur la phrase suivante qui m'a retenu :
"Si même, en se plaçant momentanément au point de vue de la science moderne, on voulait, d’une part, réduire la « corporéité » à l’étendue comme le faisait Descartes, et, d’autre part, ne considérer l’espace lui-même que comme un simple mode de la quantité, il resterait encore ceci, qu’on serait toujours dans le domaine de la quantité continue ; si l’on passe à celui de la quantité discontinue, c’est-à-dire du nombre, qui seul peut être regardé comme représentant la quantité pure, il est évident que, en raison même de cette discontinuité, on n’a plus aucunement affaire au « solide » ni à quoi que ce soit de corporel.".
Guénon associe le matérialisme (disons XIXème) à la phase rigidifiante -et, dans une certaine mesure rassurante (1)-. Pour lui il y a donc un autre cap à passer pour atteindre la fin du cycle, et ce cap est celui de la dissolution (PhG dirait peut-être l'entropisation). Et, toujours pour lui, ce cap est le passage du domaine de la quantité continue "à celui de la quantité discontinue, c'est-à-dire du nombre".
Pour les matheux il y a eu, à mon avis, un net point de bascule lorsque, au XIXème, Cauchy et Dedekind ont imposé leurs constructions de l'ensemble des nombres réels comme formant un continu prestement qualifié de "droite réelle". Mais le fait de qualifier l'ensemble des réels de droite réelle signifie que ces matheux ont pensé être arrivés à construire du continu à partir du discret, ce qui devrait faire sursauter tout métaphysicien normalement constitué (2). Thom ne manque pas de relever ce point , entre autres longuement dans PNPE (3), en soulignant -comme Guénon (4)- qu'on ne peut résoudre les paradoxes de Zénon (5) si on est un penseur du discret. Or comment peut-on penser le changement si on est déjà incapable de penser le mouvement?
Il est clair que les atomistes et les réductionnistes entraînent la science moderne vers encore plus de diversité. Aussi il y aura, selon moi, un autre point de bascule à réaliser, c'est celui de mettre fin au règne dictatorial de la quantité discrète -le tout numérique que nous subissons de plein fouet depuis la montée en puissance des calculateurs- pour le soumettre au règne de la quantité continue, nouveau règne selon moi nécessaire pour pouvoir démarrer un nouveau cycle en progressant dans le seul sens qui vaille, à savoir dans le sens cher à PhG de la recherche de l'unité perdue.
Thom : "Il est de fait qu'Aristote a été le premier – et pour des siècles, voire des millénaires – le seul penseur du continu."...
1: "... l’illusion de sécurité qui régnait au temps où le matérialisme avait atteint son maximum d’influence, et qui alors était en quelque sorte inséparable de l’idée qu’on se faisait de la « vie ordinaire »... ".
2: Je pense qu'Alain Badiou, l'un des rares philosophes contemporains à s'intéresser aux mathématiques contemporaines n'a pas vu ce point (et je me demande si Grothendieck l'a vu).
3: "Le discret et le continu", pp. 62 à 78, suivi de "Qualitatif-quantitatif, continu et discontinu: la matière et la pensée…, " pp.79 à 89 (sous-titres du chapitre intitulé "Positions philosophiques").
4: Cf. la fin de "Les principes du calcul infinitésimal".
5: https://fr.wikipedia.org/wiki/Paradoxes_de_Z%C3%A9non
jc
14/02/2022
C'est ce à quoi me fait penser la lutte entre les "Freedom Convoys", nomades dynamiques du côté d'Abel et du "Paradis terrestre", et les "Etats libéraux", sédentaires statiques du côté de Caïn et de la "Jérusalem terrestre", assiégés dans leurs orgueilleuses métropoles (Ottawa, Paris, Bruxelles…). La liberté véritable contre la "soi-disant liberté"...
Guénon (1): "Ainsi, un « retournement » s’opère en dernier lieu contre le temps et au profit de l’espace : au moment même où le temps semblait achever de dévorer l’espace, c’est au contraire l’espace qui absorbe le temps ; et c’est là, pourrait-on dire en se référant au sens cosmologique du symbolisme biblique, la revanche finale d’Abel sur Caïn.".
1: "Le règne de la quantité...", chap. XXIII.
jc
14/02/2022
Qu'entend-on par forme ? La distinction entre εἶδος et μορφή n'est ni nouvelle ni évidente (1). Thom donne sa position de mathématicien dans un échange -en complément à ES- avec l'aristotélicien Bruno Pinchard. Mon impression est qu'il voit la forme-εἶδος comme de la forme-μορφή en puissance (et, inversement, la forme-μορφή comme de la forme-εἶδος en acte). De ce point de vue le fossé entre force et forme-εἶδος est alors beaucoup plus étroit (nul?) que celui entre force et forme-μορφή.
Pour avoir une idée de ce qu'écrit Thom ci-après, il faut d'abord rappeler que pour Aristote et lui un homéomère est un anhoméomère en puissance (2) :
"Si vous soutenez la centralité de la figure (μορφή), alors la notion d'homéomère doit faire difficulté pour vous, car, par définition un homéomère n'a pas de bord proprement dit, et une figure est définie -au moins en partie C'est pourquoi, en tant que mathématicien, pour définir l'homéomère, je dois multiplier l'espace substrat par un espace invisible, un espace (interne) de qualités -un espace de genre-, pour y définir le bord de ma qualité homéomère. si l'on se refuse à cette construction, alors il subsiste un hiatus infranchissable entre le logique et le morphologique. Car la "materia signata" qui est support de la quiddité d'un homéomère n'a pas de détail visible qui en fasse une figure. La forma substantialis n'a pas de forme (au sens ordinaire du terme en français), et la materia formalis n'exhibe pas son caractère formel.".
Pour en revenir à la citation de Daniel-Rops ("Dans cette lutte prodigieuse entre la matière rétive et la volonté créatrice…"), je la vois comme une lutte entre l'εἶδος-matière et la μορφή-forme, l'instant prodigieux étant celui de l'étincelle qui relie une forme intérieure en puissance à une forme extérieure en acte -ou à réaliser. Thom a eu cette étincelle en visitant un musée à Bonn en 1962 ou 1963 où se trouvait un modèle en plâtre représentant les différents stades d'un œuf de grenouille en train de gastruler, et c'est en voyant ça qu'il s'est aperçu qu'on pouvait peut-être expliquer l'embryologie par des modèles catastrophiques, et il a passé le restant de sa vie à "coucher" cette vision sur le papier (comme Rodin a "scuplté" sa propre vision de son "Balzac" dans le marbre ou la glaise?).
1: https://www.persee.fr/doc/phlou_0035-3841_2005_num_103_1_7998_t1_0187_0000_2
2: "L'anhoméomère est le siège de "travaux et d'activités" ( ἔργα καὶ πράξεις) (...) Les homéomères, eux, n'ont que des propriétés potentielles (δύναμεις) et n'existent qu'en vue des anhoméomères. L'opposition homéomère-anhoméomère recoupe donc -en un certain sens- l'opposition centrale de la physique aristotélicienne, celle de la puissance et de l'acte." (AL, p.255)
Auguste Vannier
13/02/2022
En qualifiant ainsi, d'un revers de plume, la "pensée sociale" de JL Mélenchon, vous tombez dans les facilités des éléments de langage qu'il est de bon ton dans la "bonne société mainstream" d'utiliser à l'encontre de ce "Politique" de haut-niveau. Lisez ou écoutez ce qu'il dit sur ces questions et vous verrez qu'il ne s'agit pas de "folie", mais de l'expression d'une analyse approfondie de la réalité sociale (analyse avec laquelle on peut être en désaccord mais qui mérite mieux que la reprise mécanique de formules de journalistes paresseux). Accuser d'islamo-gauchisme ou de wokenisme a pris le relais de l'accusation de "complotisme" pour tenter de disqualifier toute personne qui pense "critiquement". Or, Ph. Grasset, votre appareillage conceptuel critique vaut mieux que ce type de formule "entendue" à l'emporte pièce. Surtout quand vous reprenez les propos d'un des rares candidats à s'efforcer de faire une campagne en pensant, et en donnant respectueusement à réfléchir à son public.
jc
12/02/2022
Pour moi qui ai choisi le continu comme ontologiquement l'être premier, il n'y a pas de possibilité de trous "physiques" dans l'espace-temps qui est pour moi continu (1). Par contre je ne vois pas d'objection à des trous "psychiques", où le trou c'est notre corps! C'est ainsi que Thom distingue catastrophe physique et catastrophe psychique (la crise comme catastrophe psychique (2)) :
"Tous nos actes de conscience élémentaire sont toujours plus ou moins des déplacements. Nous essayons de saisir un objet, et l'acte de saisir, c'est l'étincelle de conscience primaire. L'espace vu de cette manière ressemble à une couronne, et le corps à un trou, situé à l'intérieur de cette couronne. Le trou est constitué par les points que nous ne pouvons pas atteindre. Et il est bizarrement rempli par la douleur et le plaisir. C'est pour moi une sorte de miracle. La peau est une sorte d'onde de choc qui sépare deux types de conscience, la conscience motrice à l'extérieur, et la conscience essentiellement affective et cénesthésique à l'intérieur.".
1: Guénon : "la quantité se présente à nous sous des modes divers, et, notamment, il y a la quantité discontinue, qui est proprement le nombre, et la quantité continue, qui est représentée principalement par les grandeurs d’ordre spatial et temporel" ("Le règne…", chap.II)
2: https://www.persee.fr/doc/comm_0588-8018_1976_num_25_1_1379
jc
12/02/2022
Maria Zakharova :
« L’hystérie de la Maison Blanche est plus révélatrice que jamais. Les Anglo-Saxons ont besoin d'une guerre. A n'importe quel prix. Les provocations, la désinformation et les menaces sont les méthodes favorites pour résoudre leurs propres problèmes. Le rouleau compresseur de la machine militaro-politique américaine est prêt à écraser la vie des gens. Le monde entier observe comment le militarisme, les ambitions impériales se dénoncent elles-mêmes. "
Cf. le sous- titre 5 ("Solutions et pseudo-solutions des crises") de (1) dont voici un extrait :
"Dans le domaine social, une collectivité, pour se purger de son malaise, pourra expulser ou exécuter un bouc émissaire. Pour résoudre la crise économique de l'Allemagne en 1933 Hiltler a lancé son pays dans la préparation à la guerre.".
Lancer les USA (ou ses vassaux…) dans la guerre? Ou écarter Biden (en commençant par son "vassal" Trudeau)?
1: https://www.persee.fr/doc/comm_0588-8018_1976_num_25_1_1379
jc
12/02/2022
PhG : “Platon disait à Diogène qu’il n’avait pas l’‘organe’ nécessaire pour voir les ‘idées’, et Plotin savait que la vérité n’est pas ‘un jugement obligatoire pour tous’ : Pour voir la vérité, enseignait-il, il faut ‘survoler’ toutes les choses obligatoires, il faut s’élever ‘au-delà’ de la raison et de la conscience”... On comprend bien que je me range derrière cette noble cohorte lorsque je parle, par exemple, – car je change de désignations pour personnaliser ces choses que je ne connais pas mais en l’influence et à l’inspiration desquelles je crois, – de ces “fameuses forces suprahumaines”. ».
J'aurais plutôt attendu un "m" et non un "c" à l'avant-dernier mot de cette citation : formes et non forces.
Les forces précèdent-elles ontologiquement les formes ou est-ce l'inverse ?
Thom : "La forme est une entité visible, mais, en principe, statique. La force, elle, est une entité invisible qui produit parfois des effets dynamiques et visibles. (...) Au regard de cette définition des qualités respectives des formes et des forces, on peut distinguer deux grands types de philosophie que le couple Platon-Aristote symbolise parfaitement ...".
Selon moi, la citation de Daniel-Rops à propos du Balzac de Rodin, citation de la conclusion du tome II de "La Grâce…" dont PhG dit qu'il fera un symbole décisif pour une ouverture sur le tome III, apparaît ici de manière cruciale : "Dans cette lutte prodigieuse entre la matière rétive et la volonté créatrice…".
Pour moi il y a là une aporie fondamentale à propos de laquelle nous ne pouvons faire qu'une chose : essayer de la considérer des deux points de vue. C'est ce qu'en Physique moderne Einstein a fait à la fin de sa vie avec le point de vue de la forme (la relativité générale), en opposition avec le point de vue de la force qui valait précédemment (Newton, Maxwell, Einstein de la relativité restreinte).
Thom :
1: "Cette opposition entre une singularité créée comme un défaut d'une structure propagative ambiante, ou une singularité qui est source de l'effet propagatif lui-même pose un problème central qu'on retrouve pratiquement à l'intérieur de presque toutes les disciplines scientifiques. La Physique contemporaine admet plutôt le deuxième aspect : la particule est source d'un champ qu'elle génère ; Einstein, en Relativité Générale, verra plutôt dans la particule la singularité d'une métrique de l'espace-temps. On retrouve ici cette aporie fondamentale du continu et du discret qui est au cœur de la mathématique. On retrouvera cette même aporie jusqu'en psychologie : est-ce que nous parlons parce que nous pensons, ou au contraire est-ce que nous pensons parce que nous parlons ?" ;
2: "(.) on pourrait rapporter tous les phénomènes vitaux à la manifestation d'un être géométrique qu'on appellerait le champ vital (tout comme le champ gravitationnel ou le champ électromagnétique) ; les êtres vivants seraient les particules ou les singularités structurellement stables de ce champ ; les phénomènes de symbiose, de prédation, de parasitisme, de sexualité seraient autant de formes d'interaction, de couplage entre ces particules… La nature ultime dudit champ, savoir s'il peut s'expliquer en fonction des champs connus de la matière inerte, est une question proprement métaphysique ; seule importe au départ la description géométrique du champ, et la détermination de ses propriétés formelles, de ses lois d'évolution ensuite. Depuis Newton, la physique n'a fait aucun progrès dans la connaissance de la nature ultime du champ de gravitation. Pourquoi exiger a priori que le biologiste doive être plus heureux que son collègue physicien ou chimiste et aboutisse à une explication ultime de la nature des phénomènes vitaux, alors qu'on a renoncé depuis des siècles à semblable ambition dans l'étude de la nature inerte ?" .
Personnellement, pour des raisons d'intelligibilité, je privilégie ontologiquement le continu sur le discret, et par suite, la force (et le fond) sur la forme.
cordonnier
11/02/2022
30000 hommes cela fait 60.000 bottes a priori ...
jc
10/02/2022
PhG :
"le sort du nœud gordien dépend des forces supérieures qui nous mènent sans dénier nous en informer (nous gâcherions tout). Elles seules, ces forces supérieures qui nous emportent, disposent du secret qui permet de dénouer ce nœud sacré, car ces forces ont des habiletés sublimes qui les dispensent de la brutalité humaine : elles ne tranchent pas, elles dénoueront et alors paraîtra quelque chose d’entièrement nouveau, à notre complète surprise." ; "Le serpent se mord la queue." ; "Il s’agit d’une belle accélération dans le processus."; "Quand tout cela se dénouera-t-il ?" ; "C’est ainsi que la Grande Crise, la Grande-Crovid, achève sa grande orbite d’une révolution dont le terme la ramène au début de cette aventure. A nouveau, le serpent se mord la queue. C’est ce qu’on nomme, entre forces supérieures, une “synthèse orbitale. Elle nous mène sans que nous en ayons la moindre conscience, vers le terme de cette aventure…".
On sait que le terme d'inconnaissance revient souvent sous la plume de PhG et qu'il n'y a pas, pour lui, à tenter de connaître "ces forces supérieures qui nous emportent", tant ces forces nous transcendent (1). Ce n'est pas ma position car René Thom nous offre une méthode et un langage -sa théorie des catastrophes et sa théorie des prégnances et des saillances -ancêtres gelstaltiens des forces et des formes- qui nous permettent d'avoir un point de vue nouveau sur le monde et sur nous-mêmes, point de vue suffisamment élevé pour permettre des analogies entre ces points de vues (sur le monde et sur nous-mêmes); et je compte bien essayer de profiter de cette offre de Thom, avec pour point de départ ma citation favorite (2).
Pour Thom l'assertion de nature translogique -logique para-consistante- "Le prédateur affamé est sa propre proie" est à la base de l'embryologie animale, base à laquelle il associe la catastrophe "fronce" via son lacet de prédation. Cette assertion renvoie immédiatement au "serpent qui se mord la queue" de PhG à propos du Système qui, focalisé sur la pensée unique du "struggle for life", n'a d'autre choix que de se dévorer lui-même.
La théorie thomienne produit une liste infinie de catastrophes dont, selon lui, seules les sept premières sont réalisables dans l'espace-temps 4D. Ces catastrophes sont pour lui des centres organisateurs, des logoï, organisés hiérarchiquement, initialement instables -des âmes- logoï qui se stabilisent en se déployant (3). Thom associe la catastrophe "queue d'aronde" au suicide (en biologie le phénomène d'apoptose). Peut-être le logos hiérarchiquement supérieur à la "queue d'aronde"organisateur du suicide des civilisations en sociologie est-il connaissable, comme l'est la catastrophe ombilic parabolique ou la catastrophe double fronce?
1: Pseudo-Denys l'Aréopagite« ...C’est là qu’il fait taire tout savoir positif, qu’il échappe entièrement à toute saisie et à toute vision, car il appartient tout entier à Celui qui est au-delà de tout, car il ne s’appartient plus lui-même ni n’appartient à rien d’étranger, uni par le meilleur de lui-même à Celui qui échappe à toute inconnaissance, ayant renoncé à tout savoir positif, et grâce à cette inconnaissance même connaissant par-delà toute intelligence.».
2: "Les situations dynamiques régissant l'évolution des phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l'évolution de l'homme et des sociétés." (et des espèces…).
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