jc
10/02/2022
PhG :
"le sort du nœud gordien dépend des forces supérieures qui nous mènent sans dénier nous en informer (nous gâcherions tout). Elles seules, ces forces supérieures qui nous emportent, disposent du secret qui permet de dénouer ce nœud sacré, car ces forces ont des habiletés sublimes qui les dispensent de la brutalité humaine : elles ne tranchent pas, elles dénoueront et alors paraîtra quelque chose d’entièrement nouveau, à notre complète surprise." ; "Le serpent se mord la queue." ; "Il s’agit d’une belle accélération dans le processus."; "Quand tout cela se dénouera-t-il ?" ; "C’est ainsi que la Grande Crise, la Grande-Crovid, achève sa grande orbite d’une révolution dont le terme la ramène au début de cette aventure. A nouveau, le serpent se mord la queue. C’est ce qu’on nomme, entre forces supérieures, une “synthèse orbitale. Elle nous mène sans que nous en ayons la moindre conscience, vers le terme de cette aventure…".
On sait que le terme d'inconnaissance revient souvent sous la plume de PhG et qu'il n'y a pas, pour lui, à tenter de connaître "ces forces supérieures qui nous emportent", tant ces forces nous transcendent (1). Ce n'est pas ma position car René Thom nous offre une méthode et un langage -sa théorie des catastrophes et sa théorie des prégnances et des saillances -ancêtres gelstaltiens des forces et des formes- qui nous permettent d'avoir un point de vue nouveau sur le monde et sur nous-mêmes, point de vue suffisamment élevé pour permettre des analogies entre ces points de vues (sur le monde et sur nous-mêmes); et je compte bien essayer de profiter de cette offre de Thom, avec pour point de départ ma citation favorite (2).
Pour Thom l'assertion de nature translogique -logique para-consistante- "Le prédateur affamé est sa propre proie" est à la base de l'embryologie animale, base à laquelle il associe la catastrophe "fronce" via son lacet de prédation. Cette assertion renvoie immédiatement au "serpent qui se mord la queue" de PhG à propos du Système qui, focalisé sur la pensée unique du "struggle for life", n'a d'autre choix que de se dévorer lui-même.
La théorie thomienne produit une liste infinie de catastrophes dont, selon lui, seules les sept premières sont réalisables dans l'espace-temps 4D. Ces catastrophes sont pour lui des centres organisateurs, des logoï, organisés hiérarchiquement, initialement instables -des âmes- logoï qui se stabilisent en se déployant (3). Thom associe la catastrophe "queue d'aronde" au suicide (en biologie le phénomène d'apoptose). Peut-être le logos hiérarchiquement supérieur à la "queue d'aronde"organisateur du suicide des civilisations en sociologie est-il connaissable, comme l'est la catastrophe ombilic parabolique ou la catastrophe double fronce?
1: Pseudo-Denys l'Aréopagite« ...C’est là qu’il fait taire tout savoir positif, qu’il échappe entièrement à toute saisie et à toute vision, car il appartient tout entier à Celui qui est au-delà de tout, car il ne s’appartient plus lui-même ni n’appartient à rien d’étranger, uni par le meilleur de lui-même à Celui qui échappe à toute inconnaissance, ayant renoncé à tout savoir positif, et grâce à cette inconnaissance même connaissant par-delà toute intelligence.».
2: "Les situations dynamiques régissant l'évolution des phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l'évolution de l'homme et des sociétés." (et des espèces…).
Théo Ter-Abgarian
10/02/2022
Bock-Coté est surcotté. Dans l'affaire du Convoi de la Liberté, ce n'est pas une surprise qu'il ne saisisse pas la complexité des oppositions en France, il reste avant tout un Nord-Américain ayant peu de connaissances profondes de l'histoire des idées de notre pays, radicalement différente d'avec l'Amérique du Nord. Il a le réflexe des universitaires d'outre atlantique (n'oublions pas qu'il a le handicap d'avoir une formation en sciences humaines, sciences subjectives par définition…). Quand le peuple (ils pensent populace) se soulève, ils pensent red-neck, beauf, cow-boys, chauvinisme country, etc… il n'y a rien à faire, c'est comme ça, c'est spontané. D'où l'évidence de la réaction de Bock-Coté quant au Convoi pour la Liberté. Il n'y a pas de liberté humaine, ce n'est pas à un sociologue que je vais apprendre que l'individu est socialement déterminé ! Certes, il y a peut-être de jésuitisme (vieux tréfonds québécois), qui est de vouloir plaire, malgré tout, aux dominants.
J'ai tout compris de Bock-Coté quand il descendit, avec des arguments du régime (on dit "éléments de langage"), le malheureux Laurent Wauquiez, qui avait du, après son échec électoral de juin 2019, démissionner du poste de dirigeant du Parti LR. L'argumentation tournait sur le thème Wauquiez est un has been dans ce monde politique, nouveau, qui a sacré roi Kéké Ier.
Mais Bock-Coté n'avait pas eu la présence d'esprit de déceler que Kéké Ier était has been. Voilà la jobardise des commentateurs qui pensent petit et ne poussent pas la réflexion. Kéké Ier colle à la médiocrité pharisienne ambiante comme les morpions aux génitoires des sous-offs. Et Wauquiez ne parlait pas aux actionnaires, aux rentiers, aux prébendiers et aux retraités… Il planait. Et, sans doute, croyait-il, avec une naïveté absolue, qu'il fallait donner un souffle au peuple pour se fixer un horizon, ce qui échappait complètement à Bock-Coté, lui aussi pharisien jusqu'à la moelle. Certes Wauquiez se lançait dans un pari pascalien qui, cela sautait aux yeux, était voué à l'échec. Mais, au moins, le défi était honorable face aux horizons prosaïques, louis-philippards jusqu'à la veulerie, que nous proposent les macronistes.
Mais, il y a le fond. Cela a surgi au grand jour par la bouche de Marine Le Pen et de son second couteau, Sébastien Chenu, l'Aurélien Taché du Rassemblement National, qui ont lancé l'anathème sur l'équipe (gratinée) de Zemmour, sur le thème de la chasse à la bête immonde catho voire nazie puant les idées répugnantes ; il y a deux droites en France : celle du "vivre ensemble" , gay-friendly, etc… celle du RN, et l'autre rabougrie, sentant le renfermé et les fumets nauséabonds, la droite des "cathos traditionalistes", celle des Zemmouriens… Revoilà donc le Kulturkampf, celui de Bismarck contre les curés, les sabres contre les goupillons. L'histoire se répète. Je note que, contre toute attente les présidentielles ne se joueront pas sur la résistance à l'Islam, la lutte contre la délinquance, mais pour le combat final contre l'Eglise qui cristallise toutes les haines des "progressistes" (se nomment-ils)... Contre cette église en fin de course qui en rajoute pourtant en soumission au régime, ambulance aux pneus crevés et criblée de balles, dont on sait qu'elle ira sous peu à la casse ; car les macronistes entendent se débarrasser de madame Pécresse sur le seul argument (fallacieux) qu'elle est la droite de Versailles, des curés, des messes en latin, de l'islamophobie, de l'homophobie, de la transphobie et tutti quanti . Voilà comment, en 2022, on gagne une élection, chose possible, il est vrai, quand on a les médias pour soi. C'est bien le cas, non ?
Jean-Claude Cousin
09/02/2022
Proposons une belle initiative : bardés des drapeaux de leurs pays respectifs, des routiers et des particuliers prennent la route du Donbass, chargés de provisions et autres produits de première nécessité, en solidarité des Européens de Lisbonne à l'Oural. Pacifiques, mais déterminés.
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Et si les hordes nazies qui hantent l'Ukraine attaquent le convoi, au nom des drapeaux pavoisant les véhicules, les conducteurs appellent au secours, de façon logique, des volontaires russes. De façon logique, parce que ce sont les seuls armés et compétents du coin ! De façon logique, parce qu'entre européens il faut s'entraider. De façon logique, parce que comme tout le monde le sait, l'OTAN n'est qu'une armée d'occupation dont le chef, le SACEUR (Commandant suprême des forces alliées en Europe), est TOUJOURS un général ou un amiral issu directement du Pentagone, donc effectivement un occupant.
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L'OCCUPANT de l'Élysée, au niveau militaire, prend ses ordres de lui. C'est donc l'ennemi à chasser. Non, vis-à-vis de cette engeance, je ne saurais me montrer diplomate, d'ailleurs chez eux la diplomatie s'appelle la force. Ils n'en connaissent pas d'autre.
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Le Convoi de l'Europe : voilà un beau nom. La vraie Europe, pas celle de Mons et de Bruxelles, mais celle des gens.
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Porquoi cette allusion, dans le titre au bateau pour le Vietnam ? Cela se passait au début de 1968 et même un peu avant. Les "forces de gauche " étudiantes avaient résolu d'affréter un petit navire rempli bénévolement de produits de première nécessité en direction du Vietnam occupé, tiens donc, par les forces US : ENCORE ! Eh oui, dès qu'il s'agit d'être humanitaire, par exemple en allégeant la population d'un pays, comme les scouts, ils sont toujours prêts. D'où le napalm, l'Agent Orange, les tapis de bombes anti-personnelles, et autres produits de nécessité n'est-ce pas !
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Si cela arrive, si un convoi de ce genre arrive à se monter, pour la toute première fois je pourrai crier "Vive l'Europe !", mais cela n'a absolument rien à voir avec LEUR union européenne.
jc
08/02/2022
PhG : "... ce n’est pas un problème canadien, c’est un problème mondial…".
Il est piquant de voir comment l'abolition des frontières -terrestres, maritimes et aériennes pour les marchandises, célestes pour la communication des idées- que prône l'ultra-libéralisme globaliste actuel, crée les conditions pour qu'un évènement local puisse prendre quasi instantanément une dimension globale. Je me demande si nous ne sommes pas en train d'assister à l'affrontement de deux camps qui se revendiquent tous les deux de la liberté, tout en en ayant, au fond, une conception radicalement différente.
Je pense que pour les libéraux-libéralistes (typiquement Biden et les "démocrates" US?) les frontières séparent et séparent seulement -et il faut donc les abolir-, alors que pour les libéraux-libertariens(?) (typiquement Trump et les "républicains" US?) les frontières séparent mais aussi réunissent -et il faut donc les garder- (2). Cette différence cruciale mérite, à mon avis, d'être regardée de plus près.
Les globalistes ont en vue la société ouverte de Bergson qui, ai-je lu (1), est le promoteur de ce concept, suivi par Popper, Hayek, Soros, Biden, Macron, etc., alors que ceux que j'appelle par opposition les localistes, ont en vue une société plus fermée (typiquement Trump et son "America first"). Cette distinction ouvert/fermé me permet de m'amarrer à mon unique point d'ancrage métaphysique qui est l'illustration par Aristote de l'opposition puissance/acte par l'opposition problème mathématique ouvert (conjecturé)/problème mathématique fermé (démontré). On pressant déjà ici que les globalistes sont plus "en puissance" et dans le virtuel, que les localistes qui, eux, sont plus "en acte" et dans le réel.
En topologie générale (mathématique) le complémentaire d'un ouvert est un fermé et, inversement, le complémentaire d'un fermé est un ouvert. Lorsqu'on veut topologiser "naïvement" la logique classique moderne -booléenne-, on traduit le "et" par l'intersection, le "ou" par la réunion, et le "non" par la complémentation. Mais les objets manipulés doivent impérativement être de même nature, soit des ouverts, soit des fermés, car la réunion d'un ouvert et d'un fermé -par exemple- n'est en général ni un ouvert ni un fermé. On doit donc faire un choix: soit ne considérer que des ouverts et donc retirer leur frontière aux fermés (qui apparaissent par complémentation/négation), soit ne considérer que des fermés et donc "fermer" les ouverts en rajoutant leur frontière. Si bien qu'on n'arrive pas à topologiser la logique booléenne car on tombe -en général- soit sur la logique intuitionniste (celle choisie par Grothendieck) qui abandonne le principe du tiers exclu mais conserve le principe de non contradiction, soit sur la logique paraconsistante (celle choisie par Thom) qui, à l'inverse, conserve le principe du tiers exclu mais abandonne le principe de non-contradiction (3) (4).
Je pense que le jour -sans doute assez éloigné- où les politiciens des deux bords sortiront de leurs joutes rhétoriques et sophistiques -comme E. Macron vient de le faire face à Poutine-, il s'apercevront qu'ils devront choisir leur camp dès ce niveau topologique, beaucoup plus apte pour régler les problèmes de topographie (la position et le rôle des frontières) que la logique aristotélicienne. La réalité des frontières terrestres(2) montre en effet qu'il y a techniquement nécessairement une zone frontière, soit locale qui appartient aux deux pays bordants, soit qui n'appartient ni à l'un ni à l'autre (mais qui appartient à la communauté globale -ONU…-): en résumé, souverainistes d'une part, fédéralistes de l'autre. Je n'avais jamais pensé à ça en ces termes, mais me voilà maintenant avec un argument "de fond" pour être souverainiste (puisque je suis "à fond" thomien) : la zone frontière comme zone de bimodalité typiquement thomienne où les choses changent (de France en Belgique par exemple) et où, par conséquent, se déploient les catastrophes.
Les belges en connaissent un rayon sur ce sujet des frontières avec les problèmes flamands/wallons. Les philosophes (belges) Dominique Lambert et Bertrand Hespel ont écrit à ce propos un article intitulé "De la topologie de la conciliation à la logique de la contradiction [logique paraconsistante]" dans lequel l'introduction débute par un exemple politique qui sera mathématisé dans le cœur de l'article. J'aime beaucoup cet article car j'y vois l'opposition entre Grothendieck et ses topos "ouverts" (5) d'une part, et Thom et ses "cotopos" fermés d'autre part.
Au niveau "divin" on retrouve donc face-à-face "mon" Dieu tout en puissance Khaos-Logos et "mon" Dieu tout en acte Kosmos-Topos. Cela ne devrait pas trop émouvoir le logocrate PhG -visiblement fermement opposé la "société ouverte" du Système-, PhG ayant depuis longtemps abandonné la logique humaine à son pauvre sort- et donc en particulier la logique aristotélicienne- (je rappelle que pour moi Khaos est la Singularité, l'Âme de Kosmos).
1: https://fr.wikipedia.org/wiki/Soci%C3%A9t%C3%A9_ouverte
2: Largeur des frontières terrestres entre 5m (BD topo standard) et 30m (BD topo pays) (http://www.cnig.gouv.fr/wp-content/uploads/2014/12/11/2014-10fronti%C3%A8res_GTEI_VF.pdf ) (p.11)
3: Thom : "Dans cette confiance en l'existence d'un univers idéal [platonicien] le mathématicien ne s'inquiétera pas outre mesure des limites ds procédés formels, il pourra oublier le problème de la non-contradiction." (AL, p.561)
4: Alain Badiou, pour qui les mathématiques sont l'ontologie, utilise ces trois logiques : "Dans mon propre système la logique de l'être pur, de l'être en tant qu'être, est classique, la logique de l'apparaître est intuitionniste, et la logique de l'évènement et des vérités qui en dépendent, du point de vue du Sujet, est paraconsistante." (Éloge des mathématiques, pp.71 et 72)
5: D'après ce que je crois comprendre la notion de topos de Grothendieck virtualise celle d'ouvert d'un espace topologique dans les cas où les points de l'espace topologique se sont évaporés (pointless topology).
Auguste Vannier
07/02/2022
En lisant cette simple et limpide analyse, j'avais l'impression qu'on parlait de mon pays et de son Président. Mais tout de même en moins pire, parce qu'en France on a l'état d'urgence permanent, et que les forces de police nombreuses et bien armées arrivent à contrôler tout ce qui déplait au Président, certes il est vrai plus jeune que le PM du Canada, ceci expliquant peut-être cela.
jc
07/02/2022
À la lecture du titre je me suis dit : tiens, PhG va citer… Comme il ne l'a pas fait, je le fais ici, en allant piocher la citation dans la caverne d'Ali Baba qu'est ce site grâce à son moteur de recherche (1):
"On reviendra là-dessus, donc, sur cette “question de caractère”, lequel, seul, permet de porter tout ensemble l’horreur et la fascination. Le mot (le “caractère”), la puissance de la chose telle qu’elle m’est apparue dans toute son évidence, m’ont été résumés par une citation du Diable boiteux, ce diable de Talleyrand qui disait ceci en 1813… (Décembre 1813 précisément, scène rapportée par Charlotte de Laborie, fille d’Antoine-Athanase Roux de Laborie, ami de Talleyrand.) :
«…Il dit alors une de ces choses qui ne sortent jamais de la mémoire quand on les a entendues ; “Je suis bien aise de vous communiquer une pensée qui est venue dans beaucoup de têtes mais que je n’ai vu bien nettement développée nulle part. Il y a trois choses nécessaires pour former un grand homme, d’abord la position sociale, une haute position ; ensuite la capacité et les qualités ; mais surtout et avant tout le caractère. C’est le caractère qui fait l’homme.” Et il citait, poursuit-elle, à l’appui de son dire, tous les demi-dieux de l’histoire : Alexandre, César, Frédéric, et ajoutait : “Si un des pieds de ce trépied qui doit se maintenir par l’équilibre doit être plus faible que les deux autres, que ce ne soit pas le caractère… que ce ne soit pas le caractère !”».
(Remarque. Je découvre -et note- la totale inversion du sens de ce mot, de Théophraste à nos jours (https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Caract%C3%A8res_(Th%C3%A9ophraste).)
1: https://www.dedefensa.org/article/chronique-du-19-courant-lhorreur-fascination
jc
07/02/2022
Je ne sais pas ce que chaque participant ou sympathisant des "Freedom Convoys" pensent individuellement de la liberté.
Ceux que j'appelle les "hasardeux" pensent que nous avons une liberté quasi totale parce que nous sommes là initialement par hasard (et ultérieurement soumis à la pression sélective qui ne conserve que les plus aptes). Ceux que j'appelle les "déterministes " pensent que notre liberté est beaucoup plus restreinte -voire nulle-, mais les thomiens -dont je suis- pensent que cette liberté existe à notre niveau, car intimement liée à la stabilité structurelle (1). Et pour moi il y a un immense fossé entre ces deux formes de liberté, fossé qui finira nécessairement, selon moi, par transparaître dans les manifestations (populaires ou non) en faveur de la liberté.
J'aime bien re-audiovisionner "Hasard, déterminisme et innovation" (2), et m'arrêter sur les petits sourires de Thom à 13'15, 24'50 et, surtout, à 48'.
1: Thom voit l'organisation sociale la plus libre -la plus anarchique- dans la métaphore d'un vol d'étourneaux, chaque individu repiquant vers l'intérieur dès qu'il voit tous ses congénères dans un même demi-espace.
2: https://www.youtube.com/watch?v=BXxKQVQFnRo
jc
07/02/2022
[J'ose ici exceptionnellement -réticence de matheux?- ce que PhG ose quasi systématiquement dès que l'article du jour l'y invite (1)]
Dans la Bible (l'Exode 3.14!) YHWH s'est adressé à Moïse: "La traduction de cette formule est variable : « Je suis Celui Qui suis », « Je suis qui Je serai », « Je suis qui je suis », « Je suis Celui Qui Est », etc. Dans la traduction grecque de ce passage, les termes employés ouvrent la porte à une interprétation d’ordre métaphysique : « Je suis l’Étant » "(2). Thom en Jacob et Grothendieck en Moïse et des temps modernes?
J'ai choisi Jacob pour Thom uniquement à cause de : "Au cours de son voyage vers Harran, Jacob passe la nuit à Béthel, prend une pierre comme chevet et y a la vision d’une échelle atteignant le ciel et de Dieu se tenant en haut de cette échelle.". La pierre, socle sur laquelle s'appuie l'échelle de Jacob, c'est la catastrophe "triviale" de potentiel V(x)=x², qui a la propriété d'être son propre déploiement universel, catastrophe à laquelle Thom associe le verbe être et le substantif être (3), catastrophe triviale que l'on peut donc appeler yhwh (en minuscules bien entendu). Et Thom-Jacob de détailler les sept premiers barreaux de l'échelle: ses sept catastrophes élémentaires, les seules réalisables, selon lui, dans notre espace-temps (4); et de suggérer "une échappée en "Métaphysique extrême" que le lecteur me pardonnera peut-être" qui n'est autre que ce que j'appelle sa tirade de Porphyre (ES, p.216) que j'ai souvent citée ici, tirade qui, couplée à ce qui est pour lui "le mécanisme qui commande toute morphogenèse" (SSM, 2ème ed., p.32) le met, selon moi, en concurrence directe avec Heidegger (dont je n'ai rien lu "dans le texte"), et me conduit à voir YHWH comme limite projective (5) de toutes les catastrophes en toutes dimensions, limite "évidemment" infinie puisque divine. Je crois que cette métaphore de l'échelle de Jacob symbolise bien la façon de penser de Thom: celle d'un topologue qui part du rez de chaussée, sans coup de baguette "magique", l'esprit montant pas à pas, sans jargonnage, l'échelle de Jacob (6).
Grothendieck-Moïse, c'est pour moi tout l'opposé de Thom, c'est quelqu'un dont la pensée "cosmique" ne touche pas le sol -et ne cherche pas à le toucher-, et je ne suis pas du tout étonné qu'il sous-titre son "La clef des songes" par "Dialogue avec le bon Dieu".
Ne connaissant quasiment rien ni de Grothendieck ni de son œuvre mathématique, je reviens à "mon" Thom, pour moi prophète (Thom-Moïse) à la toute fin de SSM (2ème ed.) (les majuscules sont de moi):
"Dans le domaine des sciences humaines, il m'est difficile de me rendre compte si ma tentative présente quelque intérêt; mais en écrivant ces pages, j'ai acquis une conviction : au cœur même du patrimoine génétique de notre espèce, au fond insaisissable du logos héraclitéen de notre âme, des structures simulatrices de toutes les forces naturelles extérieures agissent, OU EN ATTENTE, SONT PRÊTES À SE DÉPLOYER QUAND CE SERA NÉCESSAIRE. La vieille image de l'homme microcosme reflet du macrocosme garde toute sa valeur : qui connaît l'homme connaîtra l'univers. Dans cet "essai d'une théorie générale des modèles" [sous-titre de SSM], qu'ai-je fait d'autre, sinon de dégager et d'offrir à la conscience les prémisses d'une méthode que la vie semble avoir pratiquée dès son origine?".
Louis Pergaud: "Ah ! les voies de Dieu (on a bien raison de le dire) sont impénétrables et ses instruments inconscients viennent se jeter dans nos jambes comme des roquets dans un jeu de quilles." (Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921) (https://fr.wiktionary.org/wiki/les_voies_de_Dieu_sont_imp%C3%A9n%C3%A9trables);
PhG : "... si nous ne savons pas où nous allons, le ‘Freedom Convoy’ et nous, les “forces supérieures” ainsi citées le savent parfaitement.".
1: L'article de ce jour : https://www.dedefensa.org/article/le-freedomconvoy-de-la-g5g-hybride .
2: https://fr.wikipedia.org/wiki/Mo%C3%AFse#R%C3%A9cit_biblique
3: Cf. le tableau de la fin de "Topologie et signification", MMM.
4: Auxquelles il associe des formes d'être (verbe) de plus en plus élaborées (cf. 3).
5: Et non limite inductive, ce que, en matheux, je traduis du reproche essentiel que Maurice Corvez fait à Heidegger : cf. la partie "Insuffisance de l'explication" de https://www.persee.fr/doc/phlou_0035-3841_1965_num_63_78_5305
6: La fin de la phrase est une légère paraphrase de la fin de la quatrième de couverture de MMM (1ère ed.). On a une idée de cette lente montée dans le chapitre 9 de SSM, épigraphé "Et le Verbe s'est fait chair", et décliné en: épigenèse primitive, épigenèse moyenne, épigenèse tardive.
7: https://agrothendieck.github.io/divers/clef.pdf
jc
06/02/2022
Pour moi Thom est un "substantialiste", un topologue/géomètre, qui part du Kosmos-Dasein-Topos pour tenter de remonter au Khaos-Sein-Logos, alors que je vois Grothendieck comme un "essentialiste", un algébriste/arithméticien, qui tente de parcourir le même chemin en sens inverse en simulant pour ce faire les topos "mystiques" (1) de Thom par ses propres topos« diaïrétiques ». J'ose à ce propos l'analogie biblique Thom-Caïn et Grothendieck-Abel, étant convaincu que c'est le "bombinans in vacuo" thomien (2) qui a poussé Grothendieck à quitter l'IHES (3).
Je pense que le "visionnaire-topocrate" Thom a fait sa part (4) et que c'est maintenant aux "dictionnaires-logocrates" grothendieckiens de faire la leur : après l'image et la prose thomiennes, la musique et le cantique, le nombre et le quantique. grothendieckiens. Après le platonicien "Que nul n'entre ici s'il n'est géomètre", le pythagoricien "Que nul n'entre ici s'il n'est arithméticien", donnant raison au Guénon du "Règne de la quantité..." avec son :
"... par la force des choses, les sédentaires en arrivent à se constituer des symboles visuels, images faites de diverses substances, mais qui, au point de vue de leur signification essentielle, se ramènent toujours plus ou moins directement au schématisme géométrique, origine et base de toute formation spatiale. Les nomades, par contre, à qui
les images sont interdites comme tout ce qui tendrait à les attacher en un lieu déterminé, se constituent des symboles sonores, seuls compatibles avec leur état de continuelle migration. Mais il y a ceci de remarquable, que, parmi les facultés sensibles, la vue a un rapport direct avec l’espace, et l’ouïe avec le temps : les éléments du symbole visuel s’expriment en simultanéité, ceux du symbole sonore en succession ; il s’opère donc dans cet ordre une sorte de renversement des relations que nous avons envisagées précédemment…",
et justifiant peut-être ainsi son:
"Ainsi, un « retournement » [216] s’opère en dernier lieu contre le temps et au profit de l’espace : au moment même où le temps semblait achever de dévorer l’espace, c’est au contraire
l’espace qui absorbe le temps ; et c’est là, pourrait-on dire en se référant au sens cosmologique du symbolisme biblique, la revanche finale d’Abel sur Caïn.".
Thom s'est beaucoup intéressé à tenter de géométriser la physique quantique, sans guère de succès à ma connaissance. Dans sa conférence sur le déterminisme (Figueras, 1985) il dit (36' à 37') à propos de la mécanique quantique qu'il y a la question de la phase qui reste à résoudre : "Le consensus intersubjectif n'est valable qu'au niveau des rayons, et non au niveau de la fonction d'onde.". Et pour moi -qui n'y connais rien en physique quantique, c'est beaucoup plus un problème d'arithmétique que de géométrie (ou, plus précisément, beaucoup plus un problème de géométrie arithmétique "à la Grothendieck" qu'un problème de géométrie différentielle "à la Thom".
Je dis tout ça pour pointer le fait que le Sein et le Dasein présentés ci-dessus le sont uniquement d'un point de vue géométrique (du seul point de vue des rayons dans la citation ci-dessus), c'est-à-dire du point de vue de la seule Jérusalem céleste, et qu'il reste à faire l'analogue temporel, c'est-à-dire du point de vue du Paradis céleste, pour in fine coupler les points de vue temporel et spatial en un Dieu Sein1Dasein (alias Khaos&Kosmos) spatio-temporel. ("évidemment" de dimension infinie puisqu'il s'agit du divin. Et je me demande si, au fond, ce n'est pas un reproche de plus -oublier le paradis terrestre- que Corvez fait à Heidegger lorsqu'il parle de "Générosité et Libéralité, Gracieuseté et Grâce, etc" (pp. 277 et 278).
1: "(...) il y a une certaine opposition entre géométrie et algèbre. Le matériau fondamental de la géométrie, de la topologie, c'est le continu géométrique ; étendue pure, instructurée, c'est une notion « mystique » par excellence. L'algèbre, au contraire, témoigne d'une attitude opératoire fondamentalement « diaïrétique ». Les topologues sont les enfants de la
nuit ; les algébristes, eux, manient le couteau de la rigueur dans une parfaite clarté.".
2: Cf. la conclusion de "DE l'icône au symbole" dans MMM.
3: Cf. "Récoltes et semailles", p. 757 (https://agrothendieck.github.io/divers/ReS.pdf).
4: Cf. les paragraphes 3, 4 et 5 de "Topologie et signification", MMM. (Thom écrit quelque part -PNPE?- qu'il n'a aucune attirance pour l'arithmétique et l'algèbre.)
jc
06/02/2022
En reparcourant l'article de Maurice Corvez, j'ai été arrêté par ce qu'il écrit du milieu de la page 274 au haut de la page 275, pages où il associe le Sein au Logos, ce qui me convient tout-à-fait car, pour moi, le Sein est La Singularité-Khaos, le centre organisateur du DaSein-Kosmos, Dasein que je vois, non comme une pensée -ce que font Heidegger et Corvez?- mais associé au Topos, l'unification du Sein et du Dasein en "mon" Khaos&Kosmos étant associé à la topologie ou la logotopie (1), selon le point de vue choisi. Et Thom comme Guénon ont, je crois, privilégié la logotopie (déploiement du topos à partir du logos ), ce qui m'étonne de la part de Thom , car je le perçois nettement comme un topologue (2)-.
Que donne tout ça lorsque le métaphysicien, en principe parvenu à ce point originel de l'ontologie, daigne redescendre jusqu'à nous, individus d'en bas, c'est-à-dire simples étants (3)? Il me semble qu'on se retrouve alors sur la thomienne carte légendée du sens (4) où Thom écrit:
"En haut le chaos des forces naturelles ; en bas, la paix du néant ; entre les deux, une sorte de croissant que l’on peut renverser, et que l’on peut voir comme un canot flottant sur le bouillonnement des forces naturelles." (que je paraphrase en "En haut le Dieu Khaos ; en bas le Dieu Kosmos ..."),
puis :
"Cela donne une idée assez précise du rôle du langage comme support de ce que Heidegger appelle le souci. Il dit que l’existence est liée au sentiment d’inquiétude, au besoin que nous avons de réagir au danger qui nous menace. C’est peut-être une présentation trop concrète pour un métaphysicien, mais c’est assez réel. Le logos existe seulement dans cette zone où règne le danger, mais celui-ci peut être conceptualisé, et donc traité en fonction de connaissances antérieures et, du même coup, neutralisé.",
d'où je tire que le logos (l minuscule) et le topos (t minuscule) sont les infimes parts du Logos et du Topos qui sont accessibles aux simples étants que nous sommes, embarqués sur le canot des forces naturelles, la proue dirigée vers le Logos-Sein-Khaos et la poupe vers le Topos-DaSein-Kosmos.
Peut-être que pour neutraliser notre souci "heidegerrien" n'avons-nous essentiellement et substantiellement que ces deux possibilités: le dire et le voir?
1: Mot que j'ai lu pour la première fois sous la plume du mathématicien-philosophe René Guitart: "Je dirai la chose ainsi encore : la portée de ce que Lacan peut être amené à nous proposer avec ses élaborations autour des objets mathématiques, tels que la bande de Moebius et l'entrelacs borroméen, est moins de l'ordre de la topologie (élaboration d'un discours sur la question des lieux) que de ce que j'appellerai la logotopie (élaboration de lieux sur la question des discours).(Evidence et Etrangeté, p.28, PUF).
2: Sa préférence apparaît nettement dans le chapitre 9 de SSM (2ème ed.) car épigraphé : "Et le Verbe s'est fait chair", et également dans la citation suivante: "(...) on peut se demander si la réticulation ne serait pas la donnée première, la construction globale de l'espace-temps ne s'effectuant que par un processus de concaténation à partir des espaces engendrés par les processus d'éclatement associés aux points centraux. Je verrais volontiers l'archétype fondamental de la notion d'espace, l’Urbild de la spatialité, dans l'image d'un point centre organisateur, qui s'étoile en une configuration sous-tendant tout un espace associé.", citation que je rapproche d'une autre, cette fois de Guénon dans le chapitre IV intitulé "Les directions de l'espace de "Le symbolisme de la croix" -où l'on voit que Guénon se situe dans l'espace 3D euclidien et non projectif puisqu'il considère six directions et non trois-: "L’ensemble de ces deux croix, qui ont le même centre, forme la croix à trois dimensions, dont les branches sont orientées suivant les six directions de l’espace; celles-ci correspondent aux six points cardinaux, qui, avec le centre lui-même, forment le septénaire.".
3: Cf. ES, p.216.
4: http://strangepaths.com/forum/viewtopic.php?t=41
jc
05/02/2022
En essayant de comprendre (via Wikipédia…) la différence entre le Sein et le Dasein de Heidegger, je suis tombé sur un article d'un certain Maurice Corvez -qui s'est avéré, après recherche sur la toile (2) être un dominicain- article intitulé "L'Être et l'étant dans la philosophie de Heidegger" (1), que j'ai lu comme je bois du petit lait, en identifiant le Sein à "mon" Dieu Khaos (Dieu en toute puissance) et le Dasein à mon Kosmos (Dieu tout en acte) (3).
Selon Corvez, Heidegger butte sur le manque de lien entre Sein et Dasein; et Corvez lui-même, qui termine l'article avec sa propre vision des choses, également, le Dieu Sein et le Dieu Dasein ne peuvent être identiques puisque l'un est là et l'autre n'est pas là; on n'est pas en présence d'un Être unique, ce qui gêne Heidegger comme Corvez, et aussi tous les "auto", tous ceux qui -dont moi- recherchent l'Être en soi unique qui contient en lui-même son propre principe, l'Être immanent (4).
"Mes" Dieux Khaos et Kosmos proviennent d'une idée thomienne toute différente, trouvée aux pages 32 et 33 de SSM (2ème ed.), idée théologisée par Thom dans sa "tirade de Porphyre" (ES, p.216), l'Ëtre en soi thomien étant l'analogue d'une fonction indéfiniment différentiable, inspécifiée et indifférentiée (5), Être en soi tout en puissance que je qualifie de Dieu Khaos, analogue selon moi du Sein de Heidegger.
J'ai déjà tenté d'identifier ce Dieu Khaos -Sein -Dieu œuf- au Dieu Kosmos-Dasein -Dieu poule- en de nombreux commentaires de https://www.dedefensa.org/article/glossairedde-structure-crisique, en particulier les "Symboliser le Grand Tout". Dans ce qui suit je précise un peu comment je vois la chose, sur le mode "théorétique fiction".
Thom associe une "forme d'être" de plus en plus évoluée à chacune de ses sept catastrophes élémentaires. La plus simple d'entre elles est la catastrophe de potentiel V(x)=x², tellement simple qu'elle n'est pas comptabilisée dans la liste. Cette catastrophe a une particularité que n'ont pas les autres: elle est "auto" en ce sens qu'elle est son propre déploiement: théorétiquement son sein coïncide avec son dasein, le verbe être coïncide avec le substantif être, à la différence de toutes les autres, pour qui le dasein déploie strictement le sein, typiquement la catastrophe pli de potentiel V(x)=x³ et de déploiement W(x,y)=x³+xy, où y est une nouvelle variable.
Il me paraît clair que pour retrouver cette situation "auto" -c'est-à-dire immanente-, et donc une situation où Sein et Dasein coïncident, il est nécessaire de monter à une infinité de variables, ce qui conduit naturellement (pour les matheux…) à se placer dans l'espace de Hilbert séparable -espace qui a le bon goût d'être universel dans sa classe- et à considérer une fonction V "potentiel" de H dans H indéfiniment différentiable -dont on remarque que la différentielle en chaque point est exactement une observable de la physique quantique (si on considère l'espace de Hilbert complexe)-. J'y rajouterai une petite touche projective en considérant l'espace de Hilbert projectif, car ces espaces sont pour moi mystérieux, voire mystiques, et ce d'autant plus que la dimension augmente (6).
Je m'arrête là en citant PhG : "La sagesse, aujourd'hui, c'est l'audace de la pensée", et Thom : "La voie de crête entre les deux gouffres de l'imbécilité d'une part et le délire d'autre part n'est certes ni facile ni sans danger, mais c'est par elle que passe tout progrès futur de l'humanité".
1: https://www.persee.fr/doc/phlou_0035-3841_1965_num_63_78_5305
2: suite aux envolées lyriques de la fin de l'article que ce qui précédait ne laissait pas prévoir (pp. 277 et 278).
3: Le Dasein heideggerien est traduit en français par Étant. Personnellement je le traduis Être-là et je le pense Être en acte, et l'oppose au Sein que je traduis Être-pas-là et que je pense Être en puissance.
4: Être qui, bien entendu, transcende infiniment tous les étants (é minuscule).
5: indifférentiée avec un "t" de matheux, à distinguer -mais à mettre en regard- du indifférenciée de biologiste.
6: https://fr.wikipedia.org/wiki/Hexagramme_de_Pascal
jc
05/02/2022
Àprès réflexion cette opposition substance/essence est bien confuse dans ma tête (1): l'assassinat de Souleiman était "en puissance" dans les cartons de la CIA bien avant d'être "acté" le 03/01/2020. Et j'ai lu depuis (2) :
"Le terme d'οὐσία est un nom féminin tiré du verbe εἶναι (einai), qui signifie « être ». L'οὐσία est donc l'essence, la substance. Il a par conséquent été traduit en latin par substantia et essentia. Cicéron utilise le terme d'essentia ; chez Boèce, on trouve essentia dans le Contra Eutychen, où il traduit « ousiôsis » par « subsistentia », et « hupostasis » par « substantia » ; en revanche, dans sa traduction des Catégories, il traduit « οὐσία » par » substantia ».".
Pour moi "mon" Dieu Khaos tout en puissance est l'âme de "mon" Dieu Kosmos" qui en est le déploiement "embryologique" tout en acte. J'ai personnellement tendance à mettre l'âme du côté de la substance (et de la matière) car je la vois emprisonnée (l'âme d'un cordage, l'âme d'un violon) dans son corps qui en est la forme (le cordage, le violon): je la vois comme une singularité (et au niveau divin, La Singularité -"mon" Dieu Khaos-) dont l'objectif, la cause finale est de se régulariser en se déployant, en s'actualisant : Aristote ne disait-il pas que l'âme était au corps ce que la vue était à l'œil…
Dans "Esquisse d'une sémiophysique" Thom consacre une bonne partie du chapitre 7, intitulé "Perspectives en biologie aristotélicienne", à balancer entre matière et forme et entre puissance et acte. Il consacre une longue note de fin de chapitre (p.194) à ce sujet, note qu'il termine par : "C'est là -bien évidemment- tout ce qui fait le charme -et toute la difficulté- d'une théorie de l'embryogenèse."
Thom écrit quelque part que la philosophie est une discipline beaucoup plus ardue que les mathématiques -et je le crois volontiers-. Mais il propose de les rapprocher méthodologiquement: "Il faut être philosophe en sciences et scientifique en philosophie". Il est de fait que pour un matheux basique qui se lance en métaphysique -moi en l'occurrence- le fait de travailler avec des termes mal définis est une difficulté que les mathématiciens -les vrais- tentent d'éviter le plus soigneusement possible (un siècle pour préciser la notion d'ensemble et voir plus clair dans les paradoxes initialement attachés à ce mot.)
1: Mais, à mon avis, pas assez dans celle de René Guénon -qui assimile la substance à la Matière -qui est pour lui le Mal-, lorsqu'il écrit dans "Le chaos social", chapitre VI de "La crise du monde moderne" : "L’argument le plus décisif contre la « démocratie » se résume en quelques mots : le supérieur ne peut émaner de l’inférieur, parce que le « plus » ne peut pas sortir du « moins » ; cela est d’une rigueur mathématique absolue, contre laquelle rien ne saurait prévaloir."
2: https://fr.wikipedia.org/wiki/Ousia
Jean-Claude Cousin
05/02/2022
En somme, nous avons là deux grandes et vieilles civilisations, unies par un bien commun et sachant prendre le temps et la mesure, face à un fou surarmé et hystérique, si enfoncé dans son délire qu'il n'entend que son propre discours, complètement hypnotisé par lui, un fou qui brandit ses armes : elles sont ébréchées, mais encore suffisamment dangereuses pour blesser, voire tuer tout le monde y compris lui-même.
A un rhinocéros furieux, on envoie une flèche remplie de morphine. Reste à trouver un équivalent, avant qu'il n'y ait des dégâts graves. Et un équivalent suffisamment habile, pour que des boutons ne soient pressés malencontreusement par un acteur complètement inconscient de ses actes. Et l'on repense au film Docteur Folamour…..
QUE L'UNIVERS NOUS VIENNE EN AIDE….. je repense à un livre que j'ai tant relu qu'en racheter un exemplaire a été nécessaire. Un Terrien effrayé des menaces de guerre sur notre globe en parlait à un originaire d'une autre planète, et celui-ci lui assurait qu'il y avait un remède, radical, qui était prévu si le feu vert était donné par le Terrien : la stupidité, fe fait que d'un seul coup toute intelligence disparaisse, que personne ne sache plus faire fonctionner n'importe quelle machine, donc que même appuyer sur un bouton devienne impensable. Oh, des conflits pourraient encore se produire, à coups de pierres, de massues, mais ce ne serait plus irrémédiable. Et puis les choses pourraient doucement repartir, au bout de 3 ou 4 générations. Faudrait-il en arriver là ?
jc
04/02/2022
À la fin de "La crisologie de notre temps, le chapeau du site, on lit : "La “crise” est aujourd’hui substance et essence même du monde, et c’est elle qui doit constituer l’objet de notre attention constante, de notre analyse et de notre intuition.".
Dans l'introduction du présent article on lit :
1. "Il doit se comprendre ici que nous établissons un lien métahistorique entre l’“assassinat métahistorique de Souleiman”, le début de la crise-Covid19 et le passage à la décennie des néo-Roaring Twenties. Ce lien ne concerne pas la signification, le contenu opérationnel des événements, mais ce que nous considérerions comme l’“essence commune” d’événements nécessairement métahistoriques, qui sont justifiés d’une telle essence que l’on pourrait qualifier symboliquement, – ou plus encore ? – de “quasi-divine” par la période qu’ils ouvrent et illustrent puissamment, et par les effets qu’ils engendrent…" , suivi de :
2. "Ce qui va se passer” est dans “ce qui s’est inscrit” comme fœtus dans le ventre de sa mère, dans ce cas la “mère de tous les possibles”.", suivi de la citation de Fabrice Hadjadj, récurrente dans "La Grâce…", complétée par ce que PhG en déduit.
Ce que je déduis de 2. c'est que le temps n'a rien à voir là-dedans, et donc qu'il s'agit de savoir si "l’“assassinat métahistorique de Souleiman”, le début de la crise-Covid19 et le passage à la décennie des néo-Roaring Twenties" sont substantiels ou essentiels. Le 1; semble suggérer qu'ils sont essentiels pour PhG ("essence commune", "essence") Pour moi ce sont des évènements substantiels, ce que semble confirmer le :
"“Ce qui va se passer” est dans “ce qui s’est inscrit” comme fœtus dans le ventre de sa mère, dans ce cas la “mère de tous les possibles”,
car, pour moi, substance, matière et puissance ("mère de tous les possibles") sont du même bord, bord opposé à l'essence, la forme et l'acte.
La question est de savoir si ces évènements substantiels ont ou non une essence commune. La réponse de PhG qui amalgame ici -volontairement?- substance et essence, est pour moi l'analogue de celle d'un mathématicien qui conjecture un théorème -étymologiquement l'objet d'une vision- en lequel il a tellement foi qu'il se dispense d'en faire une démonstration (spécialité de Thom et de Grothendieck). Mais peut-être PhG veut-il nous indiquer par cet amalgame que nous sommes déjà dans l'œil du tourbillon de la GCES où la distinction substance/essence s'abolit (mon "volontairement?")?
Bien entendu je ne me perdrais pas en de telles arguties si ce qui est ici en question n'avait pas un rapport étroit avec la citation de Daniel-Rops chère à PhG car objet du tome III de "La Grâce":
"Dans cette lutte prodigieuse entre la matière rétive et la volonté créatrice.".
jc
04/02/2022
PhG : "C’est bientôt et désormais aux gouverneurs des États qui existèrent avant de se constituer en Union ou qui se sont créés en tant que tels malgré l’Union, de jouer leur jeu, un jeu auquel les événements les contraint.".
À la seule lecture de Wikipédia (1) les USA fédérales n'auront duré que deux ou trois ans : "Le 4 juillet 1776, la Déclaration d'indépendance des États-Unis est proclamée et les Treize Colonies se déclarent États des États-Unis d'Amérique en se dotant de constitutions écrites.". Car par les Articles de la Confédération le 15 mars 1777 "les États ne peuvent plus conclure d'autres traités, ni entre eux, ni avec des États étrangers sans le consentement du Congrès (...) Cette constitution attribue donc au Congrès le pouvoir exclusif sur la guerre, les affaires étrangères, la politique monétaire: clic-clac, fini le fédéralisme, vive l'impérialisme, finie l'Union Bottom-Up, vive l'Union Top-Down.
Pour moi, dès 1777, il était écrit que le principe d'un gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ne pouvait s'appliquer, autrement dit la démocratie ne pouvait être qu'un simulacre de démocratie ("Son caractère démocratique au sens actuel du terme, avec le suffrage universel, apparaît plus progressivement."). La première constitution "est fortement influencé par l'idée que la vertu publique est la garante du bien public et par une méfiance envers le pouvoir exécutif."; "Les pères fondateurs se rendent compte qu'ils avaient été trop optimistes sur la nature humaine et que la vertu publique est une utopie. Alexander Hamilton est chargé de réfléchir sur un nouveau projet tenant compte d'une définition plus réaliste de la nature humaine.". Ce qui arrive maintenant aux USA était pour moi écrit dans la Constitution de 1777, mais ne se manifeste que depuis le début de la décadence US : défaite face au Vietnam, faillite des USA sous Nixon, etc.).
La France s'est empressée de s'inspirer de cette constitution US dès 1791, et celle de la Vème est un modèle d'impérialisme jacobin : Emmanuel Macron peut remercier Michel Debré (2). Je pense que la bonne direction à prendre est celle prise par les USA pendant les toutes premières années de son existence. Mais convaincre qu'il s'agit de la bonne direction nécessite de vaincre une inertie sociale qui, en France, est vieille de plusieurs siècles (Éric Zemmour, qui a présenté sa candidature dans une mise en scène gaullienne, est pour moi un homme du passé).
Pour en revenir à la citation de Le Bon (les institutions ne sont jamais que « l’enveloppe extérieure d’une âme intérieure »), l'enveloppe extérieure c'est le chef qui peut tenir son pouvoir soit de l'extérieur (représentant d'un pouvoir transcendant sur lequel il s'appuie pour nommer ses vassaux: Vox Dei, Vox Populi) soit de l'intérieur (représentant élu du pouvoir immanent du peuple : Vox Populi, Vox Dei). La fermeté de l'âme d'un peuple étant, selon moi, proportionnelle à son enracinement, la France, avec son enracinement multimillénaire, a un très net avantage sur les USA.
1: https://fr.wikipedia.org/wiki/Constitution_des_%C3%89tats-Unis#Les_Treize_Colonies_et_l'ind%C3%A9pendance
2: Paraît-il le père de cette constitution.
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