jc
15/01/2022
Le fait de dissocier Khaos et Kosmos et de donner la priorité ontologique à Khaos -comme je l'ai fait jusqu'ici- m'est désagréable dans la mesure où je vois en Khaos l'œuf cosmique et en Kosmos la poule cosmique, et aussi dans la mesure où la Tradition voit l'œuf cosmique en paradis céleste et la poule cosmique en Jérusalem terrestre (1).
En 2D, au lieu de symboliser Khaos par un cercle, comme c'est la Tradition, et Kosmos par un carré, je pense préférable de représenter Khaos par un cercle circonscrit à un carré/losange, et Kosmos à un cercle inscrit dans un carré/carré. Le carré/losange, obtenu en joignant les sommets de la croix (2) et inscrit dans le cercle symbolise Khaos "en acte" contenant Kosmos en puissance, le carré/losange en équilibre instable sur sa pointe symbolisant l'instabilité structurelle de Khaos. Le carré/carré circonscrit au cercle symbolise, quant à lui, la stabilité structurelle de Kosmos "en acte" contenant Khaos "en puissance". En termes plus théologiques Khaos est une âme-en-acte/corps-en-puissance alors que Cosmos est un corps-en-acte/âme en puissance.
En 3D (c'est là que se passe l'embryologie réelle) on remplace le cercle par la sphère d'une part et le carré/losange par octaèdre régulier et le carré/carré par cube d'autre part. Cela établit une dualité entre corps et âme (3), alias entre forme et matière, ou encore entre matière informée et matière informe (l'âme étant représentée par une sphère parfaitement lisse, donc informe), soit, plus intelligiblement (à mes yeux…) entre matière structurellement instable et matière structurellement stable.
Mais ce symbolisme m'est encore désagréable parce qu'il établit un dualisme entre la res extensa de Kosmos et la res cogitans de Chaos. Comment fusionner ce dualisme en le monisme thomien (4), comment fondre Khaos et Kosmos en un unique Khaos&Kosmos et comment symboliser ce Dieu Janus? C'est le problème de l'œuf et de la poule à propos duquel Thom écrit dans SSM: "...la poule et l'œuf ne sont que des sections temporelles d'une configuration globale dont le centre organisateur n'apparaît jamais, autour duquel l'onde de croissance tourne indéfiniment".
Passer du Khaos au Kosmos c'est symboliquement passer de la sphère circonscrite à l'octaèdre à la sphère inscrite dans le cube. Géométriquement il s'agit de retourner l'intérieur de la sphère et tout ce qui s'y trouve -ici l'octaèdre- en l'extérieur de la sphère et tout ce qui s'y trouve -ici le cube-. C'est un problème que les matheux ont longtemps cru impossible à résoudre mais non seulement on sait maintenant qu'il est soluble mais on sait aussi effectivement retourner une sphère (5). Cela se fait par invagination -un terme qui revient souvent en embryologie réelle, ce qui licite son usage en "embryologie cosmique"- et le premier à avoir effectivement ainsi retourné une sphère est un mathématicien aveugle (6). Le symbole dynamique de ce Dieu Janus est alors tout trouvé: c'est la vidéo de (5). Le symbole statique -classique- est lui aussi tout trouvé : c'est la photo de l'instant de la vidéo où la surface est unilatère, c'est-à-dire où l'intérieur et l'extérieur sont confondus : cf. (6).
L'hexagramme découvert par Pascal a été qualifié d'hexagramme mystique (7). Je trouve un côté encore plus mystique au retournement de la sphère, le côté mystique prenant évidemment de l'ampleur lorsqu'on l'associe au Grand Tout. La géométrie qui est en jeu dans les deux cas est la géométrie projective: une géométrie mystique?
Pour conclure.
Quel rapport avec "La Grâce…" et les préoccupations de PhG? C'est que le Grand Tout ainsi symbolisé statiquement est , selon moi…, à l'exact milieu entre la res extensa et la res cogitans, c'est-à-dire à l'exact milieu qui renvoie dos-à-dos les tenants de l'idée supérieure à la réalité et ceux de la réalité supérieure à l'idée (8).
La lutte entre la matière et la volonté créatrice est plus que prodigieuse, elle est pour moi prodigieusement mystique.
1: Dans la littérature Paradis et Jérusalem sont, au choix, qualifiés de terrestre ou de céleste. Voir les "explications" de Guénon dans "La sphère et le cube" de "Le règne…" (et sans doute ailleurs).
2: Voir "Le Symbolisme de la croix" par R. Guénon.
3: Dualité soulignée par la dualité de ces deux solides de Platon, l'octaèdre étant associé à l'air et le cube à la terre, ce qui explique mon choix de Paradis céleste et de Jérusalem terrestre.
4: "C'est sans doute sur le plan philosophique que nos modèles présentent l'apport immédiat le plus intéressant. Ils offrent le premier modèle rigoureusement moniste de l'être vivant, ils dissolvent l'antinomie de l'âme et du corps en une entité géométrique unique." (SSM, 2ème ed., conclusion)
5: https://fr.wikipedia.org/wiki/Retournement_de_la_sph%C3%A8re
6: Jacques Lacan s'est "évidemment" aussitôt intéressé à ce résultat , tel l'ours attiré par le miel: https://www.jp-petit.org/nouv_f/lacan_jpp.pdf
7: https://fr.wikipedia.org/wiki/Hexagramme_de_Pascal
8: Le pape François a édicté quatre principes dès le début de son pontificat. L'un d'eux est: "La réalité est supérieure à l'idée".
jc
14/01/2022
Sur fond d'opposition Macrocosme/microcosme.
Wikipédia étant laconique -et incomplet- sur la notion de singularité en mathématiques, je renvoie au chapitre 5 de leçons données à l'IRCAM (1,2) par Yves André, mathématicien-philosophe. Extraits:
1. "intuitivement, lisse veut dire « infiniment doux à la caresse »; formellement : indéfiniment différentiable." ;
2. "une singularité est donc un « défaut de lissité », une « aspérité » ou une « crise », dans un contexte génériquement lisse." ;
3. "Si le lisse est générique, si donc « la caresse rencontre presque partout de l’infiniment doux », pourquoi se préoccuper des singularités, ces « aspérités exceptionnelles » ?
4. "les singularités et autres bifurcations (changements de régime), loin d’être des « impuretés » dont il faudrait se débarrasser, en disent souvent long sur les systèmes étudiés tout entiers, comme si ces derniers étaient caractérisés par leurs « crises ».
5. "la théorie des singularités va opérer une sorte de renversement dialectique : elle va thématiser ces obstructions, en faire des objets mathématiques à part entière, les décrire, les classifier, etc. Dans ses listes le point lisse ne figurera plus qu'en tant que "singularité triviale".
Quand on considère une œuvre d'art "visuelle" (peinture, sculpture) l'œil est attiré par les singularités (et pour les œuvres d'art "auditives", c'est l'oreille) : c'est pour moi l'âme de l'œuvre d'art, exactement au sens où "mon" Dieu-Khaos est l'âme de "mon" Dieu-Kosmos, Kosmos étant "évidemment" considéré comme une œuvre d'art.
Il suit qu'une œuvre d'art sans singularité est une œuvre d'art sans âme, c'est-à-dire la négation d'une œuvre d'art. Il suit aussi que, pour moi, le cercle ou la sphère (qui sont infiniment lisses à la caresse) ne peuvent symboliser Dieu-Khaos, alias l'œuf cosmique, selon l'idée bien naturelle que de l'homogène ne peut sortir l'hétérogène (en particulier le Dieu-Kosmos). Guénon en fait la remarque en bas de page dans "La sphère et le cube"(3).
Cette notion mathématique de singularité se retrouve en sociologie, chaque être humain étant en général considéré comme un être singulier et unique, c'est-à-dire comme une singularité basse, opposée à La Singularité Haute qu'est "mon" Dieu-Khaos. Identité de l'âme des humains (la même que celle du Dieu-Khaos) mais diversité du corps, identité de la présentation mais diversité de la représentation (4) ?
Chantal Delsol (5) et Gilles Châtelet (6) défendent la singularité de chaque être humain.
1: ( http://www.entretemps.asso.fr/maths/Livre.pdf ) Je n'ai pas encore compris en quoi des théoriciens de la musique peuvent être intéressés par ces leçons. (Par contre ces leçons -en particulier le chapitre 5- me semblent être faites pour intéresser des théoriciens de la peinture et de la sculpture! - cf. https://journals.openedition.org/signata/2315 -)
2. Le lecteur de ces lignes est invité à ne pas manquer de lire la fin 5.5.3 de ce chapitre 5, en rapport avec ce qui est pour moi la fascinante intuition haute, très haute, de certains nos anciens (ici Platon), intuition qui vient je ne sais d'où!
3. "Le règne de la quantité et les signes des temps".
4. Avant ce commentaire j'étais a priori analogiste -car attiré par la théorie thomienne des catastrophes qui est une théorie de l'analogie-. Me voilà maintenant animiste ? En tout cas certainement pas naturaliste (en quoi Descola reconnaît «l’ontologie moderne»). https://journals.openedition.org/lhomme/21752
5. "Éloge de la singularité, essai sur la modernité tardive" (2000) (je n'ai lu que la quatrième de couverture).
6: "Vivre et penser comme des porcs" (Gilles Châtelet, 1999) qui se termine par "Ce serait peut-être une définition moderne du communisme : "À chacun sa singularité". (GC oppose l'héroïsme du quelconque" -c-à-d de l'être singulier selon lui- à l'homme moyen "issu de la yaourtière à classe moyenne" que l'élite-Système de la "surclasse globaliste" des "Cyber-Gédéons" et des Turbo-Bécassines" s'emploie à imposer.
* : une surclasse globaliste qui, en France, dépeint, selon moi, assez parfaitement LAREM et son chef…
jc
14/01/2022
Qu'est-ce qui différencie le Grand Tout en puissance ("mon" Dieu-Khaos) du Grand Rien en puissance (le chaos des modernes)?
Je vois ça comme ce qui différencie l'art (et/ou le jeu) du délire, à savoir la confusion des substrats ou des concepts (cf. mon .0). Typiquement je vois le passage du Grand Tout au Grand Rien par la confusion de l'énergie potentielle, force en puissance (δύναμις), et de l'énergie active, force en action (ἐνέργεια), pour donner naissance à une force "mixte" très dégradée que je qualifie d'énergie agitative, énergie qui, à mon avis, caractérise assez bien notre époque (agitation thermique, thermodynamique, entropie, chaos thermique, etc.), et qui conduit "nos" élites à un idéal de puissance (le choix du feu pour PhG) très dégradé par rapport à l'idéal de perfection que vise, selon moi l'opposition δύναμις/ἐνέργεια (ainsi que l'opposition matière/forme (très!) chère à PhG).
Qu'est-ce qui différencie le Grand Tout en acte ("mon" Dieu-Kosmos) du Grand Rien en acte (le cosmos de Thom (1))? C'est que le Grand Tout en acte est vivant, alors que le Grand Rien en acte est mort, vidé de toute ἐνέργεια et de toute δύναμις.
(Bon. C'est un peu tiré par les cheveux, mais j'ai lu pire…)
1: "Le cosmos sous sa forme la plus absolue, c’est le cimetière. Rien de plus tranquille, c’est le calme de l’insignifiance, le néant de l’insignifiance."
( http://strangepaths.com/forum/viewtopic.php?t=41 )
jc
14/01/2022
Je m'aperçois que j'en viens à commenter "La Grâce…". Pourquoi en suis-je arrivé là, puisqu'il s'agissait initialement de commenter "Structure crisique"? En reparcourant mes commentaires j'en impute la faute à PhG, qui a placé la barre très haut -c'est-à-dire au niveau métaphysique- en parlant de la GCES comme de "Dieu de la crise”, “notre Dieu”, la “crise-Dieu”, que je traduis comme du "tourbillon crisique divin" dans lequel les humains n'agissent pas mais sont agis (1). D'où mes escapades en théorétique…
En relisant la quatrième de couverture du tome III.1 je tombe sur la phrase suivante, qui mélange optimisme et pessimisme: "Avec lui, avec ce Tome III, j'ai un instant la conviction que le Grand Tout est à portée de plume, et l'instant d'après la certitude pour mon compte de n'être rien oserais-je dire le Grand Rien".
Pour mon compte je pense un peu plus tous les jours que nous ne sommes pas, nous humains, un "Grand Rien", mais un "petit tout". Alors que le corps-âme de ce "Grand Tout" ("mon" Dieu-Kosmos) excède "évidemment" infiniment le corps-âme de notre "petit tout", l'âme enfouie au plus profond de notre "petit tout" reste exactement la même que l'âme du "Grand Tout".
Pourquoi suis-je amené à penser ça? Parce que que j'ai l'impression d'avoir, un peu plus tous les jours, foi en ce que René Thom écrit dans les dernières lignes de SSM :
"Dans le domaine des sciences humaines, il m'est difficile de me rendre compte si ma tentative présente quelque intérêt; mais en écrivant ces pages j'ai acquis une conviction; au cœur même du patrimoine génétique de notre espèce, au fond insaisissable du logos héraclitéen de notre âme, des structures simulatrices de toutes les forces extérieures agissent, ou en attente, sont prêtes à se déployer quand ce deviendra nécessaire. La vieille image de l'Homme microcosme reflet du macrocosme garde toute sa valeur: qui connaît l'Homme connaîtra l'univers. Dans cet essai d'une Théorie générale des modèles [sous-titre de SSM], qu'ai-je fait d'autre, sinon de dégager et d'offrir à la conscience les prémisses d'une méthode que la vie semble avoir pratiquée dès son origine?
Ce n'est pas sans quelque mauvaise conscience qu'un mathématicien s'est décidé à aborder des sujets apparemment si éloignées de ses préoccupations habituelles. une grande partie de mes affirmations relèvent de la pure spéculation; on pourra sans doute les traiter de rêveries… J'accepte le qualificatif; la rêverie n'est-elle pas la catastrophe virtuelle en laquelle s'initie la connaissance? Au moment où tant de savants calculent de par le monde, n'est-il pas souhaitable que d'aucuns, qui le peuvent, rêvent?".
Quelques pages auparavant Thom (encore lui…) passe en revue trois grands types d'activité humaine que sont l'art, le délire et le jeu. Pour moi PhG est fondamentalement un artiste (2)-et un artiste plutôt "tourmenté" si j'en juge par sa photo de la quatrième de couverture du Tome II- alors que Thom est, toujours pour moi, fondamentalement un mathématicien, donc un joueur, et par suite, un être beaucoup plus "détendu".
La page qu'il consacre au délire (et qu'il termine par "Si certaines de mes considérations, en Biologie notamment, ont pu paraître au lecteur confiner au délire, il pourra, par une relecture, se convaincre qu'en aucun point, je n'ai, j'espère, franchi ce pas.") peut, je crois, s'appliquer à la situation actuelle de l'élite du bloc BAO :
"Dans l'activité mentale normale, il existe un grand nombre de substrats relativement indépendants, soumis chacun à son déterminisme (ou son évolution) propre. (...) Mais une séparation des substrats au sein d'un système fonctionnel unique et très interconnecté comme l'est le système nerveux n'en est pas moins difficile à tenir. (...) Le mélange des substrats a pour effet de détruire les chréodes les plus raffinées à centre organisateur de grande codimension, au profit de champs plus primitifs qui sont plus stables et plus contagieux. Ainsi s'installe une dynamique mentale syncrétiste à structures relativement simplistes qui constitue ce qu'on appelle habituellement la pensée délirante.".
1: PhG cite souvent Maistre à ce propos : «On a remarqué, avec grande raison, que la révolution française mène les hommes plus que les hommes la mènent. Cette observation est de la plus grande justesse… [...] Les scélérats mêmes qui paraissent conduire la révolution, n'y entrent que comme de simples instruments; et dès qu'ils ont la prétention de la dominer, ils tombent ignoblement.»
2: "D'où provient, dès lors, notre sentiment de beauté [des œuvres picturales]? De la sensation que l'œuvre n'est pas arbitraire; bien qu'imprévisible, nous avons l'impression que son exécution a été dirigée par quelque centre organisateur de grande codimension, bien loin des structures habituelles de la pensée ordinaire, mais néanmoins en résonance avec les grandes structures affectives ou génétiques qui sous-tendent toute notre pensée consciente". ( https://journals.openedition.org/signata/2315 -le rappelle à ce propos que la catastrophe fronce est de codimension 2, les ombilics elliptique et hyperbolique sont de codimension 3 et l'ombilic parabolique est de codimension 4)
jc
14/01/2022
Une remarque prolongeant le .1.6, à propos citation de Fabrice Hadjadj.
La psychanalyste Michèle Porte a recueilli quelques 90 pages de citations de l'œuvre de Thom (1), dont la première est :
"Quand on sait où l’on va, on va rarement très loin." .
Je la paraphrase à l'attention des "modernes" et de leur "futur transhumaniste": "Quand on ne sait pas d'où on vient, on va rarement très loin (2,3)".
1: https://www.maths.ed.ac.uk/~v1ranick/papers/thom/data/citations.pdf
2: Et quand on croit être allé très loin, c'est qu'on s'est perdu : https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Petit_Poucet
3. C'est encore quand on est guidé par une intuition haute (je pense à PhG et à Thom* en écrivant ça) que l'on va le plus loin (et de très loin!). (": "Une grande partie de mes affirmations relèvent de la pure spéculation; on pourra sans doute les traiter de rêveries… J'accepte le qualificatif; la rêverie n'est-elle pas la catastrophe virtuelle en laquelle s'initie la connaissance? Au moment où tant de savants calculent de par le monde, n'est-il pas souhaitable que d'aucuns, qui le peuvent, rêvent?"(SSM, dernières phrases))
jc
13/01/2022
J'ai écrit en 1.1 que "Je vois plutôt PhG percevant le monde grâce à sa très grande sensibilité/affectivité, "un mot, une phrase placés en tête" renvoyant à une ou plusieurs formes génétiques enfouies au plus profond de son "âme poétique" par un mécanisme analogue à celui du chien de Pavlov salivant au tintement d'une sonnette.", et en 1.6 que "... l'esprit de finesse perçoit plus par les sens que par la raison, au contraire de l'esprit de géométrie, qui, lui, perçoit plus par la raison que par les sens". Quelques précisions.
La relecture des pages 131 à 137 du tome III.1 de "La Grâce…" me conforte dans l'idée que c'est par la sensibilité et l'affectivité que c'est essentiellement à travers son "âme poétique" que PhG perçoit le monde. il s'agit bien entendu d'une sensibilité et d'une affectivité humaines qui prennent leur source dans la sensibilité et l'affectivité animales mais qui en diffèrent notablement par le fait que la cervelle humaine "a pu réaliser une architecture compliquée (...) dont les animaux paraissent incapables. "(1), (2). En relisant: "Avec elle [la nostalgie], en vérité, l'émotion est la grande santé même, la raison éclairée par l'âme poétique", je me trouve conforté dans l'idée que la raison humaine de PhG est bien fille de l'affectivité -débarrassée de tout affectivisme- et de la sensibilité -débarrassée de toute sensiblerie-. Il s'agit d'une raison "divine", à mille lieues de la raison "humaine" (et rien qu' "humaine") des modernes (3).
1: "... dans le cerveau humain s'est réalisé un dispositif simulateur des singularités auto-reproductrices de l'épigenèse qui permet, en présence d'une catastrophe d'espace interne Y et de déploiement U, de renvoyer le déploiement U dans l'espace interne Y, réalisant ainsi la confusion des variables internes et externes." (SSM, 2ème ed. p.309) ;
2: "(...) le langage humain permet la description d'un processus lointain (dans l'espace et dans le temps) et libère l'esprit de la tyrannie du « hic et nunc » à
laquelle l'animal demeure soumis. Peut-être en cela la vie n'a-t-elle fait que pousser à son terme un de ses mécanismes fondamentaux ; dès qu'il fabrique un œuf, un organisme vivant a le projet de coloniser l'espace et le temps, il se soustrait au « hic et nunc ». La fonction essentielle de l’intelligence humaine, simuler les lois, les structures du monde extérieur n'est guère que le prolongement – ou l'explicitation – de ce dessein primitif.".
3. Cf. https://www.dedefensa.org/article/dialogues-3-le-grain-de-sable-divin
jc
13/01/2022
Dans le .1 j'ai catalogué PhG en esprit doué d'une grande finesse (1), mais guère pourvu, apparemment, d'esprit de géométrie. Partant de l'idée que l'esprit de finesse perçoit plus par les sens que par la raison, au contraire de l'esprit de géométrie, qui, lui, perçoit plus par la raison que par les sens, je voudrais illustrer ici cette opposition en reprenant une citation de Fabrice Hadjadj, faite dès le tome II de "La Grâce…" et reprise dans le tome III.1. Je remets d'abord ici les citations thomiennes qui invitent à une telle illustration, en rappelant que, pour Thom, "l'ambition ultime de la théorie des catastrophes est d'abolir la distinction langage mathématique-langage naturel qui sévit en science depuis la coupure galiléenne" :
"Malgré son caractère non quantitatif, qui a suscité la dérision des scientifiques professionnels, il [le modèle de l'agressivité du chien proposé par Christopher Zeeman] a l'avantage inestimable de montrer ce qui fait la supériorité d'un modèle géométrique sur une construction conceptuelle." ;
"Ces deux pentes du logos [conceptuelle et mathématique] manifestent sans doute une distinction irréductible entre deux modes d'appréhender l'existence. Le mode métaphysique, celui d'Aristote -l'être comme acte ("on agit comme on est", dit saint Thomas)-, et le mode géométrique : la forme visible dans l'étendue. Ces deux modes existent bel et bien l'un et l'autre, et à leurs frontières subsiste un no man's land où se déploient les catastrophes. L'exploration de ces marches, où se heurtent vouloir et étendue, n'est pas chose aisée et je suis sûr que de nombreux lecteurs trouveront parfois que mes textes exigent un effort intellectuel excessif. Ceux qui ne se laisseront pas rebuter en retireront, je l'espère, quelque bénéfice.".
Ensuite la citation de FH suivie d'un commentaire de PhG :
FH : "En un mot, le futur est relatif à ce qui va, l'avenir à ce qui vient, et il faut que ce qui va soit ouvert à ce qui vient, sous peine d'une vie qui meurt en se fixant dans un programme. Cette subordination du futur à l'avenir marque aussi la supériorité et plus encore la surprise de l'avenir par rapport au futur. Quand le monde ne va pas, quand, sous nos yeux, il court à sa perte, cela n'empêche pas le royaume de venir : sa grâce ne dépend pas de nos mérites, elle présuppose même plutôt notre condamnation." ;
PhG : "De la définition qui précède on peut déduire autre chose, à savoir que le passé se retrouve rejeté par le futur, mais assumé par l'avenir.".
Pour moi PhG commente la citation d'Hadjadj en mode métaphysique (2). Le mode géométrique ("la forme dans l'étendue") suivant éclaire pour moi lumineusement les constructions conceptuelles de PhG : l'avenir est éclairé et tracé par un projecteur situé au-dessus de nous, qui permet d'embrasser d'un seul regard le passé et l'avenir (3), alors que le futur est éclairé et tracé par une lampe située sur notre front (c'est presque "Et lux in tenebris lucet et tenebræ eam non comprehenderunt"...).
Il y a pour moi une nette distinction entre un projecteur qui "projette" sa lumière "sur" les ténèbres (et donc sur nous) et une lampe frontale (éclairée par notre propre hubris ...) qui "injecte" sa lumière "dans" les ténèbres. Cette distinction renvoie à la distinction mathématique limite inductive/limite projective (4). Thom (SSM, 2ème ed., p.33) associe la lignée germinale en embryologie à une limite projective qui, lorsque prolongée à l'infini, n'est autre, pour moi…, que la représentation de "mon" Dieu-Khaos en mode géométrique, Dieu qui se projette en une infinité de "petits dieux", d'autant plus petits que la dimension de l'espace sur lequel il (Dieu-Khaos) se projette -et, selon la théorie des catastrophes élémentaires, il n'y a que sept tels "petits dieux" observables dans notre espace-temps 4D, le plus puissant étant l'ombilic parabolique-.
NB: Je me place donc ici résolument en apprenti-métaphysicien (en culotte courte bien sûr, tentant de trottiner derrière mon gourou Thom) au sens que Thom donne à ce mot ("en son sens technique, la métaphysique est l'étude de l'être en tant qu'ëtre"), plus précisément en théoréticien (Aristote regroupe mathématique, physique (aristotélicienne bien sûr) et théologie sous le nom de théorétique). Thom : "En dépit de mon admiration pour Aristote, je reste platonicien en ce que je crois à l'existence séparée ("autonome") des entités mathématiques, étant entendu qu'il s'agit là d'une région ontologique différente de la "réalité usuelle" (matérielle) du monde perçu. (C'est le rôle du continu -de l'étendue- que d'assurer la transition entre les deux régions.)" (ES, p.245)
1: "Pour moi PhG est un esprit de finesse (et même un esprit de grande finesse) au sens où je crois que Pascal l'entend et c'est un esprit qui entend essentiellement par le sens selon la citation d'Al-Kindi, tout en étant très conscient d'une origine, d'une structure et d'une raison "divines" du langage dans lequel il exprime son "âme poétique".".
2. Cf. "La Grâce…", tome III.1, pp. 148 à 150.
3. Référence à une citation de Julius Évola faite par PhG dans "La Grâce…": "C'est une pensée "originelle"; elle ne recule pas en arrière dans le temps, elle s'élève verticalement hors du temps en direction du noyau transcendant". (Le noyau transcendant est par moi identifié à "mon" Dieu-Khaos.)
4: https://fr.wikipedia.org/wiki/Limite_inductive ; https://fr.wikipedia.org/wiki/Limite_projective
Jean-claude Archer
11/01/2022
Notre hôte PhG ne cesse de marteler que le Système utilise sa surpuissance pour s'autodétruire. Peut-être y a-t-il des maladies biologiques auto-immunes (1) en rapport (je n'y connais rien, ni en biologie ni en sociologie)?
1: https://fr.wikipedia.org/wiki/Maladie_auto-immune
Denis Monod-Broca
10/01/2022
L'expression "système immunitaire" appliquée aux collectivités humaines est une interprétation personnelle de la théorie du religieux de René Girard : les religions "contiennent" la violence, protégeant par là-même la collectivité, elles s'apparentent donc, à cette échelle supérieure, au système immunitaire de nos organismes. Cette idée mériterait d'être développée. J'en suis d'accord. Je ne crois cependant pas qu'il faille compter sur les sociologues pour cela. Entre woke et anti-woke, entre bourdieusiens et boudonnistes, que comprennent-ils à la religion ? Des ethnologues peut-être…
Christophe Szostak
09/01/2022
"Là où l'amour règne, il n'y a pas volonté de puissance et là où domine la puissance, manque l'amour. L'un est l'ombre de l'autre.”
Carl Gustav Jung
Xavier
09/01/2022
Cher hôte, chers lecteurs,
Je vous invite à écouter l'analyse du Docteur Ariane Bilheran sur la situation actuelle du point de vue de la psychologie. Vous y trouverez tous les thèmes chers à ce site, du complotisme à la paranoïa des elites en passant par le "Big Now" et bien d'autres encore, expliqué d'une façon claire et synthétique avec, cerise sur le gâteau, le profil de ceux qui restent debout dans la tempête.
Le lien est ici :
https://www.medias-presse.info/covid-19-totalitarisme-et-creation-dun-delire-collectif-analyse-du-dr-ariane-bilheran/151587/
jc
09/01/2022
Il est pour moi clair qu'il y a "des mots, des phrases, des citations à placer en tête", qui préoccupent Semper Phi plus que d'autres et qui donnent lieu à des développements différents ("et là-dessus se déroule le texte, à son rythme, entièrement structuré, avec sa signification déjà en forme et en place"), comparant ainsi Semper Phi à Rodin "actant" plusieurs statues d'un Balzac "en puissance". Pour moi Semper Phi est dans une situation analogue au matheux qui trouve différentes démonstrations d'une même assertion conjecturée (et, quand il en trouve une, c'est un instant plaisant -sinon un moment de bonheur fou-). J'ai ci-dessus utilisé à dessein le terme de développement pour faire une autre analogie mathématique, selon moi plus intéressante, car elle connecte le don de Semper Phi au mécanisme qui, selon Thom, commande toute morphogenèse (SSM, 2ème ed., p.32): le mot, la phrase la citation à placer en tête est associé à l'œuf totipotent, lui-même associé par Thom à une fonction indéfiniment différentiable mais non différentiée et très peu spécifiée (comme le sont le mot, la phrase,la citation à placer en tête). Et les développements différents de Semper Phi à partir de différents points de vue sont les analogues des développements de Taylor de la fonction en différents points.
Dans la citation qui me fascine tant (1) Semper Phi parle de l'être en soi "en acte", alors que, dans une autre citation qui me fascine aussi (2), Thom parle de l'être en soi en puissance, être qu'il qualifie à la fin de sa tirade de fluide homogène indistinct, de matériau informe dont sortira le monde (ES, p.216). L'instant crucial est, pour Thom, l'instant crucial est celui de la rencontre de l'esprit avec ce matériau informe, alors que pour Semper Phi c'est celui de la rencontre du mot, de la phrase, de la citation avec "la chose inspiratrice qui ouvre la voie".
En termes onto-théologiques (je découvre le mot) l'instant important apparaît alors comme étant celui où l'Être en soi en puissance (celui de Thom), plein d'énergie potentielle (δύναμις), rencontre l'Esprit qui convertit cette énergie potentielle en énergie active (ἐνέργεια), déclenchant le processus qui aboutit à l'Être en soi en acte (celui de Semper Phi).
Puissance et matière d'une part et acte et forme d'autre part étant liés (chez Aristote?), Dieu tout puissant ("mon" Dieu Khaos) se trouve alors associé à la matière, ce matériau informe dont sortira le monde ("mon" Dieu Kosmos) dont parle Thom, donnant ainsi à la matière un statut diamétralement opposé à celui que lui donne Guénon (la Matière assimilée au Mal).
Sans guère de doute pour moi on retrouve là Daniel Rops, que Semper Phi cite si souvent à propos de Rodin et de son Balzac dans "La Grâce…": "Dans cette lutte prodigieuse entre la matière rétive et la volonté créatrice…" ?
Pour finir je me permets, à propos de cette dernière citation, de citer un fragment du tome III.1 de "La Grâce…" (pp.181 et 182):
"Où l'on voit, comme suggéré plus haut et ici avec nécessité de redite pour que l'insistance donne forme à la démarche, que rien n'est dit sur la matière; où l'on voit, en d'autres mots plus décisifs, que la Matière-majusculée que nous-mêmes avons proposée comme instituée dans notre terrible époque; où l'on voit alors, et cela est absolument et tout simplement décisif, que la Matière-majusculée, si elle est le Tout de cette terrible époque, n'est pas toute la matière. Encore et encore, avec toute la force qui me reste, que me laisse le fond de mon âge finissant, je proclame cette fondamentale distinction comme étant l'un des phénomènes les plus importants de la conception générale que je me fais du monde; Il me faudra bien revenir sur cette problématique, sur le fond, -je l'espère, plus loin dans ce tome III de "La Grâce" si le Temps me laisse un peu de sa grâce ;il faudra bien se plonger dans l'épreuve incroyable et inestimable de la définition de la matière dans toutes ces nuances essentielles que je ne fais que survoler. Au bout du compte, le Tout de cette ambition dépendra du temps qui m'est encore laissé...".
1: « Il suffit d’un mot, d’une phrase, d’une citation à placer en tête, la chose inspiratrice qui ouvre la voie et là-dessus se déroule le texte, à son rythme, entièrement structuré, avec sa signification déjà en forme et en place. Je n’ai rien vu venir et j’ignore où je vais, mais j’ai toujours écrit d’une main ferme et sans hésiter… et toujours, à l’arrivée, il y avait un sens, une forte signification, le texte était devenu être en soi… C’était un instant de bonheur fou. » ("La Grâce…", tome III.1 et https://www.dedefensa.org/article/le-desenchantement-de-dieu )
2: "L'image de l'arbre de Porphyre me suggère une échappée en "Métaphysique extrême" que le lecteur me pardonnera peut-être. Il ressort de tous les exemples considérés dans ce livre qu'aux étages inférieurs, proches des individus, le graphe de Porphyre est susceptible -au moins partiellement- d'être déterminé par l'expérience. En revanche, lorsqu'on veut atteindre les étages supérieurs, on est conduit à la notion d' "hypergenre", dont on a vu qu'elle n'était guère susceptible d'une définition opératoire (hormis les considérations tirées de la régulation biologique). Plus haut on aboutit, au voisinage du sommet, à l'Être en soi. Le métaphysicien est précisément l'esprit capable de remonter cet arbre de Porphyre jusqu'au contact avec l'Être. De même que les cellules sexuées peuvent reconstituer le centre organisateur de l'espèce, le point germinal α (pour en redescendre ensuite les bifurcations somatiques au cours de l'ontogenèse), de même le métaphysicien doit en principe parvenir à ce point originel de l'ontologie, d'où il pourra redescendre par paliers jusqu'à nous, individus d'en bas. Son programme, fort immodeste, est de réitérer le geste du Créateur). Mais très fréquemment, épuisé par l'effort de son ascension dans ces régions arides de l'Être, le métaphysicien s'arrête à mi-hauteur à un centre organisateur partiel, à vocation fonctionnelle. Il produira alors une "idéologie", prégnance efficace, laquelle, en déployant cette fonction, va se multiplier dans les esprits. Dans notre métaphore biologique ce sera précisément cette prolifération incontrôlée qu'est le cancer.
Aristote a dit du germe, à la naissance, qu'il est inachevé. On peut dès lors se demander si tout en haut du graphe on n'a pas quelque chose comme un fluide homogène indistinct, ce premier mouvant indifférencié décrit dans sa Métaphysique; que serait la rencontre de l'esprit avec ce matériau informe dont sortira le monde? Une nuit mystique, une parfaite plénitude, le pur néant? Mais la formule d'Aristote suggère une autre réponse, théologiquement étrange: peut-être Dieu n'existera-t-il pleinement qu'une fois sa création achevée: "Premier selon l'être, dernier selon la génération"?" (Esquisse d'une sémiophysique, p.216)
jc
08/01/2022
La citation thomienne suivante est pour moi en rapport avec le "Pour moi "Dieu tout puissant" est le Dieu Khaos [dont j'ai déjà parlé en .1.3]. C'est Dieu "en germe", œuf cosmique fécondé par l'Esprit , Dieu tout puissant (celui des augustiniens?) dont sortira le Dieu Kosmos |dont j'ai également déjà parlé]" :
"En parcourant cet axe [qui joint Indicativité à Prédicativité, c'est-à-dire la Deixis à la Prédication] (...) on décrit psycholinguistiquement le parcours de l'énonciateur : sa tâche initiale est de créer le paysage sémantique qu'il va énoncer, et cette tâche terminée il doit finalement s'effacer devant l'univers qu'il a créé, imitant ainsi Jéhovah qui, la Création achevée, s'est retiré,
laissant ainsi le monde en état d'« apousie »." (1992, La Transcendance…)
Cette citation de Thom me renvoie à une autre, cette fois de PhG, citation qui me fascine (1) : "Il suffit d’un mot, d’une phrase, d’une citation à placer en tête, la chose inspiratrice qui ouvre la voie" : Deixis, Dieu Khaos ; "et là-dessus se déroule le texte, à son rythme, entièrement structuré, avec sa signification déjà en forme et en place." : Prédication, Dieu Kosmos (2).
1: « Il suffit d’un mot, d’une phrase, d’une citation à placer en tête, la chose inspiratrice qui ouvre la voie et là-dessus se déroule le texte, à son rythme, entièrement structuré, avec sa signification déjà en forme et en place. Je n’ai rien vu venir et j’ignore où je vais, mais j’ai toujours écrit d’une main ferme et sans hésiter… et toujours, à l’arrivée, il y avait un sens, une forte signification, le texte était devenu être en soi… C’était un instant de bonheur fou. » ("La Grâce…", tome III.1 et https://www.dedefensa.org/article/le-desenchantement-de-dieu )
2: Je rappelle à ce propos la citation thomienne : "La classe engendre ses prédicats comme le germe engende les organes de l'animal. C'est (à mes yeux) l'unique façon de définir ce qu'est la Logique naturelle."
jc
08/01/2022
Petit complément à "Du suicide au sacrifice"
Le lacanien Charles Melman écrit dans "L'homme sans gravité" : "La barbarie consiste en une relation sociale organisée par un pouvoir non plus symbolique mais réel".
Macron, Biden, Xi (1), pour ne citer qu'eux : il est pour moi très clair que nous nageons actuellement en pleine barbarie. Vladimir Poutine, seul dans le monde qui compte, à se rendre compte de la nécessité d'un pouvoir symbolique pour assurer la stabilité sociale ?
(1) PhG : "Nous avons cité l’intervention de l’officiel chinois avec une intention à l’esprit, ne doutant pas un instant de la sincérité de son propos, et de la véracité de sa propre conviction, dans l’exposé qu’il fit des intentions de la Chine, de l’Asie, et de l’antique sagesse de cette partie du monde. Nous reconnaissons d’autant plus tout cela que nous pouvons dire notre conviction que l’intervenant se trompait, qu’il se trompe en croyant qu’un modèle de civilisation asiatique rénové s’imposera rapidement, à côté du modèle occidentaliste, éventuellement pour le concurrencer et le remplacer. Ce n’est nullement que ses arguments de fond ne soient pas justifiés et excellents; ils le sont, ceci et cela, et plus qu’à leur tour. Mais l’intervenant ignore deux choses: combien le modèle occidentaliste est, à la fois, plus puissant qu’il ne croit et plus proche de l’effondrement catastrophique qu’il ne croit." ( https://www.dedefensa.org/article/glossairedde-crisis-la-crise-de-la-raison-subvertie )
jc
08/01/2022
Dans le commentaire de cet article intitulé "D'un virus l'autre", je relève : "Le virus de la Covid-19 n’est-il pas une fidèle métaphore du virus de la vérité ? Il a, comme lui, un formidable effet révélateur. Il s'en prend comme lui au système immunitaire de nos organismes.". Ce n'est ni la vérité ni la théorie de René Girard qui m'intéresse ici. Ce qui m'intéresse c'est la locution "système immunitaire", du point de vue des attaques contre nos défenses immunitaires, qu'elles soient individuelles et biologiques (Covid19), ou collectives et sociologiques (wokenisme, cancel culture, etc.).
Wikipédia consacre un long article au système immunitaire (biologique). Mais je ne vois quasiment rien sur la toile en ce qui concerne la version sociologique. En thomien convaincu (1) je pense qu'il y aurait pourtant beaucoup d'intéressantes analogies à faire de la part de ceux qui ont une double compétence biologique et sociologique (ce qui est loin d'être mon cas).
(1) "Les situations dynamiques régissant l'évolution des phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l'évolution de l'homme et des sociétés."
Pour poster un commentaire, vous devez vous identifier