Nicolas Piot
15/12/2021
Un JSF vient de tomber à l'eau au décollage. Combien de millions déjà? 115 M$ d'après CNN. En plus il faut aller le repêcher car des ennemis pourraient s'en emparer pour découvrir ses formidables secrets de technologie avancée, comme son siège éjectable, qui est la fonctionnalité la plus testée de cet avion. D'ailleurs, ce n'est même pas de l'irone de ma part, le fabricant du siège éjectable en profite pour faire sa pub (cf article CNN!)
https://www.defensenews.com/global/europe/2021/11/30/leaked-crash-video-of-british-f-35b-shows-jet-dropping-off-carrier-ramp/
https://edition.cnn.com/2021/11/17/europe/british-f-35-crash-aircraft-carrier-intl-hnk-ml-scli/index.html
C Ribinn
15/12/2021
Juste pour éclairer, pour l'avoir vécu, la limitation quantitative des équipes de négociation des EAU se traduit sous forme de créneau de durée limitée. Si la négociation n'a pas abouti à ce terme, elle est au minimum suspendue jusqu'à ce qu'un nouveau soit éventuellement alloué. Il est possible que les US n'y aient pas cru !
Auguste Vannier
12/12/2021
J'ai rarement vu un "produit" politicien aussi convenu, insignifiant et soporifique (Zzzz…) du point de vue Politique.
Il faut être bien isntallé dans le confort d'une vie de petit bougeois intellectuel et journaliste pour en faire l'objet d'une réflexion stimulante propre à mériter des analyses et des éditoriaux. Autant dire qu'un produit super marketé est nécessairement un produit à suivre…
Je ne fais ce commentaire, avant d'aller dormir, que parce que je suis désolé de voir dedefensa céder à cette vaste opération de diversion orchestrée par un héritier milliardaire
le seul moment de lucidité de cet article arrive à la fin:
"Mais bon, Z n’est pas encore élu, et loin, très loin d’être assuré d’avoir une chance de l’être… « Ben voyons », comme il a coutume de dire".
Il n'est pas là pour ça, ben voyons.
Marc Gébelin
12/12/2021
Le délicat avec Z c’est qu’il a de grandes qualités. Intellectuelles, morales et humaines. Ceux qui les contestent ou les dénigrent sont des jaloux mal embouchés ou de purs crétins aveugles. Mais… est-il si anti-mondialiste que ça? Quelles élites fustige-t-il ? la Bolloréenne? La Black Rock ? La Arnaud ? Qu’est-il allé faire à Londres, centre névralgique de la finance, sinon lever des capitaux comme les biens informés le disent? Hollande avait fait pareil en 2012.
Quel que soit le résultat de l’élection présidentielle, si elle a lieu, il n’y aura que des perdants. La guerre de civilisation selon Zemmour est évidente pour qui à des yeux. Une France sans Christ se soumet à l’islam. Mais cette guerre de civilisation est une conséquence non une cause. Elle résulte pour l’essentiel des guerres spoliatrices menées par les Usa et les Juifs sionistes –les Anglo-sionistes–, qui depuis 1947 dirigent, exploitent ou détruisent le monde à leur profit.
Z par sa position et son origine appartient avec sa femme Chichportich et sa conseillère Knafo, à l’élite mondialisée anglo-sioniste. Les Juifs sont endogames, vivent en tribu. Cette tribu se compose de 7 millions d’Israéliens, environ 8 millions de juifs américains et X millions de juifs russes. Elle domine le monde occidental, quoi qu’elle en dise.
Pour comprendre faisons, de façon certes un peu provocante, une reductio ad Hitlerum. Avant 1933 Adolf ne s’attaque pas à l’élite ploutocratique anglo-américaine qui régit la planète mais au traité de Versailles imposé par ladite ploutocratie. Après, il s’attaque aux Juifs qui pour lui sont la fine fleur du cancer ploutocratique. Il avait raison de considérer les Juifs comme une fine fleur mais elle n’était pas seule. La fleur Wasp finançait l’Allemagne pour la sortir du marasme où l’avait plongé la Grande Guerre voulue par ladite ploutocratie, et devienne fer de lance contre le bolchévisme –marxisme falsifié– lui-même financé par la fine fleur Wall Street. Si bien que la 2e Guerre Mondiale détruisit l’Europe et la Russie pour le plus grand profit de ceux qui l’avaient provoquée: les ploutocrates. Hitler les dénonçait dans ses discours mais il était soutenu par eux.
Vu sous cet angle, Zemmour serait ce que les gauchistes disent de lui : tenui Hitleri ? Comme lui, il dénonce les conséquences et non les causes. S’il gagne, Europe et Euro contreront sans pitié ses réformes. S’il perd il offrira à Macron cinq ans de plus, se sera autodétruit et aura désespéré beaucoup de Français. Ça ne serait pas une tragédie que Moïse Zemmour soit coupé de la racine de l’olivier sauvage mais dommage quand même car il a des intuitions historiennes. Ne restera plus alors aux Français que la guerre civile mais pas celle prévue par Z, celle contre ceux qui depuis novembre 2018 se battent, une guerre de classe selon Marx où, espérons le, le petit peuple musulman de France se mettra du bon côté. Sinon, Eric aura eu, comme Adolf, raison en surface et tort en profondeur. Alors, désespèreront les déjà désespérés.
Voilà vers quoi on va et je ne parle même pas du vaccinalisme, hitlérisme subtil de Schwab, qui sert à faire peur à 90% de la population et la tuer à petit feu et sur quoi Z se prononce peu. Le capitalisme analysé par Marx (qu’Attali aime tant) s’est adapté et, révolutionnaire au départ, est devenu la folie américaniste du woke. Le woke est le virus muté du marxisme qui après sa première mutation soviétique, nous offre sa deuxième wokiste trente ans après la fin de l’Urss. Il croit et se développe chez les genrés analphabètes LGBT et BLM d’outre atlantique et gagne le monde comme il n’y a pas si longtemps "anti-juivisme"* et eugénisme l’avaient gagné pour, à la fin, faire mourir 65 millions d’hommes, de femmes et d’enfants.
Vouloir traiter les conséquences sans traiter la cause est la définition du politique. Il sait la Cause inaccessible, trop complexe à saisir par le peuple et qui relève du Destin. Spinoza, autre Juif, croyait que si le peuple était bien informé, il traiterait les causes mieux que les élites. Il a nourri, avec quelques compères, le marxisme et toutes les révolutions qui ont sombré dans la tyrannie et le sang. Les élites qu’il faut sauver ça sera ceux qui comprennent qu’il n’y a de solution que dans la solidarité entre ceux qui savent la catastrophe inévitable. Il faut tisser ces liens entre ceux-là. Les autres auront le destin du cadavre en décomposition qu’est l’Histoire.
Notes
* Le concept pervers d’ « antisémitisme » doit être désactivé car il joue un rôle néfaste aujourd’hui. Je propose celui-là même s’il déplaira à beaucoup.
jc
11/12/2021
PhG : "(...) on ne peut séparer, ni même penser, singulièrement dans le cas des USA mais pas seulement, la politique étrangère sans se référer directement à la situation de la politique intérieure.".
En remplaçant se référer par relier -qui s'oppose mieux à séparer- et étrangère par extérieure -qui s'oppose mieux à intérieure-, cela donne, de façon tout-à-fait générale selon moi: on ne peut séparer, ni même penser, l'extérieur sans le relier directement à l'iintérieur.
Thom : "L'homme en éveil ne peut, comme le nourrisson de neuf mois, passer son temps à saisir les objets pour les mettre en bouche. il a mieux à faire: aussi va-t-il "penser" c'est-à-dire saisir des formes intermédiaires entre les objets extérieurs et les formes génétiques." (SSM, 2ème ed, chapitre "Pensée et langage", p.309).
Pour moi un des drames de notre matérialiste civilisation occidentale finissante est qu'elle refuse les formes intérieures, génétiques, pour n'accepter de relier entre eux que les objets extérieurs : exeunt les intuitions hautes(1). Or, comme le rappelle l'étymologie, une véritable connaissance ne peut être qu'une co-naissance. Ce refus des formes intérieures peut -doit?-, selon moi, être vu comme une désacralisation, une profanation (typiquement l'art teknè en grec ancien- devenant technique ou, autrement dit, la science devenant scientisme (2) ).
Thom :
"Encore une fois, comme le disait Aristote, ce n’est pas la nature qui imite l’art, c’est l’art qui imite la nature. C’est parce que nous avons implicitement le schéma de la pompe réalisée dans le cœur que nous avons
pu ultérieurement construire des pompes technologiques. Et maintenant, les gens vous disent, le cerveau, c'est un ordinateur ! On continue… " ;
"Dans le domaine des sciences humaines, il m'est difficile de me rendre compte si ma tentative présente quelque intérêt; mais en écrivant ces pages j'ai acquis une conviction; au cœur même du patrimoine génétique de notre espèce, au fond insaisissable du logos héraclitéen de notre âme, des structures simulatrices de toutes les forces extérieures agissent, ou en attente, sont prêtes à se déployer quand ce deviendra nécessaire. La vieille image de l'Homme microcosme reflet du macrocosme garde toute sa valeur: qui connaît l'Homme connaîtra l'univers. Dans cet essai d'une Théorie générale des modèles [sous-titre de SSM], qu'ai-je fait d'autre, sinon de dégager et d'offrir à la conscience les prémisses d'une méthode que la vie semble avoir pratiquée dès son origine?" (fin de l'épilogue de la conclusion de SSM, 2ème ed., p.328).
Pour en revenir aux USA, comment l'union s'est-elle initialement faite? Uniquement contre le colonisateur anglais (pôle extérieur) et par communauté d'intérêts matériels (pôle intérieur)? Pour Thom il ne peut exister de société humaine stable sans une certaine forme de pouvoir des signes (3) (4) :
"Par quel moyen les gouvernants peuvent-ils obtenir l'obéissance des gouvernés? Trois modes de persuasion peuvent être envisagés. D'abord la contrainte physique : violence, force des armes. Ensuite, la contrainte économique : le dominant peut disposer de moyens de production (terre, capitaux, outils, etc.) qu'il met à la disposition du dominé, à charge pour ce dernier de travailler pour lui. Enfin, le pouvoir des signes : le gouvernant peut obtenir l'adhésion du gouverné en excipant une formule (verbale ou écrite) qui a pouvoir de persuasion sur lui. Ce dernier type de pouvoir -qu'on appellera dorénavant "pouvoir sémiologique"- semble a priori moins évident que les deux autres; et cependant, notre modèle va lui donner une importance prépondérante. Il importe donc d'établir qu'aucune société stable ne peut exister sans une certaine forme de pouvoir sémiologique.".
La France est-elle mieux lotie?
(1) profondes en ce qui me concerne
(2) Des cathédrales à la tour de Doubaï : https://www.dedefensa.org/article/dialogues-3-le-grain-de-sable-divin
(3) "Révolutions, catastrophes sociales?" Apologie de logos
(4) On retrouve ici l'opposition traditionnelle Autorité spirituelle/Pouvoir temporel dont traite Guénon, à ceci près que Thom propose son propre pouvoir sémiologique, issu de sa propre théorie de l'analogie.
Sebastien Antoine
09/12/2021
Le Saker US écrit enormement mais on n'apprend jamais grand chose au final. Il fait de la prospective militaro-geopolitique impérialiste anti-impérialiste en revendiquant une culture russe. Il a surtout ce défaut typique du mâle alpha américain d'aimer tenir le crachoir en société. Son engagement mystique est tellement excessif qu'il s'apparente à de la tartuferie hypocrite. Comment croire cinq minutes que ce blogueur moraliste soit chrétien ortodoxe…
jc
08/12/2021
Je ne peux m'empêcher de mettre en regard la position de Monod (et de nombre de biologistes) et celle de Thom, extraite de la conclusion de "Une théorie dynamique de la morphogenèse" (1) :
"La Biologie actuelle fait de la sélection actuelle le principe exclusif -le deus ex machina- de toute explication biologique; son seul tort, en l'espèce, est de traiter l'individu (ou l'espèce) comme une entité fonctionnelle irréductible : en réalité la stabilité de l'individu, ou de l'espèce, repose elle-même sur une compétition entre "champs" de caractère plus élémentaire, dont la lutte engendre la configuration géométrique structurellement stable qui assure la régulation, l'homéostasie du métabolisme et la stabilité de la reproduction. C'est en analysant ces structures sous-jacentes plus profondément cachées, qu'on parviendra à une meilleure compréhension des mécanismes qui déterminent la morphogenèse de l'individu et l'évolution de l'espèce. La "lutte" a lieu, non seulement entre individus et espèces, mais aussi à chaque instant, en tout point de l'organisme individuel. Rappelons ce qu'a dit Héraclite : "Il faut savoir que le conflit est universel, que la justice est une lutte, et que toutes choses s'engendrent par la lutte et par la nécessité".
(1) Article de MMM extrait de "Towards a theorical biology" ,Univ. of Edimburg press, C.H. Waddington editor (1967). L'article est suivi d'une correspondance entre Thom et Waddington (qui préfacera les deux éditions de SSM). On notera que dans l'article "Morphogenèse" de Wikipédia c'est la filiation d'Arcy Thompson/Waddington/Turing qui est retenue, la filiation d'Arcy Thompson/Waddington/Thom -selon moi historiquement plus naturelle, Thom ayant généralisé le concept waddingtonien de chréode-n'étant pas évoquée (SSM est -quand même!- cité en bibliographie) ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Morphogen%C3%A8se#Histoire )
jc
06/12/2021
PhG : "C’est une sorte de réflexion de fantasme qui répondrait à la fameuse formule des scientifiques matérialistes du hasard et de la nécessité (« Le Hasard et la Nécessité », fameux best-seller du professeur Monod en 1970, ne tenant guère de compte de l’aspect transcendant de la logique du ‘Big Bang’). Ce désordre est l’indice effrayant de l’inéluctable de la logique du désordre qu’on n’arrive plus à se priver de détailler.", citation reprise en ironique écho dans l'article suivant (Covid, le 'great revelator'): "on sait, depuis le ‘Big Bang’, que le hasard fait bien les choses". (https://www.dedefensa.org/article/covid-le-great-revelator)
Selon moi l'un des drames de l'actuel "scientifiquement et politiquement correct" est de lier hasard et liberté en mettant hasard et nécessité dans le même rapport que liberté et déterminisme. Wikipédia termine son long compte rendu du livre de Monod par les deux citations suivantes :
1. « Le hasard pur, le seul hasard, liberté absolue mais aveugle, à la racine même du prodigieux de l'évolution, cette notion centrale de la biologie moderne n'est plus aujourd'hui une hypothèse, parmi d'autres possibles ou au moins concevables. Elle est la seule concevable, comme seule compatible avec les faits d'observation et d'expérience. » ;
2. « L'ancienne alliance est rompue ; l'homme sait enfin qu'il est seul dans l'immensité indifférente de l'Univers d'où il a émergé par hasard. Non plus que son destin, son devoir n'est écrit nulle part. À lui de choisir entre le Royaume et les ténèbres. ».
On ne peut, selon moi, guère être plus clair quant à la voie dans laquelle le Système s'est empressé de s'engouffrer tant il sert ses intérêts car c'est alors à l'élite Système "de choisir entre le Royaume et les ténèbres". Et, très nettement pour moi, cette élite a choisi les ténèbres (hasard rime avec brouillard) avec la voie du transhumanisme.
Je note que "Le hasard et la nécessité" est sous-titré "Essai sur la philosophie naturelle de la biologie moderne", ce qui me renvoie à la citation de PhG : "(...) l’“image” officielle de Newton n’a changé en rien [après la découverte de son œuvre alchimiste] ; l’on pourrait faire l’hypothèse que nombre de forces scientifiques en place ne tiennent en aucun cas qu’un tel phénomène soit mis en pleine lumière.". J'abonde dans le sens de PhG quand je vois le soin apporté par Wikipédia au commentaire de "Le hasard et la nécessité" et l'absence totale de commentaire de "Stabilité structurelle et morphogenèse" qui porte pourtant essentiellement sur le même sujet (la biologie) (1) et qui aurait donc pu, lui aussi, être sous-titré "Essai sur la philosophie naturelle de la biologie".
Il y a eu au début des années 1980 une importante querelle à propos du déterminisme entre Thom et Prigogine (2). l'actuel scientifiquement correct étant du côté du "hasardeux" Prigogine (3), Thom étant bien entendu beaucoup plus déterministe mais en restant néanmoins assez "libéral", très certainement -selon moi- parce que le principe même de stabilité structurelle l'exige (4).
Les non-scientifiques, en particulier les philosophes, argueront peut-être qu'il ne s'agit que d'une querelle interne à l'épistémologie ou à la philosophie des sciences. Ce n'est pas la position de Thom qui se pose en philosophe de la nature non démarcationniste : 1. "Le « philosophe de la nature » que j'envisage aura un point de vue résolument anti-démarcationniste." ; 2. "Finalement, le problème de la démarcation entre scientifique et non scientifique n'est plus guère aujourd'hui qu'une relique du passé ; on ne le trouve plus guère cité que chez quelques épistémologues attardés – et quelques scientifiques particulièrement naïfs ou obtus.".
La voie proposée par Thom est-elle le concurrent des ténèbres dont parle Monod? Je n'en sais évidemment rien. Mais je suis assuré de ceci : si on veut répondre à cette question il est nécessaire d'avoir une idée de son œuvre, et donc d'en faire un minimum de publicité dans les encyclopédies.
(1) Il est question de langage dans le dernier chapitre.
(2) Krzysztof Pomian, Stefan Amsterdamski , David Ruelle , Edgar Morin, Ivar Ekeland, René Thom, Jean Petitot , Jean Largeault , Antoine Danchin , Henri Atlan , Ilya Prigogine , Isabelle Stengers.
(3 "En 1979, Prigogine a fait paraître, avec I. Stengers, La Nouvelle Alliance, réflexion philosophico-scientifique appelant à une reconsidération du "dogme" de la science classique, déterministe, mécaniste. L’argumentaire développé est fortement inspiré par les nouvelles théories sur la stochasticité et la Mécanique statistique. Sur ces exemples, Prigogine et Stengers concluent à un "nécessaire" abandon du déterminisme, à la prise en compte de l’irréversibilité et du temps dans la théorie physique, à une pensée "complexe". A l’opposé de ces convictions, le mathématicien R. Thom réagit en publiant un article "Halte au hasard, silence au bruit" défendant très vigoureusement le déterminisme et condamnant les positions non déterministes comme "anti-scientifiques". Le sujet est sensible et montre que le déterminisme est un themata bien ancré, et très tranché, dans les épistémologies scientifiques.
(4) Le matheux médaillé Fields Alain Connes, fin connaisseur -et promoteur- de la physique quantique est beaucoup plus déterministe que Thom (malgré le principe d'incertitude d'Heisenberg…).
jc
27/11/2021
Pour moi le point de contact le plus serré entre les scientifiques mécanistes et les vitalistes est mis en évidence par le prigoginien François Roddier, comme on peut le voir dans son article " " (1) où apparaissent côte à côte la falaise de Sénèque, d'origine thermodynamique et quantitative, et la fronce thomienne d'origine mathématique et qualitative pour modéliser les mêmes cycles évolutifs (2). À la suite de Thom je crois qu'à ce niveau "le graphe de Porphyre est susceptible -au moins partiellement- d'être déterminé par l'expérience", et que ce n'est pas loin d'être le point de vue le plus ultime qu'un positiviste darwinien (comme JPB?) puisse accepter, laissant ainsi entrevoir l'abîme qui sépare Thom de Prigogine (3).
Je me suis mis récemment à m'intéresser à ce qu'écrit Alain de Benoist parce que je suis intrigué par les motivations profondes qui ont amené l'un des chefs de la nouvelle droite à s'intéresser à Mélenchon. Dans "La place de l'homme dans la nature" il commence par mettre Prigogine et Thom dans le même sac (p.145), pour juste ensuite prendre une position plus vitaliste/biologique/concurrence/thomienne que mécaniste/biochimique/transhumaniste/prigoginienne : "c'est en tant qu'il est porteur d'une nature biologique porteuse de propriétés émergentes qui lui sont propres que l'homme est devenu proprement humain". Thom précise dans SSM ce qui, selon lui, différencie l'humain des autres Vertébrés supérieurs :
"Ici se pose le problème de savoir comment la cervelle humaine, anatomiquement et physiologiquement si peu différente de la cervelle des Vertébrés supérieurs, a pu réaliser cette architecture compliquée, cette hiérarchie de champs dont les animaux paraissent incapables. Je crois, personnellement, que tout tient en une discontinuité de caractère topologique dans la cinétique des activités neuroniques ; dans le cerveau humain s'est réalisé un dispositif simulateur des singularités auto-reproductrices de l'épigenèse qui permet, en présence d'une catastrophe d’espace interne Y et de déploiement U, de renvoyer le déploiement U dans l'espace interne Y, réalisant ainsi la confusion des variables internes et externes. Un tel dispositif n'exige pas de modification considérable des supports anatomiques et physiologiques.". Je pense que Mélenchon aurait beaucoup de mal à franchir le fossé conceptuel qui sépare Prigogine et Thom. Quid de AdB ?
(1) https://www.dedefensa.org/article/vers-un-effondrement-de-civilisation
(2) Thom : "Malgré son caractère non quantitatif, qui a suscité la dérision des scientifiques professionnels, il [le modèle "fronce" de l'agressivité du chien de Christopher Zeeman] a l'avantage inestimable de montrer ce qui fait la supériorité d'un modèle géométrique sur une construction conceptuelle. Expliquer linguistiquement son contenu oblige à des paraphrases compliquées dont la cohérence sémantique n'est pas évidente." (AL, Envoi)
(3) Thom : "La Physique actuelle a sacrifié la stabilité structurelle à la calculabilité. Je veux croire qu'elle n'aura pas à se repentir de ce choix."
jc
27/11/2021
Dans le .2 j'écrivais : "Car ce qui distingue, toujours selon moi, les points de vue de Thom et de PhG, c'est que PhG est un logocrate alors que Thom est d'abord un topocrate, PhG étant exclusivement pour "Et le Verbe s'est fait Chair", alors que Thom accepte aussi l'inverse ("Et la Chair s'est faite Verbe"), PhG n'acceptant que de descendre l'arbre de Porphyre alors que Thom accepte également de le remonter.". Je précise un peu.
Je vois l'arbre de Porphyre comme un toboggan que PhG emprunte (tous les jours?) avec plaisir ("Il suffit d'un mot ... C'était un moment de bonheur fou"), la différence avec Thom étant que ce dernier a une théorie (1) sur la façon de descendre le toboggan et, par suite, a des idées sur la façon de le remonter (par une échelle que j'apparente à l'échelle de Jacob, dont les sept premiers barreaux sont les sept catastrophes élémentaires (1)). Il m'apparaît de plus en plus clair que, pour Thom, l'évolution se déroule conformément à un plan (2)-"sauf accident, συμβεβηκός dirait Aristote", rappelle Thom-, vision qui, actuellement, n'est pas vraiment courant principal (3)(4) !
(1) Le chapitre où Thom propose un modèle d'apparition des organes sexuels utilisant la catastrophe "champignon" (alias ombilic parabolique) est épigraphé "Et le verbe s'est fait chair".
(2) Thom : "Expliquons-le [le mécanisme formel qui, à mes yeux commande toute morphogenèse] de manière assez élémentaire, par l'analogie suivante avec le développement d'un embryon d'une part, et une série de Taylor à coefficients indéterminés d'autre part" (SSM, p.32).
(3) Jean-Paul Baquiast : "Je voudrais d'abord revenir sur le darwinisme et plus précisément sur l'évolution darwinienne. Selon moi et je pense pour la plupart des darwinistes, il n'est pas possible d'imaginer que cette évolution soit orientée dans le sens d'une finalité quelconque, accomplissement de la vie, de l'humain, de l'esprit, voire pour les mystique montée vers la panspiritualité de Teilhard de Chardin." (Préalable sur le darwinisme, https://www.dedefensa.org/article/dialogues-4-de-lindividu-dans-lhistoire )
(4) JPB: "Il est toujours possible a postériori de décrire la succession des formes et les succès ou impasses auxquelles celles-ci ont donné lieu, mais ce travail est fait par un observateur qui projette sur le monde ses propres grilles mentales d'analyse, lesquelles ont été construites dans son cerveau par les types de contraintes évolutives que ce cerveau lui-même a précédemment subi.". Thom : "Un des problèmes centraux posés à l'esprit humain est le problème de la succession des formes." (l'une des premières phrases de SSM, et Thom va s'attacher à montrer que les formes se succèdent dans un certain ordre -et va appliquer ce postulat général pour produire des modèles mathématiques de l'embryogenèse).
jc
26/11/2021
|Le changement de transhumanisme en transhumaniste n'est pas une erreur]
En continuant la relecture de "Le grain de sable divin" je tombe sur le paragraphe suivant, intitulé "Hypothèse du “système anthropomystique” ", où PhG oppose sa façon anthropomystique de voir les choses à la façon anthropotechnique que JPB (1) a de les voir. Il est intéressant, selon moi, de lire la réponse de JPB (2) et de mesurer l'abîme qui sépare les mondes vus par le transhumaniste JPB et son concurrent PhG, abîme qui est selon moi en rapport avec celui -peut-être un peu moins abyssal- qui sépare le matérialisme mécanique XIXème dans lequel évolue JPB de la position de Thom proche, selon moi, d'un matérialisme vitaliste. Car ce qui distingue, toujours selon moi, les points de vue de Thom et de PhG, c'est que PhG est un logocrate alors que Thom est d'abord un topocrate (3), PhG étant exclusivement pour "Et le Verbe s'est fait Chair", alors que Thom accepte aussi l'inverse ("Et la Chair s'est faite Verbe"), PhG n'acceptant que de descendre l'arbre de Porphyre alors que Thom accepte également de le remonter. La citation suivante indique que pour Thom la mystique est du côté du topos :
"(...) il y a une certaine opposition entre géométrie et algèbre. Le matériau fondamental de la géométrie, de la topologie, c'est le continu géométrique; étendue pure, instructurée, c'est une notion « mystique » par excellence. L'algèbre, au contraire, témoigne d'une attitude opératoire fondamentalement « diaïrétique ». Les topologues sont les enfants de la nuit ; les algébristes, eux, manient le couteau de la rigueur dans une parfaite clarté."
Le rapport entre les âmes de Verdun et la dernière citation thomienne du .1 est, pour moi, le point de contact le plus profond -et de loin- entre les visions du monde qu'ont Thom et PhG. Je ne suis pas opposé à qualifier le système de pensée dans lequel évolue Thom d'anthropotechnique, à condition de redonner à la technique moderne le supplément d'âme (qu'elle a perdu aux alentours de la coupure galiléenne) en revenant à son sens ancien d'art., et à la Physique son sens ancien de Phusis.
Thom : "Les situations dynamiques régissant l'évolution des phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l'évolution de l'homme et des sociétés. L'usage de vocables anthropomorphes en Physique se trouve ainsi foncièrement justifié." (SSM, conclusion, cité de mémoire) (4)
(1) Je rappelle qu'il y a une dizaine d'année eu lieu sur ce site une série d'une trentaine d'échanges entre Philippe Grasset et Jean-Paul Baquiast (JPB), énarque à propos duquel on lit (https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Paul_Baquiast): "Jean-Paul Baquiast a consacré sa carrière de haut fonctionnaire aux technologies de l'information et de la communication dont il a été l'un des pionniers au sein de l'administration française.".
(2) https://www.dedefensa.org/article/dialogues-4-lindividu-dans-lhistoire
(3) Pour moi "Apologie du logos" est plutôt une apologie du topos.
(4) Il est clair pour moi que dans cette citation Physique doit être pris non seulement au sens moderne mais surtout au sens ancien (phusis).
jc
25/11/2021
Dans le .0 j'ai cité "Le grain de sable divin". En le reparcourant j'y retrouve le passage suivant dans le paragraphe intitulé "Des cathédrales à la bataille de Verdun" :
"L’état-major français voulait décrocher devant la violence inouïe (artillerie) de l’attaque allemande du 21 février 1916; les chefs en place à Verdun (général Langles de Cary) préparaient déjà le retrait de la rive Est de la Meuse, d’ailleurs selon une tactique très raisonnable du point de vue militaire classique. Mais le soldat français a refusé en tenant, en s’accrochant, en se sacrifiant, mu par un instinct auquel il serait bon que l’on prêtât des vertus mystiques. C’est lui, le poilu, qui a imposé Verdun tel que Verdun fut. Il faut la visite d’inspection en urgence de Castelnau, adjoint de Joffre, les 24-25 février (tiens, Castelnau, surnommé “le capucin botté”, catholique fervent, pourtant général favori du franc-maçon Briand contre Joffre, – il faut être en France pour voir cela); et Castelnau, devant l’évidence et avec une certaine prescience de l’essence de la chose, décide qu’on résistera, c’est-à-dire qu’on fera comme veut le poilu.".
Deux commentaires.
1. Bel exemple, selon moi, d'action du soma/peuple sur le germen/élite. En totale contradiction avec le dogme central du néo-darwinisme (existence de la barrière dite de Weismann).
Thom : "La reconstitution de la dynamique germinale n'a lieu en principe que dans les cellules de la lignée germinale ; (...) Ce mécanisme est a priori si complexe, qu'on ne pourra que s'étonner – dans un futur pas tellement lointain – de l'étonnant dogmatisme avec lequel on a repoussé toute possibilité d'action du soma sur le germen – tout mécanisme « lamarckien ». " (ES)
2 Thom : "(...) la vie collective impose souvent — et seuls sont exclus les individus de la lignée germinale — une déformation de la figure de régulation de l'individu. Cette déformation, en stabilisant un col de la crête, donc en l'abaissant, diminue la stabilité individuelle de l'élément. De fait, dans un organisme biologique, certaines cellules peuvent même recevoir un ordre de suicide pour assurer la régulation spatiale ou physiologique de l'organisme entier (cellules de l'épiderme, hématies). Dans les sociétés humaines, cette déformation de la figure de régulation de l'individu porte le nom de morale ; ainsi qu'il est bien connu, l'égoïsme d'une société se fonde sur l'altruisme des individus qui la composent.".
Auguste Vannier
24/11/2021
Avec son style inimitable, son ironie mordante, et un ton sarcastique stimulant, Orlov donne ici une superbe leçon de géopolitique pour nos amis américains…
Tout en ayant des points de désaccord de fond avec notre auteur dans d'autres domaines, je dois reconnaître qu'iil donne ici, en quelques pages et formules bien senties, un véritable manuel de Gèopolitique accessible à tout citoyen même plus nul que le chef du Pentagone:
- les USA ne sont plus hégémoniques, mais toujours dangereux (la perception de leur déclin et sa dénégation peut les rendre encore plus prédateurs);
- une intelligence et un sang froid des dirigeants de la Russie et de la Chine, appuyées sur des cultures nationales puissantes, plutôt rassurantes, vu le niveau de provocation de l'Occident à leur égard;
-des pratiques de coopération internationale réalistes et efficaces;
- ressources naturelles et humaines considérables que Chine et Russie semblent vouloir combiner pour du gagnant-gagnant;
-pas de perspective d'hégémonisme mondiale (dans les faits ça se vérifie, ils ont d'ailleurs déjà pas mal à faire chez eux)...
Et voilà qu'on se dit qu'il est préférable que s'impose une conception multilatérale des affaires du monde plutôt que l'hégémonisme de la nation "indispensable".
jc
24/11/2021
Dans le .2 j'écrivais (de quoi je me mêle!):
"Dans le tome II de "La Grâce…" PhG cite un certain Daniel Vouga à propos de Maistre et Baudelaire: "Le progrès donc, le seul progrès possible, consiste à vouloir retrouver l’Unité perdue…", citation qui est pour moi un indice de la façon qu'a PhG de voir les choses. Une raison pour lui aussi de s'intéresser à l'analogisme descolien et à l'œuvre de Thom? Car pour espérer retrouver l'Unité perdue il est bon d'avoir une idée de la façon dont elle a été perdue.".
Pour moi PhG a une idée très précise -car quotidienne- de la façon dont se perd l'unité. Il l'écrit dans le tome III de "La Grâce…" :
« Il suffit d’un mot, d’une phrase, d’une citation à placer en tête, la chose inspiratrice qui ouvre la voie et là-dessus se déroule le texte, à son rythme, entièrement structuré, avec sa signification déjà en forme et en place. Je n’ai rien vu venir et j’ignore où je vais, mais j’ai toujours écrit d’une main ferme et sans hésiter… et toujours, à l’arrivée, il y avait un sens, une forte signification, le texte était devenu être en soi… C’était un instant de bonheur fou. ».
Le mot, la phrase, la citation à placer en tête représente pour moi l'unité, le centre organisateur, l'être en soi en puissance dont parle Thom dans sa citation concernant l'arbre de Porphyre, alors que l'être en soi dont parle PhG est l'être en soi déployé, en acte.
Quel rapport avec la biologie? Dans son œuvre philosophique Thom s'intéresse principalement à la biologie, à la linguistique et tout naturellement, puisque sa théorie des catastrophes est une théorie de l'analogie, aux relations entre les deux :
"(...) l'homme est pourvu d'un dispositif universel qui, sur un champ de dynamique neuronique, peut en reconstituer le centre organisateur. Véritable gonade mentale, ce dispositif condense les champs en mots, vraies semences d'idées ; placé dans un contexte approprié, le mot germe et éclate dans l'esprit de l'auditeur, et la forme globale ainsi reproduite est l'idée. Ainsi, la pensée conceptuelle est une Embryologie permanente.";
"La signification d'un mot peut être considérée comme un oscillateur (...) de la dynamique neuronique. Un tel système [régulé] forme une sorte de passage obligé entre deux types d'activités psychiques : l'activité sensorielle ou affective, d'une part, qui nous pousse à dire quelque chose, et l'activité motrice d'autre part : car tout mot est finalement, au stade de l'émission, un champ moteur musculaire (une chréode au sens de Waddington), affectant les muscles du thorax, de la glotte, des cordes vocales, de la bouche…. L'aspect « entrée » peut être considéré comme une embryologie de la forme sémantique ; une fois que celle-ci est constituée dans sa plénitude, elle atteint le stade de la « maturité sexuelle » : dans une zone spéciale de la figure de régulation, l'analogue de la gonade des êtres vivants, elle engendre une forme qui, par simplification progressive, retourne au centre organisateur de la structure, comme chez les gamètes des êtres vivants. L'énergie apportée par l'évanouissement de cet oscillateur local sert alors à déclencher le champ moteur musculaire. Ces deux processus constitution et destruction de la forme sémantique peuvent être considérés — en première approximation — comme inverses l'un de l'autre. Après émission du mot, la forme sémantique devient instable et se désagrège rapidement (peut-être subsiste-t-elle quelque temps dans la mémoire immédiate comme un souvenir stérile à l'instar d'un individu âgé devenu incapable de procréer).".
Si les vues de Thom sont correctes, dégenrer le genre des mots (1), ce que tentent de faire actuellement les déconstructeurs, est peut-être (très probablement pour moi) contre nature, car "l'activité sensorielle et affective qui nous pousse à dire quelque chose" nous pousse à mon avis à inconsciemment genrer certains mots, ce genre étant commun à toutes les langues parlées par les humains (2).
(1) Je pense au "iel".
(2) Je suppose, je ne suis pas linguiste.
jc
24/11/2021
Pour moi ce qui caractérise l'état actuel de notre civilisation occidentale c'est la disparition progressive de l'intériorité, ce qui aboutit au matérialisme XIXème et au transhumanisme XXIème. J'ai tendance à situer le début de cette disparition à la coupure galiléenne, mais auparavant il y a eu la lente disparition de l'essentialisme au profit du nominalisme. ainsi que celle de l'intériorité dans l'art (τέχνη en grec ancien) devenu technique (et dans l'artisan devenu technicien) (1).
La disparition des intériorités dans le monde actuel plonge celui-ci dans une sorte de coma. Il est pour moi essentiel et urgent de faire réapparaître l'âme, de réanimer les matérialistes, en particulier les scientifiques. Mais, prévient Thom, réanimer le matérialisme mécaniste du XIXème pour un matérialisme vitaliste du XXIème ne sera pas une mince affaire :
"La synthèse ici entrevue des pensées « vitalistes » et « mécaniste » en Biologie n'ira pas sans un profond remaniement de nos conceptions du monde inanimé. ("Une théorie dynamique de la morphogenèse", conclusion, MMM).
Ce n'est pas autre chose que veut dire Thom lorsqu'il écrit que "la science doit réapprendre à penser" car pour lui penser c'est relier l'intérieur et l'extérieur :
"L'homme en éveil ne peut, comme le nourrisson de neuf mois, passer son existence à saisir les objets pour les mettre en bouche. Il a mieux à faire: aussi va-t-il penser, c'est-à-dire saisir des êtres intermédiaires entre les objets extérieurs et les formes génétiques: les concepts" (2).
Inversement il souhaite que ceux qui ont tendance à trop intérioriser se tournent vers l'extérieur :
"Les Philosophes ont abandonné aux savants la Phusis et se sont repliés dans la forteresse de la subjectivité. Il leur faut réapprendre la leçon des Présocratiques, rouvrir les yeux grands sur le monde, et ne pas se laisser impressionner par l'expertise souvent dérisoire d'insignifiance de l'expérimentateur.".
Il y a pour moi deux grandes catégories de penseurs, ceux qui pensent d'abord le monde depuis l'extérieur et ceux qui, à l'inverse, le pensent d'abord depuis l'intérieur. Pour moi Thom le pense plutôt d'abord depuis l'intérieur :
"(...) en écrivant ces pages j'ai acquis une conviction; au cœur même du patrimoine génétique de notre espèce, au fond insaisissable du logos héraclitéen de notre âme, des structures simulatrices de toutes les forces extérieures agissent, ou en attente, sont prêtes à se déployer quand ce deviendra nécessaire. La vieille image de l'Homme microcosme reflet du macrocosme garde toute sa valeur: qui connaît l'Homme connaîtra l'univers. " (SSM, épilogue) ,
"(...) notre modèle offre d'intéressantes perspectives sur le psychisme, et sur le mécanisme lui-même de la connaissance. En effet, de notre point de vue, notre vie psychique n'est rien d'autre qu'une suite de catastrophes entre attracteurs de la dynamique constituée des activités stationnaires de nos neurones. La dynamique intrinsèque de notre pensée n'est donc pas fondamentalement différente de la dynamique agissant sur le monde extérieur. On s'expliquera ainsi que des structures simulatrices des forces extérieures puissent par couplage se constituer à l'intérieur même de notre esprit, ce qui est précisément le fait de la connaissance.".
Nous arrivons à un point de bifurcation. Première option: continuer dans la voie du mécanisme et du transhumanisme, celle choisie par l'élite-Système. Deuxième option : choisir la voie du vitalisme, voie concurrente de la précédente.
Mais de même que la mort fait partie de la vie, de même pour Thom, je crois, le mécanisme fait partie intégrante du vitalisme géométrique qu'il a en vue et est destiné à être absorbé par lui comme un cas marginal:
"L'hypothèse réductionniste devra peut-être un jour être retournée : ce sont les phénomènes vitaux qui pourront nous expliquer certaines énigmes de la structure de la matière ou de l'énergie. Après tout, n'oublions pas que le principe de la conservation de l'énergie a été exprimé pour la première fois par von Mayer, un médecin…".
(1) Cf. "Des cathédrales à la tour de Doubaï" ( https://www.dedefensa.org/article/dialogues-3-le-grain-de-sable-divin )
(2) Cette citation indique que Thom est conceptualiste, entre nominalisme et essentialisme (et pour une continuité entre les deux pôles "ante rem" et "post rem", avec cependant, à mon avis, un penchant pour l'essentialisme).
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