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Pkus ou moins hors sujet

Article lié : La doctrine ‘Dark Eagle

Geo

  23/11/2021

https://elucid.media/politique/emmanuel-todd-la-russophobie-traduit-la-chute-d-une-amerique-brisee/

La trahison-pépère de dedefensa

Article lié : La trahison-pépère

Auguste Vannier

  22/11/2021

Donc avec cet article dedefensa persiste dans le Melenchon-bashing, en insinuant, puis affirmant, qu'il y aurait une continuité entre la gauche wokeniste US et "La Gauche " française. Déjà que la gauche US n'a rien à voir avec "Une gauche" hexagonale qui n'a jamais existé en tant qu'ensemble unitaire que conjecturellement  et sur des faibles durées gouvernementales. Les élites progressistes n'ont présenté cette étiquette que par opportunisme de carrière, le 2 ème Miterrand inaugure cette posture plus tactique qu'idéologique et elle s'écroule dans la caricature avec Hollande et autres Vals, voire même dans un Macron propulsé sous le nez et à la barbe de Hollande…Il y a bien des gauches différentes ici comme en atteste l'impossibilité de refaire une union plausible.
Quant au "wokenisme", personne ne sait exactement ce que ça signifie idéologiquement et encore moins politiquement, mais c'est pratique pour couper court aux débats et à la réflexion, en passe de succèder, à la même fin, au "complotisme".
La plupart des citoyens ne s'intéressent que moyennement à ces questions tant les autres problèmes sont pressants au quotidien.
Le véritable concept de "créolisation" est d'une plus haute volée intellectuelle et opératoire que ce produit frelaté de wokenisme…
En "attaquant" de cette manière, Mélenchon (toutefois moins ridicule que l'accusation d'islamo-gauchisme) vous entrez sérieusement dans un combat de "campagne" électoraliste…Ça me semble à moi, qui suit et apprécie les analyses fines sur la crise du système américaniste de defensa depuis longtemps, ça me paraît une trahison, et pour être apparemment gentil, je dirais même plus, une trahison-pépère…

Projection politique.2

Article lié : Le transhumanisme et la concurrence

jc

  22/11/2021

Le problème fondamental de l'analogisme -au sens de Descola- est d'établir des liens assurant la cohésion entre les atomes sociaux (les individus ou les familles) et c'est, je crois, l'un des principaux obstacles avancés par les jacobins (depuis Philippe le Bel) pour refuser une organisation sociale girondine selon le principe de la subsidiarité ascendante. Dans le .1 j'ai souhaité que Michel Onfray et Alain de Benoist s'intéressent à l'analogisme (1).

Dans le tome II de "La Grâce…" PhG cite un certain Daniel Vouga à propos de Maistre et Baudelaire: "Le progrès donc, le seul progrès possible, consiste à vouloir retrouver l’Unité perdue…", citation qui est pour moi un indice de la façon qu'a PhG de voir les choses.

Une raison pour lui aussi de s'intéresser à l'analogisme descolien et à l'œuvre de Thom? Car pour espérer retrouver l'Unité perdue il est bon d'avoir une idée de la façon dont elle a été perdue. Thom donne -selon moi- de précieuses indications à ce sujet dans la citation suivante (que je fais ici souvent) (ES, p.216) :

""L'image de l'arbre de Porphyre me suggère une échappée en "Métaphysique extrême" que le lecteur me pardonnera peut-être. Il ressort de tous les exemples considérés dans ce livre qu'aux étages inférieurs, proches des individus, le graphe de Porphyre est susceptible -au moins partiellement- d'être déterminé par l'expérience. En revanche, lorsqu'on veut atteindre les étages supérieurs, on est conduit à la notion d' "hypergenre", dont on a vu qu'elle n'était guère susceptible d'une définition opératoire (hormis les considérations tirées de la régulation biologique). Plus haut on aboutit, au voisinage du sommet, à l'Être en soi. Le métaphysicien est précisément l'esprit capable de remonter cet arbre de Porphyre jusqu'au contact avec l'Être. De même que les cellules sexuées peuvent reconstituer le centre organisateur de l'espèce, le point germinal alpha (pour en redescendre ensuite les bifurcations somatiques au cours de l'ontogénèse), de même le métaphysicien doit en principe parvenir à ce point originel de l'ontologie, d'où il pourra redescendre par paliers jusqu'à nous, individus d'en bas. Son programme, fort immodeste, est de réitérer le geste du Créateur. Mais très fréquemment, épuisé par l'effort de son ascension dans ces régions arides de l'Être, le métaphysicien s'arrête à mi-hauteur à un centre organisateur partiel, à vocation fonctionnelle. Il produira alors une "idéologie", prégnance efficace, laquelle, en déployant cette fonction, va se multiplier dans les esprits. Dans notre métaphore biologique ce sera précisément cette prolifération incontrôlée qu'est le cancer."

"Aristote a dit du germe, à la naissance, qu'il est inachevé. On peut dès lors se demander si tout en haut du graphe on n'a pas quelque chose comme un fluide homogène indistinct, ce premier mouvant indifférencié décrit dans sa Métaphysique; que serait la rencontre de l'esprit avec ce matériau informe dont sortira le monde? Une nuit mystique, une parfaite plénitude, le pur néant? Mais la formule d'Aristote suggère une autre réponse, théologiquement étrange: peut-être Dieu n'existera-t-il pleinement qu'une fois sa création achevée: "Premier selon l'être, dernier selon la génération"."


(1) : "Cette forme d'ontologie est « très commune » sur la face du monde. «." (https://wiki.p2pfoundation.net/Matrices_Ontologiques_-_Philippe_Descola)

Pour info

Article lié : “Mergitur Nec Fluctuat

Philippe GIRAUDET

  19/11/2021

Le turcopolier était le frère sergent commandant les turcopoles, troupes auxiliaires des croisés, mais peut-être aviez-vous cherché...

Projection politique.1

Article lié : Le transhumanisme et la concurrence

jc

  19/11/2021

Je viens d'apprendre que le parti que créerait EZ s'appellerait Vox populi : pour moi une bonne introduction pour ce .1 .

J'ai entendu que EZ se réclame fréquemment de de Gaulle et du gaullisme (1) en je me souviens de ce que de Gaulle disait du peuple :

"La révolution n'a pas appelé au pouvoir le peuple français, mais cette classe artificielle qu'est la bourgeoisie. En réalité il y a deux bourgeoisies. La bourgeoisie d'argent, à droite, et la bourgeoisie intellectuelle, à gauche. Mais les deux font la paire, elles s'entendent comme larrons en foire pour se partager le pouvoir, même si c'est contraire aux intérêts de la France. Tandis que le populo ne partage pas du tout ces sentiments, le populo est patriote, le populo a des réflexes sains, ... , le populo sent où est l'intérêt du pays , le populo ne s'y trompe pas souvent." .

EZ s'affichant bonapartiste, je pense qu'il consultera le peuple "à la de Gaulle" : question(s) posée(s) par le chef auquel le peuple acquiesce ou non, avec démission à la clef si la réponse est négative (les référendums sont pour eux des plébiscites et, à mon avis,  il n'est pas, par principe, question pour eux de votation populaire impérative).

(En "bon" thomien je ne peux m'empêcher de faire les analogies soma/peuple et germen/élite. Avec ces analogies je compare la position constatée de de Gaulle et présumée de Zemmour en transposant à la société le dogme central du néo-darwinisme qu'est l'existence d'une barrière (dite de Weismann) qui interdit toute action directe du soma sur le germen (2). Il est pour moi clair que De Gaulle allait chercher son inspiration autre part que dans le peuple (transcendance de l'origine du pouvoir), et je présume que EZ pense de même : pour eux il y possibilité d'action directe de l'élite sur le peuple mais impossibilité d'action directe du peuple sur l'élite (il y a possibilité d'action indirecte: destitution du chef par référendum). Tel est pour moi l'esprit de la Vème (mais pas de la lettre, qui permet (?) aux présidents de se passer des référendums (3)).)

Le "vox populi" zemmourien appelle un vox dei. Pour moi l'esprit de la Vème c'est plutôt l'inverse, à savoir "Vox dei, vox populi", c'est plus l'aristo-populisme jacobin patriotique que la démo-aristocratie girondine matriotique (4).

La citation de Machiavel qui suit est, une fois n'est pas coutume, machiavélienne et non machiavélique:

 « Ce n’est pas sans raison qu’on dit que la voix du peuple est la voix de Dieu. On voit l’opinion publique pronostiquer les événements d’une manière si merveilleuse, qu’on dirait que le peuple est doué de la faculté occulte de prévoir et les biens et les maux.».

Cette citation laisse entrevoir une autre possibilité d'organisation sociale qui serait analogiste -au sens de Descola-, où le peuple contiendrait en lui-même son propre principe (immanence de l'origine du pouvoir), ce qui lui permettrait de sécréter lui-même sa propre aristocratie (démo-aristocratie). en procédant de bas en haut par analogie depuis le local (la famille -l'atome social pour Auguste Comte- et le village, la commune…) jusqu'au global (La France, l'Europe, le monde) selon le principe de la subsidiarité ascendante (girondisme tel que je le conçois) (5). L'œuvre de Thom va, selon moi, dans ce sens puisque pour lui d'une part sa théorie des catastrophes est en quelque sorte immanente (6) et d'autre part :

"En ce qui me concerne, je préfère croire à un réel – non globalement accessible parce que de structure stratifiée – dont l'herméneutique de la théorie des catastrophes permettrait de dévoiler progressivement les « fibres » et les « strates ». Mais tout progrès dans la détermination d'une telle ontologie stratifiée en « couches » d'être exigera : i) L'emploi de mathématiques pures spécifiques – parfois bien difficiles – dans les théories jusqu'ici purement conceptuelles des sciences de la signification ; ii) La reprise d'une réflexion philosophique sur la nature de l'être que les divers positivismes et pragmatismes ont depuis bien longtemps occultée."

La liberté me semble a priori potentiellement plus grande dans une organisation sociale de type analogiste où tout diffère que dans une organisation de type totémiste où tout se ressemble (7).

J'ai écrit précédemment que je verrais bien évoluer Michel Onfray vers l'analogisme. Je me demande si ce n'est pas quelque chose comme ça que cherche Alain de Benoist, présenté sur Wikipédia comme l'un des leaders de la nouvelle droite, dont j'apprends -toujours sur Wikipédia- qu' "il apporte son suffrage à Jean-Luc Mélenchon au premier tour de l'élection présidentielle française de 2017, en raison de son virage « populiste » lors de la campagne présidentielle".


(1) J'ai également entendu dire que si EZ se déclare candidat alors sa déclaration de candidature sera faite à Colombey.
(2) Darwin acceptait ce genre typiquement lamarckien d'action (cf. sa théorie des gemmules).
(3) De l'interprétation de la conjonction "et" dans l'article 2 : "La souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce par ses représentants et par la voie du référendum".
(4) Chateaubriand : "La France est ma patrie et la Bretagne est ma matrie" (et peut-être du Bellay aurait-il pu écrire "Le monde est ma patrie et mon petit Liré est ma matrie). Pour tenter de rester dans le cadre de l'article, j'ai appris à ce propos que Jean-François gautier était farouchement charentais.
(5) À la suite d'une votation les suisses ont récemment  introduit dans leur constitution le principe de subsidiarité -mais sans préciser s'il s'agit de subsidiarité ascendante ou descendante-.
(6) "Le monde de l'analogie est un monde qui porte son ontologie en quelque sorte avec soi".
(7) Dans "nos" grandes religions monothéistes le rôle de la femme est parfois pratiquement totalement occulté (y a-t-il un autre choix possible dans les sociétés totémistes que celui d'occulter le rôle soit de l'homme soit de la femme?).
 

Projection politique

Article lié : Le transhumanisme et la concurrence

jc

  19/11/2021

Pour moi les sociétés idéalistes et monothéistes sont plutôt à ranger parmi les sociétés totémistes* alors que je range plutôt les sociétés matérialistes et polythéistes du côté des sociétés analogistes*.

Compte tenu de mes précédents commentaires descoliens le thème de l'immigration qui domine actuellement la pré-campagne présidentielle (thème vigoureusement impulsé par Éric Zemmour) devient celui de l'intégration d'une société totémiste (l'Islam) dans une société laïque qui refuse idéologiquement l'idée d'intériorité, donc une société soit naturaliste* soit analogiste* . Aussi, pour moi très logiquement, EZ prône un retour au statu quo ante de la civilisation judéo-chrétienne également totémiste pour pouvoir s'opposer à l'Islam à armes égales.

L'athée Michel Onfray, athée matérialiste moniste (2) et droit-de-l 'hommiste pense, lui aussi très logiquement de mon point de vue, que notre civilisation est en train d'évoluer catastrophiquement (au sens usuel du terme) vers le transhumanisme. Toujours compte tenu de ce qui précède il me semble logique que MO évolue vers l'option analogiste (3).

En ce qui me concerne il y a longtemps que j'oppose ici le matérialisme mécaniste XIXème à un matérialisme vitaliste (ou un vitalisme matérialiste…) XXIème que je propose avec conviction (4), matérialisme peut-être pas si éloigné que ça du matérialisme aristotélicien (5). Si j'ai compris correctement l'esprit de la classification descolienne je crois qu'on peut ranger sans trop de dommages le matérialisme XIXème parmi les sociétés naturalistes et le matérialisme XXIème parmi les sociétés analogistes.

Je rappelle à ce propos que, dès le début de son pontificat, le pape François a édicté quatre principes dont l'un -"La réalité est supérieure à l'idée"- me semble s'opposer quasi frontalement au plus classique "Et le verbe s'est fait chair" (participant ainsi à justifier de traiter François de pape matérialiste). L'idée de François serait-elle de faire basculer le catholicisme du totémisme à l'analogisme ?


(1) L'usage chrétien (entre autres) d'attribuer le prénom d'un saint du calendrier (Michel, Paul et .... Pascal, Noêl, Toussaint): tradition totémiste ?
(2 Au sens où l'existence implique l'essence (sens différent de celui que donne Thom).
(3) Michel sur le chemin de Chambois tel Paul sur le chemin de Damas?
(4) Thom : "Ce n'est pas faire preuve de vitalisme que de déclarer qu'un être vivant est une structure globale, c'est constater une évidence. Ce qui est inadmissible, en effet, et entaché de métaphysique vitaliste, c'est d'expliquer les phénomènes locaux par la structure globale" ; "(...) on pourrait rapporter tous les phénomènes vitaux à la manifestation d'un être géométrique qu'on appellerait le champ vital (tout comme le champ gravitationnel ou le champ électromagnétique)".
(5) Esquisse d'une sémiophysique est sous-titré "Physique aristotélicienne et théorie des catastrophes".
 

À propos de la classification de Descola.1

Article lié : Le transhumanisme et la concurrence

jc

  19/11/2021

J'ai fait une erreur grossière dans le .0 . L'identification intériorité/extériorité (monisme thomien (1) ) conduit en effet à ne considérer que l'analogisme* et le totémisme* puisque, la différence intériorité/extériorité n'existant plus, il ne reste que l'opposition identité/rupture (ressemblance/différence). Donc avec le choix du monisme thomien -mon cas- exeunt l'animalisme* (tant pis?) et le naturalisme* (tant mieux) (2) .

* Pour moi il s'agit ici du sens descolien.

(1) : "C'est sans doute sur le plan philosophique que nos modèles présentent l'apport immédiat le plus intéressant. Ils offrent le premier modèle rigoureusement moniste de l'être vivant, ils dissolvent l'antinomie de l'âme et du corps en une entité géométrique unique." (SSM, 2ème ed., conclusion) ; "(...) le problème classique de l'opposition : « réalisme-idéalisme » ne se pose pas pour nous ; car on se place à un niveau (celui de l'image homomorphe du réel dans l'esprit) où cette distinction s'abolit." .
(2) Je lis dans Wikipédia que pour Lévi-Strauss « le totémisme est une unité artificielle, qui existe seulement dans la pensée de l'ethnologue, et à quoi rien de spécifique ne correspond au dehors ».
 

De Derrida à Descola

Article lié : Le transhumanisme et la concurrence

jc

  18/11/2021

Descola nous montre que le structuralisme n'est pas mort (et qu'il est même, selon moi, bien vivant), malgré les efforts des post-structuralistes (Derrida, Deleuze et cie) pour le discréditer.

Pour moi, la façon qu'a Descola de classer les rapports des groupes humains au reste du monde est un véritable plan général d'organisation sociale (PGOS) en quatre catégories (1), plan général qu'il ne me semble pas déraisonnable de mettre en regard du plan général d'organisation animale (PGOA) proposé par Thom (2), structuraliste à ses heures (3).

(1) : Descola considère que sa classification ne concerne que les superstructures (il laisse aux ethnologues le soin de s'occuper des infrastructures ( https://www.cairn.info/revue-cahiers-philosophiques1-2011-4-page-23.htm ).
(2) Cf. Esquisse d'une sémiophysique.
(3) Pour Jakobson il n'y avait de son temps (années 1960) que quatre structuralistes (outre lui-même) : Saussure, Lévi-Strauss, Troubetskoï et Thom. Ce que Thom reproche aux structuralistes "classiques" c'est leur incapacité (ou leur refus) de considérer les choses du point de vue du continu : "Le grand vice du structuralisme est son caractère discret, qui ne lui permet pas de prendre en compte les variations continues des formes, en particulier leur mouvement.".
 

La véritable coupure galiléenne.2

Article lié : Le transhumanisme et la concurrence

jc

  17/11/2021

Finalement je commente ici (par cohérence) et non -comme annoncé- en marge de l'article https://www.dedefensa.org/article/le-charme-discret-de-linversion .

Il s'est pour moi opéré une catastrophique inversion à la coupure galiléenne : l'inversion qui a transformé l'analogisme en naturalisme (et la philosophie naturelle en ce que j'appelle un philosophisme naturaliste -dans philosophisme il y a sophisme-).

À ma connaissance (1) c'est le seul cas dans l'histoire où des sociétés ont choisi ce rapport à la nature (et aux autres sociétés, humaines en particulier). C'est d'ailleurs comme ça que j'interprète Jacques Ellul, que je cite de mémoire :

"Toutes les sociétés humaines ont, d'une façon ou d'une autre, sacralisé la nature. Toutes sauf la nôtre, qui a choisi de sacraliser ce qui la désacralise, à savoir la technique." .

Dans les autres cas, si on suit Descola, les sociétés humaines sont soit animistes, soit analogistes, soit totémistes (soit analogistes-totémistes ou animistes-naturalistes si on accepte le monisme thomien).

L'inversion analogisme/naturalisme (2) se lit clairement dans la classification descolienne : différence des extériorités pour l'analogisme, identité pour le naturalisme (le rapport aux intériorités restant le même: différence dans les deux cas).
 
On entrevoit les catastrophiques conséquences du rapport au monde des naturalistes car ceux-ci peuvent décréter que certains autres dans le monde (éventuellement humains) n'ont pas d'âme et peuvent donc être traités comme des animaux, voire des végétaux ou des minéraux -un naturaliste n'est pas un animiste-, d'où dérives eugénistes (qui reviennent en force actuellement) et réductionnistes, émergence de la vie par hasard (pas d'intervention surnaturelle, pas de téléologie, pas de dessein intelligent, darwinisme et néo-darwinisme, la plupart des naturalistes -en particulier les scientifiques- refusant le surnaturel, le transcendant).

(  J'ai trouvé très intéressante l'interview de Descola (que je découvre) par "Les cahiers philosophiques : https://www.cairn.info/revue-cahiers-philosophiques1-2011-4-page-23.htm )

* : au sens de Descola.
(1) Je ne suis ni anthropologue ni ethnologue.
(2) l'inversion totémisme/naturalisme me semble plus problématique. Je ne sais pas si elle a été observée par les anthropologues.
 

À propos de la classification de Descola

Article lié : Le transhumanisme et la concurrence

jc

  17/11/2021

Descola classe les rapports de l'homme à la nature en quatre catégories *: animisme, totémisme, analogisme et naturalisme en fonction de deux critères : l'opposition intériorité/extériorité (esprit/corps) d'une part et l'opposition identité/rupture (ressemblance/différence). Cela donne : analogisme: différence des intériorités et des extériorités; totémisme: ressemblance des intériorités et des extériorités; naturalisme: différence des intériorités et ressemblance des extériorités; animisme: ressemblance des intériorités et différence des extériorités. Il suit pour Descola que chaque type de société a un problème fondamental à résoudre. Ainsi pour l'analogisme c'est relier ce qui est différent, c'est-à-dire faire des regroupements, des analogies; pour le totémisme c'est l'inverse, c'est différencier. On retrouve là la classification du mathématicien-philosophe Olivier Rey qui distingue les communautés (le "je" est le singulier du "nous"), dont le problème central est la différenciation des individus de la communauté) et les sociétés (le "nous" est le pluriel de "je"), dont le problème central est l'intégration.

Pour Thom l'opposition intériorité /extériorité n'a pas lieu d'être (1). Si on le suit -mon cas- on est amené à regrouper dans la classification de Descola l'analogisme et le totémisme d'une part et l'animisme et le naturalisme d'autre part. Dans les sociétés analogistes, une fois opérés des regroupements, il reste à ordonner l'intérieur de chaque groupe/strate et à ordonner -hiérarchiser- les strates entre elles. C'est précisément le travail auquel s'est attelé Thom avec sa théorie des catastrophes où, pour moi, les catastrophes élémentaires (pli, fronce, etc.) jouent le rôle des totems.

Il suit que pour moi, en bon thomien, les bonnes sociétés humaines sont les sociétés analogistes-totémistes et (donc?) les sociétés animistes-naturalistes sont mauvaises. Dans de précédents commentaires de cet article je me suis exprimé longuement sur les défauts des sociétés naturalistes -nous y sommes-, et ai situé à la coupure galiléenne le point de bascule de l'analogisme(-totémisme?) au naturalisme(-animisme?) à la coupure galiléenne.

Olivier Rey explique le passage des communautés aux sociétés par une question de taille (distinction qui n'a pas lieu d'être si on accepte d'unifier analogisme et totémisme). Pour moi l'augmentation considérable de la taille des sociétés (de quelques centaines dans les sociétés primitives à des centaines de millions actuellement) a donné une importance de plus en plus grande aux comptables, et donc aux nombres profanes et à la calculabilité. Peut-être peut-on reprocher aux sociétés naturalistes ce que Thom reproche à la Physique actuelle:

"Le naturalisme a sacrifié la stabilité structurelle à la calculabilité; je veux croire qu'il n'aura pas à se repentir de ce choix.".

Je n'ai qu'une idée très vague de ce qu'est l'animisme (Wiki…) . Différencier l'écologie de l'écologisme comme on différencie la science du scientisme. Proposition de définition descolienne de l'écologisme : couplage de l'animisme et du naturalisme ?

Pour moi le couplage analogisme-totémisme recoupe le couplage macrocosme-microcosme : connais-toi toi-même et tu connaîtras l'univers (Dieu est en toi) et réciproquement, connais l'univers et tu te connaîtras (Dieu est dans le Cosmos) (2) (3).

(1) : ""C'est sans doute sur le plan philosophique que nos modèles présentent l'apport immédiat le plus intéressant. Ils offrent le premier modèle rigoureusement moniste de l'être vivant, ils dissolvent l'antinomie de l'âme et du corps en une entité géométrique unique." (SSM, 2ème ed., conclusion)
(2) : George Smoot sur la photographie d’un univers de 380 000 ans d’après le Big Bang, montrant une image étrange et chatoyante où l’on pourrait croire un visage : « C’est comme voir le visage de Dieu. ».
(3) : Michel Onfray : ""Il s'agit de permettre à chacun de se mettre au centre de lui-même - tout en sachant que le cosmos s'y trouve déjà." (dernière phrase de la conclusion de Cosmos).

* : https://wiki.p2pfoundation.net/Matrices_Ontologiques_-_Philippe_Descola

 

1+1=1? ... euh... non.

Article lié : Mythologies dualistes

Corinne

  16/11/2021

Je cite, "Ainsi, l’expression pseudo-arithmétique de cette notion est 1+1=1 : de la dualité naît l’unité."

pardon, mais non. Le taoïsme, ainsi que d'autres traditions ésotériques dualistes (notamment le culte d'Ifa yorouba) postule que 1+1=3. En effet, le principe masculin (1, Yang, Ogbe chez les Yorouba) interagit en permanence avec le principe féminin (1, Yin, Oyeku chez les Yorouba) pour donner naissance à 3 - à savoir toute la création, sous tous ses aspects. 

La bonne nouvelle, c'est que cette vision exclut la morosité  "genriste" en posant le concept bien plus prolifique et complexe de la complémentarité, avec les conflits, amours, malentendus, complicités et nuances infinies qu'elle implique.  L'ésotérisme, le vrai, c'est la vie, c'est magique ! 

La véritable coupure galiléenne.1

Article lié : Le transhumanisme et la concurrence

jc

  16/11/2021

En réécoutant l'interview de Frédéric Mathieu je me demande s'il n'y a pas en même temps un Newton à 70% analogiste (1) et un Newton à 30% naturaliste (1), un Newton à 70% herméneute pour qui il va de soi que l'homme de science fait partie d'une nature dans laquelle le surnaturel a sa place, et un Newton à 30% démiurge pour qui l'homme n'accepte plus le surnaturel (mort de Dieu) et pour qui la culture s'oppose à la nature, un Newton penseur du continu, intuitif et inductif, à 70% "cerveau droit d'abord" et un Newton penseur du discret, calculateur et déductif, à 30% "cerveau gauche d'abord". (Bien entendu je considère que "mon" Thom est 100% analogiste et 100% "cerveau droit d'abord", autrement dit qu'il est 100% véritable philosophe de la nature.)

Je ne sais pas si Newton s'exprime à ce sujet (la réponse est peut-être dans la malle d'inédits découverte dans les années 1930) mais je suis convaincu que c'est à partir de cette époque que le naturalisme a progressivement pris le pas sur l'analogisme, pour accoucher du matérialisme et du technologisme qui ont pris à leur tour de l'ampleur jusqu'à régner actuellement pratiquement en maîtres (en attendant le transhumanisme…). J'attends donc de voir avant de valider ce que PhG retient de ce que dit Mathieu :

" Newton, qu’on dit être au cœur de la révolution scientifique, l’architecte des sciences modernes, n’est pas l’inventeur de quelque chose mais le continuateur d’une tradition. [...] Ainsi, l’on pourrait dire que la véritable révolution newtonienne c’est un retour à la tradition ." .

Pour moi Kant exprime parfaitement l'idée que je me fais du naturalisme descolien dans la préface de la deuxième édition de sa "Critique de la raison pure" :

"Lorsque Galilée fit rouler sur un plan incliné des boules dont il avait lui-même déterminé la pesanteur, ou que Torricelli fit porter à l'air un poids qu'il savait être égal à une colonne d'eau à lui connue, ou que, plus tard, Stahl transforma des métaux en chaux et celle-ci à son tour en métal, en y retranchant ou en y ajoutant certains éléments, alors une nouvelle lumière vint éclairer tous les physiciens. Ils comprirent que la raison n'aperçoit que ce qu'elle produit elle-même d'après ses propres plans, qu'elle doit prendre les devants avec les principes qui déterminent ses jugements suivant des lois constantes, et forcer la nature à répondre à ses questions, au lieu de se laisser conduire par elle comme à la lisière; car autrement des observations accidentelles et faites sans aucun plan tracé d'avance ne sauraient se rattacher à une loi nécessaire, ce que cherche pourtant et ce qu'exige la raison. Celle-ci doit se présenter à la nature tenant d'une main ses principes, qui seuls peuvent donner à des phénomènes concordants l'autorité de lois, et de l'autre les expériences qu'elle a instituées d'après ces mêmes principes. Elle lui demande de l'instruire, non pas comme un écolier qui se laisse dire tout ce qui plaît au maître, mais comme un juge qui a le droit de contraindre les témoins à répondre aux questions qu'il leur adresse. La physique est donc redevable de l'heureuse révolution qui s'est opérée dans sa méthode à cette simple idée, qu'elle doit, je ne dis pas imaginer, mais chercher dans la nature, conformément aux idées que la raison même y transporte, ce qu'elle veut en apprendre, mais ce dont elle ne pourrait rien savoir par elle-même. C'est ainsi qu'elle est entrée dans le véritable chemin de la science, après n'avoir fait pendant tant de siècles que marcher à tâtons.".

Je ne suis pas du tout convaincu que l'approche démiurgique choisie par la physique moderne puisse permettre de fournir des preuves de l'existence de Dieu.



(1) au sens de l'anthropologue Descola.
 

Le bon sens paysan

Article lié : Le charme discret de l’inversion

jc

  15/11/2021

1 L'inversion deleuzienne

À la lecture de cet article duquel je retire une sorte de volonté déconstructrice de l'UE qui peut être perçue comme une volonté suicidaire, j'ai aussitôt pensé à "nos" philosophes déconstructeurs et, en premier lieu, à Derrida. Actionnant le moteur de recherche du site j'ai retrouvé l'article où je cherchais la citation derridienne que j'avais en vue, mais suis d'abord tombé sur Deleuze (1), son nom étant accolé à celui d'inversion, le sujet du jour:

"Voici ce passage, qui vaut témoignage d’une belle pensée, où Mattei démonte l’inversion opérée par Deleuze (dito, le “nain haineux”) de l’Eternel Retour de Nietzsche :

«Le parasite ontologique utilise alors sans vergogne l’Eternel Retour nietzschéen afin de simuler la philosophie de la maîtrise et faire triompher les fantasmes. Très remarquable à cet égard apparaît la vision deleuzienne de l’Eternel Retour, qui dénature complètement l’intuition de l’auteur de “Zarathoustra” pour en faire un instrument de combat contre la maîtrise elle-même. Désormais l’Eternel Retour (répétition vêtue, verticale, asymétrique) n’affirme plus un oui sacré à l’existence mais un “non” haineux à tout ce qui se hausse, à tout ce qui s’élève ; il ne chante plus le retour du Même mais son errance. Que Nietzsche parle nommément de l’“Eternel Retour du Même” demeure indifférent au nain qui aplatit toutes choses, expulse et dépèce l’esquisse d’une simple identité… ».

J'ai retrouvé Derrida ailleurs (2) :

"« …Chaque fois que j’écris quelque chose … Que j’avance dans des espaces où je ne m’étais pas aventuré, ce qui implique des actes qui peuvent sembler agressifs à l’égard de penseurs, ou de collègues… C’est déjà arrivé… Je ne suis pas “polémiqueur” [sic] mais il est vrai que les gestes de type déconstructif ont souvent l’apparence de gestes qui vont déstabiliser, ou angoisser les autres, ou même blesser les autres quelquefois…

» Alors, chaque fois que j’ai fait ce geste là, il y a eu des moments de peur… Pas au moment où j’écris, parce qu’au moment où j’écris, il y a une espèce de nécessité, une espèce de force, plus forte que moi, qui fait que ce que je dois écrire, je l’écris, quelles que soient les conséquences … Je n’ai jamais renoncé à écrire quoi que ce soit parce que conséquences me faisaient peur. Rien ne m’intimide quand j’écris. Je dis ce que je pense qui doit être dit. Bon…

» Cela dit, quand je n’écris pas, quand je ne suis pas en train d’écrire, et à un moment très particulier qui est le moment où je m’endors… When I have a nap and I fall asleep … A ce moment-là, dans un demi-sommeil, je suis effrayé par ce que je suis en train de faire, et je me dis “mais tu es fou, tu es fou d’écrire ça, tu es fou de t’attaquer à ça, tu es fou de critiquer telle ou telle personne, tu es fou de contester telle ou telle autorité, que ce soit une autorité textuelle, une autorité institutionnelle, une autorité personnelle”... Et il y a une sorte de panique , dans un subconscient, comme ça, une sorte de panique, comme si … comme si, à quoi est-ce que je peux comparer ça ? Imaginez un enfant qui fait une chose honteuse, il a fait une chose honteuse, bon… Il y a les rêves d’enfant de Freud, où l’enfant se promène nu, vous savez les rêves où l’on se promène tout nu, et puis l’on est effrayé parce que tout le monde voit que vous êtes nu … Bon… Dans ce demi-sommeil, j’ai l’impression que j’ai fait une chose criminelle, honteuse, inavouable, quelque chose que je n’aurais jamais du faire… Et quelqu’un est en train de me dire : “Mais tu es fou de faire ça !” … Et c’est l’évidence même, je le crois dans mon demi-sommeil, je le crois… Et donc, l’ordre qui est évident dans cela, c’est “Arrête tout, retire ça, brûle tes papiers… Ce que tu viens de faire est i-na-dmi-ssible !” Mais dès que je me réveille, c’est fini.

» Ca veut dire que… Je l’interprète comme ça, ça veut dire que quand je suis éveillé, conscient, au travail, etc., je suis d’une certaine manière plus inconscient que dans un demi-sommeil… Dans un demi-sommeil, je, je… il y a une certaine vigilance qui me dit la vérité, à savoir que ce que je fais c’est très grave, d’une certaine manière … Mais quand je suis éveillé et au travail, cette vigilance-là est en sommeil. Elle n’est pas la plus forte, et donc je fais ce qui doit être fait… »

(Je retrouve ici un des mes thèmes favoris : celui du khaos néguentropique d'Héraclite qui, pour moi, mène à la singularité de l'harmonie suprême des contraires -reconstitution du centre organisateur, de la lignée germinale-, qui s'oppose à son inverse qui est le chaos entropique où les conflits s'éteignent dans l'insignifiance de la régularité du néant.)


2. Le bon sens paysan.

C'est qu'avant de reconstruire, il faut d'abord déconstruire. Mais pourquoi déconstruire quand, visiblement, "nos" dirigeants (et"nos" wokenistes) n'ont aucune idée de ce qu'il faut reconstruire derrière?

Peut-être apprendra-t-on un jour que les principaux dirigeants de l'UE sont "subventionnés" par d'autres qui, tapis dans l'ombre, savent eux ce qu'ils font et pourquoi ils le font?
Peut-être les socio-psychologues nous donneront-ils une explication plausible?
Peut-être sera-t-on amenés à tirer la conclusion que ces dirigeants sont des sots?
Peut-être que les dirigeants européens (et français) sont-ils agis plus qu'ils n'agissent, comme l'a observé Maistre à propos de notre grande révolution -citation qui revient sporadiquement sous la plume de PhG-?

“On a remarqué, avec grande raison, que la Révolution française mène les hommes plus que les hommes la mènent. Cette observation est de la plus grande justesse… [...] Les scélérats mêmes qui paraissent conduire la révolution, n'y entrent que comme de simples instruments; et dès qu'ils ont la prétention de la dominer, ils tombent ignoblement.”.

Nos dirigeants dans cette grande crise : marionnettes d'un jeu qui les dépasse? Thom :

"Les situations dynamiques régissant l'évolution des phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l'évolution de l'homme et des sociétés."


(1) : https://www.dedefensa.org/article/inconnaissance-et-climat-derrida-deleuze-cie-1
(2) : https://www.dedefensa.org/article/la-revelation-de-jacques-derrida

dedefensa en campagne?

Article lié : Mélenchon et son simulacre

Auguste Vannier

  15/11/2021

Note étonnante de la part de Ph.Grasset qui nous a habitué à plus de hauteur et de lucidité. Ce passage dans le "Mélenchon-bashing"  est-elle le signe d'une entrée dans une campagne électorale qui s'avère si peu relever du débat de fond?
L'accusation de "Wokenisme" est en passe de jouer le même rôle que celle de "Complotisme": éviter les questionnements légitimes et le vrai débat sur les problèmes qui font le quotidien des citoyens.
S'il vous plaît, Ph.Grsset ne tombez pas là dedans, ou alors restez-en à l'ironie que vous maniez si bien à l'égard ds américanistes.

Plaidoyer pour la philosophie naturelle.2

Article lié : Le transhumanisme et la concurrence

jc

  15/11/2021

Frédéric Mathieu :

"Newton est un philosophe, au même titre que Platon, Socrate, qui étaient à la fois des philosophes, des physiciens, des moralistes.".

Autrement dit, du temps de Newton, un philosophe était alors quelqu'un qui était perçu par ses contemporains pour sa capacité à dominer la pensée de son époque. Avec l'augmentation des connaissances (1) cette prétention à dominer la pensée de son temps devient évidemment de plus en plus difficile à réaliser. Ainsi il me semble que, déjà à l'époque de Kant, ce n'était plus le cas, la coupure galiléenne commençant à faire son effet par un divorce de plus en plus prononcé entre science -au sens moderne- et philosophie traditionnelle, divorce actuellement assez béant. Pour moi, sans surprise pour ceux qui ont le courage de parcourir mes commentaires, René Thom est l'un des rares (des rarissimes?) tels penseurs contemporains. Quelques citations de penseurs contemporains (étiquetés philosophes ou non):

- Hawking;

"Hawking soutient dans une conférence en 2011 que la philosophie est morte, et que : « Les philosophes n'ont pas suivi les développements modernes de la science. Particulièrement la physique » (en anglais : Philosophers have not kept up with modern developments in science. Particularly physics). Les philosophes ont été selon lui remplacés par les scientifiques pour répondre aux grandes questions sur l'univers et le temps : « Les scientifiques sont devenus les porteurs du flambeau de la découverte dans notre quête de la connaissance » (Scientists have become the bearers of the torch of discovery in our quest for knowledge)." (Wiki) :

- Lévi-Strauss:

"En 1934, lassé de plusieurs années d'engagement politique autant que de la philosophie institutionnelle, Lévi-Strauss abandonne son activité militante et recherche activement un poste d'ethnologue, qu'il obtient au Brésil au début de 1935. Il conservera toute sa vie de ce basculement de carrière une double aversion, pour la politique autant que pour la philosophie. Ce « compte à régler » avec les philosophes reviendra en force dans le « Finale » de l’Homme Nu (tome IV des Mythologiques) où Lévi-Strauss affirmera ne pas avoir « de philosophie qui mérite qu'on s'y arrête […]. Contraire à toute exploitation philosophique qu'on voudrait faire de mes travaux, je me borne à signifier que, à mon goût, ils ne pourraient, dans la meilleure des hypothèses, contribuer qu'à une abjuration de ce qu'on entend aujourd'hui par philosophie ». (https://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_L%C3%A9vi-Strauss#Le_rejet_pr%C3%A9coce_de_la_philosophie_classique) ;

-Onfray:

1. "La philosophie est une activité urbaine; (...) Toute la philosophie? Non, la philosophie dominante essentiellement. car les marges philosophiques qui me plaisent et me nourrissent montrent que la pensée peut aussi être une quintessence des champs." (Cosmos, conclusion)

[2. "Il s'agit de permettre à chacun de se mettre au centre de lui-même - tout en sachant que le cosmos s'y trouve déjà" (dernière phrase de la conclusion de Cosmos) (2).]


- Thom :

1. "Il était de bon ton – il l'est encore sans doute – dans les milieux scientifiques, de dauber sur la philosophie. Et cependant, qui pourrait nier que les seuls problèmes réellement importants pour l'homme sont des problèmes philosophiques ? Mais voilà, les problèmes philosophiques, étant les plus importants, sont aussi les plus difficiles ; dans ce domaine faire preuve d'originalité est très difficile, a fortiori découvrir une nouvelle vérité. C'est pourquoi la société, fort sagement, a renoncé à subventionner les recherches sur des sujets philosophiques, où le rendement est trop aléatoire,
pour consacrer son effort à la recherche scientifique, où, Dieu merci, il n'est pas besoin d'être un génie pour faire « œuvre utile »." ;

2. "(...) si la science progresse, c'est en quelque sorte par définition. Alors que l'art et la philosophie ne progressent pas nécessairement, une discipline qui ne peut que progresser est dite scientifique. De là on conclura que le progrès scientifique, s'il est inévitable, ne peut être le plus souvent qu'illusoire." ;

3. C'est dans cette voie de l'élaboration de nouvelles formes d'intelligibilité que je verrais la tâche essentielle d'un philosophe de la nature. On a peut-être trop vite condamné la Naturphilosophie allemande dont l'acquis scientifique n'a pas été aussi négligeable que les tenants de l'expérimentalisme au 19ème siècle (à la suite de Helmholtz) ont voulu nous le faire croire ; c'est dans le rôle d'élaboration et de justification de l'intelligibilité en Science que je verrais volontiers la fonction essentielle d'un tel philosophe." ;

4. "Finalement, le problème de la démarcation entre scientifique et non scientifique n'est plus guère aujourd'hui qu'une relique du passé ; on ne le trouve plus guère cité que chez quelques épistémologues attardés – et quelques scientifiques particulièrement naïfs ou obtus." ;

5. "(...) Les Philosophes ont abandonné aux savants la Phusis et se sont repliés dans la forteresse de la subjectivité. Il leur faut réapprendre la leçon des Présocratiques, rouvrir les yeux grands sur le monde, et ne pas se laisser impressionner par l'expertise souvent dérisoire d'insignifiance de l'expérimentateur. Inversement la science doit réapprendre à penser." ,

6. J.-A. Miller : — Pouvez-vous différencier l'accueil fait à votre théorie selon les disciplines ?
R. Thom : — Jusqu'à présent, il n'y a pas eu réellement d'application par des professionnels. Le seul modèle est celui de la dénaturation des protéines en biologie, et ce n'est pas tout à fait de la biologie. Tout l'aspect philosophique a été jusqu'à présent laissé de côté, et d'ailleurs largement incompris. Ce qu'il en sortira, je n'en sais rien. J'ai personnellement beaucoup d'espoir que cela permettra une renaissance de la philosophie naturelle, et que l'on pourra de nouveau spéculer dans les sciences. Jusqu'à présent on n'a pas pu, parce qu'il y a ce tabou qu'il faut toujours trouver des choses vérifiables par l'expérience. On n'ose pas spéculer en science, c'est considéré comme irrelevant, et stupide, et dangereux. Qu'on accepte l'idée qu'une certaine forme de spéculation est possible il y aura un effet libérateur considérable. Et en même temps, ça permettra de lisser un peu la distinction entre science et philosophie." .


(1) Étymologiquement: des sciences.
(2) Phrase que j'ai aussitôt rapprochée de la fin de l'épilogue de SSM : "... en écrivant ces pages j'ai acquis une conviction; au cœur même du patrimoine génétique de notre espèce, au fond insaisissable du logos héraclitéen de notre âme, des structures simulatrices de toutes les forces extérieures agissent, ou en attente, sont prêtes à se déployer quand ce deviendra nécessaire. La vieille image de l'Homme microcosme reflet du macrocosme garde toute sa valeur: qui connaît l'Homme connaîtra l'univers. Dans cet essai d'une Théorie générale des modèles [sous-titre de SSM], qu'ai-je fait d'autre, sinon de dégager et d'offrir à la conscience les prémisses d'une méthode que la vie semble avoir pratiquée dès son origine?"