laodan
05/08/2021
Cher Monsieur Grasset,
J'observe depuis longtemps, et de loin le brouhaha enveloppant les sociétés occidentales atomisées, et j'entends maintenant leur rugissement woke qui ne contient plus aucune trace de sens. Cela m'amène à mediter vos paroles « jamais il n'a été plus nécessaire de croire pour trouver du sens ».
Croire… Mais diable; croire en quoi ?
Ce rugissement woke incinère en effet le sens de notre humanité !
Est-ce l'esthétisation du déclin ou de la décadence, ou bien est-ce votre intuition que la quête du savoir est notre dernière bouée de sauvetage avant de sombrer dans la folie sociétale, qui vous suggère de "solliciter, consciemment ou plus souvent inconsciemment, l’explication de forces supérieures" ?
Cette idée d'une dernière bouée de sauvetage nous ramène en effet aux questions existentielles qui taraudent l'humanité depuis que le néo-cortex des individus leur a donné accès au pouvoir mental d'abstraction. Et nous utilisons depuis lors ce pouvoir d'abstraction pour concevoir "des visions du monde" que nous partageons avec les autres dans nos sociétés.
Il fut en effet observé dans la région tricontinentale à la fin de la longue transition, des sociétés tribales aux sociétés de pouvoir, que ce qui assure la reproduction des institutions sociétales sur le long terme de nombreuses générations, est en effet cette vision du monde partagée par tous les membres d'une société. Et ainsi est né l'âge sociétal des forces religieuses supérieures qui lient (religare) ou unissent les individus dans leurs sociétés. Par contre dans le domaine géographique de la civilisation chinoise les sociétés de pouvoir n'ont jamais ressenti le besoin de se convertir aux abstractions religieuses quoiqu'elles souscrivaient également à l'idée de forces supérieures. Elles acceptèrent l'héritage de la base de connaissance animiste qui regroupait la somme des moyens pragmatiques qui avaient été observés faciliter l'existence matérielle des individus tout en allégeant leurs souffrances.
La Modernité, et plus particulièrement le dernier avatar woke de la postmodernité, a définitivement éteint la flamme de toutes les grandes « visions du monde » que partageaient les citoyens occidentaux. Je pense plus particulièrement ici au christianisme et au marxisme. Cela signifie que plus rien ne lie (religare) ni n'unit les individus dans leurs sociétés qui étaient déjà profondément fragmentées depuis des décennies. Pire même les individus finirent séparés et parqués dans la solitude ce qu'ils tentèrent de contourner en compensant leur solitude dans la virtualité des réseaux sociaux. Mais, lorsque le virus a soudainement approfondi leur solitude, les plombs de leurs compteurs mentaux se mirent a péter les uns après les autres, laissant place à la folie sociétale.
C'est à ce stade de la réflexion qu'il m'apparait que « jamais il n'a été plus nécessaire de croire pour trouver du sens ». Croire ici, il me semble, est au sens de partager "une vision du monde" avec les autres. Ce qui, dans l'état actuel de folie au sein des sociétés occidentales, semble impliquer ce qui suit :
1. une recherche individuelle d'une "vision du monde" adaptée au contexte actuel
2. le partage, d'une "vision du monde" adaptée au contexte actuel, sera ensuite nécessairement limité à des sous-groupes
3. pendant ce temps le reste du monde, qui fut seulement converti a la Modernity récemment, va replonger en toute urgence dans ses traditions sans plus aucune attention pour ce qui se passe dans les sociétés occidentales…
laodan
Ivan-Ivan Chasseneuil
05/08/2021
L'épreuve des faits est cruelle.
Onfray se croit grand - mais quand le monde qui s'effondre ne peut être tenu à distance, quand on ne peut pas contempler le sublime et qu'on subit soi-même la catastrophe, il faut peut-être basculer de la position de spectateur dédaigneux qui ne risque rien au stoïque - enfin, si on ne peut être stoïcien.
Cyrano est toujours resté grand.
Onfray est terrorisé quand le Covid l'attrape. Sa peur extrême le conduit à une trahison de tous ses idéaux passés : désormais il faut la police pour réformer les moeurs, imposer par la loi la vaccination à tous - en dépit des données scientifiques qui indiquent que cela ne fonctionne pas. Cet homme qui écrit plus vite que son ombre, parce qu'il a lu beaucoup, croit comme Start Up Ducon, qu'il peut se faire lui-même virologue, épidémiologue, vaccinologue, spécialiste de santé publique simplement parce qu'il a vu BFM TV. Que ne s'est-il pas reclus pendant un lustre au fin fond de son cabinet pour étudier la matière ? Il serait sorti de sa caverne autrement moins ignare, en pouvant conserver sa mesure au lieu d'être conduit par ses passions.
Cette crise fait tomber toutes les idoles. Rien ne résiste : les partis politiques, le système de contre-pouvoirs, tous les organismes publics, les médias, les hauts et petits fonctionnaires, les médecins qui ont trahi leur serment d'Hippocrate et refusé de soigner, les penseurs, les philosophes, les profs qui ont activement fait du mal à leurs élèves au lieu de les défendre, les syndicats, les petits et grands patrons tous achetés et leurs employés mis au chômage partiel achetés aussi, les associations, les artistes qui n'ont rien créé durant cette période fabuleuse pour la création mais ont touché sans rechigné les aides, les citoyens de base qui se jettent sur les boucs émissaires livrés en pâture par les puissants, tout ce petit monde grisé par le "miracle" (sic) de la vaccination, les solutions simples, une vision simpliste de la science et de l'existence. Rien n'a résisté. C'est un paysage dévasté que l'on contemple.
Et l'on se dit : quoi ! La France, c'était donc cela ?
C'est beau à voir, quand même : des gens résistent. Des individus sont nés, des gens qui ne croient plus en rien s'ils ne l'ont pas vu de leurs propres yeux, des gens qui doutent, en s'appuyant sur des sachants enfin sortis de leur tour d'ivoire. Une exigence de vérité dans cet univers factice. Des gens qui veulent voir et comprendre malgré toutes les narratives. Des gens qui doivent prendre des décisions qui les engagent pleinement, loin des mots.
C'est une période intéressante. Je n'aurais jamais cru vivre un truc comme ça de ma vie : la déraison déréglée qui déferle et emporte tout sur son passage, sans que rien ne puisse lui faire obstacle. Ce mécanisme dévoilé et désormais au grand jour.
Sebastian Haffner dans son Journal d'une jeune Allemand a dit quelque chose comme ceci à propos de la fameuse année 29 : ce fut une année où les Allemands ont perdu toute mesure et se sont livrés avec enthousiasme à la folie en oubliant toutes leurs traditions, toute leur culture, tout ce qui faisait socle pour eux, les vieilles valeurs qu'ils vénéraient hier.
jc
05/08/2021
PhG : "lequel [effondrement] s’effectue néanmoins, à mon avis inexorablement, par le vide qu’elle [cette civilisation] a engendrée, principalement par la totale disparition du sens résultant de la complète disparition du sacré comme conséquence directe de la monstrueuse puissance de sa technique (d’où l’équivalence surpuissance-autodestruction).".
PhG : "La « conception jubilatoire de la fin d’un monde », l’« apocalypse joyeuse” » comme « produit d’une transfiguration festive du ‘tædium vitae’ », qui sont les expressions employées (par Taguieff) pour notre événement ne rendent pas vraiment compte du sentiment que je cherche à définir.".
Ces expressions employées par Taguieff et leur contexte ne me laisse guère de doute : pour moi Taguieff associe l'apocalypse à une fin de monde, à un baisser de rideau. Quid de PhG (après avoir souligné que pour moi, depuis que j'ai fait l'effort de remonter à l'étymologie du mot, l'apocalypse est indissolublement lié à un dévoilement, un lever de rideau)?
PhG :"J’y vois plutôt, pour le sentiment que j’en éprouve dans les moments les plus forts, une sorte de “bonheur fou”, le sentiment d’une transfiguration, d’une transmutation, le sentiment d’une splendide victoire sur quelque chose de profondément mauvais, sentiment d’autant plus élevé qu’est grande la résistance de la puissance maléfique qui fait tenir encore cette civilisation, bien que d’une façon dystopique, comme un cul-de-jatte marchant sur sa tête, comme une poule décapitée continuant à courir.".
L'impression que me laisse cette dernière citation ? Que pour PhG, le rideau finit de se baisser (une sorte de "bonheur fou") et qu'il [PhG] est dans un entre-temps (kairos?) où le temps suspend son vol, entre-temps pendant lequel le décor change avant le lever de rideau sur l'acte suivant de la pièce dont nous sommes en même temps acteurs et spectateurs (PhG : "le fait de se voir spectateur de l’élément [évènement?], directement et instantanément").
jc
05/08/2021
Sur le site de Front Populaire dont Michel Onfray est co-fondateur vient de paraître une critique bienveillante de "La place de l’homme dans la nature" par Alain de Benoist, livre que j'ai commandé parce que Thom y est cité et que je suis curieux de voir comment AdB utilise Thom pour appuyer sa position spéciste (le cas si j'en crois la "critique bienveillante") (https://frontpopulaire.fr/o/Content/co594255/la-place-de-l-homme-dans-la-nature).
En parcourant le Wikipédia de AdB, je note :
1. "Selon le site Buzzfeed, il [AdB] apporte son suffrage à Jean-Luc Mélenchon au premier tour de l'élection présidentielle française de 2017, en raison de son virage « populiste » lors de la campagne présidentielle. Il change d'avis lorsque ce dernier se détourne de sa stratégie politique ;" ;
2. "Répondant à Michel Onfray, qui estime qu'Alain de Benoist a évolué, Renaud Dely [qui sévit dans le 28' d'Arte dont le président du conseil de surveillance est BHL] conclut: « Alain de Benoist a évolué : il n’a sans doute jamais été aussi proche du discours du Front national » " .
Je note d'autre part, sous la plume de Dominique Jamet : "Il est de fait qu’Alain de Benoist, Philippe de Villiers et quelques autres, venus de loin, ont manifesté leur intérêt et leur sympathie à la création de Front populaire" (https://frontpopulaire.fr/o/Content/co79586/le-coup-de-pied-de-kahn).
J'ai du mal à voir pourquoi AdB et Éléments s'intéressent à l'auteur de "Cosmos : une ontologie matérialiste" (PhG : "Ces singulières conditions nous conduisent irrésistiblement, volens nolens, à solliciter, consciemment ou plus souvent inconsciemment, l’explication de forces supérieures, ce qui se déduit du jugement conclusif d’Onfray (« Ni rire ni pleurer, mais comprendre comme on dit en citant Spinoza… », et pour “comprendre” se tourner vers l’explication hypothétique des “forces supérieures”), mais selon une piste bien paradoxale pour lui qui ne cesse d’écarter cette sorte d’“explication”.). Essai de formation d'un TSM (Tout Sauf Macron) ?
Olivier le verseau
04/08/2021
Impossible donc de ne pas réagir comme suggéré…
Vous me permettrez de reprendre votre propos au fil de l’onde.
Je crois que je ne surprendrai personne, vous comme la plupart de vos lecteurs , en annonçant que nous partageons certaines « sensibilités » comme celle que vous rapportez en citant Michel Onfray : le panache (cette pointe « aiguë » de l’art d’être français).
Ah le panache de Cyrano de Bergerac ! Je l’avais redécouvert en visionnant le film du même nom et interprété de façon géniale par notre Depardieu national ( enfin franco russe à présent).
Je ne suis pas issu de l’aristocratie, pour autant , je revendique la valeur de cette qualité.
Ce panache se rapproche à mes yeux d’un certain code de l’Honneur avec un H majuscule. (de ces valeurs aspirées par « le vide engendrée, principalement par la totale disparition du sens résultant de la complète disparition du sacré ») .
Un honneur à défendre , coûte que coûte, comme les poilus de Verdun quand ils hissaient le drapeau sur la colline… et quelle tragique beauté devaient-ils contempler de là-haut ! Juste avant de mourir ...
« Ni rire ni pleurer mais comprendre ».
Résister ou se suicider.
Pour résister, il est indispensable de « croire », et se suicider est toujours un acte de défaite.
Résistons donc ! La tête haute.
Et faire appel à une puissance supérieure (j’ose le singulier comme les alcooliques anonymes) est bien l’ultime secours en ces temps d’effondrement.
Merci encore Monsieur Grasset pour vos écrits revigorants et salvateurs !
jc
04/08/2021
"Au commencement était le Verbe". Je préfère traduire "ἀρχή" et "principium" par "principe", au cas où le commencement serait à la fin (ou au cas où il n'y aurait ni commencement ni fin).
PhG : "C’est par la reconquête du Verbe que se fera la transmutation des valeurs, du vernicular-Covid, terminus de l’impasse où nous nous sommes aventurés bien imprudemment et sottement, à l’Effondrement du Système."
Terminus de l'impasse, effondrement du Système : fin d'un monde, eschata. Reconquête du Verbe : apocalypse. Si j'en juge par le wiktionnaire le sens premier, le sens étymologique de dévoilement, de révélation du mot apocalypse a été complètement perverti : sens 3 : fin du monde ; sens 4 (extension) Catastrophe générale comparable à la fin du monde.
[ Quitte à majusculer et tireter PhG prend en général grand soin de préciser sa terminologie -cf. son glossaire- en fonction de l'évolution des concepts qu'il utilise, dans le droit fil thomien selon moi :
1. "Il faut au contraire concevoir que tout concept est comme un être vivant qui défend son organisme (l'espace qu'il occupe) contre les agressions de l'environnement, c'est-à-dire, en fait, l'expansionnisme des concepts voisins qui le limitent dans l'espace substrat : il faut regarder tout concept comme un être amiboïde, qui réagit aux stimuli extérieurs en émettant des pseudopodes et en phagocytant ses ennemis.";
2. "... dès qu'un mot est utilisé fréquemment une signification différente de sa signification initiale, il en résulte une certaine tension sur les parois de la figure de régulation du concept, tension qui pourrait fort bien la briser; le concept alors se défend en suscitant la naissance d'un mot nouveau qui canalise cette nouvelle signification. La formation de néologismes est ainsi une illustration -difficilement réfutable- du principe lamarckien: la fonction crée l'organe. Elle illustre aussi l'accélération énorme qu'a opéré le transfert du génétique au cérébral." (MMM, ed. 1974, pp. 218 et 219) ]
Si on se met à confondre le début et la fin, je crois qu'on est mal partis. Maistre l'a remarqué il y a longtemps : "En effet, toute dégradation individuelle ou nationale est sur-le-champ annoncée par une dégradation rigoureusement proportionnelle dans le langage’… ”. Le mot "apocalypse" est tagué 75 fois dans le moteur de recherche Dedefensa. Toujours dans le même sens ? (je n'ai pas vérifié...)
Puisque je suis dans l'étymologie, un postillon est en premier sens : Calque de l’italien postiglione, de posta. Tiré de poste dans le sens de « relais de chevaux ». En troisième sens (sans préciser le rapport avec le premier) : Gouttelette de salive que l’on projette en parlant. L'actuel postillonneur en chef? Jeff Bezos, généralissime d'une armée de postillonnaires-livreurs? (sur le mode donateur/donataire).
NB. Thom cite Heidegger dans Apologie du logos : "... de Platon et Aristote à Descartes et Pascal, de la lourdeur de Kant aux fulgurances de Hegel, et jusqu'aux remontées étymologiques d'Heidegger, tout philosophe se fabrique son univers propre, cet idios kosmos [écrit en grec] qu'Héraclite attribue au rêveur endormi. (...) Dans ma propre écriture…" (p.503).
Jack V.
02/08/2021
Nous savons que les USA ne respirent que quand ils sont en guerre ! Le retrait précipité d'Afghanistan pourrait peut-être annoncer une intervention, même limitée, ailleurs dans le monde. Voyons plutôt, quels sont les pays relativement bien défendus, dont la politique intérieure ou les ressources (par exemple en terres rares) intéressent les USA et qui disposent d'un réseau d'autoroutes peu fréquentées, par exemple la nuit, susceptibles de faire les frais d'une telle intervention, qui ouvrirait, par exemple la voie à une attaque d'un pays voisin allié des USA ?
jc
02/08/2021
Thom, au début de Esquisse d'une sémiophysique : "Ici on ne cherchera pas à convaincre, mais à susciter des représentations et à étendre l’intelligibilité du monde.".
Citation à mettre en regard de celle-ci de PhG:
"Reste à proposer la voie d’une “fuite vers le haut”, où la “fuite” n’en est pas une puisque vers le haut, – une “course vers l’élévation de la pensée”, au risque bienvenu de rendre folle de rage la raison-subvertie qui nous conduit vers la folie si nous la suivons.".
La raison-subvertie, pragmatiste et positiviste, cherche par-dessus tout à empêcher cette élévation de la pensée, à empêcher l'extension de l'intelligibilité du monde; PhG le dit très bien à la fin de l'article:
"C’est bien entendu ce que craint le plus fortement la modernité, c’est-à-dire le Système, qui n’entend pas réfuter une pensée mais interdire toute pensée qui ne soit pas de lui, et même qui ne soit pas lui-même ; car la simple existence de cette pensée-qui-n’est-pas-lui représente pour lui le danger suprême de la mise à jour de l’inéluctabilité de l’ambition unique de sa démarche, qui est la néantisation du monde par entropisation. »
Thom à la fin de Esquise d'une sémiophysique :
"Seule une métaphysique réaliste peut redonner un sens au monde",
et à la toute fin de sa "vidéo-testament" (https://www.youtube.com/watch?v=fUpT1nal744&t=11s) :
"Quand j'ai écrit Stabilité structurelle et morphogenèse je pensais avoir un demi-siècle d'avance sur la biologie de mon temps. J'étais optimiste, je crois que ça durera plus que ça."
PhG : "La sagesse, aujourd'hui, c'est l'audace de la pensée."
jc
31/07/2021
[ De même le déploiement de la catastrophe fronce est V(x)=x⁴+ax²+bx ]
À propos des derniers mots de l'article : "néantisation du monde par entropisation".
PhG précise sa conception de l'entropie dans un article de 2012 (https://www.dedefensa.org/article/notes-sur-une-fusion-entropisation), en intégrant même le troisième principe (Per Bak?) de production maximale d'entropie, principe utilisé par François Roddier, avec quelque gêne quand même selon moi, puisque, lorsqu'appliqué à l'univers tout entier, il ne trouve pas d'autre solution que celle de chasser cette entropie derrière l'horizon cosmologique (comme d'autres chassent la poussière sous le tapis…).
Perso je pense l'entropisatton (au sens où j'imagine que PhG le pense) comme une régularisation harmonieuse (le matheux disent harmonique) qui peut aller jusqu'à la néantisation si aucun obstacle ne s'y oppose, mais qui, pour moi, s'arrête au cosmos, c'est-à-dire à l'ordre, l'harmonie et l'équilibre chers à PhG. Thom : "(...) il m’est difficile de voir pourquoi un être pleinement différencié ne pourrait être immortel." ; "Peut-être Dieu n'existera-t-il pleinement qu'une fois sa création achevée: "Premier selon l'être, dernier selon la génération"."
Dans "La boîte de Pandore des concepts flous", Apologie du logos, Thom passe en revue une quinzaine de concepts, dont ceux d'entropie et d'ordre-désordre.
Entropie
Le deuxième principe de la thermodynamique, qui réintroduit l'irréversibilité du temps, a fait rêver bien des essayistes. Or l'entropie de Carnot-Clausius n'a guère de valeur informative… Depuis ce concept est devenu, sous les mains des mathématiciens russes Kolmogorov et Sinaï, un concept mathématique qui précise, pour un système dynamique conservatif, dans quelle mesure la descriptibilité d'un point se perd au cours du temps. Certains de ces systèmes peuvent avoir une entropie nulle (telle la dynamique unitaire de la mécanique quantique) dont les trajectoires restent parallèles et permettent par suite la prédiction et le contrôle. Mais les systèmes les plus usuels (comme un gaz de sphères dures) ont une entropie positive et sont "ergodiques et mélangeant".
Pour les systèmes ouverts, le bilan d'entropie n'a jamais conduit à aucun principe ou loi permettant d'en spécifier l'évolution morphologique (vers l'ordre ou le désordre).
Caveat
Ils sont nombreux…
1) Affirmer que l'augmentation de l'entropie implique une augmentation du désordre n'est justifié que du point de vue de la densité, en énergie, des degrés de liberté du système, celui de la mécanique statistique; mais ce point de vue peut n'avoir aucun rapport avec l'ordre ou le désordre observable spatialement dans le système.
2) Appliquer le second principe à l'univers entier, considéré comme système fini…, ou l'appliquer à des systèmes peu ouverts. Dans ce dernier cas, celui des systèmes de la branche thermodynamique selon I. Prigogine, l'entropie est remplacée par une fonction de Lyapounov légèrement différente et non uniquement définie.
3) L'emploi systématique du vocable "entropie" pour justifier tout processus irréversible dans n'importe quel cadre conceptuel ou sémantique. Si l'on peut, avec quelque raison, soutenir que le temps est irréversible en dépit de la réversibilité des lois fondamentales de la Physique, attribuer cette irréversibilité à une grandeur unique, l'entropie, c'est réaliser dans le domaine conceptuel une "grande unification", duale de celle (réversible) du champ unitaire des physiciens, mais scientifiquement sans aucune base solide."
Théo Ter-Abgarian
30/07/2021
Le désengagement des USA comporte probablement un calcul. Même un calcul double. Le premier qui se dédouble concerne la Chine et la Russie. Depuis quelques années les Ouigours sont adorés par les ONG (contrairement au Tibet), objectif : pourrir la vie au régime chinois, l'opération afghane de laisser champ libre aux Taliban est une pierre de plus dans le jardin chinois, certes les Chnioins veulent désamorcer la bombe, mais la bombe n'est pas maitrisable (les Taliban vont, sans doute se faire dépasser). Pour la Russie, ennemi génétique des Anglo-Saxons, le calcul est de faire tomber comme des dominos les ex-khanats d'Asie Centrale (Ouzbekistan, Turkménistan, Tadjikistan) et plus si affinité (la population musulmane de la Fédération de Russie, ce programme très sympathique est d'une bêtise absolue, mais elle dans la continuité de décennies d'ineptie politique américano-britannique).
Le calcul second est de miser sur des Taliban raisonnables, au profil saoudien ou pakistanais. Corrompus jusqu'à la moelle et donc pas politiques ! Ah ! le beau calcul ! Un islamiste corrompu ne peut pas être foncièrement anti-occidental (que de fois j'ai entendu cet apophtegme risible). Oui, l'état major des Taliban est massivement corrompu, à commencer par Akhounzadeh que caressent voluptueusement, chacun de son côté, l'équipe de Joe Biden et celle de Xi Jinping !!! A la bonne heure, souvenirs, souvenirs, il y a 40 ans le président Carter voyait en Khomeiny un bel Akhounzadeh, malléable à souhait, on connait la suite…
jc
30/07/2021
Quel rapport entre le Verbe et les catastrophes thomiennes ?
Sauf la première d0, les catastrophes thomiennes sont instables, elles ne persévèrent pas d'elles-mêmes dans leur être, il faut les complexifier pour les stabiliser : c'est la difficile théorie du déploiement universel de Thom. Ainsi la catastrophe pli V(x)=x³ se stabilise en lui adjoignant le terme du premier degré ax, a étant dit variable lente ou paramètre (réel) de contrôle, la variable (réelle) x étant dite, elle, variable rapide : V(x)=x³+ax. Suivant la valeur du paramètre a est, l'allure de la courbe change (strictement croissante pour a>0, avec un maximum et un minimum -relatifs- pour a<0); Thom associe à cette catastrophe les verbes commencer, apparaître, finir disparaître, qui fait du "petit dieu" d1 -l'être "pli"- un être plus compliqué que le petit dieu basique d0 (pierre sur laquelle est bâtie cette église…). De même le déploiement de la catastrophe fronce est V(x)=x³+ax²+bx, à laquelle Thom associe le verbe devenir (et son fondamental lacet de prédation): selon les valeurs des paramètres la courbe peut ressembler à celle de d0 ou se complexifier avec deux minimums séparés par un maximum (le petit dieu d2 peut se dédoubler…).
À la fin de Stabilité structurelle et morphogenèse (2ème ed.) Thom produit un tableau de seize morphologies archétypes, chacune issue de l'une de ses sept catastrophes élémentaires, à laquelle il associe des verbes de plus en plus complexes, des petits dieux de plus en plus capables, de plus en plus puissants, centres organisateurs qui s'imposent à leur environnement.
jc
29/07/2021
Jean l'évangéliste : "Au principe était le Verbe et le Verbe était en Dieu et le Verbe était Dieu".
Thom : "Pour moi, l’aporie fondamentale de la mathématique est bien dans l’opposition discret-continu. Et cette aporie domine en même temps toute la pensée.", citation que j'interprète : "Pour moi, l'aporie fondamentale est l'opposition logos-topos".
Qui, du logos ou du topos, est au principe? Les catholiques (et tous les chrétiens?) ont choisi le camp des logotopes : "Je dirai la chose ainsi encore : la portée de ce que Lacan peut être amené à nous proposer avec ses élaborations autour des objets mathématiques, tels que la bande de Moebius et l'entrelacs borroméen, est moins de l'ordre de la topologie (élaboration d'un discours sur la question des lieux) que de ce que j'appellerai la logotopie (élaboration de lieux sur la question des discours)." (René Guitart, Evidence et Etrangeté, p.28, PUF, CIPh, Paris, 2000).
Thom prend le point de vue (géomérrico-)topologique (1) : "Selon beaucoup de philosophies Dieu est géomètre; il serait peut-être plus logique de dire que le géomètre est Dieu.". Perso je pense que pour Thom topos et logos sont indissociables (2), Thom est autant topologue que logotope (3), Thom n'est ni "ante rem", ni "post rem", pour lui l'idée est autant dans la chose que la chose est dans l'idée, et il choisit de privilégier le topos sur le logos pour des raisons d'intelligibilité.
Comment le topos secrète-t-il le logos? La réponse que je propose -à partir des idées de Thom- est : en se mangeant lui-même (4). Mathématiquement les topos- les espaces- qui se mangent eux-mêmes sont les espaces dits projectifs; ce sont des espaces unilatères (5), en 2D sans dessus ni dessous contrairement au plan, sans non plus d'intérieur contrairement à la sphère. L'espace projectif 1D peut être vu comme une droite dont la tête (à l'infini…) remord l'étincelante queue (également à l'infini) jusqu'à se replier sur elle-même en un point pli, l'espace projectif 2D un plan dont le bord (à l'infini) se mange en se retournant sur lui-même jusqu'à se replier sur lui-même en un point fronce, etc. (c'est une métaphore mais c'est, je crois, dans cette direction qu'il faut regarder les choses). C'est là que se fait alors le passage du topos au logos : en explicitant algébriquement ces singularités topologiques que l'on peut classifier -toujours métaphoriquement- sur une échelle -de Jacob, of course!-, le pli associé à la singularité algébrique d1(x)=x³, la fronce à la singularité d2(x)=x⁴ (6), On obtient ainsi toute une hiérarchie ordonnée de Dieux, le "grand" Dieu D -le plus haut du verbe, dominant hiérarchiquement tous les "petits" dieux finis (D comme limite projective des dn) (7). Thom, qui a dit voir en 4D dès l'âge de 10 ou 11 ans, est à placer, je crois, au moins au niveau de d7 (catastrophe ombilic parabolique). Je ne désespère pas, dans le temps qui me reste à vivre, de comprendre d2 (la catastrophe fronce).
Le "grand" D, au plus haut du verbe et de l'échelle, contient en lui-même son propre principe: Dieu immanent (8). Ce n'est pas le seul : d0 (d0(x)=x²) tout au bas de l'échelle également, d0 étant son propre déploiement universel (en même temps en puissance et en acte), en même temps A et Ω. D en même temps en puissance et en acte?
1. Jean Largeault : "Thom qui, à la rigueur, aurait de la sympathie pour un matérialisme…" (Préface de Apologie du logos)
2. Si Thom peut être qualifié de moniste c'est, pour moi, en ce sens car pour lui, en aucun cas l'idée implique la chose (idéalisme pur) et en aucun cas la chose n'implique l'idée (matérialisme pur).
3. "Au principe était le verbe" figure en épigraphe du chapitre que je considère comme un "sommet" de SSM.
4. Thom : "l'assertion de nature translogique "le prédateur affamé est sa propre proie" est à la base de l'embryologie animale."
5. Lacan s'est beaucoup intéressé à l'espace projectif 2D et à ses diverses représentations (cross cap, surface de Boy) ainsi qu'au retournement de la sphère par invagination (https://www.jp-petit.org/nouv_f/lacan_jpp.pdf).
6. Le niveau de singularité est lié à la "platitude en 0", x->x³ étant "plus plate en 0" que x->x².
7. Thom : "Car le monde des idées excède infiniment nos possibilités opératoires".
8. Pour Thom la théorie de l'analogie qu'est la théorie des catastrophes est une théorie "qui contient en quelque sorte son propre principe".
Jack V.
28/07/2021
Le recours à Georges Bush pour faire pression sur lmes pays réticents à faire piquer leur population confirme que cette pandémie et ces "vaccination" sont le fait de l'état profond.
C'est une sorte une menace : Bush l'a déjà fait, titre Harding… Quelque part, cela indique aussi que la partie n'est pas jouée d'avance puisque on n'a recours à ce clown sinistre que pour faire comprendre qu'on aura recours à ses méthodes.
Cela indique aussi qu'il ne fait pas bon se faire vacciner, notamment dans les pays à forte natalité puisque cette vaccination est de la même nature que les opérations qui ont mené l'Empire jusqu'en Irak.
Je sens que la Russie va bien vendre ses Su 75 et ses S500.
jc
28/07/2021
Il y a pour moi quelque chose qui cloche à associer le logos et le chaos. Il m'est en effet plus naturel d'associer topos et chaos -notions mystiques-, car je sens mieux le topos comme du logos en puissance, et le chaos comme du cosmos en puissance, logos et cosmos en étant les (des?) actualisations, comme un brouillard qui se dissipe et qui découvre l'harmonie du monde, la musique des sphères (https://fr.wikipedia.org/wiki/Harmonie_des_sph%C3%A8res). Dans le vocabulaire utilisé en mécanique quantique l'actualisation consiste pour moi, métaphoriquement, en le passage d'un espace flou avec des valeurs floues à un espace net avec des valeurs nettes (les spécialistes parlent d'espace propre et de valeur propre).
Thom : "(...) il y a une certaine opposition entre géométrie et algèbre. Le matériau fondamental de la géométrie, de la topologie, c’est le continu géométrique ; étendue pure, instructurée, c’est une notion «mystique» par excellence. L’algèbre, au contraire, témoigne d’une attitude opératoire fondamentalement «diaïrétique». Les topologues sont les enfants de la nuit ; les algébristes, eux, manient le couteau de la rigueur dans une parfaite clarté."
jc
27/07/2021
3. Qui sont, aujourd’hui, les principaux ingénieurs sociaux ?
Lucien Cerise : "On pourrait reformuler : qui, aujourd’hui, considère autrui comme un objet ? Je cite pas mal de noms dans mon bouquin. Ils se répartissent en catégories. Globalement, il faut distinguer :
1) les « petites mains », qui font de l’ingénierie sociale au quotidien dans leur travail et qui sont souvent des idiots utiles du système, tous ces gens qui travaillent dans le consulting, le management, le marketing, le business, la stratégie militaire, le Renseignement, l’informatique de haut niveau (intelligence artificielle, cryptologie), la robotique, la sécurité des systèmes, etc. ;
2) les « concepteurs », qui sont souvent des esprits très brillants, plus ou moins conscients du danger de leurs recherches, les Norbert Wiener, Kurt Lewin, Pavlov, Skinner, Albert Bandura et autres Gregory Bateson ;
3) les « salauds », eux-mêmes subgouvernement mondial, écrit noir sur blanc et assumé en toutes lettres par un David Rockefeller dans ses Mémoires ; et les planificateurs tels que Edward Bernays (et la « com’ »), Milton Friedman (et la stratégie du choc), Zbigniew Brzezinski (et le tittytainement) ou Georges Soros (et les révolutions colorées).
https://nicolasbonnal.wordpress.com/2019/02/20/%EF%BB%BFla-legendaire-interview-de-cerise-sur-le-systeme-qui-vaut-bien-cent-livres-mais-attention-plus-de-onze-mille-mots/
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