Didier Favre
15/02/2021
La rencontre de Trump et Poutine serait un coup médiatique fabuleux. Ce serait aussi un renvoi d’ascenseur de première a l’opération US de déstabilisation de la Russie. L’immense majorité de la population mondiale y gagnerait un lancement d’une politique internationale apaisée. Le spectre d’une guerre nucléaire s’éloignerait de nous. Les raisons d’hésiter sont considérables.
Trump se ferait sauter dessus par tous les croyants qu’il est un agent de Poutine. La critique facile de « l’agent va rencontrer son patron » sous toutes les formes possibles sera faite. Je sais pouvoir compter sur Rachel Maddow et d’autres du même acabit pour le hurler sur tous les toits. Les Démocrates sont totalement vendus à cette idée et ne demandent qu’une ombre de preuve pouvant être créée à partir de n’importe quelle affirmation crédible. Cette crédibilité peut être si légère qu’il leur faudra rendre illégal tout examen superficiel de la situation.
La création de l’insurrection à partir des images du Capitole m’a montré comment le crime peut être créé. L’interdiction absolue de discuter publiquement de la validité de cette accusation me dit comment l’accusation de trahison par Trump sera défendue. Les seules voix autorisées seront accusatrices. Toute dissension sera une infamie comme Schumer et Pelosi ont nommé ceux qui ont voté contre la culpabilité de Trump. Chaque « infâme » sera donc, à minima, vaporisé (cancelled) si pas pire. Bref, Washington DC est clairement folle mais si Trump rencontre Poutine, son état actuel paraîtra un modèle de santé mentale et d’équilibre par rapport à ce qui va lui tomber dessus.
Personnellement, je suis totalement en faveur de cette rencontre. Je comprends également les objections à cette dernière du point de vue trumpien et je n’ai même pas considéré les conséquences pour Poutine. L’une d’elles serait une situation internationale plus compliquée face au pouvoir US en place. Une autre serait une accélération de la montée en puissance des bases US aux frontières de l’Asie. Là, je m’avance sans trop savoir.
jc
14/02/2021
Si l'hypothèse Ammon se confirme le Système a du souci à se faire car ses deux piliers que sont le Système du technologisme et le Système de la communication risquent fort de se fracasser sur le mur de la réalité virale (le mécanisme face au vitalisme) . (PhG a rappelé ici à plusieurs reprises que l'écroulement des empires -voire des civilisations- était souvent lié à une pandémie.)
Didier Favre
14/02/2021
Cette histoire a un côté ridicule et un côté tragique.
Son ridicule est dans la solennité de la remise des documents de la procédure pour virer un président qui n’est plus en fonction. Il est dans la haine délirante des ténors de la politique US pour Trump. Elle dépasse en intensité ce qu’Hitler a connu. Trump n’est certainement pas un saint mais le haïr à ce point me dépasse. Les délires de l’insurrection du 6 janvier sont aussi ridicules que le sérieux avec lequel ils sont énoncés. Le ridicule vient de la distance entre un simulacre impossible à croire et le sérieux avec lequel il est cru et défendu.
C’est également tragique. Cet égarement évite à ses auteurs des questions comme la politique à suivre pour faire face au désastre du confinement. Il évite de se demander si le woke n’empirerait pas la situation désastreuse du pays. Il évite de se dire que peut-être le 1% tue le reste à petit feu. Il évite de se demander ce qui divise le pays si profondément. Il évite de regarder l’avenir et de se demander quel pourrait être la chose à y construire. J’oublie certainement des choses très importantes. Elles sont toutes en train de détruire ce pays que j’ai admiré. Ceux qui le dirigent s’en moquent. Des gens en souffrent et en meurent.
Des morts, des vies détruites, de la maladie, des haines recuites sont considérées sans importance par ces gens. Il leur est beaucoup plus important de réussir à « vaporiser », au sens orwellien du terme, Trump. C'est fou.
Disciple égaré
13/02/2021
Magnifique, merci ces belles lignes…!
jc
13/02/2021
En relisant le glossaire "Inconnaissance (vers le haut)" je trouve particulièrement bien adapté mon commentaire du 25/01/2021 "De Denys l'Aéropagite à René Thom" article lié "Que faire de tout cela ?".
jc
12/02/2021
Wiki distingue l'analogie explicite, la comparaison, et l'analogie implicite, la métaphore. Pour Thom "toute science est métaphorique" , et science vient du latin scientia qui signifie connaissance. L'inconnaissance : une connaissance implicite, voire une co-naissance implicite (ce que suggère son rapport avec l'analogie) ? Le passage d'une connaissance implicite à une connaissance explicite étant un dévoilement, une apocalypse, la théorie thomienne des catastrophes, qui est une théorie de l'analogie, est selon moi un tel dévoilement (hélas difficilement accessible aux poètes…).
julien Sardou
12/02/2021
Belle mise en perspective.
Je constate cependant que la Suède n'a pas plus de morts du Covid pour 100.000 habitants que nous, selon santé public france:
https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/infographies-covid-19-morts-hospitalisations-age-malades-l-evolution-de-l-epidemie-en-france-et-dans-le-monde-en-cartes-et-graphiques.html
Disciple égaré
09/02/2021
Glaçante analyse, malheureusement valable, à laquelle je n'ajouterai que deux idées: la capacité dans le 'bordel' intérieur des Etats de l'union, leurs gouverneurs, enfin certains, à être une force sans doute moins modératrice que contraignante ou limitatrice. Et puis deuxième idée, cette analyse de PhG donne à réfléchir sur le chemin parcouru en Europe quant à la notion d'autonomisation. Je suis frappé du chemin parcouru et du 'mainstreaming' du vocabulaire 'souverainiste' européen depuis 4 ans. Ce n'est plus seulement une lubie française, mais on voit bien que la Bruxelles officielle, les laboratoires d'idées les plus autorisés s'en sont emparés eux aussi; l'idée de travailler à une plus grande souveraineté ou autonomie européenne est désormais une évidence pour beaucoup plus de monde. C'est une politique souhaitée et mise en oeuvre par les autorités en place, type Borrell. Il faudrait sans doute s'entendre sur les mots, qui dépassent la réalité et même l'espoir qu'on peut en avoir. Mais il est observable que les amis américains n'ont pas encore complètement intériorisé le changement du regard des Européenns intervenu durant la présidence Trump. Un changement de paradigme. Peut-être est-ce sans importance au regard de ce qui se joue, au regard des forces militaires en présence, mais on gagne toujours - en dignité au moins - à avoir les yeux ouverts.
Ivan-Ivan Chasseneuil
03/02/2021
Guaido, non ?
Je me suis demandé depuis quand l'ancien conseiller de Sarkozy avait ressuscité et pour quelle cause…
Mais bon, le guano, on comprend bien qu'il y ait une confusion lié à l'extrême fulgurance de votre plume. Bien trouvé.
jc
03/02/2021
Après réflexion il me semble qu'il y a deux attitudes humaines possibles : celle des transcendantaux (dualistes?) qui considèrent qu'il y a des substances séparées de la matière; et celle des immanents (monistes?) qui pensent que, d'une certaine façon, nous renfermons en nous-mêmes notre propre principe. La position de PhG me semble claire alors que celle de Thom me paraît de prime abord plus ambigüe :
"C'est sans doute sur le plan philosophique que nos modèles présentent l'apport immédiat le plus intéressant. Ils offrent le premier modèle rigoureusement moniste de l'être vivant, ils dissolvent l'antinomie de l'âme et du corps en une entité géométrique unique." (SSM, 1972, conclusion)
"... au cœur même du patrimoine génétique de notre espèce, au fond insaisissable du logos héraclitéen de notre âme, des structures simulatrices de toutes les forces extérieures agissent, ou en attente, sont prêtes à se déployer quand ce deviendra nécessaire." (id)
"(...) le problème classique de l'opposition : « réalisme-idéalisme » ne se pose pas pour nous ; car on se place à un niveau (celui de l'image homomorphe du réel dans l'esprit) où cette distinction s'abolit."
La citation suivante (ES, 1988, p.245) règle-t-elle la question ? :
:
"En dépit de mon admiration pour Aristote, je reste platonicien en ce que je crois à l'existence séparée ("autonome") des entités mathématiques, étant entendu qu'il s'agit là d'une région ontologique différente de la "réalité usuelle" (matérielle) du monde perçu. (C'est le rôle du continu -de l'étendue- que d'assurer la transition entre ces deux régions."
jc
02/02/2021
Le processus d'adhésion des gouvernés à un pouvoir des signes est du domaine de la psychologie (domaine sur lequel PhG insiste tant) donc(?) de l'irrationalité -l'inconscient…-, et a priori opposé à la rationalité des mathématiques (1) supposée par le citoyen basique.
Mais, dans l'introduction de "Psychanalyse qualitative" (préface de René Thom) Michèle Porte écrit :
"peut-on nier que la création en mathématiques pures soit une exploration et une explicitation partielle des processus psychiques ? Sinon, il paraît cohérent et évident, d'une façon intrinsèque, que les psychanalystes qui explorent ces mêmes processus par d'autres moyens en viennent à un dialogue avec les mathématiciens."
Les psychanalystes (certains au moins) théologiens (au sens d'Aristote) laïques, au même titre que les mathématiciens platoniciens (certains au moins)?
(1) Thom : "Dans cette confiance en l'existence d'un univers idéal [platonicien], le mathématicien ne s'inquiétera pas outre mesure des limites des procédés formels, il pourra oublier le problème de la non-contradiction. Car c'est dans l'intuition que réside l'ultima ratio de notre foi en la vérité d'un théorème -un théorème étant avant tout, selon une étymologie aujourd'hui bien oubliée, l'objet d'une vision."
jc
02/02/2021
PhG : "Ce qu’on constate ici (...) C’est là la marque de la profondeur abyssale de la crise des USA, qui est absolument et totalement une crise du modèle actuel des organisations politiques (avec la rupture complète citoyens-dirigeants), qui se déroulent donc à tous les niveaux…".
[Je radote…] Pour tenter de comprendre ce qu'il se passe actuellement il faut des modèles, et même des modèles dynamiques puisque tout bouge (et tout bouge vite). Si on se limite au pragmatisme et au positivisme -et les politiciens contemporains se vantent souvent de s'y cantonner- il n'y a, à mon avis, aucun espoir de dominer la situation; il faut faire des hypothèses métaphysiques, ce que fait Thom avec sa théorie des catastrophes, qui est à la fois un langage permettant de décrire la réalité du monde perçu et une méthode pour penser le monde d'un point de vue nouveau.
Thom s'intéresse à la stabilité des organisations politiques dans l'article de AL "Révolutions, catastrophes sociales?". Extrait :
"Par quel moyen les gouvernants peuvent-ils obtenir l'obéissance des gouvernés? Trois modes de persuasion peuvent être envisagés. D'abord la contrainte physique : violence, force des armes. Ensuite, la contrainte économique : le dominant peut disposer de moyens de production (terre, capitaux, outils, etc.) qu'il met à la disposition du dominé, à charge pour ce dernier de travailler pour lui. Enfin, le pouvoir des signes : le gouvernant peut obtenir l'adhésion du gouverné en excipant une formule (verbale ou écrite) qui a pouvoir de persuasion sur lui.
Ce dernier type de pouvoir -qu'on appellera dorénavant "pouvoir sémiologique"- semble a priori moins évident que les deux autres; et cependant, notre modèle va lui donner une importance prépondérante. Il importe donc d'établir qu'aucune société stable ne peut exister sans une certaine forme de pouvoir sémiologique.".
Dans la Tradition le pouvoir sémiologique est le domaine réservé de l'autorité spirituelle, domaine distinct de celui du pouvoir temporel et le dominant pour assurer la stabilité de ladite société (c'est en tout cas ce que j'ai retenu de "Autorité spirituelle et pouvoir temporel" de René Guénon). On est là dans le domaine de la théorétique qu'Aristote différencie en 1. mathématiques -au sens d'Aristote- (connaissance des substances abstraites de la matière; 2. physique -aristotélicienne- (connaissance des substances immergées dans la matière); 3. théologie (connaissance des substances séparées de la matière).
Dans beaucoup des sociétés passées -et encore dans certaines sociétés actuelles- l'autorité spirituelle est détenu par les théologiens au sens traditionnel du mot. Mais la connaissance des substances séparées de la matière est typiquement celle que cherchent à acquérir les mathématiciens platoniciens. Thom, qui est à la fois un mathématicien aristotélicien, un mathématicien platonicien et un phusicien (il propose la première théorisation de la biologie depuis la Physique d'Aristote (cf. ES, sous-titré Physique aristotélicienne et théorie des catastrophes), écrit dans un article -que je n'ai pas lu- intitulé "Infini opératoire et réalité physique" : "Selon beaucoup de philosophies, Dieu est géomètre; il serait peut-être plus logique de dire que le géomètre est Dieu."
On disait jadis (et encore maintenant?) que les voies du Seigneur sont impénétrables.
Pour redescendre sur terre je pense que les constitutions des démocraties modernes risquent fort de ne pas résister à l'effondrement qui s'annonce. En particulier la constitution de notre Vème république, critiquée dès 1958 par ses opposants -en particulier François Mitterrand (qui s'y est fort bien adapté ultérieurement) comme permettant l'instauration d'un coup d'état permanent, et dont le quinquennat de E. Macron montre que l'application de cette constitution à la lettre, hors de son esprit gaullien, permet effectivement le coup d'état permanent. Je pense que Thom aurait jugé sévèrement ces constitutions (mais je ne sais pas s'il a émis une opinion -en privé ou en public- à ce sujet).
jc
30/01/2021
Si la dislocation des USA semble proche, cela ne signifie pas pour autant, selon moi, la fin du Kali Yuga, de l'âge de fer. Car pour moi le changement de Manvantara nécessite un changement de paradigme, un changement de vision du monde, qui éradiquera la vision catastrophique -au sens usuel du terme- qui a pris naissance à la Renaissance(!) scientifiquement avec Newton annonciateur du matérialisme mécanique du XIXème siècle (qui a cours de plus belle actuellement en se virtualisant).
Il y a eu deux siècles avant le changement de paradigme scientifique et la révolution industrielle. L'accélération du temps (Guénon…) fait qu'il est raisonnable de penser que le changement sociétal sera cette fois plus rapide.
Je suis convaincu que l'œuvre de Thom contient les clefs du changement de paradigme mécanisme->vitalisme qui donnera accès à une nouvelle civilisation. Mais Thom dit à la fin d'une vidéo-testament (1): "Je pense que dans une large mesure, j'ai fondé la biologie théorique(2). (...) Quand j'ai écrit SSM je pensais avoir un demi-siècle d'avance sur la biologie de mon temps. Je crois que j'étais encore optimiste."
Ça laisse à une techno-dictature "à la chinoise" le temps de s'installer avant que ne s'instaure un nouveau Satya Yuga, un nouvel âge d'or qui scellera l'effondrement de ce système techno-politique orwellien (3).
(1) René Thom et Émile Noël : "La théorie des catastrophes". (disponible sur la toile).
(2) À la fin des années 1960.
(3) PhG : "Nous avons cité l’intervention de l’officiel chinois avec une intention à l’esprit, ne doutant pas un instant de la sincérité de son propos, et de la véracité de sa propre conviction, dans l’exposé qu’il fit des intentions de la Chine, de l’Asie, et de l’antique sagesse de cette partie du monde. Nous reconnaissons d’autant plus tout cela que nous pouvons dire notre conviction que l’intervenant se trompait, qu’il se trompe en croyant qu’un modèle de civilisation asiatique rénové s’imposera rapidement, à côté du modèle occidentaliste, éventuellement pour le concurrencer et le remplacer."
(https://www.dedefensa.org/article/glossairedde-crisis-la-crise-de-la-raison-humaine-1)
jc
30/01/2021
Dans un article repointé sur ce site (1) François Roddier a proposé 2023.
(1) https://www.dedefensa.org/article/lobservation-inlassable-de-notre-effondrement
jc
30/01/2021
En refeuilletant "Le mythe de la virilité" -pour moi passionnant- écrit par la philosophe Olivia Gazalé (en réponse au "Le premier sexe" d'Éric Zemmour -pour moi très quelconque-) pour retrouver une citation d'Aristote à propos des femmes (1) je suis tombé sur l'étymologie de "sexuation" (p.34) où j'apprends que sexus étant dérivé de sectus, section, séparation. La sexuation est donc bien pensée comme une séparation. Acte fondateur masculin s'il en est, selon la mythologie grecque (et sans doute d'autres), conforté par la science moderne puisque le sexe de l'enfant est actuellement déterminé par le choix X ou Y lors de la différenciation du chromosome mâle indifférencié X&Y (2).
En reparcourant les pages 68 à 75 où sont exposées les idées d'Aristote concernant la procréation je n'ai pu m'empêcher de penser en permanence à la citation suivante de "La Grâce" (fin du tome II et tome III.1): "Dans cette lutte prodigieuse entre la matière rétive [féminine pour Aristote] et la volonté créatrice [masculine pour Aristote]".
(1) Aristote (Les politiques) : "Un modeste silence est l'honneur de la femme" (p.68). En écho à la citation du commentateur Yvan-Yvan Chasseneuil.
(2) Cf. la fin de l'appendice de l'article (AL) "Les mathématiques modernes…" où Thom propose un modèle dynamique des mixtes (considérés par Platon dans "Le sophiste").
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