Ivan-Ivan Chasseneuil
29/01/2021
Aristote :
« le choix préférentiel est un intellect désirant ou un désir raisonnant, et le principe qui est de cette sorte est un homme »
Jean-claude Archer
29/01/2021
PhG : "... le gouvernement par décret, hors de tout contrôle démocratique, notamment de la représentation législative." ; "...‘confédération’ des États qui, eux, respectent la Constitution, au contraire des quatre États (Géorgie, Michigan, Pennsylvanie, Wisconsin)".
Les civilisations naissent, vivent et meurent, les constitutions aussi ; la constitution américaine a été l'une des premières (la première?) des constitutions des démocraties modernes; au moment où la civilisation occidentale née à Athènes s'écroule, il faut s'attendre à l'effondrement de "nos" constitutions.
Il y a dans les constitutions, les lois et autres décrets et ordonnances une rigidité principielle qui fait qu'il ne peut qu'en être ainsi, sauf à penser que celles édictées le sont pour l'éternité (1). Les physiciens modernes démiurges sont conscients de ce problème, qui remplacent de temps à autre une loi rigide par une autre loi -également rigide- qui la généralise (de Newton à Einstein, etc.). Thom met en garde les physiciens : "La physique moderne a sacrifié la stabilité structurelle à la stabilité; je veux croire qu'elle n'aura pas à se repentir de ce choix.".
Les politiciens font face aux mêmes problèmes que les physiciens, mais la politique étant une science humaine, une science molle, ils savent bien, eux, qu'il faut une rédaction assez floue qui laisse la place à l'interprétation, à l'herméneutique.
Du point de vue dynamique de René Thom ou même seulement du prigoginien François Roddier (2) les constitutions des démocraties modernes apparaissent comme des photos statiques de la dynamique constituante prises à l'instant initial. Mais faute de connaître les dynamiques d'évolution, ces constitutions doivent, comme les lois physiques, être de temps à autres amendées, voire être réécrites : il faut de temps à autre changer de modèle sociétal.
C'est là que la lecture de l'œuvre de Thom pourrait être précieuse (3).
De ces points de vue dynamiques de Thom et/ou de Roddier ou du point de vue du simple bon sens on voit aujourd'hui dans toute son horreur ce que donne l'application à la lettre -et au-delà de la lettre- de la constitution de la Vème république conçue (4) dans l'esprit gaullien. Par exemples son article 2 : "son principe [de la république] est le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple", bafoué actuellement tous les jours par l'amendement chiraquien du principe de précaution -qui autorise le gouvernement par les experts- inscrit en préambule à la constitution" ainsi qu'aux droits et devoirs définis dans la Charte de l'environnement de 2004" ; et son article 3 "La souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce par ses représentants et par la voie du référendum" dont le "et" n'a, à ma connaissance, jamais été interprété par le conseil constitutionnel.
La collusion entre les mondialistes pour un Green New Deal prêt depuis longtemps dans les cartons des mondialistes, empêchée pendant quatre ans par la parenthèse Donald Trump, va se traduire, j'en ai bien peur, par un déferlement de décrets et d'ordonnances "éco-logiques" présentés aux peuples comme nécessaires à la survie de l'espèce humaine, alors qu'ils seront AVANT TOUT nécessaires à la survie du Système (5).
(1) C'est bien entendu le message des rédacteurs au "peuple" chargé de les plébisciter.
(2) Cf. le billet 120 de son blog qui, il me semble, résume les idées "morphogénétiques" du prigoginien François Roddier.
(3) SSM est sous-titré "Essai d'une théorie générale des modèles" et ma citation favorite est : "Les situations dynamiques régissant l'évolution des phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l'évolution de l'homme et des sociétés".
(4) Je ne connais pas la constitution américaine.
(5) PhG écrit -je ne retrouve plus où- que le réchauffement climatique n'est pas essentiellement dû à l'activité humaine (comme on nous le serine en boucle) mais à l'activité du Système. Je suis tout-à-fait d'accord avec ça.
Luc Meystre
29/01/2021
Il est sans doute possible qu'Obama ait quelques moyens d'influer sur les mesures prises (enfin, signées…) par Biden, et qu'il aprécie beaucoup ce type de posture, mais c'est quand même un peu ballot, non ? Avoir été président pendant huit ans en renonçant d'emblée à toute politique tant soit peu audacieuse sur les plans social et politique, avoir trahi d'entrée de jeu ses idéaux "de gauche" et ses supporters du même bord par la même occasion, s'être inlassablement montré à peu près exactement sur la même ligne que Bush, et puis tout soudain s'évertuer à faire rentrer par la fenêtre et triompher clandestinement, des années plus tard, le "caractère révolutionnaire de certaines conceptions d’Obama, exprimées dans sa jeunesse d’activiste social, et dont il jugerait que l’occasion est bonne de les faire avancer" - après donc les avoir copieusement piétinées ?
L'hypothèse est "coûteuse", comme l'on disait jadis.
Alexis Toulet
27/01/2021
Non seulement David Engels, mais également le stratège de la G4G William Lind s'attend à ce que les troubles américains débouchent sur une défaite au final de l'Establishment, voir son texte La chute d'une dynastie, dont l'ensemble est intéressant mais je ne cite que la conclusion.
Et lui est beaucoup moins optimiste que Engels. Car César, ou plus précisément Auguste le véritable fondateur de l'Empire, n'est pas la seule éventualité.
"Tout ce gâchis et plus encore, y compris une politique étrangère trop ambitieuse, des forces armées qui perdent le plus souvent, des institutions nécessitant de vastes dépenses pour de très petits résultats et de l'argent toujours plus rare et sans valeur sont les signes classiques de la fin d'une dynastie. Dans notre cas, la dynastie est une oligarchie Washington-Wall Street-Hollywood couplée à un gouvernement fédéral bien plus puissant que celui envisagé dans notre Constitution. Je ne sais pas ce qui la remplacera, mais ce ne sera pas le marxisme culturel. Nous attendons soit notre Auguste, soit notre Hitler."
Il est important de rappeler que Lind n'est décidément pas orienté à gauche, il est même dans la ligne de la droite la plus conservatrice. S'il cite le nom de Hitler, ce n'est pas parce qu'il aurait l'habitude de repeindre aux couleurs du nazisme tout ce qui lui déplaît, façon "Trump=Hitler" et autres billevesées. Ce n'est pas quelqu'un qui voit du "fascisme" partout.
C'est parce que les chutes de dynastie sont historiquement des passages dangereux. La dynastie "Washington-Wall Street-Hollywood", comme la nomme Lind, comme la dynastie des Hohenzollern.
jc
27/01/2021
[Je suis (de suivre) le site Front populaire de Michel Onfray et je suis étonné du grand nombre de commentateurs qui attendent le nouveau César (nouveau pouvoir temporel) et du tout petit nombre (quasiment réduit à ma modeste personne) qui attendent d'abord un nouveau Messie (nouvelle autorité spirituelle). Cf. le bouquin éponyme de Guénon.]
Ma vision de l'évolution de la civilisation occidentale est la suivante. Naissance dans la Grèce antique; empire d'Alexandre; empire romain : saint empire romain germanique ; empire napoléonien ; empire anglais ; empire US. Pour moi la cassure est dans le passage "catastrophique" du saint empire romain germanique à l'empire napoléonien (1806), car c'est là que je situe la rupture entre des civilisations antérieures qui, d'une façon ou d'une autre, sacralisaient la nature, et des contre-civilisations ultérieures matérialistes qui ont sacralisé de plus en plus -atteint-on aujourd'hui le paroxysme? (1)- ce qui désacralise la nature, à savoir la technique moderne (cf. Jacques Ellul).
Bien entendu il y a eu un décalage entre la perversion du pouvoir temporel et celle de l'autorité spirituelle. La perversion de l'autorité spirituelle a pour moi eu lieu au moment de coupure galiléenne : l'antique technè (art en grec ancien) est devenue technique moderne, l'étude de la matière vivante (l'antique phusis, connaissance des substances immergées dans la matière) est devenue avec Newton l'étude de la matière inerte (la physique moderne).
Newton a appelé son œuvre majeure "Principes mathématiques de la philosophie naturelle". À la parution de SSM chez Benjamin en 1972 (écrit en 1967 et proposé à cette date à l'éditeur) Thom (qui se revendique philosophe de la nature) a été alors qualifié de nouveau Newton et aurait très bien pu titrer sa première œuvre majeure (la seconde est ES) comme l'a fait Newton, si le titre n'avait pas été retenu par cet illustre prédécesseur.
Il y a eu avec Galilée et Newton une révolution scientifique -un changement de paradigme- dont je suis convaincu qu'il est à la racine de "notre" contre-civilisation. Après maintenant plus de dix ans de rumination de l'œuvre philosophique de Thom (son œuvre mathématique est hors de ma portée intellectuelle) je suis maintenant fermement convaincu que son œuvre contient en germe la révolution scientifique -le changement de paradigme- à venir : passage du matérialisme du XIXème (matière inerte) au matérialisme "aristotélicien" post XXème et ante XVIIème (matière vivante).
Thom : "Lorsqu'on a compris – à la suite de T. S. Kuhn (2)– le caractère « automatique » du progrès scientifique, on se rend compte que les seuls progrès qui vaillent sont ceux qui modifient notre vision du monde – et cela par l'élaboration de nouvelles formes d'intelligibilité. Et pour cela il faut revenir à une conception plus philosophique (voire mathématique) des formes premières d'intelligibilité. Nos expérimentateurs, sempiternels laudateurs du « hard fact », se sont-ils jamais demandé ce qu'est un fait ? Faut-il croire – ce qu'insinue l'étymologie – que derrière tout fait, il y a
quelqu'un ou quelque chose qui fait ? Et que ce quelqu'un n'est pas réduit à l'expérimentateur lui-même, mais qu'il y a un « sujet » résistant sur lequel le fait nous apprend quelque chose ? Telles sont les questions que notre philosophe [de la nature] devra constamment reposer, insufflant ainsi quelque inquiétude devant le discours volontiers triomphaliste de la communauté scientifique. Bien sûr la Science n'a nul besoin de ce discours pour continuer. Mais il restera peut-être quelques esprits éclairés pour l'entendre, et en tirer profit." (1988)
(1) C'est l'occasion de relire la tirade de Lucky à son maître Pozzo ("Pense, porc!") dans "En attendant Godot…" de S. Beckett (1952)
(2) Principalement connu pour son ouvrage "La structure des révolutions scientifiques".
jc
27/01/2021
Je suis tombé sur cet article indiqué en lien dans https://www.dedefensa.org/article/en-attendant-cesar.
PhG: "Il y a une fascination de l’américanisme pour sa propre destinée catastrophique et cette fascination tient une place dans notre analyse – une place importante parce qu’il s’agit du facteur psychologique, auquel nous attachons une si grande importance comme le savent nos lecteurs."
Ma citation thomienne favorite est : "Les situations dynamiques qui régissent l'évolution des phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l'évolution de l'homme et des sociétés.", et une autre est "L'assertion de nature translogique "le prédateur affamé est sa propre proie" est à la base de l'embryologie animale."
À la fin de l'article "Les mathématiques modernes : une erreur pédagogique et philosophique?" (paraît-il le plus lu des articles de Thom, article qui figure dans AL) Thom fait allusion aux langues samoyèdes qui ne distinguent pas le "et" du "ou" en première intention (la distinction se faisant ultérieurement par adjonction d'un adverbe signifiant "un seul" ou "tous les deux"). En consultant Wikipédia on trouve :
"Le terme de samoyède vient du russe самоед (samoyed), traduit par l'étymologie populaire comme signifiant « qui se mange soi-même » ".
Une société US qui se mange elle-même ? Pourquoi pas ? Suicide nécessaire avant de renaître de ses cendres ? Il y a paraît-il un article intitulé "Logos phénix" dans la deuxième édition revue et augmentée de MMM. J'ai la première…
jc
26/01/2021
[À l'attention particulière de Patrice Sanchez]
J'ai découvert tout récemment le nom même de théorétique dans l'article Wikipédia consacré à la théologie :
"Aristote distingue trois parties dans la philosophie « théorétique » : la mathématique (connaissance des substances abstraites de la matière), la physique (connaissance des substances immergées dans la matière) et la théologie (connaissance des substances séparées de la matière).".
Pour moi les théologiens traditionnels et les mathématiciens platoniciens se disputent la théologie en ce sens et Thom et Grothendieck sont, pour moi et en ce sens, des théologiens. Je vois Thom comme un théoréticien complet, matheux au sens d'Aristote comme au sens de Platon, et théoricien de la nature (physicien au sens d'Aristote) -SSM en témoigne-. alors que je vois en Grothendieck un théologien qui refuse les statuts de physicien et de mathématicien (aux sens d'Aristote). Je précise.
Thom voit ainsi le véritable mathématicien: "On sait que vers l'âge de dix-huit mois, le nouveau-né commence son babillage; il prend conscience de ses possibilités articulatoires, et -disent les spécialistes- forme à cette époque les phonèmes de toutes les langues du monde. Les parents lui répondent dans leur propre langue, et, peu de temps après, le bébé n'émet plus que les phonèmes de cette langue, dont quelques mois plus tard, il maîtrisera le vocabulaire et la syntaxe. Je verrais volontiers dans le mathématicien ce perpétuel nouveau-né qui babille devant la nature; seuls ceux qui savent écouter la réponse de Mère Nature arriveront plus tard à ouvrir le dialogue avec elle, et à maîtriser une nouvelle langue. Les autres ne feront que bourdonner dans le vide -bombinans in vacuo. et où, me direz-vous, le mathématicien pourrait-il entendre la réponse de la nature? La voix de la réalité est dans le sens du symbole." ("De l'icône au symbole", MMM).
En 1964, Thom devient, au côté de Grothendieck, membre de l'Institut des Hautes Études scientifiques (IHES) à Bures-sur-Yvette. Il disait, au sujet de ce dernier: « Les relations avec mon collègue Grothendieck furent très agréables. Sa supériorité technique était évidente. Ses séminaires attiraient la presque totalité des mathématiciens parisiens alors que moi je n'avais rien de bien nouveau à offrir. Cela m'a poussé a quitter le monde des mathématiques pour des domaines où les notions sont plus générales comme la théorie de la morphogenèse, un sujet qui m'intéressait alors plus et me permettait de construire une théorie philosophique pour la biologie. »
Je pense que Thom est scientifiquement d'une scrupuleuse honnêteté. Mais malgré l'appréciation de Jean Petitot qui le considérait comme la crème des hommes, je mettrai le bémol suivant en ce qui concerne ses rapports humains avec son collègue Grothendieck. Thom s'est en effet opposé à la nomination comme professeur permanent à l'IHES de Pierre Deligne (futur médaillé Fields), élève de Grothendieck dont les travaux présents au dossier de candidature ont été jugés par lui comme de simples exercices (1). Je suis tous les jours un peu plus convaincu que c'est la véritable raison pour laquelle Grothendieck a quitté le monde mathématique pour le monde philosophique, et je vois "La clef des songes" sous-titré "Dialogue avec le bon Dieu" comme une réponse à Thom (qui considère "seulement" que les véritables matheux sont ceux qui peuvent engager le dialogue avec Mère Nature).
Grothendieck écrit quelque part qu'il a eu trois passions: les femmes, les mathématiques et la méditation. Et mon impression, à la lecture des premières pages de "La clef des songes", est qu'il les aborde en "mec" (2) (ce qui est peut-être également le cas de Thom, pour qui l'acte fondateur est une séparation), mais sans doute pas exclusivement.
Thom a mis de l'eau dans son vin à la fin de sa vie quant à sa vision du mathématicien :
« En mathématique pure, mes propres résultats n'allèrent guère au-delà de développements limités de certaines singularités de potentiel. Il fallut la pertinence de mathématiciens américains (Milnor) ou européens (théorie du déploiement universel, Grauert, J. Martinet) pour sortir la théorie de son marasme initial. Mon seul apport à la théorie mathématique fut d'introduire la notion de « déploiement universel » - corrigé peu après en versel par les collègues algébristes (Mather). Il n'y a pas de doute que des mathématiciens américains (Mather,Milnor), puis soviétiques (Arnold) ont apporté à la théorie des singularités des progrès décisifs. La vision de ces mathématiciens m'a fait comprendre combien la théorie des singularités a des origines profondes en mathématiques. C'est la rencontre de mathématiciens soviétiques comme Arnold (souvent férocement critique de mes procédés rustres) qui m'a fait comprendre à quel point la théorie des singularités tire son origine de structures profondes (Polynômes de Dynkin, carquois de Gabriel, théorie des tresses, immeubles de Tits). L'intérêt de la théorie des catastrophes est bien d'avoir attiré l'attention sur ces théories « profondes » dont la source reste (pour moi) bien mystérieuse.»
(1) Cf. "Récoltes et semailles" p.540
(2) Id, p.536 : "Je me voyais comme une personne à forte dominante "yang" voire superyang, du moins dans mes traits les plus apparents, les plus évidents…"
David Cayla
25/01/2021
Difficile de dégager une pensée cohérente de ce maëlstrom d'informations… Aussi je commencerai par cette déclaration d'un de nos éminents experts stipendiés es-traitements anti-Covid dont il ne me semble pas utile de préciser l'identité "Nous avons affaire à un virus diabolique !"
Allons bon… Est-ce le virus qui ferait preuve, vraiment, d'une habilité satanique pour déjouer les chausse-trappes de la science moderne ? Ne serait-ce pas plutôt la conséquence logique de l'acharnement de nos diafoirus modernes stipendiés à tenter d'imposer coûte que coûte les traitements les plus "modernes" (les plus coûteux, les plus innovants, les moins fiables, les moins efficaces,...) qui soient pour lutter contre cette menace, en rejetant avec constance les traitements les plus basiques, les plus simples, les moins coûteux,... parce que les moins "désirables" à leurs yeux et ceux de leurs richissimes commanditaires ? Mais, soit ! Puisque le mot est lâché, allons-y ! Donc, le virus serait d'obédiance satanique !
Oui… Au IVè siècle de notre ère, Saint-Augustin disait « Humanum fuit errare, diabolicum est per animositatem in errore manere » (« L'erreur est humaine, mais persister dans l'erreur par arrogance, c'est diabolique ») (je connaissais depuis longtemps "Errare humanum est, sed diabolicum perserverare" mais restons-en à Saint-Augustin). Or, c'est un fait avéré que nos élites auront persévéré encore et encore dans l'erreur par pure arrogance (ou aveuglement, mais quelle différence cela fait-il ?).
Cela fait maintenant un an qu'ils auront empilé décision inepte après décision inepte. Et au bout du bout, rien. Rien. Rien, rien, rien, et rien. Rien que le néant absolu. Au bout d'un an passé et de décisions autoritaires sans fin, difficile en effet de continuer de rejeter une quelconque responsabilité sur une population brimée, réduite en esclavage, sauf à dire qu'au fond, personne ne reconnaîtrait la moindre autorité, la moindre légitimité, à ceux qui leur auront imposé décision absconce après décision absconce.
Aussi, je me dis que c'est sans doute accorder une bien trop grande intelligence à ce virus ("il est diabolique !") quand la seule bêtise (faiblesse ?), humaine, trop humaine, de ces si lâches Serviteurs du Système expliquerait tout aussi bien, et bien mieux, leur incapacité à en venir à bout.
Evidemment qu'ils n'ont jamais eu la moindre conscience de cela où cette crise les entraînerait ! Les uns et les autres n'y ont bien entendu vu que leur seul petit intérêt personnel, bien mesquin (s'afficher en sauveurs de la nation pour certains urgentistes, promouvoir un traitement hors de prix mais qui ferait bien assez l'affaire pour d'autres,...), mais la crise gluante qui n'en finit pas les force à reconsidérer leur action. C'est le diable ! disent-ils !
Certes.
Et si le Diable au fond perçu comme "anti-idéal" n'était que l'agrégation de toutes les faiblesses humaines ? Et si le Diable n'était autre que le Système parvenu au faîte de sa Gloire ? Et si c'était cela, la clé de Sa déchéance ? Et si, bien loin de n'être que Sa signature, la Sottise (avec une majuscule) n'était autre que Lui en Majesté ?
Kevin
25/01/2021
Merci P.Grasset de prendre le temps d'explorer le wokenisme, LGBT-isme et transgenrisme, catastrophes déprimantes qui trouvent le moyen d'assaillir l'esprit chaque jour d'une nouvelle manière différente en réussissant l'exploit de défendre des idées toujours plus nocives, stupides et nihilistes avec une fierté jusqu'auboutiste fièvreuse effrayante.
jc
25/01/2021
À propos d'une citation du philosophe Roger Scruton j'avais commenté (positivement) cette phrase d'Alain Badiou (bien que j'aie commenté négativement sa propre façon -grothendieckienne et non thomienne- de la mettre en pratique). J'ai déjà commenté ici en ce sens, et également dans l'autre article du jour "Que faire de tout cela?".
Le manque de hauteur de vue de la logique occidentale est connu et dénoncé depuis longtemps sur ce site (1) par PhG, et Thom a abouti à la même conclusion dès les années 1960, pour qui le topo-logique dynamique précède ontologiquement le logo-logique statique (2).
Pour moi l'approche wokeniste but(t)e sur des problèmes ontologiques dont seuls de grands esprits mathématiques ont réussi à tirer quelque chose, ces problèmes étant liées au double niveau de langage et/ou à l'auto-référence, problèmes qui jouxtent tous deux le fameux paradoxe du menteur (si je suis un menteur qui dis "je mens" alors je ne mens pas -et réciproquement-), à la base des théorèmes de Tarski concernant la vérité et de Gödel concernant la démontrabilité) :
"Andrew Doyle travaille donc au second degré, mais tout le monde n’est pas au courant" ; "demander des preuves de racisme est en soi une preuve de racisme" ; un anti-raciste blanc est ipso facto un raciste anti-blanc" ; etc.
Thom (ES p.16) : "On ne cherchera pas à fonder la Géométrie dans la Logique, mais bien au contraire on regardera la logique comme une activité dérivée (et somme toute bien accessoire dans l'histoire de l'esprit humain), une rhétorique (3)."
(1) https://www.dedefensa.org/article/glossairedde-crisis-la-crise-de-la-raison-humaine-1
(2) Avant de synthétiser logo-logiquement sa pensée en "Le ciel est bleu" il y a toute une analyse topo-logique du ciel à effectuer (même si elle s'effectue quasi-instantanément et quasi-inconsciemment). Thom consacre le dernier chapitre de SSM (2ème ed. 1977) et une partie de ES (1988) à ce problème du rapport de la pensée au langage.
(3) Et même une rhétorique bien souvent sophistiquée lorsqu'elle est utilisée par les wokenistes…
jc
25/01/2021
PhG : "En général, pour les intellectuels wokenistes (catégorie racialiste dans ce cas), le premier degré est largement suffisant pour déployer toutes leurs fines capacités d’analyse et de tragique mémoire victimaire.".
Peut-être faut-il mettre les girardiens dans le même sac ?
Thom écrit dans la conclusion de "La danse comme sémiurgie" (AL):
"Je ne pense pas, en tout cas, qu'on puisse toujours rattacher l'unité dynamique du ballet au sacrifice dionysiaque cher à René Girard¹ ; il y a place, aussi, pour la blancheur apollinienne du clair de lune, un blanc non rougi du sang des victimes."
¹: Allusion à son intervention dans le même colloque."
Convergences épistémologiques et divergences ontologiques entre Thom et Girard (http://lucadeparis.free.fr/jpweb/surscubla.htm) :
"Il y a une divergence philosophique entre Girard et Thom. Girard n'accepte des conceptions d'Héraclite que le mobilisme du flux permanent et du conflit structurant, alors que Thom retient aussi celle d'un logos régulateur, à rapprocher d'une idée platonicienne ou d'une forme aristotélicienne, ce que récuse Girard, dans son aversion envers tous les essentialismes."
jc
25/01/2021
En regard de la citation de Denys l'Aéropagite (coucou Moïse) et de la phrase introductive de PhG ("en me référant à l’énigmatique dimension du verbe (...) alors que le monde ne semble plus faire qu’Un…", je mets ici, une fois encore, celle de René Thom (ES, p.216) , en rappelant une fois encore que, selon moi, l'intuition thomienne fondamentale vient des analogies "œuf totipotent"-"Dieu tout puissant"-"Être en soi"-"Un"-"fonction indéfiniment différentiable (analytique) mais indifférenciée (SS, 2ème ed., p.32) et que cette intuition donne accès -si on y croit…- à une connaissance inconnaissable des individus d'en bas (cf. la citation ci dessous) :
"L'image de l'arbre de Porphyre me suggère une échappée en "Métaphysique extrême" (1) que le lecteur me pardonnera peut-être. Il ressort de tous les exemples considérés dans ce livre qu'aux étages inférieurs, proches des individus, le graphe de Porphyre est susceptible -au moins partiellement- d'être déterminé par l'expérience. En revanche, lorsqu'on veut atteindre les étages supérieurs, on est conduit à la notion d' "hypergenre", dont on a vu qu'elle n'était guère susceptible d'une définition opératoire (hormis les considérations tirées de la régulation biologique). Plus haut on aboutit, au voisinage du sommet, à l'Être en soi (απλως). Le métaphysicien est précisément l'esprit capable de remonter cet arbre de Porphyre jusqu'au contact avec l'Être. De même que les cellules sexuées peuvent reconstituer le centre organisateur de l'espèce, le point germinal α (pour en redescendre ensuite les bifurcations somatiques au cours de l'ontogénèse), de même le métaphysicien doit en principe parvenir à ce point originel de l'ontologie, d'où il pourra redescendre par paliers jusqu'à nous, individus d'en bas. Son programme, fort immodeste, est de réitérer le geste du Créateur). Mais très fréquemment, épuisé par l'effort de son ascension dans ces régions arides de l'Être, le métaphysicien s'arrête à mi-hauteur à un centre organisateur partiel, à vocation fonctionnelle. Il produira alors une "idéologie", prégnance efficace, laquelle, en déployant cette fonction, va se multiplier dans les esprits. Dans notre métaphore biologique ce sera précisément cette prolifération incontrôlée qu'est le cancer.
Aristote a dit du germe, à sa naissance, qu'il est inachevé. on peut dès lors se demander si tout en haut du graphe on n'a pas quelque chose comme un fluide homogène indistinct, ce premier mouvant indifférencié décrit dans sa Métaphysique; que serait la rencontre de l'esprit avec ce matériau informe dont sortira le monde? Une nuit mystique, une parfaite plénitude, le pur néant? Mais la formule d'Aristote suggère une autre réponse, théologiquement étrange: peut-être Dieu n'existera-t-il pleinement qune fois Sa création achevée: Premier selon l'Être, dernier selon la génération."
(1) J'ai découvert récemment qu'Aristote classifiait la théorétique (partie de la métaphysique) en mathématique (connaissance des substances extraites de la matière), physique (φυσική) (connaissance des substances immergées dans la matière) et théologie (connaissance des substances séparées de la matière). La métaphysique extrême de Thom -platonicien- rencontrerait donc ici la théologie, le θεο de théologie rencontrant le θεώ de théorème. D'où le titre.
jc
25/01/2021
Sur ce forum, qui est pour moi un divan psychanalytique, il y a longtemps (2 ans?) que je cherche systématiquement à genrer ma pensée (yin-féminin/yang-masculin), par exemple -aujourd'hui, demain est un autre jour- temps-yin/espace-yang, Caïn/Kane et d'Abel/Abelle, bosons-féminins/fermions-masculins, etc.
Thom associe des morphologies archétypes et des verbes à ses catastrophes élémentaires, commencer et finir à la catastrophe "pli", séparer et réunir à la catastrophe "fronce", etc. . Pour moi commencer et réunir sont féminins et finir et séparer sont masculins (classification confortée par Zeus lui-même qui sépara brutalement -acte fondateur typiquement masculin? (1)- les hermaphrodites en deux moitiés).
Thom traite de la genèse des organes génitaux aux pages 190 à 193 d'un chapitre de SSM épigraphé "Et le Verbe s'est fait chair", pour moi l'un des plus fascinants (avec le dernier de la deuxième édition, intitulé "De l'animal à l'homme : pensée et langage"). Il y écrit :
"Si l'embryon humain présente une structure hermaphrodite jusqu'à un âge avancé, ce n'est sans doute pas, comme le voudrait la loi de récapitulation, parce que nous eûmes de lointains ancêtres hermaphrodites (2); mais plutôt parce que l'épigenèse (3), ayant à construire des mâles et des femelles, a trouvé plus économique de construire d'abord la situation seuil, quitte ensuite à infléchir, pour un court laps de temps (4), l'organisation dans un sens ou dans l'autre."
Mathématiquement la séparation (l'infléchissement) n'est pas, pour Thom, associée à la catastrophe fronce mais est une section -soit elliptique-masculine soit hyperbolique-féminine de l'ombilic parabolique (5).
Thom dit à la fin d'une vidéo-testament (6) : "Je pense que dans une large mesure, j'ai fondé la biologie théorique. (...) Quand j'ai écrit SSM je pensais avoir un demi-siècle d'avance sur la biologie de mon temps. Je crois que j'étais encore optimiste." Peut-être se plonger dans son œuvre va-t-il bientôt devenir une nécessité pour les biologistes contemporains? C'est mon vœu le plus cher.
(1) La réunion comme acte fondateur féminin?
(2) Nom de Zeus!
(3) Le titre de la section est "Épigenèse tardive".
(4) Cet intrigant "court laps de temps" n'est pas commenté par Thom.
(5) La plus compliquée des trois catastrophes qualifiées par Thom de sexuelles (ombilic elliptique, ombilic hyperbolique, ombilic parabolique).
(6) René Thom et Émile Noël : La théorie des catastrophes. (disponible gratuitement sur la toile).
Didier Favre
25/01/2021
Votre inconnaissance ressemble à ce que le sage fait dans la phrase que j'adore:
Quand un homme montre du doigt la lune, le fou regarde le doigt et le sage regarde la lune.
Pour moi, le sage lève les yeux, quitte le doigt et accepte d'être dépassé par ce qu'il voit. Il ne connaît pas la lune mais elle est là.
Geo
24/01/2021
"Venus plus X", de Theodore Sturgeon (Lattès 1980 en france, nommé pour le prix Hugo du meilleur roman 1961 aux USA. ) met en scène une utopie sociale androgyne obtenue chirurgicalement à patir d'individus normaux.
Cette utopie sera refusée par le héros au terme du roman: le héros a une attitude typique de "beauf", de "blaireau", de "déplorable" qui ne voit dans cette solution à la vie humaine qu'une bande pédales.
On n'osait pas encore imaginer le triomphe d'un tel modèle.
Du reste, à en juger par cet article,
http://sfemoi.canalblog.com/archives/2018/02/25/36174129.html
on n'osait pas considérer en 2018 que le roman etait une véritable utopie. Citation:
" Alors la société Ledom est-elle le bon remède à cette « guerre des sexes » ? Assurément non ! Au lieu de travailler à leur rapprochement, à une meilleure compréhension entre les hommes et les femmes et à des relations fondées sur le respect mutuel, les ledoms ont préféré supprimer la différence et créer des citoyens androgynes. Une solution radicale qui ressemble tout de même beaucoup à un constat d’échec. "
On peut imaginer que l'auteur du papier va le corriger d'urgence.
Pour poster un commentaire, vous devez vous identifier