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Déluge II, le retour

Article lié : Le printemps des peuples : les Européens vont-ils suivre?

jean-jacques hector

  13/02/2011

@ J.-P.Baquiast
Je n’ai aucun doute quant à la pérennité de la vie sur notre petite planète bleue.

Les lemmings règlent leur problème (de surpopulation, dans ce cas) en se “suicidant”, terme impropre pour des animaux qui n’ont pas de “sui”.

L’évènement, que nous ne verrons probablement pas, sera du type post-déluge.
Et nos dinosaures n’ayant pas été conviés dans l’arche, l’avenir s’annoncera radieux…

continuer

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laurent basnier

  13/02/2011

poursuivre - contribuer - aider - dire - Dedefensa est unique - je continuerais l’aide - votre dire est utile - Longue vie

Gratuit/Payant

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Serge LEFORT

  13/02/2011

@Philippe Grasset
Il est difficile de se réjouir d’une décision, qui vous a été imposée par les circonstances, sans paraître pour un cynique puisque j’avais déploré la formule payante. J’avais suggéré le modèle économique des revues scientifiques : paiement du ou des derniers numéros et gratuité des archives.
Lire : “L’information n’est pas à vendre” : http://mondeenquestion.wordpress.com/2009/07/20/linformation-nest-pas-a-vendre/

Bien que ne partageant pas vos fondamentaux (Joseph de Maistre), il m’arrive de vous lire dans le même esprit que, je suppose, vous lisez WSWS (trotskistes américains).

@Soufiane T.
Le «le culte actuel du tout-gratuit» est un mythe. Il y a au contraire toute une propagande pour dénigrer le gratuit, présenté comme de mauvaise qualité, au profit du payant, supposé lui de qualité.

En affirmant que «le succès des “gratuits” dans le métro et leur effet négatif sur la presse», vous semblez ignorer que la presse payante investit dans la presse gratuite qu’elle dénonce. Ainsi va le monde des affaires…

Il conviendrait de réfléchir à l’affaire Wikileaks sous l’angle du triomphe du contrôle de l’information par un oligopole de cinq médias dominants (New York Times, Der Spiegel, The Guardian, El Pais et Le Monde).
Lire : “Wikileaks ou le triomphe de la médiacratie” http://mondeenquestion.wordpress.com/2010/12/03/wikileaks-ou-le-triomphe-de-la-mediacratie/

Urne quantique

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Jean-Philippe Immarigeon

  13/02/2011

Bonjour,

La démocratie, c’est l’incertitude, relisons Claude Lefort, ce n’est pas un principe figé mais un principe d’action, c’est le tohu-bohu dont sort l’univers, c’est la soupe quantique dont émerge le corpuscule. Une urne est une boîte de Schrodinger, tant qu’on ne l’a pas ouverte on ne sait pas plus ce qui va en sortir, qu’on ne sait si le pauvre chat est vivant ou mort.

Ce n’est pas la fin de l’histoire à l’Américaine ou à la Fukuyama. C’est là l’erreur, la faute commise par l’Occident en 1989. Et l’histoire n’est pas en train de s’accélérer, elle a simplement continué tandis que nous décidions de nous arrêter parce qu’elle était elle-même sommée de s’arrêter. D’où la panique même pas dissimulée de nos élites supposées, qui ont compris ce que j’écrivais dès 2006 dans la Revue Défense Nationale : non seulement elles ne voient pas arriver le renversement du monde, mais maintenant qu’il n’est plus niable, elles n’ont pas le logiciel pour l’accompagner.

Quant à nous, qui ne volons pas à l’oeil dans les jets de Ben Ali ou de Moubarak, il est clair, depuis mai 2005 et le référendum français court-circuité par les oligarques du libéralisme avancé, qu’on nous a confisqué en Europe ce que Rousseau nommait la volonté générale. Donc, toutes choses étant égales par ailleurs, nous sommes dans la même situation de part et d’autre de la Méditerrannée.

Alors relisons Tocqueville, encore une fois : que décrit-il ? Les dérives d’une démocratie telle que nous la pensions à la fin des Lumières, comme veulent nous faire croire les adeptes de Condorcet, ou sa forme dévoyée et verouillée telle qu’il l’a voit déjà à l’oeuvre en Amérique, et telle qu’elle s’est imposée depuis sous le nom de “gouvernance” ? Si comme je le pense et ne cesse de l’écrire, nous sommes, comme Tocqueville l’avait deviné, sous un régime “déviant”, alors le printemps arabe va aussi devenir, est déjà le nôtre, et pour exactement les mêmes raisons.

avec gratitude

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ashatit bayle

  13/02/2011

Je ne peux que me réjouir du retour au tout gratuit de vos articles. En effet, je vis en Inde et mes revenus mensuels sont de l’ordre de 100 euros. Même en Inde ce n’est pas grand chose. J’ai toujours regretté (et regrette encore) de ne pouvoir contribuer que ce soit au système de don ou à celui de l’abonnement, car pour moi c’est du pareil au même: il faut bien que l’écrivain gagne sa vie afin qu’il puisse remplir son rôle au bénéfice du tout et de tous.

Ceci dit, j’ai le souci de votre survie économique, même si je ne peux concrètement aider, car j’ai tant d’intérêt, et pourquoi pas le dire, de plaisir à vous lire. Ce qui me touche tout particulièrement dans votre travail et votre approche si originale c’est qu’il stimule l’esprit et pousse à penser par soi-même en dehors des sentiers battus et de nos limites et habitudes intellectuelles. Pour moi, c’est cela votre plus importante contribution, même si la justesse et la profondeur de vos vues sont une réalité tout à fait concrète.

Je vous remercie de tout coeur.

Avec gratitude,

A essayer ?

Article lié : dedefensa.org, un jour de décision

Jack v.

  13/02/2011

Bonjour
avez-vous pensé à utiliser le système Allopass ?

http://www.allopass.com/fr

Ce mode de paiement permet de conserver l’anonymat du donateur tant pour l’abonnement que pour les donations et évite d’avoir recours aux cartes de paiement.

Jack

Surpris

Article lié : dedefensa.org, un jour de décision

Soufiane T.

  13/02/2011

Incapable malgré mon désir d’offrir quoi que ce soit à Dedefensa (principalement en raison de mon incapacité personnelle à payer via Internet), il m’arrive de suivre de temps en temps les articles malgré tout, avec un curieux mélange d’impuissance et de remords. D’après ce que je comprends, la formule est finalement abandonnée en raison du trop petit nombre d’abonnés et donc de l’impossibilité des articles de remplir leur devoir d’information alternative. Je suis vraiment attristé devant cet échec, Dedefensa ayant un mérite dont peu de sites peuvent se prévaloir, offrir une information alternative qui peut s’adresser à tous, peu importe l’orientation politique. Cet échec peut-il être rejeté sur le culte actuel du tout-gratuit? En partie, mais je doute que cela soit la seule raison. Je pense qu’il y a aussi le culte de l’internaute multitâche, humain évolué capable de faire plusieurs choses à la fois, mais dont la nature humaine évidemment en réalité inchangée compense en accordant moins d’importance à chacune de ces activités, toutes reléguées au rang de secondaire. Ce serait pourquoi le prix des abonnements deviendrait si repoussant. Enfin, Dedefensa a aussi le “défaut” (l’immense qualité en réalité) d’offrir non pas des informations, mais des analyses. Or, ce qui intéresse les gens en général, c’est une vue partielle et rapide d’un fait pour pouvoir passer à autre chose. Je pense que cela expliquerait par exemple le succès des “gratuits” dans le métro et leur effet négatif sur la presse. Juste un peu, pour ne pas être ignorant, mais pas non plus jusqu’à devenir renseigné. Sans compter que le Tittytainment chez à notre ami Brzezinski n’est pas gratuit, loin de là. Cela est assez étrange par ailleurs lorsque l’on voit que de gros segments du divertissement de masse (séries tv etc.) peuvent enjoindre le spectateur à se montrer prudent, curieux et à réfléchir sur lui-même… Ne pouvant offrir un soutien financier, j’espère au moins que vous accepterez mon soutien moral.

TINA

Article lié : Le printemps des peuples : les Européens vont-ils suivre?

Jean-Paul Baquiast

  13/02/2011

Il semble, J.J. Hector, que vous ayiez raison. Hélas…
Cependant, en y réfléchissant, l’évolution biologique ou sociologique ne s’arrête jamais, sauf mégacatastrophe externe. Il se produit toujours (il émerge, comme on dit) un évènement qui surprend tout le monde. Le verra-t-on de notre temps?

l'american-gorbatchev

Article lié : Pour Ron Paul, USA-2011 vaut largement URSS-1989

Phil89

  12/02/2011

Obama est toujours en piste pour un possible remake de l’art d’accompagner (ou d’accélérer) sans trop de heurts la chute d’un système tout en feignant de l’organiser.

Contrairement à R. Paul, Obama est bien aux affaires, comme Gorbatchev, le modèle.

Si Gorbatchev a dû, faute d’autres options concrètement disponibles, faire les choix qui ont mené à 1989 et 1991, j’attends de vous avec un intérêt non dissimulé, cher Philippe Grasset, un - nouvel - avis sur Obama dont le style fluide mais trompeusement décontracté, dont certains renoncements ou d’autres silences trahissent une forme d’hésitation fondamentale assez proche des “choix” de Gorbatchev dictés par l’absence d’options.

Certes, Gorbachev a voulu dès l’abord théoriser son oeuvre (perestroika, glanost, etc), ne sachant toutefois pas ni où ni comment tout ceci pourrait finir.

Tout aussi peu en contrôle de la grande houle qui approche, Obama se contente d’excellents discours, dont celui du 12 février n’est pas, loin de là, le pire. Une autre forme de théorie, finalement.

Merci!

Fin d'empire(s).

Article lié : Pour Ron Paul, USA-2011 vaut largement URSS-1989

waccsa

  12/02/2011

Si le “Système” est de toute manière dors et déjà condamné, Ron PAUL avec sa sagesse et sa sagacité éprouvées incarne peut-être le dernier espoir pour les USA d’éviter d’aboutir in fine à l’auto-destruction physique type 1861-1865 (mais version XXIe siècle, ie infiniment plus destructrice).

La dislocation de l’empire US est en cours, et effectivement la famille royale saoudienne doit avoir des sueurs froides devant la versatilité affichée du soutien de leur parrain US, le Capo di tutti capi, qui va donner à réfléchir à tous les capi du monde et à leurs sujets (les Européens, dirigeants et sujets, devraient logiquement être les derniers à réaliser et à réagir, sauf peut-être le UK qui connait trop bien le Capo).

Pour information, la fraction subsaharienne de l’empire, sur laquelle la France essentiellement avait mandat depuis 1945 pour le compte du Capo, est en état d’ébullition avancée.

Avec en pointe la Côte-d’Ivoire du souverainiste et démocrate Gbagbo, qui tient tête envers et contre tout à l’empire du mensonge incarné très naturellement par Sarkozy (de manière névrosée et extraordinairement stupide, sans surprise) et Obama (le fétu de paille, qui aura réussi à trahir absolument tous ses supporters), avec les subsidiaires habituels (Cameron, Ban Ki-Moon le préposé US en chef au sein du Machin qui y perd avec la CPI ce qu’ils pouvaient peut-être encore avoir de traces de crédibilité, plus quelques séides locaux jetables).

Le Gabon, source officielle de fric de la très brillante classe politico-mafieuse française, est également en voie de basculement vers l’autonomie ; de même que la plupart des pays subsahariens où de manière extraordinaire ont lieu des élections cruciales en 2011 (Cameroun, RDC,  Tchad, Centrafrique, Niger, Nigeria).

Ce qui ne sera pas sans conséquence sur le financement des partis politiques, des multinationales et du Trésor français (le Franc CFA, lien de servitude et d’appauvrissement extrêmement efficace, copié-collé du système monétaire du IIIe Reich vis-à-vis de la France, est menacé par Abidjan). Et plus encore sur la sécurité des approvisionnement en matières premières du Capo et de ses tout petits capi, en ces temps incertains si éprouvants pour les psychologies malades. Le chapitre colonisation de l’histoire de France est donc également en train de se refermer, de manière aussi peu glorieuse que celui de son parrain, avec un dirigeant-punition, caricature des travers de tous ses prédécesseurs, sous le regard généralement vide d’un peuple qui aura été maintenu sans grande difficulté dans l’ignorance jusqu’à la chute.

la révolution impossible, la voie des lemmings.

Article lié : Le printemps des peuples : les Européens vont-ils suivre?

jean-jacques hector

  12/02/2011

La révolution a un sens dans un système politique non démocratique, car la démocratie est alors toujours l’objectif.

Lorsque celle-ci est en place, même formelle, il n’y a plus d’au-delà à espérer, le système ayant pris soin de verrouiller la simple possibilité de penser des alternatives: social-démocratie, auto-gestion, utopies diverses, existantes ou à inventer.
D’où le fameux acronyme T.I.N.A., There Is No Alternative.

Dans un tel état de déréliction, dans l’impasse, la rage ne peut plus se tourner vers un ailleurs qui n’existe pas ou qui ne peut-être que la répétition du même.

L’individu, puisqu’il n’y a plus que lui qui existe, par la volonté du système, retourne cette rage contre lui-même.
D’où les suicides de plus en plus nombreux, et tus.

Revolutionnaire

Article lié : Pour Ron Paul, USA-2011 vaut largement URSS-1989

Fabrice LEVEQUE

  12/02/2011

Ron Paul me semble bien plus révolutionnaire que n’importe lequel des autres Politiciens de gauche ou de droite que j’ai jamais pu entendre. Car “détaché” de la psychologie du système. Il cherche à le changer de l’intérieur tout en réussissant l’exploit de ne pas être “changé” par le système.

Pas de révoltes, pas de têtes en haut d’une pique. User des armes du système contre celui ci. C’est peut être ça la véritable révolution.

Contre quoi s'indigner?

Article lié : Pour Ron Paul, USA-2011 vaut largement URSS-1989

Jean-Paul Baquiast

  12/02/2011

Ron Paul a certainement raison d’appeler à l’indignation (pour reprendre le terme de S. Hessel) contre le gouvernment fédéral et les gouvernements du monde en général.
Mais derrière ces gouvernements sont les pouvoirs des banques et des groupes financiers, les véritables oppresseurs aujourd’hui. Ils ont remplacé les “patrons” contre lesquels Marx appelait à se mobiliser. La révolution marxiste a été décrédibilisée par ses dérives totalitaires. Il reste que quelque chose du même ordre serait nécessaire.
Malheureusement les peuples (dont je suis, évidemment) n’ont pas encore compris par quoi remplacer la finance internationale, afin de réaliser l’équivalent de la nationalisation que le Front populaire et le CNR avaient préconisées. Je pense qu’un vrai programme révolutionnaire serait là. Les idées concernant l’économie coopérative et autres solutions  sympathiques restent encore trop peu réalistes.Les gens ne vont pas descendre dans la rue pour cela, je crains.
Dans cette perspective, je ne vois pas ce que propose Paul. Il fait partie du Système, comme le rappelle opportunément Philippe Grasset

à Fydryss

Article lié : Pour qui souffle le “perfect storm

Jean-Claude HENRY

  12/02/2011

Voilà une excellente analyse de l’évolution prévisible des technologies.
Il est bien clair que la complexification des technologies et des techniques qui en découlent, nécessite une amélioration des formations.
Elle a pour corollaire que le nombre de sujets capables d’appréhender leur mise en œuvre sera de plus en plus faible. Cela qui constitue en soi un frein, sinon une limite, à l’évolution des technologies.

Chez Jorion aussi

Article lié : USA-2011 comme URSS-1989? Il leur manque Gorbatchev

ANNE

  11/02/2011

Et sur le blog de Jorion, vous avez aussi des admirateurs , ci-dessous un article très inspiré de votre vision :

http://www.pauljorion.com/blog/?p=21190#comment-148335

UNE HISTOIRE DE DOMINOS (EGYPTIENS), par Zébu
11 février 2011 par Julien Alexandre | 
Billet invité
Mianne a récemment évoqué dans un post la possibilité d’un parallèle entre la situation actuelle de l’Egypte pour les USA et celle de la Pologne en 1989 pour l’URSS : une situation vitale. Car pour ces deux puissances militaires, « l’extérieur », qu’il soit proche ou lointain, a toujours eu de forts liens d’interdépendance avec l’ensemble du système.

Ce dont on oublie aussi de parler sur ce sujet, si l’on parle « d’extérieur », c’est l’analogie possible avec l’URSS sur un autre front : celui de l’Afghanistan, un des fronts de « l’extérieur lointain » (pour peu que l’on suive la thèse de De Defensa) pour les USA. On pourra arguer que l’Afghanistan était un « extérieur proche » de par sa situation limitrophe, mais cela ne constituait néanmoins pas le cœur du système soviétique, à l’inverse de la Pologne dans les années 80, de la Hongrie dans les années 50 ou de la Tchécoslovaquie dans les années 60.

Si la Pologne a fortement contribué à son effondrement en 1989, l’URSS est déjà en guerre en Afghanistan depuis plus d’un an quand le syndicat Solidarnosc naît en 1980. Et quand le 15 février 1989 les dernières troupes soviétiques sont évacuées du pays, il ne reste plus que quelque mois avant la chute du mur de Berlin qui verra deux mois plus tard, la légalisation du syndicat Solidarnosc et sa participation aux élections. L’empire soviétique aura été saigné à blanc par cette guerre : plusieurs dizaines de milliers de morts et de blessés au combat, des centaines de milliers de malades, 900 000 soldats ayant servis, pour un coût au final de 2 milliards de dollars par an (soit environ 6 milliards en dollars constants).

Si on prend, au regard du nombre de soldats ayant servi, le nombre de morts pendant les neuf années de conflit (14 000 morts pour 900 000 soldats), on obtient un pourcentage de tombés au combat faible (1,56 % du total), a fortiori si l’on prend le nombre total de soldats dans l’armée de l’URSS. Pour autant, l’impact fut très important psychologiquement, avec les dizaines de milliers de soldats blessés au combat revenant au pays et surtout la première défaite de l’armée rouge sur le terrain depuis la seconde guerre mondiale.

La guerre en Afghanistan menée par la coalition dirigée par les Etats-Unis d’octobre 2001 à octobre 2010 (soit neuf ans environ) a fait moins de morts (2 200) parmi les soldats de la coalition, et bien moins en proportion sur un effectif de 400 000 hommes que les armées soviétiques sur une durée équivalente. A la différence près que l’avantage technologique fut et reste écrasant en faveur de la coalition pendant cette guerre alors que les soviétiques durent faire face vers la fin du conflit à des rebelles afghans armés de missiles Stinger, financés largement par les USA et l’Arabie Saoudite, contrebalançant la suprématie soviétique, notamment aérienne. De sorte que l’on peut dire que l’impact psychologique est lui aussi très important, étant donné cette supériorité technologique, qui n’est pas remise en cause mais qui ne permet pas non plus à la coalition de sortir vainqueur de cette guerre.

Surtout, le coût de cette guerre sur neuf ans est évalué à 377 milliards de dollars, soit environ 42 milliards de dollars par an. Tout comme Gorbatchev en 1988, Obama, devant la nécessité d’un retrait militaire, envisagea en 2010 un retrait qui commencerait l’année suivante, en 2011, pour être définitif en 2014. On peut là aussi faire un parallèle avec la façon dont les Russes « transférèrent » la sécurité au régime pro-soviétique de Nadjibullah en 1989 en le finançant, jusqu’à sa chute en avril 1992, quelques mois après la fin officielle de l’URSS (21 décembre 1991). On imagine ainsi fort bien le devenir du régime de Karzaï après 2014 : pas plus de 3 ans. Si en termes « d’extérieur lointain » on ajoute la guerre d’Irak, avec 4 750 morts et 36 000 blessés en 8 ans et un coût de 773 milliards de dollars, on obtient un nombre de morts et de blessés au combat certes inférieur à la guerre soviétique en Afghanistan mais restant comparable en termes militaire, stratégique et psychologique. D’un point de vue financier, le coût évalué pour ces guerres « extérieures lointaines » en moins de 10 ans est de plus de 1 150 milliards de dollars… soit presque 10% de la dette US.

De fait, le pouvoir soviétique était déjà exsangue militairement et financièrement quand le syndicat Solidarnosc émergea et était dans l’incapacité totale de réprimer comme il avait pu le faire auparavant son « extérieur proche » : il fut obliger de lâcher du lest. Ce fut le coup de grâce. Surtout, l’économie interne était alors complètement délabrée : « Comme l’a décrit J.Kornaï, l’économie soviétique est contrainte par l’offre : c’est une économie de pénurie. Le seul bien qui ne soit pas contraint par l’offre est la monnaie : l’économie soviétique est caractérisée et affaiblie par un très grand laxisme monétaire. »

En caractérisant l’économie US, on est frappé de rencontrer les mêmes définitions : le seul bien qui ne soit pas contraint est le dollar, un laxisme monétaire évident – on pense à la politique de quantiative easing de la Fed, mais aussi l’obsolescence du capital productif, la stagnation ou la chute de la productivité… La différence est qu’en lieu et place d’une économie de pénurie, les USA sont actuellement plutôt définis, en système capitaliste (l’inverse du système soviétique), par une pénurie de la demande (chômage, soupes populaires et bons alimentaires, saisies immobilières, chute du crédit à la consommation, etc.).

Mais il s’agit néanmoins bel et bien d’une économie de pénurie.

Enfin, un dernier élément, et non des moindres. Le cours du pétrole joua un rôle important dans l’évolution du conflit en Afghanistan dans les années 80. En effet, l’URSS était un des principaux producteurs de pétrole et les cours connurent de fortes augmentations suite aux deux chocs pétroliers de 1973 et surtout 1979, ce qui permit d’ailleurs de financer en grande partie la guerre en Afghanistan. Jusqu’au moment où les cours du pétrole se retournèrent, en 1983, l’Arabie Saoudite ayant « décidé » d’inonder le marché, faisant ainsi chuter le cours de 34 dollars le baril à 29 dollars : suffisant pour mettre en difficulté financière l’URSS, dont une bonne partie des rentrées de devises dépendaient de la vente à l’exportation du pétrole. De là à penser que l’Arabie Saoudite a agi en « service commandé », afin de lutter contre les « mécréants communistes » et précipiter la chute du régime communiste affaibli, il n’y a qu’un pas que le grand reporter Eric Laurent a largement franchi dans « La face cachée du pétrole »…

En inversant les choses cette fois, on ne peut que constater l’augmentation importante des cours actuels du pétrole, que la crise au Moyen-Orient ne fait que renforcer (spéculation, inquiétude quant au canal de Suez), cours dont l’augmentation pèse énormément sur la balance commerciale des USA, importateur net de pétrole. Même si ce dernier est toujours payé en dollars, il contribue à creuser ce déficit commercial qui tend à dévaloriser le dollar en tant que monnaie. Les USA se retrouvent donc dans une position inverse de celle de l’URSS (mais tout aussi inconfortable), et l’héritière russe de jubiler en voyant son ancienne rivale en si mauvaise posture, elle qui a la main sur le robinet puisque la Russie est désormais le premier exportateur au monde en 2009, devant l’Arabie Saoudite.

De sorte que le parallèle semble fonctionner entre la situation de l’URSS en 1989 et celle des USA actuellement, tant militairement et géostratégiquement (en particulier avec le parallèle afghan) que financièrement, économiquement, monétairement et structurellement (usure du système politique, idéologique et symbolique).

Dans ce cadre d’analyse, on peut dès lors légitimement penser que l’Egypte pourrait être aux USA ce que la Pologne fut à l’URSS : « l’extérieur proche » d’un système en voie de décomposition. Mais à l’inverse d’une puissance militaire soviétique terrestre, la puissance militaire américaine est essentiellement aérienne et maritime, ce qui amène à considérer un « extérieur proche projeté » ou « extérieur proche non limitrophe ». De fait, « l’extérieur proche »  pour les USA est lié au contrôle des zones de productions d’énergie (pétrole, gaz) et des zones de transit de ces productions. Si l’Arabie Saoudite est une partie du système (depuis l’accord sur le Quincy en 45), l’Egypte est « l’extérieur proche »  par excellence.

Dans une autre région du monde, elle aussi essentielle pour les USA (où là encore elle a subi de très sérieux revers ces dernières années : Vénézuela, Equateur, Bolivie, mais aussi MERCOSUR), la Colombie et le Mexique sont « l’extérieur proche ». Que l’un des deux tombe (la Colombie permet de contrôler indirectement le canal de Panama et le Mexique est un des trois pays membres de l’ALENA) et « l’extérieur proche » est irrémédiablement atteint, impactant nécessairement le système américain, tout comme le fut l’URSS avec la chute de la Pologne en avril 1989.

Sur cette base de comparaison, l’Egypte d’aujourd’hui ressemble fortement à la Pologne (et plus largement l’Europe de l’Est) de 1988, lorsque Gorbatchev déclara à l’ONU le 7 décembre qu’il réduirait les troupes soviétiques présentes sur ces territoires de 500 000 soldats, perestroïka oblige mais aussi très certainement crise financière interne aidant. Le discours actuel d’Hillary Clinton que retransmet Mianne suit une logique similaire. Pour mémoire, la Hongrie, sévèrement réprimée par les troupes soviétiques dans les années 50, fit un pas avant la Pologne vers une forme d’autonomie vis-à-vis du pouvoir soviétique, en faisant valoir dès le début de l’année 1989 le droit de grève, de manifester et le multipartisme. Etrangement, la Tunisie, « petite pièce » dans le puzzle américain (tout comme le fut la Hongrie pour l’URSS) a rendu « possible » la situation actuelle en Egypte. La comparaison n’a pas dû être oubliée à Washington. Gorbatchev (et à travers lui l’URSS) y gagna son prix Nobel de la paix en 1990. Mais il y perdit le pouvoir. Obama (et à travers lui les USA) a déjà, lui, le prix Nobel de la paix. Que peut-il perdre en Egypte, qu’il n’ait pas déjà gagné ?