jc
04/09/2020
Alain Finkielkraut: « Nous ne disposons plus aujourd’hui d’une philosophie de l’histoire pour accueillir les événements, les ranger et les ordonner. Le temps de l’hégéliano-marxisme est derrière nous. Il est donc nécessaire, inévitable de mettre la pensée à l’épreuve de l’événement et la tâche que je m’assigne, ce n’est plus la grande tâche métaphysique de répondre à la question “Qu’est-ce que ?” mais de répondre à la question “Qu’est-ce qu’il se passe ?”... ».
J'ai reproduit tout récemment¹ le rôle du métaphysicien selon Thom ("Son programme, fort immodeste, est de réitérer le geste du Créateur"), rôle qui est explicité à la page 32 de SSM² (2ème ed.), où Thom expose le rapport qu'il entrevoit entre mathématique et réalité: "Expliquons-le [le mécanisme formel qui commande à mes yeux toute morphogenèse] par l'analogie suivante entre le développement d'un embryon d'une part et le développement en série de Taylor à coefficients indéterminés d'autre part."
S'il faut en passer par là pour véritablement être un métaphysicien - et je suis tous les jours un plus convaincu qu'il le faut - alors je conçois l'embarras des métaphysiciens "classiques"³, et je comprends mieux la citation thomienne extraite d'un article (que je n'ai pas lu) intitulé "Infini opératoire et réalité physique": "Selon beaucoup de philosophies Dieu est géomètre; il serait peut-être plus logique de dire que le géomètre est Dieu." (AL, p.28). Je crains que beaucoup de métaphysiciens "classiques" se retrouvent dans la situation décrite par Thom¹:
"Mais très fréquemment, épuisé par l'effort de son ascension dans ces régions arides de l'Être, le métaphysicien s'arrête à mi-hauteur à un centre organisateur partiel, à vocation fonctionnelle. Il produira alors une "idéologie", prégnance efficace, laquelle, en déployant cette fonction, va se multiplier dans les esprits. Dans notre métaphore biologique ce sera précisément cette prolifération incontrôlée qu'est le cancer." Le cas de Hégel et de Marx (je n'ai rien lu ni de l'un ni de l'autre…) ?
¹: Commentaire de l'article "Tristes trotskistes".
²: SSM est un livre dense et technique. Thom en expose quelques idées maîtresses dans le court article "Une théorie de la morphogenèse" (MMM).
²: Je ne range pas le métaphysicien-né qu'est PhG dans cette catégorie, PhG à qui il manque seulement pour moi un vocabulaire plus approprié pour que j'aie un espoir de le comprendre,
Baldoflorine Hazard
03/09/2020
...
"9/11" la communication du mensonge.
"2020 Covid 19" le mensonge de la communication.
Qu'est-ce que ce monde est sérieux.
M.Paul
03/09/2020
Que penser de l'article de Patrick Laurence paru sur Consortium News.
https://consortiumnews.com/2020/08/31/patrick-lawrence-voting-in-a-de-facto-military-state/
Voting in a De-Facto Military State
August 31, 2020
Sebastien Antoine
03/09/2020
Alain Finkielkraut a sans doute toujours considéré son métier de philosophe comme un « poste de sentinelle à l’affut ». Par exemple lorsqu'il encourageait avec véhémence l'invasion militaire de l'Irak par les USA sur les plateaux TV en 2003, juste avant les premiers bombardements. Ceci dit, le fait que ce philosophe, acteur singulier du système de la communication, avoue ne plus rien comprendre de l'actualité est une grande nouveauté. Peut être va-t-il bifurquer, à son corps défendant, vers une lecture métaphasique proprement philosophique de l'histoire, dont ce site est un exemple ?
jc
02/09/2020
PhG: "Désormais, plus rien de nos explications habituelles, de nos références les plus estimées et les plus complexes, – et je parle ici sans l’ombre de la moindre ironie, – plus rien de tout cela n’a plus la moindre capacité de figurer dans le même complexe Espace-Temps où les événements nous ont emmenés. (...) Nous sommes dans un univers parallèle, un étage au-dessus, où règnent la maîtrise du Temps et la mesure de l’Espace."
Thom: "L'idée qu'une suite de transformations stables de notre espace-temps peut être dirigée, programmée, par un centre organisateur qui est une structure algébrique extérieure à l'espace-temps lui-même, pourra sembler d’une abstraction difficile à admettre. L'essentiel, comme toujours, est de n'y voir qu'un langage destiné à faciliter l'intuition de la coordination globale à tous les systèmes partiels régis dans ces transformations."
Thom: "Comme la dimension de l'espace des activités neuroniques est énorme, nous pouvons sans doute réaliser mentalement des configurations stables, des idées dont le centre organisateur est de très grande codimension. Mais quand nous voulons exprimer cette idée, nous devons déplier le centre organisateur et procéder par sections locales de dimension quatre au plus, il en résulte que notre pensée verbale, notre pensée réellement consciente parce que communicable, reste à la périphérie de la figure de régulation, bien loin du centre organisateur de l'idée. Elle y rampe comme un mycélium de champignon et elle finit par la pourrir complètement. Alors a lieu la formalisation de l'idée ["Il suffit d'un mot, d'une phrase…"]".
PhG: "« la grande tâche métaphysique de répondre à la question (...) « Qu’est-ce qu’il se passe ? », n’est effectivement nullement un abaissement comme déjà signalé hier. C’est un point si fondamental qu’il doit bouleverser notre manière de pensée et d’appréhender la marche folle du monde."
Thom: "C'est Konrad Lorentz qui dans son discours Nobel a énoncé la formule : « Toute analogie est vraie ». Je crois la formule aventurée : il faut la munir d'un addendum : Toute analogie, dans la mesure où elle est sémantiquement acceptable, est vraie. Ainsi, dans ce domaine de l’analogie, le sentiment d'acceptabilité sémantique entraîne sa propre vérité. C'est là un puissant moyen d'investigation métaphysique (la métaphysique étant entendue ici en son sens technique : science des êtres en tant qu'êtres…)."
(Je rappelle à ce propos que la théorie des catastrophes est une théorie de l'analogie et que c'est dans ce cadre que ma citation thomienne favorite prend un sens: "Les situations dynamiques régissant l'évolution des phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l'évolution de l'homme et des sociétés.".)
__Dont Acte2
01/09/2020
« Le pauvre Biden-dans-son-bunker »… La nullité crasse du personnage est connue de longue date dans ses propres rangs (récemment, vous citiez Obama « il ne faut pas sous-estimer les capacités de Joe à tout foutre en l’air »). Pourquoi le parti Démocrate risquerait-il de tout faire capoter avec un tel canard boiteux ? À moins que son échec soit souhaité.
En effet, c’est à se demander si la victoire de Trump n’est pas programmée, ne fait pas l’objet d’un consensus minimal au sein de cette fameuse Elite qu’on présente pourtant divisée entre conservateurs industriels-patriotes versus progressistes LGBTQ-BLM-transhumanistes destructurants. Avec un Sleepy Joe en sparring partner qui se coucherait pour de bon au 2ème round.
Non, non, ce n’est pas encore le coup du complot machin, juste l’histoire d’intuition haute et d’inconnaissance qui sont dans un bateau…
jc
01/09/2020
Thom associe "mourir" à la catastrophe "pli"¹, la plus simple des catastrophes élémentaires, et "mourir en se suicidant" à la catastrophe "queue d'aronde"¹.
La catastrophe "queue d'aronde" est située dans la hiérachie thomienne entre la catastrophe "fronce" et la catastrophe "papillon"; c'est pour moi un papillon mal fini (ou mal commencé). Thom associe la catastrophe "papillon" à la construction d'une maison¹. Les USA en maison mal construite à cause de l'indéfectibilité et de l'nculpabilité de la psychologie US qui force les américains à se penser toujours en prédateurs et leur interdit de se penser en proie ?
¹: Cf. Topologie et linguistique, MMM.
²: AL p.213.
Serge Laurent
31/08/2020
C'est clair que Trump n'a pas d'idéologie contrairement à Hitler. Mais il y a un risque très net qu'il refuse les résultats de l'élection si elle lui est défavorable. Une dérive dictatoriale du bonhomme, s'appuyant sur le penchant républicain des forces de sécurité, de la police et des milices ne peut pas être exclue. A ce moment là les trotskistes américains risquent d'être les premiers à goûter du bâton. La peur n'exclu pas le danger, mais elle brouille l'esprit. comparer Trump au furher est sûrement exagéré, mais c'est bien compréhensible quand la dynamique politique risque de vous mener dans une geôle ou le manque de WiFi risque d'être un aspect mineur des conditions de détention.
jc
31/08/2020
Pas facile si l'on en croit Thom:
"Mais très fréquemment, épuisé par l'effort de son ascension dans ces régions arides de l'Être, le métaphysicien s'arrête à mi-hauteur à un centre organisateur partiel, à vocation fonctionnelle. Il produira alors une "idéologie", prégnance efficace, laquelle, en déployant cette fonction, va se multiplier dans les esprits. Dans notre métaphore biologique ce sera précisément cette prolifération incontrôlée qu'est le cancer.".
En voici le contexte (Esquisse d'une sémiophysique, p.216):
"L'image de l'arbre de Porphyre me suggère une échappée en "Métaphysique extrême" que le lecteur me pardonnera peut-être. Il ressort de tous les exemples considérés dans ce livre qu'aux étages inférieurs, proches des individus, le graphe de Porphyre est susceptible -au moins partiellement- d'être déterminé par l'expérience. En revanche, lorsqu'on veut atteindre les étages supérieurs, on est conduit à la notion d' "hypergenre", dont on a vu qu'elle n'était guère susceptible d'une définition opératoire (hormis les considérations tirées de la régulation biologique). Plus haut on aboutit, au voisinage du sommet, à l'Être en soi. Le métaphysicien est précisément l'esprit capable de remonter cet arbre de Porphyre jusqu'au contact avec l'Être. De même que les cellules sexuées peuvent reconstituer le centre organisateur de l'espèce, le point germinal α (pour en redescendre ensuite les bifurcations somatiques au cours de l'ontogénèse), de même le métaphysicien doit en principe parvenir à ce point originel de l'ontologie, d'où il pourra redescendre par paliers jusqu'à nous, individus d'en bas. Son programme, fort immodeste, est de réitérer le geste du Créateur. Mais très fréquemment, épuisé par l'effort de son ascension dans ces régions arides de l'Être, le métaphysicien s'arrête à mi-hauteur à un centre organisateur partiel, à vocation fonctionnelle. Il produira alors une "idéologie", prégnance efficace, laquelle, en déployant cette fonction, va se multiplier dans les esprits. Dans notre métaphore biologique ce sera précisément cette prolifération incontrôlée qu'est le cancer.
Aristote a dit du germe, à sa naissance, qu'il est inachevé. On peut dès lors se demander si tout en haut du graphe on n'a pas quelque chose comme un fluide homogène indistinct, ce premier mouvant indifférencié décrit dans sa Métaphysique; que serait la rencontre de l'esprit avec ce matériau informe dont sortira le monde? Une nuit mystique, une parfaite plénitude, le pur néant? Mais la formule d'Aristote suggère une autre réponse, théologiquement étrange: peut-être Dieu n'existera-t-il pleinement qu'ne fois Sa création achevée: Premier selon l'Être, dernier selon la génération."
jc
31/08/2020
Anne-Marie Nogaret: "Pour ma part, je vois dans le déconstructionnisme à l’œuvre aujourd’hui un motif pervers qui relèverait davantage d’un désordre psychique que d’une réflexion théorique: il s’agit en réalité de légitimer le libre exercice de ses pulsions, qui deviendraient des «normes» authentiques puisque prétendument libérées de toute trace de domination."
Pour Thom "la rationalité n'est guère qu'une déontologie dans l'usage de l'imaginaire" et il ne se gêne pas pour en changer (en conseillant, en particulier aux matheux, d'en faire autant en oubliant le problème de la non-contradiction!). Plus précisément je pense que la rationalité n'est guère qu'une déontologie dans l'usage des émotions, que ce qui nous meut ce sont nos émotions (c'est une évidence étymologique) et non notre raison: c'est comme ça que j'interprète ce qu'écrit Thom dans Esquisse d'une sémiophysique (pp.29, 73 et 74), pour qui c'est l'affectivité qui, excitée, déforme la structure de régulation de l'organisme en la compliquant (puis revient à son état de base après l'exécution -ou non- d'une action).
Anne-Marie Nogaret: "Ils [les déconstructionnistes] dénient donc ce qui fonde la frontière essentielle entre humanité et animalité, entre nature et culture."
Dans le dernier chapitre de SSM (2ème ed.) intitulé "De l'animal à l'homme: pensée et langage" Thom propose un modèle qui insiste sur la continuité entre le psychisme animal et le psychisme humain (et il propose p.309 une explication de la façon dont les humains ont réussi à réaliser une hiérarchie des champs sémantiques dont les animaux paraissent incapables).
Pour finir on pourra regarder où Thom place la littérature post-moderne (dont font partie, selon moi, les écrits des philosophes de la French Theory) sur sa carte du sens: http://strangepaths.com/forum/viewtopic.php?t=41
jc
30/08/2020
Dans mon précédent commentaire (sociétés militaires, sociétés civiles) j'écrivais:
"Face au Covid 19 les nations adoptent un comportement plus ou moins rigide, la Chine optant pour un comportement plutôt rigide alors que les sociétés "démocratiques et libérales" sont, elles, enclines à adopter un comportement plus fluide (du laminaire au turbulent selon son nombre de Reynolds, différent, on le sait, pour la bière et le vin)."
Peut-être en est-il de même au sein des USA, le fluide étant ici constitué des citoyens US hésitant entre le camp républicain et le camp démocrate, chacun muni de son nombre de Reynolds?
Dans Esquisse d'une sémiophysique (p.86) Thom
"se propose de décrire par quel processus vraisemblable la dynamique ponctuelle de l'œuf quiescent peut, par bifurcation successives, engendrer la dynamique de la BP [Blastula Physiologique]. Le mode de raisonnement est ici semblable à celui de la création de la "turbulence faible" dans la théorie de Ruelle-Takens ou de la marche au chaos étudiée par les spécialistes en dynamique des fluides en fonction du nombre de Reynolds."
(Thom, qui a écrit lui-même un article sur le sujet¹, note (ES p.112) que leur théorie est la marche au chaos la plus naturelle, mais que ce n'est pas la seule.)
Rapport entre biologie et sociologie? Je ne peux pas ne pas y penser puisque ma citation thomienne favorite est:
"Les situations dynamiques régissant l'évolution des phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l'évolution de l'homme et des sociétés.".
PhG (article Échos de la gauche profonde):
"La différence entre ces deux composants proches, ces ‘brutes utiles’ du Système figurant une contestation de gauche ultra-violente sans risque pour le Système, c’est que justement le Système en France était à peu près unifié alors qu’il est absolument fracturé aux USA.".
Pour moi le nombre de Reynolds du fluide social français diffère encore assez nettement du nombre américain. Pour combien de temps?.
¹: https://www.sciencedirect.com/sdfe/pdf/download/eid/1-s2.0-S0304020808721108/first-page-pdf
jc
25/08/2020
PhG: "[La crise du Covid 19] est une “crise par déflection”, c’est-à-dire dont l’importance est indirecte, par rebond, à plusieurs bandes, dont l’effet est incompréhensible directement ; une crise des structures (structures sociales et structures psychologiques) bien plus qu’une crise d’une ou de l’autre sorte du contenu de ces structures et de ces psychologies."
Crise renvoie à catastrophe et réciproquement. Dans ces temps de grande confusion un des derniers refuges de la pensée pour tenter de dominer la situation est d'avoir recours à René Thom qui, le premier, a esquissé une classification analogique des situations catastrophiques. Thom a beaucoup écrit sur la biologie et la linguistique, mais à ma connaissance très peu sur les sociétés et leur évolution: un article "Révolutions: catastrophes sociales?" (AL) dans lequel il s'attache à montrer qu'une société stable ne peut exister sans pouvoir symbolique, sans pouvoir des signes, et trois pages à la fin de SSM.
Dans ces trois pages il commence par passer en revue ce qu'il considère comme les deux grands types de sociétés: la société militaire et la société fluide, nos sociétés étant d'un type intermédiaire ("elles ne sont pas rigoureusement fluides car stratifiées en classes sociales, séparées par des ondes de choc difficilement franchies par les individus"). Face au Covid 19 les nations adoptent un comportement plus ou moins rigide, la Chine optant pour un comportement plutôt rigide alors que les sociétés "démocratiques et libérales" sont, elles, enclines à adopter un comportement plus fluide (du laminaire au turbulent selon son nombre de Reynolds, différent, on le sait, pour la bière et le vin).
L'exemple que Thom donne d'une société fluide me semble tout-à-fait adéquat pour éclairer l'article de ce jour:
"L'exemple type en est donné par le nuage de moustiques; chaque individu [ici chaque nation est un moustique!] se déplace aléatoirement jusqu'à ce qu'il voie tous ses congénères dans un même demi-espace; alors il s'empresse de modifier son mouvement de manière à rentrer dans le groupe. Là, la stabilité est assurée en catastrophe par une barrière assurant une discontinuité de comportement [crise par déflection, par rebond, à plusieurs bandes]."
Remarque terminale: Thom pense que si le niveau moral des individus est "suffisant pour ne pas exploiter à leur profit immédiat une défaillance temporaire de l'autorité", alors "une situation très labile, à autorité fluctuante, a toutes les chances de se révéler le régime optimal pour les individus". Une société fluide de type moustique seule? Je pense que Thom voit plutôt un mixte d'organisation fluide de type moustique et d'organisation militaire fluidifiée: "On pourrait très bien concevoir une société militaire sans chef unique, voire sans aucun chef [société anarchique!], mais le corps social serait alors au moins une variété de dimension trois (afin d'avoir un champ ergodique sans singularité et structurellement stable).". Un lointain écho aux propos de PhG concernant les chinois dans l'article du glossaire "La crise de la raison (humaine)": cf. le paragraphe TINA, ou “le silence pour toute réponse"?
jc
23/08/2020
Pascal: « Que j’aime à voir cette superbe raison humiliée et suppliante. ». En voici le contexte, extrait du fragment 38 de "La vanité de la raison humaine":
"Le bon sens.
Ils sont contraints de dire : « Vous n’agissez pas de bonne foi, nous ne dormons pas », etc. Que j’aime à voir cette superbe raison humiliée et suppliante ! Car ce n’est pas là le langage d’un homme à qui on dispute son droit et qui le défend les armes et la force à la main. Il ne s’amuse pas à dire qu’on n’agit pas de bonne foi, mais il punit cette mauvaise foi par la force."
http://www.penseesdepascal.fr/Vanite/Vanite38-moderne.php commente:
"Le bon sens renvoie à Descartes et au début du Discours de la méthode. La référence se comprend sans peine, puisque Pascal, non sans ironie, considère Descartes comme le « docteur de la raison »."
Je rappelle à ce propos la carte légendée du sens (traversée par le fleuve du bon sens!) par René Thom: http://strangepaths.com/forum/viewtopic.php?t=41 ainsi que la citation suivante:
"... la question de l’acceptabilité sémantique d’une assertion est un problème ontologiquement antérieur à celui de sa vérité. La vérité présuppose une signification. L’idéal des logiciens (et de certains mathématiciens) d’éliminer la signification au bénéfice de la seule vérité est un contre-sens philosophique."
Astrid Zirgel
22/08/2020
Bonsoir M. Grasset,
Cela fait bien longtemps que, pour ma part, les Etats-Unis d'Amérique et le grand malheur du monde sont une seule et même chose. Merci de mettre les points sur les "i", par les temps qui courent le courage est rare…
Cordialement
jc
21/08/2020
En cette période où tout semble se dérober sous nos pieds, il ne nous reste plus qu'à nous raccrocher aux fondamentaux, en particulier à redonner aux mots leur véritable le sens, leur sens étymologique (cf. l'étymologie du mot "étymologie").
1. PhG: "... la rationalité pour rendre compte d’une façon à mesure (rationnelle) des situations qui en sont dépourvues"
Qu'est-ce que la rationalité?
La rationalité est une déontologie dans l'usage de l'imaginaire (Thom), ce à quoi je rajouterai que c'est aussi une déontologie dans l'usage des émotions (cf. "L'erreur de Descartes" d'Antonio Damasio); plus simplement dit la rationalité n'est qu'un discours destinée à justifier son imagination et ses émotions. Dans cette époque délirante où les psychologies et les imaginaires sont soumis à rude épreuve, on ne sera pas étonné que la raison humaine¹ explose en mille morceaux.
2. Shamir: "J’aime bien les théories de la conspiration; elles tentent d’injecter un sens à des ensembles de faits divers qui, autrement, n’auraient aucun sens.".
Qu'est-ce qu'une théorie?
Étymologiquement c'est une contemplation, un regard sur les choses, un point de vue, une bonne théorie étant alors un point de vue qui injecte un sens à des ensembles de faits divers qui n'en avaient pas auparavant.". La citation de Shamir vaut donc, selon moi, non seulement pour les théories complotistes mais pour toutes les théories (cf. par exemple typique le passage du géocentrisme à l'héliocentrisme).
3. PhG: "la notion de “fait” étant soumise au soupçon terrible d’une complète inéligibilité [inintelligibilité?] par absence de légitimité ontologique."
Thom: "Lorsqu'on a compris – à la suite de T. S. Kuhn – le caractère « automatique » du progrès scientifique, on se rend compte que les seuls progrès qui vaillent sont ceux qui modifient notre vision du monde – et cela par l'élaboration de nouvelles formes d'intelligibilité. Et pour cela il faut revenir à une conception plus philosophique (voire mathématique) des formes premières d'intelligibilité. Nos expérimentateurs, sempiternels laudateurs du « hard fact », se sont-ils jamais demandé ce qu'est un fait ? Faut-il croire – ce qu'insinue l'étymologie – que derrière tout fait, il y a quelqu'un ou quelque chose qui fait ? Et que ce quelqu'un n'est pas réduit à l'expérimentateur lui-même, mais qu'il y a un « sujet » résistant sur lequel le fait nous apprend quelque chose ? Telles sont les questions que notre philosophe devra constamment reposer, insufflant ainsi quelque inquiétude devant le discours volontiers triomphaliste de la communauté scientifique. Bien sûr la Science n'a nul besoin de ce discours pour continuer. Mais il restera peut-être quelques esprits éclairés pour l'entendre, et en tirer profit.";
citation qui prend ici son sens à l'aide de celle qui suit:
"Finalement, le problème de la démarcation entre scientifique et non scientifique n'est plus guère aujourd'hui qu'une relique du passé ; on ne le trouve plus guère cité que chez quelques épistémologues attardés – et quelques scientifiques particulièrement naïfs ou obtus."
¹: https://www.dedefensa.org/article/glossairedde-crisis-la-crise-de-la-raison-humaine-
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