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interview dans Le Point du SG de l'OTAN

Article lié : La “victoire historique” de BHO, ou Washington contre les Etats de l'Union

jean vinatier

  06/04/2010

Il y a des hommes...

Article lié : Petraeus, “robot providentiel”

patrice G

  06/04/2010

... d’une certaine trempe, qui se couronnent eux-mêmes empereur. ‘vanity fair’ ou pas.

“La scène se déroule le 2 décembre 1804, dans la cathédrale Notre-Dame de Paris. Or les sacres des rois de France avaient lieu habituellement à la cathédrale de Reims. Au moment où le pape allait prendre la couronne, dite de Charlemagne, sur l’autel, Napoléon la saisit et se la mit sur la tête.”

Comment vient l'esprit de résistance...

Article lié : DIALOGUES-III : thèse de La Grâce de l’Histoire

Christian Steiner

  04/04/2010

Tout d’abord merci pour votre initiative de dialogue et d’ouverture, qui me semble ne pouvoir être que salutaire aujourd’hui, dans une perspective de réflexion et de salut commun (dans la perspective aussi de ce qu’aucun ne nommait « l’intellectuel collectif »? – et dont le dialogue entre Philippe Grasset et Jean-Paul Baquiast est la base d’un noyau possible).

Merci pour le texte de P.G., où il prend une fois encore la peine de présenter sa « thèse », son intuition, sa démarche de manière rigoureuse et claire, élégante et plaisante (malgré la gravité du sujet – ou à cause ?) et, je trouve, entraînante.

Mais au but. Bien que vous suivant sur l’essentiel, j’ai néanmoins envie de réagir à la logique de l’avant avant dernier paragraphe (« Mais le processus est à double sens… »).

La question est :

Comment la psychologie pervertie et/ou influencée par le système, comment cette psychologie que vous décrivez – et j’y souscrit – comme touchée dans son intégrité même jusqu’à ce que « la pensée favorable au système (…)  lui apparaisse à lui-même, comme un produit naturel de sa propre réflexion entièrement autonome et nourrie à une connaissance qu’il maîtrise », comment cette psychologie-là, touchée dans ce qui fait sa perception, ce qui fait sa personnalité, peut-elle « retrouver les composantes de ce qui peut devenir une pensée de résistance et de révolte » ?

Votre argument est que, perméable au formidable flux d’information d’aujourd’hui, elle peut en arriver au constat qu’elle est sous influence et agressée. Mais cela répond-t-il à la question de savoir comment une psychologie sous influence en arrive soudain à se former un jugement l’autorisant à se percevoir comme sous influence et, plus crucial encore, à ressentir la nécessité de réagir à cela ? (l’interpréter comme une agression insupportable) ?

Je pense – et là j’en appellerai aussi à ma subjectivité, à mon expérience personnelle, à l’observation de mon vécu et de celui de mes proches –, que pour passer du constat de cette influence, de « cette usurpation » de notre psychologie par le système, à « la pensée de résistance » (et l’action, et le comportement qui en sont la preuve), il faut un choc profond, un choc psychologique (affectif, existentiel), quelque chose comme une crise existentielle, une crise tellement grave qu’elle menace l’individu « dans sa substance » pour le dire rapidement, dans son identité, dans son image de soi, dans ce qui a fait sa vie jusqu’alors, et l’oblige à parer au plus pressé, écarter l’accessoire et aller directement à l’essentiel, au vital, et trancher.

Il serait donc pour moi moins question de constat que de choc, de crise personnelle forçant à la guérison, au sauvetage de soi, et de la recomposition du regard en profondeur que cela nécessite (donc de recomposition des priorités). Moins question d’accès à l’information ou de constat qu’à ce que nous faisons avec ce dont nous disposons (constat, expérience) et pour quoi, dans quel but, à quel fin…

“Scénette” ou “Saynète”?

Article lié : Le tango sino-BHO

Philippe Grasset

  03/04/2010

Merci de votre remarque et de votre souci de notre crédibilité mais nous restons sur notre “scénette”. Nous ne voudrions surtout pas verser dans le purisme, d’autant que le propos est ici plutôt de dérision, et le mot employé pour sa sonorité plus que pour le sens par ailleurs évident. Il reste que le mot “scénette” est d’emploi, même s’il n’est pas nécessairement académique, et que son sens n’est pas absurde ni déplacé dans le contexte. Voyez Wikidot.com (http://sagas.wikidot.com/fables), à l’article “les Fables”, indiqué dans «les dérivatifs les plus connus» du genre: «Scénette : Scène concise illustrant un récit ou une histoire.»

simple correction

Article lié : Le tango sino-BHO

Jean-Jacques JUGIE

  03/04/2010

Saynète SVP. De tels “lapsus” nuisent à votre crédibilité, quoi que vous en pensiez.

"China's big goal in the 21st century is to become world number one

Article lié : Le tango sino-BHO

yodalf

  02/04/2010

Un livre de stratégie du général Liu Mingfu, “The China Dream”, remet les choses en place:
“If China in the 21st century cannot become world number one, cannot become the top power, then inevitably it will become a straggler that is cast aside,” writes Liu, a professor at the elite National Defense University, which trains rising officers.

Je continue à ne pas douter ( mes pauvres commentaires d’il y a quelques mois…) que le système américaniste peut retrouver un fonctionnement grâce à la fabrication d’un ennemi. Je sais que ce site observe les marques de son effondrement, j’y souscris largement. Pourtant, ici l’on voit que cette fabrication n’a peut être pas besoin d’être faite artificiellement aux E-U,  les Forces armées chinoises peuvent s’en charger elles mêmes. L’apparition d’un ennemi normal (pas un “axe”, mais un lieu, un régime, avec ses valeurs, lesquelles sont étrangères à celles de E-U) permetttait de rechaper l’occidentalisme, comme un pneu,  et même le Pentagone, voire à refinancer certains avions qui trouveraient enfin une cible correspondant à leur définition!

En effet Reuters complète:
His 303-page book stands out for its boldness even in a recent chorus of strident Chinese voices demanding a hard shove back against Washington over trade, Tibet, human rights, and arms sales to Taiwan, the self-ruled island Beijing claims as its own.

“As long as China seeks to rise to become world number one ... then even if China is even more capitalist than the U.S., the U.S. will still be determined to contain it,” writes Liu.

Rivalry between the two powers is a “competition to be the leading country, a conflict over who rises and falls to dominate the world,” says Liu. “To save itself, to save the world, China must prepare to become the (world’s) helmsman.”
( oui: dominer le monde… )

Pendant que cette nouvelle guerre froide est en train de s’inventer, il est clair que le business continue, bien que la Chine se débarrasse de ses Bons du Trésor discrètement et à doses pharmaceutiques. En 1923, les E-U sauvaient l’Allemagne à coup de dollars, et les Allemands ont connu une période positive, de 1923 à 1930.  Et au bout de trois ans…l’Allemagne n’avait plus le même régime.

Aujourd’hui l’économie chinoise est en surchauffe, le salaire minimum a été augmenté de 21%, on parle de la “bulle” la plus importante depuis les Réformes, certains économistes parlent même de raison objectives de dévaluer la monnaie, bein que ce soit à contre-courant de la “common wisdom”.  Les Chinois garderont-ils la même orientation encore 10 ans? ou même 3 ans? Et si les Américains répondaient aux perspectives stratégiques de Liu par des considérations symétriques chez leurs propres généraux?

le détail du raisonnememt du stratège chinois:
http://www.reuters.com/article/idUSTRE6200P620100301

Ca fait mal ...

Article lié : La France, l’OTAN et les USA: des voies sans divertissement

Bogiidar

  02/04/2010

+ les jours passent & + ça fait mal ...

Il n’y a rien d’autre à rajouter

:-(

Bonnes questions

Article lié : DIALOGUES-II : La thèse défendue dans Le paradoxe du Sapiens

Jean-Paul Baquiast

  02/04/2010

Bonnes questions de Christian Steiner. J’espère que dans la suite des dialogues avec Philippe Grasset, je pourrai apporter des réponses. Le livre je pense le fait déjà.

Le pouvoir central s'attaque à la contestation intérieure

Article lié : Liquidation des diverses “special relationships

Schlachthof 5

  01/04/2010

Large FBI, Homeland Security Operation Targets Militias in Michigan, Indiana, Ohio

http://www.infowars.com/large-fbi-homeland-security-operation-targets-militias-in-michigan-indiana-ohio/

Analogies biologiques: méfiance...

Article lié : DIALOGUES-II : La thèse défendue dans Le paradoxe du Sapiens

Christian Steiner

  01/04/2010

Je n’ai pas très bien saisi ce qu’était un système anthropocentrique – si ce n’est, en vrac, que
- c’est « un organisme »
-  c’est « un superorganisme »,
- « constitués d’humains et de technologies »,
- « disposant de l’équivalent d’un cerveau »,
- « doté d’un cerveau capable de prendre des décisions les plus rationnelles possibles »,
- « doté des instruments sensoriels et moteurs »,
- « aussi nombreux (…) que (…) les filières technologiques modernes »,
- qu’il peut prendre la forme « des Etats ou des structures politico-administratives (…) des entreprises ou des structures économico-financière »…

Un ou deux exemples concrets, pour illustrer ces entités hautement abstraites, auraient été les bienvenus !

Mais le texte faisant abondamment référence à la science, notamment aux sciences naturelles et aux sciences de l’ingénieur, je me bornerai à faire quelques remarques générales dans ce domaine, qui m’empêchent de vous suivre dans votre « thèse »

Primo : le superorganisme n’est pas une notion définie biologiquement, ni même scientifiquement. C’est une spéculation d’Edward Wilson, datée, qui a tenté d’explorer la pertinence de l’analogie entre une société d’insectes sociaux – dont il était spécialiste – et un organisme vivant : les termitières et les ruches (ou le groupe d’insectes constituant la termitière ou la ruche) pouvaient-elles être considérées comme des organismes vivants sui generis ? Il se trouve que non : une termitière ne se réplique pas (ni le groupe d’insectes), c’est la reine qui se réplique ; et les propriétés structurelles d’une termitière en particulier (son « phénotype » pour continuer l’analogie) ne se transmettent pas plus, au contraire de ce qui se passe dans le cas de la reproduction d’un organisme vivant. Cette notion est donc restée une image, un concept non opératoire dans le champ des sciences naturelles (les entomologues continuent d’étudier les sociétés de fourmis sans ressentir la nécessité d’introduire ce concept : c’est bien qu’il est superflu, et/ou qu’il ne répond pas à un véritable problème), de même que dans celui des sciences humaines (pas besoin de parler de superorganisme là où le terme de société ou de groupe suffit).

Deuxio : un système, dans l’acceptation cybernétique du terme, qui me semble être celle employée ici, est défini comme un ensemble constitué d’éléments en interaction, capable de répondre à des perturbations extérieures et tout en gardant un équilibre intérieur (en terme de condition de température, de pression, de composition chimique, etc.). Cette notion a été développée originairement en ingénierie pour tous les systèmes « autorégulés » (à l’origine : un canon antiaérien couplé à un radar de poursuite, mais aussi un thermostat etc.). Elle a ensuite été appliquée avec un certain succès par des biologistes tels que Henri Laborit, pour penser un organisme en tant que « système » maintenant un équilibre interne (homéostasie) par le jeu des différentes composantes du système nerveux, circulatoire, etc.

Cette notion de système reste cependant une description éminemment structurelle. Appliqué à un organisme vivant, il permet de décrire les divers organes impliqués dans la réponse comportementale à un stimuli (attaque/approche, fuite/évitement, neutralité). Mais dès lors que des processus historiques entrent en jeu (par exemple : une lionne essayant de chasser un zèbre), on sort de son domaine d’application ; le concept peut certes servir à montrer comment l’un des organismes va se décider à un comportement de fuite et l’autre à un comportement d’attaque, mais ne va absolument rien pouvoir nous dire de l’issue de la chasse. Ce que je veux dire, c’est quand bien même certains processus historiques sont modélisables – par exemple par les programmes « évolutionnistes » qui modélisent la sélection naturelle – il faut « faire tourner les algorithmes » pour connaître une issue possible. Mais ça ne restera qu’une issue possible parmi un grand nombre d’autres. Les processus historiques sont des phénomènes intrinsèquement imprédictibles (météorologie, tectonique des plaques, évolution des êtres vivants, des populations, des écosystèmes, du relief de la Terre à l’échelle de la centaine, du millier, du million d’année). Seuls les objets dépourvus de caractéristiques historiques, c’est-à-dire dont les événements passés n’ont aucune influence sur le comportement que l’on cherche à étudier (typiquement les objets de la physique réductible à des grandeurs physiques   centre de gravité, masse, vitesse, etc.) sont prédictibles dans le cadre de modèles déterministes.

Donc : décrire la chose en terme de système, ce n’avoir que la moitié de la réponse, dès lors que ce qui est en jeu est l’évolution, le processus historique (puisque, si j’ai bien compris, c’est de l’avenir de nos sociétés dont il est finalement question ?)

Tertio : réduire les êtres humains à des « agents » purement égoïstes (fusse à travers leur politique) est une simplification qu’on peut interroger : l’on sait toute l’importance des liens sociaux, des liens affectifs, donc du souci de l’autre, de l’intérêt à l’autre, de l’importance de constituer et de maintenir des sociétés. La vie sociale est notre deuxième milieu vital, celui qui assure notre vie psychique, la constitution et le développement de nos personnalités etc. (notre premier milieu vital étant l’environnement).

Quatro : ne mentionner que deux grands types de causes   biologique et technologique , c’est oublier que dans la conception des systèmes techniques, la dimension idéologique, « onirique », religieuse ou philosophique, bref, la dimension culturelle au sens large, a toute son importance   lire Alain Grass à ce sujet (Le Choix du feu), qui montre combien c’est la vision du monde puritaine (désir d’épuisement du monde par haine du monde) qui a présidé à la constitution et la diffusion de nos mégasystèmes techniques actuels, basés sur la combustion des ressources fossiles – ainsi que du système économique que cela soutient, qui lui aussi à sa façon « consomme » littéralement toutes les ressources naturelles et « humaines »).

Beau lapsus

Article lié : Liquidation des diverses “special relationships

geo

  31/03/2010

(….......)

«  Il s’agit d’une politique qui n’est nullement exprimée, nullement conceptualisée d’une façon humaine, mais qui est le produit presque naturel du système en tant que tel (un “système entropotechnique”, dirait Jean-Paul Baquiast). »

(….......)

Basquiat dirait Anthropotechnique, mais conservez, je vous en prie, cet intéressant dérivé d’ « entropie ». Il pourra servir, surement.

"la vente du Mistral à la France."

Article lié : Liquidation des diverses “special relationships

Dedef

  31/03/2010

C’est peut être aller un peu loin. En France il souffle tout seul.
en Russie ,je ne dis pas ...

La crise de l'Occident vue d'Algérie

Article lié : Moby Dick contre Israël

pilo

  31/03/2010

Les quatre crises, par Chems Eddine Chitour
Nous assistons à la convergence de quatre crises, écrit Chems Eddine Chitour, enseignant à l’école Polytechnique d’Alger : alimentaire, financière, climatique, mais aussi crise de civilisation de l’occident. « Cette dernière crise est à la fois ancienne et actuelle, elle structure l’imaginaire des pays occidentaux, elle plonge ses racines dans l’arrogance de l’Occident mâtiné de christianisme au départ pour les besoins de sa cause et qui ensuite s’est découvert un sacerdoce dans le money théisme. Tout au long de l’aventure du capitalisme, des vies ont été broyées au nom de l’intérêt, des guerres ont été faites, un colonialisme le plus abject a été imposé aux nations fragiles par les patries des droits de l’homme européen. »

« Je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs dont ils remplissent leur âme. Chacun d’eux retiré à l’écart est comme étranger à la destinée de tous les autres ; ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute l’espèce humaine… »
Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique

Par Chems Eddine Chitour, 22 mars 2010

Ces lignes écrites il y a plus de 150 ans par Tocqueville n’ont pas pris une ride ; à croire que le capitalisme n’a pas dégénéré au fil du temps et qu’il est originellement contre la valeur humaine. Je voudrai m’interroger sur ce qu’il me semble important de décrire comme dérives dues, en tout état de cause, à l’insatiété des hommes qui font tout pour s’enrichir quel qu’en soit le prix matériel ou moral. Parmi les indicateurs de l’intolérable injustice alimentaire, on ne peut pas ne pas citer la mainmise des multinationales sur le marché de la faim.

Comme l’écrit si justement la journaliste et sociologue Esther Vivas : « Le modèle alimentaire actuel, tout au long de sa chaîne du producteur au consommateur, est soumis à une forte concentration, monopolisé par une série de corporations agroalimentaires transnationales qui font passer leurs intérêts économiques avant le bien public et la communauté. Le système alimentaire ne correspond plus aujourd’hui aux besoins des individus ni à la production durable basée sur le respect de l’environnement. C’est un système dont l’ensemble du processus est enraciné dans la logique capitaliste - la recherche du profit maximum, l’optimisation des coûts et l’exploitation de la force de travail. Les biens communs comme l’eau, les semences, la terre, qui depuis des siècles appartenaient aux communautés, ont été privatisés, spoliés des mains du peuple et transformés en une monnaie d’échange à la merci du plus offrant…Face à ce scénario, les gouvernements et les institutions internationales se sont ralliés aux desseins des sociétés transnationales et sont devenus les complices, d’un système alimentaire productiviste, non durable et privatisé. (...) » (1)

Abordant la famine récurrente, elle poursuit : « La crise alimentaire qui est apparue tout au long des années 2007 et 2008, avec une forte augmentation du prix des aliments de base, met en évidence la vulnérabilité extrême du modèle agricole et alimentaire actuel. Selon la FAO, cette crise alimentaire a réduit à la famine 925 millions de personnes…. (...) Compte tenu de ces données, il n’est pas surprenant qu’une vague d’émeutes de la faim ait traversé le Sud, car ce sont précisément les produits dont les pauvres se nourrissent, qui ont connu la hausse la plus importante. (...) Le problème aujourd’hui ce n’est pas le manque de nourriture, mais l’impossibilité de l’obtenir. En fait, la production mondiale de céréales a triplé depuis les années 1960, alors que la population mondiale a seulement doublé. »(1)

D’une crise, l’autre…

Cette augmentation est-elle due à d’autres facteurs ? « Il est vrai, poursuit Esther Vivas, que des causes conjoncturelles permettent d’expliquer en partie l’augmentation spectaculaire des prix au cours des dernières années : la sécheresse et d’autres phénomènes météorologiques, liés au changement climatique, ont touché les pays producteurs comme la Chine, le Bangladesh, l’Australie (...) L’augmentation du prix du pétrole, qui a doublé au cours des années 2007 et 2008, a provoqué une flambée du prix des engrais et des transports. Elle a aussi eu pour conséquence des investissements accrus dans la production des combustibles alternatifs d’origine végétale. Les biocarburants ont affamé les pauvres. En 2007, aux Etats-Unis, 20% de la récolte des céréales ont été employés pour produire de l’éthanol (1) Cependant la cause fondamentale est la spéculation, ce cancer financier des temps modernes. « Aujourd’hui, on estime qu’une part significative des investissements financiers dans le secteur agricole est de nature spéculative. Selon les chiffres les plus conservateurs, il s’agirait de 55% du total de ces investissements. (...) Les pays du Sud, qui étaient autosuffisants et même disposaient d’un excédent de produits agricoles d’une valeur de un milliard de dollars il y a une quarantaine d’années, sont devenus aujourd’hui totalement dépendants du marché mondial et importent en moyenne pour onze milliards de dollars de nourriture.(...) »(1)

Abordant l’autre dimension crisique, Esther Vivas écrit : « Le capitalisme a démontré son incapacité de satisfaire les besoins fondamentaux de la majorité de la population mondiale (un accès à la nourriture, un logement digne, des services publics d’éducation et de santé de bonne qualité) tout comme son incompatibilité absolue avec la préservation de l’écosystème (perte croissante de la biodiversité, changement climatique en cours). Au cours des années 2007-2008 éclata la crise financière internationale la plus importante depuis 1929. La crise des hypothèques “subprimes”, à la mi-2007, fut un des éléments déclencheurs, qui a conduit à l’effondrement historique des marchés boursiers du monde entier, à de nombreuses faillites financières, à l’intervention constante des banques centrales, des opérations de sauvetage. »(1)

Nous voilà donc confortés dans ce que nous subodorions. Les multinationales, par leur politique sans état d’âme, ont fait main basse et l’agrobusiness a de beaux jours devant lui. Le secret des Puissances de l’Argent l’est de moins en moins. Beaucoup savent maintenant que les crises économiques mondiales ne sont pas des « tempêtes parfaites » sur lesquelles nous ne pouvons rien, mais plutôt des opérations économiques d’envergure calculées et exécutées par quelques puissantes banques qui vont jusqu’à menacer des États de faillite totale pour arriver à leurs fins. Le journaliste Matt Taibbi décrit la banque Goldman Sachs, il débute son texte comme suit : « La première chose que vous devez savoir de Goldman Sachs, c’est qu’elle est partout.

La banque d’investissements la plus puissante au monde est une gigantesque pieuvre vampire qui enfonce sans cesse son syphon sanguinaire dans tout ce qui a l’odeur de l’argent. Certains cerveaux chez Goldman Sachs ont conçu et exécuté toutes les crises financières depuis les années 20. Elle a de plus, toujours utilisé à peu près le même procédé : elle se place d’abord au centre d’une bulle financière en émettant des produits financiers sophistiqués conçus dès le départ pour faillir. Ensuite, elle s’arrange pour que la petite et la moyenne classe (les gens ordinaires et les PME par exemple) investissent dans ces produits condamnés d’avance Puis c’est encore la “Big banque” qui finit le travail en pétant la bulle elle-même, faisant disparaître du coup un tas de petites banques. Une fois que tout le monde est appauvri et que l’économie est à l’agonie, la Big banque arrive en triomphe, nous offre de sauver l’économie et nous prête à haut taux d’intérêts l’argent qu’elle vient juste de nous siphonner. Et le processus recommence… »(2)

L’économie américaine continue à gouverner le monde, mais peut-être plus pour longtemps. On sent un frémissement ; de plus en plus de pays remettent en cause cette suprématie qui repose sur du vent. Certes, écrit Jochen Scholz, l’économie américaine est encore la plus importante du monde, mais elle est fragile car elle a perdu sa base industrielle au profit de la création de valeur dans le domaine financier. Cela a été rendu possible grâce au système mondial reposant sur le dollar, qui a permis aux Etats-Unis d’avoir une dette toujours plus élevée envers le reste du monde, de délocaliser sa production à l’étranger et d’encourager une consommation fondée sur l’endettement. A la fin de 2008, la dette américaine représentait 70% du produit intérieur brut. La revendication du leadership formulée en 1948 a été pour la première fois remise en cause dans les années 1970 par la Cnuded avec l’initiative « New International Economic Order » Son objectif était la dissolution du système de Bretton Woods. (3) Souvenons-nous : le président Boumediene portant la parole du Tiers-Monde aux Nations Unis a plaidé en 1974 pour un ordre international plus juste.

Malgré les appels de plusieurs pays pour un changement de paradigme pour une architecture du système financier international, même de la part des pays capitalistes comme la France, le système actuel semble avoir de beaux jours devant lui Cela n’empêche pas les nations des PVD notamment les pays émergents de réclamer aux Etats-Unis de nouvelles règles. « La Chine, écrit Jochen Scholz, principal créancier des Etats-Unis, n’éprouve guère l’envie d’ajouter au bilan de sa banque centrale des obligations américaines sans valeur et réfléchit avec les Etats Bric et d’autres partenaires asiatiques à des alternatives au dollar (...) Les 6 Etats de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et les Etats Bric ont l’intention de réaliser leurs transactions dans leurs propres monnaies. Le monde extérieur aux 950 millions d’habitants de l’« Occident » s’est réveillé. Il n’accepte plus une division durable de l’économie mondiale entre riches et pauvres, entre profiteurs et mendiants, (...). La Chine demande une monnaie de référence mondiale qui ne soit contrôlée par aucun Etat particulier. (3)

Une autre crise que les pays industrialisés et, notamment les climato-sceptiques tentent de minimiser en démonétisant le Giec qui a eu à se tromper sur certaines de ses conclusions et qui a abouti comme on le sait, à l’échec de Copenhague où les pays riches n’ont rien voulu céder. En d’autres termes, les pays industrialisés ont externalisé une partie de leurs émissions dans les pays émergents, et plus particulièrement la Chine. Il faut rendre à César le carbone qui est à César. La Chine est de loin le principal importateur d’émissions de CO2. 23% des émissions des produits de consommation des pays développés sont exportés vers les pays en voie de développement. A la crise énergétique en raison de la dépendance des combustibles fossiles, fera suite une crise de la biodiversité, avec la disparition d’espèces animales et végétales qui pourrait conduire à la « sixième grande extinction »(4)

La crise de « civilisation »

Cette dernière crise est à la fois ancienne et actuelle, elle structure l’imaginaire des pays occidentaux, elle plonge ses racines dans l’arrogance de l’Occident mâtiné de christianisme au départ pour les besoins de sa cause et qui ensuite s’est découvert un sacerdoce dans le money théisme. Tout au long de l’aventure du capitalisme, des vies ont été broyées au nom de l’intérêt, des guerres ont été faites, un colonialisme le plus abject a été imposé aux nations fragiles par les patries des droits de l’homme européen. Pour Jean Ziegler, « les peuples du tiers-monde ont bien raison de haïr l’Occident.(...) Par le fer et le feu, ils ont colonisé et exterminé les peuples qui vivaient sur les terres de leurs ancêtres en Afrique, en Australie, en Inde…Le temps a coulé depuis, mais les peuples, se souviennent des humiliations, des horreurs subies dans le passé. Ils ont décidé de demander des comptes à l’Occident ». Même les droits de l’homme - un héritage du siècle des Lumières - participent du complot. Alors qu’ils devraient être « l’armature de la communauté internationale » et le « langage commun de l’humanité », ils sont instrumentalisés par les Occidentaux au gré de leurs intérêts(5)

Une analyse pertinente du déclin de l’Occident pour avoir failli à son magistère moral nous est donnée par l’ambassadeur singapourien Kishore Mahbubani. Dans cet essai magistral, il analyse le déclin occidental : recul démographique, récession économique, et perte de ses propres valeurs. Il observe les signes d’un basculement du centre du monde de l’Occident vers l’Orient. Il cite l’historien britannique Victor Kiernan et son ouvrage The Lords of Humankind, Europe an Attitudes to the Outside World in the Imperial Age.. Kiernan brossait le portrait de l’arrogance et du fanatisme traversés par un rayon de lumière exceptionnel. La plupart du temps, cependant, les colonialistes étaient des gens médiocres mais en raison de leur position et, surtout, de leur couleur de peau, ils étaient en mesure de se comporter comme les maîtres de la création. En fait, [l’attitude colonialiste] reste très vive en ce début de XXIe siècle.(...) Le complexe de supériorité subsiste. « Cette tendance européenne à regarder de haut, à mépriser les cultures et les sociétés non européennes, a des racines profondes dans le psychisme européen. »(6)

La dichotomie « The West and the Rest » (l’Ouest et le reste du monde), voire la perspective conflictuelle résumée par la formule « The West against the Rest » (l’Ouest contre le reste du monde) semble être étayée par le mythe de la guerre contre Al Qaîda. Il n’est pas étonnant dans ces conditions de voir perdurer des situations dantesques s’agissant de l’arrogance des riches en face de la détresse des pauvres. Santiago Alba Rico en donne un exemple récent, il s’agit du luxe d’une croisière qui jette l’ancre à... Haïti au moment du tremblement de terre. « Vers dix heures du matin, le 19 janvier dernier, le Liberty of the Seas, un des yachts les plus luxueux du monde, débarqua ses passagers dans le port idyllique de Labedee. Accueillis au son d’une musique folklorique enchanteresse, avec des rafraichissements… Ce rêve matérialisé, ce retour civilisé au Jardin d’Éden biblique, était cependant attenant à un autre monde d’innocence perdue et de barbarie antédiluvienne. Une mince cloison, une transparence dure et infranchissable le séparait de cet autre monde. Et c’est qu’en effet, de l’autre côté du mur de trois mètres de hauteur, hérissé de fils de fer barbelés et gardé par des vigiles armés, on n’était pas le 19 janvier, mais le 12, il n’était pas dix heures du matin, mais cinq heures de l’après-midi, on n’était pas à Labedee, mais à Haïti et la terre tremblait, les maisons s’écroulaient, les enfants pleuraient et des milliers de survivants fouillaient les décombres pour y rechercher des cadavres et un peu de nourriture. » (7)

« (...) De quel droit survivons-nous aux morts ? Du droit que nous donne la certitude inexorable de notre propre mort. (...) De quel droit les États-uniens rient-ils à des funérailles à Haïti ? (...) Eh bien, la mondialisation capitaliste consiste - du point de vue anthropologique - en ce que les classes moyennes de l’Occident, à travers le tourisme et la télévision, aillent rire à gorge déployée, et boire et danser… » (7)

Alba Rico conclut d’une façon pertinente : « Nous sommes là parce que nous sommes plus riches et plus puissants et cela vaut également pour les bons sentiments ; mais si nous sommes, en plus, impolis et grossiers, si nous rions à leurs funérailles, c’est parce que nous sommes convaincus que, contrairement aux Haïtiens et aux Indonésiens, nous n’allons pas mourir. (...) La grossièreté, l’irrespect, la mauvaise éducation sont presque devenus des impératifs moraux. Cela peut-il nous étonner que lorsqu’il s’agit de “sauver le monde” l’Occident s’empresse d’envoyer des marines et des touristes ? » (7)

Alexis de Tocqueville avait en son temps mesuré l’étendue de la toile invisible tissée par le capitalisme qui broie les individus Ecoutons le : « (...) Quant au demeurant de ses concitoyens, il est à côté d’eux, mais il ne les voit pas ; il les touche et ne les sent point ; il n’existe qu’en lui-même et pour lui seul, et s’il lui reste encore une famille, on peut dire du moins qu’il n’a plus de patrie. Au-dessus de ceux-la s’élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. (...) Que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre ? » (8)

Aragon en son temps écrivait devant l’anomie du monde : « Est-ce ainsi que les Hommes vivent ? » Son inquiétude restera sans réponse.

1.Esther Vivas http://esthervivas.wordpress.com/ Inprecor, n. 556-557, janvier 2010 : http://www.legrandsoir.info/Les-contradictions-du-systeme-alimentaire-mondial.html

2.Matt Taibbi : Vers une autre crise économique signée Goldman Sachs http://infodesderniershumains.blogspot.com/ mardi 9 mars 2010

3.Jochen Scholz. http://www.horizons-et-debats.ch 19 Mars 2010

4.Grégoire Macqueron, Futura-Sciences http://m.futura-sciences.com/12 mars 2010

5.Jean Ziegler : La haine de l’Occident. Albin Michel. 2008

6.Kishore Mahbubani : The Irresistible Shift of Global Power to the East. 2008

7.S.Alba Rico http://www.legrandsoir.info/De-quel-droit-survivons-nous-aux-morts.html6

8. Alexis de Tocqueville : De la démocratie aux Amérique.

Référence : http://contreinfo.info/article.php3?id_article=3009

Indépendance, Bon Dieu...

Article lié : Voilà qui plairait à de Gaulle

Morbihan

  30/03/2010

J’espère que M. Sarkozy adoptera, même pour des raisons de politique politicienne intérieure, un comportement digne de la France et, donc, qu’il nous permettra de fournir à la Russie, les bâtiments type “Mistral” équipés tels qu’elle les attend. Ceci, sans se soucier des exigences US. Ne sommes-nous pas libres?

Fort peu, lorsqu’il apparaît que nous devions nous équiper de matériel US, hors normes OTAN (Rover…), et que les écussons qui “ornent” les troupes françaises sont rédigées en anglais.

Pourquoi sommes-nous devenus les supplétifs du Pentagone? Qu’a donc la France à gagner dans ce marché de dupes?

Britain's independent deterrent

Article lié : Coopération nucléaire France-UK : variations

Dedef

  30/03/2010

D’aprés ma principale source sur le sujet, à savoir Dedefensa,    “Britain’s independent deterrent, based on Trident missiles carried by submarines”  dépend étroitement des US, tant pour les sous marins que pour les lanceurs. Les deux sont made in USA.

Je serais fort étonné que la France propose un “partage”.

En fait UK a un gros probléme:  à quoi bon acheter du matériel US, donc controlé par Whashington - l’électronique embarquée permet ça sans problème, que ça plaise ou non,-  si les USA ne sont pas “solidaires” et n’ont pas confiance ?
Et les finances UK ne sont pas florissantes…
A tout prendre un partage avec les français serait aussi intéressant, et un projet en ce sens susceptible de rendre Washington plus attentif aux demandes britanniques.