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Quand le système immunitaire tue le malade

Article lié : Le bal des cytokines

Denis Monod-Broca

  30/07/2020

Dans le même ordre d'idée, j'avais écrit cela au mois d'avril dernier :

"L’un des modes d’action du coronavirus est de provoquer une sur-réaction du système immunitaire, un « orage de cytokines », qui empêche les alvéoles des poumons de remplir leur office et peut foudroyer le malade.

 
N’est-ce pas ce qui arrive à nos pays ? La France, pour se défendre, a arrêté presque complètement son économie. Ne s’agit-il pas d’une semblable sur-réaction, qui risque de l’asphyxier, de mettre en péril sa vie-même ?
 
L’organisme « croit » bien faire en mobilisant son système immunitaire contre le virus, celui-ci se mettant à synthétiser en grand nombre des cytokines qui signalent et combattent le virus. De même, nous avons collectivement cru bien faire en concentrant nos efforts sur l’accueil des malades Covid-19 dans les hôpitaux. Mais n’avons-nous pas involontairement provoqué l’équivalent d’un orage de cytokines : un orage de signaux d’inquiétude qui empêche l’économie de remplir son office, étouffant l’organisme national tout entier ? Les milliards déversés jouent le rôle de l’oxygène des respirateurs qui maintiennent en vie le malade. Mais se rétablira-t-il ? Il ne faudrait pas que l’oxygène vienne à manquer ni que le coma dure trop longtemps."
 

De l'analogie subjective à l'analogie objective

Article lié : Les ‘tempêtes de cytokines’ du Système

jc

  29/07/2020

"Toute analogie est vraie", a affirmé le biologiste et zoologiste Konrad Lorenz lors de son discours Nobel; mais une analogie peut être seulement subjective. Pour Thom toute analogie est vraie, à condition qu'elle soit sémantiquement acceptable. Et Thom définit ce qu'est pour lui l'acceptabilité sémantique: est signifiante une analogie qui peut être identifiée à une catastrophe archétype (dont Thom a ébauché la classification avec sa théorie des catastrophes élémentaires); Thom qualifie alors d'objective une analogie qui peut être ainsi identifiée. Pour lui toute théorie de l'analogie "est un puissant moyen d'investigation métaphysique".

Le conflit thomien archétypique entre deux actants est le conflit prédateur-proie (selon Thom l'assertion de nature translogique "le prédateur affamé est sa propre proie" est à la base de l'embryologie animale) lié à la catastrophe "fronce". La conviction thomienne que "les situations dynamiques régissant l'évolution des phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l'évolution de l'homme et des sociétés" suggère l'idée que cette assertion de nature translogique pourrait aussi être à la base de l'embryologie des groupes sociaux en général et des nations en particulier.

En ce qui concerne les nations, la réponse immunitaire devrait passer, il me semble, par la reconnaissance par les nations prédatrices -selon moi, typiquement les USA- qu'elles sont également leur propre proie. Pour moi la pathologie de Trump -et de l'américanisme?- est qu'il est basic-struggle-for-life, c'est-à-dire qu'il se voit et voit les USA toujours en prédateur/attaquant, jamais en proie/défenseur. Pour trouver une réponse immunitaire adéquate, dans quelque domaine que ce soit -le Sras Cov-2  par exemple-, n'est-il pas nécessaire de se penser en proie? Si jamais ça arrive à Trump (sait-on jamais), je ne l'imagine pas ne pas surjouer cette réponse…




 

Penseurs non zombies

Article lié : Cancelled, l’Esprit ?

jc

  29/07/2020

Pour Platon la pensée est un « discours que l'âme se tient à elle-même sur les objets qu'elle examine ». Pour Thom "Penser c'est saisir des êtres intermédiaires entre les objets extérieurs et les formes génétiques: les concepts.". Thom précise à la toute fin de SSM (et prophétise au passage):

"Dans le domaine des sciences humaines, il m'est difficile de me rendre compte si ma tentative présente quelque intérêt; mais en écrivant ces pages, j'ai acquis une conviction; au coeur même du patrimoine génétique de notre espèce, au fond insaisissable du logos héraclitéen de notre âme, des structures simulatrices de toutes les forces naturelles extérieures agissent, ou en attente, sont prêtes à se déployer quand ce deviendra nécessaire. La vieille image de l'Homme microcosme reflet du macrocosme garde toute sa valeur: qui connaît l'Homme connaîtra l'univers.".

C'est peut-être à ce genre de choses qu'Eugène Wigner a pensé lorsqu'il a écrit¹:

"Certainly it is hard to believe that our reasoning power [in areas such as higher level physics and mathematics] was brought, by Darwin's process of natural selection, to the perfection which it seems to possess."

Et c'est peut-être à ce même genre de choses que PhG peut rétrospectivement penser à la lecture de ces citations, lui qui a écrit dans "Le grain de sable divin":

"Le darwinisme me semble ainsi complètement acceptable dans cette place que je lui accorde d’intuition (quoiqu’avec l’une ou l’autre réserve, dont celle-ci que je cite de seconde main et qui me paraît capitale justement pour le cas signalé ici, – d’après Georges Steiner dans Les Logocrates : «Il est intéressant de signaler que Thomas Huxley, vers la fin de sa carrière, en arriva à la conclusion que le darwinisme n’avait offert aucune explication plausible des origines du phénomène du langage»).


¹: Cf. le lien http://www.whatdoesitmean.com/index3282pl.htm tiré de l'article "Quelle réalité objective voulez-vous ?".

 

Penseurs zombies

Article lié : Cancelled, l’Esprit ?

jc

  28/07/2020

La dernière phrase de l'article de Kunstler est: "Est-ce que le fait de penser est liquidé? Interrogation qui renvoie à la suivante: la société actuelle fabrique-t-elle autre chose que des penseurs zombies?

Je crois que "notre" société moderne fait tout ce qu'elle peut pour nous empêcher de penser. Tout est fait en effet pour nous apprendre à dé-penser (lavage de cerveau, Le Lay…), l'objectif étant de nous faire dépenser. L'école actuelle est une machine à formater les esprits et non à les former: d'abord tête bien pleine remplie du "programme", ensuite, et très accessoirement, tête bien faite. Il ne faut pas s'étonner, dans ces conditions, que la sélection scolaire produise les crétins diplômés dont parle Emmanuel Todd, crétins que l'on retrouve en masse dans l'élite-Système.

On peut penser sans pouvoir exprimer sa pensée, exercice souvent difficile. Par contre il est beaucoup plus facile de parler sans penser. Le penseur zombie: un perroquet?

Pour Platon la pensée est un « discours que l'âme se tient à elle-même sur les objets qu'elle examine ». Thom précise(?): "Penser c'est saisir des êtres intermédiaires entre les objets extérieurs et les formes génétiques: les concepts.". Le penseur zombie: un penseur "objectif" qui ne fait que relier des objets extérieurs à d'autres objets extérieurs? Le scientiste moderne: un penseur zombie typique? La science doit réapprendre à penser¹.

Si nous ne pensons pas par nous-mêmes, d'autres, s'en chargeront ou  feindront de s'en charger pour nous.

Jean Cocteau:  "Puisque ces mystères me dépassent, feignons d'en être l'organisateur". Devise de l'élite-Système (et de l'élite de tout temps?).

¹: Thom: "(...) Les Philosophes ont abandonné aux savants la Phusis et se sont repliés dans la forteresse de la subjectivité. Il leur faut réapprendre la leçon des Présocratiques, rouvrir les yeux grands sur le monde, et ne pas se laisser impressionner par l'expertise souvent dérisoire d'insignifiance de l'expérimentateur. Inversement la science doit réapprendre à penser. "






 

À propos de la réalité objective

Article lié : Quelle réalité objective voulez-vous ?

jc

  27/07/2020

 


Typiquement le genre d'article qui fait que je suis devenu accro à ce site. Article que je commence par commenter en "scientiste" (mon formatage initial).

PhG: "Il est pour mon compte avéré que la “réalité objective” a été désintégrée sous la puissance des coups du technologisme…".

La coupure galiléenne a transformé l'antique phusis vitaliste¹ en physique mécaniste, la réalité a été décrétée réalité objective, l'art (teknè en grec ancien) est devenue technique et l'artiste technicien², l'objectivité est devenue une affaire de science dure, les sciences humaines et la philosophie étant contraintes de se réfugier dans la forteresse de la subjectivité. Mais l'irruption de la physique quantique a mis en doute cette réalité objective décrétée et, malgré l'opposition de grands esprits comme Einstein, il semble bel et bien, un siècle plus tard, que cette réalité objective décrétée soit effectivement en cours de désintégration, entraînant du même coup la désintégration de la vérité scientifique post-galiléenne.

PhG: "La constitution des univers parallèles répond à la logique de “la nature [qui] a horreur du vide”, et l’existence même de ces univers parallèles est le signe de la crise profonde de la “réalité objective” après la désintégration de ce qui était sa manifestation."

Si la nature a horreur du vide, les scientifiques l'ont également, et ils se sont empressés de phosphorer sur le sujet. Ont émergé selon moi H. Everett avec ses multivers côté réalité, et, côté vérité, P. Cohen et S. Kripke avec leurs modèles sémantiques qui "forcent" la vérité; la réalité et la vérité réelles -si ce qualitatif a un sens- est beaucoup plus compliquée que celles, incomplètes, (a)perçues sur le fond de notre étriquée caverne de Platon³. Mais selon moi, ces modèles permettent de différencier encore plus la réalité et s'écartent donc encore plus de l'unité. Ce n'est pas cette direction qui m'intéresse, et qui intéresse PhG si j'en juge par:

PhG: "Ils [ces univers parallèles] existent bel et bien, mais pour nous signaler la perte devenue insupportable de quelque chose d’unique, nommons-là “réalité objective” si l’on veut, – quoique je préférerais parler de Principe originel ou de Unicité principielle."

Quittant alors mon formatage scientiste pour ma propre formation de retraité autodidacte je cherche, au flair, des analogies biologiques à la situation sociologique actuelle, à partir de ma citation thomienne préférée⁴. Et, selon moi, le retour à l'unité principielle perdue est l'analogue biologique du retour au centre organisateur qu'est la gamétogénèse; il s'agit d'une catastrophe qui opère dans l'ombre d'une autre catastrophe, celle-là bien visible, qui est celle du vieillissement (de l'individu ou de la civilisation) qui se termine inéluctablement(?)⁶ par la mort. Cette catastrophe peu visible a pour finalité de reconstituer l'œuf totipotent, ici civilisation principielle qui contient en puissance toutes les civilisations passées et à venir qui n'ont été et ne seront que des actualisations successives de cette civilisation principielle et toute puissante, mère de toutes les autres. (En relation avec la note ⁵, la note ⁷ montre le point de vue de Thom, où l'on notera l'importance qu'il donne à la régulation biologique.)

¹: Étymologiquement « physique » (η φυσικη) signifie « connaissance de la nature ».
²: Clivage redécouvert, intact, à propos de la polémique née de la pandémie Covid19: l'art médical contre la techno-science.
³: Thom: "le monde des Idées excède infiniment nos possibilités opératoires, et c'est dans l'intuition que réside l'ultima ratio de notre foi en la vérité".
⁴: "Les situations dynamiques régissant l'évolution des phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l'évolution de l'homme et des sociétés.".
⁵: Cf. "Une théorie dynamique de la morphogénèse", MMM.
⁶: Thom: "il m'est difficile de voir pourquoi un être pleinement différencié ne pourrait être immortel."
⁷: "L'image de l'arbre de Porphyre me suggère une échappée en "Métaphysique extrême" que le lecteur me pardonnera peut-être. Il ressort de tous les exemples considérés dans ce livre qu'aux étages inférieurs, proches des individus, le graphe de Porphyre est susceptible -au moins partiellement- d'être déterminé par l'expérience. En revanche, lorsqu'on veut atteindre les étages supérieurs, on est conduit à la notion d' "hypergenre", dont on a vu qu'elle n'était guère susceptible d'une définition opératoire (hormis les considérations tirées de la régulation biologique). Plus haut on aboutit, au voisinage du sommet, à l'Être en soi. Le métaphysicien est précisément l'esprit capable de remonter cet arbre de Porphyre jusqu'au contact avec l'Être. De même que les cellules sexuées peuvent reconstituer le centre organisateur de l'espèce, le point germinal α (pour en redescendre ensuite les bifurcations somatiques au cours de l'ontogénèse), de même le métaphysicien doit en principe parvenir à ce point originel de l'ontologie, d'où il pourra redescendre par paliers jusqu'à nous, individus d'en bas. Son programme, fort immodeste, est de réitérer le geste du Créateur). Mais très fréquemment, épuisé par l'effort de son ascension dans ces régions arides de l'Être, le métaphysicien s'arrête à mi-hauteur à un centre organisateur partiel, à vocation fonctionnelle. Il produira alors une "idéologie", prégnance efficace, laquelle, en déployant cette fonction, va se multiplier dans les esprits. Dans notre métaphore biologique ce sera précisément cette prolifération incontrôlée qu'est le cancer.
Aristote a dit du germe, à sa naissance, qu'il est inachevé. On peut dès lors se demander si tout en haut du graphe on n'a pas quelque chose comme un fluide homogène indistinct, ce premier mouvant indifférencié décrit dans sa Métaphysique; que serait la rencontre de l'esprit avec ce matériau informe dont sortira le monde? Une nuit mystique, une parfaite plénitude, le pur néant? Mais la formule d'Aristote suggère une autre réponse, théologiquement étrange: peut-être Dieu n'existera-t-il pleinement qu'une fois Sa création achevée: Premier selon l'Être, dernier selon la génération." (ES, p.216)

 

L'intuition de l'instant. lien pdf

Article lié : Catastrophe & angoisse

patrice sanchez

  23/07/2020

Je me permets de vous joindre le lien du livre de Gaston Bachelard, L'intuition de l'instant. 
http://classiques.uqac.ca/classiques/bachelard_gaston/intuition_de_instant/intuition_de_instant.html

La durée intime, c'est toujours la sagesse. Ce qui coordonne le monde, ce ne sont pas les forces du passé, c'est l'harmonie tout en tension que le monde va réaliser. On peut parler d'une harmonie préétablie dans les choses, il n'y a d'action que par une harmonie préétablie dans la raison. Toute la force du temps se condense dans l'instant novateur où la vue se dessille, près de la fontaine de Siloë, sous le toucher d'un divin rédempteur qui nous donne d'un même geste la joie et la raison, et le moyen d'être éternel par la vérité et la bonté.
Gaston Bachelard.
Q
u'est-ce que le temps ? Que faut-il entendre par « durée », « instant », « moment » ? Y a-t-il un fondement à la réalité ? Pour Gaston Bachelard, la vérité est avant tout une histoire, une perception du vrai, admise aujourd'hui, niée demain ; le monde est imaginé avant d'être vu et remémoré.Un essai limpide, qui est aussi une excellente introduction à une philosophie originale où le poème et le théorème ne s'excluent pas. Un hommage de la pensée à la pensée.

 

Nietzsche et la plainte d'Ariane

Article lié : Catastrophe & angoisse

patrice sanchez

  23/07/2020


Qui, en dehors de moi, sait ce qu’est Ariane!...
De toutes les énigmes de cette sorte, nul, jusqu’ici, n’avait la solution, et je doute même que personne y ait seulement vu une énigme ? »
Où Nietzsche fait parler Ariane, son énigmatique âme soeur éternelle, ce principe labyrinthique par delà bien et mal permettant d’accéder à la transcendance divine ... 
Extrait de "Nietzsche et sa plainte d’Ariane " du philologue allemand Karl Reinhardt, (1886 - 1956) : ” Mais il y a une exception, et une exception qui, de toute évidence, suffit à imprimer à tout le recueil sa marque, il y a un poème, un seul, mais décisif poème chargé de symbolisme dionysiaque : la « Plainte d’Ariane ». En fait, l’énigme ne fait ici que s’ajouter à l’énigme ! Car le symbolisme de Dionysos, dans
ce poème, ne survient qu’après coup, on serait presque tenté de dire qu’il lui est imposé artificiellement ! En effet, cette « Plainte » se lit déjà sous une première forme dans la quatrième partie de Zarathoustra — mais ce n’est alors que l’un des
chants de l’ « Enchanteur » nietzschéen, et non point la plainte d’une femme; de plus, il n’y est question ni de Dionysos, ni d’Ariane… Si l’on compare les deux textes, ce qui frappe avant tout dans le deuxième est le remplacement du masculin par le féminin “ lien pdf joint ci-dessous.

PLAINTE D’ARIANE :
Qui me réchauffera, qui m’aimera encore? Donnez-moi vos chaudes mains! un brasero pour dégeler mon cœur! Frissonnante, étendue de tout mon long, telle un moribond dont on réchaufferait les pieds, et secouée, hélas! de fièvres inconnues, frémissant sous les traits glacés et acérés du gel, traquée par toi, pensée!
Innommable! Dissimulée! Atroce! Toi qui chasses voilée de nuées! Clouée au sol par tes éclairs, œil narquois qui du fond des ténèbres m’épie! Ainsi, je gis, je me plie et me tords, torturée de tous les éternels tourments, frappée par toi, le plus cruel des
chasseurs, toi inconnu — dieu… Frappe plus profond! Frappe une fois encore! Transperce et broie ce cœur! Pourquoi me tourmenter ainsi avec tes flèches
émoussées? Que regardes-tu de nouveau, sans te lasser du tourment des humains, avec des yeux divins pleins d’éclairs méchants? Ce n’est pas tuer que tu veux, mais torturer — torturer seulement? A quoi bon me tourmenter, moi, dieu moqueur et
mauvais que je ne connais pas? Ah, ah! voici qu’à la mi-nuit tu t’approches en tapinois?... Que cherches-tu? Dis! Tu me presses! Tu m’étouffes! Ah! Tu me serres
de trop près! Tu m’écoutes respirer, tu guettes les battements de mon cœur, Jalousement! — et de quoi donc jaloux? Va-t’en! Va-t’en! Cette échelle, pourquoi?
veux-tu pénétrer dans mon cœur, te glisser dans mes pensées les plus cachées?
Effronté! Inconnu! Voleur! Que veux-tu gagner par ce vol? Que veux-tu apprendre en espionnant? que veux-tu extorquer par la torture, ô tortionnaire! toi —
Dieu-bourreau! Ou bien, me faudrait-il, comme un chien, me rouler à tes pieds? Offerte, emportée, hors de moi, et d’amour pour toi — frétiller? Tu perds ton temps! Transperce-moi encore! Trop cruel aiguillon! Je ne suis pas un chien — mais ton gibier seulement, ô trop cruel chasseur! Mais la plus fière de tes prises, ô voleur dissimulé dans les nuées!... Parle enfin! O toi, voilé d’éclairs! Inconnu! Dis! Que
veux-tu donc, voleur de grands chemins — de moi? Comment? Une rançon? Quelle rançon veux-tu? Sois exigeant — c’est le conseil de ma fierté! Et sois bref — conseil de mon autre fierté! Ah ah! c’est moi que tu veux? Moi? Moi — tout entière?.... Ah ah! Et tu me tourmentes, fou que tu es, tu brises ma fierté par tes tourments?
Donne-moi de l’amour — qui me réchauffera encore? qui encor, m’aimera? donne-moi tes chaudes mains, un brasero pour dégeler mon cœur! Donne-moi à
moi, la plus seule, à qui les glaces, hélas! sept épaisseurs de glaces ont appris à languir après des ennemis même, oui, de vrais ennemis, donne-moi, oui livre, ô plus cruel des ennemis… à moi — toi-même!... Parti! Il s’est enfui, mon seul compagnon,
mon grand ennemi, mon inconnu, mon dieu-bourreau!... Non! Reviens! Avec tous tes
tourments! Toutes mes larmes en torrent s’élancent vers toi et l’ultime flamme de mon cœur brûle pour toi. Oh, reviens, mon dieu inconnu! Ma douleur\ Mon ultime bonheur!... (Un éclair. Dionysos apparaît, dévoilant sa beauté.) smaragdine Dionysos : Sois raisonnable, Ariane!... Tu as de petites oreilles, tu as mes oreilles : accueilles-y parole sensée! — ne faut-il pas commencer par se haïr, lorsque l’on doit
s’aimer?... Je suis ton labyrinthe… traduction Jean-Claude Hémery
Karl Reinhardt, Nietzsche et sa « Plainte d’Ariane »
https://po-et-sie.fr/wp-content/uploads/2018/08/21_1982_p93_117.pdf
 

F I£N DE CYCLE

Article lié : Catastrophe & angoisse

patrice sanchez

  23/07/2020

Nous sommes arrivés à la fin d’un cycle, le cycle du matérialisme avec les découvertes des territoires inaugurées par les grands navigateurs et les scientifiques alchimistes par la suite avec les grandes inventions, un cycle où l’homme voulut se prendre pour dieu ou satan sous l’effet de son hubris sans limite !
Cette idéologie moderne délirante où une petite partie de la population mondiale a vécu aux dépens d’un tiers et d’un quart monde spolié, bafoué et génocidé par des razzias sans cesse accrue a fait son temps semble t’il ! Dans peu de temps nous pourrons dire que nous sommes tous des Palestiniens !
Nicolas de Cues nous a parlé de la docte inconnaissance, ce savoir/mode de pensée secret connu des initiés et des prophètes, un savoir qui nous vient du coeur et de l’esprit, ou l’esprit chevaleresque des chevaliers termpliers avec ce deuxième chevalier allant chevauchant sur le destrier qui n’était autre que l’âme soeur inspiratrice et protectrice, ou bien  l'inconnaissance poétique de ce cher Mr Grasset qui lui délivre l’intuition venue des profondeurs de son  être le plus intime !
Ce que nous vivons présentement n’est rien d’autre que l’entropie terminale du principe du mal qui n’a que trop régné, un reset cyclique ( pendant que les zélites zombis nous préparent un reset foireux du doigt et de la lune ) et cosmique prophétisé par toutes les religions et les prolégomènes au retour de la spiritualité innée de la pensée volontaire du bien et de l’amour inconditionnel … j’ai d'ailleurs découvert que Nietzsche, le dernier alchimiste de la libre pensée, nous avait laissé la prophétie du retour des âmes soeurs éternelles par la grâce des cycles cosmologiques de l'univers, 
J’étais athée avant mon AVC en 1995, petit à petit je me suis spiritualisé en ayant une approche psychologique et holistique du monde et en m’intéressant au phénomène des synchronicités accompagné d’une vie morale et saine, je me suis rendu compte progressivement que je pouvais avoir prise sur ma destinée par delà bien et mal ! 
C’est à la portée de tout un chacun, il faudra en passer par un déconditionnement pour en arriver à la spiritualité de la libre pensée, il suffit d’aller voir les émissions en streaming  “ nus et culottés ‘ où deux jeunes zigottos partent à l’aventure en se fixant à chaque fois  un objectif bien improbable à atteindre, et ils y arrivent immanquablement à coups sûrs en créant des synchronicités incroyables avec la complicité de la bienveillance des gens qu’ils croisent sur leurs chemin !  
Preuve que nous sommes tous interreliés par ce fascinant monde quantique créateur de réalités et que pour atteindre un tel état de lâcher prise, nous  ne serons condamnés dans un avenir proche qu’à nous entraider et à nous aimer indéfectiblement comme tous les prophètes nous en auront laissés le témoignage !

DE LA ” DOCTE INCONNAISSANCE “
 “
Je pense aux Alchimistes et à leurs figure tutélaire Messagère des dieux, Hermès
Trismégiste. J’emprunterais à Nicolas de Cues, le penseur allemand de la fin du
moyen âge, l’expression “ la Docte Ignorance “ ou inconnaissance pour parler de
nos univers intimes ” des profondeurs psychologiques quantiques “, cette
reconnaissance de l’ignorance, ce savoir de ne pas savoir qui permet d’accéder à
ces informations Universelles intuitives que Nicolas de Cues lie à la sagesse antique
de Pythagore, de Socrate, d'Aristote et à celle biblique de Salomon !
Jung et Pauli auraient-ils été les précurseurs d’une science universelle ?, ce que j’ai nommé le cap de l’espèrance retrouvée en la guidance et en la reliance quantiques ce qui .accréditerait la thèse que nous pouvons influer sur notre destinée en nous réappropriant nos univers intimes et par dessus tout, en ayant une autre approcheTemporelle, le temps et les saisons si bienveillants à  notre égard à la condition de prendre le temps de vivre et de penser ...  en nous reconnectant avec le Temps plutôt que de courir après lui ! cf les ouvrages de Paul Virilio le philosophe “ théoricien de la vitesse “..
Certains physiciens nous disent que les trous noirs sont distribués de l’échelle quantique à l’échelle cosmologique selon une loi fractale et un
modèle holographique. C’est ainsi que notre univers inclut des trous noirs plus petits, tout en étant lui-même inclus dans un trou noir plus grand. Il est structuré en couches de création qui communiquent de
manière quantique. Ses propriétés holographiques impliquent qu’il y a autant d’informations dans tout l’univers que dans chaque point qui le compose.
Ce dédale de pensée pour en arriver au très jeune pianiste de jazz Joey Alexander
que je viens de découvrir ! A huit ans, il donnait des concerts au cours desquels il reprenait des morceaux des plus illustres disparus, à faire pâlir un pianiste
professionnel, tant déjà, il avait une maîtrise exceptionnelle de son instrument ! Je
me plais à penser que cette “ inconnaissance quantique innée “ rendue possible
grâce à la pureté de l’âme de l’enfance qui permet d’accéder à la profondeur insondable de notre intériorité avec ce champs akashique dédoublé, en miroir, ce « Tout ce qui est en bas, est comme tout ce qui est en haut, et tout ce qui est en haut
est comme tout ce qui est en bas, afin d'accomplir les miracles de la Chose Une », ce Mystère qui dépasse tout entendement de pensée matérialiste nous permettrait d’accéder à cette quasi divinité qui se trouve en chacun de nous par la magie du
Principe Holographique Fractal ?!
Dernièrement je regardais le beau film : L’homme qui défiait l’infini “ , SYNOPSIS :
 “La vie de Srinivasa Ramanujan, un des plus grands mathématiciens de notre temps. Élevé à Madras en Inde, il intègre la prestigieuse université de Cambridge en Angleterre pendant la Première Guerre mondiale et y développe de nombreuses théories mathématiques sous l'égide de son professeur G.H. Hardy.”
A la fin du biopic, il révèle au prof Hardy que dans ses rêves, sa déesse hindoue lui murmure les formules mathématiques ! Un principe de l’inspiration que Nietzsche:Zarathoustra nomme Ariane,” il y a un poème, un seul, mais décisif poème chargé de symbolisme dionysiaque : la « Plainte d’Ariane ».”

Et je re-citerais Alexandre Grothendieck dans son chapître : ” Liberté créatrice et
œuvre intérieure. Son sens est que la création se distingue d'une simple production
par le fait qu'en plus de l'oeuvre extérieure, elle s'accompagne d'une « oeuvre
intérieure » qui en constitue l'aspect essentiel. L'acte créateur, ou le processus ou le
travail créateur, est celui qui transforme l'être qui l'accomplit ou en lequel il
s'accomplit. Pour apprécier la qualité créatrice d'un acte ou d'une activité, la nature
de l'oeuvre extérieure est accessoire. Une telle oeuvre peut même être absente,
comme dans le cas de l'activité créatrice du très jeune enfant. Ainsi, non
seulement tout acte créateur dépend de notre état intérieur mais son effet est
principalement une transformation intérieure. Pour Grothendieck, l'essentiel est
l'intériorité. (§46) Il précise que, dans son aspect « intérieur » qui est l'aspect
essentiel, la création est un acte ou un processus par quoi se forme ou se
transforme une connaissance. La création vaut ce que vaut la connaissance qu'elle
fait apparaître ou qu'elle approfondit ou renouvelle. Une connaissance au sens que
Grothendieck donne à ce mot n'est pas une information ni un savoir. Une
connaissance est chose intimement personnelle, elle diffère de la connaissance que
peut avoir tout autre être, fût-ce au sujet de la même réalité « objective » du monde
extérieur. Elle fait partie de l'être comme sa chair même, elle fait corps avec lui. Il y a
trois types de connaissances - charnel, mental (c'est-à-dire intellectuel ou artistique)
et spirituel - et donc trois types de créations. (§47 et note 48) Puisque son aspect le
plus essentiel est une transformation intérieure, tout travail créateur est une
maturation de l'être qui l'accomplit ou en lequel il s'accomplit. La maturité d'un être
est la somme des connaissances qui se sont créées en lui au cours de son passé.
Chaque acte créateur crée aussi de la connaissance dans l'être, telle une sève
subtile imprégnant le fruit et le faisant mûrir. La maturation est un processus créateur
et toute création s'accompagne d'une oeuvre intérieure de maturation. (note 48)
Dans la mesure où la maturation est un processus créateur, elle est une oeuvre
poursuivie en commun avec Dieu dans une sorte de dialogue créateur entre Dieu et
l'âme. Le caractère « créateur » de ce dialogue réside surtout en Dieu car l'âme est
réticente à se transformer. La maturation progressive de l'âme a pour effet de lui
donner des moyens toujours plus délicats et multiples pour participer plus
pleinement, de façon véritablement créatrice, à ce dialogue. Mais l'âme a toute
liberté pour récuser à tout moment ces moyens, les bloquer et les refouler en
refusant le dialogue créateur avec Dieu. Au contraire, en acceptant librement les
moyens spirituels qui lui sont impartis dans son état de maturité présent, elle est
fidèle à elle-même ou, ce qui revient au même, fidèle à sa mission, si humble
soit-elle. Ainsi seulement elle entre dans la liberté créatrice. Alors notre existence,
dans la mesure où elle est créatrice, c'est-à-dire où elle est bel et bien une « oeuvre
», est oeuvre commune de Dieu et de nous. (note 24 et note 49) ”

Friedrich Nietzsche qui avait écrit en Mars 1885 dans le Tome 5 de sa correspondance : “ Il est difficile de savoir qui je suis : Attendons 100 ans : Peut-être y aura t’il d’ici là un connaisseur génial des âmes qui exhumera Monsieur F.N ? … Des oeuvres de cette nature ont de grandes ambitions, elles ont besoin de temps, Il faut d’abord que l’autorité de plusieurs siècles intervienne pour qu’on lise quelque chose correctement… “
« Je reviendrai, avec ce soleil et cette terre, avec
cet aigle et ce serpent, — non pour une vie
nouvelle, ou une meilleure vie, ou une vie
ressemblante ;
— à jamais je reviendrai pour cette même et
identique vie, dans le plus grand et aussi bien le
plus petit, pour à nouveau de toutes choses
enseigner le retour éternel, — »
... Les temps sont plus que mûrs pour enseigner le
retour des âmes soeurs éternelles ... Ayons foi en la providence, ce principe du bien et de l'amour qui n'aura pas fini de nous émerveiller et qui fera prendre prendre conscience à l'humanité qu'elle est inter reliée et connectée à tout ce qui existe et à ce champs akashique de la mémoire universelle !  
 

Psychisme des sociétés

Article lié : De l’URSS aux USSA

jc

  23/07/2020

En ces temps révolutionnaires où les manifestations collectives sont de plus en plus nombreuses (et semblent parfois délirantes).

De lien en lien en lisant l'article du jour,  je suis (re)tombé sur: https://www.dedefensa.org/article/loccident-en-tant-que-dechainement-de-la-matiere, dont le dernier paragraphe présente une analogie certaine avec le dernier paragraphe de SSM, paragraphes que je reproduis ici:

Hédi Doukhar: "Pour finir, il faut noter que l'inconscient dont il est question ici, qui serait à l'œuvre derrière cette logique d'autodestruction, ne saurait être en aucun cas l'inconscient du Moi individuel, qui reste accessible quand on prend la peine de s'y intéresser. Il s'agit plutôt de l'inconscient collectif, découverte principale de Carl Gustav Jung, qui est une sorte d'inconscient de l'espèce; l'expression de l'instinct de l'espèce enfoui en nous très profondément, totalement inaccessible, mais qui s'exprime à travers les symboles et les mythes qui, à travers le temps et l'espace et toutes les cultures humaines, maintiennent éveillée, en nous, l'implacable réalité de la Lutte du Bien contre le Mal et perpétue en nous l'espoir de voir le premier l'emporter toujours sur le second et de partager, avec le poète, la certitude que, «là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve». "

René Thom: "Dans le domaine des sciences humaines, il m'est difficile de me rendre compte si ma tentative présente quelque intérêt; mais en écrivant ces pages j'ai acquis une conviction; au cœur même du patrimoine génétique de notre espèce, au fond insaisissable du logos héraclitéen de notre âme, des structures simulatrices de toutes les forces extérieures agissent, ou en attente, sont prêtes à se déployer quand ce deviendra nécessaire. La vieille image de l'Homme microcosme reflet du macrocosme garde toute sa valeur: qui connaît l'Homme connaîtra l'univers. Dans cet essai d'une Théorie générale des modèles [sous-titre de SSM], qu'ai-je fait d'autre, sinon de dégager et d'offrir à la conscience les prémisses d'une méthode que la vie semble avoir pratiquée dès son origine?" (fin de l'épilogue de la conclusion de SSM, 2ème ed., p.328).

(Pour Thom "il semble que le psychisme social présente un caractère fragmenté très semblable au psychisme animal" (p.323), les pages 303 à 305 de SSM étant consacrées à l'étude du psychisme animal -sous-titres: Les formes génétiques; L'animal à la quête de son moi; Le rêve; Le jeu-. Je ne sais pas pourquoi Thom ne cite pas Jung à ce sujet.)
 

L'angoisse de la catastrophe généralisée.1

Article lié : Catastrophe & angoisse

jc

  22/07/2020

Thom: "Il serait tentant d'envisager l'histoire des nations comme une suite de catastrophes entre formes métaboliques; quel exemple de catastrophe généralisée que la décomposition d'un grand empire comme celui d'Alexandre." (SSM, p.323).

En relisant les quelques pages consacrées aux catastrophes généralisées (SSM pp.101 à 107) (qui en tentent une première classification), Thom distingue les catastrophes cataboliques ("quand un attracteur pluridimensionnel se désagrège au profit d'attracteurs de dimension plus petites, on a alors affaire à une catastrophe catabolique" (...) les catastrophes anaboliques conduisant à la formation d'attracteurs de dimension plus grande; (...) A priori, les seuls exemples plausibles de catastrophes anaboliques ne se rencontrent qu'en biologie (télophase de la mitose)."

La décomposition en cours de notre civilisation et les exemples de pensée délirante sont pour moi des catastrophes cataboliques (PhG les qualifierait peut-être d'entropiques). La civilisation qui lui succédera sera-t-elle dirigée par une cause finale (telos=but)?

Bernanos: "Une société meurt si elle substitue les moyens aux fins." (la technique¹ et le fric comme causes finales, le pouvoir temporel qui se substitue à l'autorité spirituelle…)
Thom: "Dans les sociétés c'est la fonction qui crée l'organe, ça ne fait aucun doute; et je pense aussi en biologie." (Court métrage de JL Godard sur Thom (40') )

¹: Jacques Ellul (cité de mémoire): "Toutes les civilisations ont sacralisé la nature. Sauf la nôtre, qui a choisi de sacraliser ce qui la désacralise, à savoir la technique".


 

Epanchements barrière

Article lié : Catastrophe & angoisse

Nicolas Prenant

  21/07/2020

Monsieur Philippe Grasset. Je vous cite régulièrement sur mon blog, et tant pis si ce que je vais écrire est perçu comme une vile flatterie.

Je viens très régulièrement vous lire, quels que soient les sujets que vous abordez. Oh, parfois je survole un peu, mais en tout cas j'admire votre capacité à conserver hauteur, recul, et parfois humour en toute circonstance, même si je comprends bien que vous ne vous excluez pas de cette situation présente que nous vivons tous, par la force des choses.

Je ne parviens pas, quant à moi, à ne pas me laisser emporter, parfois, par le vent puissant de l'agitation mentale, brindille que je suis dans crise d'effondrement du système et de notre psychologie, sans toutefois sombrer dans l'affectivisme envahissant comme une jungle vietcong dans laquelle nous serions tous un peu perdus.

J'ai pu lire ici et là des gens flancher, cela était patent dans leurs publications, dont certains sonnent même comme une sorte d'appel à l'aide… Le moment que nous vivons m'agite assez profondément, bien que ce ne soit pas mon genre de céder à ce genre d'élan malheureux, mais quand on est poussé dans le dos…

C'est pourquoi il est fort appréciable de trouver si souvent ici un phare de raison et d'analyse distanciée et souvent originale… et je ne m'étends pas plus sur mes épanchements du jour, seulement pour dire que vos articles peuvent être une véritable mesure barrière contre certains emportements improductifs de la psyché.

L'angoisse de la catastrophe généralisée

Article lié : Catastrophe & angoisse

jc

  21/07/2020

(Le prétendu/prétentieux thomien que je suis ne peut que réagir à un article ainsi intitulé.)

Thom appelle catastrophe tout processus de création ou destruction de formes, toute morphogénèse. Et de tels processus peuvent être décrits par la disparition des attracteurs (centres organisateurs) représentant les formes initiales et leur remplacement par capture par les attracteurs représentant les formes finales. (Inutile de dire que selon cette définition la catastrophe est permanente!)
.
1. Certaines catastrophes sont formalisables, en particulier le processus à quatre temps décrit dans un précédent commentaire (associé à la catastrophe "fronce"). D'autres ne le sont pas, et c'est le cas des catastrophes généralisées, sans doute en cause dans la présente crise ("Quel exemple de catastrophe généralisée que la décomposition d'un grand empire, comme celui d'Alexandre.", SSM, p.323), catastrophes à propos desquelles Thom écrit (SSM, p.326):

"Il n'est pas impossible, après tout, que la science approche d'ores et déjà de ses ultimes possibilités de description finie; l'in-descriptible, l'in-formalisable sont maintenant à nos portes.",

ce qui pourrait conforter la position d'inconnaissance de PhG. Mais Thom continue:

"Il nous faut relever le défi. Il nous faudra trouver les meilleures manières d'approcher le hasard, de décrire les catastrophes généralisées qui brisent les symétries, de formaliser l'informalisable. Dans cette tâche, la cervelle humaine, avec son vieux passé biologique, ses approximations habiles, sa subtile sensibilité esthétique, reste et restera longtemps encore irremplaçable. (...) Nos méthodes, trop indéterminées en elles-mêmes, conduiront à un art des modèles et non à une technique standard explicitée une fois pour toutes." (Je rappelle que SSM est sous-titré "Essai d'une théorie générale des modèles".)

2. Les lecteurs de ce site savent l'importance que PhG accorde à la psychologie. En reparcourant le paragraphe concernant "l'art, le délire et le jeu (trois grands types d'activité humaine)", je tombe sur (SSM, p.319):

"De plus, le mélange des substrats a pour effet de détruire les chréodes les plus raffinées à centre organisateur de grande codimension, au profit de champs plus primitifs qui sont plus stables et plus contagieux. Ainsi s'installe une dynamique mentale syncrétiste à structures relativement simplistes qui constitue ce que l'on appelle habituellement la pensée délirante."

L'actualité politique foisonne visiblement d'exemples de mélanges de substrats engendrant des pensées collectives délirantes obtenues par destructions d'organisations plus raffinées. Pour moi ces destructions  sont typiquement des catastrophes psychiques généralisées.

 

Le complexe militaro-industriel est lui aussi très affecté

Article lié : “Rien ne sera plus comme avant”: Bingo...

Alex Kara

  21/07/2020

Je vous invite à lire le rapport sénatorial dont il est question dans cet article : http://www.opex360.com/2020/07/16/covid-19-denoncant-lattitude-des-banques-le-senat-sonne-le-tocsin-pour-lindustrie-francaise-de-defense/

et que l'on peut télécharger ici : http://www.senat.fr/rap/r19-605/r19-6051.pdf

Quand vous écrivez " (...) le domaine de la sécurité, des armements et du reste, un domaine qui continue à bien marcher, la seule part de l’aéronautique qui traite Codiv19 avec mépris (...)" c'est en fait exactement le contraire. Beaucoup d'entreprises de défenses sont duales, elles couvrent à la fois des marchés civils et des marchés militaires, ce qui est inévitable vu le coût très élevé de la maîrise technologique.

Dans ce rapport, on explique par exemple que 75% du chiffre d'affaire d'Airbus est civil, et qu'Airbus est des membres les plus importants de la Base Industrielle et Technologique de Défense (BITD), qui aujourd'hui est menacée dans son existence même.

La lecture de ce rapport peut nous interroger sur la nature exacts des "lobbies", qui non sont cités qu'une fois sans autre explication, et qui seraient à l'origine de la frilosité des banques à l'encontre des entreprises de la BITD.

Le plus intéressant, toutefois, est l'admission à la mi-juillet que la situation budgétaire et économique est déjà extrêmement difficile.

Le mythe de l'ère du déplacement

Article lié : “Rien ne sera plus comme avant”: Bingo...

Ivan-Ivan Chasseneuil

  20/07/2020

Pourquoi trouvé-je tout faux dans ce texte ?

Il me semble que la crise que nous vivons n'existe que de la conjonction circulaire et s'autoalimentant de l'oubli de l'histoire et de la croyance en notre exceptionnalité (et de ce point de vue-là, ce ne sont pas que les Etats-Unis qui se pensent exceptionnels, mais l'ensemble du monde occidental).

La réflexion de Delsol quant au fait que "La première épidémie mondiale, certainement pas, mais la première qui nous fait si peur" tombe dans le travers qu'elle dénonce : comme si la peste du Moyen Age en Europe ou la grippe espagnole n'avaient pas fait plus peur. Même si l'approche de la mort est différente, peut-on vraiment croire qu'un homme de 1918, en voyant les monceaux de cadavres amassés ou les corps jonchant les rues de sa ville, avait moins peur que nous-mêmes qui partons en vacances et allons faire nos courses sans y penser davantage dans cette pandémie qui fait si peur ? Doit-on rappeler que la grippe espagnole faisait 600.000 morts par jour ? Tous les sondages autour de moi font remonter que PERSONNE ne connaît personne qui est mort du Covid-19. Pas étonnant si les Français abandonnent les fameux gestes barrière et qu'il faille leur imposer par décret un masque : c'est qu'avec bon sens, ils n'en voient guère l'utilité, la dangerosité du virus n'étant que médiatique - pas éprouvée par l'expérience.

L'exceptionnalité, c'est de croire qu'à nul autre moment de l'histoire les hommes ne se sont déplacés, sauf de façon marginale. Ce mythe fondateur du mondialisme est de l'ordre de la dissonance cognitive. A un moment est apparue l'idée selon laquelle maintenant et désormais marchandises et hommes se déplaçaient - comme si c'était un fait nouveau et non pas aussi vieux que l'apparition de l'homme sur terre (en témoigne la couleur de la peau sur nos chairs).

La leçon la plus évidente de la crise, c'est qu'une psychologie qui n'a pas de repère historique est perdue, condamnée à errer au gré de la logghorée des media.

Après une révolution tout redevient presque comme avant

Article lié : “Rien ne sera plus comme avant”: Bingo...

jc

  20/07/2020

 


PhG: " «Rien ne sera plus comme avant », disait cet intellectuel [Alain de Benoist?]: il ne se trompait pas, alors que même le temps-long accélère et se précipite, et que nous nous trouvons dans l’‘après’, lorsque rien n’est déjà plus comme avant. Même les mots les plus honnis de notre vocabulaire religieux d’‘avant’, – “nationalisation” et “protectionnisme”, – sont de retour, ..."

Après le parcours complet du cycle on se retrouve presque dans la même situation. Je suis de plus en plus convaincu que c'est un principe général qui vaut, par exemple, pour les moteurs à explosion comme pour les prédateurs biologiques ou les civilisations: il faut attendre la fin du cycle (la révolution complète), ou, mieux, la fin de plusieurs cycles, pour savoir pour s'avoir s'il s'agit, pour le sujet, d'un progrès ou d'une régression (évaluation du "presque"). J'aime rêver que l'harmonie du monde est liée à l'harmonie de la synchronisation des rapports des périodes des innombrables tels cycles "moteurs" que l'on observe ou devine dans la nature (d'où l'importance des petits rapports (1/1 unisson, 2/1 octave, 3/2 quinte, 4/3 quarte, etc.).

Abstraitement on a le schéma général suivant:
1. Phase d'admission conjonctive;
2. Phase de compression/tension;
3. Phase de détente/relâchement;
4. Phase d'échappement disjonctif.

Tous les changements de phase sont catastrophiques (au sens de la théorie thomienne des catastrophes), mais, en général, seul le changement 2->3 est retenu comme catastrophique au sens usuel.

Le cas du moteur à explosion est bien connu: en se mettant dans la peau du moteur¹ la phase 1 est une phase de conjonction du moteur et du mélange détonant air-essence, la phase 4 étant une phase qui sépare la "matière-énergie²" utilisable (ici l'énergie communiquée au piston) et celle non utilisable (les gaz d'échappement).

Le cas de l'animal prédateur est analogue (mais il est plus aisé de se mettre dans sa peau¹...): initiation des phases 1 et 2 par la faim, ouverture des soupapes d'admission (paupières!), sens "lointains" aux aguets (vue, ouïe, odorat) puis ouverture de la bouche (conjonction du prédateur et de sa proie), disjonction en phase 4 du bon grain (énergie disponible pour le prédateur -finalité de l'individu-, production de gamètes -finalité de l'espèce-, etc.) et de l'ivraie.

Peut-être serait-il intéressant de relire Toynbee³, Guénon, etc. avec ce schéma en tête? Avec lui (ce schéma) il est très clair pour moi que nous sommes à la toute fin de la phase 2 (rigidification maximale -signe des temps pour Guénon-, "à la chinoise", de la société mondiale). (Je rappelle ici ma citation thomienne favorite: "Les situations dynamiques régissant l'évolution des phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l'évolution de l'homme et des sociétés.")


¹: Thom: "l'intelligence est la faculté de s'identifiant à autre chose, à autrui."
²:  E=mc² ...
³: Je n'en ai rien lu…