jc
20/07/2020
PhG: " «Rien ne sera plus comme avant », disait cet intellectuel [Alain de Benoist?]: il ne se trompait pas, alors que même le temps-long accélère et se précipite, et que nous nous trouvons dans l’‘après’, lorsque rien n’est déjà plus comme avant. Même les mots les plus honnis de notre vocabulaire religieux d’‘avant’, – “nationalisation” et “protectionnisme”, – sont de retour, ..."
Après le parcours complet du cycle on se retrouve presque dans la même situation. Je suis de plus en plus convaincu que c'est un principe général qui vaut, par exemple, pour les moteurs à explosion comme pour les prédateurs biologiques ou les civilisations: il faut attendre la fin du cycle (la révolution complète), ou, mieux, la fin de plusieurs cycles, pour savoir pour s'avoir s'il s'agit, pour le sujet, d'un progrès ou d'une régression (évaluation du "presque"). J'aime rêver que l'harmonie du monde est liée à l'harmonie de la synchronisation des rapports des périodes des innombrables tels cycles "moteurs" que l'on observe ou devine dans la nature (d'où l'importance des petits rapports (1/1 unisson, 2/1 octave, 3/2 quinte, 4/3 quarte, etc.).
Abstraitement on a le schéma général suivant:
1. Phase d'admission conjonctive;
2. Phase de compression/tension;
3. Phase de détente/relâchement;
4. Phase d'échappement disjonctif.
Tous les changements de phase sont catastrophiques (au sens de la théorie thomienne des catastrophes), mais, en général, seul le changement 2->3 est retenu comme catastrophique au sens usuel.
Le cas du moteur à explosion est bien connu: en se mettant dans la peau du moteur¹ la phase 1 est une phase de conjonction du moteur et du mélange détonant air-essence, la phase 4 étant une phase qui sépare la "matière-énergie²" utilisable (ici l'énergie communiquée au piston) et celle non utilisable (les gaz d'échappement).
Le cas de l'animal prédateur est analogue (mais il est plus aisé de se mettre dans sa peau¹...): initiation des phases 1 et 2 par la faim, ouverture des soupapes d'admission (paupières!), sens "lointains" aux aguets (vue, ouïe, odorat) puis ouverture de la bouche (conjonction du prédateur et de sa proie), disjonction en phase 4 du bon grain (énergie disponible pour le prédateur -finalité de l'individu-, production de gamètes -finalité de l'espèce-, etc.) et de l'ivraie.
Peut-être serait-il intéressant de relire Toynbee³, Guénon, etc. avec ce schéma en tête? Avec lui (ce schéma) il est très clair pour moi que nous sommes à la toute fin de la phase 2 (rigidification maximale -signe des temps pour Guénon-, "à la chinoise", de la société mondiale). (Je rappelle ici ma citation thomienne favorite: "Les situations dynamiques régissant l'évolution des phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l'évolution de l'homme et des sociétés.")
¹: Thom: "l'intelligence est la faculté de s'identifiant à autre chose, à autrui."
²: E=mc² ...
³: Je n'en ai rien lu…
jc
19/07/2020
Thom-l'intuitif: "Dans le domaine des sciences humaines, il m'est difficile de me rendre compte si ma tentative présente quelque intérêt; mais en écrivant ces pages j'ai acquis une conviction; au cœur même du patrimoine génétique de notre espèce, au fond insaisissable du logos héraclitéen de notre âme, des structures simulatrices de toutes les forces extérieures agissent, ou en attente, sont prêtes à se déployer quand ce deviendra nécessaire. La vieille image de l'Homme microcosme reflet du macrocosme garde toute sa valeur: qui connaît l'Homme connaîtra l'univers. Dans cet essai d'une Théorie générale des modèles |sous-titre de SSM], qu'ai-je fait d'autre, sinon de dégager et d'offrir à la conscience les prémisses d'une méthode que la vie semble avoir pratiquée dès son origine?" (fin de l'épilogue de la conclusion de SSM, 2ème ed., p.328).
(À mettre, au moins au troisième degré(?), en regard de la citation d'Israël Shamir: « J’aime bien les théories de la conspiration ; elles tentent d’injecter un sens à des ensembles de faits divers qui, autrement, n’auraient aucun sens. Elles font entrer le Logos dans notre vie,... »)
La lecture de l'œuvre de Thom peut-elle apporter un éclairage sur la crise en cours? Thom-le-modeste écrit dans paragraphe précédent intitulé "Le psychisme d'une société" (p.323): "Il serait également tentant d'envisager l'histoire des nations comme une suite de catastrophes entre formes métaboliques; quel exemple de catastrophe généralisée que la décomposition d'un grand empire, comme celui d'Alexandre. Mais il faut de toute évidence se borner; dans un sujet comme l'Homme, on ne saurait pénétrer qu'à la surface des choses. Comme Héraclite l'a dit: "Tu ne saurais atteindre les limites de l'âme, aussi loin que te porte ta route, si profonde est sa forme.".
PhG: "Je suis là pour vous dire qu’il n’y a rien qui puisse nourrir chez nous notre prétention à comprendre, à moins que vous ne soyez la prétention même. Je suis là pour vous dire qu’il se passe tout de même quelque chose, et que c’est gigantesque, et que c’est sans précédent."
Thom-le-prétentieux écrira plus tard et dans un autre contexte (je cite de mémoire): "Dans de nombreuses philosophies Dieu est géomètre. Il serait peut-être plus logique de dire que le géomètre est Dieu." (cité à la fin de la préface de AL).
Personnellement je pense que Thom n'est pas plus prétentieux que PhG: tous deux ont des intuitions, et ils nous font la grâce de nous proposer de les partager. Quant à moi, basique citoyen qui rame pour essayer de capter quelques bribes de leur message "prophétique" (cf. plus haut pour Thom, en attendant le tome III-2 pour PhG), suis-je moi-même prétentieux? Ma réponse: peut-on taxer de prétentieux un chien (Rantanplan en l'occurence) parce qu'il a du flair?
jc
10/07/2020
PhG: "Le fait est que vous ne savez plus où donner du sarcasme et d’une ironie absolument nucléaire et dévastatrice, à les entendre jacasser, pérorer, sloganiser et pavloviser, se mettre à l’abri et opiner à la première exigence des fous, et baisser les yeux, et à tout hasard baisser la culotte en cadence tweetée. Vous n’avez qu’à tendre la main, ouvrir un site, écouter une émission pour saisir aussitôt des traces furieuses, caquetantes et piaillantes de leur folie."
Au moment où le Politiquement Correct et (donc) le conditionnement pavlovien battent leur plein, je me suis replongé plus à fond dans le premier chapitre de "Esquisse d'une sémiophysique". Le conditionnement pavlovien et l'affectivité sont au centre du premier chapitre intitulé "Saillance et prégnance", ancêtres gestaltistes de forme et de force¹. (Selon Thom la prégnance source se propage de forme saillante en forme saillante par contiguïté et par similarité "par lesquels John Frazer classifiait les actions magiques chez l'homme primitif". La contiguïté est pour moi "cerveau gauche" et la similarité "cerveau droit".)
Quinze pages denses -comme toujours chez Thom- qui permettent d'aider à mettre en perspective la folie ambiante. Quelques titres de paragraphes: D. Le conditionnement pavlovien: l'investissement subjectif; F. Formes sources et prégnances individuantes; G. Génétique et prégnances; H. Les animaux sociaux et la communication; I. Indice et génitif; J. Investissement subjectif et investissement objectif; K. Les ontologies intelligibles.
¹: Le tintement de la sonnette -l'indice- est une forme saillante qui, poussée par l'affectivité, remonte à la source, morceau de viande porteur de la prégnance alimentaire. Thom note à ce propos: "Un problème peut-être capital pour comprendre l' "origine du langage" [le titre du chapitre 2] humain est la question des "indices"."
jc
09/07/2020
(Suite de: "Combat "naturel" du cerveau gauche, logique, rationnel et jacobin, et du cerveau droit, intuitif, émotionnel et girondin (et combat "artificiel" du SC et du PC)? ")
PhG:
- "... je prenais l’habitude d’avoir l’audace de considérer qu’une structure habitait cet écrit particulier, et une intuition également, et que j’en étais l’ouvrier" ;
- "Un jour, une relation (...) me dit que mes rubriques dedefensa étaient construites comme des symphonies." ;
- "puis venait l’“imagination”, ou plutôt comme on a vu plus haut après la reconnaissance nécessaire, l’intuition avec le moteur de l’inspiration… : « Il suffit d’un mot, d’une phrase, d’une citation à placer en tête, la chose inspiratrice qui ouvre la voie et là-dessus se déroule le texte, à son rythme, entièrement structuré, avec sa signification déjà en forme et en place. Je n’ai rien vu venir et j’ignore où je vais, mais j’ai toujours écrit d’une main ferme et sans hésiter… et toujours, à l’arrivée, il y avait un sens, une forte signification, le texte était devenu être en soi… C’était un instant de bonheur fou. » " ("La Grâce…", tome III-1) .
Quand je relis ces phrases je me dis que PhG est surtout un "cerveau droit", qui fonctionne "à l'intuition". Pour moi c'est un "affectif" (mais pas un "affectiviste") doté d'une sensibilité qui lui permet d'anticiper ce qu'un "cerveau gauche" basique ne découvrira au mieux que lorsqu'il aura le nez sur l'évènement. (Pour Thom l'affectivité sert essentiellement à plonger le réel dans le virtuel, c'est-à-dire à imaginer: "l'affectivité déforme la structure de régulation de l'organisme, en la compliquant".)
PhG: "La sagesse, aujourd'hui, c'est l'audace de la pensée."
On oppose classiquement la pensée rationnelle occidentale, et la pensée sauvage, mythique (chinoise?). La grande différence, l'abîme peut-être, entre la pensée sauvage et la pensée rationnelle est le but poursuivi. Quand la science vise des applications pratiques (maîtriser la nature, satisfaire des besoins), la pensée sauvage répond à des exigences plus intellectuelles : construire une vision cohérente du monde. (En mathématiques le clivage est très net entre maths de la maîtrise -pratiquées par l'immense majorité des matheux- et maths de l'intelligibilité (Thom et ?).)
La sagesse, aujourd'hui? L'audace de la pensée sauvage?
https://www.dedefensa.org/article/glossairedde-crisis-la-crise-de-la-raison-humaine-1
jc
08/07/2020
PhG:
- "Et quand viendra l’IA, elle sera mise sous la censure radicale du PC, et tous les deux se battront en un “combat de chiens” (dogfight) comme des zombies devenus fous. Ils en mourront." ;
- "PC, on le sait, vaut pour ‘Politiquement Correct’, expression dont l’emploi courant remonte aux premières années 1980. D’autres expressions sont employées, comme “police de la pensée”, des choses de ce genre."
Je n'avais pas pensé à opposer l'IA et le PC. Maintenant que j'y pense je range l'IA du côté du Scientistement Correct, du SC, opposé au Politicaillement Correct, au PC, tous deux dénaturations -artificialisations- du Scientifiquement Correct et du Politiquement Correct; d'un côté il y a le SC, du côté de l'intelligence catalogique artificialisée (IA), et de l'autre le PC, du côté de l'intelligence analogique dénaturée (PC).
Pour moi le Politicaillement Correct consiste à imposer aux mougeons¹ l'interdiction de certains enchaînements analogiques, pour les contraindre à "Penser Correctement" (pour le Système), des exemples typiques étant les enchaînements analogiques "Nalionalisme, Socialisme, Hitler" et "Travail, Famille, Patrie, Pétain, Hitler" (reductio ad hitlerum).
[ PhG: "Les élitesSystème [zombificatrices] deviennent donc élites-zombifiées". Je rapproche ce phénomène du principe d'internalisation des variables de contrôle externe que Thom invoque pour expliquer la formation du mésoderme en embryologie… ]
Que l'intelligence catalogique artificielle soit mise sous la censure de l'intelligence analogique -également artificielle- ("Et quand viendra l’IA, elle sera mise sous la censure radicale du PC") va dans le sens de ce que prône René Thom pour les intelligences naturelles ("L'intelligence est la capacité de s'identifier à autre chose, à autrui", et, pour lui, l'identification ne peut fondamentalement être qu'analogique²).
Combat "naturel" du cerveau gauche, logique, rationnel et jacobin, et du cerveau droit, intuitif, émotionnel et girondin (et combat "artificiel" du SC et du PC)?
¹: https://fr.wiktionary.org/wiki/mougeon
²: "Ainsi la fonction originelle d'une philosophie de la nature sera-t-elle de rappeler constamment le caractère éphémère de tout progrès scientifique* qui n'affecte pas de manière essentielle la théorie de l'analogie." . *: "Finalement, le problème de la démarcation entre scientifique et non scientifique n'est plus guère aujourd'hui qu'une relique du passé ; on ne le trouve plus guère cité que chez quelques épistémologues attardés – et quelques scientifiques particulièrement naïfs ou obtus."
jc
05/07/2020
J'aime bien cette citation de Fabrice Hadjadj, faite par PhG dans la fin du tome II de "La Grâce…", reprise dans le tome III-1:
- "... le futur est relatif à ce qui va, l'avenir à ce qui vient et il faut que ce qui va soit ouvert à ce qui vient, sous peine d'une vie qui meurt en se fixant dans un programme." .
Quoi de plus symbolique "d'une vie qui meurt en se fixant dans un programme" qu'une bannière étoilée, "télé" symbole de mort et de déracinement, que ce soit celle des USA, de l'UE ou de la Chine?
Nouvelle bannière européenne fleurie, "proxi" symbole de vie et d'enracinement? Avec un edelweiss en son centre?
Notre bannière nationale frappée en son centre d'une fleur de lis (naturelle) illustrant le début de la citation? Monarchie populaire (française) girondine vs république populaire (chinoise) jacobine?
Alex Kara
05/07/2020
Si l'on considère que les différents mouvements BLM, Politically Correct, LGBT++ sont des simulacres, des opérations de "communication" et d'affectivisme, tout comme le COVID d'ailleurs, alors il faut cesser de les considérer avec sérieux.
Le seul poids que ces opérations possède dans le débat politique est celui qu'en donne les médias. En prenant cela au sérieux, on légitime l'entreprise de déstructuration du politique dont elles ne sont que les instruments.
C'est faire preuve d'une ignorance crasse de la culture politique des Etats-Uniens que de considérer qu'ils n'ont pas d'identité nationale et de conception de la nation. C'est justement parce qu'ils restent très patriotes que ces destructions de statues, d'idéologies psychiatriquement discutables et autres provocations flagrantes ne peuvent avoir de justification que dans le rejet qu'elles suscitent en cette année éléctorale.
Donc soit vous prenez les divagations communicationnelles au sérieux, et vous considérez alors que les équipes coordonnées à-la-Soros représentent une réalité politique, auquel cas vous vous situez au niveau de la presse-Système, soit vous ne le faites pas, et là vous devrez montrer une capacité d'analyse autonome, argumentée et claire.
Alex Kara
05/07/2020
Les méthodes de "déstabilisation" doivent être utilisées dans des temps très prévisibles, au risque de produire des effets inverses.
Le BLM, qui pue le Soros à plein nez, a bien sûr lieu dans un contexte politique et économique qui n'a jamais été plus stable que maintenant, puisqu'il va dans une direction bien établie et selon une inertie qui s'est développée depuis les années Clinton-Monsieur.
La décomposition d'un organisme n'est pas chaotique. L'aspect est grouillant de vers et peut fasciner, mais ce n'est pas comme si l'enesmble qui se décompose allait bondir et frapper autour de lui à l'aveuglette, ce qui là serait assurément plus dangereux.
La décomposition d'un organisme se déroule selon un ordre bien établi, à tel point que les médecins légistes peuvent assez précisément se baser dessus pour par exemple donner une estimation assez étroite de la date du décès.
Cessons donc de donner de l'importance à ce qu'il faut qualifier de Grand-Guignol, un spectacle dans une société de spectacles ( ;) ) donné dans une année éléctorale.
Olivier le verseau
02/07/2020
Et si la France était annexée à la Russie…
Albert
30/06/2020
La perte de vitesse de l'AIPAC s'inscrit dans la lutte entre clans oligarchique, notamment entre le clan globaliste de Davos (Soros-Gates-Gafam-OMS-ONU-UE-Rockfeller etc) en pleine phase d'accélération avec les BLM/Antifas aux US, et les tenants du projet du grand Israel (Netanyau et son collaborateur Trump, AIPAC, etc..). Il faut se souvenir qu'Aaron Russo avait déclaré qu'Israel était vu d'abord comme un problème par les Rockfeller, qui envisageaient de le régler en donnant un million de dollar à chaque Israélien pour qu'il s'établisse dans un des états US.
Dans la meme veine que ce qui se passe avec l'AIPAC, il est surprenant d'entendre BHL, qui était si "fier" d'avoir détruit la Libye "pour Israel", appeler désormais à la retenue face à l'annexion programmé des colonies Israéliennes en Cisjordanie.
Il semble que face à la grande offensive globaliste en cours, Netanyau lui-meme soit obligé de se soumettre.
https://www.youtube.com/watch?v=m_5lPjUs3s8
Christian DARLOT
29/06/2020
Trump étant du sexe mâle (et le faisant savoir), le gérondif doit être accordé au masculin "Delendus est Trumpus".
De même, le Système étant neutre, il faut écrire "Delendum est Systemum". Le mot "système" étant d'origine grecque, un Romain eût écrit : "Delendum est Systemon".
Bonne soirée, ! "Sit tibi nox egregia !"
jc
29/06/2020
PhG cite Fabrice Hadjadj dans la fin du tome II de "La Grâce…", repris dans le tome III-1:
- "... le futur est relatif à ce qui va, l'avenir à ce qui vient et il faut que ce qui va soit ouvert à ce qui vient, sous peine d'une vie qui meurt en se fixant dans un programme." ;
- "De la définition qui précède on peut déduire autre chose, à savoir que le passé se trouve rejeté par le futur, mais assumé par l'avenir." .
Black Lives Matter renvoie pour moi au futur concocté par les marionnettistes globalistes qui s'activent en coulisse à faire en sorte que l'histoire (minusculée) s'écrive comme ils ont envie qu'elle s'écrive, en la fixant dans un programme, alors que Black Power renvoie à nos racines, à notre enracinement et notre ré-enracinement, au mystère de nos origines (et à la nostalgie dirait sans doute PhG), c'est-à-dire, en résumé, à l'Histoire (majusculée).
Ce qui va est-il ouvert à ce qui vient? J'ai ma propre intuition, qui me vient peut-être d'un lointain ancêtre salmonidé...
David Cayla
26/06/2020
Je reprends cette phrase qui me semble très éclairante de la situation chez les démocrates, que vous posez sous la forme d'une question, presqu'en passant "Mais peut-être a-t-on peur un peu partout, sauf chez les lunatiques (Trump) et les incontinents (Biden), d’envisager la présidence d’un pays d’un tel poids et d’une telle puissance en cours de dissolution, alors qu’on n’est pas sûr de soi-même et de son passé ?"
Et si nous étions bien là, effectivement, au coeur de "l'énigme" de la candidature Biden ? J'ai évoqué Thérésa May dans mon titre car elle aussi faisait figure de personnalité choisie par défaut pour occuper le poste de premier ministre comme les grands caciques du parti conservateur s'étaient tous fait porter pâle, personne n'ayant la moindre envie d'occuper un poste où il n'y avait que des coups à prendre, de tous les côtés. On a beaucoup glosé sur son inconsistance, son incapacité à envisager une quelconque stratégie, ses échecs annoncés et répétés, mais beaucoup moins sur le fait qu'au fond, tous les autres lui avaient cédé la place non pas tant avec empressement qu'avec soulagement.
Aussi, est-ce qu'un "candidat" comme Biden, un homme en fin de course, gâteux, ne serait pas "l'homme" de la situation, vu son incapacité à percevoir la moindre bribe du monde dans lequel il "vit" ? D'ailleurs, "on" nous avait annoncé des colistières de poids comme Hillary Clinton ou Michelle Obama (et pourquoi pas ?), mais la place demeure étrangement vide. Je veux bien que l'une ou l'autre jouent à se faire prier, mais en principe, surtout avec un candidat à la présience comme Bide, il est "couru d'avance" que son colistier sera forcément amené à prendre sa place, et plutôt rapidement que tardivement. Aussi, nous devrions assister à une course à la co-investiture qui serait la réelle course à la présidence, mais non. Comme s'il n'y avait strictement aucune urgence à briguer cette place, comme si c'était soudainement devenu une fonction totalement accessoire alors que des vice-présidents ont plusieurs fois été amenés à occuper la présidence, quand d'autres, moins "visibles", sont connus pour avoir assuré un rôle de garde-chiourme auprès d'un président "susceptible d'errements".
Dans de telles conditions, il ne serait plus forcément étonnant que les démocrates n'aient strictement aucun programme, avec pour seul mot d'ordre "Eliminons Trump !". Et d'ailleurs, pourquoi pas, si Trump est encore et toujours perçu non pas tant comme celui qui aura fait chuter l'Amérique que celui qui aura précipité cette chute dont les caciques démocrates étaient bien conscients, mais dont ils auraient espéré qu'elle soit repoussé le plus longtemps possible, le temps d'un mandat présidentiel, par exemple. A cet égard, on pourrait se rappeler à quel point ses responsabilités avaient vieilli le président Obama à la fin de son deuxième mandat.
Un dernier point pour conclure. Je ne sais pas s'ils sont réellement dans le plus complet déni, car après tout, quand on est dans le déni, on est dans l'incompréhension de ce qui pourrait contrarier notre vision du monde, cela n'existe tout simplement pas. Alors pourquoi s'en énerver ? Là, au contraire, je dirais qu'ils se murent dans une chape de silence, tant la peur qu'un réel qu'ils savent désespérant puisse entrer en résonance avec ce qu'ils en ont déjà perçu, et dont ils auraient pris acte en ne se bousculant surtout pas pour la présidence ni même la vice-présidence.
jc
26/06/2020
(À propos du dernier paragraphe)
La barrière de Weismann est le dogme central du néo-darwinisme: pas d'action possible des cellules somatiques sur les cellules germinales. Il semble que l'élite-Système actuelle ait adopté la version sociologique de ce dogme (central du néo-spencérisme?): pas d'action possible du peuple sur l'élite. (Je n'ai pu m'empêcher de lire ce dernier paragraphe sans penser à Jacques Attali¹, pour moi archétype.)
Thom:
- "Les situations dynamiques régissant l'évolution des phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l'évolution de l'homme et des sociétés." (SSM, conclusion);
- "... on ne pourra que s'étonner -dans un futur pas tellement lointain- de l'étonnant dogmatisme avec lequel on a repoussé toute possibilité d'action du soma sur le germen, tout mécanisme "lamarckien"." (ES, 1988, p.127).
¹: "... leur raison est si puissante et leur intelligence si superbe…"
jc
25/06/2020
PhG: "... un temps fracturé, plein de fractures ; ou disons pour faire plus érudit et plus chic : un “temps fractal”."
Il y a à l'origine de la notion de structure fractale l'idée d'auto-similarité, c'est-à-dire l'idée de structure métabolique qui se transforme indéfiniment en une structure semblable à elle-même. L'exemple archétype de structure auto-similaire est la spirale logarithmique -continue- découverte par Jacques Bernoulli¹, modèle basique de tourbillon crisique dont la contemplation prolongée peut donner le vertige. Benoît Mandelbrot s'est aperçu qu'il y avait aussi des structures métaboliques auto-similaires discontinues (fractionnées -voire fracturées…-) et les a étudiées.
Pour rester dans le cadre de ce site, une poupée russe² est une structure fractale (à la condition expresse de prolonger l'emboîtement à l'infini). Il y a en mathématiques un moyen classique de fractionner "en poupées russes" l'unité "continue" (par exemple l'unité de temps): 1=1/2+1/4+1/8+etc., l'auto-similarité entre la première poupée russe (1/2+1/4+1/8+etc.) et la deuxième (1/4+1/8+1/16+etc.) apparaissant en zoomant la deuxième par une homothétie de rapport 2. Ce fractionnement mathématique du temps continu est lié aux paradoxes de Zénon, paradoxes que les scientistes modernes sont convaincus d'avoir résolu alors que René Guénon³ et René Thom⁴ ne sont pas de cet avis.
¹: "...il a demandé que soient gravées sur son tombeau à Bâle une spirale logarithmique ainsi que la maxime eadem mutata resurgo (je renais changé à l'identique)." https://fr.wikipedia.org/wiki/Spirale_logarithmique
²: Cf. https://www.dedefensa.org/article/notre-chute-de-lempire
³: Cf. "Principes du calcul infinitésimal"
⁴: Thom:
-: "En plaquant ainsi sur le monde l'infini mathématique, l'homme ne fait-il pas preuve de la même présomption inconsciente que le magicien primitif qui commandait aux Dieux… ? ;
- "l'infini n'accède au réel que plongé dans le continu" ;
"Pour moi, l'aporie fondamentale de la mathématique est bien dans l'opposition discret-continu. Et cette aporie domine en même temps toute la pensée." .
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