Francis Lambert
03/05/2011
Le rapport de la commission américaine du Congrès américain, en janvier 2011, puis le rapport Levin-Coburn, du Sénat américain, du 14 avril dernier, viennent de lever le voile sur la réalité du désastre. (...)
la crise des subprimes fut une vaste fraude criminelle dans laquelle une bonne partie des acteurs de Wall Street ont trempé à des degrés divers. C’est aujourd’hui une évidence. (...)
Les causes de cette crise sont aujourd’hui bien connues par les enquêtes du FBI: la dérégulation a permis de véritables vagues de pillage, parfois par les mafias, comme celle de La Nouvelle-Orléans, parfois par de simples dirigeants de ces mêmes caisses d’épargne, appâtés par les nouvelles facilités. Comme le dit Mme Parisot, «quand il n’y a plus de gendarme, il est certain qu’il y a des voleurs».
Tout l’intérêt du livre de Jean-François Gayraud est d’échapper à la radicalité partisane.
Juriste, commissaire divisionnaire, l’auteur est membre du nouveau Conseil supérieur de la recherche stratégique (CSFRS) et l’un de nos meilleurs connaisseurs du crime organisé. Aussi ses conclusions font froid dans le dos.
2011-04-28 La face cachée du krach , Jean-François Gayraud
Extraits de l’article de Jacques de Saint Victor
http://www.lefigaro.fr/livres/2011/04/28/03005-20110428ARTFIG00603-la-face-cachee-du-krach.php
NB : “Bernard Madoff rejoint ainsi, une fois n’est pas coutume, la ligne de défense de ses quelque 16.000 victimes… Irving Picard, le mandataire désigné pour les représenter, a en effet porté plainte le 2 décembre contre JPMorgan, accusant la banque d’avoir été “entièrement complice” en choisissant “sciemment”, comme d’autres établissements financiers, “de détourner les yeux” sur les placements proposés par Madoff. Par ailleurs, lors de cet entretien, Bernard Madoff a fait son mea culpa et a estimé que rien ne pourrait excuser ses crimes.” http://www.boursier.com/actualites/economie/bernard-madoff-estime-que-les-banques-ont-ete-ses-complices-6919.html
Jean-Paul Baquiast
03/05/2011
Ne confondons pas tout. Je pense que des gens comme Ben Laden, Ghadafi et bien d’autres chefs qui décident délibérément de tuer aveuglement des civils, en dehors de toute guerre classique, méritent parfaitement d’être détruits physiquement. Le même traitement ne serait pas admissible à l’égard d’un chef d’Etat “normal”, comme Medvedev, le président chinois, ou même Amadinejhab (jamais su orthographier son nom) - quels que soient leurs “crimes”.
Arrou Mia
03/05/2011
Les assassinats ciblés ne sont pas une nouvelle spécialité inventée par les US, c’est un geste, élevé au rang de la haute moralité politique conceptualisée, de la plus grande banalité chez les Israéliens.
Voir les récents assassinats de Mabhouh à Dubai et de Imad Moughnieh.
Terrorisme ?
waccsa
03/05/2011
Les réactions de JP Basquiat sont fascinantes (it’s not personal, of course) : même si nous sommes certainement tous infectés à un certain degré par cet idéal (tous…), les plus savants porteurs de “l’idéal de puissance” semblent bien les plus vulnérables face au système de la communication.
On peut remarquer au passage que Petraeus n’aura pas tardé pour imprimer sa marque, avec son art de la communication, comme annoncé par dedefensa (http://www.dedefensa.org/article-avec_petraeus_une_cia_regionalisee_anti-pakistan__30_04_2011.html) : la “presse-pravda”, Figaro en tête, bruisse déjà de la “félonie” du Pakistan lors de la traque du Vilain aka Joker.
En guise d’apothéose pour notre “civilisation”, aurons-nous donc droit à un dernier “déchaînement de matière” nucléaire quelque part entre Fukushima (GE) et Islamabad… ?
Mais ne désespérons pas de nos 58 réacteurs-producteur- de-plutonium-militaire-pompes-à-fric gaullistes, ou de notre stock de munitions à uranium appauvri à utiliser avant date de péremption (ne soyons pas modestes, notre CMI en certes plus réduit que l’original mais est volontaire : but it’s strictly business).
Franck du Faubourg
04/05/2011
(re?)Lecture impérative de “Propaganda”, d’Edward Bernays, (éditions la Découverte Paris 2007) cher Jean Paul Baquiast!
Que sait-on de Ben Laden?
- aurait travaillé pour la CIA, en mettant notamment sur pied la structure d’intervention pour déstabiliser le régime afghan ds les années 1980
-le nom Al Qaida (la base) viendrait de cette époque
-fils d’une famille riche et notablement liée à de grands noms américains, comme la famille Bush, particulièrement. Gros intérêts financiers, investissements par ex dans Carlyle..
- Cet homme survit difficilement à coup de dialyses pour insuffisance rénale, clairement dès juillet 2001, ou il aurait été hospitalisé à l’hopital US à Islamabad. Les échos de l’époque faisaient état de visites de courtoisie de personnels locaux de la CIA sur place…
- A t’il avoué, a t’il été convaincu de son implication dans les attentats du 9/11? Pas qu’on sache…
Un deal aurait-il été passé? Probablement!
Maintenant Kadhafi:
Que sait-on réellement? pas grand-chose sur l’actualité, la propagande “de guerre” dont nous sommes abreuvés trouble notre vision des choses..
Tout juste finissons-nous par apprendre que les avoirs lybiens, issus du pétrole, sont investis dans divers projets dont notamment un satellite “panafricain”, que ce dictateur redistribuait suffisamment de richesses pour que le niveau de vie des lybiens soit un des plus élevés d’Afrique.. avant les troubles.
Meyssan ( http://www.voltairenet.org/ ) nous parle du refus de Kadhafi et de Gbagbo de s’insérer ds la structure de l’Africom, et par hasard, on découvre l’information selon laquelle les services secrets anglais, US et désormais français auraient commencé à mettre en place des opérations de déstabilisations dès novembre 2010..
La “zone d’exclusion aérienne” se termine en bombardements parfaitements offensifs et clairement ciblés, et pour pimenter le tout, à coup d’Uranium Appauvri, qui est une véritable saloperie..
Le tout bien sur sans consultation du Parlement - ça n’est pas une guerre, dit-on..
Alors “qui sont les méchants”, finalement?
Philippe Grasset a hélas raison de parler de paroles de Capo..
Ceci dit sans envie particulière de défendre un Ben- Mickey- Laden ou un Kadhafi. Juste essayer de pister les faits..
Le président de l’Iran s’appelle Mahmoud Ahmadinejad
Sans rancune j’éspère!
PS: pour compléter le post de Francis Lambert: un lien interessant sur les “voleurs du monde” (pioché chez un lecteur du Monde. Vraiment!)
: http://www.apfn.net/DOC-100_bankruptcy.htm
Très éclairant!
justin gregoire Dubois
04/05/2011
Tuer des aveuglément des populations civiles pendant une guerre classique est un crime de guerre et un crime de guerre est avant tout un crime
Quel sont les Etats qui ont le plus commis ce genre de crime récemment ? Les Etats Unis d’Amerique et Israel ! Hélas la France qui a su remarquablement éviter le bourbier Irakien est en train de rejoindre ce club grâce au mini Napoléon qui la dirige actuellement.
Quel est le dirigeant qui a tué le plus de monde ? Georges Bush ou Kadhafi ? Même le Nobel de la Paix Obama est sans doute un plus grand tueur que Kadhafi.
Quant à Ben Laden, il y a tellement de mystère autour de ce personnage, qu’on n’a même pas osé le juger devant un tribunal !
En 2010 la Libye était le pays à l’indice de développement humain le plus élevé d’Afrique selon le rapport de l’ONU.
Indice de développement humain plus élevé que le Brésil , l’Inde, la Chine et Russie. C’est un pays pareil que la France est en train de contribuer à détruire au nom des droits de l’homme et de la démocratie, en violant le mandat de l’ONU qui se limite à une exclusion aérienne
Impossible de vous suivre Monsieur Baquiast, vraiment désolé !
Ilker de Paris
04/05/2011
La"mafiosation” du système est un événement réel - récemment un article évoquait comment une banque us avait été en (grande ?) partie sauvée par l’argent de la drogue (1) - c’est également un événement inquiétant - dans le sens où il annonce une perte de substance du droit et de la justice au profit de rapports basés sur la force et donc la violence.
D’ailleurs, les appels à la liquidation d’hommes d’Etat, sans autre forme de procès pointe cette situation - Saddam Hussein avait été arrêté et jugé avant d’être exécuté, ce qui était encore dans le domaine du droit.
L’écroulement du droit et de la justice et leur remplacement par la violence n’est une surprise que pour les niais ou les hypocrites, tellement les signes abondaient déjà depuis plus de 10 ans dans ce sens - lorsque le pays qui se dit être le représentant de la justice ment, manipule, tue plus souvent qu’à son tour, il ne faut pas être prophète pour savoir que cette justice va mal.
dominique
05/05/2011
J’ai été choquée par la liesse indécente des Etasuniens pour célébrer l’assassinat supposé (car on n’en a aucune preuve) de Bin Ladden.
Et tout autant choquée par la nouvelle poussée d’atlantisme servile de nos dirigeants (qui ont répété comme des perroquets l’ignoble “Justice est faite” alors que justement il n’y a pas trace de justice dans un assassinat ciblé en terre étrangère comme l’a remarqué un des rares intellectuels indépendants M.E. Nabe), de nos médias et d’un façon générale de notre oligarchie qui détruit la France en s’acharnant à imiter les USA qu’il faudrait fuir comme la peste dans tous les domaines.
Ces images m’ont rappelé celles des colons juifs de Cisjordanie dansant et hurlant de joie pendant que les bombes israéliennes tombaient sur Gaza, tuant les civils, homme, femmes et enfants, emprisonnés à Gaza.
Dis-moi qui sont tes amis, je te dirai qui tu es!
Christian Merlinki
08/05/2011
Russie-Afghanistan-États-Unis : un jeu à trois depuis 2001
Par Vassily A. KLIMENTOV*, le 6 mai 2011
* Diplômé en Études asiatiques de lUniversité de Genève et de lInstitut des Hautes Études Internationales et du Développement à Genève, lauteur est spécialisé dans létude de lAsie centrale et de la politique étrangère russe. Il travaille actuellement en République kirghize pour une ONG internationale
Géopolitique de lAfghanistan. Alors que les Etats-Unis soutiennent la résistance anti-soviétique en Afghanistan de 1979 à 1989, leur intervention de 2001 les conduit maintenant à coopérer avec la Russie… en Afghanistan. Washington contribue ainsi à remettre Moscou dans le jeu. Quel paradoxe !
La coopération entre la Russie et les Etats-Unis au sujet de lAfghanistan a atteint en 2011 un niveau inimaginable dix ans plus tôt.
La Russie a ainsi multiplié ses options stratégiques dans la région tout en raffermissant sa présence militaire en Asie centrale. Selon lauteur, limplication de la Russie dans la stratégie afghane des États-Unis a aussi fini de constituer une dépendance réciproque entre les deux pays. Washington a besoin du soutien russe pour donner un nouveau souffle à lopération afghane et la Russie craint un échec américain qui lobligerait à soccuper du problème avec le seul soutien des puissances régionales.
Introduction
EN 2009, la Russie a commémoré un double anniversaire à limportante portée symbolique celui de linvasion soviétique en Afghanistan en décembre 1979 et du reflux de ce même pays en 1989. Limpact de la débâcle, intimement associée à la décomposition de lempire historique, va également amener à la « tabouisation » de lexpérience afghane. Un terme sera créé pour désigner ce phénomène : le « syndrome afghan » (afganskij sindrom).
Pourtant, il est commun désormais de discuter du « retour » de linfluence russe en Afghanistan. Opéré suite aux développements survenus dans la région depuis 2001, ce dernier sapparente cependant plus à une « réaction » politique de la Russie face à des évolutions qui linterpellent nécessairement. Clairement, quatre clés sous-jacentes expliquent le renouveau de lactivisme russe dans un pays où Moscou possède un passif bien lourd. Ainsi, il semble évident que la politique étrangère russe est conditionnée au sein dune grande Asie centrale [1] par (1.) la politique américaine dans la région, (2.) la politique russe au sein de la CEI, (3.) la persistance de la guerre en Afghanistan et (4.) la croissance du trafic de drogue depuis lAfghanistan. En ce sens, sil est impossible de définir un modèle rigide pour analyser la politique étrangère russe en Asie centrale, qui est souvent affaire de spontanéité voire d« étrange inconstance » [2], il demeure clair que ces quatre facteurs pèsent pour la déterminer alors que lun ou lautre prend plus ou moins dimportance conjoncturellement.
En toile de fond, le cadre des relations russo-américaines demeure toujours un biais fondamental pour appréhender la politique étrangère de Moscou. En effet, les États-Unis restent le « significant other » de la Russie [3]. Avec une part dinertie idéologique, pas totalement absente à Washington également, Moscou continue à voir les États-Unis comme son interlocuteur principal sur la scène internationale, le seul dont la voix compte en toutes circonstances. Pour reprendre cette idée, et peut-être lui donner une coloration nouvelle, il sagit de considérer limage de « démocratie souveraine » que le pouvoir russe a développée ces dernières années pour sauto-décrire. Comme le note D. Trenin, pour Moscou, le seul pays, hormis la Russie, capable de prétendre à un tel titre sont les États-Unis les autres États ne sont ou pas assez démocratiques, ou pas assez souverains [4]. Sur lAfghanistan, de lalliance dans la « guerre contre la terreur » sous G. W. Bush à la politique de reset sous ladministration Obama, Moscou aura opéré un tour à 360° dans sa relation avec les États-Unis au cours de la décennie.
Après avoir posé ces quelques points généraux, il sagit de se tourner vers la stratégie russe en Afghanistan et en Asie centrale qui, à notre sens, présente aussi régionalement certaines des inflexions plus larges de la politique étrangère de la Fédération. Dans la zone, Moscou doit gérer des défis de sécurité traditionnelle, mais aussi de nouveaux problèmes. Il doit construire ses relations avec des États centrasiatiques indépendants, tout en gérant linfluence croissante de nouveaux acteurs régionaux et internationaux ; elle doit mettre en place sa relation avec Washington en comblant lécartèlement entre son inquiétude devant la persistance de la présence militaire américaine et la nécessité de coopérer avec les Etats-Unis pour régler des questions où les intérêts sont convergents. Au cur du dispositif régional, lAfghanistan est le lieu où les défis se cristallisent pour la diplomatie russe.
Moscou et lintervention américaine de 2001
Les attentats du 11 septembre 2001 qui touchent le World Trade Center à New York et le Pentagone à Washington ont bouleversé léquilibre des forces internationales. Dans leur sillage, les États-Unis déclenchent une intervention militaire en Afghanistan alors que rapidement une force de coalition (ISAF) est déployée sous légide de lOTAN. Peut-être plus important encore dans loptique qui nous intéresse ici, Washington demande et obtient loctroi de bases militaires en Asie centrale. A partir du moment où lOccident passe la porte de sa zone dinfluence traditionnelle, la Russie est forcée à réagir, ouvrant ainsi la voie à un jeu dambiguïtés, un jeu de dupes, qui va se poursuivre avec les États-Unis au cours de la décennie.
En septembre 2001, Moscou fait un « choix stratégique », comme les officiels russes aiment à le rappeler [5]. Alors que les États-Unis viennent de subir une crise majeure, la Russie sengage dans la « guerre contre la terreur » et sinsère dans la nouvelle opposition binaire entre « monde civilisé » et « terroristes » que définit ladministration Bush. Président fraîchement en place, Vladimir Poutine annonce donc son soutien à linstallation des États-Unis en Asie centrale, ainsi que la volonté russe de mener une coopération plus large sur lAfghanistan, dans un discours le 24 septembre 2001 [6]. Sans discuter ici du fait quil est loin dêtre évident que Moscou aurait pu sopposer à une telle installation dans une région où les États sont enthousiastes à lidée de placer leurs régimes autoritaires sous garantie américaine, il demeure évident que cette décision tranche avec les inflexions traditionnelles de la diplomatie du Kremlin. Dailleurs, elle est prise contre lavis de la majorité de lÉtat-major militaire russe [7]. Plus généralement, elle témoigne dune reconfiguration de la politique étrangère de Moscou à laube de la décennie Poutine.
Plusieurs facteurs permettent dexpliquer cette prise de position. Dans un cadre régional, la puissance russe est en reconstruction. La Russie a connu une décennie 1990 difficile et apparaît comme une puissance affaiblie, loin dêtre un pôle dattraction économique ou politique pour lancien espace soviétique. Ses initiatives au sein de la CEI peinent à se concrétiser et la décroissance de sa puissance en Asie centrale peut raisonnablement être évoquée alors que Pékin commence déjà à investir la région [8]. Parallèlement, Moscou sest heurté à de multiples problèmes au sein de cette grande Asie centrale, sans toujours pouvoir trouver de réponses adéquates. Parmi ces problèmes, lAfghanistan tient dès les années 1990 un rôle important. Risque sécuritaire pour la zone autour du problème de propagation du terrorisme islamique, pays à la croissance de la production de drogue en constante augmentation et dont lexportation envers lancienne URSS saccroit exponentiellement, seul État à avoir reconnu la république sécessionniste dItchkérie [9], lAfghanistan représente un danger pour la Fédération de Russie. Dès 1998, Moscou, avec dautres puissances régionales, apporte un soutien militaire à lAlliance du Nord, la force dopposition interne aux Talibans [10]. En 1999, Sergei Iastrzhembskiij, conseiller et représentant spécial de V. Poutine, évoque la possibilité de frappes russes préventives contre lAfghanistan [11]. Dans toute la seconde moitié des années 1990, seul, où en coopération avec Washington, Moscou accentue lidée dun péril islamiste afghan. Dans cette perspective, la nouvelle donne de septembre 2001 répond donc aux intérêts objectifs de la Russie, donnant une des clés pour comprendre son appui pragmatique à laventure afghane des États-Unis.
Le soutien russe est également conditionné par des facteurs domestiques. Au-delà du fait que lambition daméliorer les relations russo-américaines représente a priori un objectif pour V. Poutine à laube de son premier mandat présidentiel, la nouvelle donne internationale est aussi un moyen pour le Kremlin dinsérer sa propre « guerre contre le terrorisme » dans le nouveau paradigme international. Dans ce même discours où il annonce létendue du soutien russe sur lAfghanistan, Vladimir Poutine fait le lien avec la Tchétchénie avec la célérité dun homme sûr de son fait. Loccasion est saisie pour proposer la réédition aux insurgés alors quils doivent se définir face au nouveau système dichotomique « monde civilisé » contre « terrorisme » [12]. Dans un cadre domestique, le Kremlin va rapidement tirer avantage de lintervention en Afghanistan la nouvelle donne internationale aura finalement suffit à fortement atténuer, voire à rendre même déplacée, la critique occidentale sur la Tchétchénie. En septembre 2001, par exemple, le Chancelier allemand Gerhard Schröder declare : « Regarding Chechnya, there will be and must be a more differentiated approach in world politic » [13]. Plus généralement, le nouveau paradigme international donne du crédit au discours sécuritaire de la Russie et permet à ladministration Poutine de consolider son pouvoir domestique en réduisant notamment lautonomie des centres de pouvoirs régionaux [14].
Partant dune analyse pragmatique de ses intérêts et montrant aussi une habileté singulière à utiliser la conjoncture internationale à son avantage (même si celle-ci lui est à première vue défavorable), le Kremlin va afficher son soutien à la politique régionale des États-Unis. Pourtant, ce rapprochement est plus affaire de conjoncture que de convergence réelle et une incompréhension fondamentale existe dès le début entre Washington et Moscou. La Russie est daccord pour un deal simple qui lui octroie la « vice-présidence » de la coalition antiterroriste, et donc la prise en compte de ses intérêts internationaux, contre son soutien sur lAfghanistan et le droit pour les États-Unis de disposer dune présence militaire temporaire en Asie centrale [15]. À lopposé, Washington peine à se départir de lidée, finalement pas complètement erronée, que le soutien russe est largement dicté par la faiblesse de Moscou. Dans la période suivante, la relation va logiquement voler en éclats, à mesure que les deux parties vont se retrouver insatisfaites des politiques étrangères réciproques.
Moscou, les États-Unis et lAsie centrale : la fin des illusions ou le jeu des ambiguïtés
Rapidement une première limite est atteinte dans la relation russo-américaine. En 2002, en contrepartie de son soutien sur lAfghanistan, la Russie na obtenu que très peu de concessions sur dautres sujets de première importance pour elle. Lépisode de la guerre irakienne va rapidement sajouter au problème. A partir du moment où les États-Unis de ladministration Bush se lancent dans une nouvelle aventure militaire et détournent ainsi leurs ressources vers un autre théâtre opérationnel, lAfghanistan va être secoué par ce quil est coutume désormais dappeler la « résurgence talibane ». Le renouveau de linstabilité afghane pose un double-problème à Moscou puisquelle reporte tout possible désengagement américain dAsie centrale et fait à nouveau craindre à la Russie dêtre confrontée à un problème de sécurité traditionnel dans la région. En filigrane, lidée est déjà présente que désormais un désengagement américain, même souhaitable pour Moscou, le laisserait régler le problème de lAfghanistan avec le soutien des seules puissances régionales une perspective qui est loin de réjouir les dirigeants russes. Cette dernière appréhension va se renforcer au cours de la décennie jusquà faire envisager à certains analystes russes la possibilité que Moscou sengage militairement en Afghanistan [16].
Le problème de la drogue prend également de limportance dans lagenda régional russe. En Afghanistan, la production est en croissance constante pour finalement dépasser en 2006 le niveau atteint en 1999 [17]. Une large partie des exportations dopiacées soriente vers lAsie centrale et la Russie. Cette « Route du Nord », effectivement une voie de transit vers lEurope, est aussi largement orientée vers le marché de consommation russe alors quen 2008 la Russie a accédé au statut peu enviable de premier pays consommateur dhéroïne au monde avec une consommation de près de 70 tonnes /an, ce qui représente 21% de la consommation mondiale daprès lUNODC [18]. Lintégralité de lhéroïne russe provient de lopium afghan en 2010 [19]. Pour Moscou, le manque de volonté américain pour lutter efficacement contre la production de drogue en Afghanistan, de peur de saliéner les populations locales, constitue un problème que la Russie va commencer à dénoncer de manière virulente et qui va miner les relations bilatérales.
En janvier 2005, la mise en application par les États-Unis dune nouvelle doctrine libérale de « promotion de la démocratie/liberté » comme base de politique étrangère apparaît comme un tournant qui va finir de détériorer les relations [20]. Léclatement des « révolutions colorées » au sein de lespace de la CEI va cristalliser ce nouveau rapport de forces entre les États-Unis et la Russie. La dynamique engagée va amener à un recentrage des régimes centrasiatiques en direction de Moscou alors que Washington na pas compris que le plus important pour les élites autoritaires locales restait la préservation de leur pouvoir domestique.
Ces nouveaux développements font écho aux critiques virulentes de la Russie sur le prolongement de la présence américaine en Asie centrale. Sur ce point, Moscou avait déjà pu bénéficier du soutien précoce de Pékin. Désormais, il est aussi clairement appuyé par les pays centrasiatiques lorsque lOrganisation de Coopération de Shanghai (OCS) organisation régionale encadrée par la relation sino-russe publie un communiqué demandant à lOTAN dannoncer les délais de sa présence (soit de lutilisation des bases militaires) dans la région en juillet 2005 [21]. À la fin de lannée, le départ de la base militaire américaine (Karshi-Khanabad) dOuzbékistan, vu au Kremlin comme une victoire de politique étrangère, constitue un aboutissement logique. Cette stratégie se poursuit par la suite. En 2009, elle sincarne dans laffaire de la base de Manas au moment où Moscou pèse de tout son poids pour faire fermer la base américaine en République kirghize. Laction naboutit pas et Bichkek utilise finalement la pression russe comme un moyen pour augmenter le loyer que paye Washington alors que la base militaire est rebaptisée « centre de transit pour le transport des marchandises ».
À la fin 2003, Moscou avait déjà uvré pour affirmer sa propre puissance militaire en obtenant pour lOrganisation du Traité de Sécurité Collective (OTSC), organisation servant surtout à la projection de la puissance militaire russe, la base de Kant en République kirghize. En Asie centrale, face au prolongement de la présence américaine, le Kremlin va désormais sorienter vers une perception plus traditionnelle de ses intérêts en privilégiant la coopération militaire avec les pays de la zone. Paradoxalement, laccentuation du problème afghan et la nouvelle stratégie Bush auront aussi permis à la Russie de consolider ses positons. En juin 2006, lOuzbékistan, encore, rejoint lOTSC alors quil sétait retiré du Traité de Sécurité collective en 1999. Par la suite, Moscou continue de développer sa présence militaire dans la zone. En 2011, le Kremlin cherche ainsi à se constituer une nouvelle présence militaire au Tadjikistan (aérodrome dAjni) et au Sud de la République kirghize (région dOsh). Des discussions sont actuellement en cours avec les deux pays sur ces questions [22].
Les années 2000 auront incarné la désillusion réciproque entre Moscou et Washington. Les États-Unis ne sont ni intéressés à prendre en compte les intérêts de Moscou en Afghanistan, ni à respecter la primauté revendiquée par la Russie au sein de lespace de la CEI. Pire, du point de vue russe, ils cherchent à lébranler à travers les « révolutions colorés », lextension de lOTAN ou la possible constitution dun système de défense antimissile en Europe. En réaction, la Russie envisage une stratégie pour réaffirmer sa place au sein de lespace postsoviétique et reconfigurer ses relations avec les États indépendants de la zone. Ayant dépassée sa faiblesse économique des années 1990, Moscou dispose aussi de davantage de moyens pour son ambition. À lété 2008, la guerre russo-géorgienne va constituer un nouvel évènement majeur alors que les relations sont désormais simultanément mauvaises avec les États-Unis et lUE.
La nouvelle posture russe est théorisée dans le discours de Vladimir Poutine à Munich en février 2007 [23]. Plus intéressant pour nous, elle passe également par un rééquilibrage des orientations occidentales et orientales de la diplomatie russe [24]. Comme à de nombreuses reprises au cours de son Histoire, cet intérêt de Moscou, même relatif, pour lOrient sinscrit aussi dans la déception russe par rapport à lOccident. À notre sens, le renouveau de lactivisme russe en Afghanistan, où les intérêts avec Washington divergent, est aussi à percevoir sous ce prisme.
Entre Moscou et Kaboul, vers une nouvelle donne à partir de 2008 ?
Les années 2000 ont vu se développer, à mesure que se désagrégeait « lalliance antiterroriste » avec les États-Unis et quétait perçu le renouveau de la puissance russe, de nouvelles prises de positions par les analystes russes sur lAfghanistan. La volonté de voir une Russie plus active, non pas seulement au sein de la CEI, mais également dans des zones où elle possède des intérêts importants, a émergé. En loccurrence, pour gérer les défis que posent le développement de linfluence chinoise en Asie centrale et la présence américaine, lidée est de constituer la Russie comme facteur dintégration en Eurasie et de louvrir finalement vers les mers du Sud [25].
Le regain dintérêt russe pour lAfghanistan est aussi à insérer dans ce cadre. À ce propos, il faut, par contre, toujours se garder de percevoir la prise de décisions au niveau du Kremlin comme un processus monolithique. En effet, de nombreuses agences étatiques sont en concurrence pour définir les priorités de la politique étrangère russe. Sur lAfghanistan, la stratégie se définit largement au croisement des intérêts du Ministère des Affaires Étrangères (MID), de ladministration présidentielle, de lÉtat-major militaire, et finalement des grandes compagnies dÉtat quelles soient énergétiques ou darmements. Actuellement, il semble que le MID pèse le plus dans les choix de politique étrangère en Afghanistan, même si la relation est de plus en plus encadrée par les milieux daffaires [26].
La décennie 2000 a vu la Russie renforcer considérablement ses relations politiques avec le nouveau pouvoir afghan dHamid Karzaï. En novembre-décembre 2001, à la conférence de Bonn, Moscou a facilité la formation dun gouvernement afghan autour du nouveau leader pashtoun. Par la suite, il a graduellement intensifié les contacts bilatéraux qui se sont progressivement intégrés au cadre de lOCS. De manière intéressante, cette nouvelle proximité politique a produit une abondance de déclarations damitiés et de promesses de développer la coopération économique. Du côté russe, le projet politique saccompagne dune réactivation des références historiques pour accentuer les thèmes de la coopération pacifique davant 1979, de labondance des constructions réalisées par lURSS en Afghanistan (le chiffre de 142 projets réalisés est repris de manière systématique) ou encore de lancienneté des relations. Ces thèmes trouvent un écho favorable auprès du Kaboul officiel qui semble prêt à mettre de coté lépisode de la guerre soviétique pour désormais favoriser la coopération avec Moscou. Le 20-21 janvier 2011, sur fond dinstabilité politique en Afghanistan, la visite dHamid Karzaï dans la capitale russe a de nouveau montré lintérêt commun des deux États à accroître leurs contacts politiques [27].
La perspective historique adoptée par les deux parties est aussi intéressante en ce quelle questionne nécessairement la situation actuelle et constitue une critique voilée du manque dengagement perçu de la coalition internationale dans la reconstruction civile en Afghanistan. Dans un certain sens, Moscou tente de se poser en pendant économique de lengagement militaire de lOTAN. Il sagit aussi dune manière de se présenter comme un acteur central pour la reconstruction du pays qui devrait largement passer par la restauration et la modernisation des installations construites au temps de la présence soviétique. Un engagement dans ce secteur augmenterait sensiblement linfluence russe.
Pourtant, malgré ces belles perspectives, la réalité est sensiblement différente et la relation économique peine à mettre en pratique les promesses de la nouvelle proximité politique. Au-delà dune aide humanitaire dont la fourniture se poursuit en 2011, les investissements russes en Afghanistan demeurent modestes. Daprès le MID, les compagnies russes nont investi que 34 millions de dollars en Afghanistan entre 2006 et 2008 [28]. Cet état de fait est officiellement justifié par leur frilosité à sengager dans un pays sensible, que ce soit pour des raisons sécuritaires ou politiques. Par ailleurs, lAsie centrale est plutôt privilégiée car elle demeure une zone mieux connue, appartenant à la sphère dinfluence russe et où les ressources sont vues comme plus prometteuses. Au niveau du commerce bilatéral, la situation est également insatisfaisante avant 2007 les échanges ne décollent pas vraiment et la Russie nest pas un partenaire aussi important que lIran, la Chine, le Pakistan ou lInde pour Kaboul.
À lété 2007, la Russie va accepter de renoncer à 90% de la dette afghane de près de 11 milliards de dollars à lUnion Soviétique, supprimant le facteur central qui bloquait le développement des relations économiques. Il sagit là finalement dun pré-requis minimum, dune nécessité politique, que Moscou doit mettre en place pour interagir avec lAfghanistan dans le présent. Dans le sillage de cette décision, le commerce bilatéral va doubler sur deux ans, passant de 94 à 190 millions de dollars, entre 2006 et 2008 [29]. Lors de son passage récent à Moscou, Hamid Karzaï a chiffré le commerce bilatéral à près de 500 millions de dollars par an [30]. La visite a aussi été loccasion pour les deux parties de signer un accord cadre sur la coopération en matière de commerce et déconomie. Laccent est désormais mis sur la nécessité de développer une coopération pratique, privilégiant la relation économique.
Alors quavant 2007, le seul engagement dimportance de la part de Moscou portait sur la modernisation de la centrale hydroélectrique de Naglu, labolition de la dette a ouvert la voie à dautres projets. En premier lieu, il sagirait ici de la rénovation de lune des constructions emblématiques de la période soviétique le tunnel de Salang pour laquelle une proposition russe est en voie dêtre avalisée par le pouvoir afghan [31]. Un rôle central dans la mise en place de ces nouveaux projets en Afghanistan est joué par le Conseil dAffaires russo-afghan, créé en février 2007. La récente visite dHamid Karzaï a encore une fois donnée loccasion aux deux parties de dynamiser leurs contacts à ce niveau [32]. À moyen terme, cette coopération devrait continuer avec notamment la possibilité pour la Russie de participer à la reconstruction du combinat de construction dhabitations de Kaboul [33].
Cependant, certaines limites persistent. Ainsi, Moscou, malgré un intérêt prononcé pour le secteur, se retrouve pour linstant tenu à lécart de lexploitation du sous-sol afghan. Il nest pas certain que la situation va évoluer rapidement même si une possible participation russe a été discutée lors de la récente visite dHamid Karzaï [34]. Parallèlement, si le commerce bilatéral continue à être en très forte croissance en 2010-2011, il repose principalement sur la vente de matières premières et de produits intermédiaires par la Russie et non sur le transfert de technologies ou lexportation de produits manufacturés [35]. Sur ce point, lors de sa visite, Hamid Karzaï a insisté sur lidée que lAfghanistan était intéressé à voir saccroître les approvisionnements en hydrocarbures depuis la Russie [36]. Il nest pas certain que Moscou souscrive totalement à cette perspective. Cependant, il pourrait accepter si son rôle dans la reconstruction afghane augmente sensiblement.
En Afghanistan, Moscou peut sappuyer actuellement sinon sur un lobby prorusse, du moins sur des groupes russophiles pour relayer son influence. Héritage des élites formées en Union Soviétique, des anciens soutiens du gouvernement communiste de la République Démocratique dAfghanistan ou plus récemment des anciens membres de lalliance du Nord, ces groupes apparaissent plutôt favorables à un engagement accru de la Russie dans le pays. Pourtant, encore une fois, il ne sagit pas ici dun groupe de pression structuré, mais de groupements disparates. Au demeurant, leur influence est aussi contrebalancée par ceux qui ne sont pas prêts à se départir du souvenir de linvasion soviétique et évoquent toujours la possibilité de réclamer à la Russie des réparations de guerre [37].
Nombre de ses groupements sont liés à larmée afghane qui demeure un relais traditionnel de linfluence russe dans le pays. Dailleurs, une part importante de lengagement économique et politique de la Russie est actuellement encadrée par des anciens des relations afghano-soviétiques (notamment des militaires), par le biais, par exemple, de lorganisation « la fraternité de combat » (boevoe bratstvo) qui regroupe les vétérans des conflits menés par Moscou [38]. À un autre niveau, la compagnie étatique dexportation darmes Rossoboronexport possède de nombreux intérêts en Afghanistan et espère sécuriser une place sur le marché local. Sa réussite semble envisageable puisque le pouvoir afghan, pour limiter sa dépendance par rapport aux États-Unis et obtenir des armements plus sophistiqués, témoigne dun intérêt certain pour lidée dun approvisionnement accru depuis la Russie [39].
En avril 2011, les États-Unis et la Russie ont finalement trouvé un accord (qui nest pas encore officiellement signé au 1er mai 2011) pour la fourniture par Moscou de 21 hélicoptères militaires MI-17 à lAfghanistan. En projet depuis lannée précédente, la commande qui devait à lorigine être passée par lOTAN le sera directement par Washington pour une somme approchant les 367 millions de dollars [40]. Il sagit là dun témoignage de la qualité de la nouvelle relation russo-américaine qui prend forme à partir de 2009. Actuellement, Moscou sapprête aussi, à la demande de Washington, à considérablement augmenter son implication dans la formation de la police afghane un accord en ce sens a été conclu lors de la visite dHamid Karzaï à Moscou en janvier 2011 [41]. Par ailleurs, la Russie, qui a déjà fourni près de 200 millions de dollars en armements, formation et assistance militaire à lAfghanistan entre 2002 et 2006 [42], a de nouveau transféré une large quantité darmements à la police afghane début 2011. Ces transferts darmement, un temps gelés, ont repris au moment où les positions entre les États-Unis et la Russie ont commencé à se rapprocher sur la question afghane. Encore une fois, ces deux points sont liés à lintérêt traditionnel de Moscou pour larmée afghane comme relais de son influence en Afghanistan.
Vers un nouveau partenariat russo-américain en Afghanistan ?
Les relations entre la Russie et les États-Unis vont commencer à évoluer avec larrivée à la maison blanche de ladministration Obama et la reconfiguration de la politique américaine en Afghanistan. Du coté russe, le fait important est quenfin sa position sur le besoin de placer la lutte contre le trafic de drogue au cur de la guerre afghane va trouver un écho dans la nouvelle stratégie américaine. Le 6 juillet 2009, une étape est franchie lors de la rencontre entre D. Medvedev et B. Obama qui acte la mise en place par les États-Unis dune politique de réinitialisation, dite de reset, des relations avec Moscou. Plus généralement, le reset a permis de recentrer la relation bilatérale autour de trois idées clés : (1.) empêcher lIran dacquérir la bombe nucléaire, (2.) réanimer les traités de contrôle des armements et (3.) stabiliser lAfghanistan [43].
Cette relance passe par une série de concessions faites à la Russie sur des questions internationales de première importance pour elle. Elle ouvre ainsi la voie à la signature dun accord sur la limitation des armes stratégique entre les deux pays lannée suivante. Par ailleurs, la Russie obtient lassurance de son inclusion dans les discussions sur le système de défense antimissile européen [44]. LAfghanistan est aussi au cur des débats car la Russie accepte de faire transiter des équipements militaires et du personnel par son espace aérien dans le cadre de la mise en place par Washington du Northern Distribution Network (NDN), sensé créer une redondance à la route dapprovisionnement passant par le Pakistan et qui est affectée par dimportants risques sécuritaires. En avril 2011, lISAF a effectué le 1000e vol dapprovisionnement au-dessus de la Russie ce qui représente le transport de plus de 150 000 membres du personnel en direction de lAfghanistan [45].
Dans ce dernier cadre, laccord sur la NDN confirme une avancé importante intervenue lannée précédente. Ainsi, un accord sur le transit terrestre des produits non létaux par la Russie a été obtenu au sommet de lOTAN à Bucarest en avril 2008. Il sagit dun appui important pour lintervention de la coalition alors que daprès les officiels américains, entre le 27 février 2009 (date du début officiel du transit terrestre) et la fin avril 2011, plus de 25 000 containers ont été transportés par cette voie [46]. En décembre 2009, Anders Fogh Rasmussen parle ouvertement détendre le transit terrestre aux produits létaux lors de sa visite à Moscou. Au cur du rapprochement bilatéral entre Moscou et Washington se trouve donc Kaboul. En avril 2010, un officiel américain annonce dans les médias afghans : « Russia has become a vital partner in defeating the Taliban and securing Afghanistan. People often ask me whats new in the « reset » and my short answer is « cooperation on Afghanistan » » [47].
De manière plus pragmatique, la Russie a de toute façon intérêt à simpliquer davantage dans la stratégie américaine, ne serait ce que pour se positionner dans le cadre dun après conflit ou pour se ménager des moyens de pressions sur laction des États-Unis dans la région, en réduisant aussi, par exemple, limportance de la route dapprovisionnement alternative par le Sud Southern Distribution Network-. Des intérêts économiques sont également en jeu pour les compagnies russes, notamment la compagnie dÉtat de chemins de fer et les compagnies de transport par cargos telles Vertical-T, UTAIR et la compagnie russo-ukrainienne Volga-Dniepr, avec la mise en place de ces nouvelles lignes dapprovisionnement vers lAfghanistan [48]. Par ailleurs, il faut garder en considération que ces accords, qui interviennent en parallèle à laffaire de la base de Manas, ne remettent pas en cause la volonté russe de renforcer son rôle en Asie centrale. En ce sens, la tentative avortée pour forcer les États-Unis à quitter la République kirghize peut apparaître comme un autre moyen pour accroître la dépendance de Washington par rapport aux routes dapprovisionnement passant par la Russie, une manière dobtenir un « monopole » ou un droit dexclusivité en somme.
La nouvelle proximité sincarne cependant le plus nettement dans la coopération russo-américaine dans la lutte contre le trafic de drogue en Afghanistan. En 2009-2010, Moscou a clairement dynamisé son action en ce sens alors que Viktor Ivanov, un ancien de lAfghanistan soviétique et un proche de Vladimir Poutine, a pris la tête du Service Fédéral pour le Contrôle de la Drogue (FSKN) en mai 2008. En mars 2010, V. Ivanov est en visite en Afghanistan pour signaler que la perspective russe a changé. Moscou met pour la première fois laccent sur lidée que le pouvoir afghan fait des efforts pour lutter contre la production dopium, linformation est relayée par médias interposés [49]. Au moment où le FSKN annonce laugmentation de son personnel présent en Afghanistan, la visite sintègre également au cadre de la coopération avec les États-Unis avec le partage de données opérationnelles sur la localisation des usines de productions dhéroïne en Afghanistan [50]. Lapogée de la coopération est atteinte en octobre 2010. En préambule du sommet Russie-OTAN de Lisbonne, Washington et Moscou mènent une opération commune, tripartite avec le pouvoir afghan, qui se solde par la destruction de trois laboratoires de production dhéroïne et de morphine en Afghanistan [51].
À la fin 2010, la coopération entre la Russie et Washington a atteint un niveau inimaginable en 2001. Sur lAfghanistan, les avancées sont particulièrement importantes puisque Moscou accepte une extension de laccord sur le transit des marchandises par son territoire terrestre en novembre 2010. En réengageant simultanément Kaboul et Washington, la Russie a multiplié ses options stratégiques dans la région tout en raffermissant sa présence militaire en Asie centrale. À notre sens, limplication de la Russie dans la stratégie afghane des États-Unis a aussi fini de constituer une dépendance réciproque entre les deux pays. Washington a besoin du soutien russe pour donner un nouveau souffle à lopération afghane et la Russie craint un échec américain qui lobligerait à soccuper du problème avec le seul soutien des puissances régionales.
Pour jouer un rôle en Afghanistan, Moscou tente souvent de sappuyer sur les organisations régionales dont elle est membre. Pourtant, sans discuter ici toutes leurs limites, il semble évident quaussi bien la « surréaliste » OTSC [52] que lOCS où les ambigüités entre Moscou et Pékin sont prégnantes, ne pourront servir au mieux que de plateformes de discussions sur la question afghane. En 2010, leur inefficacité patente à gérer les problèmes kirghizes a donné une certaine idée de leur efficacité réelle.
Conclusion
Au cours de la décennie 2000, la position russe sur lAfghanistan est emblématique dune situation où Moscou narrive que difficilement à définir ses priorités. La Russie est beaucoup plus certaine de ce quelle ne veut pas la déstabilisation de lAfghanistan, laugmentation du trafic de drogue, la présence prolongée des États-Unis en Asie centrale que de ce quelle veut. Depuis 2009, la réorientation de la politique russe vers plus de coopération avec les États-Unis dénote une prise de conscience du Kremlin : Moscou doit soutenir la stabilisation de lAfghanistan pour éviter que le pays ne devienne une plaie permanente pour la région. Ce soutien ne remet pas en cause sa volonté daccroître sa présence militaire en Asie centrale et dobtenir, à terme, le départ des États-Unis de la zone. Pourtant, il demeure plus pragmatique que lalliance de courte durée, et fondée sur une incompréhension réciproque, qui a porté la relation russo-américaine au début des années 2000.
La question de la drogue est aussi centrale pour appréhender le réengagement russe en Afghanistan. Il sagit du biais par lequel a été relancée la collaboration avec les Etats-Unis. Désormais il sagit dun vecteur fondamental de la stratégie régionale de Moscou. À notre sens, cette dynamique devrait se poursuivre dans les années à venir alors que labus de drogue représente un problème intérieur de premier plan dans un pays en décroissance démographique tel que la Russie. La récente décision de Moscou daugmenter sa participation financière à lUNODC semble lindiquer [53]. En Asie centrale, le Kremlin, par lintermédiaire aussi du FSKN, continue de faire pression sur la Tadjikistan pour réintroduire des gardes-frontières russes sur la frontière tadjiko-afghane, limite poreuse par où transit les flux de stupéfiants [54]. La volonté russe détablir une base militaire dans le Sud de la République kirghize, véritable plaque tournante de distribution, sinscrit aussi dans cette perspective de tenter de peser au niveau local pour limiter lafflux de drogue vers la Russie.
Les développements de la décennie 2000 auront eu raison du prétendu « syndrome afghan » alors que la diplomatie russe réinvestit un pays dont elle ne peut tout simplement pas se désintéresser. Ce nouveau « choix stratégique » témoigne aussi du fait que finalement les intérêts russes en Afghanistan sont plus importants que ceux de lOTAN ou de Washington. Aujourdhui, la réalité est que de plus en plus la question de lAfghanistan va devenir le problème des puissances régionales [55]. Leur implication dans son règlement ira sans doute grandissante. La chose nest pas seulement vraie pour Moscou, mais également pour Pékin, New Delhi ou Téhéran.
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[1] Le terme est ici utilisé pour inclure lAfghanistan dans lAsie centrale « traditionnelle » formée des cinq anciennes républiques soviétiques : Kazakhstan, République kirghize, Tadjikistan, Turkménistan, Ouzbékistan.
[2] Thomas Gomart utilise le terme dans GOMART, Thomas, « La politique étrangère russe : létrange inconstance », Politique étrangère, Hors-série, La Russie, Enjeux internationaux et intérieurs, Paris, 2007, pp. 51-63.
[3] Le terme est utilisé par Andrei P. Tsygankov qui parle de « significant, powerful Other » pour désigner lOccident dans la vision russe dans TSYGANKOV, Andrei P., « New Challenges for Putins foreign policy », Orbis, Vol. 50, Issue 1, Winter 2006, p. 153.
[4] TRENIN, Dmitri, « Russias Coercive Diplomacy », dans TRENIN, Dmitri, Одиночное Плавание [Solo Voyage], Moscou, Carnegie Endowment for International Peace, 2009 [Janvier 2008], p. 119.
[5] Par exemple en 2003, lexpression est utilisée par le Ministre russe des Affaires Étrangères dans « Стенограмма интервью Министра иностранных дел Российской Федерации И. С. Иванова телекомпании Си-Эн-Эн (International) » [Compte rendu de lentretien du Ministre des Affaires Étrangères de la Fédération de Russie à la compagnie télévisuelle CNN (International)], MID, 26 mars 2003. (http://www.mid.ru/Ns-rsam.nsf/arh/432569D80021825E43256CF700260927).
[6] « Текст выступления Владимира Путина по поводу ситуации в мире после терактов 11 сентября » [Texte de lallocution de Vladimir Poutine sur la situation dans le monde après les attentats du 11 septembre], Kremlin.ru, Moscou, Kremlin, 24 Septembre 2001. (http://archive.kremlin.ru/appears/2001/09/24/0002_type63374type82634_28639.shtml).
[7] KOROTCHENKO, Igor, « Армейское двоевластие, Генералы пытаются скорректировать внешнюю политику Кремля » [La double-pouvoir de larmée, Les généraux tentent de corriger la politique extérieur du Kremlin], Nezavisimaja Gazeta, 6 mars 2002. (http://www.ng.ru/politics/2002-03-06/2_army.html).
[8] Voir KELLNER, Thierry, LOccident de la Chine. Pékin et la nouvelle Asie centrale (1991-2001), Paris, Presses universitaires de France, 2008, xi-622p.
[9] « Талибы признали Чеченскую республику Ичкерия » [Les Talibans ont reconnu la République Tchétchène dItchkérie], Lenta.ru, 16 janvier 2000. (http://lenta.ru/vojna/2000/01/16/taliban/).
[10] Il semble que les fournitures darmes commencent à lété 1998. MAMAEV, Shamsuddin, « Опиум для Омара » [De lOpium pour Omar], Kommersant Vlast, N°39 (390), 3 octobre 2000. (http://www.kommersant.ru/doc.aspx ?DocsID=17772).
[11] MIHAILOV, Andrei, SOKUT, Serguei, GORNOSTAEV, Dmitri, « Талибов достать будет трудно » [Cela va être compliqué datteindre les Talibans], Nezavisimaja Gazeta, 24 mai 2000.
[12] « Текст выступления Владимира Путина по поводу ситуации в мире после терактов 11 сентября », Op. Cit.
[13] ERLANGER, Steven, « A Nation Challenged : The Russians ; Schröder Urges Milder View of Moscow Role in Chechnya », The New York Times, 26 septembre 2001. Le fait est aussi repris par les officiels américains qui mentionnent que la nébuleuse Al-Qaeda a joué un rôle dans lirruption de la rébellion tchétchène. DAO, James, TYLER, Patrick E., « A Nation challenged : The Alliance ; Military Called Just One Element in the War on Terror », The New York Times, 27 septembre 2001.
[14] BAEV, Pavel K., « Instrumentalizing Counterterrorism for Regime Consolidation in Putins Russia », Studies in Conflict & Terrorism, N°27, Oslo, 2004, pp. 337-352.
[15] TRENIN, Dmitri, « Russia Leaves the West », dans TRENIN, Dmitri, Одиночное плавание [Solo Voyage], Moscow, Carnegie Endowment for International Peace, 2009 [Juillet-Août 2006], p. 166. En acceptant de soutenir Washington, lidée est que la Russie garderait une place privilégiée, presque celle dune puissance tutélaire, au sein de la CEI.
[16] « Афганские грабли для Москвы, Россия может втянуться в новую войну » [Un râteau afghan pour Moscou, La Russie peut se retrouver impliquée dans une nouvelle guerre], Nezavisimaja Gazeta, 27 avril 2011.
[17] En 2006, lAfghanistan produit plus de 6 000 tonnes dhéroïne/an ce qui représente lécrasante majorité (plus de 90%) de la production mondiale. United Nations Office on Drugs and Crime, World Drug Report 2010, Vienna, United Nations Publications, 2010, p. 38.
[18] Idem, p. 41, p. 45.
[19] Ibid.
[20] BUMILLER, Elisabeth, STEVENSON W., Richard « Bush, at 2nd Inaugural, Says Spread of Liberty Is the Calling of Our time », The New York Times, 21 janvier 2005.
[21] « Декларация глав государств-членов Шанхайской организации сотрудничества » [Déclaration des chefs des États-membres de lOCS], Sectsco.org, Astana, 5 juillet 2005. (http://www.sectsco.org/RU/show.asp ?id=98).
[22] MUHIN, Vladimir, « Центральноазиатский базовый вопрос » [La question centrasiatique des bases], Nezavisimaja Gazeta, 19 janvier 2011. Lidée dobtenir le départ de la base américaine de République kirghize na pas non plus disparue.
[23] POUTINE, Vladimir, « Выступление и дискуссия на Мюнхенской конференции по вопросам политики безопасности » [Discours et débat à la conférence de Munich concernant les questions de politique de sécurité], Kremlin.ru, 10 février 2007. (http://archive.kremlin.ru/text/appears/2007/02/118097.shtml).
[24] LOSIUKOV, Alexandre, « Азиатский вектор внешней политики России » [Le vecteur asiatiques de la politique extérieure russe], MID, 27 décembre 2007. (http://www.mid.ru/Brp_4.nsf/arh/9F9AB4C732C9809BC32573BE004A0DB0). Cette affirmation est à nuancer alors que beaucoup dobservateurs centrasiatiques considèrent toujours que la priorité de la Russie nest pas lOrient.
[25] Voir par exemple, KRUPNOV, Yuri, BATYRSHIN, Ilnur, Et alii, Путь к миру и согласию в Афганистане определяется позицией, которую займёт Россия [La voie vers la paix et la compréhension en Afghanistan sera décidée par la position que va prendre la Russie], Moscou, Институт демографии, миграции, и регионального развития [Institut de la Démographie, de la Migration et du Développement régional], 2008. Sur ces questions, voir le commentaire de LARUELLE, Marlène, Beyond the Afghan Trauma : Russias Return to Afghanistan, Washington, Jamestown Foundation, Août 2009, p. 32.
[26] KNYAZEV, Alexander A., Entretien personnel, Janvier 2010.
[27] SAVELIEV, Dmitri, « Итоги визита Хамида Карзая в Москву : Время экономической дипломатии » [Bilan de la visite dHamid Karzaï à Moscou : lheure de la diplomatie économique », Afghanistan.ru, 23 janvier 2011. (http://www.afghanistan.ru/doc/19353.html).
[28] « Российско-афганское торгово-экономическое сотрудничество » [La coopération économique et commerciale entre la Russie et lAfghanistan], MID, 27 février 2009. (http://www.mid.ru/Ns-rasia.nsf/arh/432569D80021985F43256B5F00546C61 ?).
[29] « Russia in Figures 2010, Foreign Trade of the Russian Federation with Far Abroad countries », Russian Federal Agency of State Statistics, 2010. Les chiffres varient largement sur le montant du commerce bilatéral suivant les sources, mais toutes saccordent sur le fait quil a très fortement augmenté à partir de 2007.
[30] SAVELIEV, Dmitri, « Итоги визита Хамида Карзая в Москву : [ ] », Op. Cit.
[31] « Афганистан, Сотрудничество с Россией, Общие вопросы » [Afghanistan, Coopération avec la Russie, Questions Générales], MCDS, 31juin 2010. La question devrait se régler sous peu et a été discutée lors de la visite dHamid Karzaï à Moscou en janvier 2011. (http://www.mcds.ru/default.asp ?Mode=Review&ID_L0=6&ID_L1=27&ID_L2=191&ID_L3=1922&ID=&ID_Review=169761).
[32] SAVELIEV, Dmitri, « Итоги визита Хамида Карзая в Москву : [ ] », Op. Cit. Un rôle important pour encadrer les contacts daffaires est également dévolue à la Chambre du Commerce et de lIndustrie de la Fédération de Russie que dirige E. Primakov.
[33] Idem.
[34] « Karzaï to visit Russia later this month », Pajhwok Afghan News, 6 janvier 2011.
[35] « Исламская Республика Афганистан » [La République Islamique dAfghanistan], Ministère russe du Développement Économique et du Commerce, 2009. (http://www.economy.gov.ru:80/wps/wcm/connect/a5ae708040ccb99d9913bf90e96aee3b/IRA_afganistan.doc ?MOD=AJPERES&CACHEID=a5ae708040ccb99d9913bf90e96aee3b&CACHE=NONE).
[36] SAVELIEV, Dmitri, « Итоги визита Хамида Карзая в Москву : [ ] », Op. Cit.
[37] La question revient régulièrement dans les débats au Parlement afghan. En Russie, cela est souvent perçu comme une demande à dissocier du gouvernement Karzaï, favorable à Moscou, et à mettre plutôt en relation avec des groupes dinfluences proches de Washington et de Londres. « Афганские власти выставят России счёт за советскую оккупацию » [Le pouvoir afghan va faire payer la Russie pour loccupation soviétique], GZT.ru, 19 mars 2010. (http://www.gzt.ru/topnews/world/-afganskie-vlasti-trebuyut-ot-rossii-rasplatitjsya-/296948.html).
[38] LARUELLE, Marlène, Beyond the Afghan Trauma [ ], Op. Cit., p. 27.
[39] MACKENZIE, Jean, « Spurned by US, Karzaï eyes Russia », Globalpost, 28 janvier 2009. (http://www.globalpost.com/dispatch/afghanistan/090128/spurned-us-karzai-eyes-russia).
[40] Cette question a été soulevée dès la visite dAnders Fogh Rasmussen à Moscou en décembre 2009. Mais lOTAN na pas pu trouver les fonds nécessaires ce qui a amené Washington à prendre seul le relais dans la négociation. GABUEV, Alexandre, « Российские вертолеты переведут на американский счет » [Les hélicoptères russes seront mis sur lardoise américaine], Kommersant, N°59 (4600), 6 avril 2011. Laccord impliquerait probablement aussi un effort russe dans la formation de pilotes afghans.
[41] KHETAB, Muhammad Hassan, « Russia to equip, train Afghan police », Pajhwok Afghan News, 23 janvier 2011.
[42] « О российко-афганских отношениях (Справочная информация) » [Des relations russo-afghanes (Information de référencement)], MID, Février 2009. (http://www.mid.ru/ns-rasia.nsf/1083b7937ae580ae432569e7004199c2/9258c824737051ca43256d9700331b25).
[43] KUCHINS, Andrew C., SANDERSON, Thomas M., Et Alii, The Northern Distribution Network and Afghanistan, Geopolitical Challenges and Opportunities, Washington D. C., Center for Strategic and International Studies, Janvier 2010, p. 3.
[44] Les dernières négociations sur la question entre Washington et Moscou semblent pourtant peiner à produire des résultats concrets. Il sagit là dun problème qui pourrait impacter à moyen terme sur la relation bilatérale. Voir par exemple, le commentaire dun officiel russe « ЕвроПРО проблемы создания и условия участия в ней России » [Euro Défense Antimissile Les problèmes de sa création et les conditions de la participation russe], Nezavisimaja Gazeta, 25 mars 2011.
[45] JHA, Lalit K., « 1000th ISAF supply mission transits through Russia », Pajhwok Afghan News, 21 avril 2011.
[46] Idem.
[47] JHA, Lalit K., « Russia vital in defeating Taliban : US », Op. Cit.
[48] KUCHINS, Andrew C., SANDERSON, Thomas M., Et alii, Op. Cit., p. 6 qui notent limportance pour les compagnies russes, notamment de cargos aériens, deffectuer des transports pour lOTAN et les États-Unis avec un chiffre daffaire total estimé à près dun milliard/an. Cette coopération na pas été interrompue, à la différence de beaucoup dautres, suite à la crise géorgienne, voir LARUELLE, Marlène, Beyond the Afghan Trauma [ ], Op. Cit., p. 12 et « О российско-афганских отношениях », Op. Cit.
[49] SABIR, Mohammad Fahim, « « Фактор Иванова » : Россия меняет свою афганскую стратегию » [Le « facteur Ivanov » : la Russie change sa stratégie afghane], Afghanistan.ru, 22 mars 2010. (http://www.afghanistan.ru/doc/16894.html).
[50] GRESHNOV, Andreij, « ФСКН РФ увеличит штат своего представительства в Афганистане Иванов » [FSKN FR va augmenter sa représentation en Afghanistan Ivanov], RIA Novosti, 16 mars 2010.
[51] « РФ и США провели совместную антинаркотическую операцию » [La Fédération de Russie et les États-Unis mènent une opération antidrogue commune], Nezavisimaja Gazeta, 29 octobre 2010. Dautres sources parlent ensuite de quatre laboratoires.
[52] Le terme est utilisé dans BAEV, Pavel K., « Виртуальная Геополитика Центральной Азии » [La géopolitique virtuelle de lAsie centrale], Индекс Безопасности [Security Index], N°1 (84), Vol. 14, Moscou, 2008, p. 85.
[53] « Russian Federation pledges more than US$ 7 million to UNODC », UNODC, 18 janvier 2011. (http://www.unodc.org/unodc/en/press/releases/2011/January/russian-federation-pledges-more-thanseven-million-dollars-to-unodc.html).
[54] En 2005, les gardes-frontières russes ont quitté la frontière tadjiko-afghane alors que la présence militaire russe sest reconfigurée dans un autre cadre au Tadjikistan. La question dun retour est revenue encore très récemment à lavant-scène sans quune demande en ce sens ne soit clairement formulée par le pouvoir russe. Pour linstant, Douchanbé est loin dêtre enthousiaste à cette idée. « Таджикистан способен самостоятельно обеспечить охрану своих границ » [Le Tadjikistan est capable dassurer seul la sécurité de ses frontières], Nezavisimaja Gazeta, 16 mars 2011.
[55] Dans cette perspective, la récente mort dOussama Ben Landen a officiellement été accueillie avec enthousiasme par le pouvoir russe qui a une fois de plus fait le lien avec le terrorisme en Tchétchénie dans « В Кремле приветствуют серьёзный успех США, достигнутый в борьбе с международным терроризмом » [Au Kremlin, on se réjouit de limportante réussite des Etats-Unis, obtenue dans la lutte contre le terrorisme international], Kremlin.ru, 2 mai 2011. (http://www.kremlin.ru/news/11124). Par contre, il reste à voir jusquà quel point celle-ci va influer sur le calendrier du retrait américain dAfghanistan, ou même laccélérer. Si tel est le cas, il est possible que Moscou, comme dautres puissances régionales, soit forcé de devoir davantage coopérer avec Washington à la stabilisation de lAfghanistan. Cette idée recoupe aussi le point de vue selon lequel le retrait américain est en même temps craint et souhaité par Moscou.
Arrou Mia
08/05/2011
@Christian Merlinki
On peut lire ici et là que c’est l’armée US qui se charge de sécuriser le trafic de la blanche non seulement vers la Russie mais aussi vers l’Iran qui subit lui aussi cette autre forme de la guerre US.
Alors , la lutte convergente contre ce véritable fléau qui n’épargne pas non plus le Pakistan est une douce inversion du langage. Les labos afghans seraient aussi tenus par les boys.
Arrou Mia
11/05/2011
La Matière n’existe pas ?
Mais l’humain, depuis qu’il est prolétarisé -ie qu’il a perdu la possibilité de vivre sa vie nue et simplement biologique de façon autonome et qu’il est contraint de passer par le salariat pour persister, sait qu’il doit s’aliéner pour assurer sa subsistance matérielle.
Les migrants qui perdent leur vie espérant la gagner dans les fonds de la pas sibleur Méditerranée en témoignent. La déstructuration intentionnelle de leur mode matériel antérieur sest associée avec la superstructure idéelle associée dabord à coups de canon puis dimages, canal pub.
Le bien suprême : largent.
Bientôt dématérialisé car financiarisé, plus en lien avec aucune matière.
LArgent : le centre avoué-inavoué, figure abstraite de toute relation sociale.
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