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Article : “Patriotisme économique”, – le temps des ruptures, y compris à Washington

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Contrastes

Ni ANDO

  25/11/2008

Ces tentations protectionnistes sont loin de constituer une solution compte tenu de la dépendance actuelle des Etats-Unis aux produits importés et surtout aux capitaux importés (entre 2 et 3 milliards de dollars par jour pour équilibrer la balance des paiements). Elles font plutôt penser au boxeur acculé dans un coin de son ring et qui cherche désespérément une solution à son désastre. Quel contraste avec la situation économique russe.  Economie russe dont le degré d’ouverture est l’un des plus élevés du monde et qui n’a pas l’air de vouloir jouer la carte du protectionnisme (plutôt celle du rouble faible, ce qui comme en 1998 fera le jeu des producteurs nationaux…).

« La communauté russe des affaires optimiste ».

Selon une étude conduite par PricewaterhouseCoopers (PwC) et l’Association des Chefs d’Entreprise Russes, la communauté russe des affaires considère que la crise en Russie sera de courte durée. 87% des “top managers” envisagent une croissance de leurs profits pour les trois prochaines années, 47% veulent se développer sur leurs marchés tandis que 71% vont asseoir leur développement sur leurs propres fonds propres.
“Les chefs d’entreprises russes ont de bonnes raisons d’être optimistes. Nos entreprises ne s’appuient pas sur l’emprunt aussi lourdement que le font les entreprises occidentales. Nos chefs d’entreprise ont pris l’habitude de compter seulement sur leurs propres forces” selon Nikolai Ostarkov, président de Delovaya Rossiya.

http://www.rbcnews.com/komment/komment.shtml

Bien que trop facilement assimilée, en pire, à la situation occidentale, la situation économique russe n’a, en fait, rien à voir. La situation est en réalité contraire. Elle est infiniment plus saine que celle des Etats-Unis ou que celle d’une bonne partie de l’Europe occidentale. Le marché russe est structurellement orienté à la hausse. Les marchés occidentaux sont structurellement orientés soit à la baisse (voire la dépression) soit à la stagnation.

Le marché russe est en phase de rattrapage depuis 2000, rattrapage qui va lui donner de la croissance pour au moins les 20 ans qui viennent. Les besoins sont considérables dans tous les domaines et les Russes ont la ferme intention de les combler. Ce marché profondément solvable (le niveau d’endettement des particuliers est insignifiant) est exploité par des entreprises russes non endettées (le système bancaire russe bien qu’en plein développement rechigne à vraiment ouvrir les vannes du crédit). Les emprunts se font, lorsqu’ils sont conséquents, auprès de créditeurs étrangers qui s’appuient de facto sur la solvabilité de l’Etat russe pour décider de les attribuer (l’échéance de 74 milliards de dollars de oct./nov. a en partie été honorée par l’Etat). Etat russe dont l’endettement public étranger est négligeable (15% du PIB), qui vit sur des budgets votés et réalisés en excédents (et pour cause), qui dispose des troisièmes réserves mondiales de devises et d’or. La situation démographique se stabilise avec le tassement des décès et un réveil de la natalité, le tout appuyé par une politique migratoire plus accommodante (400.000 naturalisations sur les 12 derniers mois dont beaucoup d’Ukrainiens et de Biélorusses). Quand à la dépendance aux cours du pétrole, elle s’érode d’année en année. S’agissant de la baisse brutale des cours du pétrole toutes les études (la dernière celle de l’AIEA) montrent qu’il s’agit d’un phénomène transitoire et superficiel et que la tendance de longue durée est de l’ordre de 200 $ le baril en dollar courant et de 120 le baril en dollar constant. Cette dépendance est d’ailleurs une illusion. Un rapport de la Banque Mondiale établissait il y a déjà 10 ans que si la Russie se décidait, un jour, à exploiter ses gigantesques massifs forestiers avec la même rationalité que les Suédois et les Finlandais les ressources que l’Etat en tirerait suffiraient à se substituer aux taxes imposées aux pétroliers exportateurs. Mais en Russie, on va souvent au plus facile…