jc
21/11/2017
Je prends votre e-papier comme une réponse à un question mal posée par moi (cf. "La Russie demeure le soutien naturel des peuples libres"). Question qui aurait dû être formulée: "Que pensez-vous de la façon dont Thom juge le marxisme"?
A propos du caractère sacré.
D'où vient le fait que certains animaux défendent farouchement (éventuellement jusqu'à ce que mort s'en suive) leur territoire?
D'où vient le fait que certains animaux lancent des cris d'alerte à leurs congénères au risque de se faire remarquer par le prédateur avec les conséquences que l'on imagine?
D'où vient le fait que la femelle défende en général, parfois très farouchement, sa fraîche progéniture?
D'où vient "l'amour de ses racines" qui conduit certains animaux (tels les saumons et les anguilles) à venir se reproduire puis mourir sur leur lieu de naissance après s'être éloigné de ces lieux de distances et de durées parfois considérables?
D'où vient cette attitude, repérée par Philippe Grasset, du "poilu" de Verdun?
Dans l'un de ses dialogues avec Jean-Paul Baquiast sur ce site ("Le grain de sable divin"), Philippe Grasset écrit: "Le darwinisme me semble ainsi complètement acceptable dans cette place que je lui accorde d’intuition (quoiqu’avec l’une ou l’autre réserve, dont celle-ci que je cite de seconde main et qui me paraît capitale justement pour le cas signalé ici, – d’après Georges Steiner dans Les Logocrates : «Il est intéressant de signaler que Thomas Huxley, vers la fin de sa carrière, en arriva à la conclusion que le darwinisme n’avait offert aucune explication plausible des origines du phénomène du langage»). Par conséquent, je suis (au sens de “suivre”) le darwiniste que vous êtes, mais avec des réserves importantes qui concernent justement le fond de notre débat."
Je ne suis pas du tout convaincu que le darwinisme offre une explication plausible (autre que quasi-tautologique pour certaines questions) des origines des phénomènes précités. Selon moi nous sommes, là aussi, "au fond du débat".
jc
23/11/2017
Le peuple opposé à l'élite, le populisme à l'élitisme.
Si l'on accepte les idées de Thom ("Les situations dynamiques régissant les phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l'évolution de l'homme et des sociétés"), alors on peut oser des analogies entre corps humain et corps social.
Thom est doublement lamarckien: d'une part pour lui la fonction crée l'organe, d'autre part il y a possibilité de transmission des caractères acquis.
La non-possibilité d'action du soma sur le germen est le dogme central de la théorie synthétique de l'évolution alias néo-darwinisme: la barrière de Weismann. Ce dogme est en train de voler en éclat (cf. Edith Heard), même chez les embryologistes darwiniens (cf. les dialogues JP Baquiast-JJ Kupiec).
Qu'en est-il en sociologie? Par analogie soma-peuple/germen-élite, le comportement du poilu à Verdun (selon Philippe Grasset) n'est-il pas un véritable comportement démocratique, une réaction non pas d'individus, mais d'une collectivité qui, du plus profond d'elle-même en tant que collectivité, s'est sacrifiée en privilégiant la survie de l'espèce à la survie individuelle en un révolte du vitalisme contre le mécanisme.
Il est clair pour moi que ce type de démocratie est en opposition frontale avec la thermocratie, la démocratie-simulacre si bien décrite et dénoncée par Gilles Châtelet.
Vox populi, vox dei?
Selon moi nous sommes au coeur du problème.
jc
23/11/2017
En mathématique l'énoncé est en puissance, c'est la démonstration qui l'actualise (Aristote Met IX, 9.4). L'idée première de puissance a pour but son actualisation (Met IX,8.3).
Grothendieck: "J'étais le seul à avoir le souffle; mes élèves n'étaient que des tâcherons." (Extrait -de mémoire- de "Récoltes et semailles")
Thom: "C'est dans l'intuition que réside l'ultima ratio de notre foi en la réalité d'un théorème -un théorème étant avant tout, selon une étymologie aujourd'hui bien oubliée, l'objet d'une vision."
Souffle, intuition.
Thom et Grothendieck se fichaient pas mal du but. Grothendieck a laissé ça à ses élèves. Thom, qui n'a pas voulu d'élève, a laissé ça à qui a bien voulu s'y intéresser.
Ce qui intéressait ces penseurs d'exception c'était de remonter aux sources de l'intelligibilité du monde. Puissance du souffle et hauteur de l'intuition.
Remonter à la source, comme les saumons.
jc
24/11/2017
Pour Aristote la matière et la puissance existent en vue de la forme et de l'acte respectivement.
Je sens confusément (Rantanplan) un rapport entre les rapports matière/forme et puissance/acte. A contre courant, comme le saumon, Philippe Grasset, comme René Thom et Alexandre Grothendieck, a choisi de privilégier la puissance par rapport à l'acte. La puissance de l'esprit? Et donc la matière par rapport à la forme? La matière grise?
A la fin de sa vie la femelle saumon tente de remonter le fleuve jusqu'à la source qui l'a vue naître pour y déposer ses oeufs avant de mourir: "Dans cette lutte prodigieuse entre la matière rétive et la volonté créatrice."
http://strangepaths.com/forum/viewtopic.php?t=41
Peut-être est-ce le destin de Philippe Grasset de tenter de remonter à la source de la connaissance pour 'y déposer "La Grâce de l'Histoire?
PS: En fond audiovisuel je suis un documentaire (Arte) sur les secrets du Parthénon. Sur le mode "Temps des cathédrales".
https://www.youtube.com/watch?v=bH1s8PcDBEM
Maintenant les choses sérieuses. Aujourd'hui: Black Friday!
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