Christian Feugnet
22/08/2018
Aujourd'hui en gros et pas qu'en occident , nous sommes tous en situation ( comme les Anciens par statut social ) par rapport au réel en non gravité . Nous avons gagné en spiritualisme , pas pour autant en spiritualité qui ne consiste pas à ignorer la gravité , pas plus qu'une fusée avec ses gros moteurs . Saints et saddous pratiquenr une ascése .
Psychologiquement , nous oublions la disctinction sensation/perception selon lequel le réel n'est pas "spontané" , naturel, mais formaté . Notre condition sociale la veut , cette abscence de "métaphysique" .
Dans tous les cas , il ne peut s'agir d'un retour à . Concretement les Anciens , pratiquaient un enseignement "ésotérique" , c'est à dire , du corps . Mais n'étaient pas pour autant des gymnosophistes ...
Et il n'est pas Eternel non plus , du coup . Les mots ne désignent pas les mémes choses , sauf convenus .
Qui supporterai , aujourd 'hui une opération sans anhéstesique ?
Alastair Crooke ?
Didier Favre
22/08/2018
De la lecture de ce texte, je garde une interprétation incroyablement simple et juste de la crise qui touche le monde occidental laïc ainsi que les religions catholiques et musulmanes. Dans ces trois cas, un homme nouveau a été inventé et une lutte féroce a été menée pour imposer cette nouveauté. Les catholiques ont perdu cette guerre à partir de la Réforme protestante, un peu après l’interdiction de toute production théologique par les laïcs. Les laïcs athées et les Protestants ont repris le flambeau mais chaque essai de création de cet homme nouveau a mal fini. Je trouve leur nombre désespérément grand. Leurs morts est énorme. L’Islam dans ses différentes écoles se comprend aussi comme une telle création par la soumission des individus à l’allah du coran qui promet à travers son prophète la venue d’un monde parfait. J’en retire que toutes les constructions mentales, aussi généreuses que rationnelles et vaines ont abouti à des certitudes individuelles permettant à leurs adeptes de diviser le monde en celui de la paix (le leur) et celui de la guerre (celui des non croyants). La guerre qui s’ensuit est totale q éue ce soit au niveau des idées que des armes.
Il en devient légitime de massacrer les opposants, de les opprimer de toutes les façons possibles pour les convertir de force. Vu que la théorie est posée juste, tout échec ne peut que venir d’ennemis de l’intérieur qui ont pollué le « Message » par leurs mauvaises pensées ou leurs mauvaises actions. Vous vous retrouvez en opposant à la seconde où vous voulez simplement survivre aux conséquences ineptes de ces théories. Vu leur nature humaine, elles en ont toutes. Toutes les horreurs deviennent des biens et inversement.
La liberté est la soumission au « Message ». La paix est la guerre à tout ce qui sort du « Message ». Le savoir est l’ignorance de tout ce qui sort du « Message ». Le bien est absolument tout ce qui sert à propager le « Message ». Chaque humain est posé comme adepte du « Message » quelle que soit son opinion. S’il refuse le « Message » c’est qu’il ne l’a pas compris ou qu’il lui a été mal expliqué. Cela me rappelle furieusement plus d’une information qui se range aisément dans un « Message » que je dois adopter ou gare à moi.
Je rejoins Grasset et Crooke dans leur compréhension de la situation.
jc
23/08/2018
Quelques commentaires.
1. Globalisme
Les temps changent.
D'abord en Russie. Lénine: "Je crache sur la Russie". Eltsine (passant le pouvoir à Poutine): " Prends soin de la Russie".
Maintenant au tour des USA? Les globalistes (Obama, Soros, Clinton, etc.) opposés aux "America first".
L'effondrement de l'URSS a été une implosion vers son "âme", la Russie. Trente ans plus tard il semble qu'elle commencer à se redéployer.
Je vois l'effondrement en cours des USA comme une explosion d'une illusoire communauté d'intérêt, c'est-à-dire RIEN. Car une communauté d'intérêts ne fait pas une société.
2. L'homme universel et cosmopolite.
Selon moi la coupure ne s'est faite ni à l'époque socratique* ni comme Crooke l'indique. Elle s'est faite à la Renaissance avec la querelle des universaux: l'homme universel et cosmopolite dont parle Crooke pointe déjà dans l'homme nominaliste, l'homme sans qualité ni gravité qui se précise avec le darwinisme et qui annonce le terrible diktat thatchérien "La société n'existe pas": TINA.
3. Impulsions psychiques extrêmement puissantes.
Je crois qu'il s'agit seulement d'une élite auto-proclamée qui a cru pouvoir écrire l'histoire à sa guise (nominaliste un jour, nominaliste toujours) -et bien entendu à ce qu'elle croit être son profit. Mais l'histoire ne s'écrit pas ainsi. (Dit à la PhG l'élite des salonnards auto-proclamés se divise en élite des salopards et l'élite des sales connards (se décline au féminin -Margaret-, avec cumul possible -Soros).
L'éducation joue un rôle essentiel dans ce qui nous arrive: au lieu de former les esprits à penser par soi-même, cette pseudo-élite impose aux esprits de ne pas penser par eux-mêmes. La formation est devenue formatage: 1. Lavage de cerveau. 2. Remplissage. 3. Séchage**. Exemple typique: le néo-darwinisme, petit chéri du Système (car pilier dudit Système). L'option nominaliste joue bien entendu un rôle essentiel dans ce formatage.
Mais l'histoire ne s'écrit pas ainsi, elle a ses propres lois, ce n'est pas une "narrative".
Steiner ou Maistre disait que toute dégradation politique était précédée d'une dégradation proportionnelle du langage.
Steiner(?): ""Nous ne sommes pas maîtres de la maison du langage."
Thom: "Je suis convaincu que le langage, ce dépositaire du savoir ancestral de notre espèce, contient dans sa structure les clés de l'éternelle structure de l'Être."
Le langage n'est pas pure rhétorique, ce n'est pas de la bouillie pour chats.
*: sauf pour ceux qui considèrent qu'Aristote est nominaliste…
**: Répétez mille fois un mensonge, cela devient une vérité (Goebbels?)
jc
24/08/2018
Crooke: " les bolcheviks trotskistes ont assassiné des millions de personnes au nom de la réforme de l'humanité par l'empirisme scientifique ; les nazis ont fait de même, au nom de la poursuite du “racisme scientifique (darwinien)”.
Je crois qu'on (que le "on" soit un individu, une société, une civilisation, etc.) ne peut se construire ex-nihilo: l'autre est nécessaire (et sans doute -c'est-à-dire avec!- ultimement l'Autre?). Je crois que la Russie s'est reconstruite sur les ruines de l'URSS en partie en s'opposant aux USA (après la calamiteuse période Eltsine) et en réfléchissant sur les causes de son propre effondrement. Et elle a, plus ou moins consciemment, opposé une nouvelle forme de communisme à l'individualisme forcené du bloc BAO (Thatcher: "La société n'existe pas"), néo-communisme qui a peut-être repris une forme plus traditionnelle (l'âme russe…), voire confessionnelle (communisme et communion ont même racine).
En sciences la tragédie-bouffe (quasiment au sens propre!) de l'affaire Lyssenko montre qu'il y avait vraisemblablement en URSS sous Staline un puissant courant de pensée favorable aux idées de Lamarck*, idées quasi**-diamétralement opposées à celles des néo-darwiniens*** du camp d'en face.
Actuellement le Système se cramponne au néo-darwinisme sociétal (concurrence libre et non faussée, etc.) alors qu'en biologie les dogmes néo-darwiniens commencent à se fissurer, la distinction génétique/épigénétique**** se précisant. J'ai lu que la tradition lamarckienne était toujours vivace en Russie alors que s'afficher lamarckien dans le bloc BAO -ce qu'a fait Thom- déclenche immanquablement les aboiements furieux des chiens de garde du Système (ou leur silence le plus complet dans le cas de Thom…). (Je me demande à ce propos si la gauche laïque (française entre autres) -que j'imagine entièrement acquise au néo-darwinisme puisque le hasard des mutations et la pression sélective y ont remplacé Dieu pour expliquer l'évolution des espèces- a réalisé ce que signifiait le refus du lamarckisme.)
Le logocrate PhG n'est pas darwinien. Il le dit nettement à Jean-Pierre Baquiast (qui, lui, l'est) au cours de leurs dialogues (cf. "Le grain de sable divin"). Pour JPB l'évolution n'est qu'une histoire alors que pour PhG ce n'est pas qu'une histoire, car pour lui, il y a distinction entre l'histoire et l'Histoire, comme il y a distinction entre l'épigénétique et le génétique. (Je me mets à la place de JPB et de PhG avec une prétentieuse assurance…)
Thom:
"On ne pourra que s'étonner -dans un futur pas tellement lointain- de l'étonnant dogmatisme avec lequel on a repoussé toute possibilité d'action du soma sur le germen, tout mécanisme lamarckien." (ES p.126)
"Dans les sociétés c'est la fonction qui crée l'organe, ça ne fait aucun doute. Et je crois que c'est également vrai en biologie." (Film de Godard sur Thom 39'45)
*: L'idée de la possibilité de transmission des caractères acquis (possibilité d'action du soma sur le germen) renvoie immédiatement à l'idée communiste de la possibilité d'action du peuple sur son élite.
**: Darwin avait bien compris l'intérêt de l'idée de Lamarck pour l'adaptabilité des espèces: pour preuve sa théorie des gemmules.
***: J'imagine très bien Hitler accueillir avec enthousiasme l'idée élitiste de la barrière de Weismann (élite aryenne, culte du chef, etc.)
****: Thom: "La causalité matérielle est génétique, la causalité efficiente est épigénétique. Si on n'a pas fait cette distinction je crois qu'on ne comprend rien à la distinction génétique-épigénétique."
jc
24/08/2018
Crooke: "... aujourd’hui, nous avons une vague de cet inépuisable “autre chose” sortant des profondeurs de la psyché humaine pour se précipiter sur les roches de la certitude de soi des Lumières."
Avant la coupure galiléenne, on croyait que les planètes étaient poussées par des anges, manière poétique de traduire ce fait "sortant des profondeurs de la psyché humaine" qu'il y avait une certaine forme de vitalisme dans la nature. Puis il y eut la Mécanique newtonnienne, la Physique et la Thermodynamique modernes, le darwinisme, théories qui soit postulent explicitement l'imbécillité de la matière -précisément de ce que PhG nomme la Matière- soit postulent une forme extrêmement fruste d'intelligence (le darwinisme).
Il est clair pour moi depuis un certain temps que la nature est vivante et pas du tout imbécile. Et il est non moins clair pour moi que c'est cette foi en une nature vivante, en une matière vivante, qui sera le centre organisateur de la civilisation qui va émerger derrière celle qui est en train de s'effondrer*.
C'est autour de ce nouveau paradigme qu'il faut évidemment examiner l'actuel**. Car les limitations empiriste et positiviste que le Système scientiste s'est imposé et nous a imposé interdit de l'examiner dans l'autre sens. Le saut métaphysique est indispensable***.
Thom: "La synthèse ainsi entrevue des pensées "vitaliste" et "mécaniste" n'ira pas sans un profond remaniement de nos conceptions du monde inanimé. On use sans trop de scrupules en Biologie (et surtout en Biologie moléculaire!) de vocables anthropomorphes tels que: information, code, message, programme… En pure Physico-Chimie l'usage de ces vocables serait considéré comme la manifestation d'un anthropomorphisme délirant." ("Une théorie dynamique de la morphogénèse", MMM)
Daniel Rops: "Dans cette lutte prodigieuse entre la matière rétive et la volonté créatrice."
Les Lumières ont occulté le platonisme. L'opposition aristotélicienne matière-forme n'a pas fini de le réinterroger.
*: avec, j'espère, les connarderies de l'intelligence artificielle…
**: Selon moi la physique statistique (voire la thermodynamique classique), les notions d'entropie (thermodynamique et informationnelle), etc. doivent être repensées dans ce cadre.
***: Thom: "Seule une métaphysique réaliste peut redonner un sens au monde."
jc
25/08/2018
PhG: "... qui émerge des profondeurs de notre psychisme ..."
Selon Thom nous avons deux cerveaux*. L'un prédateur situé près de la bouche, l'autre proie situé le long de la moëlle épinière. (Pour moi -sur le divan- un cerveau yang, solaire, en pleine lumière, et un cerveau yin, lunaire, caché, sacré, localisé près du sacrum et des vertèbres sacrées.)
Typiquement le cerveau prédateur d'un oiseau verra un ver (proie naturelle de l'oiseau), alors que son cerveau proie verra un serpent (prédateur naturel de l'oiseau). Ver ou serpent? Conflit entre les deux cerveaux. Décision. Alea jacta est.
Le cerveau prédateur est darwinien orthodoxe, "struggle for life", alors que le cerveau proie est, lui, darwinien hétérodoxe, "lutte contre la mort". L'idéologie du Système encourage les darwiniens orthodoxes et promeut une élite de ce type (typiquement Trump) et nie l'existence même du darwinisme hétérodoxe (sans doute parce qu'il ne la soupçonne même pas).
Thom: "Un darwinien orthodoxe dira que seuls survivent les systèmes pour lesquels cette** adaptation est suffisamment réalisée… Mais chez les animaux supérieurs, nous savons parfaitement qu'il y a apprentissage par l'affectivité: les choix malheureux conduisent à la douleur, les choix heureux au bien-être. A la sélection par la mort a succédé la sélection par l'affectivité. L'affectivité peut donc être vue comme une rétroaction du flux final ramifié sur la dynamique de commande des pré-programmes. Et je n'ai jamais compris pourquoi ces effets de rétroaction ne pourraient être transmis héréditairement (au niveau des modes de stimulation du génome, sinon sur la composition de l'ADN lui-même), ce que nie la biologie moléculaire classique***." (AL p.159)
Je vois se dessiner une nette ligne de clivage entre Système et anti-Système. D'un côté le mécanisme, cerveau-prédateur=ordinateur, intelligence artificielle, humain=robot, pas de cerveau-proie. De l'autre le vitalisme, avec deux cerveaux, l'un prédateur, l'autre proie, qui communiquent entre eux.
Thom: "La synthèse ainsi entrevue des pensées "vitaliste" et "mécaniste" n'ira pas sans un profond remaniement de nos conceptions du monde inanimé." ("Une théorie dynamique de la morphogénèse", MMM p.270)
*: Thom: "On devrait en principe avoir deux systèmes nerveux distincts: l'un prédateur, chargé d'attirer et de capturer les proies, l'autre proie fictive, chargé d'éviter ou de repousser les prédateurs éventuels. Ces systèmes existent sûrement chez tout animal: à côté de l'âme appétive, il y a l'âme sensible. Mais la grande découverte des vertébrés est d'avoir créé un cerveau-proie tout au long du corps, selon l'axe céphalo-caudal, la moëlle épinière. Le cerveau-prédateur, lui, solidaire de la bouche, est localisé dans le cerveau."
**: Il faut lire l'article entier ("La notion de programme en biologie") pour avoir une idée de ce à quoi renvoie ce "cette".
***: On notera le caractère ostensiblement lamarckien de cette dernière phrase.
Ni Ando
29/08/2018
“Et puis une révolution est effectivement survenue. Pas du tout celle qu’on attendait et même à l’opposé de celle qu’on attendait. On croyait pouvoir la faire. Elle nous a pris par surprise. Nous ne l’avons même pas vue se produire car il s’est agi d’une révolution silencieuse, d’une révolution invisible, d’une révolution sans nom ni visage, sans acteur manifeste pour la porter du type de ceux qu’on avait cru pouvoir identifier dans le passé. Mais une révolution quand même puisqu’elle nous a fait changer de monde sur tous les plans. Cette révolution qui se déclare dans la seconde moitié des années 1970, consécutivement au choc pétrolier de la fin 1973 qui aura joué comme son déclencheur, cette révolution qui se répand par des vagues désormais bien identifiées avec la mondialisation libérale est tout à la fois une révolution industrielle, une révolution technologique, une révolution culturelle, une révolution sociale. Nous en parlons tous les jours. Financiarisation du capitalisme, entrée dans l’ère numérique, individualisation des sociétés, postmodernisme culturel. Ces ingrédients nous sont familiers. Mais c’est une révolution de l’échappée de l’histoire à notre prise, une révolution de l’échappée du cours de l’histoire à la maîtrise réfléchie des acteurs.
Au rebours de ce qu’était la marche antérieure de nos sociétés qui paraissait nous promettre les instruments d’une histoire davantage voulue en conscience et maîtrisée, cette révolution nous a jetés dans une histoire subie à laquelle nous contribuons malgré nous, nous ne pouvons pas ne pas y contribuer, mais dont le cours nous échappe et dont il est vain d’espérer détecter la direction. Aussi bien d’ailleurs que de lui assigner un quelconque aboutissement. Nous avons beau savoir que nous faisons cette histoire, l’expérience que nous en avons au quotidien ne nous laisse plus espérer que nous pourrions savoir ce que nous en faisons. Elle est un produit de notre action qui se soustrait à notre réflexion. En profondeur, elle cesse d’être même d’être vécue comme une Histoire en mesure de relier un passé intelligible avec un avenir plausible. Il ne reste plus qu’un chaos d’interactions obscures, sans passé auquel les relier ni futur identifiable qui pourrait en surgir. C’est de cet effacement, remarquons-le au passage, que naît le règne du présent. S’il n’y a plus ni passé auquel référer les actions au présent ou futur identifiable à partir de ces actions au présent, il ne reste effectivement que le présent. C’est cela le noyau du présentisme contemporain. L’idée d’Histoire comme référent collectif par rapport auquel se situer s’est évanouie. Et je crois qu’il ne faut pas aller chercher ailleurs le secret du brouillage des identités politiques.”
Marcel Gauchet, Qui sont les acteurs de l’histoire ?, conférence au 17e Rendez-vous de l’Histoire, Blois, 10 octobre 2014
https://institut-iliade.com/abecedaire-europeen/lettre-r/
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