jc
10/12/2018
PhG: "mais elle (Léa) fait partie des “élites parisiennes” dont Todd dit par ailleurs qu’elles sont caractérisées par « un processus de fermeture mentale »
1. Quand j'ai commencé à essayer de penser yin-yang, j'ai, au flair, immédiatement classé yin la puissance, la matière, l'ouvert des topologues -entre autres- et yang l'acte, la forme, le fermé des topologues. Politiquement je classe yin la légitimité et yang la légalité. Pour moi, en toutes choses et en particulier en politique, il faut bien réfléchir avant de "passer à l'acte". Autrement dit il faut toujours "garder du yin, de la puissance" jusqu'au moment où -alea jacta est- on passe à l'acte*. En légiférant par ordonnance Macron s'est coupé de toute marge de manoeuvre en "passant à l'acte" avec trop d'assurance. D'une certaine façon, avoir l'inconnaissance-attitude c'est "garder du yin dans sa manche" -alias "en garder sous le pied"-. (Je me demande si la femme -que je vois en moyenne un peu plus yin que yang- n'a pas plus que l'homme tendance naturelle à l'ouverture mentale, autrement dit à adopter l'inconnaissance-attitude**.)
2. J'interprète le toddien "fermeture mentale" par le fait que l'élite-Système française -et pas que!- s'est enfermée dans une prison intellectuelle ayant pour barreaux l'empirisme, l'expérimentalisme, le pragmatisme et le positivisme***.
3. A l'opposé les libérations de la parole dont parle PhG renvoient à une "ouverture mentale" chez les GJ -qui s'expriment effectivement de mieux en mieux et avec de plus en plus d'assurance face aux "professionnels" de la chose-.
*: Les "voileux" connaissent bien le problème avec le quasi-axiome du régatier: ne faire les bords¹ du plan d'eau qu'en toute dernière extrémité en remontant vers la marque au vent.
1: Axiome ABP thomien: l'Acte est le Bord de la Puissance.
**: Tendance qui irait de pair avec une réticence plus grande que les hommes à prendre des décisions, à "passer à l'acte"?
***: Cf. mon récent commentaire "Idéologie et cancer".
Christian Feugnet
10/12/2018
Et dans le sens de Todd je me dirais méme que çà ne pouvait naitre qu'en France . Un tas de clichés et schémas mentaux se sont dissipés d'un seul coup çà sent le bon pain qui sort du fournil .
On ne dira plus populisme sans que n'apparaisse la collerette du Systéme . A " C dans l'air " un colloque d'experts se focalisaient sur l'aspect ordre et sécurité de l'acte 4 ,et les précédents , sans évoquer les dimensions sociales , politiques et culturelles de premier ordre de l'événement qui déjà attisent l'attention internationale . Plus rien se sera comme avant , ces figures de salon ne l'ont toujours pas réalisé pour se commettre encore en de telles diversions .c'est petit , petit , petit . .
Et tant mieux qu'ils ne soient pas verticalisés , les jaunes çà fait partie du message . Se rappeler là que place de la Concorde et de l'Etoile , pas de feux rouges , ni stops et jamais vu , ni entendu parler d'accidents ..
Ceci dit les débouchés , toutes choses égales pâr ailleurs ne sont pas mirobolants , mais on peut compter sur la bétise crasse des hommes de Systéme et leur rigidité mentale ( inverse de celle du sexe , en passant) , pour stimuler le peuple , déjà bien échauffé .
jc
11/12/2018
Baratin: "Familier. Discours abondant, destiné à convaincre, à tromper, à séduire ; boniment : Tout ça, c'est du baratin." (Larousse)
Baratiner: "Familier. Entreprendre quelqu'un pour le convaincre, le séduire, le circonvenir par la parole." (Larousse)
Je suis le plus possible en continu la révolution en cours sur les grands mé(r)dias. En particulier l'allocution présidentielle du 10/12. Et j'étiquette toute cette glose d'un mot qui résume bien ce que je ressens: baratin. Baratin de Macron, baratin des médias, baratin des communicants professionnels.
Car ce mot renvoie à l'image d'une baratte symbolique, c'est-à-dire à l'image d'une machine à entropiser les mots, à retourner leur sens dans tous les sens jusqu'à leur retirer tout sens: blabla, lablab, ablabl,... (Ainsi, par exemple, le mot "révolution" -dont la définition est bien connue des cruciverbistes- est baratté en "vérolution-française-de-1789". Ainsi, par exemple, le mot anarchiste -au sens étymologique limpide, parfaitement illustré, selon moi, par le mouvement des GJ- est baratté en "individu-barbu-un-pistolet-à-la-main-caché-sous-la-cape". Etc.)
Comment sortir de cette néantisation du langage? Pour moi il n'y a qu'une solution: en se tournant vers les logocrates, vers ceux pour qui les mots ont un sens. Philippe Grasset est l'un d'eux -et se revendique quasi-ouvertement comme tel en citant de temps à autre "Les logocrates" de George Steiner:
"Le point de vue “logocratique” est beaucoup plus rare et presque par définition, ésotérique. Il radicalise le postulat de la source divine, du mystère de l’incipit, dans le langage de l’homme. Il part de l’affirmation selon laquelle le logos précède l’homme, que “l’usage” qu’il fait de ses pouvoirs numineux est toujours, dans une certaine mesure, une usurpation. Dans cette optique, l’homme n’est pas le maître de la parole, mais son serviteur. Il n’est pas propriétaire de la “maison du langage” (die Behausung der Sprache), mais un hôte mal à l’aise, voire un intrus…"
et en égratignant le darwinisme:
"... d’après Georges Steiner dans Les Logocrates : «Il est intéressant de signaler que Thomas Huxley, vers la fin de sa carrière, en arriva à la conclusion que le darwinisme n’avait offert aucune explication plausible des origines du phénomène du langage».
Les logocrates ne semblent pas être légion pour l'instant. Il y en existe néanmoins là où on ne les attend pas forcément: en mathématiques. Car ceux que Thom appelle les mathématiciens de l'intelligibilité et qu'il oppose aux mathématiciens de la maîtrise*, ne sont autres, à mon avis, que des logocrates.
Pour moi Thom est évidemment un logocrate -même si je pense que c'est d'abord un topocrate -car c'est avant tout un géomètre- et que c'est même un topocrate théoricien de la logocratie.)
(Et je sens -après feuilletage des cent premières pages de "La clef des songes" sous-titré "Dialogue avec le bon Dieu"- que Grothendieck pourrait bien en être également un.)
Je viens de visionner un débat entre un platonicien (Alain Connes), un biologiste (aristotélicien?) et un théologien, débat que j'ai trouvé intéressant**, surtout les interventions de Connes, en particulier ce qu'il dit entre 45' et 47', qui pourrait rassurer ceux qui ont peur de l'intelligence artificielle: "Un problème fascinant ...".
Le point de vue logocratique de Connes apparaît, entre autres, à 38'20:
"Les mathématiques sont probablement le seul langage complètement épuré. Les mathématiques essayent -et arrivent dans certains cas- à éviter la fuite en avant du langage ordinaire [fuite due, selon Connes, au fait qu'il n'y a pas de définition intrinsèque des mots du langage ordinaire***]."
Les matheux "de l'intelligibilité" ne sont pas des baratineurs****.
Pour moi les ordinateurs ne peuvent être autres que des baratineurs****.
*: Pour moi, typiquement, le très macronien Cédric Villani.
**: Intitulé "Pour une science sans foi ni lois", disponible sur la toile. (Pour moi le biologiste -darwinien- est tout-à-fait à la hauteur du titre, sauf peut-être au moment où il défend le langage usuel face au langage mathématique -cf. la deuxième citation de Steiner ci-dessus!-.)
***: Connes m'a tout l'air de prendre ici une posture nominaliste qui me semble incongrue pour un platonicien affiché. Un Connes nominaliste pour le langage ordinaire et réaliste (au sens philosophique) pour le seul langage mathématique, un Connes matheux pur? Je signale que la théorie thomienne de la linguistique "ordinaire" est réaliste; et je m'étonne que Connes ne le mentionne pas à ce propos (et à propos de biologie je m'étonne du commentaire qu'il fait à 11'20: comme s'il n'avait pas lu son collègue Thom, ou, pire, comme s'il l'avait lu et avait considéré que c'était sans intérêt. (Le biologiste dit à 16'30:"Pour l'instant il n'y a pas de théorie mathématique qui permette de rendre compte du phénomène vivant" et parle de Thom à 28' -où on entend Connes murmurer un "bien sûr, bien sûr"- ...)
****: Il est clair pour moi que les matheux de la maîtrise barattent beaucoup plus. Comme la grenouille de l'histoire suivante: deux grenouillent avisent un grand pot de crème et, gourmandes, sautent dedans. Une fois repues elles tentent de ressortir et s'aperçoivent que le substrat est glissant. La première, très intelligente genre matheuse de la maîtrise, évalue la viscosité de la chose, fait quelques calculs mentaux, conclut qu'il est impossible de s'évader et se laisse mourir. La seconde, moins "rationnelle" mais plus "affective", se débat, se débat, se débat encore et toujours. Jusqu'à ce que, ô miracle, la crème ainsi barattée se transforme en beurre. ce qui lui permet de prendre appui pour sortir.
mumen
11/12/2018
C'est parce que les gouvernants ne cachent plus leurs agendas pourris que les JG sont là pour rester. Le cynisme et la morgue du pas très malin qui se croit le plus malin, tellement que ça se voit, à en vomir rien qu'à le regarder prendre son souffle pour sortir ses bobards, ce petit sourire de mauvais hypocrite qui ne le quitte pas, ce bébé shooté, cet avatar de la mimolette molle en pire, oui c'était possible, son cynisme et sa morgue, je disais, sont le paroxysme d'une tendance que l'on a bien remarqué ces toutes dernières années.
Le truc, c'est qu'il n'y a plus moyen de se faire entuber en se disant que, non, ils n'oseraient quand même pas. C'est pour ça que tout tenait en place.
Le politique à perdu toute dignité, tout respect des gens. Comme avant ils osent, mais maintenant ils le disent, ils s'en vantent, ils nous méprisent, le tout ouvertement depuis notre piteux apprenti. C'est ça le dérapage mondial, la peau de banane, celle que vous annoncez, tenace, depuis si longtemps, chère et fidèle vigie.
La France grandiloquente innove, se démarque, ose. Quand l'Amérique avait "élu" son simple d'esprit, un "fils de", niais mais obéissant, la France, elle, a "élu" un fifils à sa fafemme, un irresponsable.
Bruxelles, l'euro, tout ça, c'est sûrement vrai, très intelligent, c'est l'étincelle, c'est l'incendie. Seulement, les JG ils n'en ont peut-être pas beaucoup dans le chapeau, mais le respect et la dignité ils savent ce que c'est ; ils sont là pour nous l'enseigner, au raz des pâquerettes, parce que c'est là qu'on en est avec toute notre boursouflure d'espèce tellement intelligente qu'elle peut tout faire crever, partout, au niveau zéro de la civilisation, au niveau merdique. Il n'y a que les petites gens qui peuvent nous le dire.
C'est pour ça qu'ils vont durer les JG, parce qu'ils sont rigoureusement insatisfaisables, parce que pour qu'ils rentrent chez eux il faudrait bien trop de changements et pas forcément en pognon, non, en respect, en altruisme, excusez-moi pour ces deux mot ridicules, en paroles données et tenues, excusez moi pour cet anachronisme.
Dans un an on dira, acte 50 ou 60, on comptera le sang, les morts, les défaites. Des deux côtés. Dans le monde entier. Enfin on verra clair, mais à quel prix, le climat c'est de la pisse d'âne à côté.
Mr Grasset, bravo le billet. Sur toute la ligne. Content que vous soyez là.
jc
12/12/2018
1. Comment traduire "baratin", mot familier, dans les couloirs de nos assemblées nationales, ces salons parisiens? Je propose quelque chose comme "rhétorique sophistiquée".
Hier midi j'ai entendu sur CNEWS ce que je considère comme un bel exemple de baratin de la part d'un député Lamem*. A un GJ qui venait de dire que cent euros "c'est des miettes", ce distingué élu de la nation a rétorqué ce que je considère comme un beau sophisme (conscient?):
"Monsieur, vous rendez-vous compte que vous venez d'insulter les smicards?"
"Hydre absolue, ivre de ta chair bleue, Qui te remords l’étincelante queue"
2. La croyance, populaire selon les savants, veut que l'hémisphère cérébral gauche soit le siège du raisonnement et le cerveau droit le siège des émotions. Pour moi cerveau-gauche, cerveau-yang et cerveau-droit, cerveau-yin.
Familièrement le cerveau-gauche est donc un baratineur -comme l'ordinateur. Qu'est-ce qu'un poète de ce point de vue? C'est un baratineur de mots qui sait les juxtaposer en les barattant, pour qu'ils nous émeuvent, c-a-d parlent à notre cerveau-yin, on ne sait rationnellement ni pourquoi ni comment (ainsi ces deux vers du "Cimetière marin"). Comme une idée qui féconde la matière grise, comme un spermatozoïde qui féconde l'ovule.
Dans la causerie "Science sans foi ni lois"** le mathématicien Alain Connes parle, à mon avis avec grande profondeur, de ce problème fascinant des choses qu'on ne comprend pas rationnellement mais qui, néanmoins, nous émeuvent (46'). Et dit pourquoi, à son avis***, l'intelligence humaine sera, pour longtemps encore, supérieure à l'intelligence artificielle.
En mathématiques le baratin c'est l'algèbre. Un matheux doit savoir baratiner, c'est-à-dire maîtriser l'algèbre, c'est le B A BA du métier (Connes le souligne). Et en maths, savoir baratiner c'est typiquement -mais bien entendu pas seulement- savoir reconnaître que telle identité est remarquable alors que telle autre ne l'est pas, et, plus difficile encore, savoir pourquoi telle identité est ou n'est pas remarquable. (On voit qu'on touche là le problème du JSF -et pas que!- et de ses 25 millions de lignes de baratin.)
Deux exemples.
1. Le problème de la quadrature du rectangle.
On cherche à construire avec la règle et le compas un carré ayant même aire qu'un rectangle donné. Autrement dit on cherche c (côté du carré inconnu) "constructible" tel que c²=ab, a et b étant respectivement le grand côté et b le petit côté (connus) du rectangle. Comment faire? Une idée consiste à essayer d'utiliser le théorème de Pythagore. Un instant de réflexion montre que pour pouvoir exploiter ce théorème, il faut baratter a et b jusqu'à sortir la** bonne identité remarquable: (a+b)² - (a-b)² = 4ab. Premiers pas de géométrie algébrique (de la subtilité de passer de la géométrie à l'algèbre, et réciproquement).
2. Etant donnée une fonction f(x) de la variable réelle x et une constante réelle a, un barattage de a, x, f(a), f(x) est l'identité: f(x)=f(a)+(x-a)(f(x)-f(a))/(x-a), barattage potentiellement très fécond où les scientifiques auront reconnu le premier pas du célèbre développement de Taylor. Je donne cet exemple parce que l'analogie développement de Taylor/développement de l'embryon est à la base des modèles thomiens de la biologie (cf. SSM, 2ème Ed. p.32).
*: La macronie en marche.
**: La seule?
**: Disponible sur la toile.
***: Avis partagé par Thom.
jc
13/12/2018
Il ressort de baratin et baratin.1 que pour moi un baratineur pur est quelqu'un qui ne met pas d'affect dans ce qu'il dit ou écrit (baratin = narrative?). Or, j'en suis convaincu, selon Thom et Connes (entre autres, j'espère) c'est essentiellement par l'affect que l'on a accès à du sens véritable, et non à du sens "bas de gamme" qui provient de la seule satisfaction d'avoir pensé rationnellement, c'est-à-dire d'avoir suivi mécaniquement une procédure formalisée. Autrement dit, en gros, c'est notre cerveau-yin qui donne sens au baratin de notre cerveau-yang, et un baratineur pur est quelqu'un qui n'utilise que son cerveau-yang, l'accès à l'intuition nécessitant d'user de son cerveau-yin. Pour moi un baratin qui a du sens c'est un baratin issu du cerveau-yang qui a réussi à féconder le cerveau-yin, comme le spermatozoïde qui a réussi à féconder l'ovule.
Pour moi De Gaulle n'était pas un baratineur. Seul parmi les présidents de la Vème? En tout cas il m'est lumineusement évident que Macron est, lui, un baratineur au verbe -au sperme- stérile, un quasi robot.
Selon moi De Gaulle s'engageait ontologiquement. Seul parmi les présidents de la Vème?
Et Philippe Grasset, monolithe corps et âme* parmi nous, nous manifeste lui aussi journellement son engagement ontologique**. Une rare exception. (Je vois Philippe Grasset comme étant à Emmanuel Macron -pour fixer les idées- ce que la cathédrale de Reims est aux tours de Dubaï***.)
(Une réflexion qui revenait fréquemment, au temps (déjà lointain?) où les GJ avaient accès aux grands médias, était quelque chose comme: "Je n'ai pas l'habitude de m'exprimer dans les médias. Mais je parle avec mon coeur; et je suis sûr que les gens comprennent ça.")
Thom: "Dans le domain des sciences humaines (...) j'ai acquis une conviction; au coeur même du patrimone génétique de notre espèce, au fond insaisissable du logos héraclitéen de notre âme, des structures simulatrices de toutes les forces naturelles extérieures agissent ou, en attente, sont prêts à se déployer quand ce deviendra nécessaire." (SSM, épilogue). Le "fond insaisissable" au fond du cerveau-yin?
*: Thom: "[Nos modèles] dissolvent l'antinomie de l'âme et du corps en une entité géométrique unique." (SSM, conclusion)
**: Thom: "Le positivisme a vécu de la peur de l'engagement ontologique. Mais dès qu'on reconnaît aux autres l'existence, qu'on accepte de dialoguer avec eux, on s'engage ontologiquement. Pourquoi ne pas accepter alors les entités que nous suggère le langage? Quitte à contrôler les hypostases abusives, c'est là la seule manière d'apporter au monde une certaine intelligibilité. seule un métaphysique réaliste peut redonner du sens au monde." (ES, dernières phrases de la conclusion).
***: cf. "Le grain de sable divin".
Christian Feugnet
14/12/2018
Les fournils se font rares et on ne mange plus de ce pain là . Plus précisemment l'argument principal des GJ est d'étre Français , ils ne veulent pas étre traités comme des Arabes et d'ailleurs ne demande méme pas une représentation , ce sont des intellos qu'il leur suggére .. On comprends celà mais étre Français a t il encore une consistance ? çà consistait en quoi au juste ? ... Question sans réponse , donc Macron ou un clone persistera .
jc
15/12/2018
Le formatage grand-médiatique a pour effet de culpabiliser la radicalisation, dans le cadre du politiquement correct défini à l'Elysée, Bruxelles, Berlin et Washington, capitales qui prônent clairement la globalisation par l'inusable -croient-ils- diviser pour régner, autrement dit la globalisation par déstructuration, par entropisation.
En France Jacques Attali & Co sont pour moi typiques des éminences grises qui nous ont conduits là où nous sommes, ce sont les "penseurs" de cette chose dont "on" découvre, tous les jours un peu plus, la monstruosité. Ces gens sont les penseurs à la racine de la chose, les penseurs radicaux de la chose, les penseurs qui pensent radicalement l'entropisation. Oxymore fécond, cette juxtaposition d'entropie et de radicalité? Ou oxymore stérile, néant qui féconde le néant? Ceux qui lisent (même en grande diagonale) mes commentaires ou même seulement leurs titres connaissent ma position.
Pour moi l'entropique-attitude c'est en gros la rationnelle-attitude dans le droit fil de la philosophie analytique (actuellement encore très puissante dans le milieu anglo-saxon): dans un sens on dérive rationnellement des conséquences, avec inéluctable perte d'information, donc avec entropisation, dans l'autre sens, en cherchant à intégrer, à remonter à une hypothétique racine, on est très souvent confronté, au contraire, au phénomène de dilution des causes, autre forme d'entropisation. Ce qui précède montre que la voie de la radicalisation, si elle existe, est étroite; et que le premier pas de la radical-attitude consiste à avoir foi en l'existence d'une racine, d'une unité primordiale.
Ce qui suit est une métaphore mathématique pour illustrer comment je vois cette radicalisation de la pensée, mutation d'une entropique-attitude-Système en radical-attitude. J'espère qu'elle "fera sens" pour les non-scientifiques qui feront l'effort de lire ce commentaire.
On part de la somme infinie S0(x)=1+x+x²+x³+ etc. "jusqu'à l'infini". On voit qu'en faisant x=1 la somme est infinie, et que c'est encore pire si on fait x=2 (le "encore pire" signifiant que la suite des sommes partielle tend "plus vite" vers l'infini). On voit aussi qu'en faisant x=-1 la suite des sommes partielles prend alternativement les valeurs 1 et 0, ce qui donne envie au Rantanplan de service de couper la poire en deux en attribuant au flair à S0(1) la valeur 1/2. Enfin si on fait x=1/2 on voit que la suite des sommes partielles semble se rapprocher rapidement de la valeur 2 et donc intuiter que S0(1/2)=2. Ayant ainsi "flairé" la fonction S0(x) le non-matheux peut, je crois, conjecturer que la fonction S0(x) est définie sur l'intervalle "ouvert" ]-1,1[. Et tout matheux basique sait le démontrer.
Maintenant un bon baratineur matheux va baratter la fonction S0(x) comme suit: il va remarquer que S0(x) s'écrit
1+x(1+x+x²+x³+ etc.), c'est-à-dire 1+xS0(x). On obtient donc S0(x) en résolvant l'équation d'inconnue y y=1+xy, équation que tout lycéen, même pur littéraire, est censé savoir résoudre: y=1/(1-x), solution qui dépend de x que l'on notera S(x). Bien entendu le Rantanplan matheux de base se précipite pour vérifier s'il obtient la même chose qu'avec l'expression originelle de S0(x). Il trouve que S(1/2)=2 et que S(-1)=1/2 -et en profite pour s'auto-féliciter de son flair-, puis que S(1) vaut bien l'infini. Mais il trouve cette fois que S(2)=-1,alors que S0(x) vaut l'infini; ce qui le laisse infiniment perplexe. Ce qu'il vient de faire sort en effet de l'ordinaire, ce qu'il vient de faire est extraordinaire: il vient de radicaliser la fonction S0(x) initiale, il vient de remonter à la source de cette fonction, il vient de faire ce que les matheux appellent le prolongement analytique de cette fonction, prolongement S(x) défini cette fois pour tout réel différent de 1, et non seulement sur ]-1,1[, qui coïncide avec S0(x) pour x appartenant à cet intervalle. Les scientifiques savent évidemment démontrer tout ça, et même étendre la démonstration au cas complexe (ce n'est pas compliqué, il suffit de remplacer la valeur absolue réelle par le module complexe; dans ce cas -cas que nous considérerons dorénavant- le domaine de définition de S0 est le disque ouvert de centre 0 et de rayon 1 -au lieu de l'intervalle ]-1,1[.
La caverne de Platon
Il reste à essayer d'élucider pourquoi S(2) est différent de S0(2). La métaphore de la caverne de Platon fera l'affaire.
La fonction S(x) est à l'extérieur de la caverne et pénètre en diffractant dans la caverne à travers un petit trou en son sommet, trou par lequel cette fonction se projette sur la portion du fond de la caverne constituée du disque ouvert de centre 0 et de rayon 1 ci-dessus, la fonction S(x) se diffractant à travers le trou sommital pour se transformer en la fonction S0(x) somme des "atomes" 1, x, x², x³, x⁴, etc.). Le fait de traverser le trou sommital limite l'horizon (le bord du domaine de définition pour les matheux) de fonction S(x) et modifie sa présentation (on passe de la forme S à la forme S0, formes qualitativement différentes bien que quantitativement égales -S0(x)=S(x) pour x intérieur au disque); et c'est cette limitation de l'horizon qui fait qu'on ne peut évaluer S0(2) -alors qu'on peut évaluer S(2)* "hors caverne".
Les non scientifiques n'auront sans doute pas compris grand chose. Certains se raccrocheront peut-être aux branches en disant que la fonction" hors caverne" S est à sa diffractée "cavernicole" S0 ce que la cathédrale de Reims est aux tours de Doubaï, ou encore en lisant (ou relisant) le paragraphe pp.417 et 418 du tome II de "La Grâce de l'Histoire", "... "ce que j'étais" [S(x)] n'est plus en arrière de moi [S0(x) dans la caverne] mais au-dessus [S(x) hors caverne]".
*: On trouve S(2)=-1 alors que S0(2) est infiniment grand positif: comme quoi la somme d'une infinité de nombres positifs peut être négative. (Je fais cette remarque parce que j'ai lu quelque part dans la caverne d'Ali-Baba de Dedefensa que PhG -ou son clône-, dans l'une de ses très rares incursions dans le domaine des mathématiques, a invoqué -consciemment ou non, là est la question- le "théorème": moins plus moins égale plus.
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