jc
03/03/2020
Globalisation conçue par des psychismes masculins contre mondialisation à concevoir conjointement avec des psychismes féminins.
(Pour moi l'acte fondateur masculin est une séparation alors que l'acte fondateur féminin est une réunion. Symboliquement: le gladiateur contre la rétiaire. Il suit que la globalisation -qui est une réunion, une synthèse- aurait peut-être gagné à être pensée conjointement avec des psychismes féminins…)
Élie-Bernard Weil: “Il faut apprendre ou réapprendre à penser toujours d’une manière bipolaire et de ne pas céder à l’attrait d’une pensée unipolaire, branchée sur un pôle dominant -ce qu’on appelle aussi « pensée unique » de nos jours -une tentation qui fait immanquablement plonger dans l’erreur et l’impuissance.”
Il est clair pour moi que les crétins masculins surdipômés¹ qui ont pensé la globalisation ont cédé à l'attrait d'une pensée unipolaire.
¹: Ainsi s'exprime Emmanuel Todd. (Je ne peux m'empêcher de penser au globaliste Jacques Attali qui se vantait il y a peu d'être le major des majors de l'école polytechnique.)
jc
03/03/2020
Il y a pour moi lieu de distinguer entre temps crisiques masculins et temps crisiques féminins: ça aide -très efficacement il me semble- à ranger ma pensée -et ici, à écrire l'histoire-.
Pour Thom (et, selon lui, pour Aristote) l'acte fondateur sépare et -pour Thom seul- il est masculin si l'on en juge par l'exemple archétypique de la catastrophe d'excision¹ qu'il lie à la reproduction sexuée. Pour moi l'acte fondateur féminin réunit et est lié à la catastrophe de synthèse².
Sont typiquement à mes yeux des temps crisiques masculins: le début de l'ère industrielle, l'érection du rideau de fer, le début des calculateurs électroniques; et typiquement des temps crisiques féminins: la fin du mur de Berlin, la pax americana globalisante qui a suivi, l'arrivée d'Internet, le covid-19.
Plus symboliquement, en qualifiant de masculine une rigidification et de féminine une volatilisation (deux termes que Guénon utilise et oppose), le 9/11 et l'incendie de la flèche de Notre Dame (avec préservation de ses tours jumelles sans clocher, de ses deux mamelles) deviennent des temps crisiques féminins.
¹: Sous-produit de la catastrophe "ombilic parabolique" (Thom utilise cette même catastrophe d'excision pour modéliser les automatismes du langage). Cf. MMM "Topologie et linguistique" et "Topologie et signification", ainsi que SSM 2ème ed. p.314. Pour Thom il y a quatre actants: deux principaux, le sujet mâle et l'objet femelle, un instrument -le spermatozoîde- qui sépare l'objet en deux parties (la mère et l'enfant -le quatrième actant).
²: Autre sous-produit de la catastrophe "ombilic parabolique" (qui apparaît ainsi comme une sorte de synthèse de masculin et de féminin). Pour Thom la synthèse est plus finalisée que l'analyse. La femelle plus consciente (éventuellement inconsciemment!) que le mâle de la finalité de l'acte sexuel?
laodan dandan
03/03/2020
Je suis un lecteur quotidien de votre publication depuis de multiples années. L’importante conclusion de votre dernier billet me semble erronée d’un point de vue épistémologique et ceci m’incite à un premier commentaire sur votre site.
" ... on sent bien qu’on se trouve emporté dans une mécanique, un enchaînement qui porte en lui la mort du Système.
C’est comme si nous étions arrivés au terme de nos tempêtes ... et que nous nous retrouvions plongés dans la tempête ultime mais aussi suprême, celle qui nous place devant nous-mêmes. "
Je partage avec vous ce sentiment, d'être emporté par une mécanique qui porte en elle la mort du Système, mais je doute que la tempête ultime nous place réellement devant nous-mêmes.
Il me semble plutôt que la faculté, de raisonner et d'abstraire, de l'esprit humain fut capturé par l'idéologie profonde de la Modernité dès son irruption au contact de l'Orient à la suite des croisades. Au fil des siècles il s'ensuivit alors une expansion de la "vision Moderne du monde" à l'ensemble de notre espèce. Cette "vision du monde" (worldview en anglais - Weltanshauung en allemand) nous a enfermé dans une mécanique ‘développementaliste’ qui est portée par "la raison qui est à l’œuvre au sein du capital". Je parle ici de la raison qui transforme la monnaie en capital et impose des lors a son détenteur un comportement incontournable. Le succès des détenteurs de capitaux amorçât un sentiment généralisé d’envie sociale qui au fil des siècles étendit la logique de "la raison qui est à l’œuvre au sein du capital" a toutes les activités humaines et celle-ci fut finalement canonisée par les penseurs des lumières dans le rationalisme philosophique.
Sans le savoir nous sommes ainsi emportés par une mécanique de la pensée qui est extérieure à l’humain. Cette mécanique réside dans "la raison qui est à l’œuvre au sein du capital" et son extension philosophique le rationalisme. Au fil des siècles cela façonna un comportement de l'homme qui est fondamentalement antagonique de la nature profonde du principe de la vie qui se manifeste par l’émergence de multiples espèces et leur développement en complexité biologique et sociétale.
Le mode d’opération des espèces vivantes est de balancer, – la nécessite de leur reproduction physique que nous qualifions généralement comme un besoin de conservation et, – leur but ultime qui est d’assurer à leur espèce le stage le plus avancé de complexité biologique et sociétale que nous qualifions généralement comme un besoin de développement et de progrès. Les individus, du moins certains d’entre eux, sont porteurs d’une urgence a changer les choses et cette urgence individuelle est la force qui met en mouvement la complexification sociétale. La reproduction physique des individus est assurée par les groupements sociétaux. La nature opposée de ces objectifs a naturellement constamment opposé les individus et leurs sociétés et tout au long de l’évolution sociétale de l’humanité les différents modes de sociétés ont dû élaboré des stratégies propres et appropriées pour adresser cette réalité conflictuelle et satisfaire leurs objectifs de conservation.
Les sociétés tribales partagèrent une vision animiste du monde qui unifia leurs membres autour de l’idée que le bonheur réside dans le don aux autres. Ces sociétés tribales ignoraient toute notion d’individualisme, les individus s’identifiaient au groupe, et ceci maximisa leur cohésion sociétale ce qui en retour leur procura une longévité sociétale exceptionnelle se mesurant en dizaine de milliers d’années. Les sociétés de pouvoir qui leur succédèrent usèrent 2 stratagèmes pour se reproduire sur le temps long :
la force brute et le contrôle des réserves alimentaires
la colle religieuse des esprits autour d’une "vision commune du monde"
L’animisme restait profondément ancré dans les esprits des citoyens de l’empire Romain ce qui limitait les conversions au Catholicisme et le força donc à apporter une réponse appropriée à ce problème dans la forme d’une confrontation directe entre les convertis et leur Dieu. Ceci initia une conversation entre l’individu et son Dieu Chrétien et en retour cela développa la notion de soi-même dans les esprits qui, au fil des siècles, muta en une pensée consciente de la différence entre soi et les autres. Le temps passant cette notion de différence aboutit à la séparation des individus.
Durant les premiers siècles de ‘commerce au long cours’ qui origina durant les croisades cette pensée consciente de la différence entre le moi et les autres fut le catalyste qui provoqua l’émergence de l’individualisme des marchants et autres détenteurs de capitaux.
Cet individualisme émergent distinguait l’Europe Occidentale du reste du monde et il fut la cause première de la conversion par les marchants au long cours Européens à "la raison qui est à l’œuvre au sein du capital". C’était l’aube du soleil montant de la Modernité.
Entre l’aube et le soir de la Modernité 7 à 8 siècles se sont écoulés. La séparation des individus et de leurs sociétés est aujourd’hui complète. Les sociétés Occidentales se sont atomisées et la seule énergie qui dorénavant maintient ces sociétés en place est leur force d’inertie et leur mémoire. Au soir de la Modernité le cacophonie des narratives sociétaux enveloppe les individus mais leur contenu ne clicke plus. Comme dans un brouillard épais tous les points de repères ont disparu. La réalité s’est fissurée et à l’instar d’un miroir cassé elle s’est désagrégée.
Les sociétés occidentales sont en attente de leur collapse. Les individus se sont séparés et leur confiance s’est éteinte. Ceci n’est pas la tempête ultime qui nous place devant nous-mêmes. Les citoyens Occidentaux n’ont en effet plus aucun repère ni attache et sont devenus incapables de s’observer dans un miroir.
De mon point de vue, ancré en Chine depuis une trentaine d’années, ce que je vois c’est le néant de l’hégémonie Occidentale.
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