skyrl
12/02/2006
Bel article ! On irait encore un tout petit plus loin en osant avancer que le ‘domestic terrorism’ dont vous parlez n’a pas même les causes de ceux que l’on attaquent pour amplifier les conséquences et générer finalement les causes qui soutiennent l’édifice. Inversement de la cause et la conséquence. Mirage d’une chaine causale superfaitatoire. Le virtualisme atteint l’orgue de sa splendeur.
pilo
12/02/2006
Je suis fan de votre site mais là, y a un gros gros problème.
Comment avez-vous pu oublier les 191 morts des attentats de Madrid le 11 mars 2004!!!!!!!!!
Pierre vaudan
12/02/2006
Je suis fan de votre site mais là....
Même si cela ne change pas grand chose au discours de fond de votre article, vous avez oublé les 191 morts des attentats de Madrir de 2004!!!!
ravi
07/03/2006
J’ai lu votre analyse sur les chiffres de ce que l’on appelle “Terrorisme”, l’article est trés intéressant dans la mesure ou il souligne la vérité de cette guerre inventée et virtuelle contre un phénomène imaginaire, simulé, au service du budget du pentagone et les entreprises US qui lui sont associés. au fait, personne n’ose parler de cela auw médias, je vous remercie.
Croco
04/05/2006
Sur l’utilisation des chiffres de Coolsaet et, plus généralement, sur l’utilisation des statistiques en études de sécurité, voir le texte de Dumoulin et Henrotin dans La Libre Belgique, exemplaire d’une démarche critique :
Opinion - TERRORISME
L’idéologie des chiffres
Mis en ligne le 04/05/2006
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Gonflée la menace terroriste? C’est ce que révélerait l’étude des chiffres du terrorisme. En la matière, l’utilisation des statistiques reste pourtant un exercice très délicat, voire trompeur.
André DUMOULIN- Ecole royale militaire
Joseph HENROTIN - Centre d’analyse et de prévision des risques internationaux
Une récente étude rédigée par le socialiste néerlandophone Rik Coolsaet (Université de Gand et IRRI) et Teun Van de Voorde (UGent) a tenté de démonter, chiffres à l’appui, que le terrorisme international ne représente pas une menace d’envergure existentielle. Dès lors, selon les auteurs, il convient «de considérer le terrorisme international davantage comme un défi que comme une menace». Aussi, la thèse apparaissant en filigranes dans la contribution proposée est que les Occidentaux en général et les Européens en particulier peuvent dormir sur leurs deux oreilles, les musulmans étant les principales victimes du terrorisme dit «domestique» (Irak) et que la perception occidentale des menaces est biaisée. L’objectif de ce type d’études étant bien évidemment de contrer la rhétorique américaine de la «guerre contre le terrorisme» mais aussi les politiques de sécurité intérieure des pays occidentaux et européens en particulier.
Les conclusions seraient implacables si elles n’étaient complètement biaisées, faisant dire aux chiffres tout et son contraire. L’utilisation des statistiques dans le contexte des sciences politiques et, plus particulièrement, des études stratégiques et de sécurité reste un exercice délicat. Dans le contexte de cette étude, c’est le cas pour cinq grandes catégories de raisons.
-Primo, la distinction entre terrorisme extérieur et intérieur est artificielle et fallacieuse, en particulier dans un contexte de mondialisation. C’est pourtant ce que font les auteurs en différenciant les actes de Madrid (2004, considéré comme relevant du terrorisme international) et ceux de Londres (2005, considérés comme du terrorisme intérieur).
-Secundo, la diminution du nombre de morts occidentaux à la suite d’attentats ne signifie pas l’absence de menace car bien des tentatives d’attentats ont été déjouées par les services de renseignements et les procès de terroristes qui eurent lieu ces derniers mois dans certains pays démontrent que les pays européens sont encore des cibles réelles. Les mailles du filet resteront toujours trop larges pour tout arrêter, quand bien même les Occidentaux disposent de quelques protections que ne possèdent pas les milliers de victimes civiles de guerres internes.
-Tertio, qu’aujourd’hui, l’Europe n’a pas construit «une culture de la peur» comme il est écrit mais plutôt une stratégie de précaution dictée par un environnement sécuritaire mouvant et incertain où les terroristes sont organisés en cellules locales pouvant viser des objectifs à haute valeur symbolique. C’est d’autant plus le cas que de nouvelles orientations stratégiques occidentales, prenant appui sur la théorie de la résilience, cherchent à éviter de plonger les sociétés occidentales dans l’abîme de la paranoïa sont actuellement en cours de développement et peuvent même être considérées comme prioritaires.
-Quarto, ladite stratégie de précaution contenue entre autre dans la Stratégie européenne de sécurité qui a été adoptée par les représentants des vingt-cinq Etats membres est le moins que l’on puisse faire et est assurément l’expression d’une prise de conscience des autorités politiques face à leur responsabilité citoyenne, à l’antithèse des illusions académiques gantoises. L’Europe ne fait pas de «guerre contre le terrorisme» à la mode américaine mais s’engage dans une «défense antiterroriste» pluridimensionnelle. Notons au passage que la prise en compte des questions sécuritaires par les Etats-membres de l’Union comme par l’Union elle-même renvoie à une prérogative régalienne: elle est non seulement légale mais elle est aussi éthique. La non-prise en compte de ces questions ne pourrait-elle pas, en effet, aboutir à nourrir tous les extrémismes?
-Quinto, les auteurs font fi de l’idée qu’une victime du terrorisme est un être humain innocent et que les chiffres doivent baisser la garde face à la valeur de la vie, quelle qu’elle soit, même si, effectivement et comme ils l’écrivent, «les musulmans sont les principales victimes du terrorisme perpétré au nom de l’Islam». Chaque mort est un mort de trop et la statistique ne doit pas être un argument d’optimisme parce que l’on veut prouver que les victimes sont loin de nous. Il n’y a pas d’éthique à géométrie variable.
-Sexto, les auteurs ne prennent pas en compte les centaines de blessés dont les nombreux handicapés à vie, victimes «indirectes» des attentats, créant autant de drames personnels, familiaux, affectifs et psychologiques. Les chiffres ne «disent» pas tout: si les médias se focalisent sur les morts, la réalité apparaît plus glauque -brûler, estropier, aveugler, éviscérer, effets qui semblent ignorés par lesdits auteurs de l’étude-, marquant ainsi à vie les corps et surtout les esprits. Et c’est là aussi que réside le centre de gravité de l’arme du terrorisme: générer des effets psychologiques plus étendus dans le champ social que les effets physiques des explosions. Or, la quantification statistique de tels effets s’avère plus que délicate.
Ceci est à mettre en parallèle avec l’analyse que Rik Coolsaet avait avancée en 2003 sur le contenu de la Stratégie européenne de sécurité, où il estimait que «la priorité accordée au terrorisme et à la prolifération paraît encore toujours exagérée; la probabilité que ces menaces se réalisent reste infime». Cet optimisme, complètement en porte à faux par rapport à la géopolitique moyen-orientale, se heurtera à la réalité mortifère des méga-attentats islamistes de Madrid en mars 2004, en attendant ceux de Londres de juillet 2005. Leitmotiv d’une vision idyllique et parfois naïve de l’environnement international, volonté obsessionnelle de marquer une hostilité résolue face à l’administration Bush, refus idéologique face à la nécessité de mieux protéger les citoyens face à certaines faiblesses sécuritaires structurelles, discours «munichois» particulièrement irresponsable, cette étude pourrait bien cacher des objectifs idéologiques sous couvert d’une présentation mathématique en apparence incontestable.
L’utilisation des chiffres en études stratégiques et de sécurité reste donc bien délicate. Les bean counters de la guerre froide collationnant mathématiquement les matériels soviétiques et en multipliant les chiffres obtenus par des ratios de charges militaires avaient abouti à des perceptions biaisées de la menace, alors complètement surestimée. Les facteurs qualitatifs et structurels au sein des institutions décisionnelles et militaires n’avaient pas alors été pris en ligne de compte. Au Vietnam, les conclusions de stratèges américains par trop mathématiciens avaient abouti à ce que l’on considère la guerre comme gagnable.
En réalité, les exemples d’une utilisation biaisée des statistiques abondent dans l’histoire stratégique, récente comme plus ancienne. Ne nous y trompons cependant pas: les statistiques sont éminemment utiles en analyse de défense et y compris dans le champ du terrorisme. Mais c’est précisément parce qu’elles sont intrinsèquement des sciences du chaos que les sciences sociales et les études stratégiques et de sécurité ne peuvent se contenter de la seule analyse mathématique, par trop linéaire dans un monde qui ne l’est, c’est le moins que l’on puisse dire, absolument pas.
Ce texte n’engage pas lesdites institutions.
© La Libre Belgique 2006
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