Coli
02/11/2010
Sur l’aggravation de la perte de légitimité du gouvernement français, suite à la réforme des retraites, un article encore impeccable de Frédéric Lordon à l’adresse suivante : http://blog.mondediplo.net/2010-10-23-Le-point-de-fusion-des-retraites
avec notamment ce passage :
[
] le spectacle en soi consternant de linconséquence dun président en plein chaos mental ne vaudrait pas une seconde dattention sil ne venait souligner par un formidable raccourci la retraite contre le triple-A le degré auquel les intérêts fondamentaux du corps social ont été subordonnés à ceux des opérateurs des marchés.
Ainsi par un monstrueux dérèglement dont aucun des habituels curés de la « démocratie » ne semble sêtre aperçu, nous assistons à cette situation proprement ahurissante dans laquelle un gouvernement prétendument légitime tente de sadresser simultanément à deux communautés parfaitement hétérogènes et dont les intérêts sont radicalement antagonistes, à savoir la communauté politique nationale des citoyens et la communauté extra-politique (quoique politique elle le soit mais à sa manière bien à elle) et extra-nationale des créanciers internationaux, le comble du dérèglement venant de ce que, de plus en plus, les arbitrages des politiques publiques sont rendus en faveur de la seconde de ces communautés et contre la première.
Dans cette affaire, le spectacle guignolesque dun pouvoir qui saplatit en fait devant les forces quil ne menace quen mots, est quantité négligeable comparé à cette configuration inédite de la politique moderne dans laquelle nous a fait entrer la libéralisation financière internationale. Car on croyait le peuple souverain la seule communauté de référence de lEtat, son ayant-droit exclusif, lunique objet de ses devoirs, et lon aperçoit comme jamais à loccasion de la réforme des retraites que, contrairement à de stupides idées reçues, le pouvoir politique ne gouverne pas pour ceux dont il a reçu la « légitimité » mais pour dautres. Il y a donc un tiers intrus au contrat social et lon découvre que, littéralement parlant, cest lui qui fait la loi et tous nos vux accompagnent les justificateurs de la « légitimité du mandat » et de ce que « ce nest pas la rue qui gouvernera », car on se demande bien quelle autre solution il reste, à part la rue à prendre, pour objecter à cette sorte de scandale. [
]
Dans l’esprit de Philippe Grasset, on pourra être septique sur la capacité de “la rue” à reprendre le pouvoir et même sur la pertinence de ce mode d’action, mais nous assistons bien au spectacle d’un pouvoir politique embourbé dans des contradictions insurmontables. Continuez comme cela M. Sarkozy (et tous les autres, “gauche” comprise), le discrédit total n’est plus très loin….
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